naturalfeature:pyrénées

  • UK maritime group warns of incident in the Gulf of Oman | News | Al Jazeera
    https://www.aljazeera.com/news/2019/06/uk-maritime-group-warns-incident-gulf-oman-190613054602630.html

    A United Kingdom maritime safety group is warning that an unspecified incident has taken place in the Gulf of Oman and is urging “extreme caution” amid heightened United States-Iran tensions.

    The UK’s Maritime Trade Operations, which is run by the British navy, put out the alert early on Thursday. It did not elaborate further, but said it was investigating the incident.

    Joshua Frey, a spokesman for the US Navy’s Bahrain-based 5th Fleet, said his command was “aware” of a reported incident in the area.

    “We are working on getting details,” Frey told The Associated Press.

    Iranian media reported, without offering any evidence, that there had been an explosion in the area targeting oil tankers.

  • La France expulse vers l’Érythrée

    Le 6 juin 2019, la préfecture des Pyrénées-Orientales a expulsé une personne érythréenne vers Asmara depuis le centre de rétention administrative (#CRA) de #Toulouse. Il s’agit de la première expulsion par la France vers l’Érythrée, pays où règne l’une des dictatures les plus violentes du monde.

    https://www.lacimade.org/presse/la-france-expulse-vers-lerythree
    #Erythrée #France #expulsions #renvois #réfugiés_érythréens

    A la lecture du rapport parlementaire dévoilé la semaine dernière par @le_Parisien @nicojacquard on apprend page 92 que @Place_Beauvau a demandé 7 LPC au consulat de l’#Érythrée pour expulser 7 de leurs ressorissant·e·s (et 6 pour la Syrie) !


    https://twitter.com/lacimade/status/1138730170288943104
    #Erythrée #it_has_begun

    ping @karine4

    • France : une femme expulsée en Érythrée, un des pays les plus répressifs au monde

      C’est une première depuis au moins 20 ans. D’ordinaire, les Érythréens qui ont pu prouver leur nationalité auprès des autorités françaises obtiennent une protection. L’Érythrée est considérée comme l’un des pays les plus répressifs au monde.

      Cette ressortissante érythréenne a été arrêtée le 8 mai à la frontière espagnole, à bord d’un autobus, avec un titre de séjour « contrefait » et un passeport, selon la préfecture des Pyrénées-Orientales. On ignore encore les détails du périple qui l’a conduit en France.

      Placée en centre de rétention, elle a multiplié les recours judiciaires et déposé en urgence une demande d’asile, mais en vain. Tout a été rejeté. Elle a fait appel du rejet de l’asile, mais, avant l’examen de son recours, a été reconduite de force dans son pays natal le 6 juin. En dépit des mises en garde sur le régime totalitaire qui règne à Asmara. Et alors que la France n’a plus renvoyé d’Érythréens depuis plus de 20 ans.

      Alors que s’est-il passé ? Au ministère de l’Intérieur, on renvoie vers la Préfecture. Et à la Préfecture, on fait valoir l’épuisement de tous ses recours juridiques pour motiver l’expulsion.

      Du côté de l’OFPRA, on assure pourtant que la doctrine française n’a pas changé : la preuve de la nationalité suffit à octroyer une protection aux Érythréens. Mais selon nos informations, la dame aurait mal parlé l’anglais et ses premières déclarations auraient laissé croire qu’elle ne craignait rien en cas de renvoi dans son pays natal.

      http://www.rfi.fr/afrique/20190612-france-une-femme-expulsee-erythree-pays-plus-repressifs-monde?ref=tw_i

    • Une femme déboutée du droit d’asile expulsée vers l’Erythrée

      La Cimade dénonce cette expulsion, « une première » souligne l’association de défense des migrants, vers un pays où le régime commet des « violations massives des droits de l’homme » selon l’ONU.

      Le 6 juin, la préfecture des Pyrénées-Orientales a expulsé du territoire français une femme étrangère, dont la demande d’asile avait été rejetée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Arrêtée dans un bus en provenance de l’Espagne en mai, elle avait été placée en rétention à Toulouse et, comme le recours déposé devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) n’est pas suspensif, finalement expulsée. L’histoire serait assez banale si la destination vers laquelle cette femme a été envoyée n’était pas Asmara, capitale de l’Erythrée.

      Ce pays ultrafermé est dirigé par le même homme, Isaias Afwerki, depuis 1991. L’année dernière, la rapporteure spéciale de l’ONU sur place s’inquiétait de la persistance de « violations massives des droits de l’homme » par le régime. « Il faut faire le service militaire dans notre pays. Si cela durait deux ou trois ans, je serais d’accord, mais c’est un service qui ne finit jamais. Ou plutôt, ça finit quand tu meurs. Mes frères et mon père, qui a 70 ans, sont toujours soldats », témoignait auprès de Libération en décembre 2017 un jeune homme qui avait fui l’Erythrée. Le Quai d’Orsay déconseille d’ailleurs vivement aux Français de s’y rendre, les prévenant que l’ambassade y dispose de « moyens limités pour venir en aide aux Français en cas de crise ».
      « Risques importants »

      C’est ce qui inquiète la Cimade : « La personne qui a été expulsée court des risques importants en Erythrée, dit David Rohi, responsable rétention de l’organisation de défense des migrants. On ne sait pas si cette expulsion, c’est un dérapage ou si elle marque une volonté de reprise des expulsions [vers ce pays]. »

      La préfecture des Pyrénées-Orientales, elle, ne voit pas le problème : « La personne a fait valoir tous les modes de recours, et il y a quand même eu cinq décisions de justice, dont l’Ofpra qui est indépendante, le juge des libertés qui l’a maintenue en rétention… Ce n’est pas seulement une décision en sa défaveur, c’est cinq. Donc le préfet, qui n’est pas seul dans sa prise de décision, l’a exécutée comme il pourrait le faire sur d’autres dossiers de ce type », explique-t-on.
      « Justice déshumanisée »

      David Rohi balaye l’argument : « La préfecture se borne à dire qu’elle a respecté la loi et la procédure, mais un préfet est aussi lié par les risques d’exposition à des traitements inhumains et dégradants, ce n’est pas pour rien que la France, d’habitude, n’expulse pas vers l’Erythrée ! »

      Surtout, il pointe les conditions dans lesquelles cette femme a constitué son dossier de demande d’asile : « Le préfet a décidé de la maintenir en rétention quand elle a déposé sa demande d’asile, ce qu’il n’était pas obligé de faire. Or une demande d’asile en rétention n’a rien à voir avec une demande normale. Il faut rédiger son dossier en français par exemple. Elle a été entendue par l’Ofpra par visioconférence, le traducteur n’était pas dans la même pièce qu’elle, cela limite la qualité de l’examen. »

      La vidéo-audience est d’ailleurs dénoncée par les avocats des barreaux de Lyon, Nancy et Paris après qu’il a été décidé de l’expérimenter pour les audiences à la Cour nationale du droit d’asile, cette fois. « Nous ne pouvons pas admettre ce type de justice déshumanisée, dans un domaine où l’intime conviction du juge va décider de la vie d’une personne et de sa famille », expliquait Serge Deygas, bâtonnier élu du barreau de Lyon, alors que les avocats se mobilisaient contre au début de l’année.

      https://www.liberation.fr/france/2019/06/13/une-femme-deboutee-du-droit-d-asile-expulsee-vers-l-erythree_1733475

    • Sur les traces d’#Aatifa, expulsée par la France vers l’Erythrée, « la Corée du Nord de l’Afrique »

      Une Erythréenne a été expulsée par la France le 6 juin, malgré les dangers encourus dans son pays. Elle n’est pas la première. Trois l’auraient précédée en 2017. « L’Obs » a mené l’enquête.
      Ce 6 juin, quand les policiers sont venus l’extraire de sa petite chambre du centre de rétention de Toulouse-Cornebarrieu, on imagine mal Aatifa (le prénom a été changé) s’être débattue. Menue, elle a les bras couverts de cicatrices, comme autant de témoignages des mauvais traitements qu’elle a subis en exil. A près de 40 ans, elle est alors sur le point d’être renvoyée par les autorités françaises dans son pays d’origine, l’Erythrée. Une décision qui, pour beaucoup, sonne comme une condamnation à mort. Ce petit pays, indépendant de l’Ethiopie depuis 1993, est l’un des plus fermés au monde. Certains le surnomment « la Corée du Nord de l’Afrique ».

      Ce 6 juin, quand les policiers sont venus l’extraire de sa petite chambre du centre de rétention de Toulouse-Cornebarrieu, on imagine mal Aatifa (le prénom a été changé) s’être débattue. Menue, elle a les bras couverts de cicatrices, comme autant de témoignages des mauvais traitements qu’elle a subis en exil. A près de 40 ans, elle est alors sur le point d’être renvoyée par les autorités françaises dans son pays d’origine, l’Erythrée. Une décision qui, pour beaucoup, sonne comme une condamnation à mort. Ce petit pays, indépendant de l’Ethiopie depuis 1993, est l’un des plus fermés au monde. Certains le surnomment « la Corée du Nord de l’Afrique ». Comment la France, pays des droits de l’homme, a-t-elle pu décider pareille expulsion alors même que les pays européens s’y refusent traditionnellement ? Que s’est-il passé ? Erreur administrative, zèle d’une préfecture qui n’aurait pas mesuré les conséquences de sa décision ? Selon nos informations, ce cas est rarissime : c’est l’une des premières fois qu’un ressortissant d’Erythrée est expulsé par la France. MEHDI BENYEZZAR / L’OBS Avant Aatifa, trois autres migrants l’avaient déjà été en 2017, selon le ministère de l’Intérieur. Les autorités françaises peinent à dissimuler leur gêne. A Beauvau, on dit avoir « découvert l’info [sur Aatifa] dans la presse » : « On ne supervise pas toutes les expulsions. On ne peut pas. » Du côté de la préfecture des Pyrénées-Orientales, on s’en tient au minimum syndical. Aatifa a été expulsée « en application des décisions de justice prononcées à son encontre ». Depuis que les migrants arrivent plus nombreux par la frontière espagnole plutôt qu’italienne, « les préfets des Pyrénées-Atlantiques et des Pyrénées-Orientales font du zèle, sous la pression de Castaner », souffle un haut fonctionnaire sous couvert d’anonymat. Nul ne sait ce qu’est devenue aujourd’hui l’ancienne travailleuse domestique. « Elle a très peur d’être enfermée » Toulouse-Paris. Paris-Istanbul. Et enfin Istanbul-Asmara, la capitale de l’Erythrée. Plusieurs sources concordantes indiquent que des policiers français ont accompagné Aatifa tout au long de son voyage retour. Ces derniers l’auraient directement « remise » aux autorités érythréennes, une fois arrivés à bon port. « C’est ce que prévoit la procédure », indique un fonctionnaire de la police aux frontières. Une procédure qui ne prévoit toutefois pas de s’assurer de sa sécurité sur place. « A peine arrivés, ils ont pris le vol retour », raconte « Léo », de la Cimade, une association de soutien aux migrants. L’un des membres de la famille d’Aatifa, réfugié en Europe, assure qu’elle est toujours en vie : il l’a eue au téléphone à la mi-juin. Si elle n’a pas été enfermée à son arrivée, « elle a très peur de l’être ». En 2018, plus de 80 % des demandeurs d’asile érythréens ont pourtant été reconnus réfugiés par l’Office français de Protection des Réfugiés et Apatrides (Ofpra). Il leur suffit, en général, de prouver leur nationalité pour être protégés par l’Etat français. Aatifa, détentrice d’un passeport en cours de validité, était dans ce cas. Mais l’Ofpra lui a tout de même refusé le statut de réfugiée. Dans sa décision, l’office explique que « ses déclarations ne permettent pas [...] de conclure au bien-fondé de ses craintes [...] de persécution en cas de retour ». La députée LREM Valérie Thomas, présidente du groupe d’amitié France-Erythrée à l’Assemblée nationale, réagit : « Cette décision [d’expulsion] m’a surprise. On ne sait pas grand-chose de ce qui se passe en Erythrée. Et lorsque l’on ne sait pas, il ne faut pas expulser. » D’autant que l’ONU s’est déjà alarmée de la situation sur place à plusieurs reprises. Dans un rapport de mai 2019, elle a dénoncé de nombreuses violations des droits de l’homme : arrestations arbitraires, détentions illimitées, enfermement systématique des migrants érythréens qui ont tenté de fuir sans visa... Le pays est toujours tenu d’une main de fer par le dictateur Issayas Afeworki, héros de l’indépendance, devenu pourfendeur des libertés publiques depuis un coup d’Etat en septembre 2001. Alors que le monde pleurait les morts des Twin Towers, Afeworki a muselé la presse et enfermé les opposants politiques. Plus rien ne filtre de cet Etat fermé à double tour. « Pour les autorités locales, la migration de nombreux Erythréens est un complot de l’étranger », indique une source diplomatique. Un pays caserne Qui est Aatifa ? Quelle est son histoire ? Nous avons pu reconstituer une partie de son parcours. De son départ d’Asmara à son retour forcé. Aatifa est née en Erythrée au début des années 1980. Elle est tigréenne, l’ethnie majoritaire du pays, et de confession orthodoxe. Après avoir grandi dans une zone rurale, elle gagne, encore adolescente, la capitale, Asmara. Au terme de sa onzième année de scolarité, comme des milliers d’écoliers, elle rejoint le camp militaire de Sawa. Depuis une vingtaine d’années, l’ancienne base du parti nationaliste érythréen, située à la frontière avec le Soudan, est le symbole de l’embrigadement de la jeunesse. Dans des baraquements posés au milieu d’un désert de roches ocre, les jeunes cadets apprennent, parfois par la force, l’amour du drapeau et le maniement des armes. LIRE AUSSI > Pourquoi les Erythréens émigrent Dans ce pays caserne, la conscription peut durer toute une vie. Pour Aatifa, elle s’achève au bout d’un an. La jeune femme dit avoir été réformée pour raisons médicales. De retour à Asmara, elle vit de petits boulots. Vendeuse à la sauvette, elle est envoyée à plusieurs reprises en prison. C’est en tout cas ce qu’elle a soutenu devant les officiers de l’Ofpra, qui ont jugé cet élément trop peu étayé pour être crédible. « Comme elle n’avait pas achevé son service militaire, la police était aussi sur son dos », complète son avocate. LIRE AUSSI > Le parcours du combattant du demandeur d’asile en France C’est en 2009 qu’Aatifa aurait quitté l’Erythrée, selon des documents que nous avons pu consulter. Sa destination ? Le Koweït, où elle est embauchée comme employée de maison. « C’est très courant pour les femmes de mon pays d’aller travailler dans le Golfe, explique la journaliste érythréenne établie en Suède Meron Estefanos, l’une des porte-voix de la communauté. Il y a des agences de recrutement de domestiques en Erythrée qui démarchent les jeunes filles dans la rue pour les envoyer là-bas. » Le voyage coûte entre 15 000 et 30 000 nafkas (900 et 1 800 euros), à verser à ces officines. Salaire mensuel promis ? 180 euros. « Situation de quasi-esclavage » De son passage au Koweït, Aatifa n’a que peu parlé à l’officier de l’Ofpra avec lequel elle s’est entretenue par visioconférence, après son arrestation en France. Depuis 2018 et la loi asile et immigration, ce dispositif permet de traiter plus rapidement - et avec moins de moyens - les demandes d’asile formulées par les étrangers placés en centre de rétention. Il est fréquemment décrié tant par les associations de soutien aux réfugiés que par les syndicats de l’Ofpra. Une intervenante en centre de rétention explique : « Il faut s’imaginer qu’on est face à une caméra dans une petite pièce. Avec un policier à ses côtés. Ce n’est pas idéal. Peut-être qu’avec le stress elle n’a d’ailleurs pas tout compris », explique une intervenante en centre de rétention. Gérard Sadik, coordinateur asile pour la Cimade, rebondit : « Je pense qu’elle aurait eu l’asile si elle était passée en procédure normale. » Alexandre GELEBART/REA Manifestation de soutien aux sans papiers lors de la journee contre l’enfermement dans les centres de retentions et l’alllongement de la duree de la retention.

      Manifestants devant le centre de retention administrative de Toulouse Blagnac Cornebarrieu. « Devant moi non plus, elle ne s’est pas étendue sur cet épisode », complète son conseil. Tout juste a-t-elle précisé, du bout des lèvres, qu’elle avait travaillé pour trois familles. Que les conditions étaient rudes. « Ces femmes vivent dans une situation de quasi-esclavage », insiste la journaliste Meron Estefanos. Mais les derniers employeurs d’Aatifa l’ont quand même aidée à s’enfuir vers la Turquie. Elle rejoindra ensuite la Grèce, puis les rivages de l’Espagne. Son périple dure encore plusieurs mois, jusqu’à son interpellation à la frontière franco-espagnole, le 8 mai dernier, par la police française. Elle est en possession de deux passeports. L’un vrai, érythréen. L’autre faux, portugais, qu’elle aurait acheté à un passeur en Grèce. Elle disait vouloir rejoindre l’Allemagne. LIRE AUSSI > Soigner les traumas des réfugiés : « J’ai reçu des patients ne sachant plus parler » Aussitôt arrivée au centre de rétention, elle formule une demande d’asile. Car le préfet vient de prononcer une obligation de quitter le territoire français à son encontre. « Elle était en état de stress énorme », se souvient l’un des intervenants associatifs. Lors de son audition, les policiers ont noté qu’elle affirmait ne pas craindre pour sa vie en cas de retour en Erythrée. « Elle s’est effondrée devant moi quand je lui ai lu la retranscription. Elle m’a dit qu’elle n’avait jamais dit ça », explique Me Lévy. Cette réponse supposée ainsi que le manque de documents étayant son parcours ont certainement joué en sa défaveur lors de l’examen de sa situation. Mais son avocate ne désarme pas. Elle entend saisir la Cour nationale du Droit d’Asile pour faire reconnaître sa cliente comme réfugiée statutaire. Si elle obtient gain de cause, Aatifa aura théoriquement le droit de revenir en France. Encore faudra-t-il la retrouver.

      https://www.nouvelobs.com/monde/20190703.OBS15411/sur-les-traces-d-aatifa-expulsee-par-la-france-vers-l-erythree-la-coree-d

  • Sanofi : l’Etat met l’usine qui fabrique la Dépakine sous pression
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050619/sanofi-l-etat-met-l-usine-qui-fabrique-la-depakine-sous-pression

    Le groupe pharmaceutique est menacé de sanction pénale en raison de son incapacité à prouver qu’il maîtrise le risque chimique dans l’un de ses établissements, dans les Pyrénées-Atlantiques, malgré une mise en demeure de l’inspection du travail.

    #Santé #santé_au_travail,_Bassin_de_Lacq,_Depakine,_Industries_pharmaceutiques,_Sanofi

  • Reconstruction pour familles monoparentales -

    Une maison d’accueil de mères célibataires pour repeupler un village de montagnes
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/29/dans-l-ariege-une-maison-d-accueil-de-meres-celibataires-pour-repeupler-un-v
    Le village de l’Hospitalet-près-l’Andorre et ses 90 habitants, dans l’Ariège, s’apprêtent à ouvrir « la Maison des Cîmes », lieu de reconstruction pour familles monoparentales.

    Au comptoir de l’hôtel de Puymorens, peu importe l’heure où l’on prend son café, toutes les conversations finissent par se ressembler. Combien de temps pour la plomberie, l’électricité, le placo ? Les ouvriers vont-ils rattraper le retard pris sur le chantier ? « Cela fait si longtemps qu’on attend une bonne nouvelle, il y a forcément de l’impatience », dit Serge Manescou, le tenancier de cet établissement des Pyrénées perché à 1 450 mètres d’altitude, au pied des sommets encore recouverts de neige où serpentent les chemins de randonnée.

    Voilà cinq ans que l’Hospitalet-près-l’Andorre (Ariège) et ses 90 habitants vivent dans l’expectative. Au cœur du village, dans une large bâtisse de trois étages qui donne sur la place Pyrène, un lieu unique en France est en gestation : la Maison des Cîmes. D’ici quelques mois, six mères en difficulté, ces « familles monoparentales » devenues la priorité d’Emmanuel Macron à la suite du mouvement social des « gilets jaunes », viendront s’y installer avec leurs neuf enfants pour « prendre le temps de se reconstruire en douceur », dit le maire. Et repeupler du même coup ce village à flanc de montagne, qui a vu partir plus de la moitié de ses habitants en trente ans.

    –---
    La suite de cette pub pour Macron est sous #paywall je suis surprise de voire que les familles monoparentales sont à reconstruire et qu’on les "aide" en les obligeant à vivre dans des villages sans emploi dont les seuls habitants sont des machos de comptoirs qui ont fait fuir toutes les femmes libres depuis belle lurette.

  • Canfranc (1/2) : Il faut passer les Pyrénées
    https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/canfranc-12-il-faut-passer-les-pyrenees


    Quand on descend le versant espagnol du col du Somport, on tombe soudain sur cette gare immense, superbe, et incongrue dans ce décor montagnard. On se demande ce qu’elle fait là, à 1 195 mètres d’altitude, avec ses 240 mètres de long.

    #architecture

    C’est là

  • Un #péage installé sur l’un des gros sites naturels des Pyrénées : il va falloir payer pour y monter
    https://actu.fr/occitanie/aragnouet_65017/un-peage-installe-sur-lun-gros-sites-naturels-pyrenees-va-falloir-payer-y-monte


    #privatisation et #aménagement des espaces naturels

    Il va falloir maintenant s’acquitter de la « modique » somme de 10 euros pour aller randonner dans les lacs du Néouvielle. Des horodateurs sont en cours d’installation au niveau d’Artigusse. Un accès de plus à la montagne qui devient payant.

    • C’est payant pour monter en voiture. Si tu veux aller manger tes chips en tongue au bord du lac, va falloir au préalable chausser tes godillots et marcher. Et les qui ont les moyens de payer pourront continuer à grimper en Tesla (pour la recharger sur la borne rapide assurément installée sur le parking à côté du lac).

    • @monolecte : ça fait longtemps qu’il y a des parkings payants dans à peu près tous les sites remarquables des Alpes... C’est juste que les Pyrénées n’étaient pas « modernes » jusqu’ici ;-)

      Après, quand tu sais qu’un parking comme celui du Pré de Mme Carle dans les Ecrins accueille environ 100 000 visiteurs pendant les 2 mois d’été ça fait quand même un paquet de poubelles à redescendre et de toilettes sèches à vidanger...

      #monétisation #tourisme

  • Rungis : le train des primeurs menacé de disparition (Francetvinfo)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/16024-rungis-le-train-des-primeurs-menace-de-disparition-francetvinfo

    Le train des primeurs de Rungis pourrait être supprimé. Chaque jour, il transporte 1 400 tonnes de fruits et légumes depuis Perpignan (Pyrénées-Orientales) jusqu’à la capitale. Jugé trop vétuste, il serait remplacé par des dizaines de camions.

    . À Perpignan, 400 000 tonnes de fruits et légumes sont pourtant chargées chaque année dans ces trains pour alimenter le marché de Rungis. Pour les cheminots, le transfert des rails vers la route serait une hérésie, aussi bien économique qu’écologique.l’arrêt de la ligne ferroviaire au 30 juinY’aura-t-il dès cet été des dizaines de camions supplémentaires sur les routes reliant Perpignan (Pyrénées-Orientales) à Rungis (Val-de-Marne) ? C’est possible, depuis l’annonce de

    Une réunion avec le gouvernement cette semaine

    Les wagons frigorifiques du (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • La première partie du rapport de l’étude de Santé publique France sur le #bassin-de-lacq est sortie depuis peu.
    https://www.santepubliquefrance.fr/Actualites/Analyse-des-attentes-et-du-contexte-local-autour-du-bassin-indus

    Rien vu encore sur seenthis, pas beaucoup plus sur la toile (surtout des contrefeux de promotion du bassin industriel) concernant ce scandale sanitaire et la #surmortalité causée par les industries du gaz.

    On a tout de même trois points de perception tout à fait impressionnants. (L’#IFOP est prestataire de l’étude)

    Les professionnels de santé perçoivent un excès de pathologiesrespiratoires, digestives, hématologiques, thyroïdiennes touchant plus particulièrement les enfants et les travailleurs. Ils souhaiteraient être mieux informés par les autorités sanitaires et les industriels sur la question des polluants et de leur impact sur la santé et collaborer davantage avec les représentants de la médecine du travail ;

    Les syndicats et les médecins du travail perçoivent un excès de tumeurs solides et de leucémies chez les salariés du bassin industriel de Lacq. Ils rapportent une sous-déclaration des salariés eux-mêmes, craignant de perdre leur emploi ;

    Les industriels évoquent une amélioration globale de la situation par rapport aux premières années d’exploitation du site, avec l’arrêt des rejets (effluents liquides) dans les sols, l’amorçage d’opérations de dépollution et une diminution des rejets dans l’atmosphère. Pour eux, les résultats des mesures de qualité de l’air ne présentent aucun signe inquiétant.

    Mais faudra encore attendre pour savoir et éventuellement agir …

    Les deux études épidémiologiques (étude de mortalité et étude exploratoire de morbidité) sont en cours et feront l’objet d’une prochaine publication.

    Article de 2016 sur Reporterre

    À Lacq, le scandale sanitaire que couvrent élus et autorités
    https://reporterre.net/A-Lacq-le-scandale-sanitaire-que-couvrent-elus-et-autorites

    Pendant plus d’un demi-siècle, les habitants de Lacq, dans le Béarn, ont été intoxiqués par l’exploitation des champs gaziers voisins. Une étude sanitaire a prouvé la surmortalité ainsi provoquée, explique l’auteur de cette tribune, mais les autorités refusent de poursuivre les recherches épidémiologiques.

    • PDF du rapport
      http://invs.santepubliquefrance.fr/content/download/155672/571448/version/5/file/rapport-analyse-attentes-contexte-local-bassin-industriel-l

      1. CONTEXTE La zone industrielle (ZI) de Lacq (Pyrénées-Atlantiques) se caractérise par des activités d’extraction de gaz naturel, de désulfurisation, de thiochimie, de chimie fine avec un total de 43 installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) dont 15 sont classées « Seveso seuil haut » et 6 « Seveso seuil bas ». Dans le cadre du Plan régional de la qualité de l’air, cette zone industrielle a fait l’objet d’une étude épidémiologique en 2002 menée par l’Isped [1].

      L’étude mit en évidence une mortalité dans la zone inférieure à la mortalité régionale ainsi qu’une surmortalité dans la zone à proximité du bassin industriel de Lacq comparée aux zones témoins plus distantes, chez les personnes âgées de moins de 65 ans, pour toutes causes de décès confondues et par #cancer. Compte tenu du type d’étude conduite (descriptive), ces résultats « ne permettaient toutefois pas de conclure en terme de causalité par rapport aux émissions de polluants » selon l’#Isped.

      Isped : Institut de Santé Publique d’Epidémiologie et de Développement

      Ce cirque morbide dure donc depuis près de 20 ans à quelques kilomètres de Pau et 2h de Bordeaux ou Toulouse.

    • Oui @cy_altern, c’est effectivement la même situation mais au niveau des associations et du traitement médiatique, je ne vois aucun relais journalistique. En tout cas, je n’en ai pas trouvé.

      Si par exemple je cherche depuis 1994 dans les archives de libé le terme « Bassin de Lacq + pollution » il y a 5 résultats contre 43 pour « étang de Berre + pollution ». Le premier pour Lacq est un article sur la Dépakine datant de juillet 2018, rien sur l’étude ni sur la surmortalité des habitants de cette région.

      Après une crise sanitaire majeure, le géant pharmaceutique français doit maintenant faire face à une véritable alerte rouge environnementale provoquée par les rejets toxiques provenant de la fabrication de cette même Dépakine dans son usine de Mourenx, en plein bassin pétrochimique du Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques.

      Que s’est-il passé à l’usine Sanofi de Mourenx ?

      C’est l’association France Nature Environnement (FNE), qui a tiré la sonnette d’alarme lundi en faisant état de rejet de « matières dangereuses à des taux astronomiques » sur le site Sanofi de Mourenx. Et ce dans le sillage d’un article de Mediapart, qui révélait que cette pollution atmosphérique avec des solvants chimiques potentiellement cancérogènes était connue depuis des mois. Tout comme les « écarts hallucinants » entre les concentrations autorisées et celles constatées à la sortie des cheminées de l’usine : 7 000 fois la norme pour les principaux composés organiques volatils recensés dans le processus de fabrication et jusqu’à…190 000 fois le maximum autorisé pour le #bromopropane, l’un des composants chimiques entrant dans la composition de la #Dépakine.

      #pétrochimie

  • La honte..

    Il convoie plus de 400 000 tonnes de fruits et légumes par an à Rungis. Mais il pourrait bien disparaître. Le dernier train des primeurs reliant Perpignan (Pyrénées-Orientales) à Rungis, qui approvisionne le MIN tous les jours depuis 2007, est sur la sellette.
    (..)
    La disparition de la liaison Perpignan-Rungis aurait pour conséquence de reporter le transport des fruits et légumes sur les routes. Ainsi, près de cinquante camions feraient le trajet quotidien en lieu et place du train pour transporter les 1 400 tonnes de légumes jusqu’au MIN.

    https://www.ouest-france.fr/economie/transports/train/marche-de-rungis-le-train-des-primeurs-bientot-remplace-par-20-000-cami
    #fret
    #ferroviaire
    #routier
    #environnement
    #transport

  • Rungis : le dernier train des primeurs risque de disparaître… au profit des camions
    Le Parisien – Bartolomé Simon – 02 mai 2019
    http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/rungis-le-dernier-train-des-primeurs-risque-de-disparaitre-au-profit-des-

    Il convoie plus de 400 000 tonnes de fruits et légumes par an à Rungis. Mais il pourrait bien disparaître. Le dernier train des primeurs reliant Perpignan (Pyrénées-Orientales) à Rungis, qui approvisionne le MIN tous les jours depuis 2007, est sur la sellette.

    En cause : la vétusté de ses 82 wagons réfrigérés, usés par quarante ans de fret. En louer des neufs coûterait trop cher aux clients de la SNCF, les transporteurs Roca et Rey. Un nouveau contrat a pourtant été évoqué. Mais aucun accord n’a été trouvé. L’actuel, qui expire le 30 juin, pourrait bien être le dernier. « Nous, on ne demande qu’à continuer, assure un responsable de Fret-SNCF. On a les locomotives, les agents, les wagons neufs à louer. Mais on ne peut pas signer un contrat à perte ! »

    La disparition de la liaison Perpignan-Rungis aurait pour conséquence de reporter le transport des fruits et légumes sur les routes. Ainsi, près de cinquante camions feraient le trajet quotidien en lieu et place du train pour transporter les 1 400 tonnes de légumes jusqu’au MIN (...)

    #transport #train

  • #CAMIGRI

    CAMIGRI est un programme de recherche financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et la Région Nouvelle-Aquitaine. Il entend revisiter l’étude des #campagnes françaises au prisme des migrations internationales et de la diversification croissante des formes de mobilité. Le projet a démarré le 01/10/2016.

    Ce carnet de recherche a vocation d’interface entre les mondes scientifique, associatif et professionnel intéressés par les questions de développement rural et de migrations internationales dans les espaces ruraux. Il permet de :

    – faire connaître les travaux de l’équipe et de suivre l’actualité du programme (comptes rendus de terrain, de séminaires, de présentations),

    – faciliter les liens et les échanges entre les différents acteurs intéressés par ces questions (construction d’un répertoire-réseau en ligne),

    – publier des supports produits par les chercheurs sur les terrains d’enquête (monographies de lieux, photographies commentées, portraits et entretiens d’acteurs socio-économiques).

    https://camigri.hypotheses.org/a-propos
    #accueil #asile #migrations #réfugiés #espace_rural #espaces_ruraux #campagne #France #Loire_Anjou_Tourraine #Périgord_Limousin #Pyrénées_Ariégeoise

    • Lettre d’information n°1

      Camigri édite sa première lettre d’information trimestrielle. Elle s’adresse à tout public soucieux de poser un nou-veau regard sur les « mondes ruraux ». Confrontées à la diversification croissante de mobilités internationales plus ou moins visibles et reconnues, les campagnes françaises connaissent en effet des changements socio-économiques et territoriaux parfois inaperçus, silencieux, sous-étudiés. L’équipe entend ici partager ses travaux à travers certaines activités menées dans le cadre de son programme de recherche financé par l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) et la Région Nouvelle-Aquitaine. Il est ainsi question de livrer, de manière élargie, le fruit de nos réflexions engagées dans plusieurs localités rurales de la France de l’ouest et qui trouveront certainement un écho plus lointain, au sein d’autres territoires. Actuellement lancée dans des opérations d’enquête et d’observations sur plusieurs terrains (Ariège, Dordogne, Vienne, Maine-et-Loire), l’équipe souhaite transmettre quelques principes fondateurs de son approche : proximité mesurée avec les territoires étudiés et ses habitants, production et commu-nication dans des réseaux scientifiques, usage réflexif de l’image comme outil de travail, de communication et de réflexion.

      https://f-origin.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/3777/files/2018/09/Web_Sept2018_Journal_CAMIGRI-compressed.pdf
      #agriculture #fraises #Pays_Vernois #mineurs #MNA #mineurs_non_accompagnés #Ariège #marginalité #millieu_rural

    • Lettre d’information n°2

      L’installation des populations migrantes dans les campagnes de l’Ouest français peut prendre des formes très différentes, s’inscrire dans une tradition d’accueil ancienne parfois réactivée par des initiatives indivi-duelles plus récentes. Comment les populations installées ou celles qui se sont succédé ont-elles pu contribuer à l’évolution démographique des territoires ruraux étudiés ? L’équipe CAMIGRI vous propose, dans la deuxième édition de sa newsletter, quelques exemples illustrés à partir de ses travaux de recherche en cours

      https://sharedocs.huma-num.fr/wl/?id=DD6uCq2mdZue9rVdu5tG6Z24ZbspMlj7
      #campagnes_hospitalières #Carla-Bayle #CADA #innovation_sociale #Saint-Just-Le-Martel #agriculture #maraîchage #développement_local

  • « Une perte de sens totale » : le malaise grandissant des jeunes ingénieurs face au climat
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/04/16/une-perte-de-sens-totale-le-blues-des-jeunes-ingenieurs-face-au-climat_54509

    Tiraillés entre les réalités des entreprises et l’impératif climatique, de jeunes ingénieurs disent vivre une « dissonance cognitive ». Certains renoncent à une carrière traditionnelle.

    https://www.youtube.com/watch?v=3LvTgiWSAAE

    C’est un discours de remise de diplôme plutôt inhabituel que Clément Choisne, jeune ingénieur de Centrale Nantes, a livré devant ses camarades, le 30 novembre 2018. A contre-courant des discours louangeurs de ce type d’événement, il a choisi de parler de son dilemme : « Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités ne cessent de s’aggraver, que le GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] pleure et que les êtres se meurent : je suis perdu, incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation. »

    Devant une assemblée de futurs diplômés, parents, familles, anciens élèves, professeurs, direction et industriels, l’ingénieur de 24 ans a profité de la tribune qui lui était offerte pour se faire le porte-parole d’un malaise que vivent de plus en plus de jeunes diplômés face au réchauffement climatique : « Quand sobriété et décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens, mais que de grands groupes industriels à fort impact carbone sont partenaires de mon école, je m’interroge sur le système que nous soutenons. Je doute, et je m’écarte. » La vidéo, qui a fait plus de 270 000 vues sur YouTube, est l’un des nombreux échos de ce désarroi éprouvé par les jeunes diplômés face à un monde économique qu’ils jugent en décalage avec l’urgence climatique.

    Deux mois plus tôt, en septembre 2018, un groupe d’étudiants issus de grandes écoles prestigieuses, Polytechnique, Ensta, HEC, ENS – lançaient un manifeste en ligne pour appeler les futurs diplômés à soutenir un changement radical de trajectoire. « Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes », écrivaient les auteurs du manifeste.

    Un « manifeste » signé par 30 000 jeunes

    Le texte, signé par plus de 30 000 étudiants, incite les jeunes diplômés à travailler pour des « employeurs en accord » avec les recommandations du manifeste. Depuis, les auteurs de ce texte tentent de capitaliser sur le succès de leur démarche. Ils ont rencontré les cabinets des ministères chargés de la transition écologique, et ont lancé depuis le début de l’année des groupes de travail sur la refonte des programmes de l’enseignement supérieur où l’enjeu climatique est encore trop confiné aux cursus spécialisés.

    A Centrale Nantes, 330 élèves ingénieurs ont signé ce manifeste, « près de 25 % des étudiants de l’école », précise Romain Olla, étudiant en deuxième année et qui a participé à une étude pour mesurer le niveau de connaissance et d’intérêt suscité par la question climatique au sein de la communauté centralienne. Dans ce sondage, une question portait sur l’importance du comportement en matière de bilan carbone des entreprises lors de la recherche d’un stage ou d’un premier emploi. « 89 % des personnes qui ont répondu estiment que ce comportement est important et 38 % déclarent qu’ils pourraient refuser un emploi, voire même ne pas postuler à une offre, si l’entreprise a un mauvais bilan en matière de réchauffement climatique », souligne Romain Olla.
    Le boycott des entreprises qui polluent comme arme de chantage à l’embauche ? Une idée qui fait son chemin chez les jeunes ingénieurs sensibles à la question climatique. Nous avons rencontré plusieurs ingénieurs, tout juste diplômés, qui préfèrent « prendre le temps de réfléchir à leurs responsabilités », ou « faire un pas de côté » en évitant de travailler pour des entreprises qu’ils estiment « coupables ». D’autres, négocient des temps partiels, s’engagent dans des associations, des services civiques ou réfléchissent à prolonger leur engagement dans la recherche.

    « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes »

    Clément Choisne a joint le geste à la parole. Il est depuis quelques mois professeur contractuel de physique chimie dans un lycée à Nantes. « J’ai grandi au Mans, je viens d’un milieu ouvrier et je suis celui qui a obtenu le plus haut niveau d’études dans ma famille. Etre admis dans une grande école d’ingénieurs, c’était la promesse de faire carrière », explique-t-il. Il lui a fallu trois ans d’études et plusieurs stages dans des entreprises de « transition écologique » pour prendre conscience que le développement durable était une notion « dépassée », selon lui : « Cela donne l’illusion qu’on peut continuer à vivre avec le même modèle économique en y ajoutant une touche verte ». La stratégie des « petits pas » et les contradictions du monde économique le découragent : « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes. »
    Paul (le prénom a été changé), diplômé de Centrale Lyon, a vécu ce qu’il nomme sa « dissonance cognitive », c’est-à-dire le fait d’être en contradiction avec soi-même. En CDD dans un grand groupe industriel spécialisé dans la construction, il est recruté pour développer un secteur qu’il pense vertueux : l’éolien. Mais voilà, les objectifs de rentabilité priment sur l’enjeu écologique : « il fallait gagner des appels d’offres et in fine mon boulot consistait à vendre du béton ». Lorsque son supérieur lui propose un CDI après dix mois de travail, il préfère décliner. « Je sentais déjà mon malaise dans cette fonction d’ingénieur commercial. J’avais besoin de prendre de la hauteur, sur moi et sur le système dans lequel je m’inscrivais », explique-t-il aujourd’hui.

    Maiana Houssaye, 23 ans, diplômée de Centrale Lyon, évoque elle aussi une « perte de sens totale » et la même dissonance cognitive lors d’un stage en Nouvelle-Zélande, dans une entreprise de biotechnologies. Pendant son année à l’étranger, elle voyage en Asie et se rappelle de son sentiment d’écœurement en nageant dans une mer de plastique à Bali. « Je crois que j’ai fait un burn-out. Mon envie d’agir s’est déclenchée à ce moment-là. J’ai préféré prendre du temps et me déclarer au chômage volontaire pour comprendre la complexité du réchauffement climatique et réfléchir à ce que je pouvais faire », raconte-elle.
    Voilà plusieurs mois qu’elle voyage en France à la rencontre d’ingénieurs qui ressentent « le même malaise ». La réalité se rappelle parfois à elle, un peu abrupte. Alors que ses camarades de promo touchent des salaires, Maiana est retournée vivre chez ses parents à Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle donne des cours de physique-chimie en attendant de créer ou choisir un métier qui lui convienne, « en étant honnête et consciente de ses effets sur la société, la nature, le monde ».

    Sentiment d’urgence

    « Je constate, au fil de mes recherches sur la colère des jeunes depuis 2012, que ce sentiment d’urgence face à la catastrophe écologique est de plus en plus prégnant, confirme Cécile Van de Velde, professeure de sociologie à l’université de Montréal et maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Cette génération a un rapport au temps particulier : ils ressentent la finitude du monde. En 2008, c’était la crise économique et sociale qui structurait la colère. Aujourd’hui, ce malaise est plus profond, plus intime. » La chercheuse reconnaît dans cette posture le refus d’un héritage trop lourd à porter. C’est aussi « l’autre versant » de la colère des classes populaires : « chez cette jeunesse bien informée, bien formée et qui a des ressources, il y a un refus de transmission du système ».

    Les grandes écoles observent depuis plusieurs années cette quête de sens dans l’orientation de leurs diplômés. Néanmoins, « le pas de côté en dehors du monde du travail » est « ultraminoritaire », assure Frank Debouck, directeur de Centrale Lyon, dont « 99 % des diplômés sont en emploi ». Au niveau national, les taux d’insertion à la sortie des grandes écoles battent des records pour les ingénieurs : 71,9 % des jeunes diplômés travaillent, selon l’enquête insertion 2018 de la Conférence des grandes écoles (CGE). Seulement 2,1 % des sondés se déclarent « sans activité volontairement ». « De plus en plus de Centraliens choisissent des petites structures où ils comprennent ce qu’ils font et pourquoi ils sont là. Il y a quinze ans, 50 % d’une promotion s’orientait directement dans les grands groupes », précise le directeur. « Maiana est une lanceuse d’alerte. Mais tout le monde ne peut pas être lanceur d’alerte. C’est bien de crier, mais qu’est-ce qu’on fait après ? », interroge-t-il.
    A Centrale Nantes, le directeur Arnaud Poitou a écouté avec intérêt le message « surprise » de Clément Choisne lors de la cérémonie de remise des diplômés. « Voilà un acte de courage » estime-t-il. Il reçoit depuis plusieurs mois des sollicitations de ses élèves pour identifier les entreprises qui polluent et celles qui ont une forte empreinte carbone. « C’est une demande à laquelle je ne peux souscrire. Je ne peux pas leur dire quelles sont les bonnes et les mauvaises entreprises », admet-il.
    « On ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur »

    A Polytechnique, ils sont 611 à avoir signé le manifeste, soit 25 % des effectifs. Un vrai signal dans cette école très proche traditionnellement des milieux industriels et des postes de pouvoir. Philippe Drobrinski, directeur d’un laboratoire à Polytechnique et climatologue, s’en réjouit : « A mes élèves, je dis toujours : “vous êtes la première génération à prendre conscience de l’urgence à agir, et la dernière génération à pouvoir faire quelque chose”. » Pour autant, « on ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur », tranche le chercheur. Amaury Gatelais, étudiant des Mines ParisTech, estime aussi que le boycott des entreprises n’est pas une bonne idée : « Si tous les plus convaincus et les plus écolos fuient les entreprises comme Total, il ne restera plus que ceux intéressés par l’argent et donc qui ne feront rien pour le réchauffement climatique ».

    Promis à un brillant avenir, que feront, demain, ces bons élèves des grandes écoles ? Paul raconte qu’il a renoué avec une certaine créativité, absente de ses longues études : « c’est une des clés pour tenter de s’adapter aux prochains changements climatiques et sociétaux qui bouleverseront notre confort et pour penser la civilisation suivante. Comment rendre cool et séductrice une société plus sobre énergétiquement ? Comment montrer que faire du vélo, c’est bon pour la santé ? Que prendre l’avion, ce sera un truc rare dans une planète où vivent sept milliards d’êtres humains ? » Clément Choisne aimerait créer au Mans un « espace de solidarité ». Un lieu où l’on pourrait parler de jardins potagers urbains, de modèles décroissants. Dans son discours à Centrale, il a choisi de conclure en citant l’anthropologue américaine Margaret Mead : « N’oubliez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés peut changer le monde. »

  • #Paywall ? #Sanofi : des traces de #Dépakine retrouvées dans le sang d’ouvriers

    Des traces de Dépakine, ce médicament pris par des personnes souffrant d’#épilepsie et de troubles #bipolaires, ont été mesurées dans le sang d’ouvriers qui en fabriquent la molécule, à l’usine Sanofi de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques). De faibles doses d’acide valproïque, le composant actif du valproate de sodium, ont été détectées sur onze personnes ayant accepté de subir un test sanguin. Cette substance est considérée comme cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction (CMR), et classée reprotoxique de catégorie 1, c’est-à-dire qu’elle est capable d’interférer avec la reproduction humaine.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/110419/sanofi-des-traces-de-depakine-retrouvees-dans-le-sang-d-ouvriers

    • Santé Enquête

      Sanofi : des traces de Dépakine retrouvées dans le sang d’ouvriers
      11 avril 2019 Par Jade Lindgaard

      Onze salariés de l’usine de Sanofi qui fabrique la molécule de la Dépakine présentent des traces de valproate de sodium dans leur sang, une substance cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction, alors qu’ils ne prennent pas ce médicament.

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      Des traces de Dépakine, ce médicament pris par des personnes souffrant d’épilepsie et de troubles bipolaires, ont été mesurées dans le sang d’ouvriers qui en fabriquent la molécule, à l’usine Sanofi de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques). De faibles doses d’acide valproïque, le composant actif du valproate de sodium, ont été détectées sur onze personnes ayant accepté de subir un test sanguin. Cette substance est considérée comme cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction (CMR), et classée reprotoxique de catégorie 1, c’est-à-dire qu’elle est capable d’interférer avec la reproduction humaine.

      Deux vagues d’examens sanguins, selon une méthode de biométrologie, autrement dit la surveillance biologique des expositions professionnelles, ont été conduites auprès des salarié·e·s du site. Selon les premiers tests, réalisés les 27 et 28 novembre 2018, présentés en CHSCT en janvier et révélés par Sud Ouest, trois personnes présentaient des traces d’acide valproïque dans leur sang.

      À l’issue d’une deuxième campagne, menée à partir du 29 janvier, huit autres personnes ont été détectées avec du valproate de sodium dans leur organisme alors qu’elles ne prennent pas de Dépakine pour se soigner, selon le groupe Sanofi, en réponse à des questions de Mediapart. Cela représente une part non négligeable des 64 personnes, dont dix intérimaires, qui ont accepté de se faire examiner. Le site emploie 54 salariés en avril 2019. « Les prélèvements n’ont pas révélé de trace de valproate pour la très grande majorité du personnel testé, à l’exception de quelques opérateurs de production », répond Sanofi.

      Les tours bleues de l’usine Sanofi à Mourenx (DR). Les tours bleues de l’usine Sanofi à Mourenx (DR).

      « Il n’y a pas de sujet », « les doses sont infinitésimales », « vous faites du mal aux salarié·e·s », « vous n’avez pas l’air de savoir ce qu’est une usine » : le premier échange téléphonique avec le groupe pharmaceutique est un peu tendu. Puis au fil des questions, la communication se délie et apporte de premiers éléments d’information : « Une analyse détaillée des causes de la présence de telles traces a permis d’identifier que le mode de retrait des équipements de protection individuelle était susceptible de remettre en suspension des particules présentes sur ces équipements de protection. »

      Les postes de travail intervenant sur la phase finale de fabrication du valproate de sodium sont particulièrement concernés par l’exposition à la substance toxique. Les travailleurs y sont équipés de cagoules hermétiques, d’un système de traitement de l’air et de gants. Mais ces protections individuelles sont critiquées par le coordinateur adjoint CGT Sanofi, Jean-Louis Peyren : « Si le filtre du boîtier aspirant l’air ne fonctionne pas bien, vous êtes contaminé. »

      Le syndicat demande la mise en place de protections collectives, plutôt que de dépendre chacun de son propre appareil. Pour l’organisation, les conditions de déshabillage des travailleurs n’offrent pas assez de protection : « C’est juste une cabine de déshabillage, avec une rubalise [ruban de signalisation – ndlr] collée au sol. D’un côté on peut se déshabiller, de l’autre on ne peut pas. Ça ne protège de rien du tout. » De son côté, Sanofi répond qu’« afin d’empêcher toute mise en suspension, un sas permettant l’élimination des particules encore présentes sur les équipements avant leur retrait sera mis en place prochainement ». Et que des mesures transitoires ont déjà été déployées.

      Les résultats issus de la première campagne d’examens sont inférieurs au dixième de la valeur de référence, explique la direction du site. Selon le PowerPoint présenté aux salarié·e·s et lu par Mediapart, les taux mesurés dans le sang des travailleurs atteignent respectivement 0,11 milligramme par litre (mg/l), 0,20 mg/l et 0,22 mg/l. Le seuil d’effet sanitaire est établi bien au-dessus, à 5 mg/l.

      Le site de Sanofi chimie est une installation classée pour l’environnement (ICPE). Jusqu’à l’été dernier, il rejetait de grandes quantités de valproate de sodium dans l’atmosphère, sans arrêté préfectoral pour les limiter. « Sur Mourenx, bien que les résultats de mesures d’exposition sur les postes de travail soient satisfaisants, et qu’aucune alerte médicale n’ait été rapportée dans le cadre de la surveillance médicale, nous avons décidé de mettre en place la biométrologie en novembre 2018 en concertation avec l’inspection du travail, explique le groupe. Ce n’était pas une obligation. »

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      Les femmes en âge de procréer sont particulièrement vulnérables au valproate car, en cas de grossesse, il est associé à un risque de malformation congénitale et à des troubles du développement, explique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Aucune femme ne se trouve parmi les personnes détectées, selon Sanofi, qui précise que des travailleuses ont bien subi l’examen. Fin 2017, l’usine de Mourenx ne comptait que 5 femmes, sur 57 salarié·e·s au total.

      Quel bilan le groupe pharmaceutique tire-t-il de ces mesures ? « Chez les opérateurs de production ayant présenté des traces de valproate, les concentrations décelées dans le sang sont largement inférieures à la valeur guide de référence dans le cadre d’une exposition professionnelle, définie par des experts externes », répond le service de communication du groupe. Il est exact que les valeurs sanguines détectées se situent très en dessous de la valeur guide, qui correspond à la concentration minimale qui pourrait entraîner des effets thérapeutiques sur les personnes concernées. Mais il n’existe pas aujourd’hui de valeur toxique de référence pour évaluer si les doses mesurées chez les salarié·e·s représentent un risque chez ces personnes, quand bien même elles se trouvent bien en deçà de la valeur guide thérapeutique. C’est bien sûr essentiel, puisque ces individus n’ont aucune raison de prendre du valproate de sodium comme médicament. Et donc aucune raison d’en subir les éventuels impacts néfastes sur leur santé.
      « L’évaluation du risque chimique d’exposition aux produits CMR est insuffisante »

      L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a été saisie le 29 juin 2018 par la Direction générale de la santé ainsi que par la Direction générale de la prévention des risques pour établir cette valeur de référence. « Des effets neurodéveloppementaux et néfastes sur la reproduction pourraient apparaître à des doses plus faibles que celles induisant des malformations congénitales », expliquait le groupe d’expertise d’urgence de l’Anses en juillet 2018. Les résultats de ce travail sont annoncés pour le deuxième trimestre 2019. Par ailleurs, l’agence doit aussi rendre un avis avant l’été sur les dispositions mises en œuvre par Sanofi concernant la surveillance biologique des travailleurs, et les mesures de prévention mises en œuvre au titre de l’exposition professionnelle. Contacté, le centre de biologie et de recherche en santé du CHU de Limoges, qui a analysé les prélèvements sanguins à la demande du groupe pharmaceutique, n’a pas répondu à nos questions.

      Sanofi exploite depuis 1975 cette usine, située sur la plateforme Chem’Pôle64 dans le bassin de Lacq, un des plus gros sites d’industries pétrochimiques en France (voir ici et là nos articles sur ce lieu historique d’extraction de gaz, et les problèmes sanitaires qu’il génère). Pourquoi ces mesures de biométrologie n’ont-elles pas été prises plus tôt ? C’est d’autant plus étonnant qu’une autre usine du groupe, située à Amilly (Loiret), où est fabriquée la forme médicamenteuse de la Dépakine, connaît deux campagnes d’examens par an. Le groupe répond que « la biométrologie n’est pas une mesure obligatoire ni systématique. Elle a été mise en place par la médecine du travail du site d’Amilly en réponse à des symptômes non spécifiques, rapportés chez certaines personnes ». Selon le fabricant, « les résultats sont satisfaisants ».

      Pourtant, Mediapart a pu voir le résultat du test d’un salarié de cette usine, qui montre la présence de 0,11 mg/l d’acide valproïque dans son sang, en 2017. « La personne à laquelle il est fait référence en 2017 a réalisé un prélèvement en laboratoire de ville (type dépakinémie), répond Sanofi. La méthodologie d’analyse n’était pas adaptée au contrôle des expositions professionnelles et le résultat se situait dans la zone d’incertitude ne permettant pas de valider la mesure. Un nouveau prélèvement sanguin, selon le protocole adapté pour les expositions professionnelles, a été réalisé et aucune trace de valproate de sodium n’a alors été détectée. »

      En réalité, la direction de l’usine Sanofi de Mourenx a mis beaucoup de temps à accepter les tests sanguins sur ses salarié·e·s. Dans une lettre adressée à l’inspection du travail le 10 juillet 2018, Franck Gallice, le directeur du site, écrit qu’« il n’existe pas de méthode de prélèvement ni de méthode d’analyse de l’acide valproïque pour déterminer l’exposition professionnelle ». Et aussi que « le médecin du travail de la plateforme Chem’Pôle64 nous indique qu’il ne dispose pas de résultats de biométrologie pour les substances valproate de sodium et acide valproïque car ces substances ne disposent pas d’indicateur biologique d’exposition ». Pourtant, la présence de Dépakine se mesure facilement dans le sang, assure Marine Martin, responsable de l’Apesac, une association regroupant des personnes impactées par les effets nocifs de la Dépakine.

      Les mesures de biométrologie ne peuvent servir que d’alerte : les impacts de l’acide valproïque dépendent en partie du métabolisme de chacun·e. Elles ne peuvent se substituer à des mesures de prévention. L’inspection du travail suit de très près les mesures prises, ou non, par Sanofi pour protéger ses travailleur·se·s. En mai 2018, elle prévient par courrier la direction de l’usine que plusieurs manquements aux règles de protection de ses salarié·e·s ont été observées : « L’évaluation du risque chimique d’exposition aux produits CMR est insuffisante et doit être revue. » Le valproate de sodium et l’acide valproïque sont cités à plusieurs reprises dans le courrier.

      Le site de Sanofi à Mourenx a déjà été pris en défaut : l’année dernière, Mediapart et France Info révélaient qu’il avait émis dans l’atmosphère jusqu’à 190 000 fois plus que le maximum autorisé d’une autre substance cancérogène et susceptible d’altérer la fécondité, le bromopropane. Depuis, des travaux ont été entrepris et les rejets sont revenus sous le seuil légal. Concernant les mesures prises pour protéger les travailleur·se·s du valproate de sodium, la question reste posée.

      Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

  • #Yémen : de l’école au cimetière, les petits boulots des #enfants de la #guerre - La République des Pyrénées.fr
    http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2019/03/24/yemen-de-l-ecole-au-cimetiere-les-petits-boulots-des-enfants

    D’après l’Organisation internationale du travail, le Yémen est le pays où le travail des enfants est le plus répandu dans le monde arabe.

    Et, avec le chaos de la guerre, les enfants sont les plus exposés, des filles étant mariées avant 15 ans et des garçons recrutés comme #enfants_soldats.

    En novembre 2018, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a qualifié le Yémen d’"#enfer sur terre" pour les enfants, 80% des mineurs ayant besoin d’aide.

  • L’Ariège, l’anti-Start-Up Nation - Les Echos
    https://weekend.lesechos.fr/business-story/enquetes/0600936642295-lariege-lanti-start-up-nation-2254529.php

    Le paradis pyrénéen des randonneurs est l’enfer des entrepreneurs macronistes. Avec ses deux députés La France insoumise, ses communautés alternatives perchées dans les montagnes, et malgré 12% de chômage, ce département rejette le développement économique au nom du bien vivre. Une enquête sociologique.

    Si la voix de l’Elysée a du mal à porter jusqu’en Ariège, ce n’est pas à cause des quelque 800 km qui séparent Foix, sa préfecture, de Paris. C’est plutôt la doxa sociale libérale d’Emmanuel Macron qui passe mal dans la partie la plus sauvage et certainement la plus belle des Pyrénées. Ici, le ruissellement et les premiers de cordées chers au président de la République évoquent les sources, les rivières et les randonnées en montagne,...

    Ah ... ça consonne avec des impressions ressenties sur place, beaucoup de personnes ordinaires, ni fans de possession de bagneules distinctives, ni affolées par l’esprit de lucre et la concurrence, je l’aurais bien lu. #paywall #Ariège_terre_d'asile

    • Quant à la start-up nation, elle n’a aucun sens : la fibre commence à peine à être installée dans le département. Le discours volontariste présidentiel n’y est pas seulement inaudible, il est même à l’opposé de l’esprit ariégeois. L’Ariège, sobre et rurale, c’est tout simplement l’anti-start-up nation.

      Aux deux-tiers montagnard, le petit département de 150 000 habitants, terre d’élection des ours et des loups au sud, dans les hauteurs du Couserans ; bastion industriel de l’aéronautique au nord, dans la plaine d’Ariège, a été socialiste pendant plus de cent ans, depuis la IIIe République. « Et pas socialiste rose pâle : ici, nous sommes d’un rose vif franc et courageux », précise Alain Duran, l’unique sénateur (PS) qui se situe lui-même « à gauche de la gauche ». En 2017, le département rompt brutalement avec cette tradition : Jean-Luc Mélenchon y réalise son meilleur score au premier tour de l’élection présidentielle, avec plus de 26% des voix - six points devant Emmanuel Macron -, 18,5 points devant Benoît Hamon qui culmine à... 7 300 voix. Un mois plus tard, aux législatives, les deux circonscriptions ariégeoises choisissent de nouveau La France insoumise, faisant de l’Ariège le seul département 100% LFI. « L’Ariège a fait le choix du dégagisme humaniste, s’enorgueillit Michel Larive, le député de la deuxième circonscription, à l’ouest. Nous construisons ici une société qui n’est pas fondée sur la consommation. Comment cela serait-il possible : plus on monte dans les montagnes, moins il y a de magasins... »

      Bordallo, Trigano, deux visions

      Ce jour-là, installé dans la minuscule mairie de Loubaut, 31 habitants, le quinquagénaire est venu faire la connaissance du maire du village, Ramon Bordallo, un libertaire qui s’est battu devant le tribunal administratif pour éteindre la nuit les deux lampadaires de sa commune et a barricadé le compteur électrique de la mairie pour empêcher l’installation de Linky. Les deux hommes s’entendent bien, mais le député ne convainc pas : « La France insoumise est trop productiviste, soupire Ramon Bordallo, je crois en la résilience par la solidarité humaine, pas à la croissance ni à la surexploitation des mers et des terres. » Pourtant, le département vit mal, avec 18,5% de sa population sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Ne faudrait-il pas créer de l’emploi, attirer des cadres, des entreprises ? « Vous avez envie d’être riche, vous ? » demande Michel Larive à Ramon Bordallo. L’autre rigole franchement. La mairie, située sur une butte face aux Pyrénées enneigées, offre un panorama spectaculaire. Aux alentours, des vallons, des arbres, quelques maisons tranquilles. Le silence total est brisé par ce seul rire.

      À 40 km de là, il y a leur exact opposé, André Trigano, maire de Pamiers, la plus grosse ville du département, 16 000 habitants, 35 000 si l’on compte l’aire urbaine. Frère de Gilbert (Club Med), oncle de Serge (Mama Shelter), fondateur de Campeole (Campings), c’est un entrepreneur, un capitaliste fier de l’être. Ils ne sont pas nombreux dans le département, mais il a réussi à en fédérer bon nombre sur son territoire, de loin le plus dynamique du coin. À 93 ans, le jeune homme en costume trois-pièces affiche « 75 ans de vie professionnelle et 49 ans de vie publique ». Il prévient qu’il ne se représentera pas aux prochaines municipales... « Sauf s’il faut barrer la route au Rassemblement national. » André Trigano a d’abord été élu maire de Mazères en 1971. La petite ville, au nord du département et au sud de Toulouse, n’a alors plus un seul emploi salarié : il ne reste plus que des fonctionnaires et quelques artisans. Tout le reste a disparu, les habitants partent en continu s’installer ailleurs.

      Trigano se fait élire sur une seule promesse : créer 100 emplois salariés. Il va en créer 200 dès son premier mandat, en attirant Ruggieri, l’entreprise marseillaise de feux d’artifice et d’explosifs qui cherche une usine plus grande et a besoin d’un site Seveso gigantesque en raison des dangers d’explosion - l’usine explosera d’ailleurs en partie en 1993, sans faire de victime car c’était un dimanche. « Vingt ans plus tard, j’étais toujours maire, j’avais créé 700 emplois salariés et Mazères comptait 7 000 habitants, contre 1 800 au départ. »

      André Trigano prend goût à la politique. Il est élu député, siège au conseil départemental, à la Région, finit par être élu à Pamiers : « J’y ai créé 5 700 emplois, attiré 220 entreprises, toujours avec la même méthode : des entreprises diversifiées, un bon équipement, des permis de construire rapides, une aide efficace pour monter les dossiers, un financement grâce à nos relations. » Mais Trigano, paisiblement positionné au centre droit, se sent bien isolé au milieu des socialistes ariégeois qui le décrivent comme un libéral endurci. Il sourit avec une bienveillance très bien jouée et assène, faussement désolé : « Ils ne connaissent rien à l’entreprise, les pauvres. Ce sont des fonctionnaires, vous savez. »

      Le fait est que d’entreprise privée, de carrière, on ne parle pas beaucoup ici. L’enrichissement personnel, la réussite professionnelle, tout cela est beaucoup moins valorisé que l’épanouissement de l’humain et l’harmonie avec la nature - le parc naturel couvre 40% de la superficie du département. « Ici, on préfère la qualité de vie au stress des transports en commun bondés, on mange sainement, on respire un air pur », assure Bénédicte Taurine, députée de la première circonscription du département. C’est vrai, la qualité de l’air ariégeois est l’une des meilleures de France et sa densité l’une des plus faibles, avec 31 habitants au kilomètre carré, contre 21 000 à Paris, soit 700 fois plus. Bénédicte Taurine, elle-même, n’avait pas du tout prévu de faire carrière. La syndicaliste de toujours était persuadée de n’avoir aucune chance d’être élue quand, toute jeune quadra, elle a accepté en 2017 d’être tête de liste de La France insoumise... Pour elle, l’entreprise s’apparente plus à un risque qu’à une promesse. Elle a vécu au sortir de l’adolescence la catastrophe de l’arrêt de l’usine Pechiney (1 000 emplois supprimés à Tarascon, qui comptait alors 8 000 habitants) et la disparition progressive de l’industrie textile qui faisait vivre Lavelanet, en pays cathare. Alors le privé et ses incertitudes, elle ne leur fait pas confiance : « Je crois qu’il faut de nouvelles activités, mais pas forcément une industrie de masse. »

      Le public et l’associatif avant tout

      Cette idée - ignorante de toute réalité économique- que le salut ne viendra pas du privé, mais du public et de l’associatif, est partagée par la plupart des cadres politiques locaux. Norbert Meler, maire de Foix, élevé dans un milieu libertaire par des parents anarchistes, donne priorité à la réparation des inégalités du système plutôt qu’au développement économique. Dans une ville où le taux de pauvreté est élevé - 30% des élèves paient la cantine 1,30 euro (soit une réduction de 50%, sous conditions de ressources) -, il mise sur la cohésion sociale par le sport : piscine dernière génération, vélodrome rénové en 2017, stade d’athlétisme, dojo, aires multisports, boulodrome, aire de skate, terrains de volley, espaces de streetball, stade d’eaux vives... Pour une ville de moins de 10 000 habitants. « Nous concentrons l’offre sportive pour tous les environs, défend Norbert Meler. Et puis c’est ainsi que nous pouvons identifier les enfants les plus démunis et les aider. Très peu passent entre les mailles du filet, nous avons un système associatif très performant. »

      Le tourisme, lui, a été un peu négligé. Pourtant, la petite cité est une merveille médiévale, avec des rues entières conservées quasiment intactes depuis l’époque du puissant comté de Foix. Elle est surplombée par un spectaculaire château fort millénaire, orné de deux tours quadrangulaires et d’une tour ronde entourés par une enceinte fortifiée. On le visitait naguère en moins d’une heure. Des travaux pour revaloriser l’endroit se termineront en juin, moyennant quoi « les touristes pourront désormais rester une bonne demi-journée sur les lieux. Nous espérons passer de 80 000 visiteurs par an à 120 000 », assure le maire.
      Solidarité et vaste plan fibre

      À l’hôtel du département, peu après la mairie, le discours est tout aussi ferme quand il s’agit de solidarité et tout aussi étrangement indifférent au développement économique. Henri Nayrou, le président du conseil général, issu d’une grande famille de cadres socialistes locaux, fait partie des 13 présidents de département prêts à expérimenter le revenu universel : « J’avais proposé revenu décent, c’était plus parlant. » Le projet a été bloqué par le Parlement à la fin du mois de janvier. Engagé en politique depuis des décennies, il sait de quoi il parle en matière de solidarité : le département y consacre 67% de son budget, soit 116 millions d’euros. Une bonne partie de l’enveloppe va au RSA, passé de 19 millions en 2006 à 37 millions en 2017. L’Etat ne compense pas tout, contrairement aux promesses faites. Malgré des finances très serrées, un plan colossal a tout de même été lancé pour installer la fibre partout d’ici à 2025 et désenclaver ceux qui vivent dans les coins les plus reculés. En revanche, aucune réflexion n’a véritablement été menée pour identifier les entreprises qui pourraient venir s’installer grâce à la fibre. « On a mis le terreau, tranche Henri Nayrou, ce n’est pas notre rôle de faire du business. »

      Un état d’esprit qui s’exprime de manière encore plus radicale dans les montagnes du Couserans, au sud du département. La nature y est sauvage, les montagnes s’y élèvent jusqu’à 3 000 m. C’est là qu’ont été relâchés les ours slovènes, qui seraient environ 50 aujourd’hui, que des loups ont été aperçus cet hiver. Là que les derniers bergers luttent pour le pastoralisme malgré la présence des deux espèces de prédateurs qui égorgent des dizaines de brebis chaque année. Là encore que se sont fixées des populations qui ont choisi de vivre autrement, dans des yourtes, des cabanes, des granges retapées. Discrets, voire invisibles, il est difficile de les trouver si l’on ne sait pas exactement où les chercher. Ils veulent rester « les pieds dans l’herbe », « à l’air libre », « hors les cadres », « sans pollution, ni sonore ni visuelle », comme ils le disent au hasard des rencontres, toujours sous couvert d’anonymat. Le confort est assuré par des panneaux solaires, des branchements sur des sources, un poêle à bois. On trouve ici le plus grand nombre d’enfants non scolarisés - 300 en Ariège au total -, et les trois seules écoles hors contrat du département. Dans des épiceries solidaires, ouvertes 24h/24, on prend ce dont on a besoin et on place soi-même l’argent dans la caisse.

      Combien sont-ils ces néoruraux qui, tout en travaillant (certains sont même salariés à Paris), ont choisi de créer une société d’« autonomie collective » ? « Nous sommes des centaines », assurent-ils. Dans cette atmosphère à la fois frondeuse et militante, précaire et vulnérable, certains se sentent très seuls. « L’attractivité économique, ici, c’est secondaire », enrage Jérôme Azéma, candidat malheureux pour LREM aux législatives, qui a des idées à la douzaine pour relancer le tourisme avec des hôtels, un parc d’attractions médiéval, un nouveau portail interactif pour proposer séjours à thème et parcours fléchés... « L’autoroute entre Toulouse et Barcelone ? Elle ne se fera jamais », se désole de son côté Paul-Louis Maurat, président de la CCI, qui sait bien que jamais des usines exportatrices ne s’installeront si les infrastructures ne sont pas performantes. Et ne se fait aucune illusion : les associations de protection de la nature ne laisseront pas un seul engin de chantier approcher de la montagne. L’Ariège restera une terre de lutte. Mais après tout, « vous voulez devenir riche, vous ? »

      –—

      Villégiature pour caciques

      Terre socialiste, l’Ariège a longtemps attiré les grands noms du PS, qui s’y sont retrouvés... en toute discrétion. Laurent Fabius a acheté en 2003 dans le village du Carla-Bayle une résidence avec vue panoramique sur les Pyrénées qu’il a évaluée à 680 000 euros dans sa déclaration de patrimoine de 2013, lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères. Le ministre a financé, sur sa réserve parlementaire, des rénovations nécessaires dans le petit village dont les ressources financières sont limitées.

      Tony Blair a, pendant près de dix ans, passé tous ses mois d’août dans le village circulaire de Saint-Martin-d’Oydes, où il était devenu une célébrité locale.

      Jean-Pierre Bel, président du Sénat pendant le quinquenat de François Hollande, s’est retiré depuis 2014 vers Lavelanet, dans le pays d’Olmes, pour préparer les élections municipales de 2020 à Toulouse.

      Enfin, non loin de l’Ariège, mais en Haute-Garonne, se trouve Cintegabelle, l’ancien fief rural de Lionel Jospin...

      Allégorique tungstène

      La possible réouverture d’une mine en sommeil depuis trente-deux ans, sur la rivière Salat, divise profondément les Ariégeois. La société australienne Apollo Minerals souhaite exploiter à nouveau son tungstène, un métal extrêmement dur et résistant aux plus hautes températures, utilisé pour fabriquer des pales de turbine ou des foreuses, qui intéresse particulièrement l’industrie spatiale et l’armement. La Chine, qui dans les années 80 a inondé le marché mondial de son tungstène bon marché, a provoqué la fermeture de nombreux sites et assure aujourd’hui 85% de la production mondiale. L’augmentation de la demande et des prix a rendu l’exploitation en France de nouveau intéressante. L’Etat a encore trois ans avant de se prononcer sur la réouverture. Le maire de Couflens est vent debout contre le projet.

    • merci @lyco ! Le brevet décerné par Les Échos enjolive les positions des édiles radsocs et PS quant à leur rapport à l’économie et à la morale du travail (ils n’ont pas hésité à faire la #chasse_aux_pauvres). Leur enquête « sociologique » (attention, expliquer c’est justifier !) néglige une autre histoire tout juste lisible entre les lignes : des néo ruraux il y en a des générations successives depuis le début des années 60 ; de plus l’exode rural des Ariégeois s’est beaucoup fait vers Toulouse et alentour, avec le maintien de liens locaux autour de maisons et terres familiales.

  • Macron au ski pendant la mise à sac des Champs-Elysées : le gouvernement rame pour défendre le président (Marianne)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15795-macron-au-ski-pendant-la-mise-a-sac-des-champs-elysees-le-gouvernem

    L’absence d’Emmanuel Macron, sur les pistes de ski dans les Pyrénées ce week-end tandis que "l’acte XVIII" des gilets jaunes dégénérait sur les Champs-Elysées à Paris, lui vaut un tir nourri de l’opposition. Selon "Le Monde", les services de renseignement avaient pourtant signalé le risque de violences samedi.

    Emmanuel Macron est rentré précipitamment de La Mongie dans la soirée de samedi. - LAURENT DARD / DDM / AFP

    "Il n’allait pas courir après chaque casseur sur les Champs-Elysées !". Ce lundi 18 mars sur Europe 1, la secrétaire d’Etat Brune Poirson, comme le reste du gouvernement depuis samedi, a sorti les rames pour justifier l’escapade au ski d’Emmanuel Macron pendant "l’acte XVIII" des gilets jaunes. Alors que la (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Emmanuel Macron en week-end au ski dans les Pyrénées : « C’est une parenthèse pyrénéenne » - 15/03/2019
    ladepeche.fr - Publié le 15/03/2019 à 19:07 , mis à jour le 16/03/2019 11:36
    https://www.ladepeche.fr/2019/03/15/macron-de-retour-sur-les-pistes-de-la-mongie-ce-vendredi,8070803.php

    Le Président de la République est arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi à La Mongie dans les Hautes-Pyrénées où il a retrouvé Brigitte, ainsi que ses amis d’enfance, pour s’offrir un moment de répit jusqu’à ce dimanche. (...)

    • Macron écourte son séjour au ski et rentre à l’Elysée
      http://www.lefigaro.fr/flash-actu/macron-ecourte-son-sejour-au-ski-et-rentre-a-l-elysee-20190316

      Par Le Figaro avec AFP Mis à jour le 16/03/2019 à 20:19 Publié le 16/03/2019 à 19:22

      A la suite des graves violences survenues à Paris en marge du rassemblement des « gilets jaunes », le président Emmanuel Macron a décidé d’écourter son séjour dans la station de ski pyrénéenne de La Mongie et rentre dès ce samedi soir à Paris, selon la présidence de la République. Il doit se rendre à la cellule de crise, au ministère de l’Intérieur, autour de 22h30.
      Il était arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi pour « se ressourcer » dans ce lieu qu’il affectionne depuis son enfance et où se trouve également son épouse, Brigitte Macron.

    • Bonne nouvelle : Le #sauveur de la FRANCE daigne changer l’organisation de son week end.

      Comment imaginer que le résident de la République n’était pas au courant de ce qui allait se passer placer à Paris ?

      Comment imaginer, que des manifestants qui ne peuvent emporter avec eux des lunettes de plongée ou une pipette de sérum physiologique pour les yeux sans être arrêtés immédiatement, puissent se balader sur les champs élyséens avec des cocktails molotov, cacatov, et autres ?

      Le Grand_Débat, un gigantesque échec populaire !
      Alors que 75 000 personnes ont été contactées dans toute la France, 9 tirés au sort sur 10 refusent purement et simplement de participer à ces clowneries.
      https://seenthis.net/messages/766926

      Cerise sur le gâteau, Benalla.
      Ben oui, Benalla, l’amie personnel d’Emmanuel Macron continue d’être attaqué par les merdias mainstream.
      Pourquoi ?
      Parce que Bénalla ne fait pas partie de l’oligarchie !
      Cette oligarchie qui se permet tout, mais refuse de laisser ce privilège à des « étrangers » .

      Laisser bruler un des lieux symboliques de l’oligarchie parisienne qui songe à lâcher l’ancien employé de la banque Rothschild, est une façon de mettre le holà aux inquiet.e.s des beaux quartiers, qui dinent en ville.

      Ceci dit, les manifestations en faveur du climat, les lycéen.e.s, les étudiant.e.s risquent de foutre la merde dans le plan de carrière du banquier stagiaire élyséen, doré sur la tronche.

    • Les cafards du Fouquet’s
      https://www.humanite.fr/node/71477

      Décidément, tout fout le camp, même au Fouquet’s. Le patron de la prestigieuse cantine des stars, sur les Champs-Elysées, vient d’être condamné pour publicité mensongère ainsi que pour infractions à la réglementation sur la propreté des locaux et la congélation des produits.

      Les visites successives des agents de la répression des fraudes y ont toujours été fort utiles : le 10 juillet 1992, ces contrôleurs, que personne n’attendait, tombent sur un plateau de fromages de la ferme (à 60 francs) exclusivement composé de fromages venus d’une crémerie industrielle de la capitale. Minable.

      Ainsi encouragés à pousser plus loin leurs investigations, les limiers des fraudes pénètrent dans la réserve et dans la cuisine. Là, ils découvrent d’abord que le Mir et l’alcool à brûler sont stockés à côté de la poudre de lait, puis que des pastilles de nettoyant WC voisinent avec les boîtes de sucre en morceau. Désordre.

      Poussant plus loin leurs investigations, ils tombent nez à nez avec un régiment de blattes de « taille adulte » dans le local à vaisselle, et avec des mouches dans celui où sont entreposées le patates. Dégoût. Répulsion.

      Alors, n’en croyant pas leurs yeux et une certaine réputation, ils forcent le destin et reviennent... en septembre 1993. Cette fois, leur attention est attirée par des foies de volaille et du thon congelé sur place (à 400 francs le menu n’est-on pas en droit d’exiger des produits frais ?) ainsi que par de vulgaires poulets aux hormones qui deviennent, sur la carte du chef, de superbes poulardes de Bresse. Trop c’est trop pour l’image de marque de la France. Les PV sont dressés, la justice saisie.

      Aujourd’hui, le patron du Fouquet’s, qui gagne un million de francs par an pour galvauder l’image de marque de la France et une part de rêve, se plaint d’être traité comme un vulgaire bistrot de quartier. Si j’étais un honnête bistrotier de quartier, je l’aurais très mauvaise...

      Magali Jauffret.

  • Comment la France a tué ses langues régionales
    https://www.equinoxmagazine.fr/2019/03/01/comment-la-france-a-tue-ses-langues-regionales

    L’histoire des langues régionales en France face au français, idiome officiel de la République.

    Lorsque un Français arrive à Barcelone, il est souvent surpris d’entendre les Catalans déplorer que leur langue est en danger de mort. 95,1% des habitants de Catalogne comprennent leur langue locale et seulement 36,3% de la population l’utilise comme langue principale. Cependant, pour un Français, le Catalan apparaît comme une langue vivante présente sur l’affichage de la voie publique, utilisée par l’administration locale ou encore exclusive pour certains médias.

    Il suffit de traverser la frontière des Pyrénées pour remarquer qu’à Perpignan, pourtant territoire de la Catalogne Nord, la langue catalane est devenue résiduelle.

    Ce n’est pas un hasard. L’État français a mené une féroce politique afin de faire disparaître ses langues régionales. On évoque souvent le “jacobinisme” du nom d’un club influent post-révolution française pour expliquer la centralisation radicale de l’État français. Mais la sacralisation de la langue française est antérieure.

    • Equinox Radio Barcelone : qui sommes-nous ?
      https://www.equinoxmagazine.fr/qui-sommes-nous

      Avec une ligne éditoriale axée sur la politique, les faits de société, la culture barcelonaise, et les bons plans de la ville, Equinox est le seul média francophone basé à Barcelone sans toutefois se définir comme un média d’expatriés ou communautaire mais comme un média local catalan en français.

      Avec ses studios situés près de la célèbre Sagrada Familia, la rédaction d’Equinox se trouve toujours au cœur de l’actualité barcelonaise et a totalisé 1,7 million de pages vues en 2018. Elle est devenue la source privilégiée d’informations des 50.000 Français de Catalogne, mais aussi des francophones intéressés par l’actualité espagnole et les touristes.

      Totalement indépendant, Equinox tire l’essentiel de ses revenus des publicités d’annonceurs privés et de services aux médias français (aide aux reportages en Catalogne, traductions, interviews, etc) ou aux entreprises (voix off, traductions, rédaction). Basé en Catalogne et édité en français, Equinox ne peut prétendre ni aux aides à la presse catalanes ni aux aides à la presse françaises. Les premières étant réservées aux médias de langue catalane, les secondes aux médias du territoire français.

      Pour son travail d’information auprès des Français de Barcelone, la structure a cependant reçu entre 2015 et 2017 une partie de la réserve parlementaire du député Arnaud Leroy ainsi que des sénateurs Claudine Lepage, Jean-Yves Leconte, Joëlle Garriaud et Robert del Picchia, jusqu’à la suppression de cette disposition en 2017. Equinox compte aussi trois annonceurs publics : la mairie de Barcelone, la province de Barcelone et la région de Catalogne, qui diffusent sur ses supports des publicités d’intérêt général ou à vocation touristique. Sur les exercices 2015, 2016, 2017 et 2018, les fonds publics (annonceurs publics et réserve parlementaire) ont représenté 19% des revenus d’Equinox.

      En juillet 2018, la rédaction a décidé de mettre en place un système de micro-mécénat accessible à tous afin de continuer à financer son travail de terrain tout en garantissant son indépendance. Le micro-don s’effectue via la plateforme J’AIME L’INFO en cliquant ici.

  • Quand les barbares envahirent la périphérie
    Marchandisation et destruction des Pyrénées catalanes

    Miquel Amorós

    https://lavoiedujaguar.net/Quand-les-barbares-envahirent-la-peripherie-Marchandisation-et-destr

    Dans un monde globalisé, donc dans une société urbanisée, où une bonne partie de la population dispose d’un pouvoir d’achat satisfaisant, d’un véhicule et assez de temps « libre », les services de détente et d’évasion deviennent le secteur le plus expansif de l’économie. Dans la société de consommation, le loisir occupe une place dans la vie aliénée de plus en plus importante. À la périphérie, alors que la production industrielle s’effondre faute de compétitivité et d’innovations technologiques, l’économie se réfugie dans d’autres activités à moindre valeur ajoutée, comme la logistique, la construction et surtout le tourisme de masse. C’est le cas pour l’État espagnol et, par conséquent, pour la Catalogne. Une fois la crise de 2008-2014 terminée, particulièrement dans le contexte catalan, le tourisme industriel est devenu le principal moteur économique, ce qui implique inévitablement un impact et un profond bouleversement du territoire, d’une consistance qualitativement supérieure à tout ce qui a pu se passer jusqu’ici. Une empreinte écologique démesurée. (...)

    #Pyrénées #Espagne #Catalogne #tourisme #industrie #économie #capitalisme #destruction #territoire #montagne

  • Les identitaires toulousains ou la tentation du hooliganisme « Fafwatch Midi-Pyrénées

    Le samedi 9 février 2019, durant la manif hebdomadaire des gilets jaunes, le cortège anticapitaliste (composé en bonne partie de militants du NPA et d’Ocml-VP) a été attaqué par un groupe de gens se présentant comme des gilets jaunes voulant « chasser les casseurs ». En réalité, derrière cette opération de communication / agression, couverte par le média d’extrême-droite « Infos Toulouse », se cache (très mal d’ailleurs) une bonne partie de l’extrême-droite toulousaine. Le groupe de fascistes qui a attaqué le cortège gilets jaunes était au nombre de 34 personnes.

    https://fafwatchmp.noblogs.org/post/2019/02/11/les-identitaires-toulousains-ou-la-tentation-du-hooliganisme

  • Plongée au cœur du Facebook des « gilets jaunes »
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/01/30/plongee-au-c-ur-du-facebook-des-gilets-jaunes_5416440_4355770.html

    C’est une France qui ne manifeste pas spécialement de pensée raciste, homophobe ou antisémite, et se réclame plus volontiers de Coluche que de n’importe quel parti politique. C’est une France qui nourrit un sentiment de défiance, voire de ressentiment profond pour les « élites » de tous bords. C’est une France qui se sent vulnérable et injustement traitée, que ce soit par les forces de l’ordre, Emmanuel Macron ou les chaînes d’information. Et qui verse facilement dans un sentiment de persécution et dans une certaine forme de complotisme.

    Pour tenter de saisir la pensée des « gilets jaunes », nous avons réuni et analysé les deux cents publications les plus partagées au sein des différents groupes Facebook de la mouvance, depuis sa naissance jusqu’au 22 janvier.

    Au total, ces publications ont été partagées près de 6,9 millions de fois. La plus populaire d’entre elles a réuni à elle seule 340 000 partages et présente, ironiquement, une image qui aurait été « censurée par Facebook », selon l’auteur du message. L’intérêt de ce corpus est qu’il donne une vision des sujets qui rassemblent le plus d’internautes qui se revendiquent « gilets jaunes » en ligne, et permet d’appréhender les idées qui font consensus dans le mouvement.

    #Facebook #Gilets_jaunes

    • MÉTHODOLOGIE
      Pour réaliser cette étude, nous avons répertorié les 200 publications les plus partagées sur Facebook dans un ensemble de 204 groupes de « gilets jaunes » entre début octobre et le 22 janvier, à l’aide de l’outil d’analyse Crowdtangle. Nous les avons ensuite consultées une par une, afin d’en étudier le fond comme la forme. Lorsque cela été possible, nous avons évalué la véracité des faits qui y sont présentés.
      Les données utilisées dans le cadre de cet article sont consultables ici.
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      Après analyse, quatre grandes thématiques se dégagent de ce grand déversoir de frustrations. Elles se répondent, parfois se chevauchent, et souvent s’alimentent les unes les autres. Sans grande surprise, viennent d’abord les messages sur la mobilisation en elle-même et les instantanés de manifestations.

      Les #violences_policières sont vite devenues un sujet majeur au sein du mouvement
      Mais juste derrière, vient ce qui est rapidement devenu le grand sujet de discussion : la dénonciation de la #répression du mouvement, qu’elle s’appuie sur des faits avérés ou fantasmés. Dans ce contexte, le discours anti-élite et les #revendications précises de la mouvance sont finalement relégués au second plan.

      La répression du mouvement, sujet majeur de partage chez les "gilets jaunes"

      Parmi un ensemble de 200 messages publiés dans plus de 200 #groupes_Facebook avant le 22 janvier 2019.
      (graphique sous €)
      Autre élément intéressant dont nous avons pu mesurer l’ampleur : 35 de ces 200 messages n’étaient plus en ligne le 23 janvier, soit environ un sur cinq. Il s’agit de messages qui ont pu être modérés par les groupes Facebook en question, supprimés par leurs auteurs ou retirés par la plate-forme lorsqu’ils contrevenaient à ses conditions d’utilisation.

      La mobilisation jaune : fierté et #solidarité
      Il existe un très fort sentiment d’appartenance à la cause « jaune », qui se confond souvent avec une représentation idéalisée du #peuple. La part principale des posts les plus populaires porte sur la dimension massive de leur propre mouvement, soit pour l’alimenter, soit pour s’en féliciter, soit pour le relancer.

      Cela passe tout d’abord par des messages d’organisation, souvent rudimentaires. Ici, des #appels à bloquer un sous-traitant de la Bourse de Paris ou le marché de Rungis. Là, des appels à la solidarité, souvent lancés en direction des routiers, des motards, des chômeurs ou de figures du mouvement. A noter que si la volonté de paralyser le pays est explicite, les appels à la violence ne sont pas populaires à l’échelle du mouvement, d’autant qu’au fil des semaines, on a pu constater une #modération des propos à caractère violent, raciste ou conspirationniste. En 200 messages, nous n’avons ainsi recensé, encore en ligne à ce jour, qu’une seule glorification des violences contre les forces de l’ordre, et une invitation à mettre le « bordel » lors de la Saint-Sylvestre.


      La vidéo montrant la banda des « gilets jaunes » interprétant « Dans les yeux d’Emilie », au péage de l’autoroute A 64, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), postée le 24 novembre. SAISIE D’ECRAN /FACEBOOK
      A travers leurs groupes, les sympathisants témoignent surtout avec enthousiasme du sentiment de faire corps, de faire masse. Photos de foule en jaune, appels à se compter, chansons ou clips louant le mouvement, partage de chiffres flatteurs des mobilisations, vidéos et photos de manifestants à l’étranger illustrent cette « fierté jaune », dont la mise en scène emprunte aussi bien à l’iconographie des révolutions françaises qu’à la musique populaire – de la guinguette au rap.

      La « répression » : entre violences avérées et théories du complot

      Dans cet imaginaire, face au mouvement populaire et pacifique des « gilets jaunes » se dresse une « forteresse d’Etat » qui tenterait d’écraser la révolte comme dans les pires dictatures. Et ce, avec la complicité des médias. C’est en tout cas ce que décrivent les nombreux messages fustigeant les méthodes employées par le gouvernement depuis le 17 novembre.

      Les « gilets jaunes » considèrent cette #violence_d’Etat comme injustifiée. Ils expliquent les débordements du mouvement par des théories aux accents conspirationnistes. Les dégradations lors de certaines manifestations ? Forcément la faute à des policiers déguisés en casseurs pour décrédibiliser le mouvement – une théorie qui n’a pas été avérée à ce jour. Des voitures saccagées à Paris ? De faux véhicules, sans immatriculation. Une mobilisation qui recule au fil des semaines ? La faute à de prétendus [ben voyons : contrôles des accès à l’Idf et aux villes et arrestations massives] barrages sur l’autoroute qui auraient empêché les manifestants de se rendre aux rassemblements.

      « On n’a plus le droit de reculer, maintenant »
      Parallèlement, dès les premiers rassemblements, la « jaunosphère » relaie massivement les photos et vidéos de ses « frères » aux visages tuméfiés, d’une femme âgée au bord de l’évanouissement ou de policiers frappant un « gilet jaune » par surprise. Dès le 29 novembre, un mot d’ordre soude la foule numérique :
      « On a plus le droit de reculer maintenant, pour tous ces gens décédés, blessés gravement, tabassés gratuitement… »
      Il est toujours délicat d’interpréter ces scènes, puisqu’il s’agit souvent de courts extraits, voire d’instantanés de situations beaucoup plus complexes, quand ce ne sont pas des clichés des blessures des contestataires a posteriori. Un constat d’ensemble s’impose tout de même : la quasi-totalité des images de personnes blessées que nous avons analysées nous sont apparues soit authentiques, soit invérifiables. Deux exceptions tout de même :
      la rumeur – infondée – d’un homme tué en direct à la télévision ;
      une vidéo qui compile des violences policières, mais remontait en réalité aux manifestations contre la loi travail en 2016.

      L’abondance des exemples entretient un #sentiment_d’injustice et de persécution, probant dans les commentaires. Face à ce qui est perçu comme un abus de pouvoir de la part des forces de l’ordre, les « gilets jaunes » partagent deux types de message, l’un faisant l’apologie de jets de cocktails molotov contre la police en Corse (un seul post de ce type, mais partagé près de 50 000 fois) ; l’autre suggérant le recours à des bombes de peinture, jugé plus ludique et plus pacifique (trois posts similaires, pour 105 000 partages au total).

      On trouve également des hommages appuyés aux « gilets jaunes » considérés comme « martyrisés » par le pouvoir. C’est le cas très médiatisé de Christophe Dettinger, le boxeur accusé d’avoir frappé des policiers lors de l’acte VIII du mouvement à Paris, présenté comme un héros ayant défendu des manifestants vulnérables. Ou de celui moins connu d’un Narbonnais condamné à un an de prison.


      Critique des #élites : Macron et le train de vie des #élus dans le collimateur
      Il y a les « gilets jaunes » d’un côté, et de l’autre eux, les nantis, les élus, les #médias, pour lesquels les membres de ces communautés nourrissent un profond ressentiment. Une personnalité concentre leur animosité : Emmanuel Macron. Le président de la République est la cible de nombreuses critiques et mises en scènes, dont certaines ordurières. On lui reproche, pêle-mêle, un exercice jugé monarchique du pouvoir, sa politique économique libérale, ses liens avec la finance… Sans oublier la hausse des prix des carburants : plusieurs photomontages le présentent ainsi comme « Miss Taxes 2018 » et appellent à sa démission.


      Mais au-delà du président, ce sont tous les élus qui sont visés. Trop rémunérés, pas assez actifs, déconnectés de la #vie_quotidienne des Français… Notre échantillon des coups de gueule des « gilets jaunes » est un bon condensé des procès faits aux représentants politiques. Certains sont fondés sur des faits – comme les avantages accordés aux députés français – ; d’autres, sur des rumeurs ou de fausses informations – comme l’affirmation selon laquelle ces mêmes députés seraient deux fois mieux payés que leurs homologues allemands ou britanniques.

      Les médias ne sont pas épargnés, à commencer par BFM-TV, qui fait l’objet d’une poignée de publications virulentes l’accusant de manipulation des chiffres ou des images. Mais ils sont souvent critiqués au détour d’une dénonciation plus large, comme des complices ou des idiots utiles du système.

      A la marge, une troisième catégorie plus étonnante apparaît : le showbiz, auquel les « gilets jaunes » reprochent de s’être détourné des #classes_populaires. Outre Franck Dubosc, deux posts très plébiscités accusent Les Enfoirés d’avoir tourné le dos aux plus démunis en ne soutenant pas les « gilets jaunes ». « Coluche aurait eu comme nous honte de vous », y lit-on. A l’inverse, ils ont été nombreux à faire circuler une chanson antipolitique de Patrick Sébastien (Ah si tu pouvais fermer ta gueule) et un sketch des Guignols de l’info sur les bénéfices de Total.

      Les revendications : #automobile, #justice sociale et #RIC

      Trois grands thèmes ressortent de notre analyse : un premier, historique, sur le traitement réservé aux automobilistes (péages, carburant, radars…), qui a été le ciment de la mobilisation à ses débuts. Un second, la #précarité, qui s’est ajouté dans un second temps. Puis un troisième, le référendum d’initiative citoyenne (RIC), qui s’est imposé progressivement dans les débats.

      Ainsi, dès le 28 novembre, un message posté par une internaute récolte près de 40 000 partages. Il liste six exigences : le retour de l’impôt sur la fortune, la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités et les handicapés, la revalorisation du smic, l’annulation de la hausse du prix du carburant, la baisse des charges pour les petits commerçants et les artisans, et la réduction du nombre des élus et de leur train de vie.


      Ce message du 28 novembre, posté par une internaute, récolte près de 40 000 partages.

      Les « gilets jaunes » sont-ils « apolitiques », comme ils aiment à le clamer ? A parcourir leurs groupes Facebook, une chose est sûre : les discours et argumentaires des partis politiques traditionnels n’y tiennent qu’une place marginale, voire anecdotique. Sur deux cents messages, seuls trois relaient ainsi directement une personnalité politique : il s’agit de Marine Le Pen (RN), pour une vidéo par ailleurs mensongère sur le pacte de Marrakech, et de la députée de La France insoumise Caroline Fiat, qui apparaît deux fois pour ses prises de position en faveur des « gilets jaunes ».

      A l’inverse, bon nombre de thématiques chères à l’#extrême_droite ne sont peu ou pas abordées, à commencer par l’immigration. Tout comme la sortie de l’Union européenne, la pénalisation de l’interruption volontaire de grossesse ou l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous.
      Si des sites et des figures de l’extrême droite ont parfois réussi à surfer sur le mouvement, c’est d’abord en dehors des communautés de « gilets jaunes ». La « pensée jaune » est sans doute elle aussi une « pensée complexe ».

    • Methodologie biaisée : 200 publies les plus partagées indiquent juste le (s) dénominateur(s) commun(s) entre plein de pensées différentes, pas la tendance politique. D’ailleurs la manière d’éluder la teneur des 35 (c’est beaucoup) publications supprimées est assez significative !

  • Après dix semaines de mobilisation, comment la police analyse le mouvement des « gilets jaunes »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/01/26/apres-dix-semaines-de-mobilisation-comment-la-police-analyse-le-mouvement-de

    Semaine après semaine, ils ont été au contact des « gilets jaunes », ils ont coordonné le maintien de l’ordre ou ils ont bénéficié des remontées d’information des services de renseignement : alors que l’acte XI de la protestation doit avoir lieu samedi 26 janvier, Le Monde a interrogé des policiers, des gendarmes, des préfets pour comprendre les tendances de fond qui structurent depuis novembre 2018 ce mouvement inédit.

    Au-delà des analyses sociologiques et des chiffres de la mobilisation – imprécis et épars par nature –, nous avons cherché à identifier les grands pôles géographiques du mouvement et les différentes logiques de rassemblement à l’œuvre sur le territoire. Nous avons croisé le regard de gardiens de la paix proches du terrain, d’officiers issus de la hiérarchie intermédiaire, ou de fonctionnaires aux plus hautes responsabilités. Seules les sources syndicales ont toutefois pu être citées nommément, devoir de réserve oblige.

    Deux mouvements parallèles : un la semaine, un le week-end

    De l’avis unanime de nombreuses sources, deux mobilisations parallèles coexistent un peu partout en France, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », le 17 novembre 2018 : la première, la semaine, sur les ronds-points, avec des revendications très sociales ; la seconde, chaque samedi, lors des manifestations, avec des mots d’ordre beaucoup plus antisystème.

    Néanmoins, la mobilisation en semaine, sur les ronds-points, symbole politique initial du mouvement, a fortement évolué ces dernières semaines. « La bascule a été constatée après les fêtes de Noël », précise un fonctionnaire. Les annonces du chef de l’Etat le 10 décembre sur le pouvoir d’achat ont satisfait une partie du mouvement. Les manifestants ont aussi, en parallèle, été progressivement évacués par les forces de l’ordre en raison du caractère illégal de leur occupation. La mobilisation s’est donc reportée sur les rassemblements du week-end, dans les villes.

    Un certain nombre de « gilets jaunes » ont par ailleurs quitté les ronds-points, mais sont allés occuper des terrains de collectivités locales ou de particuliers ayant décidé de les soutenir. Ces « points de fixation », comme les appellent désormais policiers et gendarmes, sont très éparpillés. Ils réunissent un petit nombre de personnes et demeurent essentiellement le fait d’individus en recherche de lien social, parmi lesquels de nombreux retraités, affirme un haut gradé.

    A Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), par exemple, vingt à trente « gilets jaunes » qui étaient les plus engagés se sont installés sur un terrain privé, à une centaine de mètres d’un rond-point d’accès à l’autoroute A51, qu’ils avaient occupé presque sans discontinuer du 17 novembre au 7 janvier, selon Guillaume Ryckewaert, secrétaire national du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). Des ronds-points ou des sorties d’autoroute sont encore occupés régulièrement dans le reste du département et il y a parfois des opérations « péage gratuit », à Peyruis et à Sisteron, avec dix ou vingt manifestants.

    Une protestation rurale qui s’est étendue aux villes petites et moyennes

    A l’origine, le mouvement des « gilets jaunes » part du monde rural. Faute de transports publics, la contestation de la hausse des taxes sur les carburants envisagée à l’automne par le gouvernement y a en effet trouvé un écho particulièrement fort. Mais, au fil des semaines, dans de nombreux départements, les forces de l’ordre ont constaté un report progressif de la mobilisation sur les petites et moyennes villes, avec une extension du conflit à des personnes issues du tissu périurbain.

    « De façon générale, la mobilisation parisienne a servi de prise de conscience, puis il y a eu un report sur la province », confirme un haut responsable de la sécurité intérieure.

    Dans l’Est, par exemple, les grandes villes, comme Besançon, Strasbourg, Metz, ou Reims, sont restées plutôt à l’écart de la crise des « gilets jaunes ». Des tensions sont bien progressivement apparues à Mulhouse. Mais elles sont restées très inférieures à ce qu’ont connu de plus petites villes comme Bar-le-Duc, Dole, Forbach et Thionville, dont certaines sont très paupérisées et marquées au fer rouge par la désindustrialisation. Charleville-Mézières en particulier, a été confrontée à plusieurs épisodes de violences urbaines. Cette montée des tensions tiendrait notamment aux effectifs de police et de gendarmerie. A l’exception de la Moselle, les départements de la région sont moins bien dotés pour faire face à des événements impromptus.

    Dans ce paysage, Nancy, qui est un grand pôle urbain, fait figure d’exception. Les violences ont débuté dès le 17 novembre 2018 et ont eu lieu ensuite chaque week-end. Le 22 décembre 2018, quelque 2 000 manifestants se sont rassemblés, et des fusées de clous et de billes ont été jetées sur les forces de l’ordre. Cette exception nancéienne pourrait s’expliquer par la position centrale de l’agglomération : une ville entourée de territoires plus enclavés, comme la Meuse ou les Vosges, d’où sont venus une partie des manifestants. Cette « régionalisation » du mouvement façon vases communicants a surtout été constatée dans l’Est à partir du 5 janvier.

    Beaucoup de régions ont aussi observé un afflux de manifestants qui avaient initialement pris l’habitude de venir à Paris. Des personnes motivées à l’idée d’agir désormais plus localement, ou contraintes financièrement. Ainsi les autorités ont constaté des niveaux de mobilisation baissant par endroits, tandis que d’autres villes ont pris le relais, comme Nantes ou Rennes, entrées dans le mouvement plus tardivement.

    Toulouse et Bordeaux : deux exceptions épicentres des violences

    Si, en région, les petites et moyennes villes concentrent désormais la mobilisation et les dérapages, deux métropoles échappent aujourd’hui à cette règle : Toulouse et Bordeaux. Les forces de l’ordre sont certes habituées à la « tradition contestataire » d’extrême gauche de la première. Toulouse attire, qui plus est, tous les manifestants des villes lui étant périphériques ainsi qu’un certain nombre de jeunes issus des quartiers sensibles comme le Mirail. Mais le niveau de violence qui se cristallise inquiète désormais au plus haut niveau. Chaque samedi, la mobilisation toulousaine se scinde généralement en deux, avec d’un côté l’action des « gilets jaunes » « classiques », et en deuxième rideau, un « sur-appel à manifester » de l’extrême gauche, qui se prolonge parfois très tard dans la nuit.
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    A Bordeaux, davantage connue pour son flegme bourgeois que pour ses éruptions de fureur, la récurrence des dégradations a davantage surpris les autorités. Le scénario se répète inlassablement chaque semaine depuis le 1er décembre. Le nombre de « gilets jaunes » ne faiblit pas et « pourrait continuer d’augmenter », anticipe même un haut gradé : ils étaient encore 4 000 pour l’acte X, samedi 19 janvier.

    Parmi les casseurs récurrents identifiés par la police, les plus actifs sont les groupes d’extrême gauche, antifascistes et black blocs. Les interpellations montrent que Bordeaux agit comme un aimant pour tout le Sud-Ouest. La plupart des manifestants ne sont pas bordelais et viennent plutôt des départements alentour : des Landes, de Dordogne, de Charente-Maritime, et même des Pyrénées-Atlantiques, à deux ou trois heures de voiture.

    « Chaque fois, c’est pareil, raconte un policier spécialisé dans le maintien de l’ordre en Gironde. Ils se regroupent, ils défilent, en passant par les quartiers les plus favorisés, et vers 17 heures, à la tombée de la nuit, les plus violents arrivent place Pey-Berland, où se situe la mairie. Ils font face aux forces de l’ordre et se mettent à tout dégrader. Ils s’attaquent à ce que représente la ville : un centre riche, entièrement rénové et un maire, Alain Juppé, qui a soutenu Macron. »

    Bordeaux, symbole parfait d’un affrontement de classes qui sous-tendrait le mouvement des « gilets jaunes » ? « L’exclusion, ces dernières années, des petites et moyennes classes sociales a contribué à un sentiment antibourgeois qui se caractérise de temps à autre par des réflexions faites aux habitants aisés du centre de l’agglomération », note un officier de police, pointant les loyers devenus inaccessibles pour les salaires moyens, notamment sous l’effet de l’arrivée, à l’été 2017, de la ligne à grande vitesse, qui place désormais la ville à seulement deux heures en train de Paris.

    Le Sud plus agité que le Nord

    Même si certains militants « gilets jaunes » s’y essayent, difficile d’établir une cartographie très précise du mouvement, aux yeux de nombreuses sources policières. Seule chose évidente : de façon globale, la mobilisation apparaît nettement plus forte dans le sud de la France qu’au nord. Ainsi serait en train de se former une sorte d’arc méditerranéen très virulent, allant des « contreforts pyrénéens à la vallée du Rhône », en passant par Tarbes, Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes et Avignon, résume Christophe Rouget, secrétaire général adjoint du SCSI.

    Une mobilisation parfois violente, qui peut passer inaperçue dans les médias, regrettent certains fonctionnaires. Comme à Nîmes, le 12 janvier, où se sont rassemblés tous les « gilets jaunes » d’Occitanie, soit plus de 1 250 manifestants dont 250 motards. Beaucoup de dégâts matériels ont été à déplorer, notamment sur des banques. C’est dans la région qu’a aussi eu lieu, dans la nuit du 18 au 19 décembre 2018, le spectaculaire incendie de la barrière de péage d’Agde-Bessan (Hérault) sur l’A9. Depuis, plus de 45 personnes ont été interpellées, 18 ont été mises en examen et 12 placées en détention provisoire.

    A l’inverse, le nord de la France, et plus précisément la région des Hauts-de-France, qui cumule sur le papier tous les indicateurs socio-économiques de précarité, apparaît plus en retrait du mouvement. Même si la mobilisation n’y est pas absente – des rassemblements ont lieu régulièrement à Calais (Pas-de-Calais), Laon ou Soissons (Aisne) – « le Nord bouge moins que ce que l’on pouvait imaginer, il y a une forme de “paradoxe” du Nord », confirme David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). « A Amiens, il y a eu deux ou trois manifestations dures, mais depuis, c’est le retour à la normale. »

    Le calme de Roubaix apparaît aussi comme une curiosité à de nombreux observateurs. Ils n’étaient qu’une quinzaine de « gilets jaunes », le 1er décembre, pour leur premier rassemblement… Deux hypothèses pourraient expliquer ce constat, aux yeux d’un cadre des services de renseignement. D’abord le fait que le département du Nord soit globalement assez urbain. Seconde explication possible selon lui : la précarité y est telle que les aides sociales peuvent jouer un rôle d’amortisseur. Le mouvement des « gilets jaunes » demeure majoritairement le fait d’actifs issus de la classe moyenne inférieure.

    Une mobilisation qui demeure très « sporadique »

    S’il donne l’impression d’une grande continuité depuis le début, le mouvement des « gilets jaunes » se traduit localement par un aspect très sporadique et une forte éruptivité. Certaines villes sont ainsi apparues dans les radars des autorités, avec parfois de soudains pics de violences, comme à Saint-Etienne, puis ont disparu, sans véritables explications. A l’ouest, des villes comme Tours, Le Mans, Caen ou Quimper font parler d’elles seulement depuis peu.

    Au Puy-en-Velay, l’attaque de la préfecture le 1er décembre a ainsi laissé de profondes traces. « On ne comprend toujours pas ce qu’il s’est passé, raconte un officier de police local. On s’était préparé pour du maintien de l’ordre, mais on a eu une scène de guérilla urbaine. Et en face de nous, on avait nos voisins ! Il y avait quelques mecs d’extrême gauche et d’extrême droite, mais c’était surtout des quidams, des gens modestes venus de la campagne environnante. Il y a eu un effet de meute, un peu d’alcool aussi sans doute, mais ça ne justifie pas tout. »

    La ville, qui a reçu des renforts en gendarmerie mobile importants par la suite, n’a plus connu de tels épisodes depuis. Les manifestants n’étaient plus que 200 à 300 pour l’acte X, le 19 janvier, alors qu’ils étaient 4 000 le 1er décembre 2018. Les groupuscules des extrêmes se sont eux déplacés dans d’autres villes. « Dans cette région où on a besoin de la voiture pour vivre, la revendication sur les carburants était légitime, mais maintenant il y a une lassitude, sans compter les dégâts économiques pour les commerçants », explique ce policier.
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    L’ultragauche et l’ultradroite, plus aiguillons que moteurs

    Depuis le début du mouvement, les groupes d’ultragauche et d’ultradroite sont visibles dans la plupart des rassemblements qui dégénèrent. Parfois, ils s’affrontent aussi entre eux. Le matin du 1er décembre, jour de l’apogée des violences à Paris, des militants d’extrême droite ont ainsi été vus en train de monter une barricade dans une avenue voisine de l’Arc de triomphe, tandis que des profils identifiés à l’extrême gauche tenaient le pavé sur le terre-plein central. Au fil des week-ends, ces individus se sont toutefois éparpillés sur le territoire, notamment à Nantes, Toulouse et Dijon – où existe un foyer anarchiste historique.

    A Rennes, ville habituée aux soubresauts avec un fort noyau d’extrême gauche, le mouvement des « gilets jaunes » s’est ainsi déroulé dans le calme, les premiers temps. « Ça ne s’est radicalisé que depuis quinze jours, constate David Leveau, secrétaire régional Unité SGP Police FO, l’un des principaux syndicats de gardien de la paix. On a vu ressortir les nids d’ultragauche et les black blocs, alors qu’ils ne se mêlaient pas aux “gilets jaunes” au début. » Les revendications liées au prix des carburants ne correspondaient pas à leur logiciel idéologique, note une source policière haut placée, qui estime que leur ralliement au mouvement est un effet d’opportunité.

    Une évolution sur le terrain dont témoigne aussi un policier de la brigade anticriminalité (BAC) : « Au départ, pendant les premiers samedis, c’était plutôt calme, on avait des contacts avec les manifestants, il y avait même un dialogue : ça nous a surpris vu le climat habituel à Rennes. Mais, maintenant, il y a une montée en puissance de la violence, avec des groupes d’extrême gauche virulents qui profitent de ça pour foutre le bordel. Ils viennent au contact, caillassent et vont se réfugier dans la foule en mettant des gilets jaunes. »

    Une radicalisation préoccupante d’une partie des manifestants

    La polémique sur les violences policières et l’usage du lanceur de balle de défense 40 mm (LBD 40) a également accentué les heurts sur le terrain, témoigne le même policier de la BAC à Rennes : « La violence augmente contre nous parce qu’il y a eu des blessés graves. Il y a beaucoup de “gilets jaunes” qui ont l’impression de ne pas être entendus ou d’être victimes d’interventions policières qu’ils ont du mal à comprendre. Alors ils s’en prennent à des organismes représentant l’Etat, à l’immobilier qui incarne la richesse ou à l’institution police. »
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    Une contestation de l’action des forces de l’ordre qui touche l’ensemble du pays, même dans les zones n’ayant eu à déplorer aucune violence, ni d’un côté ni de l’autre. En Ardèche, par exemple – « où aucune grenade lacrymogène n’a été tirée depuis le début du mouvement », d’après une source policière –, le mouvement, principalement animé par des retraités, s’est durci, rapporte un gardien de la paix présent sur les ronds-points. « Au début, on discutait avec eux. Je me souviens d’une femme âgée à qui j’ai parlé pendant près de deux heures un samedi. Je la recroise un mois plus tard, elle ne me reconnaît pas, et elle se met à m’insulter de tous les noms… »

    David Le Bars, patron du SCPN, le principal syndicat des commissaires, regrette aussi « cette espèce d’accoutumance à la violence verbale » ainsi que « le développement d’une rancœur nourrie d’une semaine sur l’autre dans l’affrontement avec les policiers ». « Beaucoup de violences physiques sont commises par des gens lambda », note un cadre des services de renseignement, qui estime cependant que ceux qui sont le plus actifs aujourd’hui étaient déjà souvent dans une forme de radicalité avant le début du mouvement, avec, par exemple dans le Sud, des pratiques issues des mouvements agricoles ou viticoles.

    Les autorités craignent par-dessus tout que cette radicalisation n’aboutisse à des dérapages fatals. L’interpellation d’un « gilet jaune » équipé d’un pistolet chargé, mercredi 23 janvier, à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), et la découverte chez lui d’un arsenal d’armes ont réactivé la peur d’un passage à l’acte grave.

    Des tentatives de récupération politique mais pas de lien direct avec le vote RN ou LFI

    Le mouvement des « gilets jaunes » est, depuis ses débuts, l’objet de diverses tentatives de récupération politique. Qu’elles soient locales ou le fait de responsables nationaux. Un certain nombre de mots d’ordre du mouvement sont en effet en adéquation avec les thèses de La France insoumise (LFI) ou du Rassemblement national (RN). « Certains militants sont clairement là pour encourager la mobilisation, mais les “gilets jaunes” restent majoritairement un mouvement de citoyens, rappelle un haut fonctionnaire. Ce n’est ni l’ultradroite ni l’ultragauche qui structurent le mouvement. »

    Dans le Sud, il a par exemple été constaté à plusieurs reprises sur des ronds-points que des personnes venant de bords politiques très opposés (RN et LFI) discutaient ensemble sans aucune difficulté, le tout en débattant de leur vote lors du scrutin présidentiel. Un constat qui fait dire aux forces de l’ordre ayant pu assister à ces échanges que les raisons les unissant étaient bien supérieures à leurs divisions politiques.

    Dans certaines régions, récemment, les choses sont certes allées plus loin, avec des tentatives ponctuelles de « phagocytage » du mouvement par des représentants syndicaux ou issus de LFI. Mais celles-ci ont surtout contribué à attiser les tensions et à diviser la mobilisation, estime un commissaire de police parisien qui a travaillé à centraliser les nombreuses informations venant de ses collègues sur le terrain.

    De même, la carte de France du vote RN ou LFI ne se superpose pas clairement avec le mouvement des « gilets jaunes », estiment la plupart des observateurs. La seule zone où cet emboîtement apparaît très visible concerne l’arc méditerranéen, ainsi que Bordeaux, où de nombreux manifestants viennent chaque week-end du Médoc voisin : un territoire très marqué par le vote RN.

    Ce constat général n’empêche pas de trouver des concordances à l’échelle locale. Dans le Pas-de-Calais, début décembre, La Voix du Nord a ainsi réussi à rapprocher la carte des votes RN et LFI au premier tour de l’élection présidentielle 2017 avec celle des rassemblements de « gilets jaunes » dans le département. Aucun systématisme ne se dégageait pour autant.
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    Un mouvement citoyen qui cherche à se structurer politiquement pour durer

    Le mouvement des « gilets jaunes » a compris, avec l’hiver, les vacances scolaires, et les annonces du chef de l’Etat début décembre, qu’il devait s’organiser s’il comptait durer et obtenir plus. D’où son rapprochement récent, par exemple, avec les milieux syndicaux et l’appel à la grève générale, le 5 février, de la CGT. « On est passé d’une logique de sincérité à un besoin de fédération politique, abonde un cadre de la sécurité intérieure. Il ne faut toutefois pas forcément voir dans la structuration actuelle quelque chose d’organisé politiquement. »

    Il y a surtout un besoin « d’auto-justification » du mouvement, selon ce fonctionnaire. Celle-ci passerait aujourd’hui par le besoin de fédérer les rancœurs autour de « personnalités politiques », telles que le président Emmanuel Macron ou le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Cette nécessité de resserrer les rangs passerait aussi par l’utilisation de la « victimisation », avec un vecteur tout trouvé : les violences policières. Cette « deuxième phase » du mouvement s’appuie enfin beaucoup sur le soutien affiché de l’opinion. Un soutien qui risque de s’effriter mais va sans doute durer sur le long terme, estime un haut responsable de la gendarmerie.

    Une mobilisation très dépendante du charisme des leaders locaux

    Si quelques profils ont crevé l’écran au niveau national, comme Eric Drouet, Maxime Nicolle ou Priscillia Ludosky, ou encore Ingrid Levavasseur, notamment par le biais des réseaux sociaux, le mouvement des « gilets jaunes » doit également sa réussite à l’émergence, parfois éphémère, de leaders ultra-locaux.

    « Souvent, un abcès de fixation prend parce qu’il y a une ou deux personnes qui agrègent les autres et prennent de manière implicite la tête du dispositif », témoigne un policier chargé de dégager des ronds-points.

    Quand l’un de ces chefs de file disparaît, le noyau se disloque en général assez rapidement. Ce cas de figure s’est présenté récemment à Béziers (Hérault), autour de la figure d’une femme. « Depuis son interpellation et sa condamnation à une forte peine de prison avec sursis, il y a un gros flottement sur le secteur », décrypte M. Ryckewaert, du SCSI.

    Mais si certains policiers constatent un étiolement de ce type de blocages, d’autres estiment qu’après avoir atteint son étiage, la mobilisation des « gilets jaunes » est partie pour durer. Un enkystement et une détermination que le lancement du grand débat national par M. Macron ne semble pas encore avoir entamés. « C’est une grande séance de thérapie collective ce débat, c’est bien, mais quand les gens vont se rendre compte à la fin qu’ils ne sont toujours pas soignés, il va y avoir de la frustration », prédit une source policière de haut rang. Si le mouvement des « gilets jaunes » passe l’hiver et notamment la période actuelle de grand froid, les autorités craignent qu’il bourgeonne de plus belle au printemps.

    #maintien_de_l'ordre

  • Toulouse-Blagnac: le scandale Macron - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/240119/toulouse-blagnac-le-scandale-macron

    Décidée en 2014 par Emmanuel Macron, du temps où il était ministre de l’économie, la privatisation de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (SATB) n’aura été qu’une suite interminable de scandales. Et le dernier en date risque d’avoir un retentissement encore plus important que ceux qui l’ont précédé : les actionnaires chinois qui ont racheté à l’État 49,9 % du capital de la société ont en effet décidé de revendre leur part, et de faire au passage une belle galipette financière. Le bilan de l’opération de privatisation est accablant pour le chef de l’État, l’histoire s’apparentant à une opération de prédation sur un bien public.

    • Le journal La Dépêche a révélé, mardi 22 janvier, le projet des actionnaires chinois de la société Casil de rétrocéder pour 500 millions d’euros les 49,9 % des parts de la société de gestion qu’ils avaient acquis en avril 2015, lors de la privatisation voulue par Emmanuel Macron.

      L’actionnaire chinois a mandaté la banque Lazard, dirigée par Matthieu Pigasse (par ailleurs coactionnaire du journal Le Monde), pour chercher un acquéreur au prix de 500 millions d’euros. Ici réside le premier scandale : l’#aéroport de #Toulouse-Blagnac – qui est un bien public, jouant un rôle économique majeur pour la région et ayant des enjeux environnementaux importants pour la ville et le département – va être l’objet d’une galipette financière insensée puisque, en moins de quatre ans, l’acquéreur qui avait déboursé 308 millions d’euros, espère engranger une plus-value de 192 millions d’euros.

      Ce premier scandale a deux facettes : d’abord cela suggère, si l’opération se fait à ce prix, que l’Agence des participations de l’État (APE), dirigée par Martin Vial, le conjoint de la ministre des armées Florence Parly, a bradé un patrimoine public, permettant à l’acquéreur de faire une plus-value peu après sur le dos des citoyens. Cela suggère ensuite – mais nous y reviendrons plus loin – que l’État s’autorise à vendre des biens publics sans se soucier que les acquéreurs puissent faire ensuite ce que bon leur semble de ce bien.

      Le scandale prend d’autant plus de relief qu’il intervient comme l’acte final d’une opération de prédation que l’on a vue venir depuis longtemps.

      Que l’on se souvienne des débuts de l’histoire. À la fin de l’année 2014, Emmanuel Macron décide que l’État cédera à la société Casil, contrôlée par des investisseurs chinois emmenés par Mike Poon, 49,9 % de la SATB. Et à l’époque, il fustige ceux qui dénoncent cette #privatisation (dont Mediapart !), en faisant valoir que cela… n’en est pas une ! En clair, l’opinion est invitée à comprendre qu’avec leurs 49,9 %, les investisseurs chinois seront des actionnaires importants mais minoritaires ; et que la société restera contrôlée en majorité par des actionnaires publics français, soit 25 % pour la chambre de commerce et d’industrie (CCI), 5 % pour la Région Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, 5 % pour le département de la Haute-Garonne, et 5 % pour Toulouse Métropole ; le solde, soit 10,1 %, étant détenu par l’État français.

      Cette promesse-là, Emmanuel Macron la répète en boucle. Ainsi lors d’un entretien avec La Dépêche, le 4 décembre 2014 : « Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État restent majoritaires avec 50,01 % du capital. On ne vend pas l’aéroport, on ne vend pas les pistes ni les bâtiments qui restent propriété de l’État. […] Nous avons cédé cette participation pour un montant de 308 millions d’euros », dit le ministre de l’économie. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron hausse même le ton : « Celles et ceux que j’ai pu entendre, qui s’indignent de cette cession minoritaire de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse, ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français », déclare-t-il, en marge du congrès de l’Union nationale des professions libérales.

      Mais peu après, Mediapart apporte la preuve qu’Emmanuel Macron ment. Notre enquête a révélé qu’un pacte secret d’actionnaires avait été conclu et qu’il liait l’État non pas aux collectivités publiques régionales et locales, mais aux investisseurs chinois. Nous avons publié les principaux extraits de ce pacte d’actionnaires que l’État avait conclu secrètement avec la société Casil (lire Privatisation de l’aéroport de Toulouse : Emmanuel Macron a menti et Aéroport de Toulouse : les preuves du mensonge), et qui fait apparaître des dispositions stupéfiantes.

      Ainsi, il est prévu que la SATB sera supervisée par un conseil de surveillance de quinze membres, dont deux désignés par l’État et six désignés par l’investisseur chinois, selon la disposition « 2.1.2 » du pacte. Autrement dit, ces huit membres du conseil de surveillance, liés par le pacte, garantissent aux investisseurs chinois minoritaires de faire strictement ce qu’ils veulent et d’être majoritaires au conseil de surveillance.

      Le point « 2.1.3 » du pacte consolide cette garantie offerte aux investisseurs chinois, puisqu’il y est précisé que « l’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membres du conseil de surveillance présentés par l’Acquéreur, de telle sorte que l’Acquéreur dispose de six (6) représentants au Conseil de surveillance ».

      Mais il y a plus grave. Au point « 2.2.2 », l’État donne la garantie quasi formelle à l’investisseur chinois, aussi minoritaire qu’il soit, qu’il pourra décider strictement de ce qu’il veut et que la puissance publique française ne se mettra jamais en travers de ses visées ou de ses projets : « L’État s’engage d’ores et déjà à ne pas faire obstacle à l’adoption des décisions prises en conformité avec le projet industriel tel que développé par l’Acquéreur dans son Offre et notamment les investissements et budgets conformes avec les lignes directrices de cette Offre. » Bref, les investisseurs chinois avaient carte blanche pour faire ce qu’ils voulaient.

      Depuis cette révélation par Mediapart, le ministère des finances a continué de garder le secret sur ce pacte et ne l’a jamais rendu public dans sa version intégrale.

      À ce premier scandale est ensuite venu s’en greffer d’autres. On a ainsi appris que le principal dirigeant du consortium chinois contrôlant la société Casil, Mike Poon, était impliqué en Chine dans un retentissant scandale de corruption et qu’il était en fuite (lire L’aéroport de Toulouse barbote toujours dans un climat de scandale).

      Un an et demi plus tard, le #mensonge d’Emmanuel Macron prend un caractère public. À l’occasion du vote que l’État émet lors d’une assemblée générale des actionnaires d’ATB, il affiche qu’il a bel et bien pactisé avec l’actionnaire chinois, même quand celui-ci a voulu siphonner les réserves de l’entreprise pour se servir un dividende exceptionnel (lire ici).

      Cette histoire de dividende donne lieu, au printemps 2016, à de longues semaines de conciliabules discrets qui inquiètent ceux des élus locaux attachés à la défense de l’intérêt général. À l’époque, les investisseurs chinois font savoir qu’ils entendent décider du versement d’un dividende aux actionnaires de la société. Au début, ils placent la barre très haut : selon nos informations, aux alentours de 50 millions d’euros.

      La somme indigne de nombreux responsables des collectivités qui figurent parmi les actionnaires historiques. Il faut en effet savoir que la société de gestion est profitable depuis longtemps, à hauteur environ de 5 millions d’euros par an, et qu’elle a eu la prudence de distribuer chaque fois seulement la moitié de ces gains à ces actionnaires, mettant en réserve l’autre moitié, pour faire face aux investissements futurs. Au fil des ans, cette autre moitié a donc fini par constituer un fonds de réserve de plus de 67 millions d’euros à la fin de l’exercice de 2015.

      En exigeant le versement d’un dividende de 50 millions d’euros, les investisseurs chinois ont donc suscité beaucoup d’émoi parmi les collectivités locales concernées. Car cela veut clairement dire que Casil ne tient pas sa parole : après avoir annoncé, lorsqu’elle était candidate pour la privatisation, qu’elle serait non pas un investisseur financier soucieux de profitabilité de court terme mais un investisseur responsable préoccupé des logiques de long terme, la société des investisseurs chinois montre qu’elle veut tout bonnement se « payer sur la bête » et siphonner les réserves de l’entreprise (lire ici).

      L’affaire s’est donc envenimée, et Casil est finalement obligée de transiger, ramenant la ponction sur les réserves à un peu moins de 20 millions d’euros. Ce qui constitue, envers et contre tout, le second scandale dont Emmanuel Macron porte l’entière responsabilité : les caisses d’une entreprise publique ont été partiellement vidées par un investisseur se comportant comme un fonds rapace, sitôt la privatisation effectuée.

      Et chaque année, par la suite, les acquéreurs chinois ont répété l’opération, continuant à piocher dans les réserves de l’entreprise, au risque de mettre en danger les investissements nécessaires à l’avenir : 7,7 millions de dividendes pour l’exercice clos en 2016, après 19,9 millions d’euros pour 2015 et seulement 2,4 millions pour 2014.

      Ces scandales, contre lesquels s’est constamment dressé un « Collectif contre la privatisation », ont fini par avoir un large écho. Et les faits révélés par Mediapart ont, par la suite, été confirmés par de nombreux rapports publics.

      Il y a d’abord eu un rapport sur « Le processus de privatisation des aéroports de Toulouse, Lyon et Nice », publié en octobre 2018 par la Cour des comptes. Stigmatisant « l’échec de la privatisation », les magistrats financiers n’ont pas de mots assez durs contre l’opération de privatisation, faisant en conclusion ces constats : « Le processus choisi a révélé de graves insuffisances : les critères de recevabilité des candidats étaient peu exigeants et limités à leur capacité financière, l’APE ayant choisi de ne pas exiger d’expérience en matière de gestion aéroportuaire ; elle a, par ailleurs, insuffisamment associé, et de manière trop tardive, les autres administrations de l’État, notamment la DGAC. De fait, l’acquéreur retenu a suscité des inquiétudes, en raison de son absence d’expérience en matière de gestion aéroportuaire, de son manque de transparence financière et de ses liens avec la puissance publique chinoise. »

      Un autre rapport public, réalisé par l’Assemblée nationale avec la député (PS) Valérie Rabault pour rapporteure, aboutit à des conclusions tout aussi sévères : « Ainsi, le montant de dividende par action au titre de l’exercice 2015 (versé en 2016) a été multiplié par 8 par rapport à celui versé au titre de l’exercice 2014 (payé en 2015), sans qu’évidemment les résultats financiers de la société ne suivent une telle évolution. Pour l’exercice 2016, le niveau de dividende par action est 3 fois celui de 2014. Au titre de l’exercice 2017, le montant de dividendes voté lors de l’Assemblée générale serait de 13,8 millions d’euros, ce qui représente un dividende de 93 euros par action, selon le calcul de la rapporteure spéciale. Ce montant est ainsi quasiment 6 fois celui de 2014, cette évolution étant sans commune mesure avec l’évolution des résultats. »

      Et ce rapport se concluait par ce constat, en forme de réquisitoire contre la privatisation Macron : « Au final, la rapporteure spéciale observe que les versements de dividendes semblent occuper une place centrale dans la stratégie de la société ATB, au détriment d’une vraie politique de développement de l’aéroport de Toulouse Blagnac. »

      Le fait que, après tant de péripéties, cette privatisation se conclue par une énième galipette financière et la cession par Casil de ses parts est évidemment logique mais choquant. Car dans cette affaire, de bout en bout, c’est la spéculation qui aura été le fil conducteur du récit : le ministre de l’économie s’est comporté comme un banquier d’affaires ; et un bien public a été vendu à l’encan, au profit d’investisseurs cherchant constamment des gains rapides.

      Car il y a dans cette affaire au moins une certitude : ce gâchis n’est pas le produit d’une cascade de malchances ou de maladresses. C’est la conséquences évidente d’une politique délibérée, transformant l’APE en une sorte de banque d’affaires, assez semblable aux banques d’affaires privées, suivant une seule logique, celle des forces de l’argent.

      De cela, il y a de nombreux indices. D’abord, toutes les privatisations des aéroports menées par Emmanuel Macron ont conduit à des dérives de ce type. Dans le cas de la privatisation de l’aéroport de Nice, Martine Orange a ainsi révélé cette histoire ahurissante : ancien directeur adjoint de cabinet de Christine Lagarde puis conseiller économique de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Moulin, qui est à l’origine issu de la direction du Trésor, choisit le grand large du privé après la présidentielle de 2012. Et il rejoint la banque d’affaires italienne Mediobanca, comme secrétaire général. À partir de son arrivée, la banque d’affaires voit toutes les portes de l’État s’ouvrir. En 2017, Mediobanca se classe au troisième rang des banques conseils de l’État, juste derrière Rothschild, comme l’a révélé un autre rapport de la Cour des comptes.

      Or qui l’APE prend-elle comme banque conseil pour la privatisation de l’aéroport de Nice, qui intervient après celle de Toulouse ? La même banque Mediobanca. Plus grave : le rapport de la Cour des comptes évoqué plus haut révélera que cette banque est en outre actionnaire minoritaire du consortium qui remporte… la privatisation de l’aéroport. En somme, la banque qui conseille l’État est du côté du vendeur, mais elle fait aussi partie… des acheteurs ! Un #conflit_d’intérêts qui n’empêchera pas Emmanuel Moulin de revenir à Bercy : directeur de cabinet du ministre des finances Bruno Le Maire, il pilotera les futures privatisations, dont celle d’Aéroports de Paris (ADP). L’affairisme autour de l’aéroport de Toulouse est en somme le prélude de celui autour de l’aéroport de Nice ; et cela pour une bonne raison : la start-up nation d’Emmanuel Macron est passée par là, instaurant une confusion généralisée entre l’intérêt général et les appétits privés. Et ce qui est vrai des concessions aéroportuaires l’est tout autant, sinon plus, des concessions autoroutières.

      Une sorte de triste jurisprudence toulousaine s’est donc instaurée. Et c’est aussi pour cela qu’il importe maintenant de savoir si les investisseurs chinois pourront faire la dernière galipette financière à laquelle ils songent, ou si l’intérêt général finira par reprendre le dessus. Car même si la privatisation est bien consommée, il n’y a aucune fatalité à ce que les spéculateurs aient le dernier mot.

      Beaucoup de citoyens qui vivent à Toulouse ou dans sa région l’ont compris : cette privatisation est hautement impopulaire. Le combat du Collectif contre la privatisation, regroupant de nombreuses associations démocratiques et syndicats (voir ci-contre sa première réaction), risque donc de peser fortement dans une région où les gilets jaunes ont aussi des troupes nombreuses.

      Mais dans la nouvelle bataille autour de Toulouse-Blagnac qui va s’ouvrir, les opposants à la privatisation ont aussi de lourds arguments de droit à faire valoir. On oublie trop souvent – et les responsables politiques les premiers, surtout quand ils sont au pouvoir – qu’il existe tout un arsenal juridique très sophistiqué permettant « la résiliation unilatérale par l’administration des marchés publics ou des contrats de concession » – cette formulation est même le titre d’une note de la direction des affaires juridiques de Bercy.

      En certains cas, la résiliation peut ouvrir droit à une indemnisation, mais en d’autres cas non. « L’autorité concédante pourra procéder à la résiliation du contrat en cas de faute du concessionnaire alors même que cette possibilité n’aurait pas été envisagée dans le contrat », dit cette note, qui cite à l’appui une décision du Conseil d’État (7 décembre 2012, commune de Castres n° 351752) qui a fait jurisprudence : « En l’absence même de stipulations du contrat lui donnant cette possibilité, le concédant dispose de la faculté de résilier unilatéralement le contrat pour faute et sans indemnité. »

      Dans le cas présent, n’est-ce pas la solution qui devrait s’imposer à l’État, pour mettre fin aux spéculations de ce fonds rapace ? Dans un pays respectueux des règles de l’État de droit et attaché à la défense de l’intérêt général, c’est assurément cette voie-là qui serait explorée…

    • La #cour_administrative annule la privatisation de l’aéroport de Toulouse

      La cour administrative d’appel a annulé mardi 16 avril la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, estimant que le cahier des charges n’avait pas été respecté. L’État va devoir racheter les parts vendues au repreneur chinois Casil. Cette privatisation voulue par Emmanuel Macron en 2014 tourne au fiasco.

      https://www.mediapart.fr/journal/economie/160419/la-cour-administrative-annule-la-privatisation-de-l-aeroport-de-toulouse
      #justice

  • Fin janvier 2019, nous commémorons le 80 ème anniversaire de la « retirada », l’exil forcé des Républicains espagnols vers la France. J’ai rédigé une chronique à ce sujet dans mon blog. Je pense toujours qu’une bonne connaissance de l’histoire permet une meilleure compréhension des faits actuels...

    La feuille Charbinoise
    http://www.lafeuillecharbinoise.com

    21janvier2019
    Il y a 80 ans, les Républicains espagnols goûtaient à l’hospitalité de la France

    Posté par Paul dans la catégorie : Espagne révolutionnaire 1936-39 ; Histoire locale, nationale, internationale : pages de mémoire.

    Janvier 1939 : la « Retirada ». Ce terme désigne l’exode massif à travers les frontières des Pyrénées des soldats, des militants républicains espagnols et de leurs familles, face à la répression franquiste impitoyable qui s’abat sur l’Espagne reconquise. Rien ou très peu n’a été prévu côté français, concernant l’accueil de ces réfugiés bien que l’issue du conflit paraisse évidente depuis plusieurs mois. La trahison des Staliniens et l’indifférence des pays voisins condamne la tentative révolutionnaire menée par les militants des organisations révolutionnaires comme la CNT, la FAI, le POUM, et une partie importante de l’UGT. La chute de Tarragone, annonçant le début du siège de Barcelone, met un terme aux espérances de ceux qui croyaient encore en un dernier sursaut. La capitale de la Catalogne est dévastée par les bombardements incessants. Il est un moment où le courage et la détermination seuls ne suffisent plus face au rouleau compresseur des forces fascistes surarmées par leurs alliés allemands et italiens. Les derniers combats menés par les combattants de la République ont pour seul objectif de laisser le temps, à tous ceux qui le souhaitent, de fuir la répression annoncée. Beaucoup de celles et ceux qui ont joué un rôle actif dans le processus révolutionnaire en cours depuis trois années n’ont aucune pitié à attendre de la part des vainqueurs. Leur seul espoir de survie c’est de se mettre à l’abri, et – comme le pensent bon nombre de ces combattants•tes – de retrouver des forces pour pouvoir reprendre le combat sous forme de guérilla. Parmi ceux qui ont choisi la France comme refuge, peu se doutent de l’accueil que va leur offrir le « pays des droits de l’homme ». Il faut attendre le 28 janvier pour que la frontière soit enfin déclarée officiellement ouverte. Les nouveaux arrivants dont on peut estimer le nombre à un demi-million, sont convoyés comme du bétail, et enfermés dans des zones les plus improbables. L’exemple type est le camp d’Argelès, dont l’aménagement consiste, dans un premier temps, à la pose de rangées successives de barbelés. Aucun abri, aucun sanitaire. Seule la surveillance, confiée à des tirailleurs sénégalais, est organisée. Les Espagnols doivent creuser des trous dans le sable pour s’abriter de l’humidité et du froid hivernal. Près de cent mille personnes vont être parquées là et seront amenées peu à peu à construire des abris de fortune puis des baraquements sommaires. Les morts se comptent par centaines, les épidémies prolifèrent.

  • Des mésaventures de Monsieur « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher » en 2018 : Les Champs Elysées, théâtre du pouvoir macronien, de l’investiture aux « gilets jaunes », Ariane Chemin, 29 décembre 2018

    En décembre, retranché à l’Elysée, il a renoncé aux bains de foule et autres déambulations. Pour les fêtes, il s’est privé de vacances au ski, à La Mongie dans les Htes-Pyrénées, où il va depuis son enfance, pour ne pas attiser encore l’exaspération de ses concitoyens. (ailleurs dans le même journal)

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/28/aux-champs-elysees-splendeurs-et-miseres-d-emmanuel-macron_5402911_4500055.h

    L’ostentatoire avenue parisienne s’est transformée en rendez-vous des « #gilets_jaunes ». Un retour de bâton pour le président qui y a régulièrement mis en scène son pouvoir « jupitérien ».

    Raide comme un lancier dans son command car , Emmanuel Macron remonte les Champs-Elysées. Il a posé sa main sur l’arceau du véhicule militaire. Derrière lui, le Louvre et sa Pyramide, point de départ de la fameuse « voie royale », perspective esquissée au XVIIe siècle par le jardinier Le Nôtre, qui file désormais sans obstacles jusqu’au quartier d’affaires de la Défense. Un sourire pincé assouplit légèrement les lèvres du héros. Regard martial, maxillaires saillants, il faut clore la séquence du « président normal ». Représenter les Français, mais d’abord incarner la France.

    À chaque président, son mini-coup d’Etat dans des protocoles trop huilés. Ce dimanche 14 mai 2017, la passation des pouvoirs s’est déroulée selon le rituel constitutionnel : tapis rouge, garde républicaine, tête-à-tête avec François Hollande, visite du PC Jupiter, ce bunker réservé au commandement militaire. Emmanuel Macron est devenu à 39 ans le 25e président de la République française.

    Mais, au moment de quitter l’Elysée pour gagner la place de l’Etoile et raviver la flamme du tombeau du Soldat inconnu, surprise : ce n’est pas la traditionnelle Citroën qui patiente devant la grille du Coq, sortie la plus discrète du Palais. Emmanuel Macron n’a pas fait son service militaire mais raffole de l’uniforme. Sa griffe, ce sera ce VLRA (véhicule léger de reconnaissance et d’appui) en « livrée camouflage ».

    Ce jour-là, les Champs-Élysées s’imposent comme la scène politique du pouvoir macronien

    Hormis les cordons de chevaux et de motards de la garde républicaine, rien ne protège le nouveau président des spectateurs postés le long des trottoirs. De quoi aurait-il peur ? On ne hait pas un inconnu. À mi-parcours, plusieurs chevaux se cabrent brusquement, manquant de semer la panique dans le cortège, mais les ruades sont vite oubliées, un épiphénomène dans ce cours radieux. Qu’importe s’il a été élu par moins de 21 millions d’électeurs [8 657 000 au premier tour, ndc] : Macron a conquis le pouvoir à la vitesse d’un Rafale, sans mandat ni parti. Il a raflé 66 % des voix au second tour, face à Marine Le Pen, et savoure son apothéose sur l’avenue de la mémoire nationale.

    Le pays tout entier a pris l’habitude de s’y rassembler pour fêter ses triomphes, deux millions de personnes pour la libération de la capitale en août 1944, un million et demi pour la victoire des Bleus de Zidane en juillet 1998. Ce 14 mai 2017, dans l’objectif des photographes, le visage juvénile du président sur « la-plus-belle-avenue-du-monde », encadré par l’écarlate des plumets, le cuivre des casques, le bleu des gyrophares, symphonie de couleurs devenue spécialité française, offre des clichés de rêve. Comment imaginer que l’avenue de son sacre deviendra bientôt le théâtre de sa disgrâce, l’artère d’une tragédie en plusieurs actes ? Ce jour-là, les Champs-Élysées s’imposent comme la scène politique du pouvoir macronien.

    Un spectacle en trompe-l’œil

    14 juillet 2017. C’est encore l’état de grâce. Le lendemain de son investiture, Emmanuel Macron a rendu visite à Angela Merkel, puis reçu Vladimir Poutine à Versailles. Pour son premier défilé militaire, il a même convaincu le président des États-Unis, installé six mois plus tôt à la Maison Blanche, de traverser l’Atlantique. Comme pour chaque fête nationale, les Champs ont sorti le grand jeu. Tout au long de ses deux kilomètres, l’avenue est pavoisée, drapeaux, fourreaux et kakémonos. Le président savoure le spectacle. On lui donne même les clés des jardins des Tuileries, qu’il traversera à pied, sous la lune, le 8 mars 2018, au retour d’un dîner officiel.

    Cette année, centenaire de l’engagement américain dans la guerre de 1914-1918 oblige, cinq militaires en uniforme de « Sammies » défilent avec l’armée française. Somptueux. Des chars vieux d’un siècle descendent les pavés de l’avenue. « Il y avait beaucoup d’avions », commente Donald Trump, emballé. « Les gens ne savent pas quels grands guerriers il y a en France », s’émerveille le chef d’Etat américain. Il repart même à Washington avec un projet fou : copier ce défilé sur Pennsylvania Avenue, entre le Capitole et la Maison Blanche. « France is back », se réjouissent les diplomates.

    Seuls quelques gradés le savent, les Champs-Elysées offrent ce jour-là un spectacle en trompe-l’œil. En arrivant place de l’Etoile, le président a tapé en souriant sur l’épaule galonnée du chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, comme si de rien n’était. Après son élection, Emmanuel Macron a souhaité garder près de lui le général de 60 ans une année supplémentaire. Mais, deux jours plus tôt, on a rapporté au locataire de l’Elysée le coup de gueule du haut gradé devant la commission défense de l’Assemblée à l’annonce de coupes programmées dans le budget militaire : « Je ne vais pas me faire baiser comme ça ! »

    Macron n’a pas apprécié. Villiers veut faire de la politique ? O.K., il va comprendre. Le nouveau chef de l’Etat l’a recadré lors de la traditionnelle garden-party du ministère des armées, la veille du défilé. « Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique. J’aime le sens du devoir. J’aime le sens de la réserve. » Réserve, devoir, le président reprend à son compte les obligations des militaires pour mieux mettre au sol le chef des armées. « Je suis votre chef ! », claque aussi Macron en poussant les octaves jusqu’au fond des jardins de l’hôtel de Brienne.

    Macron tremble un court moment

    Depuis, les deux hommes n’ont pas échangé un mot. Sur le command car, le visage de Villiers reste blanc comme la nuit qu’il vient de passer. Seule son épouse a pu le convaincre d’aller défiler. Il est seul à savoir que cette revue des troupes est sa ronde d’adieu : allez, se persuade en effet l’Elysée, il ne partira pas, aucun chef des armées n’a osé le faire depuis 1958. La Macronie se trompe. Les militaires ont l’habitude de se faire broyer le dos par des rangers, pas par des souliers vernis, et Villiers est une sacrée tête de lard. Cinq jours après la parade sur les Champs, le général cinq étoiles démissionne.

    Macron tremble un court moment, à l’automne, en apprenant que son ancien chef d’état-major s’apprête à publier un livre : il se rassure en notant que l’ouvrage ne comporte aucune petite phrase ou règlement de comptes. Un coursier a d’ailleurs apporté courtoisement le premier exemplaire de l’ouvrage dédicacé à l’Elysée.

    Dans les jours suivants, Servir (Fayard) est dans toutes les librairies. Depuis les années 1970, les salles de cinéma de l’avenue demeurent, chaque mercredi, le meilleur baromètre du succès d’un film, et le drugstore Publicis, au pied de l’Arc de triomphe, est un bon sismographe des ventes de livres. Dès le 8 novembre, les écrits du général y font chauffer les étals.

    Le grondement de 700 bikers déboulant sur les Champs, le 9 décembre, couvre heureusement cette onde de choc. Johnny Hallyday, ce morceau du patrimoine français, est mort. C’est l’une des dernières mythologies nationales qu’on enterre. L’Elysée a décidé de lui offrir des obsèques XXL. Des dizaines de milliers de fans patientent entre l’Etoile et la Concorde. Des motards venus de tous les pays se joignent aux Harley rutilantes qui escortent le cercueil blanc du rocker. « Johnny était là pour vous, vous êtes là pour lui » : pour mettre en mots les liens tissés par un autre, Macron, ce jour-là, est très bon. Jeunes, vieux, femmes et hommes, urbains et « périphériques », une foule accourue de toute la France pleure un gilet de cuir sur l’avenue la plus courue de France.

    Ici siègent l’argent, le pouvoir, la réussite

    C’est ici, en 2015, qu’Emmanuel Macron a testé pour la première fois sa popularité. Manuel Valls avait pris l’habitude chaque 11-Novembre de prendre un verre avec quelques-uns de ses ministres sur une terrasse des Champs-Élysées. Mais sur BFM-TV, autour de la table du bistrot, c’est le tout frais patron de Bercy qui prend la lumière. Il a l’habileté de descendre seul le trottoir des Champs. « Vous êtes le seul intelligent de ce gouvernement, les autres on ne veut pas en entendre parler », lance une vendeuse de chaussures. Cette fois, la caméra du « Petit journal » est là et immortalise ce premier bain de foule, sa première échappée.

    Vuitton et ses monogrammes dorés, Ladurée et ses macarons parfumés, Lancel, Guerlain, Cartier… Entre l’avenue Montaigne et l’avenue George-V, le « triangle d’or » des Champs-Elysées concentre toutes les griffes du luxe français. Ici siègent l’argent, le pouvoir, la réussite. Le chef de l’Etat connaît bien le quartier. C’est là que banquiers et avocats d’affaires se donnent rendez-vous. Là qu’ils ont leurs bureaux. À l’été 2014, lorsqu’Emmanuel Macron avait quitté le secrétariat général de l’Elysée et réfléchissait à se lancer dans les affaires, Antoine Gosset-Grainville l’avait hébergé quelques semaines dans son cabinet, au 44 de l’avenue.

    Les Champs, c’étaient surtout Henry Hermand. Le mécène d’Emmanuel Macron donnait ses rendez-vous au Lancaster, un palace de la rue de Berri, l’adresse de ses premiers bureaux avant d’emménager rue Lamennais. Le vieux monsieur s’était entiché d’« Emmanuel » en 2002, et le président sait bien que son « casse » électoral aurait été impossible sans ce généreux patron de la grande distribution. Hermand s’est éteint quelques mois avant la présidentielle, au 288e rang des fortunes françaises, sans avoir vu son protégé au faîte de la gloire.

    Les gênantes punchlines du président

    L’aurait-il mis en garde, cet homme de la « deuxième gauche », contre ses saillies de plus en plus gênantes, de plus en plus voyantes ? Ces « gens qui ne sont rien », « le Gaulois réfractaire au changement », « les fainéants, les cyniques, les extrêmes ». Et puis cette phrase volée à de Gaulle : « La seule chose qu’on n’a pas le droit de faire, c’est de se plaindre. » Un festival.

    Les punchlines présidentielles glissent sur les pavés des Champs-Elysées, mais pas sur le bitume des nationales et des départementales, ces routes des triangles de détresse que déploie la France des vieux diesels, des petites retraites, cette France des cuves à fioul qu’il va falloir remplacer au plus vite pour se mettre aux normes.

    Le pays silencieux a la mémoire longue. Les formules tournent dans les têtes et les groupes Facebook, prêtes à surgir sous un gros feutre ou une bombe de peinture. Tout cloche dans les phrases de ce président-là, même le « pognon de dingue ». Pognon, c’est de l’argot de riches, un mot de tradeurs ou de théoriciens de la « société inclusive » encanaillés devant les films d’Audiard, de jeunes banquiers qui fument sur les trottoirs au coin des Champs-Élysées, en bras de chemise et pantalons slimissimes.

    L’été 2018 approche. 2017 avait laissé croire au retour de la croissance, mais elle semble désormais un brin compromise. En bas des Champs, côté pair – celui que préfère la banlieue –, les galeries et boutiques de prêt-à-porter notent que l’économie nationale donne des signes de faiblesse. Mais la veine sourit au président. Dimanche 15 juillet, l’équipe de France de football remporte le Mondial 2018. Dans les loges du stade Loujniki, à Moscou, Macron bondit en l’air comme un coach sur le bord du terrain. Voilà à nouveau la place de l’Etoile au cœur de la folie qui s’empare du pays. La foule entonne même un chant à la gloire du milieu de terrain N’Golo Kanté sur l’air des « Champs Elysées » de Joe Dassin : « Il est petit, il est gentil, il a stoppé Leo Messi, mais on sait tous c’est un tricheur, N’Golo Kanté… »

    Le bus accélère, le quinquennat s’emballe

    En écho aux réseaux sociaux, la RATP rebaptise la station de métro en bas de l’avenue « Deschamps-Elysées Clémenceau », spéciale dédicace au sélectionneur des Bleus. Les noms des vingt-trois joueurs s’affichent sur le fronton de l’Arc de triomphe. Ces dernières années, hélas, le monument a surtout servi d’épitaphe : « Paris est Charlie », pleurait en janvier 2015 une bannière noire projetée sur le monument. Deux ans plus tard, un policier, le capitaine Xavier Jugelé, mourait sous les balles d’un islamiste au 104 de l’avenue, entre les magasins Marionnaud et Yves Rocher. Ce dimanche d’été 2018, le triomphe des hommes de Didier Deschamps permet de retrouver la légèreté oubliée. De l’avenue Marigny au Grand Palais s’improvise une samba endiablée.

    Les champions sont attendus le lendemain, au même endroit. Ce lundi 16 juillet, l’avion de l’équipe de France a atterri à 17 heures à l’aéroport Charles-de-Gaulle, avec pas mal de retard. Quand, à 19 h 20, les héros atteignent enfin la place de l’Etoile, la foule des supporteurs cuit depuis des heures dans une chaleur d’étuve. D’un coup, dans le halo des fumigènes, apparaît le bus à impériale. L’avenue s’efface dans une brume rose, presque un spectacle de Disney. Trop courte extase.

    Jean Lassalle inscrit le « scandale des Champs » aux questions d’actualité de l’Assemblée. « M. Macron a voulu accaparer [les joueurs] à l’Elysée. Résultat : un peuple entièrement déçu, moins de dix heures après avoir dansé tous ensemble. »

    Il y a vingt ans, le bain de foule de l’équipe d’Aimé Jacquet avait duré quatre heures. Cette fois, les groupies de Kylian Mbappé et d’Antoine Griezmann n’ont droit qu’à une parade express. À l’avant de l’autocar, un jeune homme a l’oreille vissée à son portable. Il raccroche et fait un geste au conducteur. Le bus accélère, et c’est tout le quinquennat qui s’emballe avec lui.

    Les 1 700 mètres du parcours prévu sont bouclés en vingt minutes. Tant pis pour la foule massée le long des trottoirs : le couple Macron guette les joueurs sur le perron de l’Elysée et aimerait faire profiter les JT de 20 heures de leurs retrouvailles. À 19 h 51, les Bleus prennent la pose entre coupe et président. Place de l’Etoile, la fan-zone commence à comprendre qu’elle s’est fait voler ses champions.

    Furieux qu’on soit « capable de faire tourner au vinaigre ce qu’il y a de plus beau », le député Jean Lassalle, fils de bergers occitans de la vallée d’Aspe, un fort en gueule réélu sans souci depuis 2002, inscrit le « scandale des Champs » au menu des questions d’actualité de l’Assemblée nationale. « M. Macron a voulu accaparer [les joueurs] à l’Elysée. Résultat : un peuple entièrement déçu, moins de dix heures après avoir dansé tous ensemble. (…) le petit peuple [n’aurait] pas le droit de voir l’équipe qui vient de triompher en son nom devant la planète tout entière ? Il est trop petit, le peuple, trop petit ! »
    Jamais sans Benalla

    Même la coupe a été dérobée aux regards. « On la cherchait partout », a dit Philippe Tournon, l’attaché de presse de l’équipe de France. Le jeune inconnu du bus l’a gardée avec lui et trimballe pendant quelques jours et quelques nuits le trophée dans une malle en aluminium. Il la montre à ses amis de l’Elysée et de la Préfecture de police de Paris, la pose fièrement sur le bureau du commandant Jean-Yves Hunault, propose à Laurent Simonin, autre ponte de la « préf », de l’admirer à son tour.

    Le nom de ce conseiller ? Alexandre Benalla. Depuis la campagne, cet adjoint au chef du cabinet d’Emmanuel Macron ne compte pas ses heures et peut tout dire ou presque au chef de l’Etat. Brigitte Macron a « Mimi » (Marchand), le président peut compter sur Alex. Dans les moments délicats, Benalla sait tout faire, même faire accélérer le bus des Bleus sur les Champs-Elysées.

    Emmanuel Macron a pourtant failli le perdre. Le 1er mai 2018, Benalla a été autorisé à assister en « observateur » aux manifestations aux côtés des forces de l’ordre. Bien qu’il ne soit pas policier, il portait ce jour-là un casque et un brassard. Face à un manifestant, puis à un couple lançant des bouteilles sur des agents, place de la Contrescarpe, il n’a pu se retenir d’intervenir, avec balayette et clés de bras. Suffisant en principe pour saisir la justice. Mais, en un an à l’Elysée, Benalla a tout vu, tout su, et s’est rendu indispensable : le chef de l’Etat a choisi d’étouffer la faute.

    « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher », lance, fin juillet, Emmanuel Macron devant les députés de sa majorité.

    Le 18 juillet, trois jours après la victoire des Bleus, le chauffeur de Laurent Simonin est occupé à admirer la Coupe du monde quand il entend Benalla souffler : « Mon affaire va sortir. C’est une question d’heures. » Dès le lendemain, l’« affaire » vire au scandale. Le parquet de Paris ouvre une information judiciaire, le Parlement deux commissions d’enquête. « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher », lance, fin juillet, Emmanuel Macron devant les députés de sa majorité. Etrange formule, aussitôt moquée sur les réseaux sociaux et qui ne tombe pas dans l’oreille de sourds.

    Le 11-Novembre, Donald Trump est de retour sur la place de l’Etoile, pour célébrer le centenaire de l’armistice de 1918. Il a cette fois sa tête des mauvais jours : Emmanuel Macron vient d’avancer sur CNN l’idée d’une « armée européenne », un projet « très insultant », a tweeté, de son avion, le président américain. Il sèche la remontée des Champs, comme Vladimir Poutine.

    Un souci de plus pour Emmanuel Macron qui sort à peine d’une minitornade médiatique : il s’est englué tout seul dans un débat sur l’opportunité d’un hommage au maréchal Pétain, choquant pas mal de Français et, surtout, d’historiens. La chanteuse béninoise Angélique Kidjo peine à détendre l’atmosphère. L’ambiance a bien changé depuis juillet 2017.

    Et les « gilets jaunes » vinrent chercher Macron…

    Six jours plus tard, les premiers « gilets jaunes » fleurissent sur l’avenue. Ils n’ont pas supporté l’annonce de la hausse du prix des carburants. Ils se donnent rendez-vous sur Facebook et sur les ronds-points des zones commerciales. Parmi eux, peu d’ouvriers, peu d’habitants des quartiers, mais des tas de gens qui se sentent seuls et viennent se réchauffer autour des flammes des braseros. Beaucoup pensent que tous les journalistes et tous les politiques mentent. Ils ont la rage.

    Qu’ils viennent me chercher, disait Macron. « On vient te chercher chez toi ! », crient les manifestants. Ils ont l’intention d’approcher aussi près que possible du palais de l’Elysée. Les rues qui bordent le Faubourg-Saint-Honoré sont bloquées ; le repli se fait donc sur les Champs. Le samedi 17 novembre, ce ne sont que de petites grappes, du côté de la Concorde. Le 24, ils investissent la place de l’Etoile, sur du Joe Dassin encore : « J’manifestais sur l’avenue, mais mon gilet leur a pas plu… ».

    Sur leurs dossards fluo, des doléances sur la vie chère, le smic, l’ISF. « Macron, invite-nous au Fouquet’s ! » Il y a surtout le RIC, ce référendum d’initiative citoyenne, qui pourrait peut-être permettre de renverser le président. L’un des porte-parole du mouvement rêve tout haut du général de Villiers à l’Elysée ; d’autres crient « All cops are Benalla » (« tous les flics sont des Benalla »), détournement improvisé de « All cops are bastards ». Tout s’emmêle, mais un slogan, « Macron démission », fédère les participants, et l’arrière-plan demeure le même : les Champs-Elysées.

    Début décembre, cette fois, ce sont des blindés de la gendarmerie qui encerclent la place de l’Etoile, du jamais-vu depuis la guerre. Le samedi précédent, l’Arc de triomphe a en effet été vandalisé. De Tokyo à New York, la photo fait la « une » des magazines de la planète, qui racontent même que Paris brûle. Dans les entrailles de son musée, la réplique en plâtre d’une statue de François Rude a perdu un œil.
    Le lendemain, Macron s’y rend à pied. Se recueille devant le Soldat inconnu. Ne dit rien. Sauf ces quelques mots, glissés au président du Centre des monuments nationaux : « Rouvrez le plus vite possible. » En s’éloignant, il peut voir des touristes faire des selfies devant les piliers de l’Arc tagués d’insultes. Le 15 mai 2017, l’avenue était le champ d’honneur d’un jeune président. Aujourd’hui, on photographie les stigmates d’un champ de bataille.