le nécessaire et inlassable rappel du droit

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  • Gaza : le nécessaire et inlassable rappel du droit
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/27/gaza-le-necessaire-et-inlassable-rappel-du-droit_6213382_3232.html

    En se fixant l’objectif de détruire le Hamas, Israël a en fait mis en marche une machine à broyer Gaza et ses habitants.

    En fait, pour mettre en marche une machine à broyer Gaza et ses habitants, l’état sioniste a pris pour prétexte l’objectif de détruire le Hamas.

    • La Cour a, en revanche, enjoint à l’Etat hébreu de faire tout son possible pour « empêcher la commission de tout acte entrant dans le champ d’application » de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, et de prendre « toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide ». Une recommandation bienvenue étant donné les propos inquiétants émanant de la coalition gouvernementale la plus à droite de l’histoire d’Israël.

      Quelques réflexions à propos de ce gouvernement d’extrême droite en Israël :

      Comme le dit justement Alain Gresh, un État colonialiste ne peut que se radicaliser dans les moyens répressifs mis en action pour continuer son projet colonialiste, sur la durée.

      D’une part, l’émergence d’un gouvernement d’extrême droite en Israël n’est pas un accident. C’est la suite logique, intégrée dans le processus historique du projet colonialiste sioniste qui ne peut que se radicaliser dans la violence exercée contre le peuple autochtone. C’est ainsi que les guerres coloniales, de façon générale, sont menées.

      D’autre part, la mise en action de ce projet politique colonialiste - le sionisme - a été incarnée dans le passé par des personnalités plus « démocratiques » que les Netanyahou - Smotrich - Ben-Gvir - Gallant et consorts. On prédit au gouvernement actuel qu’il sera remplacé par des représentants politique plus présentables, « une fois qu’on aura fini la guerre contre le Hamas ».

      Il n’en reste pas moins que l’État d’Israël s’est construit, depuis un siècle, d’une façon cohérente à partir de ce projet sioniste pour atteindre l’objectif d’une colonisation totale du territoire palestinien, voire plus, quelle que soit la tendance politique au pouvoir. D’autre part, la société israélienne est aujourd’hui très majoritairement soudée derrière un chef d’État crypto-fasciste, par ailleurs fort critiqué sur le plan intérieur mais à qui on demande de faire le sale boulot d’épuration ethnique.

      Les personnalités politiques (notamment) en France, pour qui l’État d’Israël ne peut faire l’objet que d’un soutien inconditionnel, obéissent aux mêmes logiques.

      Voilà pourquoi il est essentiel de pouvoir défendre et revendiquer la légitimité d’un regard critique sur le projet politique du sionisme car, de façon générale, tout projet politique doit être critiquable et, en particulier, concernant le sionisme, il n’y aura aucune solution pérenne de paix sur ce territoire - à commencer par la sécurité des Israéliens - tant que ce projet ne sera pas remis en cause fondamentalement. Et remettre en cause le projet sioniste ne signifie pas obligatoirement qu’il faudrait « jeter les juifs à la mer » ni être amalgamé au discours débile, raciste, fasciste et antisémite de Dieudonné.

      Remettre en cause le projet politique sioniste, cela commence déjà par admettre la réalité coloniale. Pour l’heure, cette démarche semble totalement inimaginable en Israël, tant la majorité de la population semble être prostrée dans une position défensive qui l’empêche même d’admettre cette réalité.

      L’urgence est au cessez-le-feu immédiat car c’est un génocide qui se déroule à Gaza et c’est une offensive colonialiste d’une brutalité extrême qui a lieu en Cisjordanie. On ne peut pas attendre que les choses évoluent dans les esprits des Israéliens, d’autant que cela risque d’être long.

      Voilà pourquoi les palestiniens n’ont aujourd’hui pas d’autres choix que d’espérer que les suites politiques du recours à la CPI, ainsi que les négociations diplomatiques gérées par des intermédiaires puissent leur éviter d’être exterminés et rayés de la carte.