organization:commune

  • UN ÉTUDIANT A ÉTÉ GRIÈVEMENT BLESSÉ LORS DE L’ÉVACUATION TRÈS VIOLENTE DE TOLBIAC PAR LA POLICE

    L’évacuation de la faculté de Tolbiac, vendredi matin, s’est déroulée dans une extrême violence de la part de la police. Un étudiant, déséquilibré par un policier, est tombé de plusieurs mètres de hauteur. Il est grièvement blessé.

    Paris, établissement universitaire de Tolbiac, reportage

    De nouvelles têtes ont investi Tolbiac. En lieu et place des habituels occupants, des CRS paradent à l’intérieur de l’enceinte, arrachant fresques, banderoles et autres traces tangibles de l’occupation qui s’y tenait depuis le 26 mars. À l’entrée du site de Paris-1, on ne trouve plus la chaleureuse porte de carton qui accueillait visiteurs de passage, militants et occupants, mais une dizaine de camions de police qui barrent complètement le trottoir.

    De l’autre côté de la rue, encore abasourdis par leur évacuation violente au petit matin, une vingtaine d’occupants font cercle, assis à même le sol, entourés par quelques dizaines de sympathisants, curieux et habitants du quartier. Certains terminent leur nuit, brutalement interrompue, dans des sacs de couchage. D’autres profitent de la solidarité des riverains, qui les ravitaillent en boissons et nourriture.

    Parmi les occupants, se trouve Lucas*, déjà rencontré quelques jours plus tôt. Les yeux mangés par le manque de sommeil, cet occupant de la première heure donne une autre version des faits que celle de la préfecture : « À cinq heures du matin, les guetteurs nous ont averti de l’arrivée de la police. Il y avait 300 CRS. Ceux à l’extérieur portaient des fusils d’assaut. Ceux à l’intérieur, des tronçonneuses, des matraques et des gazeuses. Ils ont tout défoncé, et maintenant, ils nous font porter le chapeau pour les violences qu’ils ont commises. »

    Adam*, qui participait à une ronde dans les couloirs ce soir-là, confirme les dégradations matérielles : « Quand on a entendu la police débarquer, on n’a pas eu le temps de faire grand-chose. On a cherché à fuir avec cinq autres gars, mais on s’est retrouvé coincés dans le sas des ascenseurs, derrière une porte blindée. L’un de nous connaissait le code des ascenseurs, alors on a essayé de monter le plus haut possible, vu que l’électricité était coupée. On s’est réfugié au quatrième étage, et on a attendu les flics. On les a très clairement entendus tout détruire, y compris les portes, lorsqu’ils montaient nous chercher. »

    Mais la violence ne s’arrête pas qu’aux objets. Lucas* évoque « trois-quatre blessés, dont un grave », chez les occupants, ainsi qu’autant d’interpellations pour « outrage et rébellion ». Des chiffres qui ne donnent pas la mesure du degré de violence atteint dans la nuit.

    Marion*, assise aux côtés de Lucas* et qui « formait aux premiers secours », raconte le traitement d’un des blessés qu’elle soignait par les forces de l’ordre : « Une personne blessée à la cheville avait fait un malaise. Je l’avais aussitôt placée en PLS [Position Latérale de Sécurité] et avec plusieurs camarades, on la protégeait de nos corps. Lorsque les flics sont arrivés avec leurs boucliers, je leur ai crié : “N’avancez pas ! On a un blessé !” Ils ont continué à avancer. Ils m’ont bousculé, m’ont fait tomber sur le blessé, l’ont piétiné. Je leur demandais d’arrêter, ils continuaient. Certains souriaient, j’en ai même vu filmer la scène. C’était le summum de la barbarie. »

    Sagaro*, occupant depuis dix jours, a lui aussi assisté à la scène, à laquelle il rajoute un détail crucial : le blessé était Noir. Pour Sagaro*, lui-même d’origine berbère, la police ciblait principalement les personnes racisées. Il mime les gestes des CRS : « Quand t’es français, ils te disent : “Avancez, avancez”, et te laissent tranquilles. Quand t’es pas français, ils profitent que tu passes devant eux pour te mettre un poing dans le ventre. Ça fait putain de mal… »

    Sagaro* a néanmoins réussi à fuir par l’arrière, en compagnie de quelques autres occupants. L’un d’eux n’a pas eu sa chance.

    Désiré*, présent depuis neuf jours, rapporte les détails de l’accident : « On s’échappait par les toits, à l’arrière du bâtiment, pour descendre dans une petite rue à côté. Les gars de la BAC [Brigade anti-criminalité] étaient à nos trousses. Un camarade a voulu enjamber le parapet pour se laisser glisser le long du mur. Un baqueux lui a chopé la cheville. Ç’a l’a déséquilibré, et le camarade est tombé du haut du toit, en plein sur le nez. On a voulu le réanimer. Il ne bougeait pas. Du sang sortait de ses oreilles… »

    Désiré* et ses camarades ont aussitôt appelé les pompiers, « en courant ». Emmené par les pompiers, dans un état d’inconscience, on ne sait pas dans quel hôpital il se trouve. Quoi qu’il en soit, la rue où a eu lieu sa chute demeure barrée par la police. Désiré*, qui est allé y jeter un coup d’œil, revient, fulminant de rage : « Les enfoirés ! Ils ont effacé toutes les traces de sang ! »

    * Les prénoms ont été modifiés

    • 10h00 « L’opération a été menée avec beaucoup de finesse », explique Florian Michel, directeur du centre Tolbiac, rapporte le journaliste Romain Lescurieux.

    • Vers 13h30 - La Préfecture de police affirme « qu’il n’y a eu aucun blessé lors de l’opération d’évacuation de ce matin »

    • 16h40 - Selon les témoignages recueillis par Reporterre, la police a effacé les traces de sang. Or, rappelle l’avocat Me Raphaël Kempf, citant l’article 434-4 du Code pénal : « Est puni de trois ans d’emprisonnement (...) le fait, en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité : De modifier l’état des lieux d’un crime ou d’un délit soit par l’altération, la falsification ou l’effacement des traces ou indices ».

    • 17h00 - Selon un.e membre de la Commune libre de Tolbiac et ami.e de l’étudiant blessé, contacté.e par Reporterre, son camarade a été transporté à l’hôpital Cochin, à Paris. Le personnel hospitalier lui a confirmé l’arrivée d’un étudiant de Tolbiac, inconscient. L’étudiant, inscrit à Tolbiac, est âgé d’une vingtaine d’années. Il est membre de la Commune libre.

    • 17h50 - Le syndicat Sud Santé Sociaux, en recherche d’informations auprès des établissements hospitaliers, indique à Reporterre n’avoir récolté aucune confirmation concernant l’admission d’un étudiant gravement blessé, à Cochin ou ailleurs, et évoque « un flou total ».

    https://reporterre.net/Un-etudiant-a-ete-grievement-blesse-lors-de-l-evacuation-tres-violente-d

  • Projet inutile : Gypaète contre Goliath - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/Projet-inutile-Gypaete-contre

    Hélène fait un premier topo  : « Actuellement, 200 grumiers prennent cette route à l’année. Avec la carrière, le trafic passera à 1 700. Ce qui fera un camion toutes les demi-heures. » Avec Hélène, Paul et Owen font partie de l’association Commune libre du Caunil. Si l’asso de départ fut pensée dans l’optique de resserrer les liens de la petite communauté du Caunil (28 habitants à l’année), aussitôt connu le projet de carrière, elle s’est transformée en outil de lutte. Dans le viseur du collectif, la société Imerys dont le blason s’orne de la devise  : « Transform to perform ». Leader mondial des spécialités minérales, le groupe est présent dans une cinquantaine de pays avec un chiffre d’affaires fleurant les 4 milliards d’euros. Vrai renard du greenwashing, Imérys créait en 2013 un petit émoi dans le monde industriel français en ouvrant une usine en Géorgie (états-Unis) dédiée à la production de proppants, petites billes en céramique facilitant l’extraction des gaz de schiste. Dans le département de l’Aude, Imerys exploite déjà une carrière de dolomie cristalline à Sainte-Colombe-sur-Guette. A 12 kilomètres de là, sur la commune de Saint-Martin-Lys, son usine de broyage et d’ensachage transforme le minerai destiné aux secteurs de la chimie, du bâtiment et de la céramique. De l’extraction à la transformation, le business occuperait une vingtaine d’emplois. Anticipant un épuisement du filon à Sainte-Colombe-sur-Guette, les prospecteurs de la multinationale ont découvert un gisement exceptionnel à trois kilomètres du hameau du Caunil. « Une dolomie cristalline très pure qui se caractérise par son homogénéité chimique et un indice de blancheur exceptionnel », s’extasie le rapport d’enquête publique. Cerise sur le gâteau, Imerys assure ainsi pouvoir sauver ses 24 employés. Quand on sait que l’Aude caracole dans le top 3 des départements les plus impactés par le chômage, on se laisserait enfumer pour moins que ça.

  • L’enquête sur Lavalette, le communard inconnu dont nous cherchons à remonter l’histoire, continue en Suisse. Notre enquêtrice à Berne rapporte plusieurs document des Archives fédérales suisses (cote E21 : 125). Un très très grand merci à elle !

    Ces documents concernent le pseudo complot des bombes du printemps 1873 dans lequel Lavalette était impliqué. Son nom n’apparaît pas dans les documents. Mais ceux-ci permettent de mieux comprendre le prétendu complot. La France cherchait à faire expulser les communards exilés en Suisse. Un agent provocateur de la police française, le jeune Louis Blampignon, aurait mis en scène un faux complot impliquant des communards afin de pousser la police suisse à expulser les comploteurs. Un commissaire français installé à Ferney, à côté de Genève, a donné aux autorités suisses toutes les informations dont elles avaient besoin pour expulser les prétendus comploteurs.

    – Lettre de monsieur le chef de département de justice et police du canton de Genève (C.) à monsieur le conseiller d’État, 10 janvier 1872 :

    Le gouvernement genevois prétend que la présence de ces hommes sur la frontière immédiate de son territoire constitue un danger réel et constant pour le pays, vu les relations qu’ils entretiennent avec Lyon et la Savoie.

    – Lettre du commissaire spécial Kemps, département de l’Ain, commissariat spécial de Ferney, mars 1873 :

    […] Moreau, Chamarier et Michelot, ex membres de la Commune de Paris, proposèrent à quelques amis intimes, le projet de former un complot, dans le but, était aussitôt la libération du territoire, de profiter d’une perturbation politique qui pourrait se produire, pour changer la forme du gouvernement en assassinant Monsieur le Président de la République et en répandant dans les masses des manifestes socialistes.
    Cinq individus acceptèrent leurs propositions, ce qui élevait le groupe des conspirateurs au nombre de huit :
    1°. Moreau, chimiste, ex-délégué à la 3e légion, demeurant rue de la navigation aux Paquis,
    2°. Michelot, ouvrier mécanicien, ex-délégué au 159e batailon fédéré, demeurant à Genève, rue des Grottes,
    3°. Chamarier, cordonnier, ex-capitaine fédéré, rue Bergère aux Grottes,
    4°. Ledroit, cordonnier, ex-membre de la Commune 5e arrondissement rue Bergère aux Grottes,
    5°. Gouhier, sans profession, ex-membre du Comité central, 3e arrondissement rue Bergère aux Grottes,
    6°. Fournier, ex-membre de la Commune de Lyon, adresse inconnue,
    7°. Chévenard, ex-capitaine d’artillerie sous la Commune 17e batterie, adresse inconnue,
    8°. Leblanc, menuisier, ex membre de la Commune, rue Bergère aux Grottes.
    […] On affirme également que Moreau possède à l’heure qu’il est, et en son domicile, quelques bombes non chargées ainsi que les matières explosibles, telles que : capsules, Pycrate, Poudre et Dynamite. […]

    – Lettre au département de justice et police de la confédération suisse à Berne, 17 juin 1873 :

    Messieurs,
    En réponse à vos offices du 28 mai et du 13 juin, nous avons l’honneur de vous informer que nous n’avons pris aucune décision concernant le prétendu complot des communards sauf celle que nous avons communiquée à M. le Président de la Confédération par notre lettre du 18 mai. Il résulte de cette lettre qu’aucune charge sérieuse ne s’élève contre les individus arrêtés à propos de cette affaire, ce qui implique l’idée qu’ils ne se sont pas rendus d’une manière absolue indigne de l’asile suisse. Si nous en avons expulsé cinq, c’est que leur conduite laissait à désirer au point de vue local, si nous pouvons nous exprimer ainsi. Par suite de la position frontière de notre canton et du nombre relativement considérable des communards qui y séjournent, ces derniers sont venus à une réserve plus grande que partout ailleurs et telle démarche, telle imprudence ou légèreté, qui serait sans importance dans un autre canton, pensent à Genève devenir une source d’embarras. Voilà pourquoi, ainsi que nous l’avons expliqué dans nos lettres adressées à M. le Président de la Confédération, en particulier dans celle du 19 mai nous avons éloigné momentanément du territoire genevois cinq des personnes qui avaient assisté aux réunions dans lesquelles avait été préparé le prétendu complot et qui, du reste, n’étaient pas en règle avec la police de notre canton.
    Du reste, depuis lors, nous avons accordé à deux d’entre elles des autorisations de séjour provisoires, qui seront probablement converties en autorisations de séjour définitives.
    Le seul individu mêlé à l’affaire du complot et qui nous paraisse devoir être expulsé du territoire suisse, est le sieur Blampignon Louis Léon, âgé de 21 ans, né à Méry (Aube) et agent secret de la police française. Cet individu a donné au commissaire de Ferney des renseignements mensongers. Depuis lors, nous avons expulsé le sieur Victor Cyrille, né à Grasse, (Alpes-Maritimes) le 17 juin 1848, et qui nous était signalé comme un homme dangereux. Il est représenté comme un agent de la propagande bonapartiste-socialiste. Beaucoup de proscrits le considèrent comme un agent provocateur. […]
    Le conseiller d’État chargé du département de justice et police
    A [?] Girod [?]

    La lettre du commissaire spécial de Ferney, en mars 1873, présente ce prétendu complot aux autorités suisses. Le commissaire français donne un certain nombre de détails et raconte une histoire : celle d’une tentative d’assassinat du Président de la République pour déstabiliser le pays. Il donne les noms de huit personnes qu’il présente comme dangereuses.

    Mais les autorités suisses ne se laissent pas tromper. Après avoir arrêté les prétendus terroristes, elles indiquent finalement qu’il n’existe aucune charge sérieuse contre eux. La belle histoire du commissaire de Ferney devient le « prétendu complot des communards ». Et les Suisses de retourner élégamment l’affaire contre le commissaire français en précisant : « Le seul individu mêlé à l’affaire du complot et qui nous paraisse devoir être expulsé du territoire suisse, est le sieur Blampignon Louis Léon, âgé de 21 ans, né à Méry (Aube) et agent secret de la police française. Cet individu a donné au commissaire de Ferney des renseignements mensongers. »

    On note que Blampignon et Lavalette ne sont pas sur la liste du commissaire de Ferney, dont le but était d’obtenir une expulsion du territoire suisse. Blampignon vivait à ce moment chez Lavalette. Celui-ci est aussi impliqué dans l’affaire et a été arrêté puis relâché par la police suisse. Les autorités helvétiques n’ont pas jugé que Lavalette était un « agent secret de la police française » et devait être expulsé, comme Blampignon. On sait que les communards exilés ont pensé au contraire qu’il était lui aussi impliqué.

    D’après plusieurs personnes, Lavalette parlait au commissaire de Ferney et aux autorités genevoises. Celles-ci aurait-elles voulu conserver un informateur parmi les exilés ?

    #A_la_recherche_de_Lavalette #Lavalette #Commune_de_Paris #communard #communeux #Berne #Genève #Suisse #police #agent_provocateur

  • Sources en ligne sur la Commune de Paris de 1871 (à compléter) :

    Second siège de Paris, le Comité central et la Commune, journal anecdotique, par Ludovic Hans [pseudonyme de Senestre], Paris , A. Lemerre, 1871 :
    http://www.archive.org/details/secondsigedepar01hansgoog


    http://books.google.fr/books?id=Z_gaAAAAMAAJ&oe=UTF-8&redir_esc=y
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203220h

    Guide à travers les ruines : Paris et ses environs ; avec un plan détaillé, par Ludovic Hans [pseudonyme de Senestre] et J.-J Blanc, Paris, A. Lemerre, 1871 :
    http://www.archive.org/details/guidetraversle00sene

    Les convulsions de Paris, tome 1 : Les prisons pendant la Commune , tome 2 : Épisodes de la Commune , par Maxime Du Camp, Paris, Hachette, 1881 :
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5470576r
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k224150

    Les hommes de la Commune : biographie complète de tous ses membres, par Jules Clère, Paris, E. Dentu, 1871 :
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k113174g

    Les Membres de la Commune et du Comité Central, par Paul Delion, Paris, Alphonse Lemerre éditeur, 1871 :
    http://scribd.com/doc/61725341/Les-Membres-de-la-Commune-et-du-Comite-Central-Paul-Delion-1871 [bon fac-similé]
    http://books.google.fr/ebooks?id=M5QDAAAAYAAJ&hl=fr
    http://www.archive.org/details/lesmembresdelac00dlgoog

    La terreur ou La Commune de Paris en l’an 1871, par Wilfrid de Fonvielle, Bruxelles, au bureau du « Petit journal », 1871 :
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54485253

    Mémoires secrets du comité central et de la Commune, par Jules de Gastyne, Paris, Éditeur A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1871 :
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54476558.pdf

    #Commune_de_Paris