• « Le #viol, passage presque inévitable de la migration » : à Marseille, huit femmes témoignent

    Lundi 18 septembre, la revue scientifique internationale « The Lancet » publie une enquête de santé publique inédite menée sur 273 demandeuses d’asile à Marseille, corrélant la migration et la violence sexuelle dont elles sont victimes. « Le Monde » a recueilli les histoires de huit femmes qui ont participé à l’étude.

    Au milieu de la conversation, Aissata tressaille. Adama, elle, manque plusieurs fois de faire tomber son bébé de 2 mois, gros poupon emmailloté dans un body blanc, qu’elle allaite le regard absent. Les yeux de Perry se brouillent : elle a vu trop de #violence. Ceux de Fanta sont devenus vitreux : elle est là, mais plus vraiment là. Grace regrette sa sécheresse oculaire, elle aimerait tant pleurer et hurler, peut-être la croirait-on et l’aiderait-on davantage, mais elle ne sait pas où ses larmes sont parties. Nadia sourit en montrant les cicatrices des brûlures de cigarettes qui constellent sa poitrine, comme pour s’excuser de cette vie qui l’a fait s’échouer ici. Stella porte ses lunettes de soleil à l’intérieur, et explose de rire en racontant qu’elle a été vendue quatre fois.

    Tous ces détails, ces marques de la #barbarie inscrite dans le #corps des femmes migrantes, le docteur Jérémy Khouani les observe depuis ses études de médecine. Généraliste dans une maison de santé du 3e arrondissement de Marseille – avec 55 % de ses habitants au-dessous du seuil de pauvreté, c’est l’un des endroits les plus pauvres de France –, il soigne les bobos, les angines et les gastros, mais voit surtout le #traumatisme surgir face aux mots « #excision », « #Libye », « #traite » ou « viol ».

    Bouleversé par des consultations qui l’amènent à mesurer la taille de lèvres vaginales post-excision pour l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), à diagnostiquer une arthrose massive à une jeune femme de 30 ans ou à prescrire des antidépresseurs à une autre qui vient de tenter de s’immoler, il a décidé de lutter avec ce qu’il savait faire : « De la science ». « Je n’ai pas envie de hiérarchiser, mais les violences que subissent les femmes demandeuses d’asile, c’est trois fois plus horrible que les hommes. Ils subissent aussi des violences, mais ce n’est pas systémique, ils n’ont pas le vagin mutilé à 6 ans, ou le viol comme passage presque inévitable de la migration. » En Europe, en 2021, les femmes représentent 31 % des demandeurs d’asile.

    Il y a trois ans, avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et la faculté de médecine d’Aix-Marseille, #Jérémy_Khouani a lancé une grande enquête de #santé_publique pour mesurer l’#incidence des violences sexuelles chez les femmes demandeuses d’asile en France. Une étude inédite, publiée ce lundi 18 septembre dans la revue scientifique The Lancet (Regional Health Europe) et menée sur 273 femmes arrivées sur le territoire français, volontaires pour participer et en attente de la réponse des autorités quant à leur statut. La moitié d’entre elles viennent d’Afrique de l’Ouest, le reste du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Europe.

    « Un impondérable du #parcours_migratoire »

    Ainsi, 26 % d’entre elles se déclarent victimes de violences sexuelles au cours de leurs douze derniers mois sur le territoire français, et 75 % avant leur entrée en France. Les demandeuses d’asile encourent dix-huit fois plus le risque d’être victimes de viol en France que les Françaises de la population générale ; 40 % d’entre elles ont subi des #mutilations_génitales. « L’étude fait ressortir que la violence sexuelle est un motif de départ, un impondérable du parcours migratoire, et un crime dont on ne les protège pas en France », analyse #Anne_Desrues, sociologue et enquêtrice sur le projet.

    L’absence de logement, de compagnon et les antécédents de violence apparaissent comme des facteurs de risque du viol. « Le débat, ce n’est même pas de savoir si elles ont vocation à rester sur le territoire ou pas, mais, au moins, que pendant tout le temps où leur demande est étudiée, qu’elles ne soient pas violées à nouveau, elles sont assez traumatisées comme ça », pose le médecin généraliste.

    Il faut imaginer ce que c’est de soigner au quotidien de telles blessures, de rassembler 273 récits de la sorte en six mois – ce qui n’est rien par rapport au fait de vivre ces violences. L’expression « #traumatisme_vicariant » qualifie en psychiatrie le traumatisme de seconde ligne, une meurtrissure psychique par contamination, non en étant exposé directement à la violence, mais en la documentant. « Heureusement, j’avais une psychologue pour débriefer les entretiens, évoque Anne Desrues. Moi, ce qui m’a aidée, c’est de savoir que celles qu’on rencontrait étaient aussi des femmes fortes, qui avaient eu le courage de partir, et de comprendre leur migration comme une #résistance à leur condition. » Le docteur Khouani, lui, érige cette étude comme rempart à son sentiment d’impuissance.

    Le Monde, pendant quarante-huit heures, a recueilli les histoires de huit femmes qui ont participé à l’étude. Certaines sont sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), risquant l’expulsion. Mais elles voulaient que quelqu’un entende, note et publie tout ce qu’elles ont subi. Dans le cabinet du médecin, sous les néons et le plafond en contreplaqué, elles se sont assises et ont parlé.

    Lundi, 9 heures. Ogechi, surnommée « Perry », 24 ans. Elle regarde partout, sauf son interlocuteur. Elle a une croix autour du cou, une autre pendue à l’oreille, porte sa casquette à l’envers. Elle parle anglais tout bas, en avalant la fin des mots. Elle vient de Lagos, au Nigeria. Jusqu’à son adolescence, ça va à peu près. Un jour, dans la rue, elle rencontre une fille qui lui plaît et l’emmène chez elle. Son père ne supporte pas qu’elle soit lesbienne : il la balance contre le mur, la tabasse, appelle ses oncles. Ils sont maintenant cinq à se déchaîner sur Perry à coups de pied. « Ma bouche saignait, j’avais des bleus partout. »

    Perry s’enfuit, rejoint une copine footballeuse qui veut jouer en Algérie. Elle ne sait pas où aller, sait seulement qu’elle ne peut plus vivre chez elle, à Lagos. L’adolescente, à l’époque, prend la route : Kano, au nord du pays, puis Agadez, au Niger, où un compatriote nigérian, James, l’achète pour 2 000 euros et la fait entrer en Libye. Elle doit appeler sa famille pour rembourser sa dette. « Je n’ai pas de famille ni d’argent, je ne vaux rien », lui répond Perry. Une seule chose a de la valeur : son corps. James prélève ses cheveux, son sang, fait des incantations vaudoues « pour me contrôler ». A 15 ans, elle est prostituée dans un bordel sous le nom de « Blackgate ».

    « Si je meurs, qui va s’en apercevoir ? »

    Son débit est monocorde, mais son récit est vif et transporte dans une grande maison libyenne divisée en « chambres » avec des rideaux. Un lit par box, elles sont sept femmes par pièce. « Des vieilles, des jeunes, des enceintes. » Et les clients ? « Des Africains, des Arabes, des gentils, des violents. » En tout, une cinquantaine de femmes sont exploitées en continu. « J’aurais jamais pensé finir là, je ne pouvais pas imaginer qu’un endroit comme ça existait sur terre », souffle-t-elle.

    Perry passe une grosse année là-bas, jusqu’à ce qu’un des clients la prenne en pitié et la rachète pour l’épouser. Sauf qu’il apprend son #homosexualité et la revend à une femme nigériane, qui lui paye le voyage pour l’Europe pour la « traiter » à nouveau, sur les trottoirs italiens cette fois-ci. A Sabratha, elle monte sur un bateau avec 150 autres personnes. Elle ne souhaite pas rejoindre l’Italie, elle ne veut que fuir la Libye. « Je ne sais pas nager. Je n’avais pas peur, je n’étais pas heureuse, je me demandais seulement comment un bateau, ça marchait sur l’eau. » Sa première image de l’Europe : Lampedusa. « J’ai aimé qu’il y ait de la lumière 24 heures sur 24, alors que chez nous, la nuit, c’est tout noir. »

    Mineure, Perry est transférée dans un foyer à Milan, où « les gens qui travaillent avec James m’ont encore fait travailler ». Elle tape « Quel est le meilleur pays pour les LGBT ? » dans la barre de recherche de Google et s’échappe en France. « Ma vie, c’est entre la vie et la mort, chaque jour tu peux perdre ou tu peux gagner », philosophe-t-elle. Le 4 septembre 2020, elle se souvient bien de la date, elle arrive dans le sud de la France, une région qu’elle n’a pas choisie. Elle suit un cursus de maroquinerie dans un lycée professionnel avec, toujours, « la mafia nigériane » qui la harcèle. « Ils m’ont mis une arme sur la tempe, ils veulent que je me prostitue ou que je vende de la drogue. C’est encore pire parce que je suis lesbienne, ils disent que je suis une abomination, une sorcière… »

    A Marseille, elle fait trois tentatives de suicide, « parce que je suis trop traumatisée, j’arrive plus à vivre, mais Dieu m’a sauvée ». A 24 ans, pour qui Perry existe-t-elle encore ? « Si je meurs, qui va s’en apercevoir ? Je regrette d’avoir quitté le Nigeria, je ne pensais pas expérimenter une vie pareille », termine-t-elle, en s’éloignant dans les rues du 3e arrondissement.

    Lundi, 11 heures. A 32 ans, la jeunesse de Fanta semble s’être dissoute dans son parcours. Elle a des cheveux frisés qui tombent sur son regard sidéré. Elle entre dans le cabinet les bras chargés de sacs en plastique remplis de la lessive et des chaussures qu’elle vient de se procurer pour la rentrée de ses jumeaux en CP, qui a eu lieu le matin même. « Ils se sont réveillés à 5 heures tellement ils étaient excités, raconte-t-elle. C’est normal, on a passé l’été dans la chambre de l’hôtel du 115, on ne pouvait pas trop sortir à cause de mon #OQTF. » Fanta vient de Faranah, en Guinée-Conakry, où elle est tombée accidentellement enceinte de ses enfants. « Quand il l’a su, mon père, qui a lui même trois femmes, m’a tapée pendant trois jours et reniée. »

    Elle accouche, mais ne peut revenir vivre dans sa famille qu’à condition d’abandonner ses bébés de la honte. Elle refuse, bricole les premières années avec eux. Trop pauvre, trop seule, elle confie ses enfants à sa cousine et souhaite aller en Europe pour gagner plus d’argent. Mali, Niger, Libye. La prison en Libye lui laisse une vilaine cicatrice à la jambe. En 2021, elle atteint Bari, en Italie, puis prend la direction de la France. Pourquoi Marseille ? « Parce que le train s’arrêtait là. »

    Sexe contre logement

    A la gare Saint-Charles, elle dort par terre pendant trois jours, puis rejoint un squat dans le quartier des Réformés. Là-bas, « un homme blanc est venu me voir et m’a dit qu’il savait que je n’avais pas de papiers, et que si on ne faisait pas l’amour, il me dénonçait à la police ». Elle est violée une première fois. Trois jours plus tard, il revient avec deux autres personnes, avec les mêmes menaces. Elle hurle, pleure beaucoup. Ils finissent par partir. « Appeler la police ? Mais pour quoi faire ? La police va m’arrêter moi », s’étonne-t-elle devant notre question.

    En novembre 2022, le navire de sauvetage Ocean-Viking débarque ses passagers sur le port de Toulon. A l’intérieur, sa cousine et ses jumeaux. « Elle est venue avec eux sans me prévenir, j’ai pleuré pendant une semaine. » Depuis, la famille vit dans des hôtels sociaux, a souvent faim, ne sort pas, mais « la France, ça va, je veux bien aller n’importe où du moment que j’ai de la place ». Parfois, elle poursuit les passants qu’elle entend parler sa langue d’origine dans la rue, « juste pour avoir un ami ». « La migration, ça fait exploser la violence », conclut-elle, heureuse que ses enfants mangent à la cantine de l’école ce midi.

    Lundi, 15 heures. « C’est elle qui m’a donné l’idée de l’étude », s’exclame le docteur Khouani en nous présentant Aissata. « Oui, il faut parler », répond la femme de 31 ans. Elle s’assoit, décidée, et déroule un récit délivré de nombreuses fois devant de nombreux officiels français. Aissata passe son enfance en Guinée. En 1998, sa mère meurt et elle est excisée. « C’était très douloureux, je suis vraiment obligée de reraconter ça ? » C’est sa « marâtre » qui prend le relais et qui la « torture ». Elle devient la petite bonne de la maison de son père, est gavée puis privée de nourriture, tondue, tabassée, de la harissa étalée sur ses parties intimes. A 16 ans, elle est mariée de force à un cousin de 35 ans qui l’emmène au Gabon.

    « Comme je lui ai dit que je ne voulais pas l’épouser, son travail, c’était de me violer. J’empilais les culottes et les pantalons les uns sur les autres pour pas qu’il puisse le faire, mais il arrachait tout. » Trois enfants naissent des viols, que son époux violente aussi. Elle s’interpose, il la frappe tellement qu’elle perd connaissance et se réveille à l’hôpital. « Là-bas, je leur ai dit que ce n’était pas des bandits qui m’avaient fait ça, mais mon mari. » Sur son téléphone, elle fait défiler les photos de bleus qu’elle avait envoyées par mail à son fils – « Comme ça, si je mourais, il aurait su quelle personne était son père. »

    Un soignant lui suggère de s’enfuir, mais où ? « Je ne connais pas le Gabon et on ne peut pas quitter le mariage. » Une connaissance va l’aider à sortir du pays. Elle vend tout l’or hérité de sa mère, 400 grammes, et le 29 décembre 2018, elle prend l’avion à l’aéroport de Libreville. « J’avais tellement peur, mon cœur battait si fort qu’il allait sortir de mon corps. » Elle vit l’atterrissage à Roissy - Charles-de-Gaulle comme un accouchement d’elle-même, une nouvelle naissance en France. A Paris, il fait froid, la famille arrive à Marseille, passe de centres d’accueil humides en hôtels avec cafards du 115.

    Sans cesse, les hommes la sollicitent. Propositions de sexe contre logement ou contre de l’argent : « Les hommes, quand tu n’as pas de papiers, ils veulent toujours en profiter. Je pourrais donner mon corps pour mes enfants, le faire avec dix hommes pour les nourrir, mais pour l’instant j’y ai échappé. » Au début de l’année, l’OQTF est tombée. Les enfants ne dorment plus, elle a arrêté de soutenir leurs devoirs. « La France trouve que j’ai pas assez souffert, c’est ça ? », s’énerve celle que ses amies surnomment « la guerrière ».

    « Je suis une femme de seconde main maintenant »

    Lundi, 17 heures. Nadia a le visage rond, entouré d’un voile noir, les yeux ourlés de la même couleur. Une immense tendresse se dégage d’elle. Le docteur Khouani nous a prévenues, il faut faire attention – elle sort à peine de l’hôpital psychiatrique. Il y a quelques semaines, dans le foyer où elle passe ses journées toute seule, elle a pris un briquet, a commencé à faire flamber ses vêtements : elle a essayé de s’immoler. Quand il l’a appris, le médecin a craqué, il s’en voulait, il voyait bien son désespoir tout avaler et la tentative de suicide arriver.

    Pourtant, Nadia a fait une petite heure de route pour témoigner. Elle a grandi au Pakistan. Elle y a fait des études de finance, mais en 2018 son père la marie de force à un Pakistanais qui vit à Marseille. Le mariage est prononcé en ligne. Nadia prend l’avion et débarque en France avec un visa de touriste. A Marseille, elle se rend compte que son compagnon ne pourra pas la régulariser : il est déjà marié. Elle n’a pas de papiers et devient son « esclave », subit des violences épouvantables. Son décolleté est marqué de plusieurs cicatrices rondes : des brûlures de cigarettes.

    Nadia apparaît sur les écrans radars des autorités françaises un jour où elle marche dans la rue. Il y a une grande tache rouge sur sa robe. Elle saigne tellement qu’une passante l’alerte : « Madame, madame, vous saignez, il faut appeler les secours. » Elle est évacuée aux urgences. « Forced anal sex », explique-t-elle, avec son éternel rictus désolé. Nadia accepte de porter plainte contre son mari. La police débarque chez eux, l’arrête, mais il la menace d’envoyer les photos dénudées qu’il a prises d’elle au Pakistan. Elle retire sa plainte, revient au domicile.

    Les violences reprennent. Elle s’échappe à nouveau, est placée dans un foyer. Depuis qu’elle a témoigné auprès de la police française, la propre famille de Nadia ne lui répond plus au téléphone. Une nuit, elle s’est réveillée et a tenté de gratter au couteau ses brûlures de cigarettes. « Je suis prête à donner un rein pour avoir mes papiers. Je pense qu’on devrait en donner aux femmes victimes de violence, c’est une bonne raison. Moi, je veux juste étudier et travailler, et si je suis renvoyée au Pakistan ils vont à nouveau me marier à un homme encore pire : je suis une femme de seconde main maintenant. »

    « Je dois avoir une vie meilleure »

    Mardi, 11 heures. Médiatrice sociale du cabinet médical, Elsa Erb est une sorte d’assistante pour vies fracassées. Dans la salle d’attente ce matin, il y a une femme mauritanienne et un gros bébé de 2 mois. « C’est ma chouchoute », sourit-elle. Les deux femmes sont proches : l’une a accompagné l’autre à la maternité, « sinon elle aurait été toute seule pour accoucher ». Excision dans l’enfance, puis à 18 ans, en Mauritanie, mariage forcé à son cousin de 50 ans. Viols, coups, cicatrices sur tout le corps. Deux garçons naissent. « Je ne pouvais pas rester toute ma vie avec quelqu’un qui me fait autant de mal. » Adama laisse ses deux enfants, « propriété du père », et prend l’avion pour l’Europe.

    A Marseille, elle rencontre un autre demandeur d’asile. Elle tombe enceinte dans des circonstances troubles, veut avorter mais l’homme à l’origine de sa grossesse la menace : c’est « péché » de faire ça, elle sera encore plus « maudite ». Depuis, elle semble trimballer son bébé comme un gros paquet embarrassant. Elsa Erb vient souvent la voir dans son foyer et lui apporte des boîtes de sardines. Elle s’inquiète car Adama s’isole, ne mange pas, passe des heures le regard dans le vide, un peu sourde aux pleurs et aux vomissements du petit. « Je n’y arrive pas. Avec mes enfants là-bas et celui ici, je me sens coupée en deux », se justifie-t-elle.

    Mardi, 14 heures. A chaque atrocité racontée, Stella rit. Elle vient du Biafra, au Nigeria. Ses parents sont tués par des miliciens quand elle a 13 ans. Elle est envoyée au Bénin auprès d’un proche qui la viole. Puis elle tombe dans la #traite : elle est transférée en Libye. « J’ai été vendue quatre fois, s’amuse-t-elle. En Libye, vous pouvez mourir tous les jours, plus personne ne sait que vous existez. » Elle passe en Italie, où elle est encore exploitée.

    Puis la France, Marseille et ses squats. Elle décrit des hommes blancs qui débarquent armés, font tous les étages et violent les migrantes. La police ? Stella explose de rire. « Quel pouvoir est-ce que j’ai ? Si je raconte ça à la police française, les agresseurs me tueront. C’est simple : vous êtes une femme migrante, vous êtes une esclave sexuelle. »

    Avec une place dans un foyer et six mois de #titre_de_séjour en tant que victime de traite, elle est contente : « Quand on a sa maison, on est moins violée. » Des étoiles sont tatouées sur son cou. « Je dois avoir une vie meilleure. Mon nom signifie “étoile”, je dois briller », promet-elle. Le docteur Khouani tient à nous montrer une phrase issue du compte rendu d’une radio de ses jambes : « Lésions arthrosiques inhabituelles pour son jeune âge. » « Il est très probable qu’elle ait subi tellement de violences qu’elle a l’arthrose d’une femme de 65 ans. » Stella a 33 ans.

    Déboutés par l’Ofpra

    Mardi, 16 heures. Grace entre avec sa poussette, dans laquelle s’ébroue une petite fille de 7 mois, son quatrième enfant. Nigériane, la jeune femme a le port altier et parle très bien anglais. « J’ai été très trafiquée », commence-t-elle. Après son bac, elle est recrutée pour être serveuse en Russie. C’est en réalité un réseau de #proxénétisme qui l’emmène jusqu’en Sibérie, d’où elle finit par être expulsée. De retour au Nigeria, elle veut poursuivre ses études à la fac à Tripoli, en Libye.

    A la frontière, elle est vendue, prostituée, violée. Elle tombe enceinte, s’échappe en Europe pour « fuir, pas parce que je voulais particulièrement y aller ». Arrivée en Italie, on lui propose d’avorter de son enfant du viol. Elle choisit de le garder, même si neuf ans après, elle ne sait toujours pas comment son premier fils a été conçu. En Italie, elle se marie avec un autre Nigérian. Ils ont quatre enfants scolarisés en France, mais pas de papiers. L’Ofpra les a déboutés : « Ils trouvent que j’ai les yeux secs, que je délivre mon histoire de manière trop détachée », comprend-elle.

    Mardi, 18 heures. Abby se présente dans le cabinet médical avec sa fille de 12 ans. Elles sont originaires de Sierra Leone. Abby a été excisée : elle se remémore le couteau, les saignements, souffre toujours vingt-cinq ans après. « Ils ont tout rasé, c’est lisse comme ça », décrit-elle en caressant la paume de sa main.

    Sa fille a aussi été mutilée, un jour où sa mère n’était pas à la maison pour la protéger. « Mais pour Aminata, ce n’est pas propre. » Alors, quand la mère et la fille ont déposé leur demande d’asile à l’Ofpra, le docteur Khouani s’est retrouvé à faire un acte qui l’énerve encore. « J’ai dû pratiquer un examen gynécologique sur une préado pour mesurer la quantité de ses lèvres qui avait survécu à son excision. Si tout était effectivement rasé, elles étaient déboutées, car il n’y avait plus rien à protéger. » Les deux femmes ont obtenu des titres de séjour. Abby travaille comme femme de ménage en maison de retraite. Aminata commence sa 5e, fait du basket et veut devenir médecin, comme le docteur Khouani.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/18/le-viol-passage-presque-inevitable-de-la-migration-a-marseille-huit-femmes-r

    #VSS #violences_sexuelles #migrations #femmes #femmes_migrantes #témoignage #asile #réfugiés #viols #abus_sexuels #mariage_forcé #prostitution #néo-esclavage #esclavage_sexuels #traite_d'êtres_humains #chantage

  • Emmanuel Macron et le pape François, deux visions divergentes de l’immigration
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/22/emmanuel-macron-et-le-pape-francois-deux-visions-divergentes-de-l-immigratio

    Emmanuel Macron et le pape François, deux visions divergentes de l’immigration
    Le chef de l’Etat et le souverain pontife, qui se rencontrent samedi en marge de la visite épiscopale à Marseille, défendent respectivement une politique de fermeté et de contrôle des flux migratoires et un accueil le plus large possible.
    Par Julia Pascual
    « La France n’accueillera pas de migrants qui viennent de Lampedusa. (…) Ce n’est pas en accueillant plus de personnes que l’on va tarir un flux qui évidemment touche nos capacités d’intégration. » Mercredi 20 septembre, sur TF1, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a adressé un message de « fermeté », alors que l’île italienne de Lampedusa a été confrontée à plusieurs milliers d’arrivées de migrants en quelques jours. Un message, bien que tempéré d’un appel à protéger les réfugiés, qui cogne avec celui porté par le pape François, attendu à Marseille, vendredi 22 et samedi 23 septembre, à l’occasion des Rencontres méditerranéennes et qui doit consacrer une prière aux migrants disparus en mer.
    Le souverain pontife a fait de Lampedusa un symbole de son message d’ouverture, dès son premier déplacement, en 2013, pour dénoncer la « mondialisation de l’indifférence ». Samedi, il doit rencontrer le président de la République, Emmanuel Macron, à Marseille. Evoqueront-ils le sujet ? Sera-ce, alors, l’occasion de trouver un terrain d’entente ou de mesurer ce qui les sépare ?« Pour le pape, l’accueil doit être très large et il est évident qu’il n’y a pas cette volonté de la part du président de la République, comme l’a rappelé le ministre de l’intérieur », explique Eric Millot, directeur du service national mission et migrations de la Conférence des évêques de France. Dans une tribune publiée par Le Monde, le 2 janvier 2017, alors qu’il n’était que candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait pourtant regretté que lorsque « l’Italie affrontait seule l’arrivée des réfugiés à Lampedusa, au point que le pape François s’en [était] vivement ému, ni la France ni l’Allemagne n’[aient] été au rendez-vous ». Il estimait que l’Allemagne avait, par la suite, « sauvé notre dignité collective en accueillant des réfugiés en détresse ».
    A l’épreuve du pouvoir, sa vision libérale s’est raidie. « A ces fonctions, vous prenez la pleine mesure de certains enjeux tels que la sécurité et la menace terroriste ; le ministère de l’intérieur, dans ce qu’il a de conformiste, a joué à plein et Emmanuel Macron est par ailleurs très conscient du délitement social du pays et de la montée de l’extrême droite, analyse Pascal Brice, ancien directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides et actuel président de la Fédération des acteurs de la solidarité. Je partage cette inquiétude, mais quelle politique en tire-t-on ? C’est bien ça la question. » En six années de pouvoir, le chef de l’Etat a, à son bilan, d’avoir poussé deux lois immigration. La première, dite « loi Collomb », adoptée en 2018, avait déchiré la majorité présidentielle à l’Assemblée car jugée trop dure par son aile gauche. La seconde – sur laquelle le gouvernement veut trouver un accord avec la droite – arrive en séance publique au Sénat début novembre. Entre ces deux textes, M. Macron a fait de l’immigration un thème de la grande consultation citoyenne lancée à la suite du mouvement des « gilets jaunes » – alors même qu’il ne ressortait pas des cahiers de doléances du grand débat national –, de même qu’il a voulu un débat sur l’immigration au Parlement, en 2019.
    Sa politique est censée naviguer entre fermeté et humanité avec, d’une part, une reprise du « contrôle » des flux incarnée par l’amélioration des expulsions et, d’autre part, des efforts sur l’intégration et la préservation de l’asile. « Il y a une colonne vertébrale sur le respect du droit international qui est à mettre à son crédit », souligne un préfet, au moment où la droite républicaine veut s’en affranchir pour se conformer à la « volonté populaire ».Cet attachement s’est traduit, notamment, par l’engagement de la France à accueillir des réfugiés réinstallés depuis des pays tiers (bien que les objectifs soient passés de 10 000 entre 2017 et 2019 à 3 000 entre 2021 et 2023). Mais il est contrebalancé par d’autres actes symboliques : en 2018, la France a refusé d’accueillir le bateau de sauvetage de migrants Aquarius, le laissant mettre le cap vers l’Espagne alors que l’Italie refusait d’ouvrir ses ports ; en octobre 2019, M. Macron a choisi de confier à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles sa vision de l’immigration, formulant, à cette occasion, le souhait intenable d’exécuter « 100 % » des obligations de quitter le territoire français. D’aucuns soulignent l’influence du chevènementiste Didier Leschi, actuel directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. « Si l’on prend en compte le ressentiment croissant des classes populaires, sur qui repose l’accueil, des mesures de régulation des flux sont nécessaires pour ne pas accentuer les problèmes sociaux, la concurrence dans l’accès au logement par exemple, et les difficultés d’intégration », défend ce dernier. « Macron est un politique, il regarde les rapports de force dans la société française, et d’une certaine manière, il les suit, estime Pierre Henry, président de France Fraternités et ancien directeur général de l’association France terre d’asile. Nous sommes dans un moment de bascule où on a le choix entre un modèle pragmatique d’accueil et le nationalisme, et on aurait aimé un président plus offensif face au déferlement idéologique de l’extrême droite. » Le silence des pouvoirs publics face aux attaques de l’extrême droite dans les zones rurales où existent des projets d’accueil de demandeurs d’asile – comme à Callac (Côtes-d’Armor) ou Saint-Brevin (Loire-Atlantique) – témoigne d’une ambivalence, alors qu’une politique de répartition territoriale des migrants est impulsée par l’Etat, ou encore que le nombre de places d’hébergement pour les demandeurs d’asile a considérablement progressé sous M. Macron.
    Confronté à l’augmentation de l’immigration régulière, de la demande d’asile et des traversées de la Méditerranée, le chef de l’Etat a dit au Point, le 23 août : « La situation que nous connaissons n’est pas tenable et nous devons réduire significativement l’immigration. » Contraint par la situation économique du pays et les tensions de recrutement sur de nombreux secteurs, il envisage, dans le projet de loi à l’étude, de simplifier la régularisation de certains travailleurs sans-papiers. Une mesure érigée en ligne rouge par la droite. « S’il ne tient pas sur ce point, ce sera la preuve qu’il est à la remorque de la droite », prévient l’ancien eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, qui a longtemps échangé avec le chef de l’Etat sur ces questions-là.

    #Covid-19#migration#migrant#france#mediterranee#lampedusa#immigration#migrationirreguliere#asile#politiquemigratoire#droit#catholique#integration

  • « Le viol, passage presque inévitable de la migration » : à Marseille, huit femmes témoignent

    Lundi 18 septembre, la revue scientifique internationale « The Lancet » publie une enquête de santé publique inédite menée sur 273 demandeuses d’asile à Marseille, corrélant la migration et la violence sexuelle dont elles sont victimes. « Le Monde » a recueilli les histoires de huit femmes qui ont participé à l’étude.

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    Bouleversé par des consultations qui l’amènent à mesurer la taille de lèvres vaginales post-excision pour l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (#Ofpra), à diagnostiquer une arthrose massive à une jeune femme de 30 ans ou à prescrire des antidépresseurs à une autre qui vient de tenter de s’immoler, [Jérémy Khouani] a décidé de lutter avec ce qu’il savait faire : « De la science ». « Je n’ai pas envie de hiérarchiser, mais les violences que subissent les femmes demandeuses d’asile, c’est trois fois plus horrible que les hommes. Ils subissent aussi des violences, mais ce n’est pas systémique, ils n’ont pas le vagin mutilé à 6 ans, ou le viol comme passage presque inévitable de la migration. » En Europe, en 2021, les femmes représentent 31 % des demandeurs d’asile.

    Il y a trois ans, avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et la faculté de médecine d’Aix-Marseille, Jérémy Khouani a lancé une grande #enquête de #santé_publique pour mesurer l’incidence des violences sexuelles chez les femmes demandeuses d’asile en France. Une étude inédite, publiée ce lundi 18 septembre dans la revue scientifique The Lancet (Regional Health Europe) et menée sur 273 femmes arrivées sur le territoire français, volontaires pour participer et en attente de la réponse des autorités quant à leur statut. La moitié d’entre elles viennent d’Afrique de l’Ouest, le reste du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Europe.

    « Un impondérable du parcours migratoire »

    Ainsi, 26 % d’entre elles se déclarent victimes de violences sexuelles au cours de leurs douze derniers mois sur le territoire français, et 75 % avant leur entrée en France. Les demandeuses d’asile encourent dix-huit fois plus le risque d’être victimes de viol en France que les Françaises de la population générale ; 40 % d’entre elles ont subi des mutilations génitales. « L’étude fait ressortir que la violence sexuelle est un motif de départ, un impondérable du parcours migratoire, et un crime dont on ne les protège pas en France », analyse Anne Desrues, sociologue et enquêtrice sur le projet.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/18/le-viol-passage-presque-inevitable-de-la-migration-a-marseille-huit-femmes-r

    trouvé, ainsi que « Les femmes_migrantes doivent intégrer le viol comme un élément du voyage » . Plus de 80 % des femmes originaires d’Amérique latine qui prennent la route de l’exil sont violées durant leur trajet (Smaïn Laacher, 2019), ici https://justpaste.it/c1du2

    #femmes #migration #femmes_migrantes #violences_sexuelles #viol #demandeuses_d’asile #mutilations_génitales #exil

    • Oui, effectivement c’est la logique infernale du cumul des calamités et malheureusement ce n’est pas prêt de s’arranger.

      La surcharge des étoiles sur seenthis, je l’avais déjà eu avec mon smartphone et c’est la première fois que ça me le fait sur mon ordi. Je vais désormais tâcher d’être plus patient avant de renouveler un clic ;-)

  • En Ethiopie, l’exode des médecins du Tigré, épuisés par deux ans de guerre civile
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/14/en-ethiopie-l-exode-des-medecins-du-tigre-epuises-par-deux-ans-de-guerre-civ

    En Ethiopie, l’exode des médecins du Tigré, épuisés par deux ans de guerre civile
    Après avoir travaillé sans relâche et sans salaire pendant le conflit, de nombreux soignants abandonnent les hôpitaux de la région pour exercer dans des cliniques à l’étranger ou rejoindre des ONG.
    Par Noé Hochet-Bodin(Addis-Abeba, envoyé spécial)
    A l’entrée de l’hôpital Ayder de Makalé, le plus grand du Tigré, les listes accrochées sur un tableau en liège ne sont pas des annonces d’embauche. Les hôpitaux de cette région du nord de l’Ethiopie auraient pourtant bien besoin de renfort en ces temps de reconstruction d’après-guerre. Hélas, il s’agit au contraire des noms de la centaine de médecins qui ont démissionné, abandonné l’hôpital et, le plus souvent, quitté la province.
    Après deux années de guerre civile (2020-2022) marquées par le blocus de la région, les pénuries de médicaments, l’occupation et la destruction de l’ensemble des structures de santé, le Tigré en paix fait face à une nouvelle menace : l’exode de ses soignants. La faculté de médecine de l’hôpital Ayder indique que 67 des 190 chirurgiens spécialisés de la région ont profité de la réouverture des frontières, après les accords de paix de novembre 2022, pour fuir un Tigré en ruines. Soit plus d’un tiers. En tout, 221 médecins ont quitté leur poste.« Le personnel de l’hôpital Ayder a travaillé sans relâche pendant deux ans sans être payé. Il a fait preuve d’un dévouement et d’une compassion incroyables, mais il est maintenant à bout. Tous sont épuisés, démoralisés et commencent à quitter l’hôpital », constate le directeur de l’établissement, Kibrom Gebreselassie, en guise d’appel à l’aide.
    Après le temps des dévastations, le Tigré se relève à peine. Pendant la guerre, l’hôpital Ayder fonctionnait « à 15 % de ses capacités », selon Kibrom Gebreselassie. Plus généralement, 70 % des structures de santé ont été « pillées » à travers la région, d’après Médecins sans frontières (MSF). Si, depuis les accords de paix, une partie du budget, dont les salaires, est de nouveau versée par le gouvernement fédéral, les médecins n’ont pas cessé de fuir.« C’est une tendance que nous avons du mal à contrôler », reconnaît Amanuel Haile, directeur du bureau régional de santé, qui date à janvier le début de l’exode, suite à la reprise des liaisons aériennes à Makalé, la capitale du Tigré : « Certains de nos meilleurs spécialistes partent pour travailler dans des cliniques privées en Europe et aux Etats-Unis ou dans des ONG, notamment au Somaliland, au Rwanda et au Soudan du Sud. »
    Les médecins choisissent l’exil avant tout pour des considérations financières, afin de régler leurs dettes après dix-huit mois sans revenus ni compensations. Kahsay Hailu (à sa demande, son identité a été changée) fut chirurgien pendant plus de douze ans à Ayder. Formé à Makalé, il doit tout à cet hôpital. Il a pourtant fait le choix de fuir au Canada, en mars, accompagné de sa femme et de ses trois enfants. « J’ai une famille à charge, je ne peux pas rester sans salaire ou presque dans un établissement qui ne fonctionne plus », justifie-t-il. En Ethiopie, un chirurgien du secteur public gagne en moyenne 230 euros par mois, mais jusqu’à 20 fois plus s’il travaille pour des agences onusiennes ou des ONG.
    Certes, il y a la culpabilité de laisser une province au bord du précipice, confrontée à une recrudescence de cas de violences sexuelles, de cancers et de VIH. Mais ces médecins déserteurs font aussi face à un constat d’impuissance. « J’ai le sentiment de m’être sacrifié deux ans pour soigner les miens alors que nous n’avions rien, pas de salaire, pas d’électricité, même pas de gants en plastique, ni de nourriture pour les patients », précise Kahsay Hailu.« Je ne les juge absolument pas », rassure Amanuel Haile, qui prétend que tout sera fait pour accueillir de nouveau les médecins en exil qui souhaitent retrouver leur poste. En attendant, la qualité des soins en pâtit. L’unique spécialiste de chirurgie abdominale étant parti, il faut se rendre à Addis-Abeba pour recevoir ce type de soins. De même pour la chirurgie vasculaire. « On fait du bricolage, ironise le chirurgien Fasika Amdeselassie. On est sous l’eau, ma liste d’attente a triplé depuis le départ de mes collègues. »
    Ce cadre de l’hôpital Ayder sait que les troubles de stress post-traumatique constituent une autre raison du départ des médecins tigréens. Pour les traiter, il a mis en place une petite structure, baptisée « Haqi », qui propose un soutien psychologique à l’attention des professionnels de santé qui se trouvaient en première ligne pendant la guerre. « Les dégâts psychologiques sont colossaux, la pression intense, et nous n’avons quasiment personne pour en parler, car le Tigré ne compte que trois psychiatres pour 6 millions d’habitants », dit-il.Si les acteurs humanitaires ont fait leur retour au Tigré pour soutenir un système de santé chancelant, il y a peu de chances que les médecins exilés reviennent rapidement. « Le budget alloué par le ministère de la santé a diminué d’un tiers par rapport au niveau d’avant-guerre », confie, désabusé, un médecin qui souhaite garder l’anonymat. De plus, la lente démobilisation des forces armées du Tigré et l’état d’urgence dans la région voisine de l’Amhara font craindre la résurgence des affrontements. « Les perspectives politiques sont trop sombres pour espérer le retour de nos collègues, assure Fasika Amdeselassie. Si la paix n’est pas entérinée prochainement, nous n’avons aucune chance de voir nos médecins rentrer. »
    Noé Hochet-Bodin(Addis-Abeba, envoyé spécial)

    #COvid-19#migrant#migration#tigre#ethiopie#conflit#crise#humanitaire#medecin#migrationqualifiee#santementale#exil#postcovid

  • En Arabie Saoudite, les gardes-frontières auraient abattu des « centaines » de migrants éthiopiens https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/en-arabie-saoudite-les-gardes-frontieres-auraient-abattu-des-centaines-de

    https://youtu.be/f90vwqCYU1c?feature=shared

    Un #massacre « à l’abri du regard du reste du monde ». Les gardes-frontières saoudiens ont tué depuis l’an dernier des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe passant par sa frontière avec le Yémen, a dénoncé ce lundi 21 août l’ONG #Human_Rights_Watch (HRW). « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW.

    Des centaines de milliers d’#Ethiopiens travaillent en #Arabie_Saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. Le meurtre « généralisé et systématique » des #migrants éthiopiens pourrait même constituer un #crime_contre_l’humanité, estime l’ONG. « Nous parlons d’un minimum de 655 personnes, mais il est probable qu’il s’agisse de milliers », a déclaré Nadia Hardman à la BBC. « Ce que nous avons documenté, ce sont essentiellement des massacres, a-t-elle ajouté. Les gens ont décrit des sites qui ressemblent à des champs d’extermination avec des corps éparpillés sur les flancs des collines ».

    Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie Saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé. Les ONG accusent régulièrement Ryad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour « détourner l’attention » des graves violations des droits humains et la crise humanitaire au Yémen où l’armée saoudienne est impliquée.

    L’année dernière, des experts de l’ONU avaient déjà fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants » dans le sud de l’Arabie Saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les Houthis, des rebelles que les Saoudiens combattent depuis 2015 en soutien aux forces pro-gouvernementales.

    Pour en arriver à de telles conclusions, Human Right Watch s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de passer en Arabie Saoudite depuis le Yémen, des images satellite et des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ». Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ».

    Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW. « Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie (de balles) », témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courrait pour sauver nos propres vies ».

    Auprès de la BBC, plusieurs personnes qui ont tenté de passer la frontière en pleine nuit racontent les scènes d’horreurs. « Les tirs n’ont pas cessé, témoigne Mustafa Soufia Mohammed âgé 21 ans. Je n’ai même pas remarqué qu’on m’avait tiré dessus. Mais lorsque j’ai essayé de me lever et de marcher, une partie de ma jambe m’a échappé ». La jambe de Mustafa a ensuite dû être amputée sous le genou l’obligeant aujourd’hui à marcher avec des béquilles et une prothèse mal ajustée. Zahra [le prénom a été modifié par le média britannique] a, elle, eu tous les doigts d’une main arrachée à cause d’une pluie de balles.

    D’après l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies, plus de 200 000 personnes tentent chaque année ce voyage périlleux qui traverse la mer la Corne de l’Afrique jusqu’au Yémen, pour atteindre l’Arabie saoudite. HRW appelle Ryad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

  • Sur le campement à travers la frontière « passamontagna » du début août - Vallées en lutte
    https://valleesenlutte.org/spip.php?article606

    La pratique du Passamontagna n’a pas fonctionné. Après des années, plusieurs camps et de nombreuses #manifestations qui nous ont amenés à passer la #frontière ensemble, sans que personne -le temps d’une journée - ne risque sa vie pour franchir cette ligne imaginaire qu’est la frontière, cette fois-ci, le passage collectif a échoué.

    Nous n’avons pas réussi à atteindre #Briançon : la police nous a bloqués avant que nous n’atteignions Montgenèvre.

    Samedi plus de 500 personnes ont quitté le campement installé à Claviere pour rejoindre la prochaine étape, en France. La #gendarmerie en tenue anti-émeute, déployée sur tous les chemins, a bloqué notre passage. Des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes étaient déjà positionnés en amont du cortège. Près de trente camions et voitures anti-émeutes du côté français, plus ceux positionnés du côté italien. Il a été décidé de ne pas aller jusqu’à l’affrontement qui aurait été nécessaire pour tenter de passer, afin d’éviter un très probable massacre. La police française a changé ses pratiques au fil des ans, augmentant de temps en temps son niveau de violence et l’utilisation d’armes. Nous ne voulions pas - dans cette situation - risquer des blessures graves.

    Comme tous les jours, ce week-end a vu passer des centaines de personnes en route pour la #France. Le camp a été un bon moment pour partager des réflexions, des discussions, des danses et des bavardages. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à franchir ensemble la frontière. Les personnes de passage sont néanmoins reparties, comme chaque jour sur cette frontière maudite, pour tenter leur chance et poursuivre leur chemin de vie. Plus de 100 personnes sont arrivées à Briançon dans le week-end. Une trentaine de #refoulements.

    Mais le lendemain on a appris une terrible nouvelle. Le lundi, 7 aout, un jeune exilé a été retrouvé mort sur la route militaire reliant Montgenèvre à Briançon. Son nom était Moussa. Il était guinéen. Face contre terre, trouvé par un touriste à vélo. On n’en sait toujours pas plus.
    Un autre mort. Une victime de plus de cette frontière qui est de plus en plus marquée par la présence de la police aux frontières (#PAF), déployée sur les chemins jour et nuit.
    Le onzième, le douzième, le vingtième, qui sait. Les chiffres ne sont pas clairs car tous les décès ne sont pas rendus publics. Théoriquement, dix corps ont été retrouvés depuis 2018.

    #exilés #morts_à_la_frontière #migrants

    • Peut-être que si nous avions pu marcher ensemble, cela ne serait pas arrivé. Peut-être que si le Passamontagna avait fonctionné, ce garçon ne serait pas mort.
      Tous les flics présents sur ces chemins samedi et dimanche ont du sang sur les mains. Tout comme le préfet de Gap, qui avait rendu illégales toutes les manifestations et tous les campements pendant le week-end, et qui a donné l’ordre d’entraver le passage de toutes les manières possibles, a du sang sur les mains. Que les responsables paient cher, ici, à Montgenèvre, à Briançon, partout en France.
      Chaque policier est une frontière. Le bras armé d’un Etat qui continue à diviser, sélectionner et tuer au gré de ses intérêts politiques et économiques. Qu’ils le paient cher !

  • [36] Un jour, une archive – 4 août : J’étais là-bas

    https://visionscarto.net/j-etais-la-bas

    Anne Kelly Knowles et Levi Westerveld

    Comment situer dans l’espace et visualiser l’expérience personnelle des victimes de la Shoah ? En traitant les lieux et déplacements dans leur relations topologiques et en matérialisant graphiquement la dimension subjective et émotionnelle des évènements, il est possible de dessiner la géographie de cette mémoire particulière.

  • Une prison flottante pour les exilés au large de l’Angleterre - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2023/07/20/une-prison-flottante-pour-les-exiles-au-large-de-langleterre

    Une prison flottante pour les exilés au large de l’Angleterre
    20 juillet 2023 #Europe, #Exilés, #Racisme

    Mettre à distance les corps indésirables en les maintenant à quai : le gouvernement anglais a trouvé une nouvelle manière d’optimiser sa politique raciste.

    À la fin du Moyen Age, on invente en Europe la « quarantaine maritime » lors de l’épidémie de peste noire. Face à la maladie qui décime la population, les navires qui arrivent dans un port doivent rester 40 jours à quai avec leur équipage, confinés dans une zone isolée pour éviter de contaminer la population. En 2023, c’est sur une barge flottante amarrée sur une île que des exilés devront rester confinés. Comme s’ils constituaient, par essence, une menace d’ordre sanitaire.

    Contre l’immigration, l’Union Européenne a déjà mis en place des murs et des barbelés à l’Est de l’Europe ou à Calais, des îles entières sont transformées en prisons au sud de la Grèce, des drones et des moyens de reconnaissance biométriques, des gardes côtes qui font chavirer les navires en Méditerranée. On peut ajouter à cette variété de techniques de refoulement la barge carcérale.

    L’engin flottant s’appelle « Bibby Stockholm » et il est actuellement remorqué vers la côte sud de l’Angleterre pour être amarré à l’île de Portland, en face de la Normandie, pour une durée de 18 mois. Concrètement, il s’agit d’y parquer 500 réfugié-es, le temps que les demandes d’asile soient examinées par les autorités. Il s’agit de les empêcher de fouler le sol anglais en attendant qu’ils soient fixés sur leur sort.

    Le Ministère de l’Intérieur anglais prétend ainsi « alléger la pression sur le système d’asile » et « faire des économies » en terme de frais d’hébergement. Le journal The Guardian a révélé ces derniers jours que la barge n’offrirait qu’une économie insignifiante. C’est avant tout un symbole, un sas.

    Le navire a été construit en 1976 et il bat pavillon la Barbade. Il a déjà servi de barge d’hébergement depuis 1992. L’État allemand l’avait utilisé pour loger des sans-abris et des demandeurs d’asile dans les années 1990, dans le port d’Hambourg. Déjà l’idée d’une mise à distance des indésirables, pauvres ou immigrés. Utilisé par les Pays-Bas, le Bibby Stockholm avait été contesté suite à la mort d’un demandeur d’asile faute de soins sur la barge.

    Encore plus sinistre, la firme Bibby Marine, propriétaire de la barge, a été fondée par John Bibby, un entrepreneur ayant fait fortune dans le commerce colonial et la déportation d’esclaves, notamment vers le Brésil, au 19ème siècle.

    Un lourd symbole.

  • Leon Trotsky - My Daughter’s Suicide - January 1933
    https://www.marxists.org/archive/trotsky/1933/01/zinaida.htm

    Aujourd’hui la tragédie de l’exil et de la persécution touche des millions. L’histoire répète sans cesse les événements qui ont poussé au suicide la fille ainée de Léon Trotski, Zinaïda Volkova.

    TO ALL MEMBERS OF THE C.C. OF THE C.P. OF THE USSR
    TO THE CHAIRMAN OF THE EXECUTIVE COMMITTEE OF THE USSR
    TO ALL MEMBERS OF THE C.C.C. OF THE C.P. OF THE USSR.

    I deem it necessary to inform you how and why my daughter committed suicide.

    At the close of 1930, upon my request, you authorized my tubercular daughter, Zinaida Volkov, to come to Turkey temporarily with he five year old son Wesewolod, for treatment. I did not suppose that behind this liberalism of Stalin lurked a mental reservation. My daughter arrived here in January 1931 with a pneumothorax in both lungs. After a ten months sojourn in Turkey we finally obtained – despite the constant resistance of the Soviet foreign representatives permission for her to go to Germany for treatment. The child remained temporarily with us in Turkey so as not to burden the invalid. After some time the German physicians thought it possible to remove the pneumothorax. The invalid began to recover and dreamed only of returning with her child to Russia where her daughter and her husband, who is a Bolshevik-Leninist held in exile by Stalin, remained.

    On the twentieth of February 1932 you published a decree by which not only my wife, my son and I, but also my daughter Zinaide Volkov, was deprived of Soviet citizenship. In the foreign land where you gave her permission to go with a Soviet passport my daughter occupied herself only with her treatment. She did not, and because of her health, could not take any part in political life. She avoided anything that might throw the shade of a “suspicion” upon her. Depriving her of her citizenship was only a wretched and stupid act of vengeance against me. For her, this act of personal vengeance meant a break with her little daughter, her husband, her finance and all her customary life. Her mental condition, already disturbed without that by the death of her younger sister, by her own illness, received a fresh blow all the more atrocious as it was quite surprising and not provoked in any way by her. The psychiatrists unanimously declared that only a return to her normal environment, with her family, and her work could save her. But your decree of the twentieth of February of 1932 removed precisely this possibility of saving her. All other attempts, as you know, have remained in vain.

    German physicians insisted that at least her son be brought to her as quickly as possible; in that they still saw the chance of restoring the moral equilibrium of the mother. But as the six-yead old child was equally deprived of Soviet citizenship the difficulties of his departure from Constantinople to Berlin were multiplied. A half year passed in constant but fruitless efforts in several European countries. Only my unforseen trip to Copenhagen gave us the opportunity to bring the child to Europe. With the greatest difficulty he made the trip to Berlin in six weeks. He was hardly near his mother for a week when Gen. Schleicher’s police in collusion with the Stalinist agents decided to expel my daughter from Berlin. Where? To Turkey? To the Island of Prinkipo? But the child needed to attend school and my daughter needed continuous medical attention under conditions of family life bear this new blow. On the fifth of January she asphyxiated herself with gas. She was thirty years old.

    In 1928 my younger daughter Nina, whose husband has been locked up in solitary prison by Stalin for five years, was bedridden and then taken to the hospital for a short time after my exile to Alma Ata. They found her with galloping consumption. A purely personal letter, without the least relation to politics, which was addressed to me, was held up by you for seventy days so that my answer did not find her alive. She died at the age of 26.

    During my stay in Copenhagen, where my wife began a treatment for a serious illness and where I prepared myself to begin a treatment, Stalin, through Tass agency, issued the lying denunciation to the European police that a “Trotskyist conference” was meeting in Copenhagen! That was enough to have the Danish social-democratic government do Stalin the favor of expelling me with feverish haste, interrupting the necessary treatments for my wife. But in this case, as in many others, Stalin’s unity with the capitalist police at least had a political aim. The persecution of my daughter was devoid of even a shade of political sense. Depriving her of Soviet citizenship – a loss of her only hope to return to a normal environment and to recovery – finally her expulsion from Berlin (a service indisputably rendered to Stalin by the German police), are acts without a political aim for miserable and stupid revenge and nothing else. My daughter was pretty clear about her position. She understood that she could receive no safety at the hands of the European police, persecuting her at the request of Stalin. Conscious of that, her death followed on the fifth of January. Such a death is called “voluntary”. No, it was not voluntary. Stalin imposed this death upon her. I limit myself to this information without drawing conclusions. The time will come for this subject. The regenerated party will do it.

    Prinkipo, January 11, 1933
    Leon Trotsky

    Source: The Militant, Vol. VI No. 6, 11 February 1933, p. 2. Open Letter On Stalin’s Role in the Death of Zinaida Volkov (January 1933) written: 11 January 1933

    #exile #persécution #réfugiés #histoire #URSS

  • Conseil d’État : une soirée de violences, une nuit d’errance
    mercredi 21 juin 2023 - Utopia 56
    https://utopia56.org/conseil-detat-une-soiree-de-violences-une-nuit-derrance

    Il est 20h ce mardi 20 juin quand près de 450 jeunes isolés, accompagnés d’une centaine de bénévoles, s’installent sous tentes devant le Conseil d’État à Paris. Cette action avait pour but de visibiliser la détresse de ces jeunes qui survivaient depuis plus de deux mois dans une école désaffectée et d’ouvrir un dialogue avec l’État jusque-là inexistant. La réaction du ministère de l’Intérieur a été un déversement de violences par la préfecture de police. 66 jeunes et bénévoles ont été interpellés, six autres ont dû être hospitalisés.

    Les jeunes dont nous parlons ici ont quitté leur famille, leurs amis, leur maison, leur pays avec l’espoir de trouver une société d’accueil. Ils ont traversé le désert, les montagnes et la mer Méditerranée avant d’arriver ici à Paris, seul et sans ressource. Beaucoup ont enduré la violence, la discrimination, certains, la torture et la traite.

    Selon le droit international, tous ces jeunes devraient être considérés mineurs par l’État avant une éventuelle décision contraire d’un juge des enfants. (...)

    #exilés. #Violences_policières

  • ★ Droits des exilé·es : Les CADA excitent l’extrême-droite en milieu rural - UCL

    Ces derniers mois l’extrême droite s’est lancée dans une bataille médiatique en milieu rural contres les Centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Les municipalités peinent à mettre en place ces projets face aux menaces et aux attaques physiques répétées des fascistes (...)

    #CADA #exilés #violence #extremedroite #racisme #xénophobie
    #Antifascisme

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Droits-des-exile-es-Les-CADA-excitent-l-extreme-droite-e

  • Haine anti-migrants : à Paris, une association d’aide aux exilés craint des représailles | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120523/haine-anti-migrants-paris-une-association-d-aide-aux-exiles-craint-des-rep

    Après des élus de Callac et Saint-Brevin-les-Pins, l’association Utopia56 dénonce un harcèlement croissant de l’extrême droite à son égard, alors qu’elle bataille pour faire reconnaître le droit à l’hébergement des plus vulnérables. Elle redoute « un effet domino » des violences et un passage à l’acte.

    https://jpst.it/3dlga

    #extrême_droite #exilés #migrants #utopia56 #hébergement

  • #CRA #CentredeRétentionAdministrative #prison #exilés #répression #maltraitance #expulsion...

    🛑 Dans les CRA, les droits des exilés toujours plus maltraités... - Rapports de Force

    Samedi 18 février, une manifestation aura lieu dans plusieurs villes de France pour dénoncer les centres de rétention administrative (CRA). Depuis quelques mois, la situation empire dans ces prisons pour exilés (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://rapportsdeforce.fr/pas-de-cote/dans-les-cra-les-droits-des-exiles-toujours-plus-maltraites-02181671

  • Femmes exilées, une violence continue

    Les femmes exilées, comme les hommes exilés, sont victimes de la violence politique et de la torture, dans leur pays d’origine ou pendant le parcours d’exil. Elles subissent les mêmes conditions de non-accueil en France et en Europe. Toutefois, face à la spécificité de ce qu’ont vécu et vivent les femmes exilées, au regard de leur vulnérabilité permanente, nous recommandons de :

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/01/26/femmes-exilees-une-violence-continue

    #féminisme #exil

  • Femmes exilées : « Il y a un angle mort dans la procédure d’asile actuelle : la violence subie sur le parcours migratoire »

    Dans leur pays d’origine, elles étaient sociologues, assistantes juridiques, sportives, manageuses, couturières, directrices marketing, artistes, étudiantes, géomètres, enseignantes, coiffeuses, orthopédistes, journalistes, navigatrices, horlogères, bagagistes, commerçantes. Elles ont dû s’exiler et, tout au long du chemin, elles ont subi la violence.

    Longtemps un phénomène dont les problématiques étaient reléguées au second plan, l’exil féminin est maintenant devenu aussi marquant que celui des hommes, les femmes représentent la moitié des personnes déplacées dans le monde. Cette proportion n’est pas nouvelle et se confirme depuis une dizaine d’années, elle se retrouve aussi dans la file active du Centre Primo Levi, qui est composée pour moitié de femmes.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/01/20/femmes-exilees-il-y-a-un-angle-mort-dans-la-pr

    #féminisme #exil

  • Les Oubliés de #Cassis

    Ils ont construit le Cassis moderne, mais dorment dans des cabanes en bois. Des tunisiens venus dans les années 70, un contrat en main pour construire les villas de la cité balnéaire. Ils vivent oubliés depuis quarante ans au milieu d’une carrière de calcaire en bordure de la ville de Cassis, dans l’un des derniers bidonvilles de France. Des hommes fragilisés par des années d’exil, de sacrifices, d’abnégation de leur vie pour subvenir aux besoins de leurs familles restées au pays. La perspective du nouvel habitat est pour eux un deuxième déracinement... Le documentaire de Sonia Kichah raconte la vie, la mémoire de ces hommes en marge.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/21157_0

    #film #documentaire #film_documentaire
    #France #migrants_tunisiens #travailleurs_étrangers #bidonville #migrations #maçons #logement #cabanes #Mareth #relogement #exil #retraités #Quartier_Fontblanche

  • #Russie, le poison autoritaire

    « Poutine et sa bande, au tribunal ! » Les Russes, et surtout les Moscovites, ont été toujours plus nombreux à défiler ces derniers mois contre un pouvoir jugé liberticide. Plus que jamais, la Russie apparaît comme une nation divisée entre ceux qui font profil bas devant l’autoritarisme de Poutine, voire le soutiennent, et ceux qui le combattent, souvent au péril de leur liberté. La répression policière s’est en effet nettement accrue, tandis qu’une justice aux ordres d’une machine étatique programmée pour détruire toute velléité contestataire couvre les arrestations arbitraires et souvent absurdes, les séjours en prison et les mises au ban de la société. Mais qui sont ces citoyens ordinaires qui font trembler l’autocrate du plus grand pays du monde et prennent tous les risques, jusqu’à devoir s’exiler, pour réclamer une Russie à visage humain ?
    Pendant près d’un an, le réalisateur Stéphane Bentura a suivi ceux qui, souvent jeunes et instruits, ont fait leur figure de proue d’Alexeï Navalny, empoisonné puis emprisonné dès son retour surprise à Moscou en janvier 2021. Journaliste pourchassée, simple manifestante d’un jour, prisonniers politiques victimes de tortures ou économiste en exil, ils racontent comment ils sont ou ont été la cible d’un matraquage qui va crescendo, sous couvert d’une application stricte de la loi et de l’ordre. « C’est une dictature postmoderne, avec une façade pseudo-démocratique, des parodies d’élections et de procès », assène Vladimir Kara-Murza, vice-président du mouvement Russie ouverte, victime de deux tentatives d’empoisonnement. Pour beaucoup, cette férocité répressive vise à masquer l’ampleur de la corruption, le gaspillage de l’argent du gaz russe et les promesses socio-économiques non tenues de Vladimir Poutine. Des témoignages clés qui aident à dissiper le mirage de la nouvelle puissance russe.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/31203_0
    #film #documentaire #film_documentaire
    #Poutine #résistance #empoisonnement #autoritarisme #répression #opposition #élection #Vladimir_Kara-Mourza #emprisonnement #prisonniers_politiques #Alexeï_Navalny #corruption #manifestation #propagande #peur #justice #exil #torture #réfugiés_russes #nationalisme #persécution #dictature_post-moderne #dictature

  • La chaîne de l’accueil des #exilés ukrainiens : #Ukraine, #Pologne, France
    https://metropolitiques.eu/La-chaine-de-l-accueil-des-exiles-ukrainiens-Ukraine-Pologne-France.

    Contrairement aux vagues récentes de réfugiés, les exilés ukrainiens ont été accueillis massivement et rapidement en Europe. À partir d’enquêtes en Pologne et en France, l’auteur reconstitue des maillons de cette « chaîne d’accueil » sans précédent, et pose la question de sa durabilité-réplicabilité pour les politiques migratoires européennes. Le système de réception des exilés aux frontières de l’Europe est une armature policière et carcérale (Bernardie Tahir et Schmoll 2018 ; Andersson 2014). Il est maillé de #Terrains

    / #accueil, Ukraine, Pologne, #migrations, exil

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-lacroix.pdf

  • En Chine, la frustration des jeunes prend un tournant politique
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/22/en-chine-la-frustration-des-jeunes-prend-un-tournant-politique_6150984_3210.

    En Chine, la frustration des jeunes prend un tournant politique
    Epuisés par la politique zéro Covid en vigueur depuis bientôt trois ans, les jeunes Chinois se sentent volés de leur jeunesse par un pouvoir de plus en plus autocratique, au point d’oser critiquer le régime plus ouvertement.
    Un simple « Ça va ? » a suffi pour que Stella (un nom d’emprunt), 30 ans, ouvre les vannes : « Cinq mois après le confinement de Shanghaï, on est toujours enfermés en Chine : on ne sait pas si on pourra partir prendre l’air le week-end prochain, ou même sortir de notre appartement, parce qu’on risque toujours d’être confinés au moindre cas contact dans l’immeuble. Cette incertitude permanente est épuisante. Moi, j’ai envie de sortir, de voir le monde ! », s’emporte la jeune femme, assise sur le matelas d’une salle de sport du centre de la ville. Encore essoufflée par l’effort, la trentenaire, coupe au carré et débardeur blanc laissant voir ses épaules sculptées, se livre, dans un flot de complaintes. « Je me sens anxieuse, parfois en colère. Cette politique est vraiment inhumaine, et ça peut durer longtemps : cinq ans peut-être ? Le temps du mandat de Xi Jinping, qui vient d’être réélu », s’interroge Stella. Après trois ans d’une stratégie zéro Covid appliquée avec la plus grande fermeté en Chine, la lassitude tourne au ras-le-bol, et la frustration vire parfois à la colère. A Shanghaï, difficile d’avoir la moindre conversation sans que le sujet soit abordé. Car les conséquences de cette approche ultra-stricte se font ressentir autant sur la vie quotidienne de la plupart des Chinois que sur l’économie (le Fonds monétaire international prévoit une croissance en 2022 à 3,2 %, la seconde plus basse depuis 1977). Le 11 novembre, la Commission nationale de la santé a annoncé une tentative d’allègement des restrictions liées au Covid-19, en précisant qu’il ne s’agissait « pas d’un relâchement de la prévention et du contrôle ». Si une partie de la population, notamment les habitants des campagnes et les plus âgés, continue d’adhérer à cette approche qui a permis d’éviter des centaines de milliers de morts, l’absence de perspectives pèse sur le moral des plus jeunes. Le manque d’opportunités économiques, mais aussi de voyages, de loisirs, de liberté en général, amène un nombre croissant de Chinois à oser aborder des questions politiques, habituellement évitées dans les conversations au quotidien. La confirmation de Xi Jinping pour un troisième mandat de secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC), lors du 20e congrès de l’organisation, mi-octobre, n’a fait qu’accentuer la tendance : le 23 octobre, le dirigeant chinois a dévoilé une équipe exclusivement composée de fidèles.
    Dans un café du centre-ville, Guagua (tous les prénoms ont été changés pour protéger les interlocuteurs), 28 ans, employé dans le domaine des technologies numériques, fait part de son inquiétude : « Auparavant, il y avait différentes forces au sein du Parti communiste, mais maintenant, cet équilibre est brisé : on a une tendance qui est tellement puissante qu’elle peut faire ce qu’elle veut. Cette concentration du pouvoir est dangereuse, il n’y a plus personne pour discuter ou contester, pour faire exister une bataille d’idées. On imagine facilement ce qui pourrait mal se passer : l’enfer est pavé de bonnes intentions. »
    L’équipe dirigeante a, en effet, été décrite par des experts comme un « gouvernement de combat », prêt à appliquer les décisions les plus radicales de Xi en cas de crise, économique ou militaire. C’est ce qui inquiète le jeune homme : « J’ai vraiment peur qu’une guerre éclate avec Taïwan : dans son dernier opus, intitulé La Gouvernance de la Chine, Xi insiste sur l’unification, par la force si nécessaire. Or, il a accompli beaucoup des sujets évoqués dans le précédent volume de ses œuvres », s’inquiète Guagua, avant de conclure : « Une guerre risque de remettre en cause la prospérité acquise depuis l’ère des réformes [à partir de 1978]. »
    Ce type de critique discrète de la dérive autocratique du PCC autour du président Xi a trouvé une expression aussi visible qu’isolée, à la veille du Congrès, en octobre, lorsqu’un militant a déployé plusieurs banderoles sur un pont surplombant l’un des périphériques pékinois, et allumé un feu pour attirer l’attention. L’un des slogans proclamait : « Nous ne voulons pas de tests PCR, nous voulons manger ; nous ne voulons pas de confinement, nous voulons être libres, (…) ; nous ne voulons pas de Révolution culturelle, nous voulons des réformes. » Un second allait encore plus loin : « Etudiants, travailleurs, peuple, (…) destituez le dictateur Xi Jinping. » Si cette action brève a fait tant de bruit en Chine, c’est parce que ce genre de protestations est aujourd’hui rare, tant la surveillance de la société et la répression ont été renforcées depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, en 2012.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Chine, la poursuite de la stratégie zéro Covid implique un contrôle social encore renforcé
    Son impact n’a pas été négligeable : « Cette banderole résume exactement ce qu’on ressent », juge Stella. Malgré les efforts de la censure, les photos de l’événement ont largement circulé sur les réseaux sociaux avant d’être systématiquement supprimées. Beaucoup ont d’ailleurs perdu l’accès à leur compte WeChat, le principal réseau social, pour avoir partagé les images de cette protestation, dont l’auteur a été arrêté sur-le-champ. « J’ai vu ces photos sur Instagram, témoigne Yiwei, 24 ans, photographe de mode à Shanghaï, qui utilise un VPN pour accéder aux sites Web bloqués en Chine, comme Instagram. Quand j’ai partagé les images avec des amis dans un groupe WeChat privé, l’un d’eux m’a appelé tout de suite. Il m’a dit : “Tu es fou, tu vas perdre l’accès à ton compte.” Les gens ont peur et s’autocensurent. Je pense que ce contestataire est très courageux, mais ce qui me révolte, c’est qu’il risque une sanction très sévère », déplore le jeune artiste. Beaucoup évoquent un sentiment d’impuissance, face à un système prêt à écraser la moindre menace. « Tout ce qu’on peut faire, c’est discuter de notre frustration entre amis. Et encore, il faut rester discrets… Moi, je m’intéresse à la politique, mais c’est vite déprimant. Il vaut mieux se concentrer sur soi, ce qu’on peut faire pour profiter de chaque jour », décrit le photographe. Ce qu’il fait en passant du temps avec ses amis, mais sur son petit balcon plutôt que dans les bars, afin de ne pas risquer de devenir cas contact. Pour lui, les restrictions imposées par le gouvernement vont au-delà des efforts sanitaires : « Le but, c’est aussi de renforcer le contrôle : ils en profitent pour voir jusqu’où ils peuvent pousser les gens. Le contrôle de la pandémie est très politique », soupire Yiwei. Pour décrire sa frustration, la génération Z chinoise a inventé un lexique riche : « Tangping, qu’on pourrait traduire par “rester couché”, désigne l’attitude des jeunes employés dans des grandes entreprises, d’Etat ou du privé, refusant de s’impliquer à fond dans leur fonction, démotivés par le manque de perspectives », explique l’anthropologue Xiang Biao, interrogé par le média en ligne chinois The Paper. Autre terme nouveau, neijuan décrit « l’expérience d’un individu pris dans une compétition, tout en ayant conscience qu’elle est vide de sens », ajoute-t-il. « J’ai l’impression que les jeunes ont dû supprimer leurs désirs, c’est une frustration accumulée depuis le début de la pandémie, et on sent que ça veut sortir. Les gens sont très enthousiastes quand il y a des spectacles ou des fêtes, ils ont besoin de se lâcher, mais, ces derniers temps, beaucoup d’événements sont annulés à cause du zéro Covid », témoigne Yubo, 21 ans, étudiant en ingénierie informatique le jour et comique la nuit.
    L’atmosphère pesante qui règne en Chine pousse désormais ceux qui en ont les moyens à envisager de quitter le pays. Certains franchissent le pas, ou commencent à se renseigner. Guagua en fait partie : quelques mois après le long confinement de Shanghaï, le 20e congrès du PCC l’a convaincu que son pays n’allait pas dans la bonne direction. « Mon partenaire m’a montré la vidéo d’Hu Jintao [l’ancien président chinois de 2003 à 2013] évacué devant tout le monde, lors du congrès. J’étais choqué. Je pense qu’à l’époque d’Hu et, auparavant, de Jiang Zemin [président du pays de 1993 à 2003] le mode de gouvernance me convenait, parce que leurs politiques n’étaient pas si radicales. Le but, c’était le développement, pas l’opposition avec d’autres pays. J’ai vraiment l’impression que le gouvernement actuel, préoccupé par sa marque dans l’histoire, risque de pousser trop loin cette tendance et de se prendre un retour de flammes. » Parmi les pays qu’envisagent Guagua et son partenaire : le Canada, Singapour, l’Irlande, le Japon. « Nous ne voulons pas renoncer à notre citoyenneté chinoise, mais nous cherchons à obtenir un statut de résident permanent ailleurs. En cas d’urgence. » En attendant, Guagua et son partenaire ont changé leurs habitudes : moins de shopping et de sorties urbaines, plus de randonnées dans les forêts de bambous du Zhejiang, la province située au sud de Shanghaï. « Peut-être parce que dans la montagne il n’y a pas de dabai », dit en souriant le jeune homme, en référence aux responsables sanitaires enveloppés dans des combinaisons blanches intégrales.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#sante#zerocovid#controlepolitique#polotiquesanitaire#emigration#exil#singapour#canada#irlande#japon

  • Luigi, le premier, est parti...

    Cette exposition inédite, produite par Le Cpa autour du #film_d’animation #Interdit_aux_chiens_et_aux_Italiens_ , retrace sur près d’un siècle l’histoire sociale des Italiens ayant quitté leur pays pour s’installer en France. Portée par un récit familial, elle met en lumière les difficultés rencontrées pour reconstruire un foyer en #exil et questionne la transmission de cette #mémoire.

    Histoires et mémoires d’Italiens en migration

    En l’espace d’un siècle, quelque 25 millions d’Italiens ont quitté la péninsule pour s’établir en Europe, en Amérique ou en Australie. Essaimant aux quatre coins du monde, ils ont emporté avec eux la culture de leur pays, leurs rêves et leurs espoirs, leur volonté de réussir sur une terre nouvelle. S’appuyant sur l’œuvre de fiction d’#Alain_Ughetto, _Interdit aux chiens et aux Italiens et sur de nombreuses archives régionales, elle constitue un #récit incarné de ces migrations, du massif des Alpes jusqu’à la vallée du Rhône. En creux, elle sonde également l’imaginaire véhiculé par ces Italiens en exil en France.

    Zoom sur : le film d’Alain Ughetto

    Entre le récit biographique et l’œuvre de fiction, ce film d’animation réalisé à Beaumont-lès-Valence en #stop_motion raconte les pérégrinations d’une famille piémontaise à travers les #Alpes. Luigi, le grand-père du réalisateur, et Cesira, la grand-mère, en sont les personnages principaux. Cette famille au destin romanesque traverse plusieurs #frontières, affronte deux guerres, la misère et le fascisme, à cheval entre l’Italie et la France. Leurs descendants posent leurs valises au bord du Rhône et, comme bien d’autres, se passionnent pour le Tour de France en vibrant au son de l’accordéon.

    L’exposition, construite autour de ce film, navigue entre l’histoire de cette famille et la grande histoire, tout en faisant la part belle à l’univers artistique d’Alain Ughetto.

    https://www.youtube.com/watch?v=QdQO3oo0nPg&feature=youtu.be

    https://www.le-cpa.com/expositions-1/expos-du-moment/luigi-le-premier-est-parti
    #immigration #France #migrants_italiens #Italie #frontière #exposition #immigration_italienne

    #Valence #CPA #Centre_du_patrimoine_arménien

  • Le salon des littératures de l’exil et de la migration

    L’évènement littéraire sur l’exil et les migrations se déroule fin mai au Musée national de l’histoire de l’immigration ! Avec la collaboration soutenue d’Alexis Nuselovici (Nouss), professeur de littérature générale et comparée à l’université d’Aix-Marseille qui en est à l’initiative, cette 6e édition du salon LittExil invite des auteurs, des revues et des éditeurs indépendants sensibles aux thématiques de l’exil, des migrations et de la diversité culturelle. Ils présenteront au Palais de la Porte Dorée leurs publications récentes et seront disponibles pour rencontrer et discuter avec le public et dédicacer leurs ouvrages.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/05/07/le-salon-des-litteratures-de-lexil-et-de-la-mi

    #littérature #migration #exil

  • #Terrain_d'écoutes

    Au fil des saisons de Terrain d’écoutes, découvrez les histoires, intimes et singulières, de personnes qui vivent en France et sont concernées, directement ou en raison de leur histoire familiale, par l’expérience de la migration, à travers leurs témoignages.

    Vous entendrez aussi les voix de professionnel·le·s qui s’efforcent de mettre en œuvre une politique d’accueil tâtonnante dans un contexte tendu, où l’immigration est chaque jour un peu plus construite comme un problème.

    La saison 1 de Terrain d’écoutes, « Refuge(s) », est consacrée à la procédure d’asile du point de vue de celles et ceux qui la traversent. Au fil des 6 épisodes de Refuge(s), des personnes exilées racontent leur parcours une fois arrivées en France, leur rencontre avec cette société qu’elles n’ont pas forcément choisie, et qui ne les a parfois pas encore tout à fait accueillies. Parce que ces histoires s’inscrivent dans un contexte singulier, deux sociologues et une psychologue nous parlent de la manière dont se construit, en France, le rapport à celles et ceux qui viennent d’ailleurs, et les violences psychologiques qui peuvent en découler.

    Ses épisodes sont diffusés le 2ème et le 4ème lundi de chaque mois depuis le 14 février 2022.

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    Refuge(s). La procédure d’asile vécue par ceux qui la traversent


    Saison 1

    En 1951, les Etats signataires de la convention de Genève s’engageaient à protéger toute personne qui a quitté son pays parce qu’elle craint d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. Depuis 2003, la France s’est aussi engagée à protéger les personnes qui ne remplissent pas ces critères, mais qui risquent, si elles retournent dans leur pays d’origine, de subir des tortures, la peine de mort ou encore la violence aveugle d’une guerre. En pratique, cette protection n’est reconnue qu’à l’issue d’une procédure de demande d’asile longue et compliquée, souvent douloureuse pour les personnes qui la traversent.

    En France, c’est l’office français de protection des réfugiés et apatrides, l’OFPRA, donc, qui est chargé d’octroyer ou non la protection à la personne qui en fait la demande. Pour remplir leur mission, ses agents s’appuient essentiellement sur les récits que s’efforcent de livrer les demandeurs. Souvent, ces récits portent sur toute une vie, résumée en quelques pages, une vie entière à laquelle leurs auteurs tentent de donner, a posteriori, une cohérence. Une vie qui n’a pas été vécue pour être racontée, faite d’un amoncellement de moments qui n’avaient pas vocation à former une histoire.

    C’est pourtant dans la capacité à raconter sa propre histoire que tout se joue. Et ce lourd travail de mise en récit de leur propre vie, les demandeurs d’asile doivent le faire en même temps qu’ils sont tenus de s’adapter à tout un nouvel environnement, aux rouages administratifs complexes : de la SPADA au GUDA, en passant par l’OFII, jusqu’aux difficultés à obtenir une place d’hébergement.

    On s’est dit que la meilleure manière de mettre en lumière ce que la procédure d’asile fait aux personnes concernées, c’était de leur poser la question.

    Ce podcast donne la parole à des bénéficiaires d’une protection internationale ainsi qu’à des universitaires qui se sont penchés sur différents aspects de la mise en œuvre par la France de son obligation d’accueillir les personnes qui demandent l’asile.

    Il est réalisé par quatre juristes en droit des étrangers à l’ADATE, une association spécialisée dans l’accueil des personnes étrangères.

    Les épisodes

    Un nouvel épisode est diffusé toutes les deux semaines.

    Chaque épisode est accompagné de références et de ressources qui vous permettront de « creuser » les thématiques abordées.

    – Episode 1 : Rompre avec son pays – La #justice au prix de l’#exil. Disponible le 14 février 2022.

    – Episode 2 : L’archétype du réfugié : histoire d’un #mythe – Table ronde ½. Disponible le 28 février 2022.

    – Episode 3 : Se reconnaitre dans la #demande_d’asile – Celle qu’on a été, celle qu’on devient. Disponible le 14 mars 2022.

    – Episode 4 : Accorder ou pas l’asile : des politiques, une administration – Table ronde 2/2. Disponible le 28 mars 2022.

    – Episode 5 : Familles décomposées – La #réunification_familiale : un nouveau combat pour les réfugié.e.s. Disponible le 11 avril 2022.

    – Episode 6 : Le temps du soin, le temps du droit _ La politique du #doute et ses effets sur la #santé_mentale des exilé.e.s. Disponible le 25 avril 2022.

    http://www.adate.org/terraindecoutes

    #podcast #audio #asile #migrations #réfugiés #ADATE

    ping @karine4 @isskein @_kg_

  • L’été kabyle
    https://laviedesidees.fr/Jennifer-Bidet-Vacances-au-Bled.html

    À propos de : Jennifer Bidet, Vacances au Bled. La double présence des enfants d’immigrés, Raisons d’agir. La pratique des vacances au bled s’est banalisée à partir des années 1980, remplaçant progressivement les espoirs de réinstallation. Ces étés sont souvent vécus comme une expérience libératrice, permettant d’échapper temporairement aux assignations sociales de genre et de race subies en France.

    #Société #Algérie #racisme #exil #migration
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220210_siblot-2.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220210_siblot-2.docx

  • Prison N°5

    À travers le récit de son #emprisonnement en #Turquie, #Zehra_Dogan, journaliste et artiste, parle de l’histoire et de l’oppression du peuple kurde, mais aussi de solidarité et de résistance de toutes ces femmes enfermées.
    Ce livre est le fruit d’une détermination, transformant un emprisonnement en une résistance. Zehra Dogan, artiste kurde condamnée pour un dessin et une information qu’elle a relayés, fut jetée dans la prison n°5 de Diyarbakir, en Turquie. Elle nous immerge dans son quotidien carcéral. Découvrir le passé de ce haut lieu de persécutions et de résistances, c’est connaître la lutte du peuple kurde.

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-prison-n-5/album-prison-n-5
    #BD #bande_dessinée #livre

    #Kurdes #résistance #auto-gestion #syndrome_de_Nusaybin #Kurdistan_turc #guerre #violence #armée_turque #couvre-feu #destruction #Sur #massacres #Cizre #Silopi #villes #PKK #Öcalan #révolte_de_Dersim #révolte_de_Kocgiri #révolte_de_Koçgiri #Cheikh_Saïd #torture #terrorisme #Kenan_Evren #Esat_Oktay_Yildray #assimilation #quartier_35 #Osman_Aydin #résistance #uniforme #tenue_unique #Sakine_Causiz #impunité #discriminations #exil_forcé #IDPs #déplacées_internes #identité #langue #exploitation #enlèvements #enlèvements #Hasan_Ocak #Mères_du_Samedi #montagne #guérilla #Kurdistan #Mères_de_la_paix #paix #violences_policières #ring_bleu #prison_de_Tarse #enfants #femmes

    (BD très très dure, mais un document historique incroyable)