François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Exposition Bastien Vivès à Bruxelles : une inauguration sous (...) - ActuaBD
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    Notre article d’hier était clair : l’exposition Bastien Vivès "Héritages" chez Huberty & Breyne relance la polémique. Et celle-ci n’a pas manqué d’enfler ces derniers jours.

    Elle commence par la pétition lancée par Dounia Largo, chercheuse au Laboratoire d’Anthropologie des Mondes Contemporains à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Voici ce qu’elle déclarait à nos collègues de la chaîne TV-Radio bruxelloise BX1 : « Vivès n’est qu’un cas parmi d’autres. Ce n’est pas Vivès en tant que tel et ce qu’il propose, c’est le fait qu’il est ancré profondément dans un système misogyne et sexiste, qui ne tient pas compte des sensibilités de certaines personnes, des traumas que cela réveille, des dangers que cela représente de faire la promotion d’images comme il le fait, d’images d’inceste, de viol, de pédopornographie. Et que la façon dont lui l’amène n’est jamais une façon déconstruite de se poser des questions par rapport à ces thèmes-là, jamais une façon de proposer une réflexion, c’est juste une exploration de ses propres fantasmes qui sont malsains et condamnés par la loi, mais qui sont provocateurs pour la beauté de la provocation. »

    Comme nous vous l’expliquions jeudi, d’autres voix s’élèvent également, notamment une autre galerie bruxelloise That’s what X said qui communique sur son compte Instagram (extrait) : « Nous condamnons fermement les actes de cet homme et de la galerie Huberty & Breyne qui, sous couvert de satire et de liberté d’expression, défend un artiste qui véhicule des messages pédopornographiques et incestueux. Ses dessins participent à la culture du viol qui font loi dans notre société. Nous sommes déçues, heurtées et indignées par le choix de la galerie Huberty & Breyne de montrer le travail de Bastien Vivès, d’autant plus lorsque l’initiative vient d’un membre de notre famille. »

    Interpelée, la très respectée association Child Focus, fondée par le père d’une des victimes du pédophile Marc Dutroux, a déclaré au quotidien belge La DH que « les dessins de bande dessinée à caractère sexuel sont punissables par la loi belge (5-10 ans de prison avec une amende de 500 à 10.000 €) ». Par la suite, après s’être renseignés auprès de la galerie, ses représentants déclarent sur BX1 avoir été « rassurés par les organisateurs de l’expo et qu’ils ne souhaitent pas entrer dans la polémique tant qu’il n’y a pas de délit ».

    Les instances politiques se sont également inquiétées de la situation : une responsable de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est présentée à la galerie avant l’ouverture de l’exposition. Après une visite minutieuse, elle jugea que le contenu de l’exposition ne présentait pas de problèmes. Dans la foulée, le galeriste Alain Huberty a déclaré à l’Agence Belga maintenir « son choix d’accueillir une exposition de Bastien Vivès en ses murs. « Aucun des dessins présentés à la galerie ne provient d’un des trois albums controversés », se défend-il. »

    L’Agence Belga ajoute dans son communiqué de jeudi 11 avril après-midi : « À Bruxelles, plusieurs collectifs, dont le Réseau Ades, ont appelé à un rassemblement « pacifique, solidaire et joyeux » jeudi à 17h45 devant la galerie située place du Châtelain. « Programmer un bédéaste qui tient des propos valorisant l’inceste et mettant en scène du viol et des scènes de pédocriminalité, c’est un choix, de la part des galeristes (…) qui se placent dans un continuum de la culture du viol. »