RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • École numérique : « On voudrait une société d’esclaves qu’on ne s’y prendrait pas autrement »
    https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/ecole-numerique-on-voudrait-une-societe-desclaves-quon-ne-sy-prendrait-pas

    Dans Le Meilleur des mondes, l’orientation est précoce. Les bébés Deltas, destinés à devenir d’obéissants travailleurs, ont des préférences tranchées avant de savoir marcher : on leur montre des livres, des fleurs, puis une salve de décharges électriques s’emploie à les en dégoûter. Shocking ! Nul besoin d’une telle violence dans le monde meilleur 2.0 : il suffit de les en tenir éloignés. Tout en leur mettant entre les mains, à la place, de chatoyants écrans leur répondant au doigt et à l’œil, et en ouvrant grand les fenêtres des institutions éducatives aux vents dominants de l’air du temps.

    On se flattera de « bienveillance » mais le dressage et le tri sont pourtant les mêmes. Car, sous le vernis ludique et accessible dont se pare le projet d’« École numérique », partie prenante d’une numérisation plus générale de toute la société, c’est bien l’enfermement dans l’immédiateté, l’inféodation générale à des technologies générant des profits privés et l’incapacitation irrémédiable des esprits que l’on instaure. Comment croire, tout bien considéré, qu’« utiliser le smartphone [en classe] peut être vertueux » ?

    […]

    D’abord, une évidence : faire du smartphone personnel un outil du cours ou de l’examen pour tous, c’est supposer que chaque élève en possède un… ou contribuer à contraindre les derniers réfractaires. C’est promouvoir une société où la prolongation de chaque individu par un objet technique marchand à la connectivité permanente ne relève plus vraiment du choix. Le droit à la déconnexion mais aussi celui à la non-standardisation en prennent un coup. Mais c’est en outre cautionner que l’école prenne le relais du temps libre et de la famille sans la surexposition des enfants aux écrans dès leur plus jeune âge – celle-là même que l’on déplore alors que chaque innovation l’encourage. Signe des temps et de la « dissonance cognitive » généralisée : le même journal, Le Parisien, est capable de titrer une interview « Écran en classe : "Utiliser le smartphone peut être vertueux" » le 9 mars 2023, quand il titrait « Surexposition des enfants aux écrans : l’Assemblée adopte des mesures de prévention » la veille, le 8 mars, en rapportant que les enfants de moins de deux ans passent déjà en moyenne plus de trois heures par jour devant un écran !

    #écran #numérique #smartphone #éducation #école #enfants

    • Depuis 2022, je suis également conférencière sous statut d’auto-entrepreneur et disponible pour diverses prestations.

      J’ai écrit un Tract Gallimard encensé par Eugénie Bastié et Marianne, dont j’essaye de suivre le parcours de la directrice de la rédaction qui a comme moi en son temps travaillé quelques années dans le secondaire avant d’écrire un livre pour dire que l’école est nulle et les élèves décérébrés. Le titre de mon entretien avec son magazine est « L’école, ce n’est pas McDonald’s », car je ne crains pas de dire des vérités qui dérangent. Dans cet article, je cite Aldous Huxley car George Orwell était déjà pris et que j’ai une grande culture.

      Sérieusement, les profs qui n’aiment pas leur métier et qui écrivent des livres ou des articles qui ne servent qu’à justifier plus noblement auprès d’eux-mêmes leur aversion initiale, c’est la plaie.

      On n’a pas de photocopieuse qui marche, on n’a pas d’ordinateur de boulot, c’est tellement galère de trouver un vidéoprojecteur dans une école que j’ai fini par m’en acheter un que j’arrive pas à utiliser une fois sur deux parce qu’il n’y a pas de rideaux occultants… De quoi elle parle avec ses élèves pilotés par la machine ???