Pour résumer : On confond intérêts des individus, et intérêt indéfinissable d’une espèce de gigantesque chose parfaite qui aurait défini des règles parfaites avec son immense cerveau sans se soucier des individus : « La Nature ». Moi, je m’intéresse à ceux qui ressentent : Les individus, et je tiens compte de la complexité de toutes les interactions entre tous les individus, je suis conscient que cette complexité est très loin d’être maîtrisée, mais je ne l’appelle pas « Nature », divinité parfaite qui dépasserait l’intérêt des individus.
Illustration : Mourir de faim et de soif au milieu de la forêt, « dans la nature », n’implique pas moins de souffrance que mourir de faim et de soif dans une maison.
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Et si un jour une solution nous tombe toute cuite dans les mains (Exemple : Trouver comment faire cohabiter deux espèces précises, proies et prédateurs, sans que l’une ne mange plus l’autre, leur offrir des vies longues et agréables, et sans que ça ait aucune incidence sur les autres populations animales et végétales environnantes.), on refuse de la voir, parce qu’on a refusé de voir le problème.
Je vois toute cette réflexion, ce besoin de solidité du concept « Nature » et l’impossibilité de sa remise en question au même niveau qu’un tas d’autres tabous sur lesquels la réflexion est interdite, parce qu’on est terrorisé par les implications et dérives possibles.
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Le problème de la prédation : souffrance/mort. Souffrance et mort sont des problèmes dans n’importe quel autre contexte, mais soudain, s’il s’agit d’un non-humain qui inflige souffrance et mort pour mettre la victime non-humaine dans son ventre, le problème disparaît par magie...
La prédation entre dans un système extrêmement complexe, qui rend les solutions difficiles à envisager. Ça n’efface pourtant pas le problème.
De fait, une partie de la solution a ce problème a déjà appliquée : Extraire les humains, les chats, les chiens et autres animaux de compagnie de la chaîne alimentaire. Supprimer beaucoup de leurs prédateurs. Mais surtout rendre invincibles les humains par les autres animaux. Si la prédation n’était pas un problème, je suppose qu’il faudrait que les humains se résolvent à rétablir leurs propres prédateurs dans les écosystèmes, se débarrasser eux-mêmes de leurs moyen de défense, et se laisser bouffer par eux, non ?
L’un de vous dit que l’humain fait partie de la nature. Si l’humain fait partie de la nature, alors son activité fait également partie de la nature. En quoi ce serait si choquant et contraire à la nature qu’il consacre une partie de son activité à épargner de la souffrance à certains animaux sauvages ?
On voit « La Nature » comme un truc intouchable quand il s’agit de penser aux animaux en tant qu’individus... et comme un truc qu’on modifie constamment pour nos propres intérêts. On voit « La Nature » comme un truc stable, figé, qui se régule par soi-même... et comme un truc qui ne cesse de fluctuer à mesure que le climat change, à mesure que des espèces apparaissent quand d’autres disparaissent depuis des milliards d’années... et comme un truc qu’aujourd’hui les humains doivent eux-mêmes réguler en concevant intelligemment leurs activités, voire en tuant les espèces « en surpopulation » (ou en dopant les espèces sous-peuplées)... En quoi ça serait si impensable de réguler ces écosystèmes en tenant compte des individus animaux pour eux-mêmes ?
On imagine que tous les herbivores ont absolument besoin d’un prédateur pour être régulés... Et les prédateurs, par qui sont-ils régulés ? Et les éléphants ? Et les rhinocéros ?
On pose que tout est parfait, quand on n’a absolument aucune raison de le penser. C’est juste effroyablement complexe. Mais puisque l’objectif n’est même pas fixé, on ne sait même pas par rapport à quoi ça devrait être parfait (Que tout reste figé ?).
On s’horrifie à l’idée de transformer la situation de quelques individus animaux dans un futur lointain (après l’abolition, et la fin du spécisme), parce que ça pourrait avoir des conséquences totalement imprévisibles (alors que la question est justement de le faire si toutes les conséquences ont été envisagées), alors qu’aujourd’hui même on passe notre temps à dévaster la planète et exterminer les espèces sans se soucier des conséquences dramatiques parfaitement visibles...
Un exemple de « solution », proposé dans un autre texte : Trouver un moyen d’atténuer la douleur de certaines espèces de proies lorsqu’elles se font bouffer. (Un gaz ou autre chose.) Absurde ? Les soins palliatifs pour les humains sont-ils absurdes ?