• #canada : Des infirmières malades de la COVID-19 forcées de travailler Le Devoir - Nikoo Pajoom
    https://www.ledevoir.com/societe/sante/740238/coronavirus-au-boulot-meme-malades

    L’accalmie estivale attendue n’est pas arrivée dans les hôpitaux. Des infirmières ayant des symptômes sévères de la COVID-19, dont des nausées, des vomissements, des maux de tête et des douleurs musculaires, sont forcées de travailler auprès de patients vulnérables pour éviter des ruptures de service dans le réseau de la santé.

    Selon ce que Le Devoir a appris, cette obligation de rester en poste malgré un test de dépistage positif et des symptômes incommodants crée un malaise chez des travailleurs de la santé. Des infirmières ont confié leurs craintes d’infecter des patients ou de commettre des erreurs médicales en raison de la fatigue et des symptômes de la COVID-19.


    Photo : Jacques Nadeau Le Devoir Le ministère de la Santé et des Services sociaux confirme que des employés malades de la COVID-19 peuvent être appelés à travailler en cas de « compromission persistante » de l’accès aux services due au manque de personnel. _

    « C’est une situation dangereuse pour mes collègues, pour les patients et pour moi-même », raconte une infirmière qui travaille en gériatrie auprès d’une clientèle vulnérable. Elle a demandé à garder l’anonymat par crainte de représailles.

    Présentant des symptômes d’une infection à la COVID-19, cette travailleuse a effectué un test rapide de dépistage qui s’est révélé positif. Après un test PCR qui a confirmé l’infection, les gestionnaires responsables des employés avec un test positif à la COVID lui ont dit de s’isoler pendant cinq jours. Cependant, après avoir informé sa cheffe d’unité, cette infirmière a dû rester sur son quart de travail « avec l’accord de la haute direction ».

    Le lendemain, des gestionnaires lui ont ordonné de retourner au travail en raison du manque de personnel dans son unité. Mais, entre-temps, son état de santé s’était détérioré : « J’ai développé des symptômes de plus en plus intenses. Nausées, vomissements, céphalées, douleurs musculaires et douleurs abdominales. »

    Elle en a informé les personnes responsables. Pourtant, on lui a dit que tant qu’elle n’avait pas de fièvre, elle devait continuer à travailler. Cette décision a conduit l’infirmière à travailler « avec des étourdissements et des nausées ». « J’ai malheureusement vomi dans mon département. »

    Après cet épisode, on lui a intimé de rentrer chez elle immédiatement. Mais sans aucune relève, l’infirmière a été obligée de terminer son quart malgré ses symptômes.

    Le lendemain, à cause d’une forte fièvre, elle a été autorisée à s’isoler jusqu’au retour à une température sous les 38°C.

    Éviter les ruptures de service  
    Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) confirme que des employés malades de la COVID-19 peuvent être appelés à travailler en cas de « compromission persistante » de l’accès aux services due au manque de personnel.

    Quelque 6478 employés du réseau de la santé étaient absents en raison de la COVID-19 en date du 26 juillet, selon le MSSS. « Il est évident que ce taux d’absentéisme contribue à exercer davantage de pression sur les employés en poste et sur le réseau de la santé », affirme Robert Maranda, porte-parole du MSSS.

    « La réintégration précoce d’un employé infecté par la COVID se fait lorsque les autres options ont été épuisées et lorsque l’établissement risque la rupture de services en raison du manque de travailleurs », précise-t-il. L’établissement doit s’assurer que le retour se fait en zone « chaude », où sont des personnes déjà infectées par la COVID, ou auprès de clientèles moins vulnérables. Des mesures doivent être prises pour éviter que d’autres employés se contaminent, en réservant aux travailleurs infectés une salle de repas ou un vestiaire, par exemple. Ces derniers doivent aussi porter des équipements de protection adéquats, souligne le MSSS.

    Principe de précaution
    Une autre infirmière ayant 20 années d’expérience, qui souhaite aussi rester anonyme, a dû travailler malgré un test positif de COVID-19 et des symptômes d’une infection. Elle faisait de son mieux pour éviter ses collègues et elle allait dans un coin « où il n’y avait personne » quand elle avait besoin de se moucher.

    « Je ne l’ai pas dit à mes patients, parce que je ne voulais pas leur faire peur », explique l’infirmière.

    « Les gens étaient choqués de savoir qu’ils pouvaient être soignés par une infirmière non vaccinée, mais ils ne savent peut-être pas que les travailleurs de la santé sont susceptibles d’être contagieux », ajoute-t-elle.

    La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) soutient que les travailleuses de la santé infectées à la COVID-19 devraient s’isoler pendant 10 jours.

    « Nous prônons le principe de précaution au bénéfice des travailleuses, mais aussi pour les patients. On ne doit pas faire de compromis sur la santé et la sécurité des patients et des travailleuses », fait valoir Benoit Hamilton, attaché de presse de la FIQ.

    Le travail des infirmières atteintes de COVID-19 « ne semble pas une pratique généralisée pour l’instant », selon le syndicat.

    De son côté, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec rappelle que ses membres n’ont « aucune obligation déontologique d’informer leurs patients de leur condition de santé ».

    Une infirmière qui se rend au travail en se sachant malade « doit en aviser son employeur et respecter les règles de prévention des infections », dont le port d’équipements de protection pour protéger ses patients.

    « Par contre, si elle considère qu’elle n’est pas apte à se rendre au travail au point d’affecter la qualité des soins à prodiguer, elle doit se retirer et en aviser son employeur. »

    #covid-19 #coronavirus #santé #pandémie #sars-cov-2 #Hôpital #Santé #Santé_Publique #Soignants #Soignantes #Médecine #esclavage ? #Travail #crise_sanitaire #conditions_de_travail

  • « Ce que l’épidémie a changé, ce sont les gens », par Fang Fang (Le Monde diplomatique, août 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/08/FANG/64957

    Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, que devient Wuhan, qui fut la première ville du monde à être confinée ? Comment vivent ses quatorze millions d’habitants — dont l’écrivaine Fang Fang, qui avait alors tenu un journal de bord ? L’auteure s’interroge sur la fuite du temps et témoigne des bouleversements au quotidien. Hier célébrée en Chine, elle est devenue persona non grata dans son propre pays.

    • « Ce que l’épidémie a changé, ce sont les gens »

      Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, que devient Wuhan, qui fut la première ville du monde à être confinée ? Comment vivent ses quatorze millions d’habitants — dont l’écrivaine Fang Fang, qui avait alors tenu un journal de bord ? L’auteure s’interroge sur la fuite du temps et témoigne des bouleversements au quotidien. Hier célébrée en Chine, elle est devenue persona non grata dans son propre pays.

      Le 23 janvier 2020, les autorités annonçaient la mise en #quarantaine de #Wuhan en raison d’une « épidémie de pneumonie à coronavirus ».

      Résidant dans cette mégapole du centre de la #Chine, je m’y suis retrouvée enfermée, tout comme des millions d’autres personnes. Très vite, la peur et l’affolement se sont emparés de nous. L’ombre de la mort planait sur la ville. Des informations faisaient état d’hôpitaux au bord de la rupture. D’un seul coup, notre vie a basculé dans l’incertitude la plus totale. Étais-je contaminée ? Mes proches l’étaient-ils ? Et s’il s’avérait que nous l’étions, pourrions-nous être admis à l’hôpital ? Se pouvait-il que la ville soit livrée à elle-même (selon la rumeur, Wuhan était alors encerclée par des unités militaires de défense biochimique) ? Quand il a surgi, ce virus était inconnu. Féroce. Terrifiant. Dans l’esprit de tous, l’attraper, c’était être condamné à mourir, presque assurément. Piégés dans la ville, nous étions à sa merci, saisis d’effroi.

      C’est alors qu’une revue [de Shanghaï] m’a contactée pour me suggérer d’écrire un « journal de confinement ». Dès le troisième jour de la quarantaine, j’ai ainsi commencé à relater sur Internet la progression de l’épidémie et la vie des habitants de Wuhan. On était le 25 janvier, jour du Nouvel An chinois.

      J’ai posté ces textes sur Weibo (1)… De petits récits écrits au fil de la plume, des sortes de comptes rendus. Sans m’astreindre à aucun travail de construction ni à soigner le style. Je les voyais comme de la matière première, que je pourrais reprendre plus tard. Au départ, je n’avais pas prévu d’en écrire un chaque jour. Je n’avais pas imaginé que nous serions confinés si longtemps, et moins encore que cette épidémie allait se répandre dans le monde entier. Je considérais les choses très simplement, sans doute par déformation professionnelle : j’étais sur place, j’allais m’informer en interrogeant les gens autour de moi et rapporter le plus fidèlement possible le cours des événements.

      Sans l’avoir prémédité le moins du monde, j’ai finalement écrit soixante de ces récits, avant d’arrêter une fois l’épidémie maîtrisée [le 24 mars 2020]. Deux semaines plus tard, la quarantaine de Wuhan était officiellement levée. Elle avait duré soixante-seize jours. Un événement sans précédent dans l’histoire de la ville.

      Que le temps file. Deux ans ont passé en un clin d’œil. Au printemps, cette année, je me suis replongée dans mon « Journal de Wuhan (2) », ayant décidé d’en réviser de nouveau le texte. Page après page, tout m’est revenu à l’esprit : ces moments de tension, de lutte sans répit ; l’atmosphère pesante, la confusion, la désolation ; les cris, les appels à l’aide ; les noms et les visages ; l’amour et la colère ; le sang et les larmes. Comme je suis heureuse d’avoir témoigné de tout cela jour après jour ! Sans ces récits, sans tous les détails qu’ils comportent, beaucoup de choses auraient été définitivement oubliées. Et en voyant aujourd’hui les rues de Wuhan illuminées la nuit, ses habitants en train de lire le journal ou de surfer sur Internet à toute heure, on pourrait avoir l’impression que rien ne s’est passé. Pourtant, c’était il y a seulement deux ans.

      Selon un fameux adage de la Chine antique, « le Maître, se trouvant au bord d’une rivière, dit : “Tout passe comme cette eau ! Rien ne s’arrête ni le jour ni la nuit” (3) ». Il évoque avec mélancolie le temps qui s’écoule, auquel rien n’a jamais pu faire obstacle. Que l’on baigne ou qu’on se noie dans la joie ou la tristesse, dans les plaisirs ou la souffrance, que l’on ait le cœur léger ou affligé de douleur, que l’on soit accablé de misères ou comblé de bonheur, le temps nous ignore. Il nous surpasse. Comme l’eau, il polit les souvenirs jusqu’à les faire disparaître. Comme le vent, il efface jusqu’à ce qui est gravé dans la pierre.

      Alors à chaque fois qu’on me demande si Wuhan a changé, je réponds que tout y est plus ou moins comme avant. Oui, plus ou moins. Une ville n’est qu’un espace où vivent les gens, qui s’insère dans le temps à sa façon, y suivant son propre chemin. Catastrophe ou pas, ce qui est voué en elle à changer change, et le reste demeure inchangé. Alors oui, il se peut qu’un peu moins d’immeubles soient sortis de terre, que quelques commerces aient fait faillite, ou tout aussi bien qu’une rue ou l’autre ait été rénovée… Mais ces choses seraient arrivées de toute façon, même s’il n’y avait pas eu d’épidémie. Sauf ravages d’une guerre, les transformations qui affectent une ville sont peu visibles ; souvent on n’y prête même pas attention. Il n’y a alors pas grand-chose à en dire, comme d’une journée ordinaire.

      Ce que l’épidémie a changé, en revanche, ce sont les gens. Ceux qui vivaient là et qu’elle a tant fait souffrir.
      Tyrannie du QR code

      Je me souviens d’une femme dont le pseudonyme sur Internet était « Âme en pleurs ». Une mère. Pendant le confinement, sa fille unique, contaminée, est morte. Pour cette femme, c’est comme si le ciel s’était effondré. Sur son compte Weibo, elle n’arrêtait pas d’exhorter les responsables à répondre de leurs actes, leur criant que le décès de sa fille ne pouvait pas rester sans explications. Mais la censure, avec son arsenal d’interdictions et les suspensions de comptes des contrevenants, rend à peine audibles les voix qui s’élèvent comme la sienne. Et les lamentations de cette femme ne sont plus jamais parvenues à mes oreilles.

      Combien y a-t-il d’« âmes en pleurs », à Wuhan, qu’il s’agisse de mères ou d’enfants ? Sans parler de toutes ces familles dont plusieurs membres ont été emportés en l’espace de quelques jours. Je pense que la profonde douleur laissée par l’année 2020 dans le cœur des survivants de ces foyers brisés sera toujours là, que la ville change ou non.

      À Wuhan aujourd’hui, le virus ne sème plus la mort autour de lui comme au début, et pourtant les mesures de prévention restent au cœur de l’existence des habitants. Elles ont modifié notre mode de vie, nos habitudes et l’état d’esprit de chacun. Ainsi tout le monde doit avoir un portable, pouvoir présenter un QR code vert, porter un masque. On doit aller faire la queue pour passer un test de dépistage PCR, parfois deux, trois jours de suite. Si on ne le fait pas, de vert le QR code passe immédiatement au gris — ce qui vous bloque l’accès à tous les lieux publics. Bus, métro, écoles, centres commerciaux, banques, bureaux de poste, tous ces endroits qui font partie de la vie quotidienne sont inaccessibles sans un QR code vert. Sans ce sésame, on ne peut même pas prendre l’autoroute. Jamais autant qu’aujourd’hui la vie ne nous a conduits à nous sentir si désemparés.

      Mon destin a lui aussi changé à cause de cette épidémie. Le jour même où la quarantaine de Wuhan a été levée, le 8 avril 2020, la traduction de mon journal a été mise en prévente sur Internet aux États-Unis et en Allemagne. En Chine, la nouvelle a aussitôt mis le feu aux poudres. Je suis devenue la cible d’un flot d’insultes. On m’a brusquement accusée de tous les maux. Alors que ce « Journal » m’avait été commandé par une revue chinoise, on me soupçonnait soudain de l’avoir écrit à l’instigation des États-Unis. Sa publication à l’étranger, on ne peut plus ordinaire pour une écrivaine, fut cette fois-ci jugée « anormalement rapide ».

      Tout cela parce que j’y témoignais de la vie au quotidien et de l’état d’esprit de la population pendant la quarantaine, parce que j’y critiquais les autorités pour avoir dissimulé la vérité et tardé à agir dans les premiers jours de l’épidémie, parce que j’y faisais part de ma compassion pour ceux qui avaient succombé au virus, plus encore parce que j’y appelais sans cesse les responsables à répondre de leurs actes. Or traduire et publier cette réalité dans d’autres langues, c’était la rendre intelligible hors de nos frontières. Je devins celle qui avait « donné le couteau » aux forces antichinoises d’Occident, une « vendue », une « traître à la patrie ».

      J’ai été attaquée avec violence sur Internet pendant plus d’un an. C’étaient calomnies et injures, partout sur la Toile. Des gens ont vociféré qu’ils allaient venir en bande m’assassiner à Wuhan, d’autres ont lancé un appel aux cercles d’arts martiaux pour qu’ils envoient leurs membres me passer à tabac. Quelqu’un a collé des affichettes insultantes sur les murs de la ville. On a suggéré de me représenter sous forme d’une sculpture humiliante. On a même fait courir le bruit que je m’étais enfuie aux États-Unis et que, arrivée là-bas, j’aurais été expulsée par le gouvernement américain, ou qu’un mandat d’arrêt y aurait été lancé contre moi, me forçant à fuir de nouveau.

      Tout cela sans compter les innombrables vidéos, chansons et dessins visant à me démolir. Face à cette déferlante, je n’ai eu la possibilité ni de répliquer ni de contre-attaquer. J’ai été totalement censurée : la moindre interview, le moindre début d’explication étaient supprimés à peine parus. Dans les médias, mon nom est devenu tabou : aujourd’hui encore, on le remplace par des astérisques.

      Quant aux autorités, loin de formuler un jugement rationnel, fondé sur ce que j’avais écrit dans Wuhan, ville close, elles ont préféré se fier aux interprétations biaisées d’internautes malveillants reposant sur de simples extraits et lancer contre moi une répression aveugle. Les sanctions prises à mon égard n’ont pas de sens : il m’est interdit de publier quoi que ce soit en Chine et de participer à toute manifestation littéraire ou d’utilité publique. Non seulement les médias doivent taire mon nom, mais il est strictement interdit aux chercheurs d’entreprendre le moindre travail universitaire sur mes œuvres (4). Et, lorsqu’un média indépendant prend malgré tout l’initiative de me donner la parole, l’article est immédiatement censuré, quand le site n’est pas carrément bloqué. Cela va plus loin encore : je reçois, sans arrêt, des appels de personnes occupant des postes officiels haut placés qui me mettent en gardent, me rappelant qu’il m’est interdit d’accepter les interviews de médias étrangers. Je suis sur écoute, sous surveillance… Et pourtant, dès que je sors de chez moi, on m’appelle pour savoir où je suis, au prétexte qu’on « s’inquiète » pour moi.

      L’an dernier, en juin, quelques amis m’ont proposé d’aller faire un tour avec eux à Lizhuang [réputé pour sa vieille ville], dans le Sichuan. Nous nous y sommes rendus en voiture. À mi-trajet, ils ont reçu des appels urgents de leurs unités de travail respectives leur intimant de rentrer le soir même, puis la police les a convoqués à plusieurs reprises pour les interroger. De son côté, l’hôtel où j’avais prévu de loger à Lizhuang a été contraint de refuser de me recevoir. Ce n’était qu’un petit voyage entre amis…

      Vivre ainsi vous emplit d’un grand sentiment d’impuissance. Je nomme cette oppression des autorités envers moi « violence froide d’État ». Dès lors que le pouvoir et certaines forces malfaisantes au sein de la population sont parvenus à un consensus et qu’ils agissent de concert, qu’ils se sont unis et coopèrent, il ne me reste que le silence. Une triste réalité, mais d’une tristesse qui ne me concerne pas !

      Beaucoup de choses ne seront plus jamais comme avant. La liberté à laquelle nous aspirons, l’ouverture que nous désirons tant, la vie que nous voudrions s’éloignent de nous. Devant ce constat, je ne trouve aucune raison d’être optimiste, mais j’ai malgré tout le courage et la force de choisir de faire face, sereinement.

      Fang Fang
      Écrivaine. Derniers livres parus : Wuhan, ville close, Stock, Paris, 2020, et Funérailles molles, L’Asiathèque, Paris, 2019. Cet article est traduit du mandarin par Frédéric Dalléas.

      (1) NDLR. L’équivalent chinois du réseau social Facebook.

      (2) Publié en français sous le titre Wuhan, ville close, Stock, Paris, 2020. Lire Martine Bulard « Fang Fang, une accusatrice à la chinoise », Planète Asie, 6 novembre 2020.

      (3) Confucius. Entretiens, IX-16.

      (4) NDLR. Fang Fang a écrit plus de quatre-vingts romans et essais — tous publiés en Chine et certains distingués par des prix littéraires.

      #pandémie

  • Playing video games has no effect on wellbeing, study finds | Games | The Guardian
    https://www.theguardian.com/games/2022/jul/27/playing-video-games-no-effect-wellbeing-study-finds

    Time spent playing video games has no effect on people’s wellbeing, a study from the University of Oxford has found, countering fears that gaming could be harmful to mental health.

    Unlike the vast majority of previous studies on the effect of video games on wellbeing, the Oxford team were able to track actual gameplay, rather than relying on self-reported estimates.

    With the cooperation of seven different game publishers, who agreed to share data without control over publication, they were able to track the gameplay habits of almost 40,000 individual gamers, all of whom consented to join the study.

    The scale of the study provided strong evidence for the lack of an effect on wellbeing, said Andy Przybylski, one of the researchers. “With 40,000 observations across six weeks, we really gave increases and decreases in video game play a fair chance to predict emotional states in life satisfaction, and we didn’t find evidence for that – we found evidence that that’s not true in a practically significant way.”

    Une étude conclut à l’absence de nocivité des jeux vidéo sur la santé mentale
    https://www.bfmtv.com/tech/gaming/une-etude-conclut-a-l-absence-de-nocivite-des-jeux-video-sur-la-sante-mentale

    L’étude pointe néanmoins qu’une pratique à un niveau extrême peut remettre en question cette vérité. En augmentant son temps de jeu de dix heures par jour par rapport à sa consommation habituelle, un joueur pourrait affecter son bien-être. Il en va de même pour les personnes qui se sentent obligées de jouer, dont la pratique n’est pas liée à une envie.

    Hormis ces cas spécifiques, les chercheurs assurent que leurs résultats sont suffisamment solides pour réfuter les craintes d’un lien généralisé entre le temps de jeu et la dégradation de la santé mentale. Et mettre à mal les décisions d’encadrement de la pratique du jeu vidéo de certains pays.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #science #santé #bien-être #université_d_oxford #andy_przybylski #jeu_vidéo_animal_crossing_new_horizons #jeu_vidéo_apex_legends #jeu_vidéo_eve_online #jeu_vidéo_forza_horizon_4 #jeu_vidéo_gran_turismo_sport #jeu_vidéo_outriders #jeu_vidéo_the_crew_2 #pandémie

  • Pour Laurent Kaiser (chef du Département de médecine des Hôpitaux Universitaires de Genève) , le vaccin n’éviterait pas forcément la transmission de la variole du singe Thibaut Schaller - Antoine Michel - RTS.CH
    https://www.rts.ch/info/suisse/13265129-pour-laurent-kaiser-le-vaccin-neviterait-pas-forcement-la-transmission-

    En Suisse, la demande pour le vaccin contre la variole du singe est forte. Mais il n’est pas certain que le sérum stoppe la transmission du virus, tempère dans Forum le professeur Laurent Kaiser, chef du Département de médecine des Hôpitaux Universitaires de Genève.

    L’Organisation mondiale de la santé a annoncé samedi un niveau d’alerte maximal face à cette maladie infectieuse. « Il y a un consensus, de la part des autorités mondiales de santé, pour dire que c’est une maladie extrêmement sérieuse et qu’il faut favoriser le développement de stratégies de santé publique et également la mise en place de stratégies de contrôle », souligne le médecin-chef.


    Variole du singe : où en est la vaccination en Suisse ? Interview de Laurent Kaiser / Forum / 5 min. / hier à 19:53

    On pense alors automatiquement à une campagne de vaccination. Les stocks du sérum anti-variolique actuellement prescrit contre l’"orthopoxvirose simienne" sont peu garnis (quelques dizaines de doses en Suisse), explique Laurent Kaiser, car il n’était pas considéré comme prioritaire ces dernières années. Se pose aussi la question de savoir si le fabricant (la société danoise Bavarian Nordic, ndlr) arrivera à contenter tout le monde, sachant que la Suisse « n’est pas en tête de liste de ceux qui ont demandé des vaccins. »

    Pas la panacée
    Le corps médical n’a pour l’heure pas de certitude sur la capacité de ce vaccin à prévenir la contamination. Car celui-ci est dérivé du virus Vaccinia et est destiné à « prévenir une résurgence de variole », crainte comme agent bioterroriste. Or, « ici, c’est un cousin qui revient, qui n’est pas très virulent, mais qui fait partie d’une famille de virus qu’on n’a pas envie de voir circuler à travers le monde », explique Laurent Kaiser.

    « Si vous faites le parallèle avec le Covid, vous voyez qu’on a un vaccin qui est (basé sur, ndlr) un cousin de l’Omicron. Il prévient de la maladie, mais pas forcément de la transmission. On pourrait être dans la même situation », prévient-il. Vu le manque d’expérience avec ce vaccin, « il faut aussi l’utiliser avec parcimonie », estime le docteur.

    Agir sur les comportements
    Selon le spécialiste des maladies infectieuses, il faut d’abord « rompre les chaînes de transmission », en évitant notamment les rapports sexuels sans protection ou avec des individus inconnus.

    Pour l’instant, l’épidémie est en grande majorité restreinte à un groupe particulier, les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes. « Mais je suis certain que si on laisse circuler ce virus, il y aura un risque d’adaptation et de transmission peut-être amélioré, comme on l’a vu des fois avec le Covid. Peut-être que cela peut prendre un mois, une année, dix ans. Donc, il est très important d’agir dès qu’on peut, avant que la transmission ne soit trop importante », soutient Laurent Kaiser.

    #MST #épidémies #Santé #Sante #pandémie #vaccination #vaccins #vaccin #santé_publique #variole_du_singe #variole #bill_gates #oms
     

  • COVID-19 : l’impact du vaccin sur le cycle menstruel mieux cerné Angie Landry - Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1899084/covid19-vaccin-menstruations-etudes-age-ethnicite

    L’âge, l’ethnicité et l’historique de grossesse ou de fausses couches sont parmi les facteurs pouvant influencer la réaction du cycle menstruel au vaccin, conclut une nouvelle étude publiée vendredi dans la revue Science Advances. https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abm7201#con1

    Si on savait que le vaccin contre la COVID-19 – comme la plupart des vaccins – pouvait perturber les menstruations des personnes normalement menstruées, de nouvelles observations permettent de constater que les femmes ménopausées ou encore des hommes transgenres sont aussi touchés, notamment par des saignements plus abondants.

    “Je pense qu’il est important de savoir que ces effets peuvent arriver, afin de ne pas avoir peur, de ne pas être sous le choc ou d’être pris au dépourvu”, a déclaré Katharine Lee au quotidien The New York Times, première auteure de l’étude et anthropologue biologique à la faculté de médecine de l’Université Washington, au Missouri.

    La levée de boucliers des personnes avec un utérus https://www.rad.ca/dossier/gyneco/476/vaccins-covid19-menstruations-etudes dès le début des grandes campagnes de vaccination contre la COVID-19, a motivé les chercheurs à mener cette recherche exhaustive.

    À ce jour, il s’agit de la plus vaste étude sur le lien entre le vaccin contre la COVID-19 et le cycle menstruel. Par l’entremise d’un sondage en ligne, des chercheurs de l’Université de l’Illinois et de la Washington University School of Medecine ont colligé les données associées à 39 129 personnes vaccinées.

    Si des biais peuvent être observés – les effets post-vaccin sont “autorapportés” par les répondants – l’étude, menée par une majorité de femmes, souligne que “l’objectif était d’abord de délimiter les expériences vécues par le plus large éventail de personnes possible”. Il s’agit d’ailleurs d’une rare étude où l’échantillon ne se limite pas qu’aux femmes cisgenres.

    Saignements abondants… ou surprenants
    Les recherches qui ont précédé celle récemment parue dans Science Advances se sont surtout penchées sur les effets du vaccin sur la durée des règles, avant et après l’injection d’une dose, plutôt que, par exemple, sur les caractéristiques des saignements menstruels.

    Qui plus est, cette publication met également en évidence les différents groupes de personnes touchées et les changements concrets observés, des paramètres qui étaient absents d’importantes études comme celle publiée dans la revue Obstetrics & Gynecology https://journals.lww.com/greenjournal/fulltext/9900/association_between_menstrual_cycle_length_and.357.aspx en janvier dernier.

    Les chercheurs démontrent cette fois que les réactions post-vaccin varient énormément selon deux axes : un premier touchant les personnes dites “normalement menstruées” et un deuxième lié aux personnes qui ne le sont normalement pas, comme des femmes ménopausées ou des hommes trans.

    On dénote à cet effet que 42 % des personnes dites normalement menstruées ayant répondu au sondage ont affirmé avoir eu des saignements largement plus abondants qu’à l’habitude après avoir reçu leurs doses de vaccin. Près de 44 % des répondants n’ont toutefois remarqué aucun changement dans le débit de leurs saignements.

    De plus, 71 % des personnes sous contraceptifs réversibles à action prolongée (stérilets, implants contraceptifs, etc.) ont pour leur part eu des saignements plus importants après l’une ou l’autre des injections.

    Quant aux personnes dites “non normalement menstruées”, un retour inopiné des saignements menstruels a été remarqué, que ce soit intermittent ou accru dans 66 % des cas des personnes ménopausées et chez 39 % des répondants trans, qui étaient d’ailleurs sur une prise d’hormones du sexe désiré.

    Plusieurs facteurs sociodémographiques
    Selon Katharine Lee, d’autres facteurs pourraient être liés aux personnes ayant vécu des effets indésirables après leurs vaccins.

    Entre autres, les femmes “plus âgées” et non caucasiennes étaient plus susceptibles de vivre des saignements plus abondants après avoir reçu une dose du vaccin contre la COVID-19.

    Les chercheurs font un constat similaire pour celles ayant un historique de grossesse, et même que celles ayant subi une fausse couche ou un arrêt de grossesse étaient davantage à risque.

    Un autre élément d’intérêt : les dérèglements importants observés chez les personnes vivant avec des problèmes de fertilité.

    Une importante proportion des répondants ayant rapporté des saignements abondants vivaient avec l’endométriose (51 %), l’adénomyose (54,9 %), la ménorragie (44,4 %), un ou des fibromes (49,1 %) ou le syndrome des ovaires polykystiques (46,2 %).

    Une réaction normale, mais méconnue
    Cette nouvelle étude souhaitait notamment mettre en lumière que les inquiétudes émises pendant la pandémie sont une preuve qu’il faut davantage sensibiliser – et surtout rassurer – les femmes et les personnes avec un utérus aux potentiels effets secondaires des vaccins. Et pas seulement par rapport à celui contre la COVID-19.

    Il est somme toute normal que le cycle menstruel soit déstabilisé après l’injection d’un vaccin, disent plusieurs experts.

    Selon Dre Jennifer Kawwass, endocrinologue à l’Université Emory d’Atlanta et qui n’a pas participé à cette nouvelle étude, il faut se rappeler que les fluctuations du cycle menstruel devraient être considérés comme tout autre dérèglement ou effet secondaire perçu après un vaccin.

    “Tout comme votre température corporelle ou votre pression sanguine, qui fournit des indices sur votre état santé”, a-t-elle déclaré au New York Times.

    Dans un dossier de Rad https://www.rad.ca/dossier/gyneco , le médecin-épidémiologiste Gaston De Serres rappelait en avril dernier que “les hormones ont un rôle à jouer dans la réponse immunitaire et la réponse en termes d’effets secondaires qu’on observe avec les vaccins [...] et il y a une réponse [aux vaccins] qui est différente chez les femmes [par rapport aux hommes]”.

    Les chercheurs de l’étude parue dans Science Advances soulignent à plusieurs reprises que les cliniciens ont toutefois un devoir crucial d’éducation à la santé. Ils regrettent à ce titre que les angoisses de plusieurs femmes aient été associées à des inquiétudes jugées futiles.

    Ils déplorent aussi l’intervention de certains d’entre eux dans les médias, qui stipulaient qu’“aucun mécanisme biologique” ou qu’“aucune donnée” ne soutenait de relation possible entre le vaccin et les dérèglements menstruels.

    _ « Les modifications des saignements menstruels ne sont ni rares ni dangereuses, mais il est nécessaire de prêter attention à ces expériences pour renforcer la confiance en la médecine. »
     Une citation de Extrait de l’étude parue dans Science Advances

    Une sommité en matière de santé des femmes, la directrice scientifique de l’Institut de la santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Dre Cara Tannenbaum, expliquait dans un autre reportage du dossier Gynéco https://www.rad.ca/dossier/gyneco/473/histoire-vagin-sante-femmes-gyneco de Rad que ce n’est pas d’hier que les femmes se sentent invalidées quant à leurs tracas de santé.

    Selon elle, c’est justement en ayant davantage d’études sur le cycle menstruel et la vaccination contre la COVID-19 – comme celle qui vient d’être publiée –, qu’on pourra rétablir le manque de connaissances.

    Pour déclarer tout effet secondaire à la suite du vaccin contre la COVID-19, il faut s’adresser à un professionnel de la santé qui devra remplir le Rapport d’une manifestation clinique grave ou inhabituelle après une vaccination au Québec ou le Formulaire de rapport des effets secondaires suivant l’immunisation de Santé Canada.

    #Femmes #cobayes #vaccins #pharma #big_pharma #industrie_pharmaceutique #covid-19 #coronavirus #santé #pandémie #sars-cov-2 #vaccination #confinement #covid #vaccins #santé_publique #sante #effets_secondaires

  • Moderna : des doses de vaccin passées date peuvent être injectées sans danger Le journal de Montréal - Éric Yvan Lemay
    https://www.journaldemontreal.com/2022/07/13/moderna-des-doses-de-vaccin-passees-date-peuvent-etre-injectees-s

    Ne soyez pas surpris si vous recevez une dose de vaccin Moderna contre la COVID-19, dont la date de péremption est dépassée de quelques semaines. Il n’y a pas d’erreur et c’est sans danger, même si cela peut sembler surprenant.

    Un patient de la Montérégie a ainsi eu toute une surprise le 4 juillet dernier lorsqu’il s’est informé de la date du vaccin qu’il recevait dans une pharmacie de Saint-Lazare, en Montérégie.

    Sans lui dire la date précise, l’infirmière lui a indiqué que le mois de mai était inscrit sur la bouteille.

    « J’ai figé. Je me suis demandé : est-ce que je m’en vais ? », raconte l’homme, qui a finalement accepté la dose.

    Ce qu’il ignorait, c’est que Santé Canada a modifié la durée de conservation du vaccin en janvier dernier. La durée maximale de conservation est passée de sept à neuf mois.

    Jusqu’en août
    Cette nouvelle règle s’applique aussi aux lots qui étaient déjà produits, pourvu que le produit soit conservé à une température oscillant entre -25 °C et -15 °C.

    « Les derniers flacons faisant l’objet de cette prolongation rétroactive de la durée de conservation seront ceux dont la date de péremption imprimée est en août 2022 », peut-on lire dans une note envoyée aux professionnels de la santé par la compagnie Moderna.

    Pour la pharmacienne Sandra Bordus, il n’est pas rare que des lots de médicaments ou de vaccins soient prolongés par le fabricant. 

    « Je n’ai pas du tout de crainte que ce soit moins efficace », dit-elle, précisant que lorsque la date est modifiée, c’est parce que le produit a fait l’objet de vérifications.

    « Il serait inexact de qualifier ces lots de “périmés”, car ils ont été administrés pendant la durée de conservation approuvée », indique de son côté Patricia Gauthier, PDG de Moderna Canada, soulignant que « ces lots de Moderna ont été examinés et approuvés par Santé Canada ».

    Pas de douleurs
    Pour le patient qui a reçu sa dose en juillet dernier, il n’y a toutefois eu aucun effet secondaire. 

    « Je n’ai même pas eu de douleurs au point d’injection, comme lors des premières doses », dit-il, tout en déplorant qu’on ne l’ait pas informé plus tôt que des vaccins périmés pouvaient être administrés sans danger.

    En date du 11 juillet dernier, près de 1,3 million de Québécois avaient reçu leur quatrième dose de vaccin, soit 16 % de la population totale. 

    #moderna #covid-19 #vaccination #sante #vaccins #santé #vaccin #coronavirus #covid #pandémie #sars-cov-2 #santé_publique #foutage_de_gueule

  • Rapport de l’OMS et de l’UNICEF | Forte baisse de la #vaccination infantile liée à la COVID-19 et la désinformation | La Presse
    https://www.lapresse.ca/international/2022-07-14/rapport-de-l-oms-et-de-l-unicef/forte-baisse-de-la-vaccination-infantile-liee-a-la-covid-19-et-la-desinform

    Les raisons de cette chute sont multiples : conflits, désinformation accrue et problèmes d’approvisionnement ou de continuité des soins liés à la #pandémie de COVID-19. 

    Il était espéré que l’année 2021 commence à opérer un rattrapage après les confinements, mais au lieu de cela, les taux de vaccination ont continué à baisser, et ce dans toutes les régions du monde.

    Cette couverture trop faible a entraîné l’apparition d’épidémies évitables de rougeole et de polio sur les 12 derniers mois, a souligné le rapport. 

    Environ 24,7 millions d’enfants ont raté leur première dose contre la rougeole en 2021, soit plus de 5 millions de plus qu’en 2019. Et 14,7 millions d’enfants supplémentaires n’ont pas reçu leur deuxième dose. 

    La couverture vaccinale pour la première dose contre la rougeole était ainsi de 81 % en 2021, un plus bas depuis 2008.

    Ces mauvaises nouvelles interviennent alors que les taux de malnutrition sont par ailleurs en hausse. Un enfant malnutri a déjà des défenses immunitaires plus faibles, et est donc plus susceptible de développer des cas graves de ces maladies pourtant évitables.

    « Nous devons opérer un rattrapage de l’immunisation pour les millions [d’enfants] manquants, ou nous allons inévitablement voir davantage d’épidémies, d’#enfants malades et une grande pression sur des systèmes de #santé déjà à flux tendu », a plaidé Catherine Russell.

  • Unity’s Riccitiello and Whitten speak on the ironSource merger | Pocket Gamer.biz | PGbiz
    https://www.pocketgamer.biz/interview/79190/unity-ironsource-john-riccitiello-marc-whitten-merger

    Implementing monetisation earlier in the process and conversation is certainly an angle that has seen pushback from some developers.

    Riccitiello: Ferrari and some of the other high-end car manufacturers still use clay and carving knives. It’s a very small portion of the gaming industry that works that way, and some of these people are my favourite people in the world to fight with – they’re the most beautiful and pure, brilliant people. They’re also some of the biggest fucking idiots.

    I’ve been in the gaming industry longer than most anybody – getting to the grey hair and all that. It used to be the case that developers would throw their game over the wall to the publicist and sales force with literally no interaction beforehand. That model is baked into the philosophy of a lot of artforms and medium, and it’s one I am deeply respectful of; I know their dedication and care.

    But this industry divides people between those who still hold to that philosophy and those who massively embrace how to figure out what makes a successful product. And I don’t know a successful artist anywhere that doesn’t care about what their player thinks. This is where this cycle of feedback comes back, and they can choose to ignore it. But to choose to not know it at all is not a great call.

    I’ve seen great games fail because they tuned their compulsion loop to two minutes when it should have been an hour. Sometimes, you wouldn’t even notice the product difference between a massive success and tremendous fail, but for this tuning and what it does to the attrition rate. There isn’t a developer on the planet that wouldn’t want that knowledge.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #marketing #développement #Unity #ironsource #john_riccitiello #unity_create #marc_whitten #c_sharp #programmation #monétisation #licenciements #tomer_bar-zeev #pandémie #covid-19 #weta_digital

  • L’hôpital de Chauny s’inquiète de voir partir ses médecins étrangers après l’application d’une nouvelle réglementation Eric Henry
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/aisne/l-hopital-de-chauny-s-inquiete-de-voir-partir-ses-medec

    La procédure d’autorisation d’exercice prévoit que les médecins ayant obtenus leurs diplômes en dehors de l’Union européenne doivent, dans certains cas, effectuer un parcours de consolidation des connaissances dans des centres hospitaliers universitaires. À Chauny, les organisations syndicales s’inquiètent de voir s’éloigner de nombreux médecins des hôpitaux de proximité.

    Laurence Mascoli, la secrétaire FO de l’hôpital de Chauny dans l’Aisne, ne cache pas son inquiétude. « Le directeur de l’établissement n’y peut rien, nous essayons de nous battre pour conserver notre offre de soins et nous avons le sentiment que tout est fait pour fermer des établissements comme le nôtre. » _Cible de son inquiétude le départ prévisible de médecins du service cardiologie.

    Quatre médecins du service de cardiologie de Chauny pourraient quitter l’établissement pour faire valider leurs diplômes dans un CHU Laurence Mascoli Secrétaire générale FO centre hospitalier de Chauny

    L’évolution réglementaire décidée en 2020 entre en application. Les médecins étrangers ayant obtenu leurs diplômes en dehors de l’Union européenne peuvent désormais être reconnus comme docteurs à part entière. Jusqu’à présent, ils font fonction d’internes dans les établissements où ils exercent. Une situation qui les contraint à une rémunération beaucoup moins intéressante que leurs homologues de l’Union européenne.

    Désormais, en effectuant un parcours de consolidation dans un centre hospitalier universitaire, leur statut deviendra plus attractif. « Un séjour d’une voire deux années dans un centre hospitalier universitaire leur est demandé pour leur permettre de quitter leur situation contractuelle » , explique Laurence Mascoli.

    Une nouvelle perspective intéressante pour ces praticiens, mais qui risque, selon la représentante FO, de laisser l’hôpital de Chauny dépourvu de cadres indispensables à son bon fonctionnement. « Dans tous les services, ces médecins diplômés hors Union européenne assurent la continuité de l’activité. Dès septembre, un médecin en cardiologie devra quitter Chauny pendant un an pour son parcours de consolidation, trois autres sont concernés. Comment les remplacer ? » _

    Le souhait que l’ARS fasse preuve de discernement dans l’application des textes
    Le maire de Chauny (divers centre) et président du conseil de surveillance de l’hôpital, Emmanuel Liévin, indique avoir été alerté du problème par la direction. « Effectivement c’est un sujet de préoccupation, je ne sais pas si c’est volontaire, mais en tout cas, ces décisions fragilisent encore les hôpitaux de proximité. »

    Emmanuel Liévin appelle la commission qui supervise la consolidation des compétences des praticiens à individualiser les parcours. « Dans de nombreux cas, ces médecins exercent depuis plusieurs années, voire plus d’une décennie. Leur demander subitement de passer une année ou plus en CHU pour prouver leur compétence me semble complétement disproportionné » . Le maire de Chauny demande donc à l’ARS de la souplesse et du cas par cas afin de limiter ces parcours de consolidation à quelques semaines lorsque cela suffit.

    La CGT santé et action sanitaire souligne par la voix de son secrétaire départemental Olivier Fenioux ,que l’évolution des PADHUE (praticiens diplômés hors Union européenne) était réclamée depuis longtemps. « La plupart de ces médecins sont exploités très clairement, leur traitement mensuel est de l’ordre de 1 500 euros, ils sont cantonnés aux tâches les plus ingrates, nous avons milité pour une meilleure reconnaissance de leur travail. »

    Le syndicaliste reconnaît que leurs absences vont poser de gros problèmes aux petits établissements hospitaliers où il évalue leur proportion dans le personnel médical à environ 70 %. Une situation inextricable dont la seule issue reste pour Olivier Fenioux l’augmentation des salaires et l’obligation pour le personnel médical nouvellement formé d’exercer pendant un temps limité dans les zones en tension.

    Le cas de ceux qui n’ont pas effectué l’évaluation des connaissances
    Laurent Schott, le directeur de l’hôpital de Chauny confirme l’existence de difficultés pour le parcours de consolidation des connaissances d’un certain nombre de médecins, mais il nuance une situation très complexe. « Les médecins hors union européenne ayant réussi l’évaluation des connaissances, même à l’étranger, pourront exercer dans des hôpitaux de proximité à la condition qu’un médecin de leur spécialité puisse les encadrer. En revanche, ceux qui n’ont pas effectué l’évaluation des connaissances devront effectivement se rendre en CHU parfois pour plusieurs années. »

    Je peux citer le cas d’un anesthésiste qui devra se rendre pendant 4 ans dans un centre hospitalier universitaire alors qu’il donne satisfaction depuis plusieurs années dans son hôpital, cela pose problème Laurent Schott directeur de l’hôpital de Chauny

    Laurent Schott salue toutefois la prise de conscience des pouvoirs publics pour régler un problème évident de conformité. « Certains médecins PADHUE ne pouvaient pas constater de décès ou signer un arrêt de travail car ils n’avaient pas la reconnaissance de l’ordre. La nouvelle réglementation vise à éliminer ces incohérences. »

    Les médecins PADHUE qui n’ont pas passé l’évaluation des connaissances devront donc se rendre pendant plusieurs années dans des hôpitaux universitaires pour posséder la maîtrise des différents domaines complexes de leurs spécialités. Le directeur de l’hôpital de Chauny souligne que ces hôpitaux universitaires risquent très vite de se retrouver submergés par l’arrivée de ces médecins diplômés hors Union européenne. « Est-ce que ces établissements auront les ressources humaines disponibles pour offrir à ces médecins l’encadrement professionnel nécessaire à leur parcours de consolidation des connaissances ? » , se demande Laurent Schott.

    Il plaide lui aussi pour une application raisonnable de la nouvelle réglementation. Elle peut parfois poser problème pour des médecins étrangers exerçant depuis longtemps en France, mais elle offre également, selon lui, un cadre général pour faciliter le recrutement à l’étranger de nouveaux médecins diplômés hors Union européenne.

    #docteresses #docteurs #médecins #ARS #santé #société #Hôpitaux #Santé_Publique #PADHUE #CHU #ue #union_européenne

  • Australia woos Hong Kong tourists to help restore pandemic-battered tourism industry, banks on pent-up demand | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/business/article/3184636/australia-woos-hong-kong-tourists-help-restore-pandemic-battered-tourism

    Australia woos Hong Kong tourists to help restore pandemic-battered tourism industry, banks on pent-up demand. Hong Kong was a top 10 international market before Covid-19 for Tourism Australia, which expects numbers to jump if quarantine requirements are relaxe. For the financial year ending in June 2023, Tourism Australia is targeting 121,000 visitors from Hong Kong – about 43 per cent of the pre-pandemic number
    Australia is training its sights on tourists from Hong Kong amid an anticipated recovery in tourism as Canberra welcomes visitors to its shores after two years of Covid-19 curbs.Visitor numbers from Hong Kong remain at a fraction of pre-pandemic levels, but Tourism Australia expects that to change if and when the city relaxes quarantine requirements.“Hong Kong was a top 10 international market before Covid-19 and the first to achieve its tourism spend goal,” said Andrew Hogg, executive general manager for eastern markets and aviation with Tourism Australia, noting that reducing quarantine requirements in the city to seven days from as many as 21 is likely to release some pent-up demand for travel.Hongkongers averaged four international trips per year pre-pandemic, Hogg noted. “Australia ranks high in awareness and intention among other destinations,” he added. “Australia’s offerings continue to match the expectations of high-value travellers in Hong Kong under travel restrictions.”Tourism Australia has mounted a number of recent campaigns to promote its destinations and offerings to Hongkongers.In September, Tourism Australia, along with the Australian Trade and Investment Commission and Miramar Travel, launched thematic staycation packages called “Wanderful Australia”, allowing staycationeers at The Mira Hong Kong to enjoy themed rooms recalling Aussie experiences such as New South Wales’ jacaranda season or Melbourne’s coffee culture.In January, the agency also launched “Work and Play the Aussie Way”, a showcase of adventures young people could have while working and travelling in the country. A video series called “Australia in 8D” used a YouTube audio technology to “emulate the feeling of an Australian holiday”, with help from the Melbourne Symphony orchestra.
    Australia expects full recovery for its tourism industry to arrive in 2025, Hogg said, including the Hong Kong market.

    The tourism sector, one of the worst-hit when the pandemic broke out across the globe in early 2020, is a major contributor to the Australian economy. It is the country’s fourth largest exporting industry, accounting for 8.2 per cent of export earnings in financial year 2018-2019, data from Tourism Australia show.
    International overnight tourists in Australia spent A$45.4 billion (US$31 billion), or 36 per cent of total tourism spending in the country, in 2019. The industry also employed 666,000 Australians in 2018-2019, making up 5 per cent of the country’s total workforce. In certain tourism-dependent regions, the impact is more magnified.After two years of keeping its borders shut to contain the spread of the coronavirus pandemic, Australia reopened to international travellers in February and has launched a promotion to get the sector back up and running.“Tourism was one of the first industries hit by Covid-19, and the sector’s contribution to GDP [gross domestic product] was down almost 50 per cent,” Hogg said.Hong Kong is one market that is likely to play an important role in the recovery, and despite the tough travel restrictions still being implemented in the city, Canberra believes that Hongkongers will still be willing to visit Australia.
    For the financial year ending June 2023, Tourism Australia is targeting about 121,000 visitors from Hong Kong – about 43 per cent of the pre-pandemic number. The tourism authority expects tourists from Hong Kong to spend A$654 million, or about half of their previous spending.
    Welcome back! Australia reopens its borders to fully vaccinated travellers after two yearsAs of March this year, international arrivals to Australia reached 520,000, including leisure and holiday arrivals and those visiting friends and relatives. Of those, 6,952 were from Hong Kong and 17,542 were from mainland China.Online booking platforms Booking.com and Trip.com have also recognised the pent-up demand for travel and have rolled out measures to attract travellers.“Booking.com rolled out an industry-first, the Travel Sustainable badge, to support our partners and customers in taking the next steps to become more sustainable, no matter where they might be on that journey,” said Laura Houldsworth, managing director for Asia-Pacific. “The goal of the badge is to enable travellers to make more informed choices when choosing their accommodations and provide industry-standard recognition to properties. Over 100,000 properties proudly feature the badge as an indicator of their efforts to be more sustainable.”

    #Covid-19#migrant#migration#australie#hongkong#sante#pandemie#tourisme#retsrictionsanitaire#economie#frontiere#vaccination

    • le 6 mars 2020 au sortir de la pièce Par le bout du nez (sic) : « Le président a précisé que, malgré le coronavirus, la vie continuait et qu’il ne fallait pas (sauf pour les populations fragiles) modifier les habitudes de sortie, en suivant les règles d’hygiène » (lesquelles ?). Tout est dit, Macron est en marche et à l’avant-garde (la GBD date d’octobre suivant).

      Le 6 mars 2020, la sortie du président de la République crée la polémique. Est-il prudent, alors que les données s’accumulent pour confirmer la pandémie du siècle, d’entretenir l’insouciance ? Au-delà des Alpes, l’Italie a déjà fermé ses écoles et ses universités. Emmanuel Macron, lui, s’obstine : « Pas question de confiner. La vie continue. Il ne faut pas que l’activité économique s’arrête », lâche-t-il ce soir-là, devant témoins.

    • une tout autre histoire que celle racontée au public, présentant la catastrophe comme une surprise impossible à prévoir et ayant pris de court le président à la mi-mars 2020.

      Covid, secrets d’État.
      Notes confidentielles, rapports inédits, échanges de mails… « Le Point » raconte les coulisses du pouvoir lors des semaines de 2020 où tout a basculé.

      Ce fut une agréable soirée, riante et heureuse, sous les nuances rouge et or du théâtre Antoine, la scène des Grands Boulevards où Sartre fit jouer Huis clos. Une sortie pour qu’« Emmanuel s’aère », selon les confidences de Brigitte Macron à un proche. Ce vendredi 6 mars 2020, la pièce ne l’éloigne pourtant pas vraiment de son quotidien : Par le bout du nez se déroule… dans son bureau reconstitué de l’Élysée. Le comique François-Xavier Demaison y campe un chef de l’État qui, empêché de prononcer ses discours à cause d’une gêne nasale, se résout à recevoir un psychiatre. Le théâtre Antoine est dirigé par un ami des Macron, Jean-Marc Dumontet, dont le nom a circulé comme ministre de la Culture d’Élisabeth Borne. Il se joint au dîner qui suit la représentation, où Emmanuel Macron donne le cap – droit sur la tempête. « Le président a précisé que, malgré le coronavirus, la vie continuait et qu’il ne fallait pas (sauf pour les populations fragiles) modifier les habitudes de sortie, en suivant les règles d’hygiène », relatera Dumontet, dès le lendemain, sur son compte Twitter.

      Pendant des mois, Le Point a enquêté, s’est plongé dans des centaines de documents exclusifs et de témoignages inédits. Auditions, perquisitions, mails, messages, notes confidentielles… révèlent une tout autre histoire que celle racontée au public, présentant la catastrophe comme une surprise impossible à prévoir et ayant pris de court le président à la mi-mars 2020. Par cette enquête, Le Point ne s’érige pas en juge, ni ne se substitue à la Cour de justice de la République qui, comme l’écrit le haut magistrat François Molins, « n’a pas vocation à juger l’opportunité et l’efficacité de la politique gouvernementale, mais à rechercher des infractions pénales commises par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions ». Il ne s’agit pas non plus de céder à un populisme pénal, un « opportunisme judiciaire », selon les mots de l’avocat pénaliste Hervé Temime, qui consisterait à trouver absolument un coupable pour lui faire porter les maux d’une épidémie que personne n’a réussi à prédire. Cette longue enquête raconte comment l’État agit au cœur de la crise.

      Pas question de confiner. La vie continue. Il ne faut pas que l’activité économique s’arrête.Emmanuel Macron, le 6 mars 2020, dans les coulisses du Théâtre Antoine, à Paris.

      Les tribunaux où pourraient comparaître, un jour, ministres et responsables sanitaires s’échinent à démêler cette chronologie si contradictoire. La France d’Emmanuel Macron a-t-elle failli dans sa gestion de l’épidémie ? Avions-nous, collectivement, la possibilité de limiter la catastrophe sanitaire, qui a causé la mort de plus de 140 000 personnes ? Le 6 mars 2020, la sortie du président de la République crée la polémique. Est-il prudent, alors que les données s’accumulent pour confirmer la pandémie du siècle, d’entretenir l’insouciance ? Au-delà des Alpes, l’Italie a déjà fermé ses écoles et ses universités. Emmanuel Macron, lui, s’obstine : « Pas question de confiner. La vie continue. Il ne faut pas que l’activité économique s’arrête », lâche-t-il ce soir-là, devant témoins. Et c’est peut-être là le début d’une histoire qui s’éloigne de la comédie pour revêtir les atours du drame. Dix jours durant, la France va perdre un temps précieux. Car si deux ans plus tard, le nombre de morts dus à l’épidémie est sensiblement le même dans les pays européens comparables, l’Hexagone va, en mars 2020, connaître une vague extrêmement violente, débordant et désorganisant les services de santé, obligeant les patients hospitalisés pour des maux autres que le Covid-19 à différer leurs soins sine die. Si l’on en croit l’histoire officielle, il faudra attendre la création d’un aréopage de savants destiné à «  éclairer la décision publique  ». Le 12 mars, ce conseil scientifique présente un scénario catastrophe à l’Élysée : selon des projections fournies par l’Institut Pasteur, sans intervenir, la France pourrait faire face à des centaines de milliers de morts. L’avertissement fait mouche. Le soir même, au cours de son adresse à la nation, le président lance un appel à « l’union sacrée », ferme les écoles et décide de maintenir les élections municipales. Trop peu, trop tard ? Cinq jours plus tard, le 17, la France est confinée.

      Tout montre pourtant que, dès janvier, les alertes, de plus en plus fortes, pleuvent sur le sommet de l’État. Début mars, quand toutes les données et études savantes convergent, le sommet de l’État tergiverse et se déchire. Cette période, sur laquelle nul ne s’est jusque-là épanché, certains au cœur du pouvoir l’appellent, en chuchotant, « la semaine de la mort ». Le 5 mars, quand Emmanuel Macron réunit pour la première fois à l’Élysée les scientifiques, certains l’avertissent déjà de la vague qui va submerger immanquablement les hôpitaux. Trois jours plus tard, le 8 mars, les épidémiologistes français rendent une note confidentielle, laquelle annonce, en l’absence de « mesure efficace », jusqu’à 160 000 morts avant l’été. Un secret qui hante la nuit du Théâtre Antoine.

      Acte 1 : l’épidémie chinoise

      Fin 2019, un mal inconnu apparaît en Chine, à Wuhan. Le virus sera bientôt planétaire. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, savait…

      Alors que le nouveau coronavirus fait des ravages en Chine, l’Europe surveille de très loin l’épidémie et se montre particulièrement attentiste. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), malgré des signaux d’alerte inquiétants, se refuse à déclarer l’urgence internationale. Des professeurs réputés émettent des doutes sur l’indépendance de l’institution vis-à-vis de Pékin. La France, elle, est toute tournée vers ce qui doit être la réforme phare du premier quinquennat d’Emmanuel Macron : les retraites.

      La France avait pourtant un coup d’avance. Entre Noël et le réveillon 2019, Agnès Buzyn profite de quelques jours de repos dans sa maison corse. La ministre de la Santé, hématologue, fille d’un survivant de la Shoah – Élie Buzyn, mort au printemps 2022 –, n’est jusque-là qu’un personnage discret de la macronie, studieuse, trop sans doute. Sur sa terrasse, elle navigue sur son smartphone et tombe, racontera-t-elle à la presse et aux parlementaires, sur un « article d’un blog anglo-saxon », illustré d’une radiographie du thorax. Ce document, jamais identifié, aurait décrit des cas de pneumonies inexpliquées en Chine. Pourtant, à cette date, l’épidémie naissante est un secret absolu. Ce n’est que le 30 décembre que l’information fuite sur le Net chinois, grâce au fameux lanceur d’alerte, le docteur Li Wenliang. Le dernier jour de l’année, la nouvelle, reprise par la presse locale et Promed, un système d’alerte international, est finalement admise par la ville de Wuhan. Et connue du monde entier.

      Une telle exclusivité planétaire pour une simple ministre française a suscité bien des questions, et des fantasmes. Au printemps 2020, Le Canard enchaîné écrira que l’Élysée savait dès décembre, sans trop préciser quoi d’ailleurs – une information vigoureusement démentie par le Quai d’Orsay. Interloqués, des parlementaires ont longuement cuisiné la ministre, ils n’ont pas davantage trouvé de réponse. Encore aujourd’hui, les juges de la commission d’instruction de la Cour de justice de la République (CJR) suspectent celle qu’ils ont auditionnée plus d’une quinzaine de fois de cacher une source en Chine. En la convoquant, le 23 juillet 2021, en vue de la mettre en examen pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre, les magistrats précisent ainsi retenir cette histoire du 25 décembre comme une indication de ce qu’Agnès Buzyn avait « pressenti la gravité de l’épidémie », et qu’elle a ensuite participé à un « double discours » en s’abstenant, nous y reviendrons, de « tout mettre en œuvre pour obtenir le report d’élections [municipales, NDLR] ».

      Mise en danger de la vie d’autrui

      Une accusation paradoxale contre Agnès Buzyn : être à la fois prophète et coupable de la catastrophe. Rétrospectivement, les experts sont beaucoup plus prudents. « Il ne faut pas être anachronique », avertit l’épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’université de Genève. Alertés par des médecins locaux d’hospitalisations mi-décembre, des spécialistes internationaux ont déjà confié avoir été au courant en même temps que Buzyn. Rien d’anormal. Une page Internet a pu disparaître ou être retirée par ses auteurs. D’autant qu’avoir vent d’une poignée de pneumonies en Chine ne dit rien de l’ampleur que prendra la crise. Mais la source ? Le soupçon d’un tuyau chinois ? « Cela ne tient pas debout, balaie Flahault. Si elle avait eu des contacts directs avec des médecins ou des scientifiques chinois, ce qui pouvait s’entendre, elle les aurait alors évoqués naturellement lors de ses auditions, quitte à ne pas en révéler les noms pour la protection de leur anonymat, ce qui aurait pu se comprendre. »

      Début janvier, sur ordre de sa patronne bien informée, le ministère ne reste pas les bras croisés et se met en veille. Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, met sur le coup le Corruss (Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales), qui recense chaque jour les alertes nationales et internationales, et la Réunion de sécurité sanitaire (RSS), qui rassemble tous les mercredis les patrons d’agences sanitaires et d’administrations centrales. Ce n’est que le 8 janvier, en page 6 d’un compte rendu de la RSS, entre dengue, rougeole et salmonellose, que se glissent les derniers rapports des communiqués officiels chinois sur ces « cas de pneumonie d’origine inconnue en Chine », tous liés à un marché de produits frais, où étaient vendus des animaux. Un signal faible noyé dans le brouhaha de la politique. À cette époque, le gouvernement est tout entier sur la réforme des retraites. Plusieurs corps de métiers sont en surchauffe, la fonction publique hospitalière déraille, une grève des tâches administratives est en cours. Le lundi 6 janvier a lieu le premier Conseil des ministres de l’année. Les membres du gouvernement Philippe, dossiers sous le bras, s’élancent depuis Beauvau, où ils ont petit-déjeuné, pour parcourir les 97 mètres qui les séparent de l’Élysée. En tête, en fauteuil roulant, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, qui est tombée quelques jours plus tôt dans les escaliers de Matignon. Agnès Buzyn, tout sourire, discute avec Jean-Michel Blanquer et Jean-Yves Le Drian. Le gouvernement uni fait face à l’adversité. Quelques minutes plus tard, dans le secret du Conseil des ministres, Édouard Philippe annonce une période de « gros temps ». « Notre pays en a vu d’autres », relativise le « PM » avec humour, énumérant coup sur coup les années 20 des siècles passés : 1720 : krach, peste, incendie de Rennes ; 1820 : assassinat de l’héritier du trône, le duc de Berry… Le chef de l’État, selon un témoin de la scène, abonde alors : « Nous continuons vers le grand large. » Nul ne sait encore à quel point.

      Virus non identifié

      Dans les cabinets, les journées de travail s’enchaînent, harassantes. Mardi 7 janvier, l’après-midi est consacré aux rituelles questions à l’Assemblée nationale. Le sujet commence à être tout doucement suivi par la presse. « Un mal inconnu affecte près d’une soixantaine de personnes dans la ville de Wuhan, dans le centre de la Chine », écrit Le Parisien à cette date. Les Chinois le confirment : un nouveau type de coronavirus, provisoirement baptisé 2019-nCoV, est responsable de la maladie. À 18 h 08 précisément, sur le banc, Agnès Buzyn envoie à Jérôme Salomon un court SMS, saisi en perquisition : « Des nouvelles de l’épidémie chinoise ? demande-t-elle. – Élément troublant, Wuhan abrite le P4, précise Salomon. – Le P4 n’est a priori pas fonctionnel. – A priori », lâche le DGS, mystérieux.

      Agnès Buzyn connaît un peu le fameux P4, laboratoire de haute sécurité construit avec l’aide de la France : son mari, Yves Lévy, a présidé l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) jusqu’en 2018 et supervisé cette coopération franco-chinoise. Il sera longuement interrogé sur le sujet par la Cour de justice de la République.

      Jeudi 9 janvier. « Le virus peut provoquer des troubles graves chez certains patients mais ne se transmet pas rapidement », écrit Jérôme Salomon à la ministre, répercutant les dernières données communiquées par Pékin. Elles laissent planer le doute sur la transmission interhumaine. Les Chinois mentent : dès la fin décembre, ils en ont la preuve. Ils traitent des clusters familiaux où les contaminations ont eu lieu hors du marché. Certains le suspectent déjà, comme Arnaud Fontanet, épidémiologiste de l’Institut Pasteur : « Le tableau clinique (pneumopathie virale atypique et non grippale) correspondait à celui d’un bêtacoronavirus comme le Sras ou le Mers, qui sont transmissibles de personne à personne. La transmission interhumaine était donc plausible […] », justifie-t-il par écrit. D’emblée, la suspicion est là. Les agences régionales de santé et les sociétés savantes reçoivent leurs premiers bulletins d’information, les appelant à détecter d’éventuels cas de coronavirus sur le territoire. Le samedi 11 janvier, le président de la République et le Premier ministre sont informés du premier mort déclaré en Chine et des mesures de surveillance prises dans les aéroports en France. Selon plusieurs sources concordantes, leur attention est également attirée sur le P4 chinois. Des chercheurs s’interrogent déjà sur le rôle que celui-ci pourrait avoir joué dans l’émergence de ce nouveau coronavirus. 14 janvier : toujours « aucune preuve claire de transmission interhumaine », tweete l’OMS, reprenant servilement les dénégations chinoises. Pourtant, le virus essaime déjà aux quatre coins du monde – en Thaïlande dès le 10 janvier. Dans la nuit du 15 au 16 janvier, un premier cas suspect est identifié à Nancy, finalement infirmé. Le 17 janvier, la France ne sait toujours rien. Ni le niveau de transmission interhumaine, ni l’existence ou non de cas asymptomatiques risquant de rendre très difficile la maîtrise de l’épidémie, ni le taux de mortalité, ni ses facultés de mutation ou de résistance aux éventuels antiviraux. Bref, le pays, comme le reste du monde, est dans le brouillard.

      « Suivi actif »

      Le lundi 20 janvier, le nuage se dissipe. Un troisième mort du Covid-19 est annoncé en Chine, qui est alors obligée de reconnaître la transmission interhumaine. Définitivement, il ne s’agit pas que d’une poignée de personnes contaminées par des animaux sur un marché. Pourtant, l’OMS hésite à déclarer l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), la procédure pour mettre le monde en alerte. Agnès Buzyn, elle, est mobilisée, comme le reste du gouvernement, sur le sommet « Choose France », organisé au château de Versailles et qui vise à attirer les investisseurs étrangers en France. Son rôle à elle ? Vanter les atouts de la France à l’industrie pharmaceutique et notamment au nouveau PDG de Sanofi, Paul Hudson. L’entrevue tourne mal, selon des témoins. Le groupe pharmaceutique paraît poser des conditions à la construction d’une nouvelle usine en France. « Du chantage ! » se scandalise Agnès Buzyn auprès de son cabinet et de ses proches. La conversation, houleuse – que n’a pas souhaité confirmer ou infirmer Sanofi –, se poursuivra plusieurs minutes, au point que les échos de l’altercation remonteront à l’Élysée. Un épisode peu au goût du Château, qui rappellera aux ministres l’objet de l’événement : attirer les investisseurs, et pas se fâcher avec eux. Le lendemain, Jérôme Salomon informe sa ministre par mail : la transmission interhumaine va être confirmée par l’OMS. Il souligne aussi que 120 lignes aériennes existent entre la France et la Chine – dont une directe Paris-Wuhan. Au cabinet de la ministre, on comprend soudain que la situation est « compliquée ». Et pour la première fois, Agnès Buzyn de poser à ses conseillers la question fatale : « Combien avons-nous de masques en stock ? » Suit son premier point presse, en fin de journée. Quelques minutes plus tôt, le cas suspect de Nancy est finalement donné négatif. « Le risque d’introduction en France des cas liés à cet épisode est faible », commence Agnès Buzyn. Une phrase qui la suivra longtemps, très longtemps, comme la preuve qu’elle aurait tenté de minimiser la crise. Personne n’a retenu la suite, plus alarmiste : « mais [le risque, NDLR] ne peut être exclu, d’autant plus qu’il existe des lignes aériennes directes entre la France et la ville de Wuhan ». À cette date, seuls 291 cas ont été confirmés par la Chine. Une poignée d’autres ont déjà été identifiés à l’étranger. Pour les béotiens, non initiés aux arcanes de l’épidémiologie, ces chiffres peuvent paraître dérisoires. Même un médecin peut s’y tromper : à Marseille, le professeur Didier Raoult, plus biologiste que mathématicien, moque dans une vidéo publiée le 23 janvier ce qu’il juge comme une surréaction : « Trois Chinois meurent et ça fait une alerte mondiale. »

      Mais ces statistiques ont en réalité de quoi faire trembler les spécialistes attentifs. À l’Imperial College de Londres, l’épidémiologiste Neil Ferguson, la référence mondiale de la modélisation des épidémies, jette dès le 17 janvier un pavé dans la mare avec une note publique qui fait grand bruit : avec déjà 3 cas détectés à l’étranger, il est impossible qu’il n’y ait que quelques dizaines de cas à Wuhan. En prenant en compte le nombre de passagers quotidiens à l’aéroport, la population de l’agglomération et le temps d’incubation, un calcul basique permet d’estimer que pour qu’il y ait 3 cas détectés à l’étranger, il faut qu’il y ait au moins 1 800 cas déjà à Wuhan – et sans doute beaucoup plus : de nombreux cas exportés pourraient être asymptomatiques et ne sont donc probablement pas identifiés, ajoutent les auteurs de la note. Le 22 janvier, Ferguson met à jour l’estimation à 4 000 cas au moins (contre seulement 550 déclarés). Et livre, dans un autre rapport transmis à l’OMS le 22 janvier, la première estimation du taux de reproduction initial du virus, l’indice R0, soit le nombre de personnes infectées par chaque cas index : 2,6. Une transmissibilité très élevée, plus de deux fois supérieure à celle de la grippe saisonnière, qui présage d’une immense vague mondiale, inarrêtable – reste à en connaître la mortalité. Le Royaume-Uni, précurseur, réunit son propre conseil scientifique, le Sage (Scientific Advisory Group for Emergencies), dès cette date. Neil Ferguson en fait partie. Il a aussi ses connexions en France : Simon Cauchemez, le modélisateur d’épidémies de l’Institut Pasteur, est un disciple, et discute quotidiennement avec le petit groupe de spécialistes autour de Ferguson sur des boucles de messages.

      Au lendemain de la conférence de presse du 21, un nouveau cas suspect, une patiente chinoise, est à l’isolement à l’hôpital Bichat à Paris– il sera lui aussi infirmé, comme celui de Nancy. Mais prise de remords, Agnès Buzyn se fait un sang d’encre. Elle bombarde de messages son directeur de cabinet et craint soudain d’être tournée en ridicule si l’information d’un premier cas en France percute les propos rassurants de sa conférence de presse. « Nous avons possiblement le premier cas français. En 2003 (Sras), les Chinois ne voyageaient pas… », s’agace-t-elle par écrit, comprenant rapidement que l’épidémie, cette fois-ci, risque de se développer dans des proportions que nul n’a imaginées. À partir de cette date, comme le constateront les sénateurs dans leur rapport d’enquête de décembre 2020, la ministre tente tant bien que mal de mobiliser. Bien que l’épidémie se répande aux quatre coins du monde, l’OMS refuse encore le 22 janvier de déclarer l’USPPI, semble-t-il pour ménager la Chine. « Ils sont mignons… s’emporte Buzyn dans un message à un conseiller. Il faut tout de même montrer qu’on a fait des choses […] sans attendre l’aval de l’OMS. » Même apathie du côté de l’Union européenne. Le CDC européen, agence sanitaire basée à Stockholm, émet depuis le 17 janvier des évaluations extrêmement rassurantes, jugeant le risque d’importation « très faible » en Europe – sans visiblement se rendre compte des flux massifs de passagers avec Wuhan, qu’il croit limités à l’Asie ! Buzyn cherche à joindre Stella Kyriakides, la commissaire européenne à la Santé, pour lui demander de convoquer une réunion des ministres de la Santé à l’échelle européenne. Matignon et le ministère des Affaires étrangères sont mis dans la boucle.

      Acte 2 : quand les masques ne servaient à rien
      Dès le 27 janvier 2020, la ministre de la Santé informe Emmanuel Macron que l’épidémie de Covid pourrait faire plus de 100 000 morts en France.


      30 janvier 2020. Pékin se flatte de construire en dix jours deux hôpitaux de plus de 1 000 lits à Wuhan.© CHINE NOUVELLE/XinHua /SIPA

      La Chine confine des villes et des régions entières. Des hôpitaux de 1 000 lits sont construits en quelques jours, sous les yeux ébahis des Occidentaux. Les médecins hexagonaux les plus réputés se montrent tous « rassuristes ». Santé publique France juge « peu probable » le scénario d’une épidémie à impact majeur sur la société. Mais dans le secret des cabinets ministériels, on s’interroge déjà sur l’état des stocks de masques et sur l’implication possible, dans le déclenchement de la catastrophe sanitaire, du mystérieux P4, un laboratoire de haute sécurité de Wuhan né d’une coopération avec la France…

      La planète va soudain entrer dans une autre dimension. Au matin du 23 janvier, la ville de Wuhan est brusquement confinée. Dans une métropole moderne, rues et avenues sont totalement désertées, 11 millions d’habitants enfermés, des milliers d’usines à l’arrêt, trafic TGV stoppé net, avions cloués au sol, routes barrées. Une mesure inédite, inimaginable, « médiévale », s’effraie-t-on au ministère français de la Santé. Si les Chinois confinent, c’est que la situation doit être bien plus grave qu’ils ne l’admettent, comprennent immédiatement scientifiques et gestionnaires des crises sanitaires. Le sujet explose dans les médias français, mais par un détail absurde : faut-il installer comme les Asiatiques des détecteurs de température dans les aéroports ? Agnès Buzyn, comme d’autres dans l’administration, les juge inutiles. Ce serait de l’affichage, alors que rien ne prouve que les détecteurs aient jamais repéré un cas, d’autant que le virus semble être furtif et être contagieux même en l’absence de fièvre.

      Pas d’inquiétude.Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, à propos des masques, le 24 janvier.

      « Il y a un risque fort d’avoir une injonction politique le jour J, craint le lendemain Olivier Brahic, patron du Centre de crise sanitaire (CCS). La question politique va donc se reposer : quelle mesure de gestion met en œuvre l’État face à ce risque (vol en provenance de toute la Chine) ? » Brahic apporte aussi une réponse à la question posée le lundi par la ministre : les masques. Après vérification, il n’y a aucun stock de masques FFP2, les modèles les plus sûrs nécessaires aux soignants, seulement 33 millions de masques chirurgicaux pédiatriques et 65,9 millions de masques adultes FFP1, plutôt destinés aux patients ! « D’ici fin février, ce stock sera augmenté de 10,3 millions de masques pédiatriques, plus 54,6 millions de masques adultes », explique le patron du CCS. « Pas d’inquiétude », rassure Jérôme Salomon, que ces chiffres, pourtant très bas par rapport aux besoins en cas de pandémie, semblent satisfaire à ce stade. Devenu célèbre, le rapport de Jean-Paul Stahl, mandarin de Grenoble, chiffrait en 2018 à 1 milliard ce besoin pour une telle maladie respiratoire émergente… Dix ans plus tôt, en 2009, c’est précisément ce nombre de masques qui fut acquis par la France pour lutter contre la grippe H1N1.

      En Chine, des images montrent désormais l’armée dans la rue, des murs dressés partout, des portes de résidences et d’appartements condamnées, des distributions de nourriture et de biens de première nécessité. La propagande trompette l’exploit de boucler en dix jours la construction de deux hôpitaux, l’un de 1 000 lits, l’autre de 1 300. Et les mesures de confinement s’étendent bien au-delà de Wuhan. Éberluée, Agnès Buzyn écrit à son conseiller santé, Grégory Emery : « Ils en sont à 20 villes à l’arrêt, 30 millions de personnes. Dans une épidémie où tu mets les gens en quarantaine, tu attends deux fois la période d’incubation après la fin du dernier cas recensé… Ils ne vont pas fermer les villes trente jours ? » Le premier confinement de Wuhan durera soixante-dix-sept jours – Shanghai l’a encore été plus de deux mois en 2022 ! Un conseiller du ministère de la Santé s’inquiète aussitôt : « Je crains que les masques (chirurgicaux ou FFP2) ne soient produits en Chine, au sein de laquelle il y aura des pénuries. Si [souligné et en gras dans le mail, NDLR] on rentre en phase épidémique, la question doit se poser dès à présent sur ces questions de moyens. Il conviendrait de saisir officiellement le SGDSN [Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale, NDLR] sur ce sujet. »

      Le 24 janvier, le virus est aux portes du pays

      Mais, pour ses collègues, l’épidémie de Wuhan est encore très, très loin. Le Conseil des ministres, exceptionnellement tenu un vendredi, le 24 janvier, est entièrement consacré à la réforme des retraites. Emmanuel Macron fait un court laïus sur les violences policières, en marge des manifestations contre la réforme. « Il ne faut pas accepter le relativisme séditieux qui mettrait les deux types de violences au même niveau. Ce n’est pas camp contre camp et violence contre violence », rappelle fermement le président de la République. La Santé n’intervient qu’à la fin du conseil, pour résumer l’un des tout premiers travaux remis par une des grandes agences de recherche françaises, l’Inserm. Leur jeune épidémiologiste star, Vittoria Colizza, y assure que le risque d’importation en France est faible. Agnès Buzyn pestera en audition au Sénat : l’Inserm avait oublié que Charles-de-Gaulle avait des vols directs de Wuhan !

      Car le virus est déjà aux portes du pays. Le soir même, les deux premiers cas sont confirmés à Bichat et à Bordeaux, puis un troisième en début de soirée. Au lieu d’y voir une alerte rouge, le sommet de l’exécutif s’agace d’abord ce cet intrus dans l’agenda, perte de temps et d’énergie au moment de voter la loi phare du quinquennat, sur les retraites. La règle, édictée par le SGDSN dans des circulaires de 2009 et de 2012, voudrait alors que l’exécutif monte en puissance, et active une « cellule interministérielle de crise » (CIC), un centre de commande placé sous l’égide du ministère de l’Intérieur – seul à avoir, avec les préfets, le prestige, l’agilité et le réseau territorial pour mobiliser partout tous les services de l’État. En 2009, face à la grippe H1N1, Nicolas Sarkozy et François Fillon avaient déclenché cette CIC dès avril, quand l’OMS avait lancé l’alerte pandémique, bien avant que le virus n’atteigne le territoire français. Pourtant, en 2020, une telle CIC ne sera pas activée avant le 17 mars. À mots feutrés, les sénateurs, lors de leurs travaux d’enquête de 2020, se sont longuement étonnés de cette mobilisation « tardive ». « C’est un des principaux nœuds du problème », assure encore aujourd’hui l’un des rapporteurs, le radical de gauche Bernard Jomier, médecin lui-même. Sur le sujet, l’audition du Premier ministre Édouard Philippe lui a laissé un goût amer – « l’une des plus difficiles » –, face-à-face tendu noyé dans les « réponses dilatoires ».

      Selon un acteur de premier plan, qu’importe que la CIC ait été gérée par le ministère de la Santé ou par Beauvau, « tout le monde était là ». « À partir du 29 février,précise notre source, ce sont Alexis Kohler [secrétaire général de l’Élysée, NDLR] et Benoît Ribadeau-Dumas [directeur du cabinet du Premier ministre, NDLR] qui pilotent les réunions. » Fin janvier, le fonctionnement est encore celui d’une interministérielle gérée avenue Duquesne, au ministère de la Santé, grand mal-aimé de l’administration française. Un ministère qui n’a pourtant pas la main sur les préfets, incontournables dans les chaînes décisionnaires. En attendant, il pare au plus urgent. L’effroi de Wuhan percute la France. Des pharmacies sont dévalisées par des clients, entre autres de la diaspora chinoise, incitée par les ambassades à envoyer le maximum de masques au pays. Le ministère de la Santé réagit vite : « Il faudrait que les pharmaciens reçoivent des éléments pour informer la population sur l’absence d’utilité des masques chirurgicaux en dehors de la protection de la personne contaminée par un virus respiratoire », plaide un conseiller. Ce sera désormais le mantra du gouvernement français, jusqu’aux sorties de sa porte-parole, Sibeth Ndiaye : les masques ne servent à rien si vous n’êtes pas malade ou cas contact, ils doivent être réservés aux soignants. Deux ans après, la controverse persiste, y compris devant les tribunaux : ces consignes étaient-elles scientifiques ou sont-elles destinées à occulter la grave pénurie constatée par les pouvoirs publics ? Il y avait bien un débat scientifique, peut-être même civilisationnel. Si tout Pékin, Hongkong, Séoul ou Taipei se ruaient déjà en janvier 2020 sur les masques, l’OMS et Washington étaient sur la même ligne que Paris : pas de masques en population générale. L’autre urgence pour Agnès Buzyn est alors de dessiner des prévisions pour la France. Le 25 janvier, à 9 h 41, elle envoie un message à son directeur de cabinet : « Il va falloir préparer trois scénarios de virulence et de mortalité. Car nous devons savoir combien on a de transports et de lits mobilisables, combien de respirateurs. Il nous faut des écrits cet après-midi. La mortalité de 3 % a l’air de se confirmer. C’est beaucoup pour un virus qui a une cinétique de type grippe […]. Enfin, le HFDS [haut fonctionnaire de défense et de sécurité, NDLR] doit se renseigner sur l’implication du P4. Je t’attendrai au ministère. » L’Élysée est également averti de l’évolution de la situation.

      « Impacts significatifs »

      C’est également fin janvier qu’apparaissent pour la première fois les différences de doctrine mises en œuvre par les pays européens. Alors que toute la stratégie française repose sur l’hôpital et le Samu, les Allemands comptent sur la rigueur de leurs citoyens et sur la médecine de ville, chemin opposé à la France jacobine, ainsi que le révèle Jens Spahn, ministre allemand de la Santé, dans un message envoyé au cabinet d’Agnès Buzyn, le 25 janvier : « Nous n’isolons pas les cas contacts, mais nos autorités sanitaires prennent attache avec eux, les informent et leur demandent de rester si possible à la maison et d’aller consulter un docteur dès le premier symptôme », écrit-il. C’est à la même période que les Européens se rendent compte que des dizaines de milliers de ressortissants présents sur le territoire chinois se retrouvent pris au piège. Le 25 janvier, décision est prise de rapatrier les Français de Wuhan, entre 500 et 1 000, selon le consulat. Et, par la même occasion, la France embarquera une pléiade d’autres nationalités, en particulier de l’Union européenne. Des vols doivent être affrétés de toute urgence. Mais pas question de lâcher dans la nature ces rescapés, une fois en France. Il faut les isoler, quatorze jours, le temps de s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs du virus. Un véritable casse-tête légal et logistique commence. Un site d’accueil pour un tel camp de quarantaine, une première en France, doit être trouvé de toute urgence. Il faut aussi gérer l’hypothèse d’un droit de retrait des équipages des compagnies aériennes, qui refuseraient de convoyer les potentiels pestiférés. Enfin, plus que de justifier la privation de liberté, prévue par le Code de la santé publique pour les cas contacts et les infectés en situation de crises sanitaires graves, le souci de l’administration est de ne pas affoler les Français. Le brouillon du communiqué prévoit d’annoncer la « quarantaine » des rapatriés. Dans l’après-midi du 26 janvier, Jérôme Salomon raye le mot tabou et le remplace par une formule absconse : « mesure de surveillance renforcée et de regroupement géographique temporaire ». L’objectif est toujours le même : ne pas faire paniquer la population.

      26 janvier 2020. Une note secrète de Santé publique France évoque trois scénarios possibles de l’évolution de l’épidémie du « nouveau coronavirus » en France. « Les données disponibles conduisent à considérer le scénario 2 comme aujourd’hui plus probable que le scénario 1 », conclut SPF.© §

      À 18 heures, le dimanche 26 janvier, les ministres sont convoqués à Matignon. Agnès Buzyn présente en réunion interministérielle les prévisions des scientifiques français. À sa demande, Santé publique France (SPF), l’agence chargée de la préparation aux crises sanitaires créée en 2016, a rédigé une note confidentielle après consultation de deux des meilleurs épidémiologistes français, Bruno Lina et Simon Cauchemez. Ce document, que nous avons pu consulter, est le premier d’une série restée absolument secrète. Ils révèlent à quel point l’exécutif était précisément renseigné. SPF établit alors trois scénarios. D’abord, un « contrôle rapide de l’épidémie (scénario Sras-like) », scénario « peu probable maisenvisageable », notent les experts, selon « les efforts déployés pour retarder l’installation du virus sur le territoire ». Pour cela, il aurait fallu en faire beaucoup plus et, comme la Chine, mettre en place une stratégie d’élimination, plus tard baptisée « zéro Covid ». La deuxième hypothèse, une « pandémie avec impacts sanitaire et sociétal significatifs », est jugée la « plus probable ». Avec une transmissibilité élevée, la vague serait inarrêtable, mais la mortalité serait plus faible qu’annoncée, du fait d’une « proportion importante de cas asymptomatiques ». Enfin, le troisième scénario, décrit comme « très peu probable », est écarté en invoquant une mystérieuse « stabilité génétique des coronavirus ». Il était pourtant prophétique : « Une pandémie avec impacts sanitaire et sociétal majeurs. » Ni Santé publique France, ni Bruno Lina n’ont souhaité commenter ce document. Simon Cauchemez, dans une réponse écrite à nos questions, nie avoir attribué alors des probabilités aux différents scénarios.

      « Warning +++ »

      28 janvier 2020. Une note de Santé publique France avertit Olivier Brahic, patron du Centre de crise sanitaire, de la pénurie de masques.

      Semaine 4. Lundi 27 janvier. Depuis les premiers jours, l’Institut Pasteur est mobilisé avec l’équipe du virologue Jean-Claude Manuguerra, consulté par le Corruss. Il annonce maintenant que les premiers tests sont disponibles à Paris et à Lyon. Dans la soirée, par message, Agnès Buzyn fait un long point pessimiste au président de la République. Le message est visé dans les perquisitions diligentées par la Cour de justice de la République (CJR). Selon les sources que nous avons interrogées, la ministre y évoque déjà, à cette date, la possibilité que l’épidémie fasse plus de 100 000 morts. Ni l’Élysée ni Agnès Buzyn n’ont souhaité commenter. Avant une éventuelle pandémie, le dossier du jour est encore le rapatriement des Français de Wuhan. Sans vergogne, les autorités chinoises font chanter les Européens. S’ils veulent sortir de là leurs ressortissants, Pékin exige qu’ils envoient des masques et des équipements de protection individuels (EPI). Un comble, quand on sait que la Chine est le premier producteur mondial… Mais ses usines se concentrent à Wuhan, paralysée ! SPF en avertit le cabinet de la ministre de la Santé dès le 28 janvier : « Pour les masques, nous allons être confrontés à une pénurie de matière première. » « Warning +++ », réagit aussitôt par mail Olivier Brahic, le patron du CCS. Agnès Buzyn s’oppose à l’envoi de matériel en Chine. Dans son rôle, Jean-Yves Le Drian veille à l’amitié franco-chinoise. Pékin s’obstine : pas de masques, pas de plan de vol ! Un conseiller de Buzyn trouve une solution : « Nous n’avons pas de stock de masques FFP1, 2 ou 3. Par contre, nous avons un stock de 24 millions de masques chirurgicaux qui sont arrivés à péremption en 2019 (pas de baisse de qualité sur les capacités de protection, mais sur l’élastique). Ces masques sont destinés à être détruits. » Son idée ? « Donner une partie de ces masques à la Chine (100 000 à 1 million en fonction de la place dans l’avion de vendredi). » Le conseiller ajoute : « Mon avis repose sur le fait que ces masques, périmés, ne pourront pas être utilisés en France du fait de la chute du marquage CE. Utiliser en France des masques périmés présenterait un risque d’image fort. » Faute d’avoir pu en commander des nouveaux à temps, des dizaines de milliers de masques périmés seront en réalité bel et bien utilisés dans l’Hexagone… Quant à la Chine, un mince chargement de 200 000 masques atterrira finalement à Wuhan dans le premier avion de rapatriement. Avant que ne décolle de Roissy, le 19 février, un A380 contenant 17 tonnes d’aide matérielle (combinaisons, masques, produits désinfectant, etc).

      « La Chine a bloqué toutes les exportations… »

      30 janvier 2020. Échange de mails entre Marc Guillaume, le secrétaire général du gouvernement, et l’Union des groupements d’achats publics (Ugap) à propos de la pénurie de masques. Une alerte transmise à plusieurs membres du cabinet d’Édouard Philippe.© §
      Tandis qu’elle importe au forceps des masques, la Chine exporte toujours tranquillement des cas. Les lignes de Wuhan sont coupées, mais pas celles de plusieurs dizaines d’autres aéroports chinois. Or, à cause du Nouvel An lunaire qui vient de commencer, sorte de Noël confucéen et plus grande migration annuelle de la planète, le virus s’éparpille dans l’empire du Milieu. Pourtant, l’OMS, les Européens et les États-Unis rechignent à resserrer les contrôles, limitant leurs efforts de détection aux seuls voyageurs en provenance de Wuhan. Discrètement, les Français prennent l’initiative d’élargir leur définition de cas, passant toute la Chine en zone à risque. Mais ils sont bien les seuls. Jérôme Salomon, en interne, s’emporte : « Sidérant de voir que ni l’OMS, ni l’US CDC, ni l’ECDC [Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, NDLR] ne veulent bouger ! » Le 29 janvier, le Premier ministre réclame dans les douze heures une fiche « sur nos capacités d’isolement et le risque de saturation [de nos hôpitaux, NDLR] ». Selon la note qui parviendra à Édouard Philippe quelques instants plus tard, la réponse du système de santé à l’émergence du Covid repose sur une prise en charge des cas confirmés dans des chambres biosécurisées. En tout, 150 lits répartis dans 36 établissements sont équipés pour accueillir, dans des « conditions de sécurité maximales », des patients Covid, avec la possibilité de « renforcer en tant que de besoin » cette prise en charge par l’« activation d’une seconde ligne d’établissements de santé ». Suffisant ? Certainement pas. Au plus fort de la crise, entre début mars et début avril, ce sont 8 318 patients qui rentreront en réanimation et, sur la même période, 36 254 personnes qui seront temporairement hospitalisées. Quant aux masques, le marché est déjà totalement aspiré par les Chinois. Marc Guillaume, le secrétaire général du gouvernement, reçoit un mail le 30 janvier lui décrivant la gravité de la situation : « Nos fournisseurs nous confirment aujourd’hui que leurs stocks sont soit très faibles, soit épuisés, que la Chine a bloqué toutes les exportations… et que le prix du masque a déjà augmenté de 80 % ! »`

      Nouveau coup de sang de Jérôme SalomonLe premier avion de rapatriés doit décoller de Chine dans moins de vingt-quatre heures. Mais le gouvernement n’a toujours pas, le 28 au soir, identifié la destination ! L’œil rivé sur la montre, le directeur de cabinet du Premier ministre relance, par mail. Celui de Jean-Yves Le Drian manifeste à son tour une « certaine impatience » : « Ce serait bien de l’avoir défini avant le retour de l’avion, en effet », persifle-t-il. À la Santé, on propose un bâtiment du campus de Polytechnique, à Palaiseau, bien desservi et « à l’écart des regards ». Les armées refusent de mettre à disposition la prestigieuse école des bicornes. De toute manière, la région parisienne est exclue. Le cahier des charges, rappelé par Matignon, exige une zone « extra-urbaine ». Nouveau coup de sang de Jérôme Salomon : « Partir sur un village isolé dans un département sans CHU est une folie pure. » Le jour même du décollage, faute de solution, le Premier ministre désigne un centre de vacances de Carry-le-Rouet, dans les Bouches-du-Rhône. Garrigue, calanques, vue sur mer. La quatorzaine passerait presque pour un séjour au Club Med. Mais à la Santé, en l’apprenant, on tombe de haut : à une poignée de kilomètres, à Marseille, le baron local des maladies infectieuses est une grande gueule, réputée ingérable. Un certain Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée. Et il sera forcément chargé des tests sur les rapatriés.

      Signe qu’on entre dans le dur, après le Conseil des ministres et une succession de réunions interministérielles avenue Duquesne et à Matignon, 30 hauts fonctionnaires de défense et de sécurité sont invités à 17 heures le mercredi 29 janvier au SGDSN, gardien de la solidité de l’État. Un conclave top secret missionné pour déminer tous les sujets les plus explosifs, comme en témoigne le compte rendu émis par la DGS : « pas question d’activer la CIC [en gras dans le texte] » ; préparer des « EDL » (éléments de langage) sur les « moyens de protection », donc les masques, pour les agents des ministères ; faire remonter l’état des stocks ; établir des critères pour le « déclenchement de la CIC en cas d’évolution très négative de la situation en France » ; et, enfin, désamorcer LA bombe, avec des « EDL sur le P4 de Wuhan ». Car, depuis quelques jours, la rumeur d’un lien avec les laboratoires de Wuhan a explosé sur le Web chinois. Et, en France, le magazine Challenges a écrit un premier petit article sur le sujet. En début de soirée, le narratif du SGDSN est prêt : le labo fourni par la France est réservé aux pathogènes de classe 4, les plus dangereux, comme Ebola ou la variole ; or les virus type Sras sont classe 3 ; « sur la période considérée, aucune information ou indication d’activité ne permet d’envisager la présence de pathogènes autres que ceux pour lesquels le laboratoire est accrédité ». Un conseiller du ministère de la Santé valide : « Le but est de dire que c’est un labo chinois géré par les Chinois. » Affaire classée, enterrée comme un déchet radioactif. Jamais le SGDSN, responsable de la surveillance de cette coopération, ne commentera le dossier publiquement.Retour aux affaires courantesLe 30 janvier, Édouard Philippe lance au Cese (Conseil économique et social) sa conférence sur le financement du système des retraites. Il y a là les partenaires sociaux, Agnès Buzyn, Olivier Dussopt, Laurent Pietraszewski et des membres de cabinet. En petit comité et entre deux cafés, la ministre de la Santé joue les prophètes de malheur, dégainant les courbes épidémiques de l’Institut Johns-Hopkins, désormais clairement exponentielles. Si l’épidémie suit son cours, la réforme des retraites comme les élections municipales pourraient devoir être ajournées, suggère alors la ministre. Ses collègues et leurs conseillers l’écoutent, incrédules.

      Ceux qui connaissent le landernau expliquent leur inaction simplement : la santé publique n’est pas leur culture. Les spécialistes de l’économie et des finances ne sont pas formés à envisager qu’une crise sanitaire provoque un chamboulement bien plus grave qu’un krach boursier. Pourtant, sous leurs yeux, une semaine après le confinement de Wuhan, le monde change déjà de visage. À Genève, le soir même, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui revient de Pékin, déclare (enfin !) l’Urgence de santé publique de portée internationale (Usppi), la sixième seulement de son histoire, après la grippe porcine, Ebola ou encore Zika. Toujours soucieux de ne pas froisser la Chine, l’OMS recommande cependant aux pays de ne pas restreindre les voyages ou les échanges commerciaux. Mais les États membres n’en font qu’à leur tête. L’Italie interrompt les lignes directes. Air France annonce suspendre ses vols. Trump, sans prévenir, s’apprête lui aussi à couper le lendemain toutes les liaisons directes, à interdire d’entrée à tous les étrangers qui auraient voyagé en Chine dans les quatorze jours, ainsi qu’à imposer une quarantaine obligatoire à l’arrivée ! Face au chaos, Agnès Buzyn alerte en pleine nuit ses camarades du gouvernement : « Il n’y a visiblement aucune coordination européenne… L’OMS est en dessous de tout et ne prend aucune décision. On va être attaqués dans la presse. Il faut caler un point très vite. »

      Le président de la République est également averti de la situation par ses ministres.Le dernier jour de janvier, entre une avalanche d’informations et de réunions, la ministre s’envole pour le sud de la France où elle inspecte le site de Carry-le-Rouet et accueille les rapatriés de Wuhan. Une parenthèse malgré la présence sur place de Didier Raoult, qui inquiète particulièrement les services du ministère de la Santé.

      Acte 3 : la drôle de guerre

      En février 2020, Agnès Buzyn évoque une épidémie qui pourrait faire 200 000 morts, ses collègues la jugent « hystérique ». L’Allemagne, elle, doute de l’OMS et de la Chine.

      La Chine est désormais une « Cocotte-Minute », selon un mail envoyé par Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS), à Agnès Buzyn. La ministre ne cesse de revoir ses funestes prévisions à la hausse. Mi-janvier, elle évoque une épidémie aux 100 000 morts. Le président de la République et Édouard Philippe sont mis au courant. Début février, en Conseil des ministres, Agnès Buzyn cite des chiffres encore plus accablants. Au gouvernement, ses homologues sont circonspects : « J’ai cru qu’elle était hystérique », confie une collègue.

      Nous sommes le 1er février 2020. L’épidémie dépasse désormais le Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) et le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en cumul des malades, note Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé (DGS). Pourtant, depuis une semaine, la ministre, Agnès Buzyn, s’éreinte en vain à mobiliser ses homologues européens. Elle a appelé la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides. D’abord réticente, celle-ci a finalement publiquement conseillé de réunir un conseil extraordinaire des ministres. Mais la présidence croate, qui doit s’en charger, traîne des pieds. Les Allemands freinent des quatre fers. « Nous craignons de provoquer une réaction un peu paniquée », écrit un conseiller de Jens Spahn, le ministre de la Santé allemand, au cabinet de Buzyn.

      Finalement, Berlin consulte Washington, qui doit appliquer en fin de journée des mesures drastiques… et accède petit à petit aux demandes françaises. Le 3 février, les ministres du G7 s’entretiennent lors d’une réunion téléphonique. Au compte rendu écrit de l’entretien figure cette mention, tout sauf anodine : « Des réserves ont été émises, notamment par le ministre allemand, sur la transparence des autorités chinoises et sur l’action de l’OMS. » Il faudra pourtant attendre le 13 février pour que les ministres de la Santé européens se rassemblent à Bruxelles. Sans prendre aucune commande groupée de masques, ni de politique frontalière commune.

      L’inquiétant cas Wuhan

      Jérôme Salomon a transmis dès le premier jour du mois à Agnès Buzyn les confidences alarmantes des correspondants du ministère en Chine, dont celles de la conseillère aux affaires sociales (CAS) de l’ambassade de Pékin. « Densité des malades très forte dans les hôpitaux, les cas non urgents sont reportés. Incitation des malades hospitalisés et non infectés à quitter l’hôpital, peut-on lire. Contagiosité très forte […]. À noter : beaucoup de soignants ont été infectés avant l’alerte […]. 80 % des fièvres testées sont positives au corona, tout se passe comme si le coronavirus avait pris le lead sur les autres virus de la saison. »

      Des lits à disposition à Wuhan, très peu « sont adaptés à la prise en charge de patients infectés (équipements de protection…) ». Enfin, « l’isolement à domicile pose un problème de surveillance. Depuis hier, du fait de la poursuite de la diffusion de l’épidémie, la décision des autorités chinoises est d’hospitaliser tout patient malade, avec réquisition des 25 hôpitaux de niveau 2 (environ 20 000 lits) sans compter la construction de 2 ou 3 hôpitaux ». Buzyn enchaîne : « Transmets aux épidémiologistes pour modélisation sur notre système de santé. » Le DGS lui fait suivre aussi une étude de la revue Nature qui évoque un taux de mortalité de presque 5 % à Wuhan. Ailleurs en Chine, la mortalité est bien moindre.

      La ministre de la Santé s’interroge : « Je ne comprends pas la différence de mortalité entre les régions… – Les Chinois impliquent directement le manque de moyens et de réactivité à Wuhan et dans la province du Hubei et citent une mortalité beaucoup plus faible ailleurs, où il n’y a ni encombrement ni panique et sans doute de plus gros moyens, lui répond Jérôme Salomon. – J’ai bien lu, mais cela veut dire que les cas hospitalisés qui sont morts nécessitaient des soins intensifs et au minimum de l’oxygène… »

      « Nous ne sommes pas face à un virus extrêmement dangereux »

      Des débats passionnés entre deux sommités médicales. Subrepticement, un fossé difficile à combler s’est creusé entre la tête du ministère de la Santé et l’opinion française. À l’écran, en chœur, les experts hexagonaux qui passent à la télévision minorent, presque tous « rassuristes ». Ignorent-ils les rapports de terrain connus des politiques ? Les descriptions terrifiantes de la presse chinoise et des médias étrangers sur place ? « Nous ne sommes pas face à un virus extrêmement dangereux », plaidait dès la fin janvier Bruno Lina, virologue lyonnais, l’un des spécialistes consultés pour la note confidentielle de Santé publique France (SPF), qui prévoit déjà au même moment une pandémie à impact « significatif ». « Il faut être vigilant mais ne pas non plus être inquiet. On peut résumer cette maladie en disant que c’est une grosse grippe », explique quant à lui le 31 janvier sur la chaîne youtube de l’AP-HP le respecté professeur Éric Caumes, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à la Pitié-Salpêtrière.

      La pandémie de Covid m’a finalement donné raison sur tout. Toutes les décisions doivent être prises avant que la pandémie soit sur le sol national.Roselyne Bachelot

      Beaucoup justifieront ces prises de position par ce qu’ils baptisent le « syndrome Bachelot » : en 2009, pour en avoir trop fait contre la bénigne grippe H1N1 – 700 millions d’argent public avaient été dépensés –, l’ex-ministre de la Santé avait été raillée, puis visée par des enquêtes parlementaires et judiciaires, tombées à l’eau. « Injustice ! » s’écrie encore aujourd’hui Roselyne Bachelot, contactée par Le Point, furieuse qu’on la ramène encore et toujours à ce sujet. Mais elle déteste plus que tout servir d’excuse aux erreurs de 2020, tenue responsable d’une épidémie qu’elle n’a pas gérée. « La pandémie de Covid m’a finalement donné raison sur tout : les masques, les vaccins, la gestion de crise, réplique-t-elle à ses éternels critiques. Dans une pandémie, il faut prendre des décisions en avance de phase, sans savoir ce qu’il va se passer. Toutes les décisions doivent être prises avant que la pandémie soit sur le sol national. Oui, les virus sont facétieux. Mais il n’y a pas de risque à surestimer. Il y a un risque à sous-estimer. C’est très curieux qu’on ne fasse pas les mêmes remarques sur les préparations de défenses militaires. »

      200 000 morts ? « J’ai cru que Buzyn était hystérique… »

      Mercredi 5 février, nouveau Conseil des ministres. Retraites encore et toujours, en long et en large. Le Covid reste un sujet secondaire. On se félicite au sujet des rapatriements. Une collègue d’Agnès Buzyn se souvient que la ministre de la Santé avait noté, dans un de ses points, que la France risquait d’avoir « 200 000 morts » – un calcul à la louche, vertigineux, mais que personne n’avait alors pris au sérieux. « J’ai cru qu’elle était hystérique », en rit aujourd’hui cette membre du gouvernement Philippe, reconnaissant volontiers s’être trompée. Le 6 février, Jérôme Salomon en remet une couche, dans un mail : « La Chine est désormais une “Cocotte-Minute” et les experts prient pour que le couvercle tienne, nous sommes dans une période cruciale selon Tedros [Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, NDLR], “dernière fenêtre de tir avant une pandémie !” »

      Le directeur général de la Santé s’impatiente. Il enchaîne les réunions interministérielles où personne ne bouge. Après consultation, on se rend compte que les doctrines sur les masques « ne sont pas rigoureusement établies », euphémisent encore aujourd’hui les hauts fonctionnaires, qui découvrent alors le problème. Comme la presse s’en fera amplement l’écho dans les mois qui suivront, l’État a abandonné en 2013 l’exigence d’un stock d’État de masques FFP2. L’approvisionnement reposerait depuis sur les « employeurs », terme vague regroupant hôpitaux, Ehpad, etc. Les libéraux devraient prévoir eux-mêmes de provisionner leurs besoins individuels en prévision des crises. Mais ceci étant notifié dans d’obscures circulaires rarement lues, presque tous s’attendaient à ce que l’État y pourvoit en cas de catastrophe.

      En conséquence, il faut « reconstruire la doctrine », admet-on au cabinet de la ministre en ce début de mois de février. Salomon réclame un arbitrage immédiat au sujet des masques afin d’anticiper « la possibilité d’une épidémie sur notre territoire », un « enjeu majeur », précise le DGS. Son plaidoyer forme une note confidentielle du 6 février à destination du cabinet d’Agnès Buzyn, résumée dans les rapports du Sénat. Le Point a pu la retrouver en intégralité : « Les ARS [les agences régionales de santé, NDLR] nous remontent d’ores et déjà des difficultés d’approvisionnement en masques FFP2. Par ailleurs, nous ne disposons pas de stock d’État pour ce type de matériel, s’inquiète-t-il. […] Trois régions, Grand Est, Guadeloupe et Martinique, signalent des stocks de masques FFP2 fortement tendus inférieurs à quinze jours […]. » Les soignants libéraux, eux, sont nus comme des vers : « Dans le secteur ambulatoire, une majorité de professionnels ne disposent pas d’un stock minimum de masques FFP2. »


      6 février 2020. Note du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, sur « la mise en place d’un stock d’État de masques FFP2 ».© §

      Le DGS presse donc de réarmer. Il faut ouvrir de toute urgence des nouvelles lignes de production sur le territoire national et reconstituer un « stock stratégique d’État et la distribution aux structures de santé d’un stock d’amorce ». « Afin d’initier un stock d’État, SPF procède en urgence à une première acquisition d’un million d’unités », annonce Jérôme Salomon. La comparaison avec 2009, où 93 millions de FFP2 avaient été ponctionnés d’un stock de près de 500 millions, l’oblige à reconnaître que la commande d’un million sera « insuffisante en cas d’épidémie sur le territoire ». D’où la proposition supplémentaire du DGS : commander d’ores et déjà 28,5 millions de FFP2 en plus. De quoi distribuer des kits de 20 masques aux médecins, infirmiers et pharmaciens libéraux.

      Le cluster des Contamines ou l’illusion d’un virus sous contrôle

      Un exercice grandeur nature donne immédiatement l’occasion de roder les défenses du pays. Le 7 février, un cluster est découvert aux Contamines-Montjoie,station alpine où des touristes anglais – dont un revient de Singapour – ont introduit le virus. Une fabuleuse traque débute. Les écoles sont fermées, les sujets infectés sont hospitalisés et isolés, les cas contacts, identifiés jusque dans les bus et les sorties scolaires. À 14 h 30 ce jour-là, 96 personnes ont déjà été vues par les ARS et en grande partie testées. De nombreux professionnels sont mobilisés et le cluster est apparemment contenu en deux jours. Un véritable exploit ! « Et en même temps, une illusion totale, confie un acteur de l’affaire. Avec les Contamines, on a cru que peut-être on arriverait à contrôler l’épidémie. »

      Mais c’était supposer que tous les cas étaient détectés. Les enquêtes rétrospectives révéleront qu’à la même période, plusieurs autres foyers éclataient, dont l’un autour d’une base militaire dans l’Oise – peut-être lié aux personnels qui ont accompagné les rapatriés de Wuhan. Et déjà, le ministère constate que cette chasse au Covid a épuisé ses ressources : il a fallu entamer le stock stratégique « pour quelques dizaines de personnes contacts », reconnaîtra par mail Jérôme Salomon. Agnès Buzyn écrit dans un document retrouvé au cours de la perquisition : « Ce que nous avons fait pour les rapatriés avait pour but de rassurer et de ralentir l’entrée du virus sur le territoire, mais cela ne peut l’empêcher à terme. Il va falloir que les gens restent chez eux volontairement s’il y a plus de cas. »

      Surtout, ne pas être « anxiogène »

      Le 11 février, l’optimisme du gouvernement français est douché par les bruits de couloir de l’OMS. « Tedros dit désormais être inquiet de la diffusion hors de Chine, de l’existence de clusters et surtout de la possibilité d’une diffusion non repérée ! répercute Jérôme Salomon, très prudent. Il me paraît très important de continuer à investiguer en profondeur tous les foyers en cours […]. J’espère me tromper… » Réaction de Grégory Emery, conseiller crise sanitaire d’Agnès Buzyn : « Il faut commencer à “prémédiquer” médias et professionnels sur le worst cas [pire, NDLR] e scénario pour garder l’avance qu’on a en France dans la gestion de cette crise à venir. On devra construire la mobilisation des pros la semaine prochaine avec cette trajectoire en gardant optimisme et esprit de solidarité (il va en falloir). » Derrière les anglicismes et le jargon, le conseiller trahit le « double discours » dénoncé par la Cour de justice de la République : l’optimisme rassurant de façade, cachant les préparatifs pour ce « scénario du pire ». Une consigne revient dans plusieurs mails depuis le 20 janvier : ne pas être « anxiogène ».

      12 février 2020. Note sur l’anticipation des six stades possibles de l’épidémie.© §

      Parallèlement, le ton se durcit dans les « synthèses DGS », le mail matinal de Salomon. Des documents qui ne fuitent jamais dans la presse, siglés « confidentiel / à ne pas divulguer ». Le 10 février, dans le chapitre « anticipation » du document, Jérôme Salomon explique que la France en est au stade 3 de la crise et cherche à « anticiper et atténuer les effets de la vague épidémique ou pandémique ». Le lendemain, il fait apparaître pour la première fois trois nouveaux stades de l’épidémie. Stade 4 : « Nombreux cas secondaires, et clusters, transmissions soutenues. » Stade 5 : « Transmission très soutenue et multiples chaînes inexpliquées, impact sur l’offre de soins en ambulatoire. » Stade 6 : « Épidémie massive avec impact fort sur le système de santé. » Remaniée, l’échelle se limitera finalement à un « stade 2 » équivalent au précédent stade 3, quand elle sera présentée au public à la fin du mois. Avant de passer enfin au stade 3 le 14 mars. Donnant comme une impression de surplace.

      « Pour le scénario le plus optimiste, le Sras, la fenêtre s’est déjà fermée »

      Au fil du mois, le diagnostic des scientifiques s’assombrit. La ministre a exigé une mise à jour hebdomadaire des scénarios. « Une note de SPF ne qualifiait plus le scénario du pire comme improbable », rapporte un de ses rares destinataires. Mais les oracles hésitent encore. On manque de données pour confirmer la sévérité de l’infection. La mortalité élevée en Chine pourrait s’expliquer par les faiblesses de son système médical. Mi-février, bien avant l’Italie, force est de constater que des formes graves de la maladie surviennent également dans des pays où le système de santé est supposé plus efficace, comme à Hongkong, Singapour ou au Japon. « 72 % des cas sévères sont âgés de 15 à 64 ans », « sur 121 décès : environ 50 % sont âgés de moins de 70 ans », note aussi Jérôme Salomon dans un point à Agnès Buzyn le 13 février.

      « Santé publique France opte finalement plutôt pour un scénario « grippe-like » [type grippe, NDLR] à impact potentiellement significatif, notamment sur les adultes. »Mais quelle grippe ? Celle de Hongkong de 1969 (1 million de morts) ou la grippe espagnole de 1918 (50 millions) ? Début février, à Genève, l’épidémiologiste Antoine Flahault dresse lui aussi en conférence trois scénarios semblables à ceux de SPF. « Pour le scénario le plus optimiste, le Sras [le syndrome respiratoire aigu sévère de 2003, NDLR], la fenêtre s’est déjà fermée », confirme-t-il. Pour lui comme pour Arnaud Fontanet et Jean-Claude Manuguerra, de l’Institut Pasteur, l’inquiétude monte fin janvier, quand la transmission du virus via des patients asymptomatiques est démontrée par des articles scientifiques. Dès cette période, l’épidémiologiste Neil Ferguson annonce quant à lui à Londres que le pire est possible : une pandémie digne de 1918. Mais c’est un habitué des prédictions apocalyptiques qui font pschitt, comme pour ​​l’encéphalopathie spongiforme bovine ou la grippe aviaire dans les années 2000. Et lui-même reconnaît en être encore à consolider ses modélisations, attendant des chiffres détaillés sur les formes graves.

      Acte 4 : la vague que la France n’a pas voulu voir

      Le 13 février 2020, le ministère de la Santé s’inquiète du « tri médical. » En clair : le gouvernement redoute déjà une submersion des hôpitaux.

      Les mauvaises nouvelles s’enchaînent. Impossible de commander des masques en nombre suffisant. Les industriels français jouent avec la concurrence mondiale, la matière première est fabriquée… à Wuhan. Le 13 février, Agnès Buzyn réclame, dans des échanges secrets, une saisine officielle du Comité consultatif national d’éthique sur les enjeux du « tri médical ». On envisage donc déjà, à cette époque, une submersion des hôpitaux. Alors que l’Italie fait face à une vague extrêmement violente et a décidé de confiner des régions entières, la France refuse toujours de porter un coup à la vie sociale et économique du pays.

      À Pékin, l’ambassade de France rejette désormais ouvertement les demandes chinoises de masques, de blouses et d’autres équipements de protection individuels. À Paris, les commandes, validées le 6 février 2020, ne sont toujours pas prises. Claire Landais, patronne du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), renvoie le ministère à ses responsabilités. Jérôme Salomon explose, dans un long mail du 12 février à « Madame la Secrétaire générale, chère Claire », en surlignant plusieurs passages en gras. Il dénonce sans prendre de gants : « – Les industriels français jouent avec cette concurrence mondiale [en gras dans le mail, NDLR] et ne semblent pas prêts à sacrifier leur intérêt pour privilégier les intérêts français. – La diversité des acteurs publics français ne place pas le MSS en position de force […]. »

      Autrement dit, la France se lance dans la bataille en ordre totalement dispersé. Et le ministère de la Santé et SPF ne sont pas armés pour gérer une telle commande. Même à la Santé, on finit par plaider à ce stade le déclenchement d’une cellule interministérielle de crise classique, sous l’égide de l’Intérieur et du Premier ministre. « Il me paraît indispensable qu’il y ait une stratégie interministérielle en urgence », conclut cet appel à l’aide. La demande tombera encore dans l’oreille d’une sourde. Le 14 février, c’est la catastrophe : « Santé publique France ne pourra recevoir que d’ici fin avril 7 millions de masques FFP2 sur un stock amorce demandé de 28,5 millions », lit-on dans une note interne. En clair : « Il y a donc une phase critique pour laquelle nous ne disposons pas de stock dédié. »


      12 février 2020. Vif courrier de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, à Claire Landais, secrétaire générale de la Défense et de la Sécurité nationale.©

      Le 13 février, sous la pression internationale, les Chinois admettent soudainement 15 000 cas et 250 morts, passés sous le tapis jusque-là. La vraie vague apparaît à l’horizon. Par mail, le jeune grognard Grégory Emery, conseiller de crise de la ministre de la Santé française, réclame une « organisation un peu militaire ». En marge d’un Conseil des ministres, Agnès Buzyn prophétise une « crise d’ampleur et très longue » et réclame des renforts. « Ça ne va pas être tenable longtemps », ose-t-elle. La ministre liste au DGS les urgences : un état des stocks des respirateurs, bouteilles d’oxygène, saturomètres, et une « doctrine claire sur les masques chirurgicaux et FFP2 ». Enfin, elle ordonne une « saisine officielle du Comité consultatif national d’éthique [CCNE] sur les enjeux éthiques du tri médical en situation de pandémie sur le territoire national ». Une telle demande revient à envisager concrètement la submersion des hôpitaux et pose de graves questions de responsabilité pénale de l’État et des soignants. Elle est aujourd’hui au cœur des débats judiciaires des multiples instructions en cours.

      Vendredi 14 février, Buzyn est sur sa lancée quand elle répond à Ali Baddou lors de la Matinale de France Inter : la municipale de Paris ne l’intéresse toujours pas ; le coronavirus s’est ajouté à la pile déjà très chargée de la Santé ; en somme, un capitaine ne quitte pas son navire au seuil de la tempête. Mais elle est prise de court : une « vidéo à caractère sexuel », lui apprend Baddou, a fait à l’aube le tour du Web, dévoilant l’anatomie du général LREM dans la capitale, Benjamin Griveaux. Brisé, il jette l’éponge. En cette Saint-Valentin maudite, les mauvaises nouvelles sur l’épidémie continuent de pleuvoir, un Chinois, patient à Bichat, agonise – ce sera le premier décès de toute l’Europe –, Xi Jinping purge Wuhan… Le ban et l’arrière-ban de la macronie appellent Agnès Buzyn toute la journée et une bonne partie de la soirée pour la convaincre : elle doit reprendre le drapeau jeté au sol par Griveaux. Jusqu’au président de la République en personne, qui refuse qu’elle se présente en restant en poste – contrairement à d’autres. Dimanche, elle cède. Ses collaborateurs, convaincus de sa compétence à la Santé, sont dépités. « Je ne lui ai pas parlé durant trois mois », peste encore l’un d’eux, qui suspecte qu’on l’ait débranchée sciemment, en faisant d’une pierre deux coups : sortir une ministre en décalage, trop alarmiste, tout en soufflant un « vent frais » sur une campagne parisienne mal engagée. « Il fallait raconter une autre histoire », se désole un haut fonctionnaire.

      Sous le choc

      Le changement de joueur intervient au pire moment. Durant dix jours, le successeur de Buzyn, Olivier Véran, jeune neurologue devenu député macroniste, se met au diapason. L’actualité lui offre un répit, illusoire. Entre le cluster des Contamines-Montjoie et le 25 février, la France ne recense aucun nouveau cas. Mais le 21, l’Italie bascule, détectant des patients par centaines en quelques jours.

      L’Hexagone suit cinq jours plus tard. Le 26, un professeur de 60 ans originaire de l’Oise, décède brusquement à la Pitié-Salpêtrière – le premier mort français. D’autres sont hospitalisés, dont un militaire de la base de Creil. Même ceux qui attendent la vague depuis des semaines sont sous le choc. Des cas dispersés, impossibles à tracer entre eux ou avec Wuhan, sont le signe que le virus est hors de contrôle sur le territoire. Mais, surtout, une telle mort ne peut se produire que de deux à trois semaines après la contamination, faisant remonter le foyer de l’Oise au début du mois. La direction générale de la santé (DGS), dans des documents internes, s’accorde désormais sur un scénario qui, en termes de létalité, sera forcément plus grave que la grippe. « La bascule s’opère entre le 21 et le 22 février, où l’on passe d’un impact modéré de l’épidémie sur la société à un impact fort », raconte une source. Il ne fait plus guère de doute que l’épidémie fera au moins 100 000 morts. Geneviève Chêne, patronne de Santé publique France (SPF), explique quant à elle, en conclusion d’une note confidentielle, qu’en « cas de circulation communautaire » du virus l’épidémie en France pourrait être « importante ».

      Entretemps, le nouveau locataire de l’Avenue Duquesne finit par lancer la saisine du CCNE. Le 24 février, Olivier Véran reformule sa requête officielle, demandant un avis sur « les enjeux éthiques liés à la prise en charge des patients atteints de Covid-19 et aux mesures de santé publique contraignantes ». Employé par Agnès Buzyn le 13 février, le terme de « tri » a disparu. La réponse du CCNE le 13 mars le réintroduit, mettant en garde contre la « nécessité d’un tri des patients » en cas de saturation des hôpitaux. Mais il faudra attendre novembre 2020 pour que la question du tri médical soit à nouveau évoquée. La France va pourtant être au pied du mur dès mars. La situation est très inquiétante à Creil et à Compiègne, où de nombreux soignants, infectés, doivent être mis à l’isolement. Le même chaos s’abat en quelques jours sur le Haut-Rhin. En enquêtant, l’ARS découvre qu’un immense rassemblement évangélique s’est tenu à Mulhouse, du 17 au 21 février, la Porte ouverte chrétienne. Venus de tout le pays et d’États voisins, 2 500 fidèles sont repartis dans la nature avant qu’on identifie les premiers cas. Ces « couillons d’évangéliques », s’emporte encore un responsable sanitaire, auraient rendu la vague française inarrêtable en dispersant les foyers aux quatre coins de la France. Pour limiter la casse, le 29 février, les rassemblements de plus de 5 000 personnes sont interdits dans l’Hexagone. Les musées, les parcs d’attraction restent ouverts. Olivier Véran doit recommander des « gestes barrière » : éviter les contacts physiques, et arrêter les poignées de main, pourtant essentielles aux hommes et aux femmes politiques en pleine bataille municipale. Les points de situation de Jérôme Salomon deviennent quotidiens.

      Les autres ministères régaliens paraissent surpris. Bruno Le Maire exige soudain des notes de l’ambassade à Pékin sur l’impact économique. Au Travail, on craint de voir balayée la baisse du chômage à peine amorcée. Comme l’avait pressenti le SGDSN, les demandes de droit de retrait se multiplient. À commencer par les employés du musée du Louvre, dimanche 1er mars. « Ce n’est pas justifié », il n’y a pas de « danger grave et imminent », s’emporte à l’époque une source à Bercy. Au même moment, à Londres, à l’Imperial College, le 1er mars, Neil Ferguson réunit les plus grandes sommités britanniques pour décortiquer les données sur les hospitalisations et les cas graves. Conclusion : non, la submersion constatée à Wuhan n’est pas propre à la Chine ; elle va se produire en Italie ; et devrait se reproduire ailleurs. Combinée à la propagation fulgurante du Covid-19, l’hécatombe risque de prendre des proportions terrifiantes. Si les premiers jours on ne dénombre qu’une poignée de cas et de morts, avec un doublement de l’épidémie tous les trois ou quatre jours, on peut atteindre le millier de morts quotidien en moins d’un mois – ce sera chose faite le 1er avril ! À Londres et à Paris, les experts turbinent ces nouvelles données dans leurs modèles de simulation nationaux.

      La boîte de Pandore

      « Début mars se cristallisent trois types d’informations, résume un lieutenant de Véran qui reçoit ces données. Les cas se multiplient partout. Des simulations tombent, venant de très grandes institutions, comme l’école de Londres. Et on voit qu’en Italie quelque chose ne va pas. » Le 4 mars, dans le huis clos d’un Conseil des ministres, Emmanuel Macron est très en colère, selon des participants : « On n’est pas dans une situation dans laquelle on va devoir arrêter le pays. Il faut raison garder, 80 % des personnes infectées ne tombent pas malades. Toutes les décisions doivent être étayées rationnellement par des raisonnements scientifiques. Je ne veux pas tout bloquer. Il y a un principe de proportionnalité. » Le même jour, il écarte sèchement l’idée d’un report des municipales – le sénateur de l’Oise LR Jérôme Bascher a ouvert la boîte de Pandore en posant la question au secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez. Le chef de l’État est tellement énervé qu’il envoie promener Marlène Schiappa, qui fait un long exposé sur son bilan à la veille de la Journée de la femme. « C’était sa vie, son œuvre, elle nous a gavés ! » raconte un ministre. Le soir, un dîner politique est organisé discrètement à l’Élysée. La table est dressée dans le jardin d’hiver du palais. Les invités (dont Édouard Philippe, Richard Ferrand, François Bayrou ou encore Patrick Mignola) sont un peu saumâtres quand ils découvrent le menu, frugal et un brin incongru en pleine crise : des huîtres. Macron entame : « Nous traversons quatre crises, une crise sanitaire, une crise économique, une crise financière et une crise migratoire. Comment voyez-vous les choses ? » Tous lui disent qu’il doit parler aux Français de façon solennelle à la télévision pour les rassurer, « sans les affoler ». Ce n’est pas à lui d’annoncer le nombre de contaminés et de morts ; lui doit être dans l’empathie, au milieu des Français, s’afficher dans des Ehpad, un hôpital, etc. Le dîner, fait rare, se finit tôt, vers 22 h 30. Des convives, affamés, en profitent pour aller grignoter un bout. Ce qui les tétanise à l’époque, c’est le risque d’une panique dans la population : ils sont encore traumatisés par les Gilets jaunes. Un ponte de la majorité : « Le virus commencera à se propager de façon immaîtrisée le jour où on cédera à la panique. » [ben oui, dès que tu as peur, ton immunité baisse, surtout sans vitamine D]

      Le 5 mars, toujours aucune inflexion chez les responsables politiques. À 9 h 30, réunion de communication au ministère des Relations avec le Parlement. Sont présents la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, Olivier Véran et une poignée de parlementaires importants de la majorité et de membres de cabinet ministériel. « On n’est plus dans la stratégie d’arrêter le virus  », commence Véran, qui tape ouvertement sur l’Italie, qui a mis en place des contrôles de température aux aéroports et confiné 11 villes du nord du pays, sans endiguer l’épidémie : « Je ne le dirai pas en “on”, donc je le dis en “off”, l’Italie a pris des mesures disproportionnées ! Elle n’a pas de stratégie de sortie et a arrêté tout échange de transports avec la Chine. » Il refuse que la France suive ses traces : « La France est dans la même situation que l’Allemagne et l’Espagne. » Le message est clair : on n’arrête pas la vie sociale et économique du pays. Avant de partir, le ministre de la Santé livre cependant une confidence : le coronavirus n’est pas seulement une maladie de vieux. « Dans le monde, on observe des morts qui ne sont pas toujours des personnes âgées ni des personnes fragiles. »

      source fascisante
      sorry pour les italiques manquantes mais j’ai du m’y reprendre à plusieurs fois (panne de fibre), perdant la mise en forme, là j’en ai marre

      #santé_publique #pandémie #in_restrospect

  • L’Algérie annonce la réouverture de sa frontière avec la Tunisie
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/07/06/l-algerie-annonce-la-reouverture-de-sa-frontiere-avec-la-tunisie_6133569_321

    L’Algérie annonce la réouverture de sa frontière avec la Tunisie
    La Tunisie est l’une des destinations privilégiées des Algériens. La crise du Covid-19 avait fortement ralenti le trafic routier, limité au transport de marchandises.
    L’Algérie, grande pourvoyeuse de touristes à la Tunisie, va rouvrir à la mi-juillet la frontière terrestre entre les deux pays, fermée depuis 2020 en raison du Covid-19, a annoncé le président algérien Abdelmadjid Tebboune mardi 5 juillet.« Nous avons pris une décision conjointe de rouvrir les frontières terrestres à compter du 15 juillet », a déclaré M. Tebboune à l’aéroport d’Alger aux côtés de son homologue tunisien Kaïs Saïed, qui s’apprêtait à quitter le pays après avoir assisté aux festivités marquant le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.Jusque-là, le trafic routier entre les deux pays se limitait au transport de marchandises.
    Grande pourvoyeuse de touristes
    Les deux pays avaient fermé leurs frontières terrestres en mars 2020 pour endiguer la propagation du coronavirus.Le secteur du tourisme en Tunisie a sérieusement pâti de cette fermeture, l’Algérie étant une grande pourvoyeuse de touristes au pays voisin particulièrement durant la saison estivale.Avant la pandémie du coronavirus, plus de 3 millions d’Algériens se rendaient chaque année en Tunisie, selon des médias locaux. Les liaisons aériennes et maritimes entre les deux pays avaient repris en juin 2021.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#tunisie#pandemie#sante#frontiere#circulation#tourisme

  • Les vacances d’été, parenthèse entre le Covid-19 et la crise économique
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/02/les-vacances-d-ete-parenthese-entre-le-covid-19-et-la-crise-economique_61330

    Les vacances d’été, parenthèse entre le Covid-19 et la crise économique
    Malgré des prix très élevés, poussés par l’inflation, le retour des touristes étrangers et la loi de l’offre et de la demande, les Français semblent déterminés à partir en vacances, quitte à partir moins loin.
    Par Clément Guillou
    Publié hier à 03h00, mis à jour hier à 07h10
    En 2022, les Français font de la brasse coulée. Entre la guerre en Ukraine, deux élections et une septième vague de Covid-19, ils semblent déterminés à prendre une respiration cet été, avec un taux de départ en vacances au plus haut, malgré des prix brûlants comme un soleil de juillet. C’est comme s’il fallait solder deux ans de pandémie, alors qu’elle revient, reprendre son souffle après plusieurs mois d’inflation et d’incertitude politique, quand elles ne font que commencer.La route des vacances a rarement été aussi encombrée et semée d’embûches. Car cet appétit se heurte à diverses cures d’amaigrissement : celle des effectifs, dans tous les services liés au tourisme ; celle des destinations, puisque l’Asie reste difficile d’accès, deux ans et demi après le début de la pandémie ; celle du stock de voitures de location ou de trains.« On s’attendait à un choc négatif de la demande, mais on est passé au choc de l’offre, et violemment », analyse Christian Mantei, le président d’Atout France, l’organe de promotion touristique du pays. De sorte que, dans un secteur qui n’ignore plus rien du yield management – adaptation des prix à l’offre restante et à l’imminence du séjour –, l’inflation s’annonce souvent excessive. Tour d’horizon des dynamiques à l’œuvre à la veille des grands départs.Depuis un an, les professionnels du tourisme profitent du revenge travel (« revanche du voyage ») consécutif aux confinements à répétition. Les Français peuvent aussi puiser dans l’épargne accumulée depuis 2020, dont la Banque de France soulignait, le 28 juin, qu’elle se maintient à un niveau très élevé.Il y a enfin, derrière les avions remplis, des avoirs émis durant ces dix-huit mois, où le voyage international a subi de nombreuses pauses. Beaucoup craignent que ces circonstances ne durent pas et que le loisir redevienne, comme il l’a toujours été, une variable d’ajustement des budgets des foyers. D’où la nécessité pour eux de capitaliser sur cet été où la demande est supérieure à l’offre.Sur tous les postes de la dépense touristique, la hausse dépasse nettement l’inflation du secteur des services, évaluée à 3,2 %, en juin, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Il y a le carburant des voitures, moyen privilégié de déplacement pour les vacances de quatre Français sur cinq.Mais aussi le train, où la SNCF a été prise de court par le niveau exceptionnel de la demande dès la mise en vente de ses billets estivaux, de sorte qu’il n’est vite resté que des tickets à trois chiffres pour les TGV les week-ends. (...)A destination, même embarras. Sur la Côte d’Azur, les dernières voitures de location disponibles s’arrachent à 1 000 euros la semaine. Elles sont difficilement trouvables sur les îles. Les hébergeurs encaissent la flambée de l’énergie et des matières premières alimentaires, les hausses de salaires, du coût des travaux… et profitent de la baisse de l’offre consécutive à la pandémie, particulièrement dans certains pays du bassin méditerranéen. La faiblesse de l’euro pèse également sur les séjours long-courriers.

    Dans ce contexte, la débrouille n’est plus d’aucun secours pour ceux qui n’ont pas accès à une résidence secondaire familiale. Sur les plates-formes de location entre particuliers Airbnb et Abritel, les tarifs ont bondi de 14 % depuis 2019, près de 20 % en Italie et 30 % aux Etats-Unis, selon les données du site AirDNA. Cela ne freine pas les réservations, avec 13 millions de nuitées pour juillet-août réservées dans l’Hexagone (+ 11,7 %).
    (...)Habitués à dénicher des bonnes affaires de dernière minute, en raison de l’abondance d’offres de voyages, les Français qui ont choisi d’attendre en 2022 se retrouvent sans solution. Il fallait prendre position entre la vague Omicron et la guerre en Ukraine, avant le rebond d’avril, quand les professionnels avançaient dans le brouillard. Exception faite de la Turquie, abandonnée par sa clientèle russe, le bassin méditerranéen va déborder de touristes, particulièrement la Grèce.« Les paramètres de marché ont changé, mais les clients ne l’ont pas intégré », souligne Alain de Mendonça, PDG de Fram et de Promovacances, dont les séjours en Italie ou aux Baléares ont été épuisés deux semaines plus tôt qu’à l’ordinaire. « Des gens nous disent au téléphone : “C’est trop cher, je vais attendre.” On doit leur montrer des graphiques pour leur prouver que cela va continuer de monter. »Dans une étude OpinionWay pour Atout France et ADN Tourisme, publiée le 29 juin, une majorité de partants rapporte que le coût du carburant et l’inflation auront un impact sur leurs séjours. Ils s’adapteront en modérant les extras – restaurants ou activités – et en évitant la voiture sur place.
    Dans la droite ligne d’un printemps très chargé, les séjours prolongés cet été concerneront, selon divers sondages, environ six Français sur dix. Un taux habituel qui cache quelques évolutions de comportement. Les clubs et colonies de vacances de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) « voient arriver des publics qui allaient dans des établissements plus haut de gamme, et disparaître des clientèles qui avaient du mal à réserver des vacances », dit son directeur, Simon Thirot, décrivant « une fracture entre ceux qui rognent sur le reste à vivre pour financer les vacances, et ceux qui ont complètement renoncé ».Autre moyen d’économiser : la proximité. Le tourisme intrarégional se présente une nouvelle fois comme une tendance forte, de même que l’attrait pour la campagne, où les locations sont moins chères. Les Villages Vacances France (VVF), qui ciblent les classes moyennes, sont remplis à moins de deux heures des grandes agglomérations. L’Occitanie, moins chère que la Côte d’Azur, est à la mode. Partir en dehors de la très haute saison, les semaines du 2 et du 9 juillet, est une autre piste. Dans les campings, ces semaines moins chères sont de plus en plus demandées, rapporte la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, de même que les emplacements nus, plus économiques. Le mois de septembre, encore moins cher, est celui qui a le plus progressé par rapport à 2019.Un phénomène particulièrement visible dans le tourisme social, qui voit arriver des familles sorties de leurs radars. A date similaire, la Vacaf, le dispositif d’aides aux vacances des caisses d’allocation familiales, a réservé 12 % de séjours en plus qu’en 2021. Cette année s’est ajoutée une aide aux transports. Anne Zenou, sa directrice, perçoit « une levée des angoisses et un besoin de prendre du temps en famille et de recharger les batteries. Le resserrement des liens familiaux, lié au Covid-19, renforce l’importance du temps passé en vacances ».Des structures comme Vacances ouvertes, qui organisent ces séjours de tourisme social, constatent la même ruée, liée au retour d’une politique d’aide au départ par le gouvernement ou par certaines municipalités. « On n’a jamais autant parlé de vacances pour tous de manière aussi positive, estime son directeur, Marc Pili. Et on a tous eu, à un moment ou l’autre de cette pandémie, la crainte de ne plus jamais partir en famille. Si on avait eu les leviers humains et financiers, on aurait pu faire partir 40 000 personnes cet été, pas 25 000. »Les projets montés et cofinancés par les ménages s’élèvent à 3,3 millions d’euros ; Vacances ouvertes ne dispose, pour cet été, que de 1,9 million d’euros. « L’écart n’a jamais été aussi grand », observe M. Pili, qui essaye désormais de solliciter l’aide d’entreprises du tourisme. Un premier fonds de dotation créé par la région Auvergne-Rhône-Alpes, Essentiem, a vu le jour en 2021 et cofinancera, cet été, un millier de séjours. Une bouée de secours essentielle avant de replonger dans une nouvelle vague de Covid-19, doublée d’une période de stagflation.

    #Covid-19#migration#migrant#france#tourisme#economie#crise#circulation#frontiere#sante#pandemie#famille

  • Covid-19 : les vacanciers rapatriés n’ont pas droit à un remboursement
    https://www.lemonde.fr/argent/article/2022/07/02/covid-19-les-vacanciers-rapatries-n-ont-pas-droit-a-un-remboursement_6133040

    Covid-19 : les vacanciers rapatriés n’ont pas droit à un remboursement
    Les voyagistes ne sont pas tenus de rembourser les prestations non utilisées à un vacancier dont le séjour a été abrégé par l’apparition de la pandémie, celle-ci étant un « cas de force majeure », analyse la justice dans une première décision très attendue.
    Au début de la pandémie de Covid-19, certains Français se trouvaient en vacances à l’étranger. Leur agence de voyages, qui les a rapatriés en urgence, avant que les frontières ne ferment, devait-elle leur rembourser la part de séjour qui n’avait pas été utilisée ? Une première décision, très attendue, vient d’être rendue.Elle concerne M. et Mme X, partis faire une croisière en Egypte, du 14 au 21 mars 2020 (moyennant la somme de 1 861 euros), et rapatriés par le voyagiste FRAM le 18 mars. Au retour, Mme X réclame le remboursement des prestations terrestres non exécutées, soit 213 euros. FRAM lui fait un avoir valable un an, qu’elle refuse. Mme X mobilise la protection juridique de son assurance pour assigner le voyagiste. Son avocate réclame… plus de 600 euros, correspondant selon elle à l’« intégralité des prestations non exécutées », et incluant le vol retour – alors que celui-ci a bien eu lieu, à un prix sans doute très supérieur à celui que FRAM avait pu négocier pour le 21 mars. L’avocate invoque un article du code du tourisme selon lequel le voyageur qui a souscrit un contrat de voyage à forfait « a droit à une réduction de prix appropriée, pour toute période de non-conformité des services fournis » (L 211-17-I). Le terme « réduction de prix », qui se comprend par rapport au prix payé, désigne le remboursement des prestations non exécutées.Faute, sans doute, de contradiction – FRAM n’étant pas représenté au procès –, le tribunal de proximité d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) donne raison à Mme X. Il lui alloue, en plus… 1 500 euros de dommages et intérêts. Le voyagiste FRAM fait appel. Son avocate assure qu’il s’est acquitté de son « obligation de remédier à la non-conformité des services fournis », en accordant à sa cliente une « réduction de prix de 213 euros », sous la forme d’un avoir.
    La cour d’appel d’Aix-en-Provence, qui statue le 5 mai 2022, rappelle qu’aux termes du code du tourisme (article L211-16-I) le professionnel est certes responsable « de plein droit » de la mauvaise exécution des services prévus par le contrat, mais qu’il « peut s’exonérer de sa responsabilité », en apportant la preuve que le dommage est imputable « à des circonstances exceptionnelles ». Et que, dans ce cas, « le voyageur n’a droit à aucune indemnisation » (article L 211-17-III).Or, constate la cour, le rapatriement des X est « lié à la pandémie mondiale de Covid-19 ». Cette apparition s’analyse comme « une circonstance exceptionnelle » et « un cas de force majeure », qui « permet à FRAM de s’exonérer de sa responsabilité ». En conséquence, juge-t-elle, FRAM n’était pas tenu d’indemniser sa cliente, ni même de lui donner un avoir, qu’elle qualifie de « geste commercial ». Mme X ne s’étant pas pourvue en cassation, cet arrêt fera jurisprudence.Si la cour aixoise avait jugé que FRAM devait rembourser les prestations non exécutées, elle n’aurait sans doute pas admis qu’elle le fasse sous la forme d’un avoir, non convertible en argent. La Commission de Bruxelles a en effet tancé les compagnies aériennes qui s’étaient permis de le faire pour les vols qu’elles avaient annulés. Elle a insisté sur le fait que les voyageurs devaient être remboursés en monnaie sonnante et trébuchante, et non sous forme d’avoirs – sauf s’ils y consentaient.En juillet 2020, elle a lancé une procédure d’infraction contre la France, parce qu’elle avait, momentanément, autorisé les agences de voyages à différer leur remboursement, de vingt et un mois : l’ordonnance du 25 mars 2020, qui concernait les annulations survenues entre 1er mars 2020 et le 15 septembre 2020 inclus, dérogeait au principe du « remboursement intégral », prévu par la directive sur les voyages à forfait.Rafaële Rivais

    #Covid-19#migration#migrant#france#sante#tourisme#pandemie#circulationaerienne

  • Y a-t-il eu une hécatombe quelque part ? Décoder l’éco / Kairos
    https://www.youtube.com/watch?v=8Fn9gyr3Gkc

    6:00 Sources de données officielles Eurostat

    7:18 Arnaque H1N1 et évolution orwellienne de la définition de pandémie depuis 1999

    13:18 Mortalités brutes en France et en Belgique : aucun impact pour les moins de 65 ans

    16:18 De la nécessité de standardiser par âge les mortalités pour pouvoir les comparer

    21:37 Depuis 2020 l’OMS et Eurostat oublient la standardisation par âge de la mortalité

    22:28 OMS : calcul officiel de la mortalité standardisée

    23:19 Mortalités standardisées en France et en Belgique : aucune hécatombe en 2020-2021

    27:04 Comparaison des mortalités brutes et standardisées en Europe

    30:25 Une très forte corrélation entre les niveaux de pauvreté et de mortalité

    35:40 Conclusion

    #coronavirus #covid-19 #sars-cov-2 #pandémie #statistiques #information #économie #kairos

    • Y a-t-il eu un déferlement de malades ? Décoder l’éco / Kairos
      https://www.youtube.com/watch?v=wsaYFPZ1zDU

      Cette vidéo est le troisième épisode de la série réalisée avec le média Kairos.

      Dans le premier épisode, nous avons vu qu’il n’y a eu aucune hécatombe nulle part en Europe, ni en 2020, ni en 2021.

      Dans le deuxième épisode nous avons vu qu’il n’y a pas eu la saturation hospitalière annoncée.

      Dans ce troisième épisode nous verrons qu’il n’y a pas non plus eu un « déferlement » de malades.

      Il y a eu bien moins de malades comptabilisés que pendant les épisodes dit « grippaux » du passé.

      Nous reviendrions en détail sur le glissement de définition ou les « cas » ont été confondus avec les malades et nous reviendrons sur l’arnaque générale des fameux « tests » RT-PCR.

      #test #PCR

    • La bureaucratie sanitaire au centre de la fraude Décoder l’éco / Kairos

      https://www.youtube.com/watch?v=ceG8dd80JJU

      Cette vidéo est le quatrième épisode de la série réalisée avec le média Kairos.

      Dans le premier épisode, nous avons vu qu’il n’y a eu aucune hécatombe nulle part en Europe, ni en 2020, ni en 2021.

      Dans le deuxième épisode nous avons vu qu’il n’y a pas eu la saturation hospitalière annoncée.

      Dans le troisième épisode nous avons vu qu’il n’y a pas non plus eu un « déferlement » de malades.

      Il y a eu bien moins de malades comptabilisés que pendant les épisodes dit « grippaux » du passé.

      Nous vivons une épidémie de « cas » entretenue par les fameux « tests » qui n’ont pas de rapport avec la moindre maladie.

      Dans ce quatrième épisode nous découvrons le moteur même de la fraude : l’utilisation de codes spécifiques par les hôpitaux de façon à produire les « bonnes » statistiques.

      #OMS #ARS

  • Y-a-t-il des morts acceptables ? ou comment finir une pandémie
    https://freakonometrics.hypotheses.org/63595

    Zylberman (2021) notait « cette pandémie a commencé avec le premier cas, mais elle ne se terminera pas avec le dernier cas (…) on ne peut pas dater la fin d’une pandémie et le début d’une endémie ». Pourtant, mi-avril, le président français a glissé dans une entrevue (Garnier (2022)) que « la société [est] en sortie de COVID » laissant entendre que la pandémie de SARS-CoV-2 était terminée. À la même époque, le virus tuait encore plus d’une centaine de personnes par jour, selon les statistiques officielles. S’il est légitime de s’interroger sur ce qu’est précisément un « mort de la COVID », il peut sembler étonnant que 100 morts par jour (pendant plus de 3 mois consécutifs) aient suscité autant d’indifférence, et qu’un tel niveau soit interprété comme la fin de la pandémie (....) Est-ce si difficile d’anticiper les risques, et de faire des dépenses préventives qui permettront de sauver des milliers de vies demain ? Plus de deux ans et demi après les premiers cas d’une pandémie qui restera dans l’histoire, on reste surtout avec ce goût amer que rien n’a été appris, rien n’a été compris, et que le désir de tourner la page en faisant comme si rien ne s’était passé l’aura finalement emporté.

  • Décidément soit on manque d’info soit nos dirigeants sont dans le plus profond cynisme...à un point que je n’arrive pas à accepter (parce que bon c’est la seule explication que je vois...)

    Donc Omicron, on laisse faire comme jaja
    des contaminations en veux tu en voilà, des morts qui stagnent pendant des mois mais tout le monde pense que c’est fini...

    ...et là BA4 BA5 arrive...et il faut vite faire la deuxième dose des plus âgés, grosse communication sur la reprise de l’épidémie, sur l’incertitude des variants...

    A part le fait que le gouvernement soit en difficulté actuellement et qu’il a besoin de montrer un semblant de compétence et de leadership, je ne vois aucune logique dans tout cela

    • Ce matin au supermarché, plus tôt plus de gens que d’habitude avec un masque. On le voit à chaque « vague » : une partie des gens adaptent leur comportement d’eux-mêmes même quand le gouvernement dit qu’il ne faut rien faire.

      Par contre, toujours cette information défaillante : les gens qui portent le masque, ce sont tous des chirurgicaux et des masques en vieux slip, et la moitié le portent sous le nez. Et ça ce sont les bien les gens qui le portent volointairement.

    • Pour revenir au « leadership » : on est passés ouvertement en mode Grand Barrington. Le pli eugéniste est assumé ouvertement depuis la dernière vague, je ne vois pas comment il en irait autrement.

      Il n’y aura plus de mesures de contrôle, sauf si les chiffres deviennent monstrueux. Tant qu’on tient avec un nombre de morts qu’on s’en fout, on a suffisamment répété aux gens que de toute façon maintenant c’est endémique, maintenant c’est mild, les faibles c’est de leur faute, ils n’ont qu’à se protéger tous seuls au lieu de traumatiser nos enfants, et de toute façon les enfants ne risquent rien, etc. De toute façon on a du encore plus contagieux que le précédent Omicron, dont le précédent ministre de la santé avait ouvertement expliqué qu’aucune mesure de protection ne pouvait être efficace pour le ralentir…

      Et en plus tout le monde a choppé Omicron, dont on a clairement expliqué que c’était une bonne chose (une bonne nouvelle, en fait) parce que comme ça on avait l’immunité hybride. Donc tout le monde pense être protégé, et ce n’est pas ce même gouvernement qui va t’expliquer qu’en fait pas du tout, son grand plan génial de contaminer tout le monde avec Omicron c’était une erreur tragique.

      Mon dernier rappel a plus de six mois, mais je ne suis pas « éligible » (merci l’infantilisme – je croyais naïvement que ces histoires d’éligibilité c’était pour prioriser la vaccination des vieux quand on manquait de doses, mais évidemment dans notre absurdistan autoritaire on considère que « pas éligible » ça vaut dire qu’on n’a pas l’autorisation de faire son rappel des six mois).

    • mmm c’est vrai qu’une grosse partie de leur électorat est sacrément pour le laisser faire...et laisse tomber la contradiction avec ce qu’ils ont fait pour Omicron...
      Pourtant je trouve que la communication démarrant est proche de celle préparant les esprits à tout un tas de mesures à prendre par notre cher gouvernement omnipotent

      En banlieue les masques c’est vu comme un truc bizarre maintenant...et laisse tomber le pure mask..un mome à l’école a presque eu peur de moi et dans un musée (presque vide pourtant) j’ai cru qu’une personne allait appeler la sécurité...

    • Même le retour du masque obligatoire, j’y crois moyennement : on a désormais officialisé le principe que seules les « personnes fragiles » devaient porter un masque, et que c’était désormais comme ça qu’on luttait contre une pandémie.

    • Dans une réunion à la mairie – une douzaine de personnes – quelqu’un annonce que dans la commune où il travaille, située à une trentaine de kilomètres, la moitié du conseil municipal et la totalité de l’équipe municipale, maire plus adjoints est malade – et bien secouée … –, avec une personne immunodéprimée, nous sommes les deux seuls à porter un masque.

    • Hier, j’ai fait mon premier voyage en 2 ans et 3 mois à Paris, en TGV Lyon Paris + 1 heure de voyage en métro aller puis retour.

      Dans le TGV, c’est moins de 5% de porteurs de masques.
      Dans le métro, c’est moins de 10%.
      Dans les entreprises et les restaurants, c’est 0%

      J’ai pu en plus garder le KN95 1h30 de plus, bloqué à cause des orages dans le TGV à proximité du Creusot. Ce fut une longue journée.

      J’ai l’impression de devenir démesurément pessimiste sur notre capacité collective à aboutir à une quelconque solution satisfaisante à tout point de vue. Ou bien est-ce que je sois devenu plus clairvoyant ? Plus exigeant ? Ou est-ce que vraiment, l’idiocratie du film est-elle en train d’advenir ? Je discutais avec une personne qui me divulgachait ce film qu’il faudrait que je vois un jour en m’expliquant que vraiment, notre société ressemble à ce film. Cette personne ne porte un masque que par convention et obligation et ne souhaite pas se faire vacciner. Et elle m’explique donc que l’idiocratie, c’est les autres. A part « l’idiot c’est les autres », on en conclue quoi ?

    • Depuis la fin non décrétée officiellement de la #pandémie pour cause de grande « fête » électorale, je prends un malin plaisir à terroriser mes congénères en portant mon #pure_mask (de couleur noire). Il y a quinze jours, petite église blindée de monde pour cause de « sépulture ». Sur les quelques 300 personnes ayant assisté à la cérémonie, j’ai pu compter les masqué·es sur les doigts d’une seule main.

    • A part « l’idiot c’est les autres », on en conclue quoi ?

      Qu’on est toujours l’idiot de quelqu’un d’autre ?
      Que notre nature reptilienne n’en finira jamais de ramper sous les coups de fouets ?
      Que la plasticité de notre cerveau n’est peut-être pas tant un avantage mais plutôt une tare indubitablement liée à un passé traumatique ? Puisque, dans les gens que je connais et qui étaient les pires radicaux en matière de prophylaxie, la plupart te disent que, bon, ho, les masques, hein, ça va comme ça et que ça fait du bien de :
      - pouvoir se contempler la frimousse,
      - se faire la bise à l’envi,
      - respirer sans entrave
      (ad libitum)

    • Bon...t’as raison @arno l’enjeu c’est juste les masques dans les transports apparement (et la fameuse seconde dose...personne ne s’étonnera que la ministre de la santé fasse sa deuxième dose que maintenant en passant...)...ce qui rend tout ce battage médiatique encore plus con je trouve...

      Interrogée sur un éventuel retour de mesures sanitaires, comme l’obligation du port du masque dans les transports, la ministre a jugé qu’à ce stade, « les mesures actuelles suffisent si chacun s’y met ». Elle a exhorté à « la responsabilité citoyenne (...) pour éviter une tension hospitalière supplémentaire ».

      « On se teste dès qu’on a des symptômes, on s’isole si on est positif, et on garde le masque éventuellement dans les lieux où il y a trop de proximité », a aussi préconisé cette ancienne députée du Pas-de-Calais, battue aux législatives.

      Plusieurs voix, dont celle, à titre personnel, du « Monsieur vaccin » du gouvernement, Alain Fisher, plaident ces derniers jours pour un retour du masque dans les transports collectifs.

      Du côté du gouvernement, a indiqué Brigitte Bourguignon, « l’idée, c’est de ne pas revenir à des mesures plus contraignantes pour l’instant ». « Mais nous surveillons chaque jour la situation pour reprendre d’autres mesures s’il en était besoin ».

      S’il faut « par exemple considérer un retour du masque dans les transports (...) on ne s’interdit rien », avait déclaré plus tôt dans la journée la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, assurant que l’exécutif « saisirait les autorités sanitaires (...) si cette question devait se poser dans les prochaines semaines ».

      https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-bourguignon-insiste-sur-le-rappel-vaccinal-et-la-responsabili

  • #Pandémie : le CAC 40 dit « merci #Macron » pour le pognon de dingue
    https://www.blast-info.fr/emissions/2022/pandemie-le-cac-40-dit-merci-macron-pour-le-pognon-de-dingue-f5z_66HTQD2g

    « L’argent magique » existe, et ce sont les entreprises qui en profitent. En deux ans de pandémie, elles ont obtenu des centaines de milliards d’euros d’aides nouvelles, qui se sont ajoutées aux milliards d’euros d’aides directes ou indirectes déjà en…

    #CAC40
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-pandemie-le-cac-40-dit-merci-macron-pour-le-pogno

  • Thread by C_A_Gustave on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1538263503487787008.html

    1/81
    Aujourd’hui, un thread enjoué pour parler de… mortalité COVID !
    Avec un indicateur dont on parle peu depuis le début de la pandémie = l’excès de mortalité.
    Indicateur très différent de la mortalité par COVID.

    .../...

    8/81
    Avant d’aller plus loin dans le thread, je rappelle que je ne suis pas épidémiologiste, que ce thread n’a pas vocation à modéliser quoi que ce soit, ou interpréter de façon formelle les données de mortalité (elles ne le sont que bien plus tard après consolidation)...
    9/81
    Le but du thread est plutôt d’amener le lecteur à réfléchir sur les indicateurs à notre disposition, présenter des points de prudence à garder à l’esprit quand on lit ces indicateurs, et inciter le lecteur à aller rechercher par lui-même toujours plus de données.
    10/81
    En reprenant les données de OWD (ourworldindata.org/coronavirus), j’ai essayé de vérifier si certaines affirmations en lien avec la mortalité COVID étaient fondées ou pas.
    Notamment, est-il vrai que les morts de la COVID allaient de toute façon mourir dans les mois suivants ???
    11/81
    En épidémiologie, la question que je viens d’évoquer peut être résolue par l’observation d’un « effet moisson ». Pour comprendre comment ça marche, il faut revenir à la définition de l’excès de mortalité...
    12/81
    Il s’agit de l’écart entre la mortalité « toutes causes » observée à une période donnée, et la mortalité « toutes causes » attendue d’après ce qui était observé avant la pandémie (dépend de la composition démographique, niveau sanitaire local…)
    13/81
    Quand une vague COVID provoque une vague de mortalité, l’excès de mortalité ↗️↗️ aussi.
    Ceci indique qu’il s’agit de véritables décès inhabituellement fréquents, et non pas des découvertes fortuites d’infection par SARS-CoV-2 lors de décès habituels induits par autre chose
    14/81
    « L’effet moisson », ce serait l’observation d’une SOUS-mortalité juste après la vague de SUR-mortalité. Autrement dit, un « effet moisson » se manifeste par un excès de mortalité qui devient négatif juste après la vague où il est devenu fortement positif...
    15/81
    La traduction en vie-réelle, c’est notamment que les décès survenus durant la vague de SUR-mortalité (ou une part d’entre eux), concerneraient des personnes qui seraient de toute façon décédées peu de temps après = durant la période où on observe un creux de SOUS-mortalité.
    16/81
    Dit autrement = on ne peut pas mourir 2x 😅
    Une 1ère fois prématurément durant la vague, puis à nouveau au moment où nous serions censés mourir selon paramètres démo/sanitaires usuels.
    D’où un « creux » de mortalité par absence de « morts » déjà décédés un peu plus tôt.
    17/81
    ATTENTION : ça c’est la théorie en version très simplifiée.
    Ci-dessous, un schéma pour illustrer "l’effet moisson", suivi de questionnements à garder à l’esprit quand on lit des courbes d’excès de mortalité...

    #pandémie #covid-19 #surmortalité #effet_moisson

    https://twitter.com/C_A_Gustave/status/1538263503487787008

  • En Espagne, les Marocains d’Europe reprennent « la route du bled »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/06/16/en-espagne-les-marocains-d-europe-reprennent-la-route-du-bled_6130590_3212.h

    En Espagne, les Marocains d’Europe reprennent « la route du bled »
    Pandémie, fermeture des frontières, crise diplomatique entre Madrid et Rabat : les traditionnels retours estivaux de la diaspora avaient été empêchés durant deux ans.
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 11h33, mis à jour hier à 11h37
    « Enfin ! », exulte Reda, un Marocain de 20 ans tout juste arrivé au port d’Algésiras, dans le sud de l’Espagne, mercredi 15 juin, au premier jour de l’opération espagnole « Passage du détroit », qui marque le retour estival au pays de la diaspora marocaine. Comme lui, des millions de Marocains d’Europe ont attendu trois ans pour reprendre « la route du bled » et rentrer au Maroc pour l’été en voiture et en ferry via l’Espagne.Pour cela, il a fallu que Rabat décide mi-avril de rétablir les liaisons maritimes avec l’Espagne après la fin d’une grave crise diplomatique de près d’un an entre les deux pays riverains du détroit de Gibraltar. « Hier soir, je n’ai pas réussi à dormir, j’étais trop excité », confie Reda, étudiant à Helsinki, en Finlande, d’où il est parti en voiture avec son amie il y a une semaine, traversant l’Europe en diagonale sur près de 4 500 kilomètres pour rejoindre sa famille à Agadir, au sud-ouest du Maroc.
    Avec plus de 3,3 millions de voyageurs et plus de 760 000 véhicules à l’été 2019, l’opération « Passage du détroit » ou « Marhaba » (« bienvenue » en arabe) constitue « l’un des flux de personnes les plus importants entre continents » sur une période aussi brève, selon le gouvernement espagnol. « Ce sont les deux seuls étés (2020 et 2021) de ma vie que je n’ai pas passés au Maroc », souligne Reda, claquettes aux pieds et bob vissé sur la tête. Descendre en voiture, « c’est presque une tradition pour nous. »
    Dans le grand complexe portuaire d’Algésiras, Reda n’est plus qu’à 14 km du port de Tanger, au Maroc. On commençait mercredi à y voir quelques voitures chargées jusqu’au toit et des familles cherchant un coin d’ombre pour manger devant d’imposants ferries rouges.De l’autre côté du détroit, dans le port de Tanger-Ville, l’arrivée se déroule sans accrocs.« L’accueil s’est très bien passé. On a été contrôlé mais je trouve ça bien pour la sécurité de tout le monde. Je suis pressé de commencer mes vacances », confie à l’AFP Omar, en descendant du ferry Maria-Dolores, parti de Tarifa, un autre port espagnol. Ce n’était toutefois pas encore la foule, celle-ci étant attendue pour la fin du mois et le premier week-end de juillet.
    Ce retour à la normale n’a pourtant rien d’évident. Les liaisons maritimes entre l’Espagne et le Maroc n’ont repris que mi-avril alors que Rabat avait rouvert ses ports aux autres pays européens dès l’été 2021.La frontière entre les deux pays avait été fermée en mars 2020 en raison de la pandémie de SARS-CoV-2, la fermeture étant ensuite prolongée par la crise diplomatique survenue en mai 2021 à propos du Sahara occidental, ex-colonie espagnole dont le Maroc contrôle environ 80 % du territoire, mais qui est aussi revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.La crise a pris fin en mars lorsque Madrid, faisant volte-face, a apporté son soutien au plan d’autonomie marocain. « C’est une honte (…) Avec ces disputes entre politiques, ceux qui paient la facture, ce sont les gens », s’indigne Abdel Ghani, 67 ans, un retraité ayant la double nationalité espagnole et marocaine venu acheter un billet.« Tu ne peux pas fermer la frontière quand des millions de gens veulent traverser », commente Reda, qui affirme que ses parents sont « devenus fous » l’été dernier après l’exclusion de l’Espagne des liaisons maritimes avec le Maroc.
    Cet été, les autorités espagnoles et marocaines attendent encore plus de voyageurs qu’en 2019, la dernière année avant la pandémie.Le Maroc a lancé son opération « Marhaba » dès le 5 juin avec des agents déployés dans les ports espagnols de Motril, Almeria et Algésiras, mais aussi dans ceux de Sète et de Marseille, dans le sud de la France, et de Gênes, en Italie.
    Mais « malheureusement, l’argent perdu » durant les plus de deux ans de fermeture « ne pourra pas être récupéré », se lamente Manuel Piedra, président de l’Association des entreprises de services de la baie d’Algésiras (AESBA).Les pertes directes et indirectes se sont élevées à près de 500 millions d’euros, estime l’AESBA, qui représente 90 entreprises locales, dont plusieurs compagnies maritimes.En attendant son ferry, Reda oublie la politique, regarde dans le vide et voyage dans le temps : « Ça me rappelle mon enfance, je voyageais tous les étés en voiture. C’est juste génial ! »

    #Covid-19#migrant#migration#sante#maroc#espagne#france#retour#diaspora#pandemie#traverseemaritime

  • Le système alimentaire mondial menace de s’effondrer

    Aux mains de quelques #multinationales et très liée au secteur financier, l’#industrie_agroalimentaire fonctionne en #flux_tendu. Ce qui rend la #production mondiale très vulnérable aux #chocs politiques et climatiques, met en garde l’éditorialiste britannique George Monbiot.

    Depuis quelques années, les scientifiques s’évertuent à alerter les gouvernements, qui font la sourde oreille : le #système_alimentaire_mondial ressemble de plus en plus au système financier mondial à l’approche de 2008.

    Si l’#effondrement de la finance aurait été catastrophique pour le bien-être humain, les conséquences d’un effondrement du #système_alimentaire sont inimaginables. Or les signes inquiétants se multiplient rapidement. La flambée actuelle des #prix des #aliments a tout l’air du dernier indice en date de l’#instabilité_systémique.

    Une alimentation hors de #prix

    Nombreux sont ceux qui supposent que cette crise est la conséquence de la #pandémie, associée à l’#invasion de l’Ukraine. Ces deux facteurs sont cruciaux, mais ils aggravent un problème sous-jacent. Pendant des années, la #faim dans le monde a semblé en voie de disparition. Le nombre de personnes sous-alimentées a chuté de 811 millions en 2005 à 607 millions en 2014. Mais la tendance s’est inversée à partir de 2015, et depuis [selon l’ONU] la faim progresse : elle concernait 650 millions de personnes en 2019 et elle a de nouveau touché 811 millions de personnes en 2020. L’année 2022 s’annonce pire encore.

    Préparez-vous maintenant à une nouvelle bien plus terrible : ce phénomène s’inscrit dans une période de grande #abondance. La #production_alimentaire mondiale est en hausse régulière depuis plus de cinquante ans, à un rythme nettement plus soutenu que la #croissance_démographique. En 2021, la #récolte mondiale de #blé a battu des records. Contre toute attente, plus d’humains ont souffert de #sous-alimentation à mesure que les prix alimentaires mondiaux ont commencé à baisser. En 2014, quand le nombre de #mal_nourris était à son niveau le plus bas, l’indice des #prix_alimentaires [de la FAO] était à 115 points ; il est tombé à 93 en 2015 et il est resté en deçà de 100 jusqu’en 2021.

    Cet indice n’a connu un pic que ces deux dernières années. La flambée des prix alimentaires est maintenant l’un des principaux facteurs de l’#inflation, qui a atteint 9 % au Royaume-Uni en avril 2022 [5,4 % en France pour l’indice harmonisé]. L’alimentation devient hors de prix pour beaucoup d’habitants dans les pays riches ; l’impact dans les pays pauvres est beaucoup plus grave.

    L’#interdépendance rend le système fragile

    Alors, que se passe-t-il ? À l’échelle mondiale, l’alimentation, tout comme la finance, est un système complexe qui évolue spontanément en fonction de milliards d’interactions. Les systèmes complexes ont des fonctionnements contre-intuitifs. Ils tiennent bon dans certains contextes grâce à des caractéristiques d’auto-organisation qui les stabilisent. Mais à mesure que les pressions s’accentuent, ces mêmes caractéristiques infligent des chocs qui se propagent dans tout le réseau. Au bout d’un moment, une perturbation même modeste peut faire basculer l’ensemble au-delà du point de non-retour, provoquant un effondrement brutal et irrésistible.

    Les scientifiques représentent les #systèmes_complexes sous la forme d’un maillage de noeuds et de liens. Les noeuds ressemblent à ceux des filets de pêche ; les liens sont les fils qui les connectent les uns aux autres. Dans le système alimentaire, les noeuds sont les entreprises qui vendent et achètent des céréales, des semences, des produits chimiques agricoles, mais aussi les grands exportateurs et importateurs, et les ports par lesquels les aliments transitent. Les liens sont leurs relations commerciales et institutionnelles.

    Si certains noeuds deviennent prépondérants, fonctionnent tous pareil et sont étroitement liés, alors il est probable que le système soit fragile. À l’approche de la crise de 2008, les grandes banques concevaient les mêmes stratégies et géraient le risque de la même manière, car elles courraient après les mêmes sources de profit. Elles sont devenues extrêmement interdépendantes et les gendarmes financiers comprenaient mal ces liens. Quand [la banque d’affaires] Lehman Brothers a déposé le bilan, elle a failli entraîner tout le monde dans sa chute.

    Quatre groupes contrôlent 90 % du commerce céréalier

    Voici ce qui donne des sueurs froides aux analystes du système alimentaire mondial. Ces dernières années, tout comme dans la finance au début des années 2000, les principaux noeuds du système alimentaire ont gonflé, leurs liens se sont resserrés, les stratégies commerciales ont convergé et se sont synchronisées, et les facteurs susceptibles d’empêcher un #effondrement_systémique (la #redondance, la #modularité, les #disjoncteurs, les #systèmes_auxiliaires) ont été éliminés, ce qui expose le système à des #chocs pouvant entraîner une contagion mondiale.

    Selon une estimation, quatre grands groupes seulement contrôlent 90 % du #commerce_céréalier mondial [#Archer_Daniels_Midland (#ADM), #Bunge, #Cargill et #Louis_Dreyfus]. Ces mêmes entreprises investissent dans les secteurs des #semences, des #produits_chimiques, de la #transformation, du #conditionnement, de la #distribution et de la #vente au détail. Les pays se divisent maintenant en deux catégories : les #super-importateurs et les #super-exportateurs. L’essentiel de ce #commerce_international transite par des goulets d’étranglement vulnérables, comme les détroits turcs (aujourd’hui bloqués par l’invasion russe de l’Ukraine), les canaux de Suez et de Panama, et les détroits d’Ormuz, de Bab El-Mandeb et de Malacca.

    L’une des transitions culturelles les plus rapides dans l’histoire de l’humanité est la convergence vers un #régime_alimentaire standard mondial. Au niveau local, notre alimentation s’est diversifiée mais on peut faire un constat inverse au niveau mondial. Quatre plantes seulement - le #blé, le #riz, le #maïs et le #soja - correspondent à près de 60 % des calories cultivées sur les exploitations. La production est aujourd’hui extrêmement concentrée dans quelques pays, notamment la #Russie et l’#Ukraine. Ce #régime_alimentaire_standard_mondial est cultivé par la #ferme_mondiale_standard, avec les mêmes #semences, #engrais et #machines fournis par le même petit groupe d’entreprises, l’ensemble étant vulnérable aux mêmes chocs environnementaux.

    Des bouleversements environnementaux et politiques

    L’industrie agroalimentaire est étroitement associée au #secteur_financier, ce qui la rend d’autant plus sensible aux échecs en cascade. Partout dans le monde, les #barrières_commerciales ont été levées, les #routes et #ports modernisés, ce qui a optimisé l’ensemble du réseau mondial. On pourrait croire que ce système fluide améliore la #sécurité_alimentaire, mais il a permis aux entreprises d’éliminer des coûts liés aux #entrepôts et #stocks, et de passer à une logique de flux. Dans l’ensemble, cette stratégie du flux tendu fonctionne, mais si les livraisons sont interrompues ou s’il y a un pic soudain de la demande, les rayons peuvent se vider brusquement.

    Aujourd’hui, le système alimentaire mondial doit survive non seulement à ses fragilités inhérentes, mais aussi aux bouleversements environnementaux et politiques susceptibles de s’influencer les uns les autres. Prenons un exemple récent. À la mi-avril, le gouvernement indien a laissé entendre que son pays pourrait compenser la baisse des exportations alimentaires mondiales provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine. Un mois plus tard, il interdisait les exportations de blé, car les récoltes avaient énormément souffert d’une #canicule dévastatrice.

    Nous devons de toute urgence diversifier la production alimentaire mondiale, sur le plan géographique mais aussi en matière de cultures et de #techniques_agricoles. Nous devons briser l’#emprise des #multinationales et des spéculateurs. Nous devons prévoir des plans B et produire notre #nourriture autrement. Nous devons donner de la marge à un système menacé par sa propre #efficacité.

    Si tant d’êtres humains ne mangent pas à leur faim dans une période d’abondance inédite, les conséquences de récoltes catastrophiques que pourrait entraîner l’effondrement environnemental dépassent l’entendement. C’est le système qu’il faut changer.

    https://www.courrierinternational.com/article/crise-le-systeme-alimentaire-mondial-menace-de-s-effondrer

    #alimentation #vulnérabilité #fragilité #diversification #globalisation #mondialisation #spéculation

  • Confusion sur l’organisation du pèlerinage à La Mecque
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/06/13/confusion-sur-l-organisation-du-pelerinage-a-la-mecque_6130038_3224.html

    Confusion sur l’organisation du pèlerinage à La Mecque
    Une nouvelle procédure d’obtention des visas, mise en place par l’Arabie saoudite, sème le désarroi parmi les candidats au départ et les acteurs français de cette prescription rituelle.
    Par Cécile Chambraud
    Publié hier à 01h55, mis à jour hier à 09h37
    Après deux ans de suspension en raison de la pandémie de Covid-19, les autorités saoudiennes ont rouvert les portes du royaume aux musulmans étrangers pour le grand pèlerinage à La Mecque, qui aura lieu cette année du 7 au 12 juillet. Mais à moins d’un mois du début de l’événement, une nouvelle procédure d’obtention des visas, mise en place par le pays hôte, sème la confusion et le désarroi parmi les candidats au départ et les acteurs français de cette prescription rituelle, que les musulmans qui en ont les moyens doivent accomplir une fois dans leur vie. Elle désorganise le fonctionnement habituel – d’ailleurs passablement opaque – du marché du hadj (aussi appelé « grand pèlerinage »). Déjà fragilisées par deux années de disette liées à la situation sanitaire, certaines des agences de voyages françaises spécialisées craignent de devoir mettre la clé sous la porte.
    Comme l’a révélé le site d’information SaphirNews, le ministère saoudien du hadj a en effet annoncé, lundi 6 juin, que, désormais, pour espérer obtenir un visa spécifique, les candidats au grand pèlerinage établis en Europe, en Amérique et en Australie (dans les pays musulmans, la régulation appartient aux pouvoirs publics) devraient obligatoirement passer par une plate-forme numérique unique, Motawif.
    Après une semaine de flottement, les inscriptions en ligne ont ouvert vendredi 10 juin dans la soirée, pour trois jours. Pour faire acte de candidature, il faut avoir moins de 65 ans et posséder un schéma vaccinal complet contre le Covid-19. Dès mardi 14 juin, un tirage au sort déterminera qui, parmi les inscrits, aura droit à un visa. Au nombre d’environ 9 200 cette année pour la France, les places sont plus rares qu’avant la pandémie, où le nombre de visas accordés oscillait entre 22 000 et 25 000. Il s’agit d’un changement de logique. Jusqu’à présent, les visas étaient accordés par les autorités saoudiennes par le biais des agences de voyages, pourvu que celles-ci aient obtenu un agrément, renouvelable chaque année auprès des autorités saoudiennes. Ces visas étaient répartis de manière inégale. Trois ou quatre grosses agences en obtenaient plusieurs milliers, les autres nettement moins. Certaines, d’ailleurs, en rétrocédaient quelques-uns à des sous-traitants, alimentant une économie souterraine.Mais les agences de voyages n’attendent pas d’obtenir l’agrément et les visas pour verser des acomptes et réserver les prestations qui figurent dans le forfait vendu aux clients, à savoir les billets d’avion pour Djedda, les nuits d’hôtel à La Mecque et à Médine, les places dans les tentes de Mina, où les pèlerins passent trois ou quatre nuits, et les transports en bus entre les hôtels et les différents lieux du pèlerinage. Pour couvrir ces frais, les agences demandent donc une avance aux clients, qui leur sont souvent apportés (moyennant une commission) par des « rabatteurs ». En espérant avoir les visas.Pour ces agences et pour les clients, les sommes avancées sont importantes. En 2019, les forfaits de base se montaient à 4 400 euros par personne pour quinze jours et 6 000 euros pour trois semaines – les séjours s’étendent au-delà du pèlerinage stricto sensu, avec notamment une extension à Médine. Les versions haut de gamme, avec des prestations supérieures, peuvent monter bien au-delà. Cette année, selon SaphirNews, les prix de base auraient grimpé autour de 8 500 à 9 500 euros. Comme tous les ans, les agences ont donc engagé des frais, mais elles ne savent pas, aujourd’hui, si elles pourront fournir les prestations promises à leurs clients. Elles n’ont en effet toujours pas reçu l’agrément et savent qu’elles n’auront pas les visas. Les pèlerins tirés au sort auront-ils encore recours, malgré tout, à leurs services, ou choisiront-ils ceux offerts par la plate-forme saoudienne ? Cette incertitude les inquiète. D’autant que les prix proposés, à titre indicatif, par Motawif, démarrent plus bas et s’étagent de 6 300 à 9 900 euros. Pourquoi les autorités saoudiennes ont-elles procédé de manière aussi brusque ? Pour Leïla Seurat, chercheuse associée au Centre de recherches sociologiques sur le droit des institutions pénales, qui a conduit une étude sur le marché du hadj à la demande du bureau central des cultes du ministère de l’intérieur, elles ont « sciemment voulu provoquer la désorganisation et la fermeture de certaines agences. C’est un moment de rapport de force, avec pour objectif de faire un grand ménage dans les agences occidentales afin, à terme, de faire du pèlerinage une occasion de développer le tourisme dans le pays et d’en privatiser la gestion ». Il y a deux ans, cette réorganisation avait déjà été appliquée à la oumra – le « petit pèlerinage », plus court et qui peut être accompli tout au long de l’année –, que les musulmans peuvent désormais organiser à leur guise sans passer par les agences. La chercheuse inscrit ces réformes dans Vision 2030, le programme de modernisation et de diversification impulsé par le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman. « Aujourd’hui, quelque 3 millions de personnes participent au hadj chaque année, indique-t-elle. Le projet est de porter ce nombre à 30 millions. » Et de les faire rester plus longtemps, en tant que touristes.

    #Covid-19#migrant#migration#arabiesaoudite#lamecque#sante#pandemie#pelerinage#religion#visa#tourisme#economie

  • Growing numbers of young Africans want to move abroad, survey suggests | Africa | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2022/jun/13/young-africans-want-to-move-abroad-survey-suggests
    https://i.guim.co.uk/img/media/feb0ab5767dd60d89a0216a08817b74e2f802853/0_25_4000_2400/master/4000.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Growing numbers of young Africans want to move abroad, survey suggests
    Covid, climate, stability and violence contributing to young people feeling pessimistic about future, survey of 15 countries suggests
    Kaamil Ahmed
    Mon 13 Jun 2022 07.00 BST
    African youth have lost confidence in their own countries and the continent as a whole to meet their aspirations and a rising number are considering moving abroad, according to a survey of young people from 15 countries.
    The pandemic, climate crisis, political instability and violence have all contributed to making young people “jittery” about their futures since the Covid pandemic began, according to the African Youth Survey published on Monday.Only 32% of the 4,500 young people interviewed, aged 18-24, were optimistic about Africa’s prospects, according to the survey – a drop of 11% since the last survey of its kind published in early 2020.Many of them had their schooling suspended and they or their families had lost incomes because of the pandemic, said Ivor Ichikowitz, whose South African family foundation commissioned the report.“In many countries in Africa, it’s an election year or a year just before elections, and it’s kind of logical that people will see instability as a concern,” said Ichikowitz.“But marry that with lack of access to water, marry that with a major concern around terrorism, and you’ve now got a demographic a group of people that are very jittery about the future of the continent,” he said.“And the real bombshell out of the survey is that a very high percentage of the people in the response group are thinking about migration.”About 60% of Africa’s population is younger than 25, and more than a third is aged between 15–34 years old. By 2100, Africa will have the world’s youngest population with a median age of 35.

    #Covid-19#migrant#migration#afrique#sante#pandemie#jeunesse#emigration#education

  • Covid-19 : le Japon rouvre frileusement ses frontières aux visiteurs étrangers
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/06/13/covid-19-le-japon-rouvre-frileusement-ses-frontieres-aux-visiteurs-etrangers

    Covid-19 : le Japon rouvre frileusement ses frontières aux visiteurs étrangers
    Depuis le 10 juin, le Japon accepte à nouveau des groupes de touristes étrangers, mais placés sous haute surveillance.
    Par Philippe Pons(Tokyo, correspondant)
    Publié aujourd’hui à 10h53, mis à jour à 13h47
    Après deux ans de fermeture pour enrayer la contamination par le Covid-19 – dont une période particulièrement sévère en restrictions à la suite de l’apparition du variant Omicron, en octobre 2021 –, le Japon met partiellement fin à un isolement qui le plaçait à la traîne des autres pays du G7 et le faisait figurer parmi les dernières destinations fermées. Il envisage d’autoriser l’entrée dans l’archipel de 30 000 visiteurs par jour (actuellement 20 000). Avant la pandémie, on comptait en moyenne 100 000 arrivées quotidiennes sur le sol japonais.Les nouvelles mesures, en vigueur depuis le 10 juin, s’appliquent aux touristes voyageant en groupe et aux membres de famille de résidents étrangers en cas de « circonstances exceptionnelles », y compris s’ils sont pacsés ou conjoints non mariés. Mais cette procédure est d’une rare complexité, sinon dissuasive. Depuis le 1er mars, le Japon délivre, en outre, à nouveau des visas aux étudiants et aux personnes désirant se rendre dans l’archipel pour des raisons professionnelles. Mais les touristes individuels ne sont toujours pas autorisés.Aux termes des nouvelles dispositions, les visiteurs étrangers sont classés en trois catégories – bleu, jaune et rouge – en fonction des risques de contamination que présente le pays dont ils sont ressortissants. Ceux qui appartiennent au groupe des 98 pays classé en bleu où le risque de contamination est faible – dont fait partie la France – sont exemptés d’un test à l’arrivée (exigé au départ) et de confinement. Dans le cas des autres groupes, les règles sont plus restrictives et peuvent aller, pour le groupe rouge, jusqu’à une quarantaine de trois à sept jours.
    Pendant la majeure partie de la pandémie, le Japon a interdit l’accès de son territoire aux touristes et, dans les périodes de forte circulation virale, il n’avait autorisé à revenir que les citoyens japonais et les résidents étrangers, qui tous étaient soumis à d’interminables vérifications à l’aéroport et une période de confinement.Le Japon a rouvert aux vols internationaux des aéroports de province, comme celui de Naha (Okinawa) et Chitose (Hokkaido). La réouverture de l’archipel devrait s’échelonner sur plusieurs mois en fonction des résultats de « circuits tests » qui viennent de s’achever auprès de petits groupes de touristes (venus d’Australie, des Etats-Unis, de Singapour et de la Thaïlande). Des tests destinés à évaluer les capacités de réaction des autorités en cas d’apparition de cas de contamination.Les touristes en groupes seront encadrés en permanence du début à la fin de leur séjour. Ils devront se plier au port du masque, toujours considéré comme une protection – les Japonais continuent à 99 % à le porter dans les rues, les transports, les magasins… – à une prise de température quotidienne et à des tests antigéniques réguliers. Ils devront, en outre, prendre une assurance médicale. Accompagnés en permanence de leurs guides, ils n’auront pas le droit d’utiliser les transports publics.
    Le gouvernement est d’autant plus prudent dans la réouverture du pays que l’opinion a longtemps été favorable à la restriction d’entrée des étrangers. Au début de la crise sanitaire, les atermoiements et cafouillages du gouvernement de Shinzo Abe puis de son successeur, Yoshihide Suga, obsédés tous deux par la tenue des Jeux olympiques de Tokyo, avaient mécontenté l’opinion et fait chuter leur cote de popularité. La tenue de ces JO, grevés par des investissements aussi colossaux que disproportionnés, dont la majorité des Japonais ne voulaient pas, a porté un coup fatal à M. Suga. Son successeur, Fumio Kishida, s’efforce de tenir compte des erreurs de jugement de ses prédécesseurs.Dès l’apparition du variant Omicron, à la fin de 2021, son gouvernement a suspendu les entrées d’étrangers. Une fermeture souhaitée par l’opinion japonaise : selon le sondage réalisé au début de décembre 2021 par le quotidien Yomiuri, 89 % des personnes interrogées étaient favorables à ces mesures estimant que ce filtrage des nouveaux arrivants était nécessaire. Depuis quelques semaines, la majorité est favorable à une réouverture progressive des frontières, mais 70 % approuvent la politique restrictive du gouvernement qui a permis d’enrayer la contagion. Le Japon recense actuellement quelque 15 000 cas par jour.
    Restauration et tourisme sinistrésLa prudence qui accompagne la stratégie de réouverture de M. Kishida s’explique par la tenue d’élections sénatoriales en juillet. Une reprise épidémique, quelle que soit son origine, serait aisément exploitée par l’opposition. Une fois passé le cap électoral, M. Kishida s’orientera probablement vers une levée des restrictions aux frontières, qui devrait faciliter une reprise des activités des secteurs sinistrés par la pandémie, la restauration et le tourisme.La relance du tourisme intérieur est attendue en juillet. L’afflux de touristes en provenance de l’étranger devrait, pour sa part, être favorisé par la dépréciation du yen, qui rend l’archipel plus attrayant en termes de coûts. Cette reprise du tourisme international comporte néanmoins un point noir : elle risque de provoquer à nouveau le mécontentement des habitants des régions les plus attractives. En une décennie, le nombre de touristes a quintuplé passant de 6,7 millions en 2009 à 32 millions en 2019.
    La chasse aux touristes étrangers lancée par le gouvernement nippon entraîne par ailleurs une dépendance accrue vis-à-vis de la Chine. En 2019, un tiers des visiteurs arrivant au Japon étaient chinois (la moitié, si on inclut Taïwan et Hongkong) et comptaient pour 34 % dans les revenus du secteur. Dans le climat de tension internationale actuelle, le poids de la Chine dans l’industrie touristique japonaise constitue un levier de pression de Pékin sur Tokyo.

    #Covid-19#migrant#migration#japon#sante#pandemie#tourisme#economie#frontiere#circulation#etranger#chine

  • Télémédecine, une machine entre soignant et patient
    https://laviedesidees.fr/Telemedecine-une-machine-entre-soignant-et-patient.html

    Alexandre Mathieu-Fritz, Le praticien, le patient et les artefacts : genèse des mondes de la télémédecine, Collection Sciences sociales. Mines ParisTech-PSL. Le sociologue A. Mathieu-Fritz analyse le développement de la télémédecine, mise en lumière par la #pandémie. Il étudie les évolutions des pratiques des professionnels de santé, du « colloque singulier » avec le patient, les délégations entre les métiers.

    #Société #médecine #nouvelles_technologies
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202206_telemedecine.docx