7h36

Chaque matin, par email, une sélection de seenthis

  • Le doublement de la franchise sur les boîtes de médicaments entre en vigueur
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/31/le-doublement-de-la-franchise-sur-les-boites-de-medicaments-entre-en-vigueur

    Dès dimanche donc, la franchise sur les médicaments et les actes paramédicaux passe de 50 centimes à 1 euro. (...)
    En cas de cumul d’actes dans une même journée, le montant ne peut toutefois pas excéder 4 euros de reste à charge par jour sur les actes médicaux (contre 2 euros jusqu’alors) et 8 euros sur les transports sanitaires (contre 4 euros précédemment).
    La « participation forfaitaire » – qui fonctionne selon le même principe pour les consultations et actes médicaux, à l’exception de ceux réalisés lors d’une hospitalisation, mais aussi les examens de biologie médicale et de radiologie – passera, elle, bientôt à 2 euros, contre 1 euro aujourd’hui. La date de cette augmentation, actée par un décret paru à la mi-février, n’est pas encore connue.
    Afin que les personnes ayant le plus fort recours aux soins ne soient pas pénalisées, les deux plafonds annuels – l’un pour les franchises, l’autre pour les participations forfaitaires – sont maintenus à 50 euros chacun.
    Les franchises et remboursements forfaitaires ne sont pas applicables aux mineurs, aux femmes en congé maternité et aux bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S) – ces derniers ayant des revenus particulièrement modestes. [inférieurs à 1093e/mois pour une personne seule en 2024, ndc]

    Pour « 800 millions d’euros d’économie par an » à la Sécu.

    #santé #pauvres #accès_aux_soins

  • « Il n’existe aucun scénario de transition qui n’implique des changements profonds dans notre relation aux animaux »

    Dans la seconde moitié du mois de mars, quelque part sur la côte qui s’étire entre Kerpape et Larmor-Plage, dans le Morbihan, une laie a pris la mer. Elle s’est jetée dans les flots, sans doute poussée vers l’océan par une battue organisée sur le territoire des deux communes. Mue par une force mystérieuse dont nul ne saura jamais rien, elle a affronté le large. Elle a nagé près de dix kilomètres avant d’accoster sur les rivages de l’île de Groix, au terme d’une épreuve d’autant plus rude qu’elle s’apprêtait à mettre bas.

    L’étrangeté de cette prouesse, son incongruité radicale nous portent à des questions non moins inhabituelles. A quoi pense un sanglier seul, perdu en pleine mer, bousculé par la houle ? Par quelles émotions est-il traversé ? A-t-il peur, et comment ? Hésite-t-il, après un moment, à faire demi-tour ? Quelque chose qui ressemble à de la joie lui passe-t-il par l’esprit lorsqu’il aperçoit enfin une terre à l’horizon ?

    L’épopée de cette laie nous renvoie à ce que nous pourrions projeter de plus humain sur l’animal : la singularité des individus, l’audace exploratrice, la confrontation avec l’inconnu, l’âpreté avec laquelle on lutte pour sa vie et, plus encore, pour celle qu’on s’apprête à donner. Sitôt arrivée à Groix, la laie s’est cachée dans un roncier et y a mis au monde trois petits. Lundi 25 mars, à peine le quotidien Ouest-France avait-il eu le temps de raconter l’histoire que des membres de l’amicale des chasseurs du coin sont tranquillement venus tuer tout ce petit monde – la mère et ses trois marcassins.

    Faits politiques majeurs

    Nul besoin d’être encarté au Parti animaliste pour ressentir un trouble à la lecture de ce fait divers. D’ailleurs, Ouest-France n’a pu l’évacuer en une brève, mais y a consacré pas moins de trois articles. Ce qui trouble, bien sûr, c’est le profond hiatus entre l’énergie déployée par la laie pour survivre et sauver ses petits – et par laquelle elle s’humanise en quelque sorte aux yeux de certains d’entre nous – et la brutalité désinvolte, irréfléchie, avec laquelle la mort, en définitive, lui est administrée.

    Ce n’est pas une histoire pour faire pleurnicher dans les chaumières. Derrière la manière dont nous traitons les #animaux, derrière les motifs et les modalités de leur mort, se cachent souvent des faits politiques majeurs. Et d’autant plus majeurs que nous savons désormais avec certitude qu’il n’existe aucun scénario de transition qui n’implique des changements profonds dans notre relation aux animaux.
    C’est vrai, on le sait, pour ce qui est du #bétail. Outre les questions éthiques qu’elles posent, l’intensification et l’industrialisation de la « production animale » ont des effets catastrophiques sur l’ensemble des #écosystèmes et sur la #santé humaine. La pression sur les #terres_agricoles, dont les deux tiers en Europe sont consacrés à nourrir porcs, bovins et volailles, la disponibilité de la ressource en #eau, la #pollution par les nitrates des cours d’eau, des aquifères et des écosystèmes côtiers, la #déforestation forcenée pour faire place aux monocultures de soja… à des degrés divers, la surconsommation de viande génère ou aggrave tous les grands périls environnementaux et sanitaires.
    Tout cela est directement indexé sur le nombre d’animaux que nous nous permettons de tuer chaque jour : d’une certaine manière, nous payons, et paierons toujours plus, le pouvoir sans limite ni partage que nous nous sommes donné sur leur vie.

    Pour saisir le lien avec notre laie groisillonne, il faut lire un bref et remarquable ouvrage des écologues et géographes Raphaël Mathevet et Roméo Bondon (Sangliers. Géographies d’un animal politique, Actes Sud, 2022). Ils y expliquent comment, et pourquoi, en l’espace d’un demi-siècle, le sanglier est passé du statut d’animal forestier discret à celui d’espèce proliférante et invasive, colonisant tous les milieux. Au début des années 1970, on tuait 35 000 sangliers par an en France. Aujourd’hui, ils sont environ 800 000 par an à être tués, sans que cela semble entamer sérieusement la magnitude des dégâts de toutes sortes qu’ils causent à l’environnement et aux activités humaines.

    Prolifération des sangliers

    Avec le remembrement agricole, l’arrachage des haies et la mise à l’équerre des paysages de nos campagnes, la raréfaction du petit gibier a peu à peu laissé les chasseurs orphelins de leurs proies. Pour perpétuer la chasse et le plaisir de tenir une vie au bout de son fusil, la prolifération des sangliers a été organisée par l’agrainage (nourrissage hivernal), l’#élevage et l’hybridation avec des cochons domestiques plus fertiles, des méthodes de #chasse sélectives, etc. « Alors que, par le passé, le chasseur exerçait un droit de souveraineté qui reposait sur l’alternative “faire mourir ou laisser vivre” le gibier, écrivent les deux auteurs, la chasse du XXe siècle se saisit d’un droit inverse, qui est double : celui de “pouvoir faire vivre et laisser mourir” le gibier. » Ce redoublement du pouvoir que nous nous octroyons sur la vie du gibier vient, là encore, avec un fardeau : subir sa pullulation.

    Mais est-il bien sérieux, alors que le monde traverse tant de drames, et que la famine est redevenue une arme de guerre, de s’appesantir sur le sort des bêtes ? L’indifférence à leur égard, répondent en général les militants de la cause animale, est l’antichambre de celle envers le malheur qui frappe nos semblables les plus fragiles.

    « Des cruautés que l’on voit dans les campagnes commettre sur les animaux, de l’aspect horrible de leur condition, date avec ma pitié pour eux la compréhension des crimes de la force, écrivait Louise Michel dans ses Mémoires, en 1886. C’est ainsi que ceux qui tiennent les peuples agissent envers eux ! »

    Stéphane Foucart
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/31/ecologie-il-n-existe-aucun-scenario-de-transition-qui-n-implique-des-changem

    #indifférence #écologie

  • Socialité brisée | Nate Holdren
    https://cabrioles.substack.com/p/socialite-brisee-nate-holdren

    La solitude sociale se mêle à une autre facette de la socialité brisée, que je nommerai solitude politique. C’est le sentiment d’un fossé dans les valeurs ou la compréhension de certains aspects très importants du monde. Savoir que le retour à la normale signifie encore plus de morts et de souffrances qui altèrent la vie est terrible. Savoir que beaucoup de gens ne semblent pas s’en rendre compte, que des compagne·ons de route de gauche ne traitent pas cela comme une priorité, tout cela isole à un degré que je trouve difficile à exprimer.

    #covid #politique #gauche

  • Comment une petite laiterie de Laval est devenue l’empire Lactalis, numéro un mondial à l’appétit féroce - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/economie/comment-une-petite-laiterie-de-laval-est-devenue-lempire-lactalis-numero-

    « On est à 660 000 litres et on ne s’en sort pas »

    « J’ai vu des représentants de Lactalis à la limite du poli, presque au point de faire pleurer des éleveurs », affirme Patrice Clavreul, administrateur de l’Unell, rencontré dans sa ferme, à 20 km de Laval. Elle abrite 145 bêtes, dont 65 vaches laitières. En blouse bleue, Marie-Hélène, la mère de Patrice, s’active, balai en main. Trois générations se sont succédé à la ferme, pour livrer le lait à la famille Besnier.

    « En trois générations, on a triplé notre production. Mais les salaires n’ont pas suivi, cingle Patrice Clavreul. Mes grands-parents produisaient 100 000 litres par an, ils vivaient modestement. Puis mes parents ont repris, ils faisaient 210 000 litres en 1982. »Marie-Hélène se souvient : « À l’installation, le groupe nous avait prêté de l’argent, il y avait un côté humain. »

    Quand un grand groupe de l’#agroindustrie vous prête de l’argent, ce n’est pas par philanthropie.

  • « On était faits pour être ici » : les Hmong, peuple nourricier de la Guyane à l’héritage menacé
    https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/on-etait-faits-pour-etre-ici-les-hmong-peuple-nourricier-de-la-guyane-a-l
    https://www.liberation.fr/resizer/350OYDAdIs45do0zfx01HW5qL50=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3508x1418:3518x1428)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/JXPJM3BJZ5AGTJ5AHETMPABXQ4.jpg

    En produisant environ 70 % des fruits et légumes du département, l’ethnie originaire d’Asie, installée dans deux villages depuis la fin des années 70, est un pilier de la souveraineté alimentaire de la région. Mais l’agriculture peine à séduire les jeunes générations.

    En Guyane, on vit principalement sur la côte. Un peu au bord des fleuves ou des nombreux cours d’eau. Mais le reste n’est que forêt. Une forêt dense, parfois opaque, primaire. Hostile en somme. A l’exception d’un village. Un irréductible de la jungle amazonienne. Cacao – c’est son nom – ne fait pas partie de ces bourgades boueuses nées de la fièvre de l’or, celles qui déchirent et polluent au mercure ce bout de France en Amérique du Sud. Ici, les Cayennais affluent tous les dimanches pour profiter du marché, dévorer une assiette de porc au caramel ou de canard laqué. Il suffit d’avaler les 80 km de route qui s’enfoncent dans la forêt, et finissent, tournicotant, par prendre un peu de dénivelé. Voici l’un des deux villages hmong, rare point de convergence touristique de Guyane, et véritable grenier de la région.

    Les Hmong sont des nomades du Sud-Est asiatique, originaires du Laos, et un peu des pays alentour. Dans la deuxième partie du XXe siècle, ils se sont alliés aux Français en Indochine et aux Etats-Unis au Vietnam, s’attirant les foudres des régimes communistes qu’ils ont systématiquement combattus. L’arrivée de ceux-ci au pouvoir au Laos, en 1975, les a poussés à l’exil. Sur les 20 000 qui demandent l’asile, la France, redevable, en accueille une partie dans le Gard, et décide d’envoyer un millier d’entre eux en Guyane, entre 1977 et 1988, où les conditions climatiques sont jugées similaires à celles du Laos. Aujourd’hui, ils représentent 2 % de la population, et produisent entre 70 et 80 % des besoins en fruits et légumes de la région, selon la chambre d’agriculture.

    Alternative salvatrice

    « Nous sommes les harkis d’Asie », résume sobrement Ky Gilles Lau, membre de l’association de sauvegarde de la culture hmong. Agriculteur comme son père, le voici qui range son étal sur la place du marché qui jouxte un grand parking plein qu’une fois par semaine, le dimanche. Il fait partie de la première génération née dans la région, se dit « Guyanais de chez Guyanais », mais plaide pour préserver la culture hmong, son dialecte qu’on entend encore à chaque coin de rue, et transmettre la mémoire de la génération pionnière qu’il voit peu à peu disparaître. « Mon père et mon oncle sont arrivés ici dans les années 70, rembobine-t-il. Ce n’était qu’un camp d’orpaillage, sans route, accessible uniquement en pirogue. Les Français pensaient peut-être qu’on allait disparaître. Mais nos parents ont bâti Cacao à la sueur de leur front. » Ils ont troqué l’exil pour la survie.

    L’une des particularités du peuple hmong, c’est qu’il a toujours voyagé « muni de graines », selon Ky Gilles. Différentes espèces de fruits et légumes que ses parents ont plantées ici, en même temps qu’ils bâtissaient leur village. D’abord incités à cultiver du riz, sans succès, ceux-ci s’adonnent finalement au maraîchage. « Cacao est une cuvette, ce qui rend sa terre plus fertile que d’autres parties de la Guyane », précise le quadragénaire. De quoi survivre dans un premier temps sans trop dépendre de l’aide des militaires français, installés non loin de là. Puis de prospérer, en utilisant parfois des produits chimiques, pour devenir la principale manne agricole d’un territoire qui manque cruellement d’exploitations.

    Cacao et l’autre village hmong – Javouhey, plus à l’ouest – offrent une alternative salvatrice à la Guyane qui importe l’essentiel de ce qu’elle consomme. Ici, la nourriture se paie 40 % plus chère que dans l’Hexagone. Alors toute production locale est bonne à prendre. Surtout à l’heure où l’Etat français ambitionne d’aider son territoire d’outre-mer à atteindre la souveraineté alimentaire à l’horizon 2030. Ce qui nécessiterait, à en croire Emmanuel Macron qui était de passage ici les 25 et 26 mars, de cultiver 20 000 à 30 000 hectares supplémentaires. Le Président n’a pas honoré Cacao de sa présence : il a préféré visiter l’une des rares exploitations créoles à Matoury, dans la banlieue de Cayenne.

    Tourisme et transmission

    Un défi complexe, de l’aveu même des Hmong, qui luttent depuis bientôt cinq décennies contre une météo capricieuse, notamment lorsque la pluie tombe à torrent. Les exploitants qui se lancent se heurtent souvent au manque de foncier, en grande partie détenu par l’Etat, et doivent se contenter du marché guyanais, car il est n’est pas rentable d’exporter leur production vers la métropole, ni vers le Brésil ou le Suriname voisin. Bernadette Heu, 32 ans, constate qu’une bonne moitié des jeunes de sa génération ont quitté le village pour rejoindre Cayenne ou la métropole. « Si vous n’avez pas de terre, il n’y a pas beaucoup d’opportunité ici. » Ky Gilles abonde : « On fait un peu de l’agriculture par défaut, il n’y a pas d’autres débouchés. Donc ceux qui ne trouvent pas de boulot dans les champs s’en vont. »

    Reste tout de même le tourisme. Et ce rendez-vous dominical qui attire toujours plus de monde. « Venir ici, c’est un peu une balade de santé, une évasion. Ça change de Cayenne », raconte Stéphane, un « métro » – né dans l’Hexagone – installé en Guyane depuis trois ans. Il est attablé avec un ami sous un hall ouvert où quelques stands de broderies asiatiques côtoient des cuisines éphémères. Sa voiture est garée dans la rue principale, entre les centaines d’autres visiteurs d’un jour venus respirer l’air moite de la forêt, et faire leurs courses pour la semaine. On vient autant pour les légumes que pour les maisons sur pilotis, où le matériel agricole est stocké au rez-de-chaussée. Voyage asiatique dans une France sud-américaine, symbole du syncrétisme propre à la Guyane. On y avance sous le concert des picolettes, des oiseaux qui chantent depuis leur cage, véritables institutions guyanaises. « C’est aussi une tradition hmong, s’amuse Ky Gilles. Comme quoi on était faits pour être ici. »

    Lorsque la nuit approche, les voitures décampent, et le village retrouve sa torpeur habituelle. Les adolescents, qui semblaient terrés jusque-là pour fuir le brouhaha des étrangers, se retrouvent, les yeux rivés sur leurs téléphones. Leurs parents circulent dans des pick-up rutilants, le bas de caisse débordant d’une terre ocre séchée. Eux vivotent sur des quads. Jason se dit « attaché au village », mais avec son accent moins marqué que celui de son paternel, il rêve de métropole.

    « Nos parents se sont battus pour s’installer ici et, nous, nous risquons de nous battre pour retenir nos propres enfants », résume sans fatalisme Bernadette Heu. Car même si le dialecte hmong tend à se diluer, la vie reste douce à Cacao. D’où l’optimisme de Ky Gilles, qui voit mal son héritage disparaître. « Tant que le village existera, il vivra. » Et l’agriculture de Guyane avec.❞

    #Guyane #Laos #Hmong #GuerreIndochine

  • Pourquoi Glucksmann ? | Stefano Palombarini
    https://www.contretemps.eu/pourquoi-glucksmann-parti-socialiste-gauche-strategie-palombarini

    Raphaël Glucksmann semble l’enfant chéri de la presse mainstream, qui voit en lui – dans la perspective des élections européennes à venir – un antidote utile à la gauche de rupture, incarnée depuis plusieurs années par Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise. Son profil politique ne laisse effectivement guère place au doute : il s’agit d’une version vaguement rafistolée de l’orientation d’accompagnement du capitalisme néolibéral qui a plongé la gauche dans une crise historique, partout dans le monde.

    Mais qu’est-ce que cela dit des batailles qui se jouent à gauche actuellement et des stratégies des différents partis qui s’étaient unis dans le cadre de la NUPES, en particulier du PS ? L’économiste Stefano Palombarini, auteur notamment (avec Bruno Amable) de L’Illusion du bloc bourgeois, avance quelques pistes.

    Beaucoup a été dit sur la candidature de Raphaël Glucksmann aux élections européennes, de son choix d’en faire une occasion de propagande des positions ultra-atlantistes sur la politique internationale tout en minorant les thèmes de politique économique et sociale. On sait qu’il parle peu volontiers de la situation à Gaza, pour laquelle il refuse d’utiliser le terme génocide pourtant validé par la Cour Internationale de Justice dans son verdict à la suite de la plainte déposée par l’Afrique du Sud. On sait qu’il va bien au-delà de la volonté de soutenir militairement l’Ukraine, une volonté partagée aussi par ceux qui pensent qu’une aide de ce type est nécessaire pour établir un rapport de force suffisamment équilibré, et laisser ainsi une chance à une solution négociée du conflit. Non, pour lui aucun accord de paix n’est possible avec Poutine, un tyran qui menace nos démocraties : la seule possibilité est de le « défaire totalement », de « l’humilier ». En bon néoconservateur, il va même plus loin : les démocraties occidentales ne sont pas simplement menacées par Poutine, mais par « l’alliance entre la Russie et la Chine […]. Ce n’est pas une alliance conjoncturelle, mais une alliance idéologique, dont le ciment est le ressentiment à notre égard », où évidemment le « notre » ne fait pas référence seulement à la France, mais à l’Occident[1].

    Ces positions ne sont guère étonnantes pour qui connaît son parcours : contributeur regulier de la revue Les meilleurs des mondes, qui a été un soutien indéfectible de la politique étrangère de George Bush ; membre du cercle de l’Oratoire, think tank atlantiste et néoconservateur ; sous l’impulsion de Bernard-Henri Levy[2], conseiller de Mikheïl Saakachvili pendant que celui-ci présidait la Géorgie sur une ligne atlantiste et libérale. En 2007, d’abord candidat pour Alternative Libérale, Glucksmann décida finalement d’apporter un soutien enthousiaste à Sarkozy, qu’il considérait comme « l’héritier rebelle » de 1968[3]. Dix ans plus tard, il accueillait avec ces mots le résultat de la présidentielle :

    « Emmanuel Macron s’adresse à des individus empêchés dans leur quête d’épanouissement par des blocages culturels, des structures sociales ossifiées, des « assignations à résidence » géographiques, identitaires ou économiques, qu’il promet de dépasser. Il est structurellement antiraciste et ouvert sur le monde. Il entend donner à chacun d’entre nous les moyens de se réaliser, rendre la société moins rigide, plus fluide. Il incarne une pensée centrée sur les libertés individuelles, à laquelle la France fut longtemps rétive. Voilà pourquoi il a séduit tant d’anciens soixante-huitards : le président Macron est, de ce point de vue, leur fils spirituel »[4].

    Macron comme Sarkozy, les héritiers de 1968… Si, depuis, Glucksmann dit avoir viré à gauche (une gauche qui s’identifie, comme dans la meilleure tradition du Parti socialiste, avec la toujours très hypothétique construction d’une « Europe sociale »), ses positions sur la politique internationale n’ont pas changé d’un iota, et correspondent toujours à celles du néoconservatisme le plus aveugle.

    Si le profil de Glucksmann ne laisse place à aucun doute, on peut en revanche s’interroger sur les raisons qui ont conduit le Parti socialiste à le désigner pour la deuxième fois comme tête de liste, en renonçant de nouveau à attribuer le rôle à l’un de ses dirigeants. Bien évidemment, il s’agit d’une candidature qui peut se révéler efficace dans une élection qu’on prévoit largement boudée par les jeunes et les classes populaires : selon un sondage Ipsos publié début mars[5], qu’il faut considérer plus solide que d’autres en raison de la taille importante de l’échantillon, le taux d’abstention se situerait à 65% pour les employés et les ouvriers, et dépasserait le 70% pour les moins de 35 ans. Mais la question ouverte porte sur ce que cette candidature dit des perspectives stratégiques d’un parti qui, sorti en miettes de la présidentielle, avait décidé de s’engager dans la NUPES avant de « suspendre » sa participation au mois d’octobre 2023.

    Une première hypothèse, souvent évoquée, est celle d’une volonté de renégocier la NUPES sur la base du résultat des européennes, ce qui permettrait au PS, si les sondages devaient se confirmer, de jouer un rôle majeur dans la désignation du candidat commun à la présidentielle. Mais cette interprétation apparaît plus que fragile : le PS a choisi non seulement de refuser une liste unique, mais aussi de mener campagne sur des thèmes très clivants à gauche, qui l’éloignent radicalement non seulement de la France insoumise, mais aussi du Parti communiste et d’une fraction non négligeable des écologistes. De ce point de vue, le résultat des européennes n’a guère d’importance : si la perspective était toujours celle d’un rassemblement de l’ensemble de la gauche, le PS n’aurait pas désigné Glucksmann, ni décidé d’axer sa campagne sur la guerre comme unique instrument de solution du conflit ukrainien. Il l’a fait, et l’enseignement qu’on doit en tirer est que pour les socialistes, la NUPES est définitivement enterrée.

    Une deuxième hypothèse prend ainsi corps : la décision de rompre durablement toute démarche unitaire pourrait être le produit d’une nostalgie de la longue période qui a vu le PS dominer l’espace de la gauche avec les autres mouvements réduits à la marginalité, une nostalgie qu’on sait être bien présente parmi les cadres du parti. Cette perspective interprétative laisse cependant songeurs tant elle relèverait de l’absence complète d’analyse des échecs subis en 2017 et 2022. La crise du Parti socialiste a été celle de la gauche d’accompagnement, dont le projet depuis les années 1980 était une transition vers le capitalisme néolibéral accomplie « en douceur », qui éviterait toute rupture brutale à la Thatcher, avec des réformes institutionnelles s’attachant d’abord aux domaines les moins directement connectés aux intérêts populaires, comme le système financier ou le commerce international, et menées dans une logique de compromis, à l’image du gouvernement Jospin qui a battu les records en matière de privatisations tout en concédant la réduction de la durée légale du travail à 35 heures.

    Si cette stratégie a fonctionné pendant presque quatre décennies, elle était destinée à rencontrer sa limite : au moment où la poursuite de la réforme néolibérale imposait de s’attacher à la relation salariale et à la protection sociale, le bloc de soutien au PS s’est scindé en deux, avec d’une part les groupes sociaux décidés à prolonger le mouvement qui ont rallié Macron, et d’autre part les catégories populaires définitivement dégoutées par l’action des gouvernements socialistes qui ont pris d’autres directions, principalement vers l’abstention ou vers la gauche de rupture, au cri de « jamais plus le PS ». L’impossibilité de François Hollande de se représenter et le mauvais résultat de Benoit Hamon, puis la déroute d’Anne Hidalgo ne sont pas des événements à l’intérieur d’une parenthèse qu’il s’agirait de refermer : la stratégie de la gauche d’accompagnement, à une époque gagnante, n’est aujourd’hui plus viable.

    En créditant d’un minimum d’intelligence politique les dirigeants socialistes, il faut donc douter de la pertinence de cette deuxième hypothèse et en formuler une troisième en mesure de rendre compte du choix de se ranger derrière Glucksmann. La lutte pour succéder à Macron dans la représentation du bloc bourgeois est destinée à s’ouvrir dans la période qui vient, et rien ne dit qu’elle sera réservée aux composantes de la minorité présidentielle. La dérive droitière du Président et de ses fidèles laisse d’ailleurs imaginer qu’un espace puisse s’ouvrir pour un candidat en mesure de rejouer la campagne « progressiste » du premier Macron, et il y a beaucoup de raisons pour imaginer que le profil de Glucksmann soit adapté à une telle tâche.

    Cependant, même dans les sondages sur les prochaines européennes qui lui sont les plus favorables, il n’y a pour l’instant aucun signe d’une capacité du PS d’intercepter le soutien ne serait-ce que d’une petite fraction du bloc bourgeois : celui-ci s’effrite, mais exclusivement à l’avantage de la droite et (surtout) de l’extrême-droite, alors que le total des voix pour les listes socialiste et écologiste est, dans tous les sondages, au mieux identique à celui de 2019[6]. Mais de façon plus fondamentale, il faut rappeler quels étaient les axes structurants de la première campagne macroniste : accent sur démocratie, libertés publiques, droits individuels, certes ; attachement total à la construction européenne, évidemment ; mais aussi volonté ferme d’amener à son terme la transition néolibérale, y compris au prix de réformes impopulaires sur le travail et la protection sociale.

    C’est sur ces axes que le bloc bourgeois s’est construit, et c’est la capacité d’être crédible sur les trois axes qui sera déterminante pour savoir si un autre Macron est vraiment possible[7]. Concrètement, pour le PS cela reviendrait non seulement à se payer plein de mots sur l’Europe et la démocratie, exercice qu’il maitrise parfaitement, mais aussi à réhabiliter la loi El Khomri et François Hollande, ce qui n’est pas à exclure mais qui demanderait d’effacer de la mémoire des électeurs toutes les critiques formulées par le parti à leur encontre, l’inventaire « sans concession » dressé par Olivier Faure du quinquennat de l’ancien président[8], la participation à la NUPES, l’alliance aux législatives avec la France insoumise. Bref, si l’idée est de se positionner de sorte à représenter un bloc bourgeois par ailleurs déclinant, l’éphémère virage à gauche de la période qui va de mai 2022 à octobre 2023 pourrait se révéler un handicap insurmontable.

    Même si c’est à des degrés divers, chacune de trois clés de lecture évoquées a de quoi laisser perplexe. Il y en a en revanche une quatrième qui paraît plus pertinente. Il est possible que le PS ait tiré comme enseignement de ses derniers échecs l’impossibilité de jouer de nouveau un rôle de premier plan dans le gouvernement du pays, et qu’il considère désormais comme objectif prioritaire simplement sa survie : ce qu’on pourrait appeler « le syndrome PCF ». La décision d’intégrer la NUPES, qui restera peut-être dans les mémoires comme la dernière tentative socialiste de traduire une ambition nationale dans une stratégie politique, impliquait un risque sur la viabilité d’un parti qu’elle a profondément divisé.

    Faure n’a gagné le congrès de janvier 2023 qu’avec un très faible écart, résultat d’ailleurs contesté par ses opposants ; et tout indique qu’au moins depuis octobre, il a perdu la main sur un parti aujourd’hui dominé par son ancienne minorité, une (ex)-minorité constituée très largement par des élus locaux dont les choix stratégiques sont liés bien davantage au renouveau de leurs mandats qu’à un projet de gouvernement pour la France. Il suffit de rappeler que ses figures principales s’appellent Carole Delga, présidente de la région Occitanie (ovationnée sur demande de Glucksmann au meeting toulousain du 23 mars), Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, Michaël Delafosse, maire de Montpellier, ou encore Anne Hidalgo, maire de Paris. Tous réunis aujourd’hui, avec Faure, dans le soutien à Glucksmann, dont la candidature s’explique avec la nécessité de réunifier un parti menacé de disparition à cause des mauvais résultats électoraux mais aussi de ses fractures internes.

    Ainsi, comme je l’ai indiqué, le résultat des européennes à venir, quel qu’il soit, ne jouera guère dans la renégociation d’une NUPES que le PS a décidé de dissoudre définitivement ; il pourra éventuellement donner quelques illusions, mais bien fragiles, aux nostalgiques des années glorieuses du parti ; et se révèlera très probablement inefficace pour ceux qui voient dans l’essayiste néoconservateur le successeur possible de Macron. Mais si elle ne correspond à aucun projet politique national solide et cohérent, la candidature Glucksmann permet aujourd’hui au PS de se considérer comme enfin ressoudé : l’appareil n’est pas mort, comme n’est pas morte sa capacité d’aider des notables locaux à garder leur place.

    • « Après l’adoubement de Taubira, la suite...
      Celle qui voulait le "big bang" en 2019 avec les sociaux-libéraux (avant de soutenir Mélenchon après l’échec de son truc) est bien évidemment prête à s’allier avec les sociaux-libéraux. Elle l’a fait à la marie de Paris avec Delanoë » !

      🔴⚡Info @le_Parisien L’option @Clem_Autain pour 2027 | « C’est l’une des rares à LFI avec qui on peut travailler » loue un socialiste. « Il y a quelque chose à créer » affirme un autre du PS. « Je l’aime bien, elle pourrait être une hypothèse » affirme un insoumis.

      https://twitter.com/GastonLefranc/status/1774374732932038767

    • CLÉMENTINE AUTAIN PASSE LA SECONDE

      2027 EN SECRET. Clémentine Autain a décidé d’accélérer sa stratégie, avec 2027 dans le viseur. En toute discrétion, la députée de La France Insoumise a réuni environ soixante-dix personnes dans une salle du XIXe arrondissement de Paris le 29 février, a appris Playbook.

      Objet de la réunion : “Commencer à s’organiser en vue de la présidentielle”, dans les mots de l’un de ces soutiens. Un autre rassemblement de ce type est prévu la semaine prochaine.

      En piste. La députée de Seine-Saint-Denis “a dit qu’elle se préparait pour être une possibilité pour la présidentielle, c’était très clair”, nous racontait un autre participant à cette première soirée. Devant son auditoire, elle “a expliqué pourquoi elle avait pris sa décision et pourquoi elle pensait être une solution pour rassembler la gauche”.

      “C’était la première fois qu’elle le disait comme ça”, relevait-il encore.

      Top secret. “On a assuré la confidentialité aux participants”, relatait le même, qui refusait de dévoiler le nom des présents. Parmi ces derniers, plusieurs, embêtés, n’ont pas souhaité confirmer leur présence ; d’autres ont minimisé la portée de l’initiative.

      Playbook a tout de même gratté : d’après plusieurs sources, une demi-douzaine de députés étaient là, dont Raquel Garrido, Alexis Corbière et Danielle Simonnet — tous les trois en rupture de ban avec la direction de LFI — ou encore la communiste Elsa Faucillon, une proche de longue date d’Autain. Dans la salle étaient aussi présents des maires d’Ile-de-France, des personnalités des milieux associatif, féministe, artistique, ou de la société civile.

      Il va y avoir du sport. “D’habitude ils sont cinq ou dix max, en cercle serré. Là, elle élargit aux deuxième et troisième cercles, elle change de dimension”, détaillait, enthousiaste, le soutien cité en haut. Lequel analysait : “Elle est dans une stratégie de marathonienne, elle a besoin de se compter”. “Elle se bouge, elle est dans une démarche d’unité”, louait un autre.

      Passage à la douane. Interrogée sur cette réunion hier, Clémentine Autain refusait d’en dire plus en pleine campagne des européennes : “Je n’ai rien à déclarer, si ce n’est que oui, c’est vrai, je travaille avec beaucoup de gens dans un cadre privé et dans un spectre large, et j’écoute”, évacuait-elle.

      ET APRÈS ? L’ex-adjointe à la mairie de Paris “a dit qu’elle voulait structurer quelque chose” et engager un “travail commun” avec les participants, nous assurait l’une de nos sources. Mais la démarche n’en est qu’à son commencement : “Personne n’a de rôle déterminé”. Seule une boucle WhatsApp au titre encore imprécis — “Rdv Clémentine Autain” — a été créée.

      To-do list. “Il faut travailler un récit, une personnalité, un style ; une campagne, c’est des années de labeur”, énonçait un proche, expliquant qu’Autain entendait “incarner une gauche alternative mais sans être dans ‘le bruit et la fureur’”.

      Passif. La députée remet régulièrement en cause publiquement cette stratégie de conflictualisation théorisée par Jean-Luc Mélenchon. Début février, les nouvelles critiques qu’elle avait émises ont provoqué la colère de l’Insoumis en chef qui l’a appelée à “cesser” son “sabotage” dans un message Telegram interne révélé par Le Nouvel Obs. “Partir serait mieux”, avait cinglé Mélenchon.

      Privée de micro. Signe de l’état exécrable des relations entre Autain et la direction de LFI, l’élue de Seine-Saint-Denis n’a pas été invitée à dire un mot d’accueil sur scène lors du premier meeting de Manon Aubry pour les européennes, contrairement à l’usage. Ce dernier se tenait pourtant à Villepinte, dans sa circonscription.

      Au passage, notez que Christiane Taubira, l’ancienne garde des Sceaux, interrogée hier par Libération sur les candidats potentiels pour reprendre le flambeau chez LFI, a dit sa préférence pour Clémentine Autain.

      https://www.politico.eu/newsletter/playbook-paris/4498911

    • Tous les deux jours des nouvelles de cette entreprise ultra discrète !

      https://www.liberation.fr/politique/presidentielle-2027-comment-clementine-autain-et-francois-ruffin-se-prepa

      Chacun à sa façon, Clémentine Autain et François Ruffin travaillent à une possible candidature pour 2027. En froid avec la direction de LFI, ils avancent sans entrer l’un et l’autre en confrontation.

  • 75% des auteurs et autrices de BD installé·es à Angoulême sont RSA.

    Comme eux, beaucoup de professionnels de la création tels que les graphistes, photographes, graphistes, peintres, designers, illustratrice, écrivains, traductrices et j’en passe, possède des droits sociaux au rabais.

    Ils cotisent comme tout le monde, mais n’ont pas les mêmes droits que des salariés. C’est pour en finir avec cette injustice que le député communiste Pierre Dharréville ainsi que plusieurs syndicats et associations (SNAP CGT, STAA CNT-SO, La Buse, la SRF, l’AFD) ont rédigé un projet de loi visant à intégrer les artistes-auteur·ices dans la caisse commune de l’assurance chômage.

    Une pétition en faveur de ce projet de loi a été signé près de 15.000 fois. N’hésitez pas à y participer !

    http://www.continuite-revenus.fr/tribune.php

  • Francesca Albanese : « Aucun État n’est au-dessus des lois » | Mediapart | 30.03.24

    https://www.mediapart.fr/journal/international/300324/francesca-albanese-aucun-etat-n-est-au-dessus-des-lois

    Entretien à Mediapart avec la rapporteure de l’ONU pour les Territoires palestiniens occupés.

    MP : Votre analyse est critiquée par plusieurs chancelleries, notamment en France, où le ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, affirme qu’« accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral ». Que leur répondez-vous ?

    Le génocide est défini par le droit international. Il n’est pas défini par des opinions personnelles ou par des expériences historiques douloureuses. Aucun État n’est au-dessus des lois. Que signifie dire : comment peut-elle accuser l’État d’Israël ? Pourquoi ne le pourrais-je pas ?

    [...]

    Comment enquêter en tant qu’experte indépendante des Nations unies sur un tel terrain et alors que vous ne pouvez pas y accéder ?

    Israël a annoncé en février 2024 qu’il m’interdisait le territoire. Mais en réalité, aucun rapporteur spécial de l’ONU pour les Territoires palestiniens occupés n’a été autorisé à entrer dans le pays au cours des seize dernières années.

    Pour quelles raisons ?

    Parce qu’Israël agit au mépris du droit international et des règles de l’ONU de bout en bout, considérant que nous serions partiaux ou anti-israéliens, ce qui n’est pas vrai. Aucun de nous n’a jamais eu quoi que ce soit contre Israël. Nous voulons simplement qu’Israël se comporte conformément au droit international. Est-ce trop demander ? Il faut cesser de nier les comportements criminels imputables à Israël. À long terme, cela va être encore plus préjudiciable que cela l’a été jusqu’à présent, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.

  • Pascal Rogard : « La France a laissé tomber la défense du droit d’auteur pour faire plaisir à Mistral »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/03/30/pascal-rogard-la-france-a-laisse-tomber-la-defense-du-droit-d-auteur-pour-fa

    Jusqu’à présent, dans tous les dossiers liés aux droits d’auteur et à la défense de la création, Bruxelles apparaissait prolibérale, et la France était partisane de la régulation et de la défense de la création. Là, pour la première fois, les rôles étaient inversés : celui du « gentil » était tenu par Thierry Breton, tandis que les « méchants » étaient Bruno Le Maire [ministre de l’économie] et Jean-Noël Barrot [ministre délégué chargé de la transition numérique sous le gouvernement Borne, entre 2022 et 2024]. La France, pays inventeur des droits d’auteur, est apparue à front renversé, à l’inverse de ce qu’elle a toujours défendu. MM. Le Maire et Barrot ont laissé tomber la défense du droit d’auteur au nom d’un développement du numérique national. Mais surtout pour faire plaisir à Mistral – l’une des principales start-up françaises de l’IA –, dont le lobbyiste à Bruxelles est Cédric O, ex-ministre chargé du numérique.

  • Franc CFA : la nouvelle présidence sénégalaise donne le signal de la rupture | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/290324/franc-cfa-la-nouvelle-presidence-senegalaise-donne-le-signal-de-la-rupture

    Même s’il dit vouloir être prudent, le nouveau président sénégalais est déterminé à abandonner le franc CFA. Attendue par les populations d’Afrique de l’Ouest, cette sortie a des contours encore flous. Le Sénégal va-t-il créer sa propre monnaie ou participer à une monnaie régionale ?

    #sénégal #FCFA #CEDEAO
    https://justpaste.it/7zeg3

  • Le cost killer et le post-politique | Mouise Bourgeois presents
    https://mouisebourgeoispresents.wordpress.com/2022/12/13/le-cost-killer-et-le-post-politique

    G. était un cost killer. Un tueur de coûts. Un tueur tout court. Il avait été embauché pour ça. Il avait déjà derrière lui le palmarès de deux boites fermées et quelques milliers d’emplois détruits. A moins d’une surprise, on finirait bien par être la troisième. Les choses ont commencé par une « externalisation » de certains services. « Délocalisation », c’est trop connoté. Trop 90’s. On sait ce que ça veut dire donc on peut s’y opposer. Là, l’externalisation c’était pour réajuster nos missions et nos services, afin de nous offrir des postes à plus hautes compétences. Subtil, n’est-ce pas ? Qui se bat contre une revalorisation des postes apportant des compétences plus hautes ? En moins d’un an, le service le plus important, composé d’une centaine de personnes, tournait à 20. Le reste avait été externalisé à Madagascar. Cette réduction drastique avait été finalement assez facile. Il n’y avait même pas eu besoin de trop licencier. Les gens partaient d’eux-mêmes. C’est l’avantage avec un service composé de salariés à mi-temps, mal payés, en début de carrière ou exerçant cet emploi pour ce qu’il est : un job alimentaire. Il suffit de mettre en place quelques erreurs systématiques sur la fiche de paie, de nouvelles règles de cadences insurmontables, un management violent et les gens partent. Se battre pour un boulot de merde que l’on n’avait pas prévu de faire toute sa vie est absurde. Celles et ceux qui sont restés n’avaient pas le choix. Et c’est un avantage : on peut faire ce que l’on veut avec des gens qui n’ont pas le choix et qui sont trop peu nombreux pour organiser une lutte qui puisse payer. Ils ont donc fait la seule chose qu’ils pouvaient faire : ils ont courbé le dos en espérant que cela ne tombe pas sur leur gueule.

  • La Shoah après gaza
    https://lundi.am/La-Shoah-apres-gaza

    En 1977, un an avant de se suicider, l’écrivain autrichien Jean Améry découvrit des articles de presse faisant état de la torture systématique des prisonniers arabes dans les prisons israéliennes. Arrêté en Belgique en 1943 alors qu’il distribuait des tracts antinazis, Améry avait lui-même été sauvagement torturé par la Gestapo, puis déporté à Auschwitz. S’il parvint à survivre, jamais il ne put considérer ses tourments comme appartenant au passé. Il insistait sur le fait que les torturés restent des torturés, et que leur trauma est irrévocable. Comme nombre de survivants des camps de la mort nazis, Améry en était d’abord venu à éprouver un « lien existentiel » avec Israël dans les années 1960. Il avait attaqué de manière obsessionnelle les critiques de gauche de l’État juif en les qualifiant d’« irréfléchis et de malhonnêtes », et fut peut-être l’un des premiers à affirmer que sous les atours d’un anti-impérialisme et d’un antisionisme vertueux se dissimulait un antisémitisme virulent. (Une idée désormais communément colportée par les dirigeants et les partisans d’Israël). Pourtant, les rapports « certes sommaires » faisant état de torture dans les prisons israéliennes incitèrent Améry à réfléchir aux limites de sa solidarité avec l’État juif. Dans l’un des derniers essais qu’il publia, il écrivit : « J’appelle de toute urgence tous les Juifs qui veulent être des êtres humains à se joindre à moi dans la condamnation radicale de la torture systématique. Là où commence la barbarie, les engagements existentiels mêmes doivent prendre fin. »

    Améry a été particulièrement perturbé par l’apothéose de Menachem Begin, en 1977, en tant que Premier ministre d’Israël. Begin, qui avait organisé l’attentat à la bombe de 1946 contre l’hôtel King David à Jérusalem, au cours duquel 91 personnes furent tuées, fut le premier de ces représentants assumés du suprémacisme juif qui continuent de diriger Israël. Il fut également le premier à invoquer régulièrement Hitler, l’Holocauste et la Bible alors qu’il attaquait les Arabes et bâtissait des colonies sur les territoires occupés. Dans ses premières années, l’État d’Israël avait entretenu une relation ambivalente avec la Shoah et ses victimes. Le premier Premier ministre israélien, David Ben Gourion, avait d’abord considéré les survivants de la Shoah comme des « débris humains », affirmant qu’ils n’avaient pu survivre qu’en se rendant « vilains, rudes et égoïstes ». C’est Begin, le rival de Ben Gourion, un démagogue polonais, qui fit du meurtre de six millions de Juifs une intense préoccupation nationale et une nouvelle base pour l’identité d’Israël. L’establishment israélien commença à produire et à diffuser une lecture très particulière de la Shoah mise au service de la légitimation d’un sionisme militant et expansionniste.

    • Des rappels historiques ( de 1945 à 1948) dans ce film documentaire suivi d’un débat (DébatDoc sur LCP).

      La Shoah est aujourd’hui au cœur de l’identité israélienne. Elle est devenue l’affaire du pays tout entier. Une fois par an, le jour du souvenir tout s’arrête. En mémoire de ses martyrs, le pays tout entier se fige dans le silence et le recueillement. Depuis quelques années, les femmes rescapées sont mises à l’honneur dans un concours de beauté. Destiné à célébrer la vie, le titre de « Miss survivante de la Shoah » couronne la gagnante. La tragédie des Juifs d’Europe légitime désormais si fort l’existence de l’état hébreu que le monde a oublié que sa création a été avant tout le fruit du jeu cynique des grandes puissances. En réalité, les cendres d’Auschwitz n’ont pas pesé lourd dans la naissance d’Israël.

      https://www.dailymotion.com/video/x8vtxf2

      Fiche du film et bio du réalisateur :
      https://www.cinema-histoire-pessac.com/festival/films/israel-merci-moscou

  • Loi agricole : la « souveraineté alimentaire » contre l’environnement | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/280324/loi-agricole-la-souverainete-alimentaire-contre-l-environnement

    C’estC’est, pour le moins, un texte qui se trompe de cible. Initialement lancé pour répondre à l’enjeu crucial du renouvellement des générations – la moitié des agriculteurs et agricultrices en activité en 2020 sera partie à la retraite dans les six ans qui viennent –, le projet de loi d’orientation agricole qui arrivera, après un énième report, mercredi 3 avril sur la table du Conseil des ministres a été « enrichi », comme l’avait promis le ministre Marc Fesneau pour répondre à la colère agricole.

    Mais plutôt que de combler les manquements déjà soulignés par de nombreux acteurs dans la première version du texte rendue publique en décembre, et de s’attaquer à la question centrale de la rémunération, la nouvelle version, révélée par Contexte le 1er mars, s’attaque à… la protection de nos ressources et des milieux naturels.

  • Paris 2024 : « plusieurs nations étrangères » vont envoyer des soldats pour renforcer la sécurité des Jeux
    https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/03/28/paris-2024-plusieurs-nations-etrangeres-vont-envoyer-des-soldats-pour-renfor

    Parisiennes et Parisiens, bon courage !

    « Plusieurs nations étrangères », dont la Pologne, vont envoyer des militaires pour aider à sécuriser les Jeux olympiques à Paris cet été, a appris, jeudi 28 mars, l’Agence France-Presse (AFP), auprès du ministère des armées. « Plusieurs nations étrangères vont nous renforcer dans certains domaines critiques, comme les capacités cynophiles, où les besoins sont énormes » pendant les JO, selon le ministère.

    Le ministre de la défense polonais a annoncé que son pays allait envoyer des renforts militaires pour aider à la sécurisation des JO, alors que la France est en alerte maximale face à la menace d’attentats.

    « Les forces armées polonaises rejoindront la coalition internationale [!!!] mise en place par la France pour soutenir la préparation et la sécurité des Jeux olympiques d’été 2024 », a déclaré, sur X, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, sans préciser le nombre de soldats déployés.

  • Butler, Alimi et l’« éthique » | par Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/butler-alimi-et-l-ethique

    L’intervention il y a un mois de Judith Butler n’en finit donc pas de produire du remous. Judith Butler a dit « résistance » — et pu mesurer ce qui s’en est suivi. Arié Alimi lui rétorque « éthique de la résistance ». On a compris le fond de l’affaire : il va s’agir de juger — donc de condamner. C’est à ça que servait « terrorisme » : à produire de la condamnation, dont l’unique fonction est que rien ne puisse être ajouté derrière elle. Mais « terrorisme » c’est du niveau de Macron, BHL ou Léa Salamé. Entre intellectuels, on passera donc par l’éthique et la philosophie morale. Car pour émettre de la condamnation bien fondée, il faut disposer d’une norme du juste et de l’injuste. Voilà à quoi Alimi ramène Butler. Disons que Judith Butler n’était pas entièrement à l’abri d’une objection de cette nature. Objectivement, une partie de sa propre philosophie l’appelle. C’est la possibilité de ce porte-à-faux qu’Arié Alimi a utilisée.

    La philosophie morale a toute sa dignité, et la réflexion éthique son domaine propre, ça va sans dire. Elle devient problématique quand elle sort de son ordre, comme dirait Pascal, et qu’elle entend annexer, ou au moins détourner, la lecture d’un événement qui appartient en première instance à un autre registre, entre autres celui de la philosophie politique.

    Il n’est pas fortuit que le mot « éthique » ait proliféré ces dernières décennies, et nous savons parfaitement à quoi cette prolifération a servi : à une vaste entreprise de dépolitisation. Dont le capitalisme néolibéral aura été le premier lieu, pour ne pas dire le premier bénéficiaire. Les entreprises sont éthiques, la finance est éthique ; comme Total, Orpéa a un comité d’éthique ; notre consommation devrait être éthique, notre tri des déchets aussi.

    Il ne s’agit pas de dire que la philosophie éthique est tout entière de cette eau de vaisselle. Mais qu’il y a un climat intellectuel général, et que, même à distance, la philosophie en enregistre les effets, dans les problèmes qu’elle choisit de se poser. La pensée politique également. Dont les lignes de réflexion immédiate s’en trouvent pré-orientées, sans qu’elle en ait toujours grande conscience. C’est pourquoi, le plus souvent, quand nous entendons « éthique », nous devrions dresser l’oreille : il se pourrait qu’il y ait du problème absurdement posé dans l’air. À l’évidence, avec l’objection qu’Alimi fait à Butler, nous y sommes en plein. Ça n’est pas tant qu’« éthique de la résistance » sonne comme un moyen de gagner sur tous les tableaux — on a dit résistance, mais on ajoute qu’il faut que ça demeure raisonnable. C’est qu’à mettre aussitôt le mot « éthique », toute lecture strictement positive, c’est-à-dire causale, de l’événement se trouve distordue, en fait empêchée, par rabattement immédiat dans la logique du jugement.

    Or il faut d’abord produire cette lecture positive, et la produire jusqu’au bout, au moins pour s’éviter le ridicule scolastique du jugement éthique suspendu dans les airs. Il se trouve que, là où on nous répète ad nauseam que tout est complexe, cette lecture est non seulement accessible mais tragiquement simple. Elle part de l’hypothèse que, parmi les combattants du Hamas le 7 octobre, il n’y en avait probablement pas un qui n’avait souffert antérieurement l’assassinat par Israël de ses êtres les plus chers, qui n’avait tenu dans ses bras le corps d’un enfant, d’un parent, d’un époux ou d’une épouse aimés, déchiquetés par les balles ou écrasés par les bombes. Que fait un individu qui est passé par là ? Il s’engage. Il s’engage dans une cause plus grande que lui, qui dépasse ses propres mobiles, mais qui s’alimente aussi de ces mobiles. Il s’engage parce qu’avant de vouloir la libération nationale, il a voulu la vengeance. Or la vengeance n’est pas juste, elle n’est pas éthique : elle est la vengeance. Et elle est sanguinaire. Celui qui veut la vengeance est possédé de rage meurtrière.

    En 75 ans, Israël a produit de la rage vengeresse à l’échelle d’un pays entier – et l’on préfère ne pas penser à ce que les événements actuels sont en train d’y ajouter. On comprend assez bien qu’en mettant bout à bout tous ces destins brisés, devenus autant de destins vengeurs, il risque tôt ou tard de s’en suivre des choses terribles. Abominables, possiblement. Et l’on voit au passage, qu’il n’y a aucun besoin d’invoquer de l’éthique pour en être horrifié, ou bien une éthique minimale seulement, du simple respect de toute vie humaine. Car oui, les crimes du 7 octobre nous laissent horrifiés. On se souvient des derniers mots de Kurz dans Au cœur des ténèbres : « horreur, horreur ». Et Conrad ne fait pas de l’éthique.

    Nous savions que, dans l’ordre des opérations intellectuelles, condamner est radicalement hétérogène à comprendre, auquel il fait obstacle la plupart du temps. Mais nous voyons que, à l’intérieur même des sentiments moraux, condamner se distingue d’être horrifié. On a besoin d’un équipement éthique somme toute modique, sans grand appareil normatif du juste et de l’injuste, pour être horrifié. L’éthique n’est nullement indispensable à produire ce qu’elle se croit seule à même de produire : le sentiment d’être horrifié. Ce sentiment ne naît pas d’une réflexion préalable sur le juste et l’injuste. L’horreur n’est pas justifiée ou injustifiée : elle est l’horreur.

    La grammaire de la justification n’est pas seulement superflue ici : elle est une impasse intellectuelle. Alimi écrit à l’adresse de Butler que « la contestation des termes de terrorisme et d’antisémitisme va dans le sens d’une justification politique et morale des actes du 7 octobre ». Tout est faux dans cette phrase, entendre : tout est absurde, rien n’a de sens, tout est construit de travers – et surtout tout est parfaitement scandaleux. Finalement « terrorisme » n’était pas réservé à BHL et Léa Salamé.

    Sans surprise, Alimi cite alors Sartre — qui a « justifié » le septembre noir des JO de 1972. Il aurait dû citer Fanon — que Sartre pourtant a préfacé. Fanon lui ne justifie rien. Il ne fait pas de l’éthique : il fait de la physique décoloniale. Il dit : voilà comment ça va se passer, et voilà pourquoi. En d’autres termes, il est matérialiste. Être matérialiste c’est analyser un paysage de forces, saisir comment elles se déterminent mutuellement, anticiper dans quel sens probable leur résultante pourra emmener, et si cette résultante ne nous plaît pas réfléchir à l’intervention d’une force supplémentaire qui n’était pas dans le paysage de départ mais qui pourrait en changer la dynamique d’ensemble. Voilà ce qu’est être matérialiste.

    Le drame de la pensée éthique c’est qu’elle est indécrottablement idéaliste et individualiste. Alors elle va en appeler à des principes, imaginant qu’ils ont quelque force propre, et puis à l’effort des individus. À leur effort éthique, à leur discernement en matière de juste et d’injuste. Si quelqu’un se sent d’aller donner des recommandations éthiques à Gaza en ce moment, qu’il n’hésite pas à se faire connaître, on le regarde. À défaut de faire le voyage et comme, inévitablement, l’éthique, une fois lâchée, prolifère, Alimi en appelle maintenant à celle « de l’intellectuelle ». Bien sûr, pour sommer l’intellectuelle de ne plus dire « résistance » sans la soumettre à une éthique de la résistance. On pourrait aussi considérer que si, par extraordinaire, de l’éthique pouvait trouver sa place dans la situation présente, elle devrait davantage être laissée à ceux qui y souffrent et s’y battent qu’à ceux qui regardent à distance.

    Mais tout ceci respire tellement l’humanisme bourgeois. C’est un pli, et lui aussi est indécrottable. Alimi reprend de Butler l’idée que « les moyens que nous utilisons reflètent le monde que nous voulons créer », mais pour l’affliger là encore d’un recodage éthique dont elle n’a en fait aucun besoin : on peut s’en donner une compréhension entièrement stratégique et politique.

    Contre la dynamique de la vengeance, il n’y a qu’un moyen et un seul : l’interposition d’un tiers — une institution — capable, elle, de produire de la condamnation, mais juridique, et de la réparation. Voilà, non pas le « principe éthique », mais la force à faire intervenir dans la situation.

    Sous les attendus d’une guerre de libération contre un oppresseur colonial, il y a les forces actives de la vengeance. Ce n’est pas l’invocation de principes éthiques qui pourra les modérer. La vengeance, c’est la réciprocité négative chimiquement pure, et contre la dynamique de la vengeance, il n’y a qu’un moyen et un seul : l’interposition d’un tiers — une institution — capable, elle, de produire de la condamnation, mais juridique, et de la réparation. Voilà, non pas le « principe éthique », mais la force à faire intervenir dans la situation. Or : qui a vu un tiers en Palestine ? Qui a vu de la réparation ? Typiques de toutes les situations coloniales, les arriérés de réparation s’accumulent en longue période, 75 ans en l’occurrence, promettant à l’explosion d’être plus violente à mesure que le temps passe. Et il faudrait que les Palestiniens se dotent d’une « éthique de la résistance » quand ils se soulèvent ? Mais dans quel monde vivent les gens qui peuvent dire des choses pareilles ? Le tiers est aux abonnés absents, et les puissances qui pourraient en tenir lieu ont pris outrageusement parti pour l’oppresseur. Peut-on s’étonner qu’après 75 ans les choses tournent mal, parfois même qu’elles tournent abominables.

    On n’en finit peut-être pas aussi vite. On dira par exemple que vouloir à tout prix sortir l’éthique de l’analyse finit par faire oublier ce dont elle est capable. À l’image de cet homme cruellement endeuillé lors des attentats de 2015 à Paris, qui a trouvé, on ne sait comment, la force d’écrire « Ils n’auront pas ma haine », et que c’est bien là un mouvement éthique, un admirable mouvement de l’âme même. Et c’est vrai, ça l’est. Mais voilà, on ne bâtit pas de la politique sur l’hypothèse de miracles individuels. Au reste, d’événements de cette nature, c’est le corps politique, transcendant aux individus, qui se charge, avec des moyens normalement orthogonaux à la haine et à la miséricorde : les moyens de la justice — non pas de la justice éthique mais de la justice judiciaire. Cette forme d’interposition qui fait tant défaut à Gaza.

    On dira aussi que tout ce propos est incohérent, puisqu’à la fin des fins, il prend parti — donc ne tient pas son registre de positivité jusqu’au bout. C’est vrai : il prend parti. Mais selon aucun argument de justification. On prend parti en regardant laquelle des deux colonnes de torts soufferts est la plus grande. On regarde, et la décision est vite faite. Finalement, c’est simple, simple — et laid — comme une situation coloniale : il y a un oppresseur et il y a un opprimé. D’aucuns soutiennent qu’à propos du 7 octobre toute réflexion devrait partir de « terrorisme ». Non, elle devrait partir de là.

    Frédéric Lordon

    • Fanon lui ne justifie rien. Il ne fait pas de l’éthique : il fait de la physique décoloniale. Il dit : voilà comment ça va se passer, et voilà pourquoi. En d’autres termes, il est matérialiste. Être matérialiste c’est analyser un paysage de forces, saisir comment elles se déterminent mutuellement, anticiper dans quel sens probable leur résultante pourra emmener, et si cette résultante ne nous plaît pas réfléchir à l’intervention d’une force supplémentaire qui n’était pas dans le paysage de départ mais qui pourrait en changer la dynamique d’ensemble. Voilà ce qu’est être matérialiste.

    • Dans mon souvenir ce que Fanon dit c’est que lutte de libération (et non pas tel ou tel individu) a à démont[r]er son surcroît de qualité éthique sur la domination qu’elle combat, en particulier dans l’usage de la violence (ce qui a peu à voir avec la comptabilité des torts de notre économiste de gauche).

    • Nous ne légitimons pas pour autant les réactions immédiates de nos compatriotes. Nous les comprenons, mais nous ne pouvons ni les excuser, ni les rejeter. Parce que nous voulons d’une Algérie démocratique et rénovée, parce que nous croyons qu’on ne peut pas s’élever, se libérer dans un secteur et s’enfoncer dans un autre, nous condamnons, le cœur plein de détresse, ces frères qui se sont jetés dans l’action révolutionnaire avec la brutalité presque physiologique que fait naître et qu’entretient une oppression séculaire.

      – Frantz Fanon, L’an V d la révolution algérienne, Paris, Maspero, 1966

    • On prend parti en regardant laquelle des deux colonnes de torts soufferts est la plus grande. On regarde, et la décision est vite faite. Finalement, c’est simple, simple — et laid — comme une situation coloniale : il y a un oppresseur et il y a un opprimé. D’aucuns soutiennent qu’à propos du 7 octobre toute réflexion devrait partir de « terrorisme ». Non, elle devrait partir de là.

      Frédéric Lordon

    • merci @rastapopoulos.
      On oublie trop (merci Sartre...) que Fanon fut aussi un psychiatre, d’abord au contact, à Saint-Alban, de ce qui deviendra la psychothérapie institutionnelle. De celle-ci on rappelle volontiers qu’elle se donne pour tache de soigner l’institution.
      Un mouvement de libération, processus instituant, exige lui aussi du soin. Ce n’est pas un enjeu moral mais une clé pour son devenir et c’est ce sur sur quoi Butler (son Hamas comme composante de « la gauche mondiale ») comme Lordon font allègrement l’impasse.

      #Franz_Fanon

    • En 75 ans, Israël a produit de la rage vengeresse à l’échelle d’un pays entier – et l’on préfère ne pas penser à ce que les événements actuels sont en train d’y ajouter. On comprend assez bien qu’en mettant bout à bout tous ces destins brisés, devenus autant de destins vengeurs, il risque tôt ou tard de s’en suivre des choses terribles. Abominables, possiblement.

      Mon interprétation :
      Dans les pays de « l’Occident global », nul ne pourra désormais prétendre être à l’abri de la vengeance de ceux que nos dirigeants ont laissé se faire opprimer et déposséder. Quant aux dirigeants, ils auront toute latitude de se bunkériser et de bunkériser nos esprits et nos corps. Israël a signé l’arrêt de mort de la démocratie et les veuleries de nos « démocrates » ne sont que la manifestation de ses derniers sursauts d’agonie. Bienvenue dans un monde néo-féodal.

      #brutalité #arbitraire #théocratie

    • @colporteur mais Fanon comprend, il condamne et il comprend… Car comme le dit Lordon (et c’est il me semble vrai sur ce point) Fanon fait de la « physique » coloniale, matérialiste : après des décennies d’oppression, d’horreur, de meurtres en toute impunité avec l’approbation de la plupart des nations unies qui n’ont presque rien fait en 75 ans… il est logique que les oppressés explosent (au figuré et parfois au sens propre). Ce qui était pareil pour les algériens qui n’en pouvaient plus. Fanon sait que ça ne va pas, il condamne « plein de détresse » la brutalité et l’horreur, mais il comprend la logique qui presque à coup sûr aboutit à ça. La fenêtre pour sortir par une piste moins brutale est minuscule, si elle existe… :(

  • German bank freezes account of anti-Zionist Jewish association
    https://www.aa.com.tr/en/economy/german-bank-freezes-account-of-anti-zionist-jewish-association/3176925

    A bank in Germany froze the account of the anti-Zionist Jewish association Jewish Voice for a Just Peace in the Middle East on Wednesday and requested a list of its members and their addresses.

    The association said that Berliner Sparkasse blocked their account without prior notice for updating customer information.

    The bank said in a letter to the association’s board that the move was “precautionary” and requested various documents, including a list of its members’ names and addresses to be submitted by April 5.

    The association questioned the bank’s authority to freeze accounts without explanation, highlighting the unusual request for the list.

    It suggested that such a demand resembles inquiries made by intelligence agencies or police exerting political pressure on the Jewish association.

    The association’s account was closed in 2019 due to pressure from the Central Council of Jews in Germany, it noted.

    • Germany: State bank freezes account of Jewish peace activist group
      By Pauline Ertel | Published date: 28 March 2024 17:54 GMT |
      https://www.middleeasteye.net/news/german-jewish-voice-peace-bank-account-blocked-berlin-bank

      Berliner Sparkasse Bank demanded that Jewish Voice for Just Peace in the Middle East disclose list of members, including addresses

      A state-owned bank in Germany has frozen the account of a Jewish anti-Zionist organisation and demanded the group disclose a list of all its members.

      Judische Stimme für gerechten Frieden in Nahost, or Jewish Voice for Just Peace in the Middle East, announced on Tuesday that its account with Berliner Sparkasse was frozen on 26 March with immediate effect.

      “In 2024, Jewish money is once again being confiscated by a German bank: Berliner Sparkasse freezes Jewish Voice account,” Jewish Voice said in a statement on its social media platforms.

      The group received a letter from the bank informing it that a full list of all members, including adresses, tax documentation, income statements and other internal documents, needed to be submitted to Berliner Sparkasse by 5 April to “update customer data”.
      (...)
      “As a public corporation, the bank is bound by public law and may therefore not arbitrarily freeze bank accounts without providing an explanation, which it did not,” Jewish Voice said in its statement.

      The organisation hired a lawyer who has cofirmed that the blocking of the account is illegal and constitutes a breach of contract, Hoban said.

  • Study: ‘gamechanger’ diabetes drugs cost up to 400 times more than needed
    https://www.theguardian.com/global-development/2024/mar/28/drug-companies-diabetes-drugs-medicines-ozempic-trulicity

    Drug companies are pricing diabetes medicines at almost 400 times the level necessary to make a profit, according to a new study.

    Researchers said it would also be possible for modern insulin pens, which are safer and offer more accurate doses than vials and syringes, to be used even in low-income countries if pharmaceutical firms “put people before their astronomical profits”.

    #pharma #diabète

  • « Il faut prendre en compte les réalités de l’économie de la culture fondée sur la contribution des artistes-auteurs faiblement rémunérés »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/25/il-faut-prendre-en-compte-les-realites-de-l-economie-de-la-culture-fondee-su

    Un collectif rassemblant plusieurs milliers de personnalités du monde culturel, dont la réalisatrice Agnès Jaoui, l’écrivain Nicolas Mathieu et la dessinatrice de bandes dessinées Pénélope Bagieu, demande, dans une tribune au « Monde », l’adoption d’une proposition de loi visant à intégrer les #artistes-auteurs dans la caisse commune de l’#assurance-chômage.

    Aucun livre, film, spectacle vivant, aucune création visuelle, plastique, graphique ou sonore ne peut exister sans le #travail initial d’un ou d’une artiste, ou d’un auteur ou d’une autrice. Nous, les artistes-auteurs, sommes à l’origine de toute œuvre. Nous sommes la condition sine qua non de la création contemporaine, l’élément moteur de la vie culturelle et intellectuelle de notre pays. Notre travail génère une activité économique qui fait vivre les secteurs de la musique, de l’art contemporain, de l’édition, du design ou du cinéma.

    Environ 720 700 emplois dépendaient directement de nos créations en 2019, selon l’analyse conjoncturelle du chiffre d’affaires de la culture au quatrième trimestre 2022. En 2022, les secteurs de l’art et de la #culture représentaient plus de 90 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un montant colossal, mais sans rapport avec nos conditions de vie.
    En 2021, nous étions plus de 300 000 à avoir déclaré des revenus au régime des artistes-auteurs. Parmi nous, des écrivains, des compositeurs, des réalisateurs, des scénaristes, des photographes, des graphistes, des peintres, des sculpteurs, des illustrateurs, des designers ou encore des traducteurs.

    Une précarité structurelle

    Malgré la diversité de nos professions, nous partageons un statut offrant une faible protection sociale. Contrairement aux artistes-interprètes, nous ne bénéficions pas des #droits_sociaux fondamentaux que sont la reconnaissance des accidents du travail ou des maladies professionnelles. Nous n’avons pas non plus accès à l’assurance-chômage, en dépit de nos #emplois_précaires et discontinus.

    Pourtant, nous sommes aussi des travailleurs et prétendons à une couverture sociale digne de ce nom. La situation sociale des métiers de la création est bien documentée : en 2017, 53 % des artistes graphiques et plastiques ont perçu moins de 8 703 euros de revenus artistiques annuels, selon le rapport d’activité 2018 de la Maison des artistes. Si toutes nos professions ne sont pas égales face à la #pauvreté, tous les artistes-auteurs partagent une précarité structurelle qui les empêche de se projeter et d’envisager l’avenir sereinement.

    La situation est également bien connue du Parlement européen, qui, dans sa résolution du 21 novembre 2023, alerte sur les droits des artistes-auteurs, soulignant qu’ils devraient, comme tous les travailleurs, bénéficier « du droit à un salaire minimum, à la négociation collective, à une protection en ce qui concerne le temps de travail et la santé, à des congés payés et à un accès amélioré à la protection contre les accidents du travail, aux prestations de chômage et de maladie, ainsi qu’aux pensions de vieillesse contributives ».

    Intégrer la caisse commune de l’assurance-chômage

    Il est temps de prendre en compte les réalités d’une économie fondée sur la contribution de travailleurs faiblement rémunérés, soumis à une concurrence féroce et relégués dans des dispositifs inadaptés comme le RSA [revenu de solidarité active] et l’ASS [allocation de solidarité spécifique]. Les réformes en cours menacent d’ailleurs d’en priver nombre d’artistes-auteurs, qui risquent alors de devoir renoncer à leur métier.

    C’est pourquoi, avec Pierre Dharréville, député (Gauche démocrate et républicaine) des Hauts-de-Seine, et la commission culture du Parti communiste français, des syndicats et associations (SNAP CGT, STAA CNT-SO, La Buse, la SRF, l’AFD) ont rédigé, sous l’œil attentif de la majorité des organisations professionnelles, une proposition de loi visant à intégrer les artistes-auteurs dans la caisse commune de l’assurance-chômage.

    Son adoption serait une avancée historique s’inscrivant dans la continuité des dispositifs en place. Car, depuis le milieu des années 1970, nous sommes adossés au régime général de la Sécurité sociale et bénéficions des droits de salariés en ce qui concerne la retraite, la maladie et la famille. Il s’agira ici d’étendre ces prestations au chômage, conformément aux recommandations du Parlement européen.

    Une usure physique et psychique

    Ce progrès social majeur serait financé par une augmentation des cotisations payées par les diffuseurs, qui passeraient de 1,1 % à 5,15 % – les artistes-auteurs s’acquittant déjà d’une part salariale de la contribution chômage via la CSG [contribution sociale généralisée].

    La liberté, au cœur de la création, ne peut exister qu’à l’abri de logiques ultra-concurrentielles qui favorisent les violences systémiques. Contre l’incertitude des règles du marché, qui conduisent à obéir plutôt qu’à inventer, nous devons construire des droits qui changent la donne. S’il est émancipateur, le travail de création génère aussi du stress, des angoisses, amplifiés par l’absence de protection sociale. Cette précarité provoque de l’usure physique et psychique.

    Une rémunération archaïque héritée du XIXe siècle

    L’effet immédiat de ce dispositif de continuité du revenu sera de sortir de la #précarité économique nombre d’entre nous, qui pourront ainsi se maintenir en activité. Nous aurons plus d’aisance pour négocier nos contrats, et serons en meilleure position dans les rapports de force, forcément inégaux, instaurés par les diffuseurs et les commanditaires.
    Moins #précaires, nous n’aurons plus à choisir entre une vie de famille et la poursuite de notre carrière. Nous pourrons envisager plus sereinement des situations de vie extrêmement banales qui sont particulièrement complexes pour nombre d’entre nous (location, emprunts bancaires, etc.).

    La sécurisation des conditions de travail des artistes-auteurs est essentielle pour que continuent d’éclore des talents qui font l’attractivité de la France et contribuent à son rayonnement. Nous demandons aux parlementaires, députés et sénateurs, de défendre et de voter ce texte qui mettrait fin à un mode de rémunération archaïque hérité du XIXe siècle.

    Les premiers signataires de cette tribune : Pénélope Bagieu (dessinatrice de bandes dessinées), Lucas Belvaux (réalisateur), Philippe Faucon (réalisateur et producteur), Gisèle Vienne (chorégraphe et metteuse en scène), Arthur Harari (cinéaste), Agnès Jaoui (actrice et cinéaste), Ange Leccia (artiste plasticien), Nicolas Mathieu (écrivain), Catherine Meurisse (illustratrice et dessinatrice), Usul (vidéaste) et Jean-Luc Verna (artiste plasticien).

    Liste complète des signataires https://continuite-revenus.fr/tribune

  • « Notre mort est toujours considérée comme libératrice par cette société » - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/03/elisa-rojas-notre-mort-est-toujours-consideree-comme-liberatrice-par-cette-s

    Les inquiétudes de nombreuses personnes handicapées et/ou malades concernant ce projet me paraissent des plus légitimes. Le problème avec « la fin de vie » ou « l’aide à mourir », c’est que l’on ne peut pas raisonner de façon abstraite autour de la liberté en faisant fi du contexte dans lequel s’inscrit un tel projet de loi. Sans égalité, il n’y a pas de réelle liberté de choix, quel que soit le domaine. Or nous vivons dans une société inégalitaire, marquée par des systèmes d’oppression qui hiérarchisent les vies, et en cours de fascisation. Une société dans laquelle, d’une part, les vies des personnes malades/handicapées ne valent pas cher et, d’autre part, l’accès aux soins publics et gratuits devient de plus en plus difficile.

  • Menaces sur la liberté académique et la liberté d’expression dans l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR)
    https://academia.hypotheses.org/55835

    Communiqué du SNTRS Paris-Nord Chère collègue, cher collègue, Le SNTRS-CGT s’alarme du climat de restriction de la liberté scientifique et de la liberté d’expression qui s’est installé dans le paysage de l’ESR depuis la reprise d’un conflit de haute intensité … Continuer la lecture →

    ##ResistESR #Actualités_/_News #Démocratie_universitaire #État_de_droit #Gouvernance_de_l'ESR #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #CNRS #EHESS #libertés_académiques #libertés_d'expression #Université_de_Savoie_Mont_Blanc_USMB_

    • Au même moment, à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), une véritable vague de haine et d’insultes a visé une anthropologue reconnue, spécialiste de la Palestine, pour avoir relayé le communiqué d’un syndicat étudiant sur la liste de discussion politique et syndicale interne à l’École. En réponse à ce qui ne peut être qualifié autrement que de délation calomnieuse, la direction du CNRS a initié une procédure disciplinaire accélérée contre notre collègue, pour des motifs aussi graves et choquants qu’« apologie du terrorisme » et « incitation à la haine raciale » ! Lors de cette procédure, la défense précise assurée par le SNTRS-CGT a permis de démontrer l’absurdité de ce qui était reproché à notre collègue, et de rappeler les grands principes et la jurisprudence sur la liberté d’expression, en particulier dans le monde universitaire. La direction du CNRS s’est ainsi contentée de prononcer une sanction minime – un avertissement – mais, a toutefois décidé de la publier au Bulletin Officiel, contre l’avis de la CAP.

  • Travailleurs (et) pauvres : un choix politique ?
    https://theconversation.com/travailleurs-et-pauvres-un-choix-politique-226064

    Aujourd’hui le RSA net de forfait logement est aujourd’hui égal à 534 euros pour une personne seule, soit 38 % du smic à temps plein (1 398 euros) : l’écart peut être réduit sans crainte de faire disparaître les incitations. Bien sûr, verser un revenu monétaire n’est pas suffisant et la relation entre minima sociaux et taux d’emploi ne doit pas s’interpréter de manière causale. La stratégie efficace pour réduire la pauvreté passe par un haut niveau de service public pour tous : éducation, santé, petite enfance.

  • « On n’a pas de plafond ! » : profs et élèves mobilisés ensemble en Seine-Saint-Denis - Basta !
    https://basta.media/on-n-a-pas-de-plafond-profs-et-eleves-mobilises-ensemble-en-seine-saint-den
    https://basta.media/local/cache-gd2/04/d24ad2b3ac1540f69af40b166f3a51.webp

    Manque de personnel, profs non remplacés, bâtiments vétustes, elle résume une partie des maux de l’Education nationale, décuplés en Seine-Saint-Denis. Et elle a fait exploser la visibilité de la mobilisation en cours autour du « plan d’urgence pour le 93 », un mot d’ordre intersyndical exigeant de nouveaux postes et des rénovations d’établissements pour un total de 358 millions d’euros.

    Au lycée Louis-Le-grand, situé dans le 5e arrondissement de Paris, des élèves ont aussi réalisé une vidéo TikTok, cette fois pour essayer de tordre le cou aux clichés qui entourent leur prestigieux établissement. Mais les jeunes de Blaise-Cendrars, eux, en ont surtout retenu la splendeur du bâti : « La première fois que j’ai vu cette vidéo, je me suis dit : “c’est normal que ce soit aussi beau, c’est un lycée de Paris”. Mais en fait, quand j’ai fait la comparaison avec notre lycée, je me suis dit que non, ce n’était pas normal », raconte Sam, lycéen en première à “Cendrars”.

  • Déficit : comment Bercy justifie un dérapage « très, très rare » | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/deficit-comment-bercy-justifie-un-derapage-tres-tres-rare-2085213

    Deux autres mauvaises surprises restent encore assez mystérieuses. La première est le rendement décevant de l’impôt sur les sociétés - 4,4 milliards de moins qu’escompté. Bruno Le Maire a simplement souligné le rôle des sociétés financières et promis de creuser le sujet.

    Enfin, le gouvernement n’a pu que constater le complet échec de sa taxe exceptionnelle sur les profits des énergéticiens - la fameuse CRIM (contribution sur les rentes inframarginales). Lors de sa conception, elle était censée rapporter 12,3 milliards en 2023. A l’automne, le gouvernement n’en attendait plus que 3,7 milliards. En décembre, ce chiffre était à nouveau abaissé à 2,8 milliards. Finalement, Bercy n’aura réussi à capter que… 300 millions - soit moins de 1 % des marges bénéficiaires empochées par les producteurs, distributeurs et intermédiaires du marché de l’électricité selon un récent rapport de la Cour des comptes.