• Lawsuit seeks reparations for Tulsa race massacre
    https://www.nbcnews.com/video/lawsuit-seeks-reparations-for-tulsa-race-massacre-91020869765

    Lawsuit seeks reparations for Tulsa race massacre

    A suit filed by survivors of the 1921 Tulsa massacre and their descendants seeks repair of destruction in the city’s Greenwood district, and the city’s continued failure to rebuild the area. KJRH’s Vincent Hill reports.

  • Ce livre sort au Canada en anglais à la fin du mois, et en français l’année prochaine.

    C’est un témoignage rare et détaillé du rôle nefaste et même criminel qu’ont joué la médecine et les médecins, directement ou indirectement, dans l’entreprise raciste de colonisation du Canada, et jusqu’à aujourd’hui.

    Petite vérole, tuberculose, stérilisations forcées, enlèvements, expériences, abus, et même envers les enfants... Avec de nombreux exemples historiques, mais aussi plus récents comme celui de la campagne #TiensMaMain dont l’auteur a été l’un des protagonistes, ce document est aussi tragique, que tristement généralisable à d’autres endroits du monde...

    On en reparlera lors de l’édition en français, car ce livre intéressera probablement du monde en France, non ?

    Fighting for A Hand to Hold - Confronting Medical Colonialism against Indigenous Children in Canada
    By Samir Shaheen-Hussain
    Foreword by Cindy Blackstock
    Afterword by Katsi’tsakwas Ellen Gabriel
    Published by McGill-Queen’s University Press (Indigenous and Northern Studies series, septembre 2020)
    https://fightingforahandtohold.ca

    (Lux Éditeur traduit le livre vers le français. La publication est prévue pour le début de 2021)

    Fighting for A Hand to Hold exposes the Canadian medical establishment’s role in the displacement, colonization, and genocide of Indigenous Peoples — colonial genocide. Through meticulously gathered government documentation, historical scholarship, media reports, public inquiries, and personal testimonies, Samir Shaheen-Hussain connects the draconian medevac practice with often-disregarded crimes committed against and medical violence inflicted upon Indigenous children across the country for more than a century and a half: fomented smallpox epidemics and avoidable tuberculosis deaths; experiments and abuse in residential schools, Indian Hospitals, reserves, and communities; forced sterilization; child abduction and disappearances.

    This devastating history and ongoing medical colonialism prevent Indigenous communities from attaining internationally recognized measures of health and social well-being because of a pervasive culture of systemic anti-Indigenous racism that persists in the Canadian public health care system— and in capitalist settler society at large. This book draws on the innovative work of Indigenous scholars and activists to conclude that a broader decolonization struggle calling for reparations, restitution (including land reclamation), and self-determination for Indigenous Peoples is critical to achieve reconciliation in Canada.

    Thématique déjà abordée ici :
    https://seenthis.net/messages/662802#message662802
    https://seenthis.net/messages/695159#message695159
    https://seenthis.net/messages/703634#message703634

    #Samir_Shaheen-Hussain #Canada #Québec #Médecine #Soins #Autochtones #Peuples_autochtones #Discriminations #Racisme #Colonialisme #Colonisation #Histoire #Crimes #ça_continue...

  • Amazon Is Hiring an Intelligence Analyst to Track ’Labor Organizing Threats’
    https://www.vice.com/en_us/article/qj4aqw/amazon-hiring-intelligence-analyst-to-track-labor-organizing-threats

    Amazon is looking to hire two intelligence analysts to track “labor organizing threats” within the company. The company recently posted two job listings for analysts that can keep an eye on sensitive and confidential topics “including labor organizing threats against the company.” Amazon is looking to hire an “Intelligence Analyst” and a “Sr Intelligence Analyst” for its Global Security Operations’ (GSO) Global Intelligence Program (GIP), the team that’s responsible for physical and (...)

    #Amazon #racisme #recrutement #GigEconomy #lutte #surveillance #syndicat #travail

  • #Marlène_Schiappa, le #fémonationalisme et nous

    Juillet 2020. Dans le cadre d’« opérations de reconquête républicaine », Marlène Schiappa en appelle au « bon sens », entendre : « Si la maison de votre voisin s’effondre, vous l’accueillez. Mais s’il se met à tabasser votre sœur, vous le virez ! » C’est en ces termes qu’elle se félicite de la mise en place, par ses soins, de la #double_peine pour les étrangers coupables de violences sexistes et sexuelles. Accusée de promouvoir le fémonationalisme — c’est-à-dire un féminisme qui instrumentalise les #droits_des_femmes à des fins nationalistes et identitaires —, la porte-voix du gouvernement Macron a répondu n’avoir « aucune leçon de féminisme à recevoir de qui que ce soit ». Plus qu’une participation à la présente polémique, la sociologue et écrivaine Kaoutar Harchi entend ici, en guise de prolongement, rappeler la nécessité de déployer, face aux menées libérales et xénophobes, « un féminisme antiraciste et anticapitaliste ».

    À peine nommée ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, en charge de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, ancienne secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes et de la Lutte contre les discriminations, a revêtu les habits neufs — au vrai, pas tant que cela — de la nouvelle fonction politique qui lui incombe. Ces nouvelles attributions ne vont pas sans rappeler d’anciennes prises de position. Se voulant féministes, celles-ci plaidaient, en 2017, tant pour l’instauration d’un congé maternité non indexé au statut professionnel des mères que pour la verbalisation des insultes sexistes proférées au sein de l’espace public. L’alliance, hier comme aujourd’hui, d’un déploiement de dispositifs sécuritaires visant au contrôle des conduites masculines, d’une part, et d’une rhétorique de la protection des femmes contre les violences sexistes et sexuelles, d’autre part, est loin d’être une disposition circonstancielle. Elle peut même relever d’un projet féministe de type carcéro-punitif : déployé au cœur de l’État, il en a pris le pli au point de confier aux institutions de la force — policière et pénitentiaire — le monopole de la gestion protectrice des femmes.

    Ne voir là qu’une passion pour le châtiment et l’enfermement est à la fois nécessaire et insuffisant : l’analyse des alliances réalisées ne peut se faire indépendamment d’une analyse des significations politiques symboliquement induites, ni évacuer les effets empiriques produits sur les vies des hommes et des femmes. Car, au final, de quels hommes et de quelles femmes parle Marlène Schiappa lorsqu’elle défend la mise en place de mesures de lutte contre « le séparatisme » — que le président de la République évoquait déjà, le 18 février 2020, lors de son discours à Mulhouse ? Rien de plus simple, il suffit d’écouter Schiappa s’exprimer : « Lorsqu’un étranger commet des violences sexistes ou sexuelles, il doit cesser d’être accueilli en France. » Ou : « Si vous avez quelqu’un qui se présente comme étant un imam et qui, dans une salle de réunion, ou sur YouTube, ou sur les réseaux sociaux, appelle à la lapidation des femmes parce qu’elles se parfument, il ne faut pas rester sans agir, il faut déposer plainte. Tous les voies et recours doivent pouvoir être étudiés et nous devons pouvoir étudier des manières de renforcer la législation pour réaffirmer les grands principes de la République et notre lutte contre le séparatisme. »

    Ou bien encore : « L’idée, c’est de contrer les groupes organisés de manière hostile et violente vis-à-vis de la République. Il y a des choses qui existent déjà dans la loi : on a fait fermer près de 300 lieux problématiques, débits de boissons ou écoles hors contrat, qui prêchent cet islam politique, cet islamisme et ce séparatisme. […] Et c’est une manière de protéger les musulmans qui nous alertent et nous disent que leur mosquée est prise à partie sur ces questions-là par des groupes qui s’organisent pour parler au nom de l’islam. Il faut être prudent sur les mots et les termes, et c’est pour cela qu’on finalise cette loi et qu’on la présentera à la rentrée. » Et de préciser, enfin : « Je veux être prudente dans les comparaisons qu’on fait et je ne peux pas comparer [les exemples cités plus hauts avec] le diacre qui considère que l’évêché doit être réservé aux hommes. Je ne suis pas d’accord avec lui mais il ne met pas en péril la République. Ce n’est pas la même chose de dire "nos traditions veulent cela" que de dire "j’impose mes lois et je souhaite lapider des femmes", il y a une différence de degré. »

    Bien que nous ignorions encore selon quels dispositifs précis Marlène Schiappa entend mener ce « combat culturel », sa seule manière d’en assurer la performance médiatique nous permet d’identifier sans mal la forme de coalition qui le fonde : coalition d’un argumentaire centré sur la condition sociale inégalitaire à laquelle les femmes sont contraintes, et d’un discours qui se veut à la fois explicatif et prescriptif. Un discours qui fait de la condition des femmes un phénomène imputable, non pas au régime patriarcal tel qu’il se (re)configure au gré des périodes et des espaces, mais à un segment particulier de ce régime. En amalgamant les figures incommensurablement altérisées de l’étranger, du réfugié, du migrant, du musulman, de l’Arabe, du Noir ou encore du jeune de banlieue, ce segment devient le seul qui vaudrait la peine d’être combattu. Ce phénomène rhétorique où féminisme et racisme se rencontrent, se saluent, et s’incarnent en politiques gouvernementales, en programmes éducatifs, en campagnes de prévention ou encore en répertoire d’intégration, a été qualifié de « fémonationaliste » et s’arrime à la famille étendue des nationalismes sexuels.

    Un féminisme au service de la nation

    Forgé par Sara R. Farris à travers l’ouvrage In the name of Women’s Rights — The Rise of Femonationalism, le concept de fémonationalisme décrit, selon l’autrice, « les tentatives des partis européens de droite (entre autres) d’intégrer les idéaux féministes dans des campagnes anti-immigrés et anti-Islam ». Si la critique des convergences de la rhétorique des droits des femmes et celle du chauvinisme-nationalisme a mis en évidence, et avec insistance, les processus de culturalisation des violences faites à celles-ci, Sara R. Farris a œuvré, en tant que féministe marxiste, à déplacer l’analyse vers le terrain fécond du complexe politico-économique. Ainsi a‑t-elle cherché à comprendre les motivations profondes qui tendent, sous l’effet de la surqualification sexiste des hommes non-blancs1, à opposer les intérêts de ces derniers aux femmes non-blanches et, plus encore, à les représenter publiquement comme des figures antinomiques. Et la théoricienne de s’interroger : « De nos jours, particulièrement dans le Sud de l’Europe, les migrants sont fréquemment perçus comme une réserve de main‑d’œuvre bon marché dont la présence menace les emplois et les salaires des travailleurs nationaux. Pourtant, les travailleuses migrantes et les musulmanes en particulier ne sont ni présentées ni perçues de la même manière. Pourquoi ? »

    Pour répondre à cette question, plus redoutable qu’elle n’y paraît, Sara R. Farris a porté son attention sur les secteurs économiques d’intégration des migrant·es. De là, il est apparu que les travailleuses migrantes sont principalement employées par le secteur domestique tandis que les travailleurs migrants sont distribués selon une logique bien plus diversifiée. La féminisation des mondes du travail, l’ouverture du domaine des soins au marché ainsi que la facilitation transactionnelle, organisée par l’État, de recourir à une assistance extérieure — relative, notamment, à la garde d’enfants, à l’aide aux personnes âgées ou aux personnes handicapées — ont grandement et durablement favorisé la constitution des femmes du Sud, non comme « armée de réserve » menaçante mais comme « armée régulière » entretenue permettant aux collectivités blanches de bien vivre.

    Selon l’autrice, l’une des grilles de compréhension de l’appareil justificatoire fémonationaliste tirerait sa force de cette matérialité de l’aide féminine apportée. La lutte pour la conservation de cette aide conduirait alors à représenter et à traiter les femmes non-blanches issues des migrations postcoloniales comme victimes à extirper et à sauver des mains dangereuses de leur époux, père, frère, oncle, cousin, et plus généralement de tout homme de leur groupe ethno-racial supposé ou réel. La logique néolibérale, dont on perçoit bien, ici, l’intimité structurelle qu’elle entretient avec la sexualisation/racialisation de la force de travail, viendrait dès lors infléchir les traitements — mais pas les violences — que des gouvernements de droite et de gauche porteraient sur les femmes migrantes. Inflexions d’autant plus probables et soutenues qu’elles viennent confirmer, si ce n’est créer, un effet de coïncidence avec la définition majoritaire de la figure féminine — a fortiori migrante — émancipée et légitime à vivre sur les territoires nationaux européens : soit une femme libérée de l’emprise familiale et librement présente sur le marché du travail.

    Une séquence fémonationaliste historique

    Dans le contexte spécifique des politiques et législations françaises, il s’agirait alors de comprendre la manière dont la pensée de Sara R. Farris éclaire l’une des séquences contemporaines les plus fondamentales de la longue histoire fémonationaliste française, à savoir celle de l’interdiction du port du voile dans les écoles publiques, en 2004, au nom de la laïcité et de l’égalité filles-garçons. Comme le note la sociologue Christine Delphy, les arguments des féministes en faveur de l’interdiction du foulard, « formulés dès 1989 par Élisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay, Catherine Kintzler2 », ont affirmé l’exceptionnalité de la violence sexiste exercée par les hommes non-blancs, en la rejetant au-delà du cadre de la violence sexiste ordinaire. Nombre de débats publics se sont alors orientés vers le « pourquoi » de cette violence supposée plus violente que toute autre, et ont fait d’elle, lorsqu’elle est observée sur le territoire national, une violence accidentelle — c’est-à-dire importée d’un ailleurs lointain, conséquence de l’immigration d’hommes de confession musulmane, réelle ou supposée — et portant atteinte à l’intégrité de la « démocratie sexuelle ».

    L’association Ni Putes ni Soumises, par exemple, grandement centrée sur l’accompagnement de la population féminine « des quartiers », a incarné le combat contre la « barbarie » patriarcale supposée de la fraction masculine, musulmane et populaire de la société française. Un combat, mené par quelques actrices féminines racisées proches des structures du pouvoir, se voulant représentatives du pendant féminin de ladite fraction, et qui a symbolisé, à lui-seul, l’arrachement des femmes bonnes d’une religion et d’une culture mauvaises. Cela au point que la nécessité d’aider les jeunes filles en question à quitter leur « culture » en quittant leur famille, et plus encore à rompre tout lien avec elles, a progressivement été défendue par les membres de l’association et par nombre d’acteurs et d’actrices institutionnels prohibitionnistes.

    Articulant ces éléments, qui mêlent processus de racialisation (lesquels assurent la pérennité de l’ordre patriarcal) et mécanismes de sexualisation (lesquels confèrent toute sa force à l’organisation racisée), Sara R. Farris y adjoint alors ce que la sociologue Dina Bader a nommé « la dimension du gain3 » : cet intérêt structurel qui mène les gouvernements de droite et de gauche, dans une perspective conservatrice et nationaliste, à s’accaparer le discours féministe, avec la collaboration volontariste de féministes en poste, « car ils ont quelque chose à gagner ». En filigrane de cette manière d’appréhender le phénomène d’un féminisme raciste, nous retrouvons l’hypothèse développée par le philosophe marxiste Alain Badiou selon laquelle « la loi sur le foulard [serait] une loi capitaliste pure [qui] ordonnerait que la féminité soit exposée. Autrement dit, que la circulation sous paradigme marchand du corps féminin [serait] obligatoire et interdi[rait] en la matière — et chez les adolescentes, plaque sensible de l’univers subjectif entier — toute réserve ». Ainsi la logique marchande d’une transparence de la féminité occidentale s’articule aux résidus fondamentaux de la logique (néo)coloniale du dévoilement articulée.

    Dans un paradigme où les femmes racisées, en tant que telles, sont perçues comme ayant toujours quelque chose d’elles à vendre quand, au contraire, les hommes racisés sont appréhendés comme ne disposant pas de ressources pour acheter, aux premières l’accueil sous conditions — celle de ne pas porter le voile, notamment —, aux seconds le rejet inconditionnel.

    Enjeux collectifs

    La rhétorique fémonationaliste à laquelle Marlène Schiappa s’adonne allègrement depuis le ministère de l’Intérieur4 se déploie entre les soupçons d’agressions sexuelles qui pèsent sur Gérald Darmanin : mise en scène révoltante d’un pouvoir qui survisibilise la violence sexiste de certains hommes pour mieux invisibiliser celle d’autres. Cette rhétorique appelle une réponse forte, collectivement organisée. Non parce que nos hommes subiraient le racisme et qu’il faudrait, en tant que leurs femmes, les en sauver — tandis que d’autres hommes chercheraient à nous sauver de ceux-là mêmes —, mais bien parce qu’en tant que femmes de personne, nous jugeons que la lutte antiraciste et la lutte antisexiste ne sauraient être pleinement réalisées que dans cette conscience aiguë que les personnes opprimées par le racisme ne sont pas toutes des hommes non-blancs et que l’oppression patriarcale ne soumet pas uniquement des femmes blanches. Dans cette perspective, et Delphy le remarque justement, les femmes racisées sont contraintes de construire avec et sans les hommes du groupe racisé, avec et sans les femmes du groupe blanc. Ce qui pose la question cruciale des conditions de possibilité liées à la construction d’un espace politique des femmes racisées.

    Que signifie cet « avec » et ce « sans » ? Une infinité de pièges qui parsème les chemins difficiles de l’émancipation politique des membres objectivement solidaires du groupe racisé et des membres objectivement solidaires du groupe féminin — solidarité que la rhétorique fémonationaliste cherche tout bonnement à rompre définitivement en isolant femmes et hommes, en livrant les unes à la dévoration domestique et les autres à la noyade en haute mer ou à l’asphyxie. Cela ne peut ni ne doit durer car personne ne peut être dépossédé de son existence et vivre en se sachant, ainsi, destiné à la mort. Dénoncer et lutter contre la racialisation des questions sexuelles et la sexualisation de la question raciale — auxquelles Schiappa et Darmanin, comme d’autres avant eux, vont en promettant un grand avenir — implique d’affronter une question centrale : si les femmes racisées sont aptes — car construites ainsi par un ensemble de rapports sociaux — à se voir, à se reconnaître et à éprouver une forme d’empathie envers l’homme non-blanc que le racisme violente et envers la femme blanche que le patriarcat oppresse, qui des membres de ces groupes dominés se reconnaissent en elles ?

    Il importe de nous acharner à pointer du doigt la moindre injustice de genre, de classe et de race, produite non seulement par l’instrumentalisation des idées féministes, mais aussi et surtout par le caractère instrumentalisable et donc antiféministe de ces mêmes idées. Cela, de nombreuses personnes qui militent l’ont dit bien des fois. Mais en matière de politique des luttes, se répéter est une manière de dialoguer avec ceux et celles qui entendraient parler de tout cela pour la première fois, comme une manière de ne pas laisser aller à l’apathie ceux et celles qui n’en ont que trop entendu parler. Il importe, aussi, de rompre avec l’idée selon laquelle les hommes racisés seraient substantiellement plus violents que les autres hommes et que les cultures des Suds seraient plus marquées par l’idéologie patriarcale que celles du Nord. Car, dans un cas comme dans un autre, nous sommes entraîné·es à répondre au « pourquoi » moralisant de cette prétendue spécificité, et non au « comment » politique de cette spécification. Cette rupture est absolument fondamentale. Elle conditionne la possibilité d’orienter la lutte, non pas contre les formes les plus monstrueuses du patriarcat — ce qui ne peut que nous conduire à entériner les formes souriantes et galantes de ce dernier — mais bien contre le patriarcat dans tous ses états5. Enfin, il importe de prendre la mesure des concurrences féroces qui ont lieu au sein des espaces du féminisme majoritaire blanc pour la conservation et/ou la conquête du monopole féministe.

    Demeurons vigilant·es quant aux potentielles formes de récupérations de la critique fémonationaliste, non pas dans une perspective révolutionnaire qui profiterait à toutes les membres de la classe des femmes, mais dans une logique de pure distinction stratégique des groupes dominants entre eux. Puisque l’oppression accable sur plusieurs fronts à la fois, nous ne pouvons que réfléchir ensemble et solidairement vers la construction d’espaces étendus. Espaces où les réflexions théoriques et les actions concrètes des femmes qui prônent un féminisme antiraciste et anticapitaliste pourront se déployer plus encore, dans la plénitude de leurs croisements.

    https://www.revue-ballast.fr/marlene-schiappa-le-femonationalisme-et-nous

    #nationalisme #violences_sexistes #violences_sexuelles #protection #châtiment #enfermement #séparatisme #étrangers #combat_culturel #altérisation #islam #musulmans #racisme #nationalismes_sexuels #nationalisme_sexuel #intersectionnalité #islamophobie #anti-réfugiés #culturalisation

    ping @cede

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    Déjà signalé sur seenthis ici : https://seenthis.net/messages/870811
    Mais je mets ici le texte complet et ajoute des tags

    • In the Name of Women′s Rights. The Rise of Femonationalism

      Sara R. Farris examines the demands for women’s rights from an unlikely collection of right-wing nationalist political parties, neoliberals, and some feminist theorists and policy makers. Focusing on contemporary France, Italy, and the Netherlands, Farris labels this exploitation and co-optation of feminist themes by anti-Islam and xenophobic campaigns as “femonationalism.” She shows that by characterizing Muslim males as dangerous to western societies and as oppressors of women, and by emphasizing the need to rescue Muslim and migrant women, these groups use gender equality to justify their racist rhetoric and policies. This practice also serves an economic function. Farris analyzes how neoliberal civic integration policies and feminist groups funnel Muslim and non-western migrant women into the segregating domestic and caregiving industries, all the while claiming to promote their emancipation. In the Name of Women’s Rights documents the links between racism, feminism, and the ways in which non-western women are instrumentalized for a variety of political and economic purposes.

      https://www.dukeupress.edu/in-the-name-of-womens-rights
      #livre #Sara_Farris

  • The Thin Blue Line Between Violent, Pro-Trump Militias and Police
    https://theintercept.com/2020/08/28/kyle-rittenhouse-violent-pro-trump-militias-police

    Police in Kenosha told armed vigilantes, “We appreciate you guys. We really do.” Then one of them killed two protesters. The videos that preceded Anthony Huber’s killing on the streets of Kenosha, Wisconsin, are jarring. Among the most chilling is one from the parking lot of an auto repair shop. Several shots ring out. In the distance, you see the gunman in jeans and a green T-shirt. A man rushes up behind him. The gunman turns. More shots ring out and the man collapses to the ground. The (...)

    #milice #police #racisme #élections #violence #BlackLivesMatter #extrême-droite

  • Angèle Christin : « Les méthodes ethnographiques nuancent l’idée d’une justice prédictive et entièrement automatisée »
    https://linc.cnil.fr/angele-christin-les-methodes-ethnographiques-nuancent-lidee-dune-justice-p

    A partir de ses travaux sur les algorithmes prédictifs dans la justice pénale aux États-Unis, la sociologue Angèle Christin présente les apports des approches ethnographiques pour étudier les « algorithmes en pratique ». Ceux-ci nuancent les effets des algorithmes en les replaçant dans leurs contextes organisationnels et en mettant en évidence les résistances dont ils font l’objet. Les institutions pénales aux Etats-Unis connaissent depuis quelques années une multiplication des usages d’algorithmes (...)

    #algorithme #racisme #justice #prédiction #biais #discrimination #pauvreté #CNIL

    ##pauvreté

  • Comment l’enquête Trajectoires et Origines a changé la donne sur les #statistiques ethniques en #France

    Alors que la polémique a repris en juin 2020 autour de statistiques « ethniques » qu’il faudrait interdire ou permettre, un retour sur la mise en place de l’enquête TeO dans les années 2000 permet d’illustrer toute la complexité de ce « débat » trop souvent polarisé. Dans ce numéro d’été de De facto, Catherine Guilyardi, journaliste, nous éclaire sur la genèse et la réception de cette enquête qui a donné lieu à de vifs débats non seulement entre chercheurs mais aussi entre les chercheurs et certaines associations anti-racistes.

    Alors que l’épidémie de Covid 19 continue à sévir, Le Monde s’interroge, dès le 29 mai 2020, sur la surmortalité observée en Grande-Bretagne parmi les « minorités ethniques ». Si cette « troublante surmortalité » a pu être détectée si tôt par les chercheurs britanniques, c’est notamment parce que « la tenue de registres par ethnies [a] permis de mettre en lumière des facteurs de risque difficilement détectables en France, où ces identifications sont interdites ». Au même moment, dans De facto, les chercheurs Solène Brun et Patrick Simon confirment « l’invisibilité des minorités dans les chiffres du coronavirus » en France. En Seine-Saint-Denis où la surmortalité est avérée, la pauvreté est un facteur identifiable, mais « les discriminations ethnoraciales », elles, ne sont responsables « qu’en toute vraisemblance ».

    Le manque de données ethnoraciales pour mesurer les discriminations est également relevé à l’occasion des manifestations contre les violences policières en juin 2020. Sibeth Ndiaye, alors porte-parole du gouvernement, met en avant ses origines sénégalaises dans une tribune où elle propose de « poser de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques ». Le « débat » est en effet relancé, mais peu apaisé. Le président de la République se positionne contre et affirme en off que les statistiques ethniques sont un « bon filon » pour les chercheurs, sans préciser en quoi.

    S’il est interdit en France de poser la question de l’origine et de la couleur dans des fichiers de gestion (fichiers de salariés, d’élèves, de locataires, des patients, des électeurs), comme cela se fait en Grande Bretagne, des enquêtes de chercheurs posent ces questions. La plus importante d’entre elles en nombre de sondés est l’enquête « Trajectoires et Origines » menée en 2008-2009 par l’Insee et l’Ined. Depuis juillet 2019, une nouvelle édition de l’enquête est sur le terrain : près de 600 enquêteurs de l’Insee interrogent 24 000 personnes sur « la diversité des populations, notamment en fonction de l’origine ». Cet échantillon représentatif de toutes les origines en France doit répondre à des questions telles que « Au-delà de votre expérience personnelle, pensez-vous appartenir à un groupe qui subit des traitements inégalitaires en raison de l’origine ou la couleur de peau en France aujourd’hui ? » ou « Au cours de votre vie avez-vous été victime d’insultes, de propos ou d’attitudes ouvertement racistes ? ».

    On y évoque donc ouvertement l’origine et la couleur de peau, mais peut-on parler de statistiques ethniques ou ethnoraciales ? Les débats enflammés qui ont accompagné la mise en place de cette enquête sur les discriminations et le racisme dans les années 2000 montrent comment la recherche se construit sur des sujets encore sensibles – ici, les immigrés et leurs descendants - dans la société.
    L’origine en soi, un facteur d’inégalités ?

    L’enquête, souvent appelée par son acronyme TeO, est imaginée dès 2005 par les chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et les administrateurs de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour mesurer le processus d’intégration, les discriminations et le racisme subis dans toutes les situations de la vie sociale : à l’école, dans les administrations, sur le marché du travail ou du logement, à l’hôpital, etc. Son but est d’« appréhender dans quelle mesure l’origine est en soi un facteur d’inégalités ou simplement de spécificité dans l’accès aux différentes ressources de la vie sociale ». Son ambition : fournir des statistiques pour « analyser les processus d’intégration, de discrimination et de construction identitaire au sein de la société française dans son ensemble ». L’originalité de TeO est d’articuler l’origine avec d’autres « catégories de distinction » telle que le genre, la religion, la classe, la couleur de peau, l’âge, le quartier, etc.

    Invités à intervenir en juin 2020 dans les médias, Patrick Simon, l’un des concepteurs de TeO, et François Héran, directeur de l’Ined à l’époque et aujourd’hui directeur de l’ICM, rappellent l’avancée considérable qui ont été réalisées dans ce domaine depuis une douzaine d’années. La statistique publique sur les immigrés et leurs descendants a évolué depuis que les chercheurs tentent de mesurer les inégalités en fonction de l’origine en France.

    « Ce fut une conquête », se souvient aujourd’hui François Héran. Patrick Simon, Christelle Hamel et Cris Beauchemin, les trois coordinateurs de la première édition de TeO, s’attendaient, en conclusion de l’ouvrage présentant les travaux issus de l’enquête en 2016, que « le débat qui [avait] entouré le démarrage de l’enquête TeO [soit] inéluctablement reposé ». Certaines données qui aident à « penser l’égalité » manquent toujours, notamment la couleur de peau des enquêtés.
    Faut-il proposer une liste de catégories ethnoraciales ?

    Cette question est âprement discutée en 2006-2007 dans l’unité de recherche Migrations Internationales et Minorités (MIM) de l’Ined lors de l’élaboration du premier questionnaire de l’enquête. Faut-il proposer une liste de catégories ethnoraciales (noir, asiatique, arabe, blanc…), comme cela se pratique aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, ou laisser la question ouverte pour que la personne se définisse elle-même ? Patrick Simon, qui participe déjà en 1993 à l’exploitation de la première grande enquête sur l’immigration, Mobilité géographique et insertion sociale (MGIS), conduite par Michèle Tribalat, sait qu’« une révision des catégories implique nécessairement une modification du regard que la nation porte sur elle-même ». Dans cette enquête pionnière, la catégorie de « Français de souche » est choisie pour définir les personnes non immigrées. Au milieu des années 1980, la grande enquête de l’Ined sur l’origine des Parisiens demandait aux personnes interrogées : « Êtes-vous Parisiens de souche ? », sans que personne n’y voit à mal. Hervé Le Bras proposait d’étendre cette interrogation à l’ensemble de la population française. Mais la vive controverse sur l’enquête MGIS change la donne et « Français de souche » devient idéologiquement marquée et sera abandonnée par la recherche.

    Certains chercheurs contestent l’utilisation de catégories qu’ils jugent subjectives, car construites socialement. Le démographe Alain Blum, spécialiste de la Russie stalinienne et de l’histoire de la statistique, critique appuyé de l’enquête TeO (et de MGIS à la fin des années 1990), constate aujourd’hui « qu’il y a beaucoup de groupes de pression qui revendiquent clairement l’usage de ce type de catégories ethnoraciales pour lutter contre les discriminations. Si le chercheur doit analyser les discours et les pratiques de ces personnes qui se reconnaissent et utilisent ces catégories, cela ne veut pas dire qu’il doit les prendre à son propre compte. » Il ne participe pas à l’élaboration de TeO, pas plus que le démographe Hervé le Bras qui reste opposé à toute statistique « ethnique » jusqu’à aujourd’hui.

    Patrick Simon assume la complexité de ce type d’approche : « Au sein de l’équipe, on sait qu’il est compliqué de définir le contenu des catégories parce qu’il faut qu’elles correspondent à la façon dont les personnes s’identifient. Elles réduisent la complexité des identités, notamment parce qu’il y a du métissage. Cela ne veut pas dire que c’est impossible à faire pour le chercheur. Les débats portent en permanence sur la légitimité même de faire des catégories, alors qu’il faudrait plutôt s’intéresser au contenu des catégories, c’est une question épistémologique et méthodologique. »
    La complexité disparaît souvent au profit d’un « débat » polarisé

    Lorsqu’il s’agit de statistiques sur l’immigration, la complexité disparaît souvent au profit d’un « débat » polarisé, où il faut se prononcer pour ou contre ce qui n’est pas toujours très bien défini. La polémique n’est pas circonscrite aux couloirs de l’Ined. À l’Insee, les statistiques sur l’immigration provoquent toujours des tensions. En 2007, l’identification de la couleur, de la religion et l’origine des enquêtés prévue dans TeO émeut les syndicats de l’institut de la statistique qui craignent que leur travail ne donne des outils « à celles et ceux qui rêvent de construire une représentation "ethnoraciale" de la France ». Ils évoquent le fichier juif que la statistique publique aurait aidé construire pendant la Seconde Guerre mondiale.

    La polémique atteint son apogée lorsque SOS Racisme, visant expressément le projet d’enquête TeO, lance une pétition en octobre 2007 invitant chacun à refuser que son « identité soit réduite à des critères d’un autre temps, celui de la France coloniale, ou de Vichy ». Alors que des chercheurs émettent des réserves à l’égard de la pétition, elle réunit 100 000 signatures en quelques jours. Il est vrai que le contexte politique est tendu. Nicolas Sarkozy, élu président 5 mois plus tôt, se présente comme le chantre des statistiques ethniques, mais il mélange les registres entre sécurité et lutte contre les discriminations. La loi « relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile » propose de faciliter la collecte des statistiques ethniques dans son article 63. Fourre-tout, elle veut autoriser le recours aux tests ADN pour prouver la filiation des candidats au regroupement familial. Un mélange des genres qui provoque l’annulation de l’article 63 devant le Conseil constitutionnel.

    Au moment de tester le questionnaire de TeO sur le terrain fin 2007, François Héran, alors directeur de l’Ined, les coordinateurs de TeO et l’Insee décident de maintenir les questions sur la religion mais retirent celles sur la couleur de peau. Dans le questionnaire, il n’y a pourtant pas de catégories « figées » qui favoriserait l’établissement d’un « référentiel ethnoracial », comme le craignaient les détracteurs de l’enquête. Les personnes étaient invitées à exprimer leur ressenti d’appartenance en répondant aux deux questions suivantes : « De quelle couleur de peau vous diriez vous ? » et « De quelle couleur de peau les autres vous voient-ils ? ». Elles disparaissent définitivement de l’enquête. Elles ne sont toujours pas présentes dans la seconde enquête TeO (TeO2), dix ans plus tard.

    En posant directement la question de la couleur, l’équipe de recherche voulait éviter d’utiliser une catégorie indirecte, que l’on appelle « proxy » en science statistique. « Catégoriser les personnes en fonction de leurs prénoms ou de leur lieu de naissance ou de ceux de leurs parents permet de produire des statistiques sur les discriminations racistes, explique Cris Beauchemin, mais cela demeure une approximation. On ne peut pas utiliser ces méthodes pour les personnes racisées dans la vie quotidienne, c’est-à-dire identifiées par leur couleur de peau, par exemple les petits-enfants d’immigrés. » Ces personnes « disparaissent » donc des statistiques qui tentent pourtant de mesurer les discriminations et le racisme en France.
    L’enjeu de la statistique sur l’immigration pour les chercheurs

    La collecte de données ethnoraciales pour mesurer les discriminations répond pourtant à une demande politique et sociétale forte depuis les années 1990. Le Haut conseil à l’Intégration (HCI), première institution du genre, propose en vain d’introduire l’origine nationale dans le recensement de la population. De nos jours encore, le recensement permet seulement de distinguer les étrangers des Français et les immigrés des natifs (car on peut être à la fois immigré et français).

    Le manque de statistiques ethnoraciales n’empêche pas des chercheurs de démontrer, dès les années 1980, l’existence de discriminations subies par les Français issus de l’immigration, notamment maghrébine. C’est le cas de l’étude pionnière du sociologue René Lévy en 1987 sur la police judiciaire, Du suspect au coupable, qui montre l’association faite par la police entre traits identitaires et présomption de culpabilité des suspects. Les statistiques ainsi recueillies, grâce à des entretiens individuels menés par un chercheur, ne concernent cependant qu’un faible échantillon (méthode qualitative). Quand la recherche collabore avec la statistique publique, comme c’est le cas pour MGIS ou TeO, des milliers de personnes sont interrogées. Un questionnaire fermé est construit par les scientifiques mais ils ne mènent pas eux-mêmes les entretiens. Le but est de créer de la statistique (méthode quantitative) pour les chercheurs — et aussi pour les administrations. Les résultats produits sont représentatifs à l’échelle du pays et permettent donc de tirer des conclusions à la fois plus larges et plus solides sur l’ensemble de la France.

    « Pour moi, le gros livre (https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/24668/grande.enquetes_teo_fascicule.fr.pdf) qui présente les travaux de l’équipe de TeO1 en 2016 est une sorte de bible multi-thématique, qu’on voit apparaître dans des réunions de recherche, mais aussi avec des acteurs plus institutionnels, témoigne Mathieu Ichou, coordinateur de TeO2 avec Patrick Simon et Cris Beauchemin. C’est un objet central dans la recherche quantitative sur l’immigration. » Élodie Druez, qui a soutenu sa thèse en juin 2020 sur la racisation et la politisation des diplômé.e.s d’origine subsaharienne à Paris et à Londres, aurait pu se passer de TeO, dit-elle, mais « cela m’a permis de voir que les rapprochements que je faisais n’étaient pas seulement le fruit de l’analyse des 80 entretiens individuels que j’avais réalisés, ni propres au groupe que j’avais interrogé. Par exemple dans ces entretiens, je vois qu’il y a un lien entre le fait de s’intéresser à la politique et le fait de déclarer des discriminations en France comme au Royaume-Uni. Les résultats quantitatifs me le confirment de façon très nette dans les deux pays pour des descendants d’immigrés de différentes origines. »
    La force politique de la statistique

    Le chiffre a un pouvoir important dans notre société. Christelle Hamel, coordinatrice sur TeO1, entre à l’Ined en 2005 pour « la force politique de la statistique ». « Le qualitatif ne suffit pas pour des sujets sensibles comme le racisme ou les violences faites aux femmes. Quand on regarde les choses à l’échelle de l’individu, on peut toujours trouver des particularismes, propres à une histoire ou à un comportement, et remettre en cause la parole de la victime. Avec les statistiques et la méthode quantitative, on est obligés de reconnaître qu’il y a un problème du côté des agresseurs. Les statistiques peuvent donc aider à résoudre un problème de régulation des comportements sociaux. » « En démocratie, obliger l’État à compter, c’est l’obliger à rendre des comptes », note François Héran dans son livre Avec l’immigration, consacré en partie aux statistiques ethniques en 2017. Être issu de deux mondes différents, la recherche et la statistique publique, est à la fois la force et la fragilité de l’enquête TeO.

    L’Insee, avec ses 5 600 salariés dans toute la France, est une direction générale du ministère de l’Économie et des Finances qui recrute ses « administrateurs » à la sortie d’une grande école : l’École nationale de la statistique et des études économiques (Ensae). « Ce sont des ingénieurs de très haut niveau, d’extraordinaires organisateurs », affirme François Héran, qui a également occupé des responsabilités à l’Insee. Les chercheurs, chargés de répondre à des questions de société sensibles, sont davantage dans l’imagination et plus provocateurs. Les statisticiens, plus prudents ». Mathieu Ichou, coordinateur depuis 2016 de la nouvelle enquête TeO avec Patrick Simon et Cris Beauchemin, reconnaît qu’il y a « à la fois un côté pratique pour les chercheurs à s’associer à l’Insee et une question de légitimité des résultats : produits par la statistique publique, ils engagent plus les autorités que si c’était l’enquête d’un chercheur isolé. C’est de la statistique publique, avec cette image de rigueur qui va avec. »

    En s’associant à l’Insee, les démographes de l’Ined passent sous le contrôle des organismes chargés de défendre les intérêts des usagers de la statistique, qui interviennent sur les activités du Système de la statistique publique (SNS) regroupant l’Insee et les services statistiques ministériels. Alors que l’Ined, en tant qu’institut de recherche, dépend du ministère de la Recherche qui garantit son indépendance, il ne peut pas travailler avec la même liberté en s’associant à la statistique publique. Le grand public confond d’ailleurs souvent l’Ined avec l’Insee. Nicolas Sarkozy essayera même de placer ses chercheurs sous la tutelle de son ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, lors de l’élaboration de TeO, sans succès.

    « C’est un enjeu important pour nous de savoir si la 3e génération est discriminée »,
    Mathieu Ichou, coordinateur de TeO2

    Si les enquêtes MGIS et TeO provoquent autant de controverses par rapport aux enquêtes de chercheurs, qui peuvent pourtant aborder les discriminations et le racisme de façon plus frontale, c’est que les catégories et questionnements mis en place dans le cadre de la statistique publique peuvent devenir une référence utilisable dans les grandes enquêtes de l’Insee, sur l’emploi ou la famille par exemple, voire dans le recensement. C’est ce que craignent ceux qui veulent « débattre » des mal-nommées statistiques « ethniques ».

    Pourtant, chaque enquête de la statistique publique est visée par la Cnil, la Commission nationale informatique et liberté. Il lui incombe de veiller à l’application de la loi de 1978, qui interdit le traitement « des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les options philosophiques, politiques ou religieuses, (...) ou qui sont relatives à la santé ». C’est elle qui accorde les dérogations nécessaires aux grandes enquêtes nationales sur ces sujets sensibles. Des exceptions sont en effet prévues si l’enquête est d’intérêt général, si les personnes personnes interrogées ont donné leur consentement et si les données, dûment anonymisées, sont correctement protégées, ce à quoi s’astreignent les enquêtes de la recherche et de la statistique publiques.

    Au préalable, les projets d’enquête sont examinés par le Conseil national de l’information statistique (Cnis). Moins connu du grand public, le Cnis est ouvert à tous ceux qui représentent les usagers et producteurs de la statistique publique. Son label est indispensable. Il évalue sa pertinence par rapport aux enquêtes existantes et examine en détail la méthodologie et le contenu du questionnaire. C’est lors des réunions du Cnis que les associations sont invitées à donner leur point de vue sur l’enquête.

    Mathieu Ichou est chargé en mai 2016 de présenter la deuxième enquête TeO au Cnis. Il raconte : « On voulait innover sur les questions posées, notamment pour identifier les minorités visibles ou racisées qui sont les premières victimes des discriminations. Comme le Cnis nous a finalement interdit de parler de « minorités visibles et qu’on souhaitait faire cette enquête avec la statistique publique, on a demandé l’inclusion et l’identification de la 3e génération. » Le Cnis ayant donné sont aval, cette méthode devrait permettre de comprendre pourquoi 15 % de la « population majoritaire », catégorie utilisée depuis Teo1 pour les personnes sans ascendance immigrée sur deux générations, s’est déclarée victime de racisme et de discriminations lors de la première vague de l’enquête. « C’est un enjeu important pour nous de savoir si la 3e génération est discriminée, explique le chercheur. Cela voudrait dire que si un petit-enfant de Sénégalais ou d’Algériens subit des discriminations, ce n’est pas parce que son grand-père est venu travailler en France, mais bien parce qu’il est perçu comme noir ou arabe. Il deviendra donc nécessaire de les identifier autrement que par l’immigration de leurs ascendants. »
    Une nouvelle approche dans l’étude des populations immigrées et de leurs descendants

    Le tour de table financier que l’équipe de TeO a réussi à organiser permet de disposer d’un échantillon de plus de 20 000 personnes représentatif de la diversité de la population. Les chercheurs peuvent donc travailler sur un nombre suffisant de personnes, même pour les minorités les moins nombreuses, comme les Africains subsahariens ou les Chinois, par exemple. Le plus coûteux a été d’identifier les enfants d’immigrés (et les petits-enfants dans TeO2). Il faut donc repérer ces descendants d’immigrés par leurs bulletins de naissance, avec l’autorisation des tribunaux administratifs, ce qui nécessite d’envoyer des agents de l’Insee dans toute la France pour examiner les registres en mairie. Ce fut « un véritable tour de force », écriront les concepteurs de TeO1 en 2016.

    « Il n’y a pas de précédent à TeO, s’enthousiasme Cris Beauchemin, notamment dans cette richesse d’échantillonnage et le fait que ce soit absolument représentatif de la société française. C’est une exception internationale. Des chercheurs américains, qui travaillent en ce moment sur TeO, sont émerveillés car il n’y pas d’enquêtes statistiques aux États-Unis qui soient nationalement représentative, avec ce luxe de détails dans les questions, qui touchent à tous les domaines de la vie sociale. »

    TeO a permis de changer de prisme dans l’étude des populations immigrées et – surtout — de leurs descendants. Il ne s’agit plus seulement de mesurer leur capacité d’intégration dans la société française, mais plutôt la capacité de la société française à « faire égalité ». La question des discriminations « systémiques » est devenue centrale. Introduite dans le droit français sous la forme des « discriminations indirectes » par deux directives européennes en 2000, cette approche permet d’aller au-delà de la mesure des discriminations intentionnelles et individuelles, plus facilement identifiables. « Rien n’est moins accessible à l’attention que les discriminations », écrivait Patrick Simon avec son collègue Joan Stavo-Debauge en 2004. Si les discriminations « directes » sont facilement identifiables, comme un refus fondé explicitement sur un préjugé ou une « préférence discriminatoire » en raison de son appartenance à un groupe stigmatisé, « la mise en évidence des discriminations "indirectes" est bien plus complexe, expliquent les chercheurs, et nécessite la mise en place d’une ingénierie spécifique où les statistiques, comme raisonnement et comme dispositif, occupent une place prépondérante. »

    « Je trouve qu’il y a une sorte d’hypocrisie dans le système français à ne pas parler de race », remarque Élodie Druez, qui a pu montrer dans sa thèse en quoi les statistiques ethnoraciales sont un outil pour dénoncer le racisme dans le contexte britannique. « Je n’observe pas au Royaume-Uni que les statistiques sont utilisées pour stigmatiser plus ces populations. D’ailleurs, ces statistiques sont toujours couplées à une analyse en termes de racisme institutionnel. On est très mal à l’aise en France avec l’idée que les institutions, par leur fonctionnement, puissent entraîner des discriminations de façon intentionnelle ou non. Pourtant les statistiques ethnoraciales sont nécessaires, car on nie les injustices que vivent les personnes racisées, et la colère monte. »
    Une enquête qui peut servir de levier aux associations antiracistes

    Christelle Hamel, coordinatrice de la première édition de TeO, pense qu’il faut aller plus loin aujourd’hui et « parler des rapports de domination qui existent entre la population immigrante exposée au racisme et celle qui n’est pas issue de l’immigration qui soit commet des actes racistes, soit en bénéficie. Si quelqu’un est discriminé dans l’embauche, par exemple, une autre personne sera — de fait — favorisée dans son accès à cet emploi. Pourtant elle n’est, elle-même, responsable en rien de cette discrimination ; elle bénéficie seulement d’un traitement discriminant. » Cette analyse fait écho au concept de « privilège blanc », évoqué dans le débat public en France depuis les manifestations contre les violences policières qui ont éclaté à la mort de l’Africain-Américain Georges Floyd.

    « Le rejet des statistiques raciales renvoie au refus de se penser en tant que Blanc », ajoute le sociologue Éric Fassin. Acteur et observateur de la controverse de 2007 autour de TeO, il qualifie aujourd’hui l’épisode de « très violent ». « Pourtant, on était d’accord sur beaucoup de choses, puisque la bataille avait lieu au sein des sciences sociales entre antiracistes de gauche. Mais il y avait autre chose ; personne ne l’a fait remarquer à l’époque, mais nous étions presque tous blancs. La question raciale n’est pas extérieure au monde savant : ce n’est pas parce qu’on est entre Blancs qu’il n’y a pas de question raciale — bien au contraire ! Nommer la blanchité, c’est donc cela l’enjeu. »

    Dans la société française, « TeO a permis de lever beaucoup de stéréotypes et d’idées reçues grâce aux éléments de connaissance que l’enquête a apportés », constate Patrick Simon aujourd’hui. « Même si cela n’a rien changé du point de vue des politiques de lutte contre les discriminations, le débat sur les discriminations et la participation à la société des immigrés et de leurs descendants a évolué. L’enquête peut servir de levier à des associations de lutte contre le racisme et les discriminations. »

    Les questions sur la perception de la couleur de peau seront-elles posées dans une prochaine édition de TeO ? L’enquête s’installera-t-elle dans une périodicité de dix ans, évoluant avec le questionnement de la société sur les statistiques ethnoraciales ? En tout cas, conclue François Héran, « TeO a prouvé le mouvement en marchant : les polémiques des années 1990 sont désormais obsolètes. ». À ce jour, 220 travaux de recherche, dont plusieurs thèses, ont utilisé ses données sécurisées et anonymisées. TeO a ouvert la voie à d’autres enquêtes qui mobilisent des catégories ethniques et/ou raciales. Les dernières en date ont été menées en 2016 par le Défenseur des droits sous le titre général « Accès aux droits1 ».

    Contrairement à une idée encore largement reçue, les statistiques ethniques sont autorisées en France, à condition d’être dûment pensées et contrôlées. Elles restent exclues des fichiers administratifs mais peuvent être mobilisées dans les grandes enquêtes menées par les chercheurs et les statisticiens. Beaucoup de chercheurs pensent que des progrès restent à faire vers une interrogation plus précise sur la discrimination proprement raciale, en relation avec d’autres critères comme le sexe, le milieu social et la religion. Un défi pour la jeune génération.

    http://icmigrations.fr/2020/08/28/defacto-021-01
    #statistiques_ethniques #inégalités #données #origine #couleur_de_peau #TeO #enquête_TeO #racisme #xénophobie #discriminations

    ping @karine4 @isskein @cede

  • Zuckerberg blames contractors for failing to remove Kenosha militia’s ’call to arms’
    https://www.theguardian.com/technology/2020/aug/28/facebook-militia-posts-kenosha-protests

    Facebook CEO points to ‘operational mistake’ by teams meant to bar organizations deemed dangerous Mark Zuckerberg blamed an “operational mistake” by contractors for Facebook’s failure to remove the “call to arms” of a Kenosha, Wisconsin, militia before the shooting on Tuesday night that left two people dead and another injured. The Kenosha Guard militia had established a Facebook page in June 2020 and this week used a Facebook event page to invite “any patriots willing to take up arms and defend (...)

    #Facebook #racisme #modération #extrême-droite #SocialNetwork #surveillance

    https://i.guim.co.uk/img/media/2f95b470554fcb5dfddbf2e910ceee100a307e3f/0_232_3500_2101/master/3500.jpg

  • Une leçon d’humiliation – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/8886

    Un coup dans l’eau pour Valeurs actuelles. La pseudo-fiction illustrée dépeignant Daniele Obono en esclave dans l’Afrique du 18e siècle a suscité un tollé. Parmi de nombreuses réactions, le président de la République et le premier ministre ont assuré la députée de la France insoumise de leur soutien. L’expression de cette indignation était nécessaire, car contrairement à ce que pense l’historien Pierre Nora, la radicalité aujourd’hui n’est pas à gauche, mais à droite. Entre émergence d’un terrorisme suprémaciste blanc, infiltration des services de police par l’extrême-droite, contamination de la gauche républicaine par le racisme islamophobe, c’est bien du côté d’une pensée de l’affrontement des civilisations que se joue aujourd’hui la recomposition des forces politiques. Dans ce paysage, la partition assurée par le magazine consiste à multiplier les ballons d’essais et à banaliser les idées qui s’élaborent dans les coulisses de la fachosphère.


    #racisme #négationisme

  • The problems AI has today go back centuries
    https://www.technologyreview.com/2020/07/31/1005824/decolonial-ai-for-everyone

    Algorithmic discrimination and “ghost work” didn’t appear by accident. Understanding their long, troubling history is the first step toward fixing them. In March of 2015, protests broke out at the University of Cape Town in South Africa over the campus statue of British colonialist Cecil Rhodes. Rhodes, a mining magnate who had gifted the land on which the university was built, had committed genocide against Africans and laid the foundations for apartheid. Under the rallying banner of “Rhodes (...)

    #CambridgeAnalytica/Emerdata #DeepMind #algorithme #éthique #racisme #discrimination #GigEconomy (...)

    ##CambridgeAnalytica/Emerdata ##travail

  • Does Facebook Still Sell Discriminatory Ads ?
    https://themarkup.org/ask-the-markup/2020/08/25/does-facebook-still-sell-discriminatory-ads

    In May, a Wisconsin health care agency, Tenderness Health Care, posted a job ad on Facebook looking for personal care workers. According to Facebook’s “Why am I seeing this ad” pop-up, when the agency purchased the ad, it asked Facebook to not show it to anyone over 54 years of age. And they asked Facebook to show it specifically to people who have “African American multicultural affinity.” Facebook, apparently, complied. The problem ? Federal law prohibits employers from discriminating on the (...)

    #Facebook #algorithme #racisme #recrutement #biais #discrimination #travail #prédiction (...)

    ##publicité

  • La montée en puissance des logiciels de reconnaissance ethnique fait craindre des dérives
    https://www.lopinion.fr/edition/wsj/montee-en-puissance-logiciels-reconnaissance-ethnique-fait-craindre-222067

    Un certain nombre d’entreprises se vantent de proposer des logiciels capables de repérer l’origine ethnique, mais nombreux sont ceux qui redoutent que ces outils n’alimentent la discrimination Le jour où Revlon a voulu savoir quels rouges à lèvres portaient les femmes issues de différentes origines ethniques et de différents pays, le géant américain des cosmétiques n’a pas eu besoin de faire de sondage : il a fait appel à Kairos, une société basée à Miami qui utilise un algorithme pour analyser les (...)

    #Alphabet #Cognitec #Facewatch #Idemia #Kairos #Microsoft #IBM #algorithme #CCTV #Face++ #biométrie #racisme #facial #reconnaissance #discrimination #microtargeting #publicité #Sightcorp_ #Revlon_ #BigData (...)

    ##Face++ ##publicité ##DataBrokers

  • Philippe Besse : « Les décisions algorithmiques ne sont pas plus objectives que les décisions humaines »
    https://linc.cnil.fr/philippe-besse-les-decisions-algorithmiques-ne-sont-pas-plus-objectives-qu

    Suite à la réunion organisée les 28 et 29 mai par le Défenseur des droits, en partenariat avec la CNIL, autour des enjeux de transparence des algorithmes et des biais discriminatoires, LINC s’est entretenu avec Philippe Besse, professeur de Mathématiques à l’université de Toulouse-INSA. Spécialiste des questions de discrimination algorithmique, Philippe Besse évoque, outre les enjeux de transparence inhérents à l’usage de ces outils, les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour assurer leur loyauté. (...)

    #algorithme #biométrie #racisme #technologisme #consentement #facial #législation #reconnaissance #recrutement #sexisme #biais #santé #travail (...)

    ##santé ##CNIL

  • We Are Tracking What Happens to Police After They Use Force on Protestors | ProPublica
    https://projects.propublica.org/protest-police-videos

    As protests erupted around the country in late May in response to the killing in police custody of George Floyd, police departments seemed to respond with more violence. In the ensuing weeks, hundreds of videos of police interactions with protesters surfaced on Twitter and other social media sites, often drawing outrage and, in some cases, swift disciplinary and legal action.

    ProPublica wanted to find out what happens after these moments are caught on tape. We culled hundreds of videos to find those with the clearest examples of officers apparently using a disproportionate level of force against protesters and reached out to 40 law enforcement agencies about the 68 incidents below. For each incident, we inquired about any disciplinary action, investigations and whether the department would disclose the officer or officers involved. While some departments provided details or relevant public records, others leaned on state laws to withhold information. We are continuing to update the page as more information becomes available. Here’s what we learned about each case. Do you have information about one of these cases? Tell us about it. | Related: What Has Happened to Police Filmed Hurting Protesters? So Far, Very Little →

  • Body Bags and Enemy Lists: How Far-Right Police Officers and Ex-Soldiers Planned for ‘Day X’ - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/08/01/world/europe/germany-nazi-infiltration.html

    Germany has woken up to a problem of far-right extremism in its elite special forces. But the threat of neo-Nazi infiltration of state institutions is much broader.

    #extrême-droite #police #allemagne #preppers

  • Un policier condamné pour violence contre un mineur malien qui se réfugiait en France

    Deux agents de la #police_aux_frontières ont été condamnés à Gap, jeudi, pour « #violence » et « #soustraction_de_fonds ». « Dans un contexte de déni des violences policières par le pouvoir politique […], cette décision est un signal de justice fort », réagit l’avocat du mineur victime.

    Deux agents de la police aux frontières (PAF) ont été condamnés, jeudi 30 juillet, par le tribunal correctionnel de Gap, à de la prison avec sursis pour des faits de « violence commis par une personne dépositaire de l’autorité publique » pour l’un, pour « usage de faux en écriture publique » et « soustraction de biens d’un dépôt public » pour l’autre.

    Les faits remontent à 2018, à une époque où ils étaient basés au poste de Montgenèvre (Hautes-Alpes), au niveau d’un col qu’empruntent de nombreux exilés pour franchir la frontière qui sépare l’Italie de la France. Le premier, un gardien de la paix, est condamné à deux ans de prison avec sursis, 1 000 euros d’amende, et une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq ans, pour avoir frappé un mineur malien, Moussa*, qui venait juste d’être refoulé et se plaignait d’un vol d’argent à la PAF. Il devra également verser 900 euros de dommages et intérêts à l’adolescent.

    Le second, un ancien adjoint de sécurité, écope de 18 mois de prison avec sursis, 1 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq ans, pour avoir gardé l’argent d’une contravention après l’avoir annulée, sans explication claire.

    « Cette décision intervient dans un contexte de déni des violences policières par le pouvoir politique et rappelle que nul ne doit échapper à la loi, réagit l’avocat de Moussa*, Me Vincent Brengarth, auprès de Mediapart. Elle est un signal de justice fort à l’adresse des victimes. »

    Nous republions ci-dessous le compte-rendu du procès, qui s’est tenu il y a un mois.

    Gap (Hautes-Alpes).– L’audience était très attendue. Jeudi 2 juillet, deux agents de la police aux frontières (PAF) étaient renvoyés devant le tribunal correctionnel de Gap pour des délits commis au col de Montgenèvre, où des migrants tentent presque tous les jours de rallier Briançon : un gardien de la paix, âgé de 51 ans, était jugé pour des « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » sur un adolescent malien passé en France à l’été 2018, Moussa* ; le second, un adjoint de sécurité dont le contrat n’a pas été renouvelé en 2020, était poursuivi pour « usage de faux » et « soustraction de biens d’un dépôt public », en l’occurrence 90 euros.

    Après cinq longues heures d’audience, le procureur de la République de Gap, Florent Crouhy, a requis à leur encontre respectivement deux ans et 18 mois de prison avec sursis, ainsi que l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans.

    Au départ, les soupçons d’abus commis à la PAF de Montgenèvre étaient bien plus larges. Depuis des années, non seulement des associations signalaient des récits de violences et de vols commis aux dépens de migrants, mais un réserviste de la PAF avait, lui aussi, tiré la sonnette d’alarme. En janvier 2019, enfin, un rapport du directeur départemental de la police aux frontières remis au procureur de Gap a pointé une série de dysfonctionnements liés à l’interpellation de migrants, dont l’argent disparaissait, ainsi qu’au contrôle d’automobilistes et au détournement de l’argent de contraventions. « À plusieurs reprises, peut-on y lire, des migrants auraient indiqué qu’il leur manquait de l’argent lors de notifications de refus d’entrée [en France – ndlr]. » Or, à chaque fois, « le gardien de la paix et l’adjoint de sécurité [jugés jeudi – ndlr] étaient présents lors des interpellations ou des notifications ».

    En janvier 2019, une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) était diligentée, qui s’est vite resserrée autour de l’histoire de Moussa, interpellé une nuit d’août 2018 lors d’une tentative de passage en France et renvoyé aussi sec en Italie, alors qu’il avait 15 ans, qu’il était isolé et que la France avait obligation de l’accueillir.

    Recroisant deux policiers sur sa route cette nuit-là, Moussa s’était plaint du vol de son argent à la PAF et avait eu le réflexe d’enregistrer la conversation. Diffusé à l’audience, cet échange de cinq minutes permet d’entendre des menaces, puis des bruits de coups : « T’accuses la police de vol, ce soir t’es en garde à vue et demain t’es dans un avion, hein ? […] Et c’est Tripoli-Paris ! » « T’arrêtes de nous traiter de voleurs parce que je t’en colle une, hein ? Moi je te dérouille ! » Ou encore : « Tu me traites encore une fois de voleur et je te jette là-dedans [un trou – ndlr]. T’as compris ? » Identifiés par l’IGPN, ce sont ces deux policiers qui étaient jugés jeudi.

    Avant que ne débute l’audience, Moussa échangeait encore avec Agnès Antoine, en terrasse d’un café, une militante des droits des étrangers, bénévole de l’association Tous migrants et de l’Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers), qui a été l’une des premières à le rencontrer après sa traversée réussie en France.

    « Je l’ai accueilli chez moi après qu’il est passé par le refuge solidaire de Briançon », confie celle qui participe également aux maraudes organisées pour venir en aide aux exilés sur la frontière, avec des élus parfois, pour contrôler les pratiques de la PAF. Elle se souvient d’un jeune homme « traumatisé », se plaignant de douleurs au ventre et au bas du dos résultant des coups reçus. « Il était incapable de comprendre comment la police française pouvait faire une chose pareille. »

    Le jeune homme a quitté le Mali, son pays d’origine, fin 2017, dans l’espoir « d’une vie meilleure ». « J’ai mis sept mois à rejoindre l’Europe. Avec un ami majeur, on a tenté plusieurs fois de passer la frontière à Montgenèvre, jusqu’à cette fameuse nuit », confie Moussa, qui assure que cinq autres migrants les accompagnaient.

    À sa première « rencontre » avec les policiers de la PAF, il n’a pas voulu fuir. « Ils nous ont interpellés et ramenés au poste, où ils nous ont demandé nos papiers. J’ai donné un acte de naissance prouvant que j’étais né en 2002. » Mais la police n’en tient pas compte, évoque une date de naissance « incohérente », selon la notification de refus d’entrée signée par un brigadier à minuit ce 4 août. Lui et son ami sont ramenés à la frontière après avoir été fouillés et contrôlés. La loi est pourtant claire : un étranger mineur « ne peut faire l’objet d’une mesure d’expulsion ».

    Mais arrivés sur place, Moussa et le second migrant découvrent qu’il leur manque de l’argent. « J’avais 600 euros et mon ami 200 euros. L’argent avait disparu de nos portefeuilles alors qu’on l’avait avant d’arriver au poste. »Il décide de retourner à la PAF de Montgenèvre et tombe sur deux policiers, qu’il dit reconnaître, le gardien de la paix et de l’adjoint de sécurité. « J’ai enregistré pour avoir une preuve de tout ça, car je sentais que ce n’était pas clair. Cet argent, je l’avais économisé en travaillant dans les marchés en Italie, je le gardais pour pouvoir manger et dormir. » En plus des menaces verbales, le policier lui aurait asséné des coups de poing et de pied.

    Si Moussa ne tarde pas à raconter sa mauvaise rencontre avec les forces de l’ordre à Agnès et à lui faire écouter l’enregistrement, celle-ci ne lui conseille pas de porter plainte dans l’immédiat. « On se méfiait même de la justice… On craignait que la reconnaissance de sa minorité lui soit refusée s’il y avait une plainte. » Reconnu mineur et pris en charge par le conseil départemental, comme le veut la règle pour tous les mineurs étrangers non accompagnés (MNA dans le jargon), Moussa a finalement déposé plainte en mars 2019.

    Au tribunal, jeudi, il joue nerveusement avec ses doigts. À la barre, la présidente appelle le gardien de la paix, résume les faits, puis hausse le ton :

    « Il vous dit que son argent a disparu et vous me dites que vous entendiez ça très souvent dans le discours des migrants à cette époque. Vous auriez pu lui laisser le bénéfice du doute ! »

    – Ça n’arrivait pas qu’à Montgenèvre, rétorque le gardien de la paix en référence aux vols.

    – Vous vous enfoncez, Monsieur. […] Vous appelez ça discuter, vous ?

    – J’étais exaspéré, c’était très tendu avec le problème migratoire. […] J’ai eu des phrases malheureuses, ce n’était pas malin. »

    Concernant les coups, à l’écoute de l’enregistrement, le gardien de la paix affirme avoir repoussé le migrant vers un panneau métallique. Il reconnaît toutefois ne pas s’être senti menacé par les exilés à ce moment-là. « On entend clairement plusieurs coups », contredit la juge, qui cherche à savoir « dans quel cadre procédural » se situe alors l’agent. « Logiquement, vous auriez dû les ramener à nouveau au poste pour suivre la procédure. De quel droit estimez-vous que c’est inutile ? D’aucun ! Vous êtes un exécutant, c’est illégal de prendre ce genre d’initiatives. »

    Selon Me Vincent Brengarth, conseil de Moussa, cette affaire démontre « le caractère indispensable des vidéos pour qu’il y ait justice ». « La question des violences policières sur les migrants est exploitée de façon assez secondaire, alors qu’elle a un caractère tout aussi systémique, plaide l’avocat. Elles sont exercées à l’encontre de personnes vulnérabilisées et ce ne sont pas des cas isolés. » Me Brengarth rappelle le rapport du Défenseur des droits ou celui de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme), avant de dénoncer un « tandem » spécialisé dans la répétition de ces comportements.

    Devant le tribunal, l’ex-adjoint de sécurité n’est toutefois poursuivi que pour des faits sans rapport avec les exilés, simplement pour avoir gardé l’argent d’une contravention après l’avoir annulée, sans explication claire. « Vous dites d’abord avoir rempli la quittance sans prendre l’argent, puis vous évoquez une erreur de remplissage, insiste la juge. Vous avez paniqué ? Vous êtes un élève de maternelle ou un professionnel de la police ? » « Vous faites vraiment n’importe quoi dans cette brigade ! Plus on ment, plus on s’enfonce », assène-t-elle, sans être convaincue.

    Pour l’avocat du prévenu, le dossier aura eu « le mérite » de révéler les défaillances du commandement de la brigade et de la PAF au moment des faits. « Il ne faut pas que le ministère public et la partie civile fassent l’amalgame entre les violences dont est accusé le gardien de la paix et les autres faits qui concernent mon client. »

    « Tout ce qui compte pour moi, c’est qu’on me rende mon argent et que ça ne se reproduise plus avec d’autres », insiste Moussa, fier aujourd’hui de voir que sa situation se débloque en France. Cette année, il s’est inscrit dans un centre de formation et d’apprentissage (CFA) en Auvergne-Rhône-Alpes. Il passe en deuxième année et s’apprête à fêter ses 18 ans.

    « Il est apprenti cuisinier dans un restaurant et ça se passe très bien, précise le travailleur social qui l’accompagne depuis janvier 2019 pour l’association PlurielS. Il a son récépissé et devrait obtenir son titre de séjour travailleur temporaire dès septembre prochain. »

    Dans un rapport intitulé Persona non grata et publié en février 2019, l’Anafé dénonçait les pressions, violences policières et vols dont faisaient l’objet des personnes exilées. « On est rassurés que la justice se soit saisie de cette situation aujourd’hui car la question est d’autant plus grave quand les violences sont commises par les forces de l’ordre », note Laure Palun, directrice de l’association, qui relève que l’interdiction d’exercer peut avoir un effet dissuasif, en plus de la prison avec sursis. « S’ils sont condamnés, j’espère que cela empêchera d’autres policiers d’avoir des comportements similaires, que ce soit à Montgenèvre, Menton, ou toute autre frontière ou zone d’attente française. » Réponse le 30 juillet.

    https://soundcloud.com/mediapartpodcast/policier-de-la-paf-taccuses-la-police-de-vol-demain-tes-dans-un-avion-paris-tripoli/s-ZLMnohIShj6

    https://www.mediapart.fr/journal/france/300720/un-policier-condamne-pour-violence-contre-un-mineur-malien-qui-se-refugiai

    #France #condamnation #justice #police #violences_policières #PAF #frontières #migrations #Alpes #asile #réfugiés #Montgenèvre #frontière_sud-alpine #montagne #Italie

    #cartographie #carte #visualisation

    • Hautes-Alpes: un policier de la PAF renvoyé devant le tribunal

      Selon des informations de Mediapart, Christophe A., un fonctionnaire de la police aux frontières de Montgenèvre, sera bientôt jugé pour « #blessure_involontaire_par_imprudence », après la plainte d’un militant engagé dans le soutien aux migrants.

      Une fois de plus, la justice épingle un agent de la police aux frontières (PAF) de Montgenèvre (Hautes-Alpes), ce poste de haute montagne installé sur la route, souvent enneigée, qu’empruntent à pied les migrants venant d’Italie. Depuis des années, exilés et militants dénoncent les pratiques locales des forces de l’ordre, vécues comme du « #harcèlement ».

      Deux agents de la PAF ont déjà été condamnés cet été à de la prison avec sursis et à des amendes, l’un pour des faits de violence commis à l’encontre d’un mineur malien qui se réfugiait en France, l’autre pour « #usage_de_faux_en_écriture_publique » et « #soustraction_de_biens ».

      Cette fois, un juge d’instruction de Gap a décidé que les agissements du fonctionnaire Christophe A., un soir de 2017 où quelques militants s’étaient rassemblés devant le poste-frontière pour contester la reconduite de migrants en voiture vers l’Italie, méritaient procès.

      « [Le policier] n’a pas suffisamment écarté son véhicule, de sorte qu’il a roulé sur le pied [d’un manifestant] », résume le magistrat. La formule est sobre, pour le moins, mais la conclusion sans détour : le policier se voit renvoyé devant le #tribunal_correctionnel pour « blessure involontaire par imprudence », d’après une ordonnance du 21 septembre consultée par Mediapart.

      Le propriétaire du pied, Mathieu B., avait décrit, à l’époque, la scène en ces termes : « Je suis au milieu de la chaussée, je regarde la voiture de police arriver, elle ne décélère pas. Ce n’est pas possible… mais que se passe-t-il dans la tête de ce flic ? La bagnole continue sa course et me percute. J’anticipe par je ne sais quel réflexe le choc et fais un roulé-boulé sur le côté droit du capot. Je me retrouve ensuite sur le bitume et la roue arrière du véhicule me passe sur la jambe, au-dessus de la cheville. La voiture continue sa course comme si de rien n’était. […] Je décide de porter plainte. Ce qui vient de se passer n’est pas un cas isolé. C’est le quotidien de tout un tas de gens dans ce pays. »

      À l’issue des investigations, le magistrat confirme que « le [policier] a pris la décision de conduire en direction d’un groupe de manifestants sans attendre que la situation soit maîtrisée », sans déclencher « avertisseurs sonores ni lumineux ». « Alors que Mathieu B. venait de tomber », le policier a continué de rouler.

      Au passage, on découvre qu’« une autre personne, un policier, a été légèrement heurté […], ce qui atteste que les distances de sécurité entre le véhicule en cause et les piétons n’étaient pas respectées ».

      Pour les avocats du plaignant, Vincent Brengarth et William Bourdon, qui se félicitent de ce renvoi devant le tribunal, « cette décision contrarie la logique de harcèlement policier à l’égard des aidants et le sentiment que la frontière devrait être une zone de non-droit ».

      Sollicité par Mediapart, l’avocat du policier, toujours présumé innocent, Me Nicolas Wierzbinski, n’a pas souhaité réagir.

      Jusqu’ici, au pied du col de Montgenèvre, les migrants réussissant la traversée de la frontière trouvaient un lit, un couvert et un médecin à Briançon, au sein du Refuge solidaire, structure militante ouverte il y a trois ans dans un bâtiment mis à disposition par la communauté de communes (à majorité de gauche). Grâce à une entente tacite, les forces de l’ordre n’y patrouillaient pas vraiment, un peu comme devant une « ambassade ». Le nouveau maire LR, Arnaud Murgia, vient de décider de boucler les lieux (lire notre reportage). Ce qui ne manquera pas de tendre, encore un peu plus, la situation.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/280920/hautes-alpes-un-policier-de-la-paf-renvoye-devant-le-tribunal

  • Genève : nuisances sonores et réfugiés

    Puisque vous semblez vous intéresser aux nuisances de l’aéroport, je vais vous raconter une histoire, celle de cette petite parcelle que j’ai entourée en bleu ci-dessus. Cette carte est une capture d’écran du site de cartographie SITG. Elle répertorie le territoire en fonction des degrés de sensibilité au #bruit fixés par l’ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit. On y voit la piste de l’aéroport de Cointrin, en blanc. Le rouge représente le quatrième degré de sensibilité au bruit, le plus extrême, qui s’appelle « DS IV zones acceptant les entreprises fortement gênantes ». Personne n’est autorisé à habiter dans cet espace. Alors, maintenant, que trouve-t-on dans la parcelle orange ? Une zone miraculeusement protégé du bruit par un vortex spatio-temporelle ? Hélas non, c’est une zone où habitent des demandeurs d’asile, jusqu’à peu dans un foyer cantonal, et prochainement dans un centre fédéral de renvoi. Je ne suis pas géographe, mais je crois que c’est ce qu’on pourrait appeler un cas d’école de #discrimination_spatiale. Nous sommes à Genève, ville qui a donné son nom aux conventions sur les droits des réfugiés et qui abrite le siège du Haut-Commissariat aux réfugiés.


    https://www.facebook.com/aldo.brina/posts/2626069817483614?notif_id=1574754882507527&notif_t=notify_me

    #asile #migrations #réfugiés #Grand-Saconnex #Genève #Suisse #aéroport #nuisances_sonores #cartographie #visualisation #aménagement_du_territoire #habitabilité #foyer #Aldo_Brina #injustice_spatiale

  • Contre les théories du « grand remplacement » : rompre avec la rationalité eurocentrique | João Gabriell
    https://joaogabriell.com/2019/03/24/contre-les-theories-du-grand-remplacement-%EF%BB%BF-rompre-avec-la-rat

    Contre les théories du « grand remplacement », plutôt qu’un amoncellement de preuves factuelles contradictoires, il faut rompre avec la rationalité eurocentrique qui les fondent, à la fois en imposant un autre type de débats que ceux qui ont cours, et en renforçant nos luttes politiques contre l’impérialisme occidental. Source : Le blog de João

    • Le « grand remplacement », généalogie d’un complotisme caméléon

      Trouvant ses racines dans la chrétienté médiévale, qui considère juifs et musulmans comme une menace, la théorie d’une « submersion » de la France par un prétendu « envahisseur étranger » convoque et adapte toutes les idéologies présentes et passées – racialistes, antisémites et nationalistes – aptes à servir son propos.

      La pensée du « grand remplacement », propagée principalement par l’écrivain #Renaud_Camus, figure des milieux identitaires, et le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle #Eric_Zemmour, ne repose pas simplement sur un délire démographique. Elle s’appuie sur tout un système de représentations, où s’entremêlent des sources clairement identifiables et un imaginaire plus diffus, constitué au fil des siècles et constamment revisité.

      Le « grand remplacement » ne laisse pas toujours deviner son âge, tant il adopte des formules modernes ou des exemples contemporains. C’est par exemple le cas chez Renaud Camus. Ainsi écrit-il dans Le Grand Remplacement (La Nouvelle Librairie, 2021) : « L’expression de “grand remplacement” désigne, certes, essentiellement, le remplacement d’un peuple, le peuple français indigène, par un ou plusieurs autres ; celui de sa culture par la déculturation multiculturaliste ; celui de sa civilisation si brillante et admirée par la décivilisation pluriethnique (le village global), elle-même en rivalité âpre avec l’intégrisme musulman, la conquête et la conversion islamique. »

      [...] Aujourd’hui, les musulmans sont vus comme les acteurs d’une conspiration mondiale menée « par les princes et par les masses, par les multimilliardaires du pétrole et par les “jeunes” sans emploi », croit savoir Camus. (...)

      Après la seconde guerre mondiale, l’extrême droite est contrainte à un renouvellement idéologique. La fin des colonies et la rapide croissance économique se traduisent par la montée d’une immigration venue du Sud vers l’Europe. Et alors, la peur de la submersion démographique qui était jusque-là davantage du domaine de la fiction, commence à se diffuser.
      L’idée de remplacement de la population est exprimée par René Binet, un ancien SS français, qui écrit dans son livre Théorie du racisme (1950) que« la “Révolution” n’a, jusqu’ici, été que l’accession de races inférieures au pouvoir, en remplacement de races supérieures dégénérées ». Camus ne s’inspire pas de ce livre, mais il s’inscrit néanmoins dans ce courant de pensée. Il rend en effet un hommage appuyé à celui qui travailla le plus à développer ses idées, l’essayiste Dominique Venner. Après son suicide en 2013, Camus le décrit comme un « grand intellectuel ». Pour Stéphane François, professeur de science politique à l’université de Mons, en Belgique, et historien des idées, « Venner joue un rôle central, car il se situe à l’avant-garde intellectuelle, il tente de sortir d’un nationalisme étroit par l’adoption d’un pan-nationalisme européen. Il est notamment l’auteur d’Histoire et tradition des Européens. 30 000 ans d’identité [#éditions_du_Rocher, 2002], dans lequel il affirme qu’existe une continuité culturelle en Europe, de la préhistoire à aujourd’hui… On trouve en outre chez lui l’idée que l’immigration est une invasion, que les nouveaux arrivants venus du Sud ne peuvent pas s’intégrer, à cause de leur violence ».

      (...) L’immigration est une « contre-colonisation ». Un large usage est donc fait d’un auteur anticolonialiste tel le psychiatre martiniquais Frantz Fanon. On le transforme en ce qu’il n’est pas : une espèce d’apôtre du « chacun chez soi » identitaire.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/28/le-grand-remplacement-genealogie-d-un-complotisme-cameleon_6111330_3232.html

      https://justpaste.it/28s9i

      source démocratique et CAC 40, #Alain_Finkielkraut pas cité #extrême_droite #histoire #chrétienté_médiévale #1492 #Joseph_de_Maistre #Ernest_Renan #Maurice_Barrès #Édouard_Drumont #Dominique_Venner #antisémitisme #islamophobie #racisme #complotisme #immigration #différentialisme #Enoch_Powell #Alain_de_Benoist #Nouvelle_droite

  • Statistiques sur les assassinats policiers

    1961-2016

    Homicides, accidents, « malaises », légitime défense : 50 ans de morts par la police
    Ivan du Roy, Ludo Simbille, Basta, 13 mars 2014
    https://seenthis.net/messages/236788

    2000-2014

    Ceci n’est pas une bavure. 2000-2014 : 127 personnes tuées par la police française
    Paris-Luttes Info, le 24 novembre 2016
    https://seenthis.net/messages/510906

    2005-2015

    Urgence-notre-police-assassine en toute impunité
    http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553

    2007-2017

    En 10 ans, 47 décès liés aux violences policières, aucun fonctionnaire en prison
    Maxime Grimbert, Street Press, le 23 mai 2017
    https://seenthis.net/messages/601067

    1977-2018

    En quarante ans, 478 morts à la suite d’interventions policières
    Ivan du Roy, Ludo Simbille, Basta, le 14 juin 2018
    https://seenthis.net/messages/702265

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    A propos des #Etats-Unis (et discussion sur la comparaison avec la France) :

    The Counted (2015-2016)
    The Guardian
    https://seenthis.net/messages/397203

    #statistiques #France #Police #Violence_policière #brutalité_policière #Assassinats_policiers #racisme #racisme_systémique #racisme_d_Etat #recension #justice #impunité