• « On peut tout faire avec la terre » : face au #plastique, six potières brandissent la #céramique

    Gobelets, cocottes en grès, pots à lactofermentation... Au sein du collectif #Faire_Argile, six potières luttent contre le plastique en fabriquant des objets en #terre.

    Depuis la gare du RER C à Brétigny-sur-Orge, il ne faut que 10 minutes de voiture pour arriver à l’atelier. Mariane est au volant, Aline sur le siège passager avant. « Vous voyez cette zone ici, montre la conductrice en passant devant plusieurs immeubles récents, ils ont construit un écoquartier. Avant, il y avait des arbustes, des arbres, c’était une friche, avec de la biodiversité. » Le béton et l’artificialisation ne sont pas vraiment la tasse de thé de Mariane.

    Un peu plus loin, elle gare sa voiture devant un portail sur lequel est accrochée la pancarte « La poterie de l’Orge », du nom de la rivière qui coule un peu plus bas. Nous sommes arrivées. Une longue allée mène à la maison et à l’atelier. « Tout le sol du jardin était cimenté quand nous nous sommes installés ici, raconte Mariane qui habite les lieux depuis quelques années. On essaie d’enlever les couches petit à petit. C’est un gros boulot ! » Objectif : redonner toute sa place à la terre.

    C’est aussi le projet de Faire argile, un collectif créé en 2020 qui considère l’argile comme « une MAD, une matière à défendre ». Il compte actuellement six potières, dont Mariane, l’énergique Brétignolaise, et la discrète Aline qui vit à Arras. Mais aussi Graziella, habitante du Val-de-Marne, et Carole, du Jura — « dans la région des lacs et des cascades », se plaît-elle à préciser. Ces deux dernières nous attendent à l’intérieur de la maison. Elles se retrouvent régulièrement pour travailler la terre ensemble, ici chez Mariane ou ailleurs.

    « On peut tout faire avec la terre ! »

    Sur la table basse, le thé est servi dans une théière en céramique et le gâteau a été cuit dans un moule… en céramique. Pareil pour les tasses et les petites assiettes. « Tout est en terre ici. On peut tout faire avec la terre ! » dit Mariane, rappelant à nos souvenirs les poignées de porte et interrupteurs, douilles ou fusibles électriques en porcelaine de chez nos grands-parents. Cette matière était alors prisée pour ses qualités isolantes. Même les canalisations étaient en céramique, tout comme certains systèmes de drainage ou d’irrigation.

    Le collectif Faire argile est né pendant le confinement. Alors privés de lieux d’exposition, potiers et potières ont eu le temps de cogiter sur leur métier, le sens de leur travail. En juillet 2020, ils et elles ont été une trentaine à se retrouver dans un grand atelier à Cluny en Bourgogne. Durant un mois, débats et réflexions ont été bon train entre tournages, modelages et coulages.

    Dans ce laboratoire, ils se sont mis à refabriquer des abreuvoirs à poule, des casseroles, des pots. Des savoir-faire se sont transmis. « À ce moment, je me suis aperçue que je n’étais pas la seule à me poser des questions sur comment on vend nos objets, explique Aline. À qui on s’adresse ? Qu’est-ce qu’on fait ? Avec quels matériaux ? On avait toutes une réelle réflexion sur notre production d’expression personnelle. »

    L’expression personnelle. Derrière cette formule, se cache l’évolution du métier de potier au cours du dernier siècle. « La poterie a accompagné l’histoire des humains depuis la nuit des temps, s’enflamme Mariane. Même avant le feu, on s’est servi de l’argile, on s’est exprimé avec l’argile. Mais l’argile nous a aussi permis de fabriquer des choses qui nous sont utiles. »

    Elle toque sur la paroi d’une des deux grandes jarres à huile anciennes qui trônent dans son salon et proviennent de Vallauris, ville provençale célèbre depuis le XVIᵉ siècle pour ses poteries : « Ça, c’est comme un Tupperware, c’est juste utilitaire ! » Pendant longtemps, la terre a eu une très grande place dans la vie quotidienne.

    Puis, petit à petit, les pots, les assiettes, les éviers en céramique fabriqués un peu partout en France ont laissé la place à des pots, des assiettes, des éviers, toujours en céramique, mais bien moins chers car produits en Chine. Jusqu’à l’avènement du plastique dans les années 1950. Face à l’effondrement de la demande, chaque céramiste a alors dû affirmer son propre style, son « expression personnelle », pour se différencier.
    Produire « des choses utilitaires, de bon sens »

    Dès lors, la frontière entre artisanat et art s’est estompée. « On est aujourd’hui plus sur des objets qui relèvent de la déco ou qui font rêver que sur des choses utilitaires, de bon sens », constate Mariane. Les quatre femmes avec lesquelles nous discutons en cette mi-avril ont toujours été potières. Les plus jeunes constatent que, dans leur formation, l’aspect artistique a pris le pas sur la fabrication d’objets usuels. « Or si j’ai fait ce métier, c’est parce qu’on peut vraiment tout faire avec la terre, dit Aline. C’est ce qui m’a passionnée et fascinée dès le départ et qui m’a toujours habitée. C’est pour ça que je suis dans Faire argile. Au fond de moi, je ne me retrouve pas complètement dans le côté artistique. »

    Les fondatrices du collectif soulignent que le métier de la poterie a toujours été très collectif de par la dureté du travail qu’il impliquait. « Pour cuire, il fallait mettre du bois entre 24 heures et une semaine, toutes les 6 à 8 minutes dans le four. On ne pouvait donc pas être tout seul. » Les cuissons collectives existent encore, même si aujourd’hui la plupart des professionnels utilisent leur propre four électrique. Mais l’esprit d’entraide et d’échange est très ancré et perdure, assurent les quatre potières.
    « Le plastique, c’est toujours une mauvaise idée »

    Retrouver la fabrication d’objets usuels qui aient du sens, travailler ensemble et en local, faire des objets de lutte contre le plastique car « le plastique, c’est toujours une mauvaise idée » : tels sont les trois ingrédients desquels a jailli Faire argile. Le pot à lactofermentation — qui permet de faire fermenter des légumes, sur le principe de la choucroute — a été l’un des premiers objets sur lesquels le collectif a travaillé. « Avec ce pot, nous voulions parler du bien manger, de la santé, de comment conserver ses légumes sans consommer d’énergie ».

    À quelques pas de la maison, Mariane et Graziella nous ouvrent les portes de l’atelier qu’elles partagent. Inondé par le soleil de fin d’après-midi, l’endroit baigne dans une atmosphère qui appelle au calme et à la concentration. La fine pellicule de poussière blanche qui recouvre tout donne un aspect laiteux au lieu. Les « pots à lacto » prennent le temps de sécher alignés sur une table, tête en bas. Sur le haut d’une étagère, leurs couvercles attendent sagement.

    Mariane se lance dans le tournage de deux nouveaux pots. La terre se modèle sous ses doigts sans efforts apparents et l’objet grandit peu à peu jusqu’à atteindre la bonne taille. Carole s’attelle à ajouter des anses aux cocottes, dans leur dernière phase de modelage. Elles iront rejoindre une prochaine cuisson dans le four électrique.

    Faire Argile a réfléchi à tout. Les potières ont opté pour des matières les plus locales possibles. « Souvent, les céramistes ne savent pas d’où vient la terre qu’ils tournent », ont-elles remarqué. Elles travaillent essentiellement avec de la terre extraite par les moines de Taizé en Côte-d’Or. Leur principe de base : que leurs objets puissent être facilement dupliqués par n’importe quel potier. Elles ont ainsi conçu un protocole de fabrication simple en réduisant au maximum les gestes. Il devient alors possible de répondre à de grosses commandes en fabriquant en série, à plusieurs, dans des ateliers situés dans des lieux différents.

    Pour émailler ces objets, c’est-à-dire les rendre imperméables (car l’argile est poreuse), elles utilisent la technique de l’engobe, en délayant argile et cendres issues de leur propre four ou poêle à bois. En fonction des essences de bois brûlé, les teintes sont différentes. Mais le design reste sobre pour que « l’esthétique de ces objets parle au plus grand nombre », explique Carole.

    Afin de réduire le temps et le coût de la cuisson, très énergivore, les potières ont décidé de ne procéder qu’à une seule et unique cuisson qui monte à 1 200 °C, au lieu des deux traditionnelles. « Ce qui permet aussi de réduire le prix de nos produits et de les rendre plus accessibles. C’était très important pour nous », dit Aline.
    Concurrencer les écocups

    Pour optimiser chaque cuisson, il fallait combler les trous entre les pots par de petits objets. Est alors née l’idée de fabriquer des gobelets, histoire de concurrencer les « écocups » en plastique, qui énervent particulièrement le petit groupe et que nombre de festivals et évènements ont adopté ces dernières années.

    Pour rivaliser, elles ont conçu différentes tailles : 10 centilitres pour le gobelet à café, 25 cl pour l’eau, 33 cl pour la bière. Aline est la spécialiste des gobelets : elle pratique le coulage de l’argile liquide dans des moules en plâtre. Après 15 minutes d’attente, elle retire les gobelets de leur carcan de plâtre, et les laisse sécher. Une fois cuits, ils pourront s’emboîter les uns dans les autres, comme les écocups.

    « Mais ça casse ! », pourraient s’inquiéter les néophytes. « Nous en avons toutes que nous trimballons partout et, jusque-là, nous n’avons jamais eu de casse, rétorquent les fabricantes en chœur. Mais oui, ça peut quand même casser, et c’est un peu plus lourd. »
    Terre à feu à Dieulefit

    Le collectif s’est parfois heurté à la perte des savoir-faire. Lors d’une résidence à Dieulefit, village de potiers dans la Drôme, est née l’idée de fabriquer une cocotte capable d’aller sur le feu, comme cela se faisait traditionnellement là-bas. S’est alors posée la question de trouver de la « terre à feu », pour supporter le contact direct de la flamme.

    « Nous avons dû procéder à des recherches. À Dieulefit, plus aucun potier n’a encore cette connaissance et personne ne sait plus où cette terre à feu pourrait se trouver. » Elles ont fini par comprendre ce qu’il y avait dans cette terre. À défaut de pouvoir la reproduire elles-mêmes, elles se fournissent chez un distributeur qui ajoute un minéral, la cordiérite, afin d’amortir le choc thermique.

    Leurs cocottes en grès, dont elles sont « très fières », peuvent ainsi aller sur le gaz et la vitrocéramique, mais pas sur l’induction. Ce serait possible, mais ça demanderait de rajouter une cuisson et une partie en métal. « On ne voit pas trop l’intérêt si l’objectif c’est de réduire notre empreinte carbone. » D’autant que cette cocotte possède une très bonne capacité pour retenir la chaleur, assurent ses créatrices, ce qui permet de l’utiliser « en cuisson douce ou cuisson en cocotte norvégienne ».

    Même pour la livraison de ses produits qu’on peut commander en ligne, le collectif a réfléchi à un système baptisé « le blablapot », réduisant au maximum les émissions de carbone : les objets ne sont livrés que dans le cadre d’un trajet existant. Elles ont ainsi développé un réseau qui s’étoffe peu à peu en fonction des trajets réguliers, des rencontres et des liens entre clients, potières et amis d’amis. « Parfois, il faut attendre plusieurs semaines pour recevoir sa commande, mais on finit toujours par trouver un ou une convoyeuse. Et nos clients sont prêts à attendre trois mois s’il le faut. » Une autre façon de relier la terre et l’humain.

    https://reporterre.net/On-peut-tout-faire-avec-la-terre-face-au-plastique-six-potieres-brandiss
    #poterie #alternative

  • La série « Secrets de roches » sur Arte. Passionnante.
    https://www.arte.tv/fr/videos/RC-023437/secrets-de-roches

    Nées de la fureur des volcans ou fabriquées par le vivant et considérées comme indestructibles, les roches sont le socle sur lequel la vie se construit. Elles dessinent les #paysages, façonnent les #civilisations et leurs nombreuses propriétés fascinent les #scientifiques autant que les artistes. Dans cette série sur le #monde_minéral, l’#argile, le #granite ou encore le #basalte dévoilent leurs mystères.

    L’argile

    Tendre et fragile à l’état sec, l’argile devient malléable en présence d’eau, et peut se figer de façon irréversible sous l’action du feu. En Inde, des potiers, des fabricants de briques et des biologistes – qui sondent quotidiennement les eaux du Gange – lèvent le voile sur certaines de ses particularités.

    À Poitiers, des chercheurs plongent au cœur de la matière, tandis que dans le désert namibien leurs confrères se concentrent sur les poussières d’argile. En transportant des nutriments, ces dernières contribuent à fertiliser les forêts et à nourrir certaines espèces animales, comme les termites. Enfin, aux États-Unis, des scientifiques mettent en évidence le rôle déterminant des argiles pour la survie des écosystèmes de la planète.

    Le granite

    Quasiment indestructible, le granite est considéré comme le socle du monde terrestre, l’épine dorsale sur laquelle les espèces évoluent. Aux États-Unis, des chercheurs tentent justement de comprendre comment une roche si dure peut influencer la vie végétale. De leur côté, certains animaux profitent également de ses propriétés, à l’instar des agamas rocheux du Namib, une espèce endémique de lézard.

    Dans l’Hexagone, le granite, à la source de nombreuses croyances, a changé le cours de l’histoire bretonne. La roche plutonique façonne aussi la saveur des vins alsaciens et fait rêver les grimpeurs lancés à l’assaut des aiguilles de Bavella, en Corse.


    Le #grés

    Il est une roche qui cristallise entre toutes la beauté du monde : riche des grains de #sable qui le composent, le grès, à la fois poreux et résistant, cultive des rapports presque organiques avec les animaux et les hommes. Le voyage débute sur une plage anglaise avant de se poursuivre dans les somptueux décors de l’Ouest américain, en compagnie notamment d’un biologiste marin.

    En France et en Inde, les derniers bâtisseurs extraient et taillent la pierre selon des méthodes ancestrales. En Namibie, des experts démontrent l’impact des paysages de grès sur la faune sauvage.

    Le basalte

    Provenant des entrailles de la Terre, le #basalte, jeune roche à l’échelle des temps géologiques, naît de la fureur des volcans. Il a produit des paysages emblématiques et des légendes, à l’image de la chaussée des Géants, en Irlande, qui inspire artistes, peintres et poètes.

    Cet épisode nous emmène également en France, où une équipe de chercheurs a récemment découvert que la lave basaltique pourrait être à l’origine de la vie sur Terre. En Auvergne comme sur le territoire des Indiens de la tribu des Modocs, aux États-Unis, les premiers hommes ont tissé des liens fusionnels avec ce minéral. Enfin, un spécialiste en géochimie islandais, qui travaille sur la minéralisation du CO2 atmosphérique, et un chasseur de pierres précieuses indien révèlent les trésors enfouis dans la roche noire.

    Le calcaire

    Recouvrant plus de la moitié de la surface de la Terre, le #calcaire, reconnaissable à sa blancheur prisée des grands bâtisseurs, est presque exclusivement fabriqué par le vivant. L’#étude du plancton au large des falaises d’Étretat ou de l’écosystème de la région de Douvres, en Angleterre, permet de mesurer son influence sur le monde végétal.

    Dans les sous-sols de Paris, on découvre le rôle qu’il a joué dans l’histoire de la capitale. Cet épisode s’intéresse par ailleurs aux méthodes d’extraction pratiquées dans les carrières égyptiennes d’Al-Minya ou à la relation qu’entretenaient nos lointains ancêtres avec le calcaire en Namibie. Au large de la Floride, la disparition progressive du récif corallien inquiète, quant à elle, les scientifiques.

    #géologie #science #histoire #biologie #lichen

  • La Suisse veut enfouir ses #déchets_atomiques pour des millénaires

    La Suisse produit de l’#énergie_nucléaire, et donc des #déchets_radioactifs ultratoxiques qu’il faut entreposer en sécurité pour des millénaires. Après 50 ans de recherches actives, le lieu où l’on enfouira ces déchets dangereux vient d’être déterminé. De nombreuses questions restent cependant ouvertes sur ce dépôt qui coûtera 20 milliards de francs.

    Dans la commune rurale de #Stadel, dans l’Unterland zurichois, non loin de la frontière allemande, la vie était plutôt paisible au cours des siècles derniers. Le paysage, modelé par les glaciers et bordé de collines boisées, possède un caractère agricole. Là où l’on ne cultive pas, on exploite essentiellement de riches gisements de gravier, eux aussi hérités des ères glaciaires passées.

    Aujourd’hui, Stadel se retrouve cependant au cœur d’un énorme #projet. C’est là, en effet, qu’on prévoit de construire l’accès à un gigantesque #dépôt_souterrain pour les déchets radioactifs. Voilà près de 50 ans que la #Société_coopérative_nationale_pour_l’entreposage_des_déchets_radioactifs (#Nagra : https://nagra.ch/fr/23383) recherchait un site d’#enfouissement définitif. En septembre 2022, elle a porté son choix sur Stadel et son sous-sol rocheux très stable. L’#argile à Opalinus qu’on y trouve offre la plus grande sécurité possible pour le confinement de matières radioactives, affirment les experts de la Nagra. Leur CEO, Matthias Braun, note qu’entre tous les sites examinés, Stadel est celui qui présente « les plus grandes marges de sécurité ». Ce qu’il entend par là, c’est que la #géologie parle en faveur de ce site, et non le fait que l’opposition politique y soit faible.

    Des dimensions temporelles inconcevables

    Il est prévu de creuser, à proximité de Stadel, des puits d’une profondeur allant jusqu’à 900 mètres. Ces puits formeront l’accès aux cavernes qui seront aménagées dans l’#argile_à_Opalinus pour abriter les déchets radioactifs. Pour ce projet, la Nagra s’appuie sur des dimensions temporelles inconcevables : d’après l’état actuel des connaissances, les déchets faiblement et moyennement radioactifs doivent être confinés en sécurité pendant 30 000 ans, et la Nagra prévoit environ 200 000 ans pour les déchets hautement radioactifs. Les « marges de sécurité » doivent donc permettre d’exclure, pour près d’un million d’années, que la matière radioactive remonte à la surface d’une manière ou d’une autre.

    « Fermeture du couvercle » dans environ 100 ans

    La recherche d’un site de dépôt définitif pour les déchets radioactifs produits en Suisse s’est avérée extrêmement ardue. Par endroits, des paysans furieux ont chassé les équipes de sondage de la Nagra avec leurs fourches, comme à Ollon (VD). Ailleurs, des communes et des cantons potentiellement visés ont voté contre le projet. En revanche, Stadel et le canton de Zurich n’ont guère de moyens de s’opposer au choix du site. Face aux vives résistances, les possibilités d’intervention des communes et des cantons en matière de dépôt définitif ont en effet été fortement limitées par la loi. Néanmoins, même à l’issue de cette longue recherche, nombre de points restent flous. Pour pouvoir construire son dépôt, la Nagra doit tout d’abord présenter une demande auprès de la Confédération. Cela pourrait se faire en 2024. Le choix définitif du site ne sera fait qu’une fois que les autorités fédérales auront conclu qu’un enfouissement sûr des déchets nucléaires est réellement possible à Stadel. Il est peu probable que cela arrive avant 2029. Ensuite, le peuple suisse pourrait aussi avoir à se prononcer. Ainsi, la construction du dépôt pourrait débuter, dans le meilleur des cas, en 2045. Ce n’est qu’en 2050 que les premiers conteneurs d’acier remplis de déchets radioactifs pourront donc y prendre place. Le « couvercle serait posé » en 2115, date du scellage du site.

    #Sémiotique_de_l’atome : parler à nos lointains descendants

    Jusque-là, la Nagra doit encore trouver une réponse à cette question : comment avertir les futures sociétés des dangers que recèlera le sous-sol de Stadel ? Il se peut fort bien, en effet, qu’un panneau d’avertissement conçu de nos jours ne soit plus compréhensible dans 10 000 ou 100 000 ans. Les mégalithes impressionnants érigés à Stonehenge, en Angleterre, illustrent cette difficulté : bien qu’ils n’aient que près de 4000 ans, leur raison d’être n’est plus déchiffrable. Les chercheurs travaillent par conséquent sur une « sémiotique de l’atome », une forme d’expression pour un futur lointain, sachant que dans 200 000 ans, les sociétés humaines telles qu’on les connaît aujourd’hui auront peut-être disparu, et que diverses périodes glaciaires pourraient avoir conduit les glaciers à remodeler à nouveau de fond en comble le paysage autour de Stadel.

    Une sortie du nucléaire décidée en 2011

    Comparées à toutes les protestations auxquelles fait face la Nagra, les réactions à son choix de site sont relativement tempérées. Même les fervents opposants à l’utilisation de l’énergie atomique – notamment les Verts et l’organisation Greenpeace – concèdent que la Suisse ne peut échapper à ses responsabilités et doit entreposer ses déchets radioactifs de la manière la plus sûre possible. L’une des raisons de cette attitude est le fait que le pays a d’ores et déjà arrêté sa sortie progressive du nucléaire. Peu après la catastrophe de Fukushima (2011), le Conseil fédéral a décidé d’interdire la construction de toute nouvelle centrale. Le démantèlement de celle de Mühleberg, mise en service en 1972, a d’ailleurs déjà commencé. Et les quatre réacteurs restants, ceux de Beznau I (1969), Beznau II (1972), Gösgen (1979) et Leibstadt (1984), fonctionnent encore, mais s’approchent toujours plus de la fin de leur durée d’exploitation. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui voient le dépôt de Stadler comme le point final à l’utilisation de l’énergie atomique en Suisse.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=I7VI4f59hgk&embeds_euri=https%3A%2F%2Fwww.swisscomm

    Et pourquoi pas tout de même de nouvelles centrales ?

    Toutefois, des politiciens issus des rangs du PLR et de l’UDC insistent pour un assouplissement de l’interdiction de construire de nouvelles centrales. Le site d’enfouissement définitif pèse sur ce nouveau débat : face aux coûts colossaux du projet – estimé à 20 milliards de francs – on se demande si l’électricité nucléaire, tout compte fait, est réellement bon marché. Les centrales nucléaires doivent en effet alimenter elles-mêmes le « #fonds_de_désaffection » qui financera la construction du site – et répercuter bon gré mal gré cette dépense sur le prix de l’électricité. L’argument selon lequel de nouvelles centrales pourraient réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie belligérante relève plutôt de la pensée à court terme, car les centrales nucléaires suisses actuelles fonctionnent en grande partie grâce à l’uranium importé de Russie.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/la-suisse-veut-enfouir-ses-dechets-atomiques-pour-des-millenaires

    Comment trouver un site pour un dépôt nucléaire ? (par la Nagra)
    https://www.youtube.com/watch?v=I7VI4f59hgk&t=3s

    #nucléaire #déchets_nucléaires #Suisse #enfouissement #radioactivité

  • Que faire des 43 millions de tonnes de #déblais de terre du Grand Paris ?
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/10/21/que-faire-des-43-millions-de-tonnes-de-deblais-de-terre-du-grand-paris_50180

    Que faire des montagnes de déchets de terre qui ne cessent de croître et s’étendent à perte de vue, tels des paysages lunaires, sur le territoire de certaines communes ?

    ..

    Pourquoi en effet ces monceaux de rebuts ne seraient-ils pas recyclés et transformés en matériaux de construction ? « Après tout, la construction en terre est une tradition ancestrale, rappelle l’architecte Paul-Emmanuel Loiret. Si les pays développés ont, après la seconde guerre mondiale, abandonné la terre au profit de matériaux industriels (ciment, acier, aluminium…) pour construire, à grande échelle, plus vite, plus haut et “plus moderne”, un tiers de l’humanité vit aujourd’hui dans des édifices en terre. »
    « La France elle-même regorge de patrimoines architecturaux bâtis en terre il y a des siècles et toujours habités, comme les maisons et fermes en pisé de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les longères d’Ille-et-Vilaine autour de Rennes ou encore les maisons en torchis et à colombages de Normandie et de l’est de la France », rappelle-t-il.

    Les 4 500 sondages géotechniques réalisés par la Société du Grand Paris avant le lancement du chantier du Grand Paris Express ont révélé une grande richesse du sous-sol francilien. « Celui-ci contient une grande quantité d’#argiles et de #limons, aujourd’hui très peu valorisés, mais qui peuvent servir à constituer des matériaux de construction en terre crue, avec du sable, des graviers, des cailloux », explique Serge Joly, commissaire avec son homologue Paul-Emmanuel Loiret de l’exposition « Terres de Paris. De la matière au matériau », qui se tient jusqu’au 8 janvier au Pavillon de l’Arsenal, à Paris. Une exposition qui révèle le potentiel jusqu’alors inexploré de toutes ces terres excavées en Ile-de France et qui présente les différentes techniques de valorisation possibles.

    #construction #terre (à ne pas confondre l’autre :))

  • Le ciment d’argile, futur remplaçant du ciment Portland ?
    http://www.batiactu.com/edito/ciment-argile-futur-remplacant-ciment-portland-44977.php

    Il est possible d’utiliser des sables non marins ou non alluvionnaires, non lavés, issus de déconstruction et même des bétons broyés, ce que les cimentiers classiques ne peuvent pas encore faire. On peut également utiliser des matières recyclées comme le verre ou des agrégats végétaux comme le chanvre

    une réaction moléculaire alcaline - et non cristalline - se fait, sans ajout de chaleur ou d’énergie (...)Son empreinte écologique est faible : là où une tonne de ciment émet une tonne de CO2, une tonne de liant HP2A n’en émet que 50 kg.

    #construction #ciment #béton

  • How to Build a Plant Xylem Water Filter | MIT Technology Review
    http://www.technologyreview.com/view/520706/how-to-build-a-plant-xylem-water-filter

    Cheap, simple water filters made of plant xylem could dramatically reduce the incidence of water-borne diseases in places without access to clean drinking water, say engineers.

    #eau #DIY #filtration