#yvette_assilaméhou-kunz

  • YouTube et ses codes – 🔴 Info Libertaire
    https://www.infolibertaire.net/youtube-et-ses-codes/#

    Ce livre collectif propose diverses contributions pour comprendre la logique et les codes de la plateforme de vidéos la plus populaire. L’introduction permet de souligner la spécificité de YouTube qui permet à chaque individu ou collectif de créer et de diffuser sa vidéo par lui-même. L’expression et la création ne sont plus réservées à une poignée de professionnels qui disposent des moyens et des réseaux pour produire des images. YouTube cultive cette esthétique amateur qui semble participer à son succès. Les vidéastes gagnent ainsi en sincérité et en authenticité. Ils deviennent parfois plus crédibles que des journalistes aux propos formatés qui répètent la propagande du pouvoir.

    Néanmoins, le livre collectif se penche également sur la face sombre de la plateforme. Une contribution se penche sur Dieudonné. YouTube semble également laisser fleurir une idéologie complotiste largement diffusée. Si des vidéastes s’attachent à préciser leurs sources d’information, la plateforme ne contraint à aucune obligation de méthodologie ou de déontologie. Si les propositions de régulation ou de censure semblent absurdes, il semble important de s’armer d’un sérieux esprit critique pour distinguer le propos sourcé de la rumeur complotiste sans aucune preuve factuelle.

    Le livre évoque également la contrainte financière de YouTube. Certains vidéastes prétendent sortir de la pratique amateur pour se professionnaliser. Le financement participatif ou le salariat dans une entreprise de presse, comme Usul, évitent certaines limites. Néanmoins, certains vidéastes professionnels dépendent des rémunérations publicitaires de la plateforme et donc du nombre de vues. Ces vidéastes sont alors dévorés par la course à l’audience et au buzz. Ils se conforment à la logique marchande et aux contraintes du journalisme traditionnel. Ensuite, certaines marques s’appuient sur des influenceurs pour proposer une forme de publicité commerciale.

    Néanmoins, YouTube apparaît avant tout comme un espace de liberté d’expression. La plateforme permet de s’adresser à un public jeune qui se détourne des vieux médias. Il semble important de se pencher sur les vidéos YouTube qui semblent davantage refléter les débats d’idées au cœur de la société plutôt que les vieux médias englués dans une propagande fascisante. YouTube est même devenu un outil d’intervention politique dans le sillage de figures comme Usul. La critique sociale adopte un ton humoristique et décontracté qui tranche avec la théorie pédante et surplombante valorisée par les intellectuels gauchistes. Cependant, il semble important de relativiser le rôle de la propagande et de la bataille des idées. La transformation de la société passe avant tout par la rue, les grèves et les luttes sociales.

    #YouTube #Machine_YouTube #Frank_Rebillard #Yvette_Assilamehou-Kunz

  • Yvette Assilaméhou-Kunz, Franck Rebillard (dir.), La Machine Youtube. Contradictions d’une plateforme d’expression
    https://journals.openedition.org/lectures/62229

    Lecture critique de l’ouvrage
    « La machine YouTube »

    Le mot « contradiction » qui figure dans le sous-titre de l’ouvrage collectif coordonné par Yvette Assilaméhou-Kunz et Franck Rebillard nous renvoie à la réflexion développée par les sciences sociales autour du recul progressif de la promesse démocratique d’Internet1 face au mouvement de la « plateformisation »2. En effet, les enquêtes rassemblées dans ce volume investissent la problématique de l’expression en ligne en prenant pour objet la plateforme de partage de vidéo YouTube avec pour objectif d’« explorer dans quelle mesure YouTube, tout en procurant des possibilités d’expression […], s’avère également encadrer les actions des différents utilisateurs et “partenaires” de la plateforme » (p. 77). Les contributeurs retiennent comme entrée principale les domaines de « l’actualité et du politique au sens large » (p. 9) en faisant délibérément l’économie d’autres formes d’expression présentes sur la plateforme3.

    2L’organisation de l’ouvrage soutient l’ambition de vulgarisation assumée par les auteurs. La première partie (chapitres 1, 2, 3) aborde d’une manière très pédagogique les différentes « facettes » de YouTube qu’il convient d’étudier pour rendre compte de l’« encadrement » de l’expression sur la plateforme. Cette partie de l’ouvrage est aussi parsemée d’encadrés présentant des notions et des concepts utiles à l’analyse (intermédialité, mèmes, etc.). La deuxième partie (chapitres 4 à 10) regroupe les chapitres qui apportent des éclaircissements concernant une ou plusieurs de ces « facettes » à partir d’une enquête concrète. La manière peu habituelle dont ces enquêtes sont présentées (les analyses précèdent la description de la méthodologie) vise aussi à rendre la lecture plus accessible pour les non-spécialistes du sujet.

    3Les trois premiers chapitres sont rédigés par les coordinateurs de l’ouvrage, Franck Rebillard (chapitre 1 et 2) et Yvette Assilaméhou-Kunz (chapitre 3). La facette techno-sémiotique de YouTube est présentée dans un premier temps, à travers la revue des formats et des codes propres à la plateforme (l’analyse sémiotique du système de signes), ainsi que des éléments plus techniques de leur « mise en écran ». C’est ensuite la facette socio-économique qui est abordée, à partir de la description des stratégies économiques de la plateforme vis-à-vis des différents acteurs qu’elle relie. La partie se termine par l’introduction de la facette psycho-sociologique qui correspond à l’investissement émotionnel des consommateurs des contenus sur YouTube et à ses dynamiques communautaires.

    4Les chapitres 4 et 5 ont en commun de s’intéresser à la question des formats des vidéos traitant de l’actualité et du politique. Dans le chapitre 4, co-écrit par Lorenza Pensa et Jérémie Nicey, l’analyse sémiotique d’un corpus de vidéos produites lors de la campagne présidentielle de 2017, couplée à des entretiens avec leurs créateurs, permet de catégoriser les approches de présentation de l’information mises en œuvre sur leurs chaînes (« vulgarisateur » ou « éditorialiste »). Ces catégories mettent en lumière des formes d’articulation entre les codes propres à la plateforme et les codes issus des médias traditionnels : même si les youtubeurs adoptent en partie une démarche journalistique, il s’agit d’un bricolage qui mène à des formats hybridés. Le chapitre 5, rédigé par Guillaume Heuguet et Franck Rebillard, propose une étude plus détaillée de la trajectoire d’un des vidéastes politiques, Usul, en opérant une comparaison assez inattendue avec la dynamique de la présence sur YouTube d’une chanteuse américaine, Ariana Grande. Les deux ont commencé par des vidéos « face caméra », autoproduites en « épousant de façon plus ou moins volontaire leur esthétique amateur » (p. 111). Cependant, avec le développement de leurs carrières, ils ont dû chercher « l’alliage adéquat entre des modèles socio-économiques et des formats techno-éditoriaux » (p. 127) en travaillant avec des professionnels de l’audiovisuel. L’étude conjointe des vidéos et de leurs conditions de production met ainsi en évidence le caractère non linéaire du processus de ré-intermédiation professionnelle et commerciale, au sein duquel les acteurs ont su négocier une place pour s’exprimer.

    4 Les stratégies de gouvernance mises en place par YouTube en matière de monétisation des vidéos sont (...)
    5 Ce modèle consiste en « un enchainement de séquences éditoriales guidé par les dispositifs d’orient (...)

    5Le chapitre 6, d’Alan Ouakrat, représente un bref historique de l’évolution des politiques de YouTube. À travers une étude de quelques controverses ayant provoqué l’évolution des règles de la plateforme en matière de modération des contenus, il s’agit de comparer le traitement des scandales autour des vidéos mises en ligne par la presse et dans la communication publique de la plateforme. Nous apprenons notamment que YouTube met en place une politique différenciée de traitement de vidéastes en vue de préserver la réputation des annonceurs4. Écrit par Christian Pradié, le chapitre 7 propose un éclaircissement très bienvenu sur le processus de ré-intermédiation évoqué plus haut, en présentant au lecteur des acteurs peu connus de la chaîne de production des vidéos, qui proposent aux vidéastes l’assistance à l’édition tant sur le plan de la gestion que sur le plan juridique : les MCN (Multi-Channel Network). D’un grand intérêt, le chapitre donne une image dynamique des relations dans le triangle vidéaste-MCN-plateforme. Après avoir été fortement encouragés par la plateforme au début des années 2010, dans une logique de professionnalisation des productions, les MCN ont su instaurer le modèle de « semi-flot »5 dans l’encadrement apporté aux vidéastes. Or, dans le contexte de complexification du marché de vidéo en ligne, les MCN peinent à maintenir leur activité et se transforment pour certains en MPN (Multi-Platform Network), ce qui pousse YouTube à changer de stratégie et à reprendre progressivement la fonction d’accompagnement des vidéastes.

    6Les trois derniers chapitres choisissent pour optique la réception des productions politisées sur YouTube, tout en proposant une diversité méthodologique remarquable. Dans le chapitre 8, signé Raphaël Lupovici, la réception des vidéos de médiacritique produits par Usul (encore lui) est étudiée à partir des entretiens avec les « citoyens engagés à gauche ». La question à éclaircir est la suivante : comment la médiacritque influence-t-elle la participation politique ? D’après l’auteur, la médiacritique sert aux citoyens de « refuge » leur permettant de se rassurer « sur la validité de leur expérience, mais aussi comme la possibilité pour eux de comprendre les causes de leur malaise face à l’information distillée par les médias traditionnels » (p. 179). Un terrain radicalement opposé est investi dans le chapitre 9 par Nelly Quemener, qui traite des « communautés réactives » en prenant comme exemple les commentaires sous les vidéos de Dieudonné, un humoriste controversé. Cette étude contraste avec l’approche sémiotique privilégiée dans les autres chapitres et s’intéresse à la nature performative du commentaire. En effet, elle met en évidence les dynamiques d’intensification propres à cet espace numérique, ce qui permet de penser la « communauté antisémite » observable dans les commentaires à travers le prisme relationnel, c’est-à-dire comme un résultat et non comme le déclencheur de ces chaînes de réaction. Enfin, le chapitre 10, co-écrit par Yvette Assilaméhou-Kunz, Julien Mésangeau et Sophie Balcon-Fourmaux, combine la quantification des réactions et l’analyse des procédés langagiers. Il s’agit d’expliquer le fonctionnement d’une « chambre d’écho » dans le cas des commentaires figurant sous la vidéo polémique d’une youtubeuse traitant de politique, Tatiana Ventôse. Cette approche originale permet notamment de montrer que, pour la formation d’un consensus entre les commentateurs autour d’une vidéo, la forme des commentaires est aussi importante que leur contenu, mais aussi que « les interactions entre les commentateurs peuvent générer un système de contraintes fortes sur les idées exprimées ainsi que sur la façon dont cette expression peut se faire » (p. 227).

    6 Plantin Jean-Christophe, Lagoze Carl, Edwards Paul N., Sandvig Christian, « Infrastructure studies (...)
    7 Pour des éléments d’analyse des intermédiations plus horizontales : Levoin Xavier, Louessard Bastie (...)

    7L’ouvrage propose une image riche et complexe de la plateforme en traitant des opportunités d’expression qu’elle offre, de l’encadrement de cette expression par différents acteurs, mais aussi de la formation des communautés, quelles que soient leur échelle et leur orientation politique. Les contributeurs donnent judicieusement à voir comment les productions sur YouTube s’articulent avec des codes issus d’espaces d’expression plus traditionnels, sans perdre de vue la dynamique d’évolution de la plateforme. Quelques bémols sont toutefois à souligner : le traitement léger du caractère infrastructurel de la plateforme6, ainsi que l’absence d’analyse de la circulation horizontale des savoir-faire entre les vidéastes7, analyse qui pourrait améliorer notre compréhension de la construction des fameux codes de la plateforme. En outre, il est possible de constater le manque de mise en dialogue des résultats des différents chapitres : par exemple, les chapitres 8 et 9 traitent tous les deux de formes d’opposition aux médias traditionnels et leur comparaison ne serait pas superflue compte tenu du clivage entre les publics étudiés. Il n’en reste pas moins que les textes produits par les membres du laboratoire IRMÉCCEN constituent un ensemble cohérent et bien équilibré, qui servira à toute personne s’intéressant à la « Machine YouTube ».

    #YouTube #Machine_YouTube #Franck_Rebillard #Yvette_Assilaméhou-Kunz

  • Usbek & Rica - YouTube n’est-il vraiment qu’une machine à clics ?
    https://usbeketrica.com/fr/article/youtube-n-est-il-vraiment-qu-une-machine-a-clics

    Entre héritage de la télévision et agrégation de « formes nouvelles », les universitaires Yvette Assilaméhou-Kunz et Franck Rebillard consacrent un ouvrage dense et éclairant à YouTube et à ses contradictions.

    les universitaires Yvette Assilaméhou-Kunz et Franck Rebillard ont publié au début de l’année un ouvrage dense et éclairant qu’on ne saurait trop vous recommander : La Machine YouTube - Contradictions d’une plateforme d’expression (C&F éditions).

    Dans un premier chapitre accessible, Franck Rebillard détaille notamment la variété de formats aujourd’hui à l’œuvre sur la plateforme. Loin de l’image figée des facecams d’antan, le professeur en sciences de l’information et de la communication pointe une relative diversité dans l’offre proposée, des clips de musique aux tutoriels amateurs en passant par ce qu’il convient désormais d’appeler des contenus professionnels, eux-mêmes divisés en plusieurs catégories (d’un côté des chaînes traditionnelles ayant réussi leur mue, à l’image d’Arte  ; de l’autre des vidéastes devenus chefs d’entreprise, comme Squeezie ou HugoDécrypte côté français).

    Diversité que viennent cependant mettre à mal les algorithmes de la plateforme, dirigés vers une « maximisation des revenus publicitaires » et une « logique de capitalisation des données », l’onglet « Tendances » étant l’incarnation idéale-typique de ces deux principes.

    Suivent ensuite une série de chapitres consacrés aux « dynamiques d’expression », dont celui consacré à la « réception du travail des vidéastes engagés » s’avère sans doute le plus intéressant. À travers une série d’entretiens avec des abonnés du vidéaste marxiste Usul, le doctorant Raphaël Lupovici démontre ainsi que l’apport de connaissances théoriques via YouTube permet à certains (jeunes) citoyens de « comprendre pourquoi les médias traditionnels ne sont pas à la hauteur de leurs attentes ».

    #YouTube #Machine_YouTube #Franck_Rebillard #Yvette_Assilaméhou-Kunz

  • Pour comprendre le numérique : 3 livres sur la tech à dévorer
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/vous-vous-voulez-comprendre-la-culture-numerique-sans-oser-le-demander-trois-li

    On vous recommande trois livres : l’un analyse en profondeur YouTube, le deuxième décortique le mythe des entrepreneurs de la tech et le dernier explique comment le numérique nous fait passer dans l’ère de la prédiction.
    La machine YouTube, pour sortir des analyses basiques sur les youtubeurs

    L’ancienneté de YouTube, créée en 2005, et sa puissance en font un excellent objet d’étude pour comprendre les dynamiques du Web. Dans cet ouvrage, YouTube est analysée sous toutes les coutures. Rassemblant différents travaux de recherches et 16 auteurs et autrices, le livre s’intéresse à l’esthétique mise en avant par la plateforme, sa professionnalisation, le profil des vidéastes, sa polarisation politique... Les angles choisis sont originaux. On trouve notamment une comparaison savoureuse de la trajectoire du vidéaste français Usul à celle de la chanteuse Ariana Grande, très active sur YouTube. Ou encore une analyse des commentaires de la chaîne de Dieudonné.

    À lire : La Machine YouTube, contradictions d’une plateforme d’expression, Yvette Assilaméhou-Kunz et Franck Rebillard (C&F Éditions, 2023)

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