C’est cohérent avec le fonctionnement de la FNSEA : précisons tout d’abord qu’il s’agit d’un syndicat professionnel, donc pas un syndicat au sens des syndicats de salariés qui défendent des individus. Là il s’agit de défendre des entreprises, c’est-à-dire, dans le cas de la FNSEA, des exploitations agricoles. Or, alors qu’il est censé représenter tous les agriculteurs, dans leur diversité, la FNSEA est dirigée par des industriels. Son actuel président, Arnaud Rousseau, dirige aussi le conseil d’administration du groupe Avril, un groupe agro industriel international d’origine française spécialisé dans l’alimentation humaine, l’alimentation animale, l’énergie et la chimie renouvelable. Il possède des filiales comme Puget (huile d’olives), Lesieur ou Matines (les œufs). Le conflit d’intérêt est clair : cet homme est chargé de défendre des paysans que son propre groupe a plutôt intérêt à ne pas trop rémunérer, à diriger et à maintenir sous sa coupe.
Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce que la FNSEA dirige la colère des paysans pour obtenir une réduction des normes environnementales et un alignement sur une concurrence internationale plus productiviste. Ce faisant, elle défend un modèle agricole dominant qui sous-paye les agriculteurs, créé une souffrance au travail telle que les paysans sont beaucoup plus exposés au suicide que le reste de la population et détruit au passage nos campagnes et leurs écosystèmes, en exposant toujours plus la population aux catastrophes climatiques : par exemple, le lien entre la destruction des haies – nécessaire à une agriculture productiviste qui requiert des surfaces cultivables toujours plus étendues, laissant place à des tracteurs toujours plus imposants – et la force et les dégâts des inondations est avéré. Or, il y a actuellement deux fois plus d’arrachage de haies qu’il y a dix ans car les paysans doivent mener la course à la productivité que leurs syndicats défendent….
Il ne s’agit pas d’établir un rapport de force en faisant peur au gouvernement et aux autorités locales mais d’une mise en scène masquant la réalité de négociations bien conciliantes entre industriels de l’agriculture et gouvernement. Dans cette pièce de théâtre, les agriculteurs et leurs tracteurs servent de figurants alors qu’ils sont toujours à la fin les dindons de la farce.