• Chasse aux #arrêts_de_travail : des médecins dénoncent « une campagne d’#intimidation générale »

    L’#Assurance_maladie contrôle des centaines de #médecins_généralistes qui prescriraient, selon elle, trop d’arrêts de travail, et leur impose des #quotas au mépris de la situation des patients. Des médecins, « écœurés », contestent la démarche.

    « Ça m’a fait perdre confiance en ma pratique. Je me suis dit : où est le problème, qu’est-ce que je ne fais pas bien ? » Comme d’autres confrères et consœurs, Valérie* [1] fait partie des 1000 médecins généralistes ciblés par l’Assurance maladie, parmi 6000 préalablement identifiés. En cause : leur trop grande prescription d’arrêts de travail. En juin 2023, le ministre de l’Économie, #Bruno_Le_Maire, dénonçait l’« explosion » des arrêts de travail et disait vouloir lutter contre les « #dérives » et « #abus ».

    Selon le gouvernement, les arrêts maladie auraient augmenté de 7,9 % en un an, et de 30 % entre 2012 et 2022, passant de 6,4 millions arrêts prescrits en 2012 à 8,8 millions désormais. Les #indemnités_journalières, versées par l’Assurance maladie pour compenser le salaire lors d’un arrête maladie, coûteraient 16 milliards d’euros par an.

    D’où la #chasse_aux_arrêts_de_travail, initiée par le gouvernement, qui se poursuit avec le projet de loi de financement de la #Sécurité_sociale pour 2024, adopté le 4 décembre dernier. Parmi les mesures que la #loi prévoit : la limitation à trois jours des arrêts de travail prescrits lors d’une téléconsultation, sauf prescription par le médecin traitant ou incapacité de se rendre chez le médecin. « Il y a véritablement eu un changement de politique en 2023 », constate Théo Combes, vice-président du syndicat des médecins généralistes MG France. L’homme voit dans cette offensive « une campagne d’intimidation générale contre la profession ».

    La particularité des patients oubliée

    « Qu’on discute de nos pratiques oui, mais on est dans le #soin, pas dans l’abus », réagit Valérie. Installée en Vendée, elle a eu la surprise de recevoir en juin dernier un courrier recommandé de l’Assurance maladie l’informant de sa trop grande prescription d’indemnités journalières. « En six ans, il y a une personne de 36 ans qui m’a demandé de lui faire un arrêt pour un rhume, que j’ai refusé. Là je suis d’accord qu’il ne faut pas abuser, mais ça m’est arrivé une fois ! » met-elle en avant. Surtout, les critères de contrôles ne tiennent selon elle pas du tout compte des particularités des patientèles.

    Partagée entre son cabinet en libéral et l’hôpital, Valérie est spécialisée en addictologie. « Pour les patients avec des problématiques d’addiction, on sait que les arrêts de travail, pour virus ou autre, sont source de rechute. Donc après, la pente est plus longue à remonter, et les arrêts aussi par conséquent. Pareil pour des patients qui ont des troubles psychiatriques, pour qui c’est vraiment source de décompensation », explique-t-elle. La professionnelle de santé a en effet constaté que ses prescriptions d’indemnités journalières ne font qu’augmenter : « Mais parce que ma patientèle ciblée augmente », précise-t-elle.

    Médecin depuis 30 ans dans le troisième arrondissement de Lyon et membre du Syndicat des médecins libéraux (SML), Laurent Negrello fait le même constat : « Je suis dans un quartier un peu défavorisé, avec 50 % de logements sociaux et plus de difficultés, ce qui impacte probablement mes quotas d’arrêts de travail », appuie-t-il. Contrôlé pour la deuxième fois en cinq ans, il insiste aussi sur le contexte sanitaire global, qu’il a vu nettement évoluer ces dernières années. « L’inflation des arrêts est à mon avis aussi due à des #conditions_de_travail qui sont devenues très difficiles. Les gens sont en #burn-out, ont des #accidents, une pression de rentabilité… ». Les conditions de travail (contraintes posturales, exposition à des produits toxiques, risque d’accidents, etc.) ne se sont globalement pas améliorées depuis 30 ans selon le ministère du Travail.

    Crainte de dépasser le quota

    Et il devient de plus en plus compliqué d’obtenir un rendez-vous chez un spécialiste. « À Lyon, il faut trois mois pour voir un orthopédiste ou un rhumatologue, et je ne parle même pas des psys, avec qui c’est impossible… », explique le généraliste. Plus les délais de prise en charge s’allongent, plus l’état d’un patient peut se dégrader et nécessiter un arrêt de travail. La #Caisse_nationale_d’Assurance_maladie (#Cnam) assure de son côté à Basta ! que ses données sont « standardisées » : « On essaie d’avoir des patientèles comparables. » La limite d’arrêts à ne pas dépasser, c’est plus de deux fois la moyenne du département. « Une approche purement statistique », déplore Théo Combes de MG France, qui pointe une « méthodologie contestable à plusieurs niveaux ».

    Alors que Michel Chevalier, médecin depuis 36 ans à Ousse, près de Pau, se remémore d’anciens contrôles par « entretiens confraternels », il déplore aujourd’hui « une absence de dialogue ». Après la réception d’un courrier recommandé en juin, il a été convoqué avec deux jeunes consœurs : « L’une exerce dans un quartier très pauvre de Pau et une autre dans un désert médical. Elle a 34 ans et n’en dort plus depuis le mois de juin », rapporte ce membre du Syndicat de la médecine générale (SMG). Valérie confie elle aussi s’être sentie « stressée d’être pointée du doigt » à la réception de ce courrier : « Je trouve la procédure violente en elle-même. Sachant qu’on a des délégués médicaux qui viennent régulièrement nous voir, avec qui ça se passe très bien. Je pense que ça aurait pu être fait autrement », met-elle en avant.

    À la réception du courrier, chaque médecin dispose d’un mois pour répondre et faire ses observations à l’Assurance maladie, qui décidera si les éléments apportés sont « suffisamment probants », nous détaille le service communication de la Cnam. Si ce n’est pas le cas, la procédure prévoit qu’il soit proposé au médecin ciblé une #mise_sous_objectif (#MSO) : pendant six mois, ce dernier doit réduire ses prescriptions d’arrêts de travail de 15 à 20 %. Ce que Valérie a refusé, comme de nombreux autres : « Heureusement, car au sein du cabinet médical où j’exerce, plus personne ne prend de nouveaux patients sauf moi quand ça touche des problématiques d’addiction. »

    Déjà contrôlé il y a cinq alors, Laurent Negrello avait alors accepté « la mise sous objectif » : « Pendant six mois, j’ai réduit mon temps de travail, donc les patients allaient voir ailleurs et j’ai atteint mes objectifs », relate-t-il avec ironie. Cette année, il a refusé ce procédé qu’il juge « très pesant et stressant » : « On travaille toujours dans la #crainte de dépasser le quota qui nous est imparti. Mais on est un peu dans le #flou parce qu’on ne sait pas vraiment quels sont les quotas exacts. On nous dit qu’il faut baisser de 20 %, mais c’est une zone grise, on ne sait pas comment baisser nos arrêts. Quels sont les critères ? On a face à nous des situations concrètes, donc baisser de 20 % c’est absurde », critique-t-il.

    En cas de refus de mise sous objectif, les médecins peuvent être « mis sous accord préalable », procédure pendant laquelle un médecin conseil de l’Assurance maladie doit valider tous les arrêts de travail prescrits par le médecin sous 48 heures. Valérie raconte avoir été convoquée à une commission ayant pour but de statuer sur sa soumission à ce dispositif en novembre.

    Convoqués à des « #commissions_des_pénalités »

    « Ça m’a occasionné beaucoup de stress et pris beaucoup de temps. J’ai préparé un argumentaire, fait des recherches. Sans compter les deux heures de route pour 30 minutes d’entretien prises sur ma journée de repos », relate-t-elle. La commission a voté à l’unanimité le refus de sa « #mise_sous_accord_préalable ». Mais la professionnelle de santé a dû attendre la réception d’un courrier de la CPAM, mi-décembre, pour avoir la confirmation de « l’abandon de la procédure ».

    Le 7 novembre dernier, Théo Combes a participé à l’une de ces « commissions des pénalités », notamment composées de représentants syndicaux et médecins d’un côté, et de représentants des employeurs et salariés de l’autre. « Des médecins sont venus s’expliquer. Ils étaient proches de la rupture d’un point de vue moral et psychologique, avec des risques suicidaires qui transparaissaient. J’aurais pensé que leurs récits auraient ému un mort, même si c’est peut-être un peu fort. Mais après quatre heures d’audition on s’est dit que c’était vraiment une #mascarade. C’est un système pour broyer les gens, les humilier », décrit le vice-président de MG France, écœuré.

    À l’issue des contrôles, des #pénalités_financières de plusieurs milliers d’euros peuvent s’appliquer s’il n’y a pas d’évolution du nombre de prescriptions d’arrêts de travail. « C’est très, très infantilisant. On a l’impression d’être dans la #punition plutôt que dans le dialogue, et de faire ça intelligemment », déplore Valérie, qui craint pour ses patients tout autant que pour sa profession. « On peut très bien imaginer maintenant que les médecins vont sélectionner les patients et ne plus s’occuper de ceux qui leur font faire trop d’arrêts », ajoute Michel Chevalier.

    L’Assurance maladie espère de son côté avoir un bilan chiffré de ces mesures « autour du deuxième trimestre 2024 ». Michel Chevalier, lui, ne sera plus là : « Le côté dramatique, c’est que j’ai décidé de prendre ma retraite à la suite de ces contrôles, ça a été la goutte d’eau. » Comme il n’a pas trouvé de successeur, ses patients n’ont plus de médecin depuis le 1er janvier.

    https://basta.media/chasse-aux-arrets-de-travail-medecins-denoncent-campagne-intimidation

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1041346
    #santé #France #humiliation #infantilisation #macronisme

    • Pourquoi ce médecin prescrit trois fois plus d’arrêts de travail que la moyenne à #Dieppe

      Le docteur Tribillac exerce au #Val-Druel, à Dieppe. Sanctionné pour avoir délivré trop d’arrêts de travail, il tente en vain d’expliquer la situation à l’Assurance maladie.

      « Je suis un lanceur d’alerte ! », commence #Dominique_Tribillac. Depuis 35 ans, ce médecin de famille exerce dans le quartier du Val-Druel, à Dieppe (Seine-Maritime). Âgé de 70 ans, il est ce que l’on appelle « un retraité actif ».

      Il devrait prendre bientôt sa retraite, avant l’été, mais un problème administratif l’occupe fortement depuis plusieurs mois : l’Assurance maladie l’a sanctionné car il donne trop d’arrêts de travail.

      La Sécurité sociale a fait les calculs, entre le 1er septembre 2022 et le 28 février 2023 : 4 911 journées indemnisées ont été prescrites.
      Trois fois plus d’arrêts de travail

      « Le nombre d’indemnités journalières versées, rapporté au nombre de patients a été de 16,7 », indique l’Assurance maladie. « En Normandie et au sein du groupe de communes semblables au sens de l’indice de défavorisation de l’Insee, l’institut national de la statistique et des études économiques, pour les praticiens exerçant une activité comparable, le nombre d’indemnités journalières versées par nombre de patients est de 5,90. »

      Le médecin du Val-Druel prescrit donc trois fois plus d’arrêts de travail.

      Une lettre aux médecins de France

      Mais le docteur Tribillac ne se laisse pas faire. Il conteste notamment l’indice de défavorisation mis en place par la Sécurité sociale. Selon lui, il ne reflète pas la réalité. « Il est très mal conçu, souligne-t-il. Il fait le contraire de ce qu’il est censé faire ». C’est-à-dire protéger et prendre en compte les populations les plus fragiles.

      « J’ai débusqué une véritable saloperie, ajoute Dominique Tribillac qui a le sentiment qu’on l’empêche d’aller au bout de sa démarche : « L’Assurance maladie essaie d’étouffer l’affaire. »

      Il va même envoyer une lettre ouverte à tous les médecins de France pour raconter son histoire et sa trouvaille concernant le référentiel sécu.
      Une population défavorisée

      Ce docteur, très apprécié de ses patients, ne cesse d’invoquer l’usure de ces derniers, dans un quartier prioritaire de la cité dieppoise. « Un quartier fermé avec une patientèle qui ne bouge pas, précise le professionnel. En tant que médecin de famille, j’ai vu les grands-parents, les parents, les enfants… Les gens qui vivent là y restent. »

      Au Val-Druel, « plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, indique-t-il. Les #polypathologies sont donc plus fréquentes, en moyenne deux fois plus élevées ». Le secteur dans lequel le médecin évolue est principalement touché par des problématiques psychologiques, de l’obésité, de chômage, de tabac, de cancers…

      Manque de spécialistes

      Selon lui, la moitié des habitants de ce quartier populaire arrive à la retraite invalide. « Ce sont des travailleurs qui ont des conditions de travail difficiles, explique Dominique Tribillac. Jusqu’à 45 ans, ils n’ont pas d’arrêt, et après ça commence.

      L’usure se déclare à cause de mouvements répétitifs qui sollicitent les mêmes membres ou muscles. « On arrive donc à une situation bancale en fin de carrière. Le patient peut-il encore travailler ou non, faire le même job… »

      Le médecin pointe aussi le manque de spécialistes dont les délais d’attente pour un rendez-vous sont de plus en plus élevés : « Les gens ne peuvent donc pas reprendre leur travail sans les avoir vus. »

      Un médecin dans l’#illégalité

      Mais tous ces arguments n’ont pas convaincu l’Assurance maladie. Ainsi, le docteur Tribillac a été sanctionné malgré un avis favorable d’une commission consultative pour le laisser exercer sereinement. C’était sans compter sur la direction de la CPAM de Seine-Maritime qui en a décidé autrement. Cette dernière n’a d’ailleurs pas souhaité répondre à nos questions au sujet du médecin du Val-Druel.

      Il exerce donc sa fonction dans l’illégalité depuis le 1er février 2024, refusant de remplir des papiers supplémentaires permettant à un médecin-conseil de vérifier les prescriptions d’arrêts maladie du docteur Tribillac. On appelle cette procédure une MSAP, une mise sur accord préalable.

      « Pas coupable »

      « Je ne suis pas coupable ! », argue-t-il. « Je ne remplirai pas ces dossiers. Ce médecin-conseil devrait plutôt voir ou appeler lui-même mes patients. »

      Conséquence pour ces derniers : ils ne peuvent plus toucher leurs indemnités journalières versées par la Sécu.

      https://actu.fr/normandie/dieppe_76217/pourquoi-ce-medecin-prescrit-trois-fois-plus-darrets-de-travail-que-la-moyenne-

  • BuzzSenegal
    https://www.buzzsenegal.com/news/Confessions/moussa-niakhate-laquo-personne-ne-pourra_n_87230.html
    https://www.buzzsenegal.com/content/news/images/02-2024/thumbs/612x298_1dd2a04e8da1fe95f04f5a168c269814b57cd4ca.jpg

    Voyage vers le Nicaragua : pour 6 millions FCFA le couple Diop tente le périple avec leur bébé mais s’arrête à Casablanca
    Author : Dakaractu 31 janvier, 2024 á
    Les sénégalais n’ont toujours pas déchanté de l’aventure de rallier les Etats-Unis par la voie du Nicargua. Ce, au péril de tous les problèmes qu’ils peuvent subir. Les jeunes mariés S. T. M. Diop et M. O. Diallo en ont fait l’expérience. En effet, le couple Diop qui a traduit l’agent de voyage, J. Camara devant la barre du tribunal correctionnel n’ont pas admis le fait qu’il a été envoyé poiroter durant 3 nuits à Casablanca par ce dernier. Monsieur et madame Diop le poursuivent pour manœuvres frauduleuses, de s’être prévalu de la fausse qualité ayant abouti à l’escroquerie portant sur 6 millions FCFA. Devant la barre du tribunal, le couple a raconté les faits. « Nous avons voulu voyager vers le Nicaragua. Nous collaborions avec un certain Almamy qui nous a mis en rapport avec J. Camara pour l’achat de 2 billets de voyage vers différentes destinations pour un coût de 6 millions FCFA. Nous nous sommes donnés rendez-vous avec l’agent à la Cité Mixta au mois de septembre. Le voyage a eu lieu au mois d’octobre », a d’emblée confié le mari S. T. M. Diop qui atteste avoir reçu ce jour les billets avant d’en venir au calvaire du voyage.« Il était inscrit sur les billets que J. Camara nous a vendus que les destinations étaient Dakar-Casa-Madrid-Salvador-Nicaragua mais à notre grande surprise le billet s’est limité à Casa au Maroc. À l’aéroport Blaise Diagne, le chef d’embarquement nous a remis que 2 cartes d’embarquement pour Casa et nous a dit qu’une fois à destination nous auront les autres sur place ce qui n’a pas été le cas », a soutenu le jeune marié.
    Le couple Diop qui avait un bébé de moins de 2 ans voulait se rendre au Nicaragua pour espérer entrer sur le territoire américain par ce pays. D’après les explications du couple, Monsieur et madame Diop partaient rejoindre un parent au pays de l’oncle Sam. A en croire l’épouse, les problèmes ont commencé à Dakar.
    « Notre premier problème était notre bébé dont le nom devait être rattaché à mon billet. Cela nous a pris beaucoup de temps. Nous discutions avec Almamy qui de son côté communiquait avec J. Camara. Lorsque nous avons reçu les cartes d’embarquement pour Casa, le chef d’embarquement a soutenu que c’est à Casa qu’il faudra demander la continuation. Nous avons cherché des explications mais nous n’avons pas pu avoir une réponse adéquate. A Casa, les autorités aéroportuaires nous ont fait savoir qu’il n’y avait pas de continuation sur les billets », a indiqué M. O. Diallo.
    Interpellé sur les déclarations du couple Diop, le prévenu a expliqué que les billets avaient bel et bien une continuation. Dans ses dires, il a soutenu avoir proposer au couple de porter plainte contre la compagnie Royal Air Maroc qui devait le prendre en charge et de le designer comme témoin clé. Mieux, J. Camara soutient avoir donné des consignes au couple pour l’assister dans le voyage.« Arrivés à Casablanca, ils m’ont appelé pour me faire part de leur problème d’embarquement pour poursuivre le voyage alors que je leur avais demandé de m’envoyer la carte d’embarquement une fois à l’aéroport Blaise Diagne ce qu’ils n’ont pas fait », a soutenu l’agent de voyage qui a été démenti par le couple.« C’est ici devant cette barre que j’ai entendu ce qu’il vient de dire », a répondu le sieur Diop.
    Pour l’avocat de la défense qui a soutenu avoir saisi les services de Royal Air Maroc, l’erreur dans toute cette affaire de voyage vient du Chef d’escale. Le conseil de la partie civile de son côté croit qu’aucune réponse n’a été établie par les autorités de Royal Air Maroc même si c’est avéré qu’elles ont été saisies à travers une requête. Pour la manifestation de la vérité, le procureur a demandé de renvoyer l’affaire afin de saisir les autorités de Royal Air Maroc ainsi que les autres entités impliquées dans l’achat des billets pour permettre au tribunal de mieux appréhender la validité des billets. Il a fallu de longues discussions entre les parties avant de poursuivre les plaidoiries. Prenant la parole, la partie civile a indiqué que tous les éléments constitutifs du délit d’escroquerie sont établis. Selon l’avocat, il est attesté que les billets vendus à ses clients se limitent à Casablanca avant de demander la condamnation pénale à l’encontre du prévenu et le versement de 10 millions FCFA pour toutes causes de préjudices.Pour le procureur, le point d’achoppement demeure la validité des billets et que chacun des parties s’est défendu sur la question. A l’en croire, seuls les autorités du Royal Air Maroc pouraient trancher la question.
    La défense a pour sa part indiqué que les billets étaient bien valables et valides. « En quoi J. Camara a fauté en vendant les billets ? Mais pour démontrer l’escroquerie, on est prêt à vous faire croire à des choses qui n’existent pas. On a la preuve qu’il a payé les billets, il n’y a pas de manoeuvres ni de fausse qualité », a indiqué l’avocat du prévenu qui demande au tribunal de relaxer son client purement et simplement. Dans son verdict, le tribunal a finalement relaxé le prévenu du délit d’escroquerie et reçoit la constitution de partie civile pour le paiement de la somme de 10 millions Fcfa au depens du trésor public.

    #Covid-19#migration#migrant#maroc#senegal#nicaragua#escroquerie#sante

  • Irlande : une « situation d’urgence » pour les demandeurs d’asile, alerte le HCR - InfoMigrants
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    Irlande : une « situation d’urgence » pour les demandeurs d’asile, alerte le HCR, Par Maïa Courtois Publié le : 15/02/2024
    Dans un rapport paru cette semaine, le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations Unies étrille la politique d’accueil irlandaise. Il appelle le gouvernement à des « mesures extraordinaires » contre le manque grandissant de solutions d’hébergements pour les demandeurs d’asile. Ceux-ci font face, dans le même temps, à un taux de protection de plus en plus faible.
    Près de 600 demandeurs d’asile se sont vu refuser le statut de réfugié par l’Irlande en janvier 2024, d’après les dernières statistiques du ministère de la Justice irlandais. C’est deux fois plus qu’en janvier 2023, souligne The Irish Times, lorsque 261 personnes avaient essuyé un refus. En 2022, le chiffre était encore plus bas, avec 14 refus seulement. Le nombre de demandes a certes augmenté, d’une année à l’autre. Mais cela n’explique que partiellement le phénomène. Il suffit de regarder le taux de refus : celui-ci était de près de 60 % pour toute l’année 2023, sur 5 000 demandes traitées. Tandis qu’en 2022, ce taux de refus n’était que de 18 %, sur 875 demandes traitées. Cette tendance risque de se poursuivre : le gouvernement a annoncé, en début d’année, de nouvelles restrictions sur les demandes d’asile. L’Algérie et le Botswana vont être ajoutés à la liste des « pays sûrs ». Et ce, à l’occasion d’une réforme plus large à venir visant à accélérer les délais de traitement des demandes d’asile, rappelle The Irish Times.
    Cette semaine, le Haut commissariat pour les réfugiés de l’ONU (UNHCR) a épinglé dans un rapport la politique d’accueil irlandaise. L’agence onusienne demande au gouvernement irlandais d’accueillir « immédiatement » les primo-arrivants en s’assurant qu’ils « ne se retrouvent pas dans une situation de sans-abri ou de dénuement ».
    Ce jeudi 15 février, le HCR est auditionné à ce sujet par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies. Cette instance va examiner la politique irlandaise au regard de ses obligations internationales, et émettra à son tour des recommandations.Le sans-abrisme devient en effet un enjeu majeur. Depuis le 4 décembre 2023, le gouvernement a cessé de proposer un hébergement à tous les nouveaux demandeurs d’asile, pourtant bel et bien éligibles à une mise à l’abri, rappelle la RTE, la radio-télévision publique irlandaise. Les premiers pénalisés sont les hommes seuls, sans vulnérabilité particulière. Pourtant, ces hommes seuls constituent la majorité des arrivants. Dans son dernier rapport hebdomadaire, le Service international d’hébergement et de protection enregistre 35 % d’hommes seuls, sur les 326 arrivées lors de la semaine du 5 au 11 février. Un ratio peu ou prou identique à celui de la semaine précédente. Première nationalité de ces arrivants : le Nigeria.Si le HCR salue la priorité donnée aux enfants, femmes et personnes vulnérables, il se dit « profondément préoccupé par le fait que les hommes célibataires se retrouvent sans logement ». Avant de souligner : « Donner la priorité aux candidats les plus vulnérables ne peut justifier le refus des droits humains fondamentaux, tels qu’un abri adéquat, à d’autres candidats ».
    Pour justifier ses restrictions en matière de mise à l’abri, le gouvernement irlandais a mis en avant le manque d’hébergements disponibles. « Malgré des efforts intensifs pour trouver un hébergement d’urgence, le Ministère n’est actuellement pas en mesure de fournir un hébergement à tous les demandeurs de protection internationale en raison de la grave pénurie », indique ainsi le gouvernement.
    Les dernières statistiques officielles indiquent que sur les 1275 demandeurs d’asile qui se sont présentés depuis le 4 décembre pour un hébergement, seuls 144 se sont vus offrir une mise à l’abri.
    Le HCR reconnaît que le pays est confronté à des « défis importants pour garantir un logement convenable aux nouveaux arrivants », mais il rappelle « l’obligation morale et légale de répondre aux besoins fondamentaux des personnes qui viennent en Irlande ».
    Pour l’agence onusienne, il s’agit d’une « situation d’urgence qui exige que le gouvernement prenne des mesures extraordinaires pour garantir qu’il puisse répondre à ces besoins humanitaires fondamentaux ».Au-delà du sans-abrisme, le HCR s’inquiète du fait que « la majorité des demandeurs, soit plus de 17 000, sont hébergés dans des centres d’urgence à travers l’Irlande » alors que ces centres « ne sont pas soumis à des inspections indépendantes ». Le centre Mosney, par exemple, accueille près des centaines de demandeurs d’asile à une trentaine de kilomètres de Dublin, est régulièrement critiqué par les ONG.
    Ce type d’hébergement, les « distribution centers », sont qualifiés de « système odieux » par l’ONG Movement of Asylum Seekers in Ireland (Mouvement des demandeurs d’asile en Irlande, MASI). Les demandeurs d’asile y sont soumis à certaines restrictions comme un couvre-feu ou l’impossibilité de cuisiner par eux-mêmes. Les ONG décrivent aussi les difficultés à être accompagnés vers la recherche d’emploi ou la formation, notamment linguistique, rappelle dans un décryptage le journal University Observer. Ce système d’hébergement, conçu pour l’urgence, est en théorie limité à six mois. En pratique, des nombreux migrants y restent plusieurs années. Depuis un an, l’Irlande est également confrontée à une montée de l’extrême droite. Des rassemblements et manifestations anti-migrants, jusque là rares, se multiplient sur le territoire. Il y a un an, le 7 février 2023, à Dublin, plus de 2 000 personnes sont descendues dans la rue sous le slogan : « L’Irlande est pleine à craquer ».

    #Covid-19#migrant#migration#irlande#nigeria#HCR#asile#sante#hebergement

  • Le Sénat italien approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile - InfoMigrants
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    Le Sénat italien approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile
    Par La rédaction Publié le : 16/02/2024
    Le Sénat italien a donné jeudi son accord définitif sur le projet de loi visant à délocaliser une partie des demandes d’asile en Albanie. Le texte, qui prévoit d’envoyer à Tirana les migrants secourus en Méditerranée par les garde-côtes italiens, doit désormais être examiné par le Parlement albanais avant d’être effectif. Nouvelle étape pour l’accord controversé entre l’Italie et l’Albanie. Jeudi 15 février, le Sénat italien a donné son approbation définitive au texte qui prévoit d’envoyer les migrants secourus en Méditerranée par les autorités italiennes vers Tirana. Le pays, non membre de l’Union européenne (UE) sera chargé de l’accueil des demandeurs d’asile et de l’examen de leur dossier. Le projet de loi a été validé par 93 voix contre 61 par les sénateurs, après l’adoption par la Chambre basse le 24 janvier. Il doit désormais être validé par le Parlement albanais pour être pleinement effectif. Dans le cadre de cet accord signé le 6 novembre, l’Albanie s’est engagée à prendre en charge jusqu’à 3 000 migrants à pleine capacité dans des centres spécialement dédiés.Tirana va ainsi ouvrir un centre dans le port de Shëngjin (nord), servant à l’enregistrement des demandeurs d’asile. La structure sera construite sur un périmètre d’environ 240 mètres, et sera entourée d’une clôture de quatre mètres de haut, rehaussée de barbelés. Le centre de Gjader, lui, hébergera les migrants dans l’attente d’une réponse à leur demande d’asile.Selon les prévisions de Rome, environ 39 000 personnes transiteraient en Albanie par an.L’Italie contourne ainsi la responsabilité légale d’accueil qui lui incombe lorsqu’un exilé est secouru sur son territoire, maritime en l’occurrence.
    En Italie, l’accord, avant même son éventuelle entrée en vigueur, a suscité de très nombreuses critiques. « Publicité électorale » en vue des élections européennes de juin, « inutile et coûteux », « inhumain et illégitime » : les députés d’opposition italiens n’ont pas manqué de dénoncer durement cet accord au cours du débat parlementaire.
    Ils en ont également critiqué le coût, estimé entre 650 et 750 millions d’euros sur cinq ans. Les dépenses pour la construction, le fonctionnement et la sécurisation de ces deux centres et des infrastructures nécessaires, ainsi que pour les soins médicaux des demandeurs d’asile, seront en effet couverts à 100% par la partie italienne, selon les autorités albanaises.Jeudi, la conférence des évêques italiens a ajouté sa voix à l’opposition, qualifiant l’accord de gaspillage des dépenses publiques. Dans un communiqué, l’archevêque Gian Carlo Perego, a déclaré que les 673 millions d’euros budgétisés étaient de l’argent « jeté à la mer », qui aurait pu être utilisé pour créer des emplois ou sauver des vies.Le même jour, Amnesty international a également réagi, regrettant l’adoption du projet de loi par le Sénat, qui « risque de mettre des vies en péril, et toucherait des personnes en situation déjà vulnérable du fait des circonstances de leur déplacement, ouvrant ainsi un chapitre peu glorieux pour l’Italie. »
    "Les personnes débarquées en Albanie et conduites dans les centres sur place, notamment les réfugiés et les demandeurs d’asile, seraient automatiquement placées en détention, sans pouvoir sortir de ces centres pendant une période maximale de 18 mois. Aux termes du droit international, la détention automatique est par nature arbitraire et, par conséquent, illégale", assure Matteo Bellis, chercheur au sein de l’ONG.Amnesty international appelle, une nouvelle fois, l’UE à bloquer ce texte. En décembre, la Commission européenne s’était félicitée d’un tel accord, jugé conforme aux obligations de l’Union. Dans une lettre adressée aux États membres, la présidente Ursula von der Leyen avait estimé qu’il « s’agit d’un exemple de réflexion originale, basée sur un partage équitable des responsabilités avec les pays tiers ».

    #Covid-19#migrant#migration#italie#albanie#accordmigratoire#externalisation#UE#detention#camp#asile#sante

  • Espagne : un réseau de passeurs pour migrants sénégalais, qui transitaient par Madrid, démantelé - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55259/espagne--un-reseau-de-passeurs-pour-migrants-senegalais-qui-transitaie

    Espagne : un réseau de passeurs pour migrants sénégalais, qui transitaient par Madrid, démantelé
    Par La rédaction Publié le : 16/02/2024
    La police espagnole a arrêté 12 passeurs membres d’un réseau international qui permettait à des Sénégalais de rejoindre des pays européens, dont la France. Tous transitaient par l’aéroport de Madrid, s’y déclarant demandeurs d’asile - un procédé utilisé par de nombreux exilés - avant d’être conduits en voiture vers leurs destinations, moyennant une somme d’argent. Douze passeurs faisant partie d’un même groupe mafieux - qui trafiquaient autour de migrants sénégalais - ont été arrêtés en Espagne. Les enquêteurs ont « démantelé un réseau international », s’est félicitée la police espagnole dans un communiqué paru jeudi 15 février.
    Près de 200 Sénégalais auraient réussi à entrer en Europe via ce réseau, d’après les autorités. Ces personnes se sont dirigées vers « la France, l’Allemagne et la Belgique », le tout en « se faisant passer pour des mineurs afin de demander l’asile », détaille encore le communiqué de la police espagnole. Le circuit était bien huilé. D’abord, tous les départs se faisaient depuis la ville marocaine de Casablanca. Les Sénégalais y achetaient un billet d’avion « à destination de différents pays d’Amérique du sud », qui ne réclament pas de visa... Avec escale à Madrid. Tous ces exilés transitaient donc par l’aéroport de Madrid-Barajas. Au moment de cette escale dans la capitale espagnole, les Sénégalais y demandaient l’asile. Durant le vol entre le Maroc et l’Espagne, ils « déchiraient leur passeport » afin de prétendre « être mineurs ou originaires de pays en conflit comme le Mali ou l’Éthiopie » pour demander l’asile, toujours selon la police.
    Il étaient alors envoyés vers des centres dédiés dans la capitale, avec une liberté de mouvement. Des véhicules venaient ensuite les récupérer pour les transporter vers les différents pays européens.
    Les 12 passeurs de ce réseau ont été arrêtés à Madrid même, mais aussi à Alcoy, dans le sud-est de l’Espagne. Tous étaient de nationalité sénégalaise, à l’exception d’une ressortissante espagnole. Parmi les interpellés se trouvaient « le chef au niveau européen » de ce réseau, a précisé une porte-parole de la police à l’AFP.
    Ces dernières semaines, les arrivées de personnes exilées demandant l’asile lors de leur escale à Madrid débordent les infrastructures de l’aéroport. Fin janvier, plus de 600 migrants, marocains et sénégalais notamment, s’y trouvaient en attente de l’examen de leur demande d’asile « dans des conditions insalubres », dénonçait alors l’ONG Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR). Le 30 janvier, une salle d’accueil supplémentaire de 500 m2 avait été ouverte pour faire face aux nouvelles arrivées. Nombre de ces exilés coincés dans l’aéroport avaient des billets à destination de l’Amérique du Sud avec escale, tout comme le procédé utilisé par ce réseau de passeurs tout juste démantelé. Les jeunes migrants non accompagnés utilisent également ce levier. Entre le 1er et le 17 janvier 2024, pas moins de 188 mineurs isolés ont débarqué au terminal de Madrid pour rester dans le pays, via un vol à destination de l’Amérique latine, chiffrent les autorités. Pour réagir à cette pratique, les autorités espagnoles feront entrer en vigueur, le 19 février, l’obligation pour les Sénégalais de présenter un visa de transit aéroportuaire (TAP) en escale. Une mesure qui s’appliquait déjà aux Kenyans. Les passeurs sénégalais sont souvent des hommes, plutôt jeunes, « qui ont déjà fait le voyage, qui connaissent justement les rouages et qui ont même des contacts avec d’autres passeurs se trouvant au niveau des zones de transit, et même parfois au niveau des zones d’accueil », décrit l’enseignant chercheur en sociologie Abdoulaye Ngom, de l’université sénégalaise Assane Seck de Ziguinchor, interrogé par la BBC Afrique.
    Côté français, ce lundi 12 février, un ressortissant d’origine sénégalaise a été condamné à dix mois de détention par le tribunal de Poitiers pour aide au passage entre l’Espagne et la France. L’homme transportait quatre exilés dans son véhicule lorsqu’il a été repéré, rapporte La Nouvelle République. Les quatre migrants ont été reconduits à la frontière espagnole.

    #Covid-19#migration#migrant#espagne#senegal#transit#trafic#routemigratoire#maroc#ameriquelatine#sante

  • La Suède prévoit de relever le salaire minimum exigé pour les visas de travail - InfoMigrants
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    La Suède prévoit de relever le salaire minimum exigé pour les visas de travail
    Par La rédaction Publié le : 16/02/2024
    En Suède, les travailleurs non-européens devront désormais démontrer qu’ils gagnent plus de 34 200 couronnes (3 000 euros) pour obtenir un visa de travail et rester dans le pays. Auparavant, le montant demandé était de 27 360 couronnes (2 400 euros). Les secteurs du nettoyage et de la restauration - qui emploient de nombreux étrangers - dénoncent une mesure qui pourrait nuire à l’économie nationale. La Suède « a avant tout besoin d’une main-d’œuvre étrangère qualifiée et hautement qualifiée », a déclaré jeudi 15 février la ministre suédoise des Migrations, Maria Malmer Stenergard, lors d’un point presse. Or, le pays connaît « une forte immigration vers des emplois » peu qualifiés et faiblement rémunérés a-t-elle ajouté. Pour tenter de renverser la tendance, Stockholm prend des mesures drastiques. Le gouvernement, soutenu par le parti d’extrême-droite des Démocrates de Suède, veut augmenter le salaire minimum exigé pour obtenir un visa de travail pour les migrants qui ne viennent pas de l’Union européenne (UE). Une commission d’enquête, nommée par l’exécutif, propose d’établir le plafond demandé aux étrangers à 34 200 couronnes (3 000 euros), soit l’équivalent du salaire médian. Le gouvernement compte sur une entrée en vigueur du texte au 1er juin 2025.
    La restauration et le nettoyage, deux secteurs les plus affectés
    En novembre 2023 déjà, le montant exigé des personnes hors espace Schengen ou UE avait été doublé, passant de 13 000 couronnes (1 150 euros) à 27 360 couronnes (2 400 euros) – soit 80% du salaire médian. Les confédérations syndicales et les organisations d’employeurs avaient alors dénoncé une mesure qui risque non seulement de nuire à l’économie suédoise, mais qui met aussi à mal l’un des principes fondateurs de ce pays.
    Les étrangers se retrouveront-ils écartés du marché du travail parce que son accès est trop cher  ? Les entreprises pourront-elles vraiment s’en passer  ? Les deux secteurs les plus affectés par cette hausse du salaire minimum sont la restauration et le nettoyage. « Dans beaucoup de cas, il s’agit d’emplois qui doivent être occupés par des personnes qui vivent déjà en Suède », a défendu la ministre : c’est-à-dire des citoyens suédois ou des personnes d’origine étrangère ayant obtenu l’asile ou arrivés en Suède grâce au rapprochement familial, entre autres.
    Mais dans ces domaines, qui manquent cruellement de main-d’œuvre, les étrangers sont indispensables pour faire tourner l’activité. Maria Malmer Stenergard veut permettre des exceptions à la règle dans les cas où il existerait une pénurie des compétences, sur la base d’une liste élaborée par l’Agence des migrations.
    Et pour promouvoir l’arrivée de travailleurs qualifiés, la commission d’enquête souhaite que les chercheurs ne soient pas tenus de remplir ce nouveau niveau de salaire. Idem pour les médecins, infirmières ou dentistes étrangers qui occupent un emploi faiblement rémunéré dans l’attente de la reconnaissance de leur diplôme.
    La Suède, longtemps considérée comme une terre d’accueil et d’intégration pour les réfugiés, notamment syriens, affiche depuis 2022, et l’arrivée du nouveau gouvernement allié de l’extrême-droite, sa volonté de réduire drastiquement l’immigration et la criminalité. En octobre, une autre mesure avait donné le ton de la nouvelle politique de Stockholm. Les autorités avaient annoncé leur volonté de restreindre l’accès aux prestations sociales aux migrants non originaires d’un pays de l’UE. Le gouvernement souhaitait également introduire un plafond pour le cumul des aides, et imposer un délai entre l’arrivée de ces migrants en Suède et le moment où ils pourront toucher les allocations.
    « Depuis 2012, plus de 770 000 personnes ont immigré en Suède de pays hors de l’Union européenne et de l’Espace économique européen », rappelaient alors le Premier ministre Ulf Kristersson et les trois autres dirigeants des partis de la coalition. « Avec une politique d’intégration qui n’a pratiquement aucune exigence [envers les migrants] et aucune incitation à s’intégrer à la société, cette forte immigration a créé une Suède divisée », avaient-ils estimé.
    Pour ces responsables politiques, le pays scandinave a « d’importants problèmes » avec les personnes nées à l’étranger qui vivent de prestations sociales, sans pour autant fournir de données officielles étayant leurs propos.

    #Covid-19#migrant#migration#suede#immigration#visas#salaire#economie#integration#competence#personnelmedical#infirmiere#medecin#migrationqualifiee#sante

  • Royaume-Uni : six migrants découverts à l’arrière d’un camion transportés à l’hôpital - InfoMigrants
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    Royaume-Uni : six migrants découverts à l’arrière d’un camion transportés à l’hôpital
    Par La rédaction Publié le : 16/02/2024
    Six exilés ont été transportés vendredi en urgence à l’hôpital après avoir été découverts à l’arrière d’un camion dans le port de Newhaven, au sud de l’Angleterre. Le véhicule avait embarqué dans un ferry depuis le port français de Dieppe. Pour l’heure, deux hommes ont été arrêtés par la police locale de Sussex dans cette affaire.C’est une nouvelle découverte tragique au Royaume-Uni. Six exilés ont été transportés d’urgence à l’hôpital après avoir été trouvés à l’arrière d’un camion dans le port de Newhaven, dans le sud de l’Angleterre, ce vendredi 16 février.
    La découverte a suscité un important déploiement des services de secours et des forces de l’ordre, rapporte l’AFP. Ils étaient plusieurs migrants - leur nombre n’a pas encore été confirmé - à se trouver à l’arrière de ce camion, repérés alors que le véhicule traversait la Manche à bord du ferry Seven Sisters, entre Dieppe et Newhaven. On ne connaît pas non plus, pour l’heure, leur nationalité.
    Le journal local Paris Normandie évoque au moins sept migrants, qui se trouvaient derrière une paroi leur permettant de se dissimuler, dans un camion de type frigorifique. Deux hommes ont été arrêtés dans cette affaire, a déclaré la police britannique de Sussex. L’un pour « entrée illégale » au Royaume-Uni, l’autre pour avoir « facilité l’entrée illégale » de ce petit groupe de migrants sur le territoire.
    L’embarquement s’est fait dans le port normand de Dieppe, pourtant ultra-surveillé. Au fil des années, la pose de caméras de sécurité ou encore de barbelés s’y est multiplié. Les Britanniques y ont même financé, en 2019, un grand hangar dédié à l’inspection minutieuse des camions, d’une surface de 300 m², qui a coûté 680 000 euros, rappelle Paris Normandie.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#migrationirreguliere#routemigratoire#frontiere#mortalite#sante#ferry#traversee

  • « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien ». À Guingamp, des médecins cubains pour sauver l’hôpital public ?
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/guingamp/si-cuba-peut-nous-aider-ce-sera-tres-bien-a-guingamp-de
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    « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien ». À Guingamp, des médecins cubains pour sauver l’hôpital public ?
    Écrit par Camille Bluteau
    Des médecins cubains pourraient-ils sauver l’hôpital public de Guingamp ? Vendredi 16 janvier, les défenseurs de l’hôpital de Guingamp (Côtes-d’Armor) ont rencontré Otto Vaillant, l’ambassadeur de Cuba. Chaque année, des dizaines de milliers de médecins cubains sont formés pour venir exercer à l’étranger et ils sont prêts à venir en France. Faire venir des médecins cubains pour sauver une maternité ? C’est le pari lancé par des défenseurs de l’hôpital de Guingamp (Côtes-d’Armor) qui ont rencontré vendredi 16 février 2024 l’ambassadeur de Cuba, Otto Vaillant, dans un territoire marqué par des difficultés d’accès aux soins. Chaque année, des dizaines de milliers de médecins cubains sont formés pour venir exercer à l’étranger et sont prêts à venir en France. L’agglomération de Guingamp-Paimpol avait invité le diplomate car elle a eu connaissance de « la possibilité d’envoi de médecins cubains dans le monde pour aider tant dans l’urgence que dans le temps », a expliqué son président Vincent Le Meaux, évoquant « un besoin en santé sur nos territoires ». « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien », a-t-il poursuivi. La maternité de Guingamp, menacée de fermeture depuis des années, a obtenu un sursis en 2018 à la demande d’Emmanuel Macron, après une forte mobilisation de la population. Mais depuis avril 2023, les accouchements y sont suspendus, faute d’un nombre de soignants suffisants.
    D’autres hôpitaux de la région souffrent d’un manque de personnel soignant. À Lannion et à Carhaix, l’accès aux urgences est régulé la nuit, faute de médecins urgentistes. Les Côtes-d’Armor sont le département le moins bien loti de la région en termes de densité de médecins. Depuis avril 2023, les accouchements à l’hôpital de Guingamp sont suspendus. Des médecins cubains pourraient venir en renfort.Depuis avril 2023, les accouchements à l’hôpital de Guingamp sont suspendus. Des médecins cubains pourraient venir en renfort.
    D’autres élus, en Bretagne et ailleurs en France, ont aussi sollicité Otto Vaillant, assure le diplomate sans préciser lesquels. Bien sûr, il faudra un décret du gouvernement et l’accord des autorités de santé. Pour les élus locaux, comme pour le syndicat CGT, cette initiative a valeur de test. « Je pense que l’Agence régionale de santé est à l’écoute de toute solution qui viendrait du territoire. Elle a également intérêt à écouter ce qui est proposé par les élus locaux. Nous allons nous employer à écrire très rapidement au président de la République » afin d’"obtenir cet accord par décret", a assuré Vincent Le Meaux. En France, des médecins cubains sont déjà intervenus en Martinique ou en Guyane en pleine crise du Covid-19, d’autres en Italie et en Andorre. Une région italienne, la Calabre, a signé un accord en 2022 pour un déploiement plus important de 500 Cubains. « C’est une solution rapide. Ils ont montré leur efficacité pour se déployer rapidement en cas de sinistre important. On n’est pas dans un sinistre aigu mais on en arrive à une population délaissée depuis 15 ans. Un tiers de nos patients sont sans médecin généraliste dans la région », déclare Christian Brice, médecin urgentiste à l’hôpital de Guingamp.
    Pour celui qui est à l’origine de cette idée, ce renfort cubain ne serait que transitoire, pour éviter les fermetures de service. « Si on laisse fermer ces services d’urgences, si on ne prend pas des mesures qui seraient intermédiaires pour les maintenir ouverts le temps qu’on forme du personnel pour répondre aux demandes légitimes, on ne les rouvrira pas », regrette Gaël Roblin, conseiller municipal de Guingamp. L’hôpital de Guingamp manque notamment d’urgentistes, d’obstétriciens, de sages-femmes. Les besoins précis n’ont pas été évoqués lors des échanges avec l’ambassadeur cubain. Cette rencontre aura permis de mettre « l’État français face à ses contradictions : nous faisons partie des cinq premières puissances mondiales, il y a encore une vingtaine d’années, nous avions le meilleur système de santé au monde et nous nous retrouvons à faire appel à des médecins cubains », estimait Fabrice Dehove, du syndicat SUD, avant les échanges.
    La venue de médecins cubains soulève des questions, comme l’obstacle de la langue et le coût, alors qu’une grande partie du salaire versé par le pays hôte est prélevée par les autorités cubaines. Les médecins cubains pourront apprendre le français, a assuré l’ambassadeur. La question des salaires que toucheraient ces médecins n’a pas été abordée, mais « à compétence égale, il doit y avoir le même salaire », a fait valoir Vincent Le Meaux. Certaines ONG dénoncent les conditions dans lesquelles sont envoyés les médecins cubains à l’étranger. En 2023, selon les autorités cubaines, 22.632 professionnels de santé étaient répartis dans 57 pays. Cette coopération médicale a rapporté 6,3 milliards de dollars en 2018 et 3,9 milliards en 2020, selon des chiffres officiels. Que cette initiative se concrétise ou non, elle aura au moins le mérite d’attirer l’attention sur la situation de l’hôpital public sur ce territoire.

    #Covid-19#migrant#migration#france#cuba#bretagne#personnelmedical#sante#systemesante#

  • L’Egypte construit une zone de sécurité dans le Sinaï en prévision d’un éventuel afflux de réfugiés depuis Gaza
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/17/l-egypte-construit-une-zone-de-securite-dans-le-sinai-en-prevision-d-un-even

    L’Egypte construit une zone de sécurité dans le Sinaï en prévision d’un éventuel afflux de réfugiés depuis Gaza
    Par Hélène Sallon (Beyrouth, correspondante)
    Dans le Sinaï égyptien, le long de la frontière avec la bande de Gaza, entre les terminaux de Rafah et de Kerem Shalom, des engins de chantier aplanissent le sol d’une étroite bande de terre. Des images satellites, analysées par l’agence Associated Press vendredi 16 février, montrent que des travaux sont en cours dans ce périmètre. Des grues et des camions y sont visibles. Des barrières de béton ont été dressées pour ceinturer cette zone d’environ 20 kilomètres carrés.
    Selon l’ONG Sinai Foundation for Human Rights, qui a révélé l’existence de ce chantier le 12 février, l’endroit est destiné à accueillir des réfugiés palestiniens, dans l’éventualité où l’Egypte devrait faire face à un exode massif depuis Gaza. Des entrepreneurs locaux ont dit à l’ONG avoir été chargés des travaux par l’entreprise Sons of Sinai, propriété de l’homme d’affaires Ibrahim El-Argani, proche de l’armée égyptienne. Il est prévu que des murs de 7 mètres de haut soient construits, sous la supervision du génie militaire, et sous forte présence sécuritaire.Des sources égyptiennes ont confirmé, sous couvert de l’anonymat, au Wall Street Journal l’aménagement d’une zone de sécurité, pouvant accueillir jusqu’à 100 000 personnes. Une source égyptienne indique au Monde que la peur de faire face à un afflux de déplacés en cas d’offensive israélienne sur la ville de Rafah explique cette décision. Le chef des services de communication de l’Etat, Diaa Rashwan, a toutefois nié l’existence d’un tel projet. Il a rappelé que l’Egypte s’oppose à tout déplacement forcé de Gazaouis sur son territoire du fait de la guerre entre Israël et le Hamas dans l’enclave palestinienne.
    Ce scénario pourrait cependant se matérialiser si le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, mettait à exécution sa menace, agitée depuis le 7 février, de lancer une offensive sur Rafah, qui est devenue le dernier refuge de plus d’1,4 million de Gazaouis. « La décision de lancer l’offensive sur Rafah n’a pas été prise. Nétanyahou souhaite en faire un moyen de pression dans les négociations de trêve avec le Hamas. Mais s’il n’y a pas d’accord, il sera difficile pour les Israéliens d’éviter une offensive », estime Laure Foucher, spécialiste du Moyen-Orient à la Fondation de recherche stratégique (FRS).
    Le Caire et Washington exhortent Israël à renoncer à cette opération, invoquant des « conséquences humanitaires dévastatrices ». Ils exigent qu’un plan d’évacuation des déplacés de Rafah vers le nord de l’enclave soit mis sur pied. Vendredi, le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, a assuré qu’« Israël n’a pas l’intention d’évacuer des civils palestiniens vers l’Egypte », ni de mettre en danger l’accord de paix signé en 1978 avec Le Caire. L’armée israélienne n’a toutefois pas dévoilé de plan pour la prise en charge des civils palestiniens dans le nord de l’enclave, qu’elle a réduit à l’état de ruines. (...)
    La perspective d’un déplacement des Palestiniens dans le Sinaï suscite des inquiétudes. « En cas d’afflux massif, cette zone pourrait rapidement ressembler à un camp de concentration. Et, il n’y a aucune garantie qu’ils pourront revenir à Gaza », déplore l’expert palestinien. Les Palestiniens craignent qu’Israël ne cherche à provoquer une seconde Nakba (« catastrophe »), le nom donné à l’exode forcé de 700 000 Palestiniens, lors de la création d’Israël en 1948. Des réfugiés qui n’ont jamais pu rentrer sur leurs terres.
    « Une nouvelle crise des réfugiés signerait l’arrêt de mort d’un futur processus de paix », a alerté Filippo Grandi, le directeur de l’agence des Nations unies en charge des réfugiés (HCR), dans un entretien à la BBC vendredi. Le chef du HCR a appelé à « éviter à tout prix » un exode des Palestiniens vers l’Egypte, estimant qu’une fois sortis de Gaza, les réfugiés ne pourraient plus y retourner. Le HCR et l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des déplacés palestiniens, disent ne pas être impliqués dans des préparatifs pour l’accueil de réfugiés palestiniens dans le Sinaï.

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#israel#sinai#refugie#guerre#palestine#nakba#sante#camp#HCR#UNRWA

  • Elections européennes : Fabrice Leggeri, ex-directeur de Frontex, rejoint la liste du Rassemblement national
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/17/elections-europeennes-fabrice-leggeri-ex-directeur-de-frontex-rejoint-la-lis

    Elections européennes : Fabrice Leggeri, ex-directeur de Frontex, rejoint la liste du Rassemblement national
    Le Monde avec AFP
    C’est un ralliement de poids pour le Rassemblement national (RN) : Fabrice Leggeri, directeur de l’agence européenne chargée du contrôle des frontières (Frontex) de 2015 à 2022, a annoncé, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD), qu’il rejoignait la liste menée par Jordan Bardella aux élections européennes. (...)
    Ce haut fonctionnaire de 55 ans, énarque et normalien, a occupé de 2015 à 2022 la direction de Frontex, avant d’en démissionner à la suite d’une enquête disciplinaire. Il était un directeur contesté, régulièrement accusé par les ONG de tolérer des refoulements illégaux de migrants et il s’était imposé comme un défenseur de l’imperméabilité des frontières européennes. (...) L’appoint de ce haut fonctionnaire est un signe de la volonté du parti d’extrême droite d’étoffer son réservoir d’experts et de technocrates pour gagner en crédibilité afin d’exercer un jour le pouvoir.
    « Ancien patron de Frontex, Fabrice Leggeri a été poussé à la démission, lâché par Emmanuel Macron parce qu’il agissait contre la submersion de l’Europe », a déclaré M. Bardella dans un message sur X. En réalité, Fabrice Leggeri avait démissionné en avril 2022 de la direction exécutive de Frontex après l’ouverture d’une enquête disciplinaire de l’Office européen de lutte antifraude, OLAF. Le haut fonctionnaire était visé par un rapport non public de cet organisme qui, selon des informations de presse, lui reprochait de « ne pas avoir respecté les procédures, de s’être démontré déloyal vis-à-vis de l’Union européenne » et d’être responsable d’un « mauvais management personnel ».(...) Basée à Varsovie, Frontex est l’une des agences politiquement les plus exposées de l’Union européenne. Rassemblant des garde-côtes et des gardes-frontières, ses moyens ont été régulièrement renforcés pour contrôler les frontières européennes.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#frontex#election#frontiere#flux#sante

  • Au Maroc, le renouveau d’un christianisme aux accents subsahariens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/18/au-maroc-le-renouveau-d-un-christianisme-aux-accents-subsahariens_6217160_32

    Au Maroc, le renouveau d’un christianisme aux accents subsahariens
    Par Frédéric Bobin (Casablanca, Rabat Envoyé spécial)
    Yeux clos, mains jointes, corps se balançant au rythme des suppliques du chœur – « Dieu, ne nous laisse pas tomber ! » –, le cénacle de fidèles est plongé dans une intense émotion. Ici et là, un doigt essuie une larme. Ce dimanche 28 janvier, l’Assemblée des missionnaires de Jésus-Christ célèbre son culte hebdomadaire dans un appartement situé en sous-sol d’un immeuble de Riad El-Oulfa, un quartier populaire de Casablanca. (...) L’Eglise du pasteur Silas, à Casablanca, n’est que l’une des manifestations d’un phénomène bien plus large au Maroc, celui des « Eglises de maison » (car nées dans des appartements privés) d’obédience néopentecôtiste ou charismatique, issue du protestantisme africain. Leur essor depuis les années 2000, nourri par les flux migratoires en provenance d’Afrique subsaharienne, a revitalisé le christianisme au Maghreb. Alors que l’Europe s’efforce de verrouiller ses frontières, la rive méridionale de la Méditerranée abrite des communautés migrantes s’étoffant au fur et à mesure qu’est entravé leur exode vers le nord. De couloirs de transit, ces pays se transforment à leur insu en espaces de sédentarisation propices à un réveil du christianisme, puisque ces voyageurs bloqués sont souvent catholiques ou protestants.
    Qu’un tel retour de la foi chrétienne en terre d’islam s’opère, venant du Sud africain et non du Nord européen désamorce, certes, l’inquiétude, qui affleure parfois dans certains milieux musulmans, d’une nouvelle « colonisation religieuse ». Il n’en a pas moins des conséquences sociétales, parfois délicates à gérer. Le Maroc a, jusque-là, plutôt bien manœuvré, si on le compare aux autres pays maghrébins, comme la Tunisie, marquée, en 2023, par un déchaînement de violences contre les migrants subsahariens. La dimension religieuse était sous-jacente dans cet accès de xénophobie et transparaissait dans la diatribe du président Kaïs Saïed dénonçant des « hordes de migrants clandestins » au service d’un « complot » visant à éloigner la Tunisie de ses « racines arabo-islamiques ».Au Maroc, la très officielle politique d’ouverture vers le sud du continent – marquée par l’accueil de milliers d’étudiants africains boursiers à partir des années 1980 – a limité le développement de telles théories conspirationnistes. Le phénomène est en tout cas spectaculaire. « Le Maroc a connu une redynamisation inattendue par les migrations africaines d’un christianisme qui s’éteignait lentement depuis l’indépendance [de 1956] », écrivent les anthropologues Sophie Bava (Institut de recherche sur le développement), et Bernard Coyault dans l’ouvrage de référence sur le sujet, Dieu va ouvrir la mer. Christianismes africains au Maroc (Kulte Editions, 2022, Rabat) codirigé avec le photographe franco-marocain Malik Nejmi.
    Le spectacle d’églises et de temples revivifiés dans les principales villes du Maroc, emplis de fidèles et résonnant de cantiques, tranche avec l’état de décrépitude qui caractérisait la scène chrétienne locale jusqu’à la fin des années 1980. A ce sujet, le pasteur Samuel Amedro, président, entre 2010 et 2015, de l’Eglise évangélique au Maroc (EEAM, principale institution protestante dans le royaume, issue de l’Eglise réformée de France), aime à raconter une anecdote : « En 1986, l’Eglise réformée de France envoya une mission d’audit au Maroc. Elle constata qu’il n’y avait presque plus de protestants dans le pays. Née dans le sillage des garnisons du protectorat français, l’Eglise protestante au Maroc paraissait vouée à une disparition inexorable après l’indépendance du pays et le départ des Français. L’afflux des étudiants et des migrants africains aura inversé la tendance. (...)
    Cette « africanisation » des Eglises, si elle a mis fin au déclin du christianisme au Maroc, n’est pas allée sans turbulences internes. Les tensions les plus vives ont été observées au sein de la mouvance protestante. La nouvelle génération de fidèles, imprégnée d’un pentecôtisme africain à la spiritualité ostentatoire (prières à voix haute, longueur des chants, expressions extatiques, etc.), s’est vite sentie à l’étroit dans une « Eglise de Blancs » aux pratiques « classiques ». A ces divergences cultuelles se sont ajoutées des crispations hiérarchiques. « Il était parfois difficile d’appliquer des décisions de synodes auprès de paroisses locales soucieuses de leur autonomie », rapporte Karen Smith, actuelle présidente de l’EEAM. Dans les années 2000, dissidences et scissions ont placé l’Eglise protestante au bord de l’implosion. Elle a fini par trouver un équilibre qui demeure précaire. Si l’Eglise catholique a moins tangué, la cohabitation entre ses différentes composantes n’a rien d’évident. A Rabat comme à Casablanca, les Européens fréquentent peu les cathédrales du centre-ville, où se concentrent les Africains, leur préférant les églises de leurs quartiers résidentiels. Mais c’est bel et bien l’irruption multiforme des « Eglises de maison » – galaxie néopentecôtiste et charismatique informelle, la plus ancrée parmi les migrants – qui a posé le principal défi aux Eglises dites « officielles ».
    Le milieu est fluide, mouvant, mais il prospère sur un terreau fertile, celui d’attentes spirituelles de communautés en souffrance, auxquelles des « entrepreneurs religieux » charismatiques offrent une espérance. Ces nouveaux guides sont parfois connectés aux très influentes « Eglises du réveil » d’Afrique centrale, notamment celles de la République démocratique du Congo (RDC), dotées de ramifications transnationales. Le dynamisme de ces « Eglises de maison » cache mal toutefois une grande fragilité. Dépourvues de statut légal – elles ne sont pas intégrées dans l’EEAM –, elles sont potentiellement ciblées par les autorités marocaines, soucieuses de garder sous contrôle le champ religieux du pays.
    Références bibliques
    Les références bibliques dans leur exil : là est la clé de la cristallisation d’une nouvelle « théologie de la migration », selon la formule de Sophie Bava. « Dans la théologie de la migration, il y a toute cette mise en récit des événements de la Bible comme si chaque personnage allait devenir un des acteurs des premiers temps du christianisme », relève la chercheuse. La traversée du désert, la sortie d’Egypte, la mer Rouge s’ouvrant vers la Terre promise : la Bible ne manque pas d’épisodes résonnant avec l’odyssée des migrants contemporains.Selon les circonstances sera mobilisée la figure de Moïse (livre de l’Exode) guidant à travers la mer miraculeusement ouverte son peuple traqué par le « mauvais » pharaon, ou celle de Joseph (livre de la Genèse) élevé aux plus hautes fonctions royales par un « bon » pharaon. « L’habitus [le comportement, les rituels] des “Eglises de maison” ainsi que les productions religieuses qu’elles génèrent se construisent à travers un processus d’encodage de l’expérience migratoire dans l’univers biblique », décrypte Bernard Coyault, par ailleurs directeur du Centre d’études afro-européennes et des sciences des religions, rattaché à la Faculté universitaire de théologie protestante de Bruxelles.

    Face à ce foisonnement du paysage chrétien au Maroc, les Eglises « officielles » protestante et catholique s’inquiètent d’un emballement incontrôlable – en particulier le risque d’un repli identitaire et fondamentaliste. Elles ont donc décidé d’agir de concert pour poser un cadre minimal. Ainsi a été fondé, en 2012, à Rabat, l’Institut Al-Mowafaqa (« l’accord »), un centre de formation théologique chrétien. L’initiative, soutenue par les autorités, est unique en pays musulman. Elle prépare à une licence de théologie en liaison avec l’Institut catholique de Paris et la Faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg. Ainsi se forme sur le territoire marocain une partie du personnel religieux destiné à encadrer une demande en plein essor. « Jusqu’alors, on courait les paroisses sans disposer des prêtres et des pasteurs nécessaires, et sans pouvoir les faire venir de l’extérieur », se souvient le père Daniel Nourissat, curé de la cathédrale de Rabat. (...) D’un autre côté, les autorités marocaines projettent l’image d’une diplomatie religieuse active, notamment vis-à-vis du continent africain. En décidant de régulariser, entre 2013 et 2018, la situation de plus de cinquante mille migrants, Rabat a, en outre, arraché de facto nombre d’adeptes de la clandestinité des « Eglises de maison », où ils se terraient jusque-là pour échapper à de régulières rafles policières. L’idée d’une telle remise à plat avait germé au sein du Conseil national des droits de l’homme, un organisme officiel dont le président Driss El-Yazami (2011-2018), ancien exilé politique en France revenu au Maroc, s’était ému du spectacle de ces lieux de culte de l’ombre. « Je me rappelle qu’en France, dans les années 1970, les musulmans devaient se cacher pour prier, avait déclaré M. El-Yazami, en 2014. Je ne veux pas que des chrétiens vivent cela au Maroc. »

    Les deux vagues de régularisations des années 2010 ont permis d’apaiser les relations entre « Eglises de maison » et autorités marocaines, jusqu’alors empreintes d’une vive défiance. L’époque est révolue où les fidèles se rendaient au culte discrètement, deux par deux, ou chantaient à voix basse – consignes de prudence destinées à ne pas attirer l’attention de voisins marocains soupçonneux et parfois prompts à appeler la police. « Nous sommes désormais tolérés, mais nous ne sommes toujours pas légaux », regrette Jean-Jumel Massembila Lande, pasteur originaire de la République démocratique du Congo.
    Car les régularisations passées n’ont pas mis fin à la précarité de nombre de migrants, tenus de renouveler leurs permis de résidence annuels dans des conditions administratives souvent kafkaïennes. Elles n’ont pas non plus réglé la question du statut des « Eglises de maison », faute d’affiliation à l’EEAM, laquelle reste délicate en raison de divergences cultuelles persistantes. (...) Après des années de tâtonnements parfois conflictuels s’est ainsi forgé un compromis chrétien au Maroc – « un deal très subtil », souligne un familier du dossier. Le royaume y a conforté sa réputation d’Etat « ouvert » et respectueux de la « liberté de culte », un des atouts de son soft power à l’étranger, en Europe comme en Afrique. Quant aux Eglises officielles, elles ont gagné en tranquillité, après avoir présenté les garanties requises pour parer à tout procès en prosélytisme.Cette relative pacification dans le champ institutionnel laisse toutefois un goût d’inachevé. Elle maintient à la marge les « Eglises de maison », certes intégrées dans des formations à l’Institut Al-Mowafaqa, mais toujours dépourvues de statut. Elle relègue surtout dans l’oubli la question des Marocains convertis au christianisme, une communauté évaluée entre deux mille et six mille personnes, dont les représentants se plaignent de persécutions de la part des autorités.Sur ce point, le Maroc n’a pas évolué. Si sa Constitution reconnaît la liberté de culte, elle méconnaît toujours la liberté de conscience, la tentative d’introduire ce concept ayant échoué lors de la révision de la Loi fondamentale de 2011. La nuance nie toute légitimité aux conversions de Marocains à une autre religion que l’islam et limite du même coup la portée de la « tolérance religieuse » dont le royaume se prévaut officiellement.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#afrique#religion#christianisme#routemigratoire#sante

  • « Sur l’environnement, le divorce entre la Macronie et la communauté scientifique est désormais consommé », Stéphane Foucart
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/18/sur-l-environnement-le-divorce-entre-la-macronie-et-la-communaute-scientifiq

    Que le pouvoir en place bloque la publication d’un rapport d’expertise n’est jamais anodin. En des temps pas si reculés, cette rupture d’une forme de pacte démocratique entre la #science et l’expertise, d’une part, et les responsables aux affaires, de l’autre, apparaissait même comme une transgression majeure et inacceptable, au point d’alimenter l’indignation des revues scientifiques internationales. A l’automne 1997, on se souvient que Nature avait consacré une couverture sans concession aux tentatives de Claude Allègre, alors ministre de la recherche, de bloquer la publication du rapport d’expertise de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur l’amiante.

    Un quart de siècle s’est écoulé, et les mêmes manœuvres apparaissent désormais si normales et bénignes que leurs auteurs présumés ne prennent même plus la peine de les démentir. Le ministre de l’agriculture, Marc ["tu as vu, j’ai dit du bien des pesticides"] Fesneau, est ainsi, depuis mi-janvier, en possession d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’#alimentation, de l’#environnement et du travail (#Anses) sur les plantes issues des nouvelles techniques génomiques, autrement appelées « nouveaux OGM ».

    De longue date, l’Anses avait annoncé la publication de cette expertise pour début février, c’est-à-dire avant que les députés européens ne se prononcent sur les conditions d’un assouplissement réglementaire de ces nouvelles cultures (ce qu’ils ont fait le 7 février).

    Multiplication de tribunes

    Sur cette question controversée, des lettres ouvertes signées par des centaines de scientifiques circulent et s’opposent, certaines favorables, d’autres hostiles à la dérégulation des nouvelles techniques génomiques. Dès lors, donner accès à une expertise en bonne et due forme sur le sujet aurait été nécessaire à un vote éclairé des eurodéputés. Cela n’a pas été le cas. Selon nos informations, ce rapport de l’Anses a été bloqué sur pression politique et, à l’heure où ces lignes sont écrites, il n’est toujours pas public. On ignore ce qu’il contient, mais il est fort probable qu’il ne soit pas aussi enthousiaste que l’aurait désiré le gouvernement, favorable au déploiement de ces « nouveaux #OGM ». Interrogé le 8 février par Le Monde, le cabinet de M. Fesneau n’a pas démenti le blocage du rapport de l’Anses, se bornant à répondre, deux relances et quarante-huit heures plus tard : « Pas de commentaires pour nous pour l’instant. »

    C’est un autre signe que, sur l’environnement, le divorce entre la Macronie et la communauté scientifique est désormais consommé. Il suffit de parcourir les pages « Débats » des journaux pour réaliser l’étendue de ce désamour. Le 7 février, dans Le Monde, près de 80 chercheurs des organismes publics (CNRS, Inrae, Inserm…), spécialistes des impacts des #pesticides sur l’environnement et la #santé, dénonçaient « une mise au placard des connaissances scientifiques » sur leurs sujets d’expertise.

    La veille, dans L’Obs, plus de 500 chercheurs estimaient que les décisions du gouvernement pour sortir du conflit avec les #agriculteurs contournent les questions structurelles posées par le mouvement et ne font que « préparer la prochaine crise » du secteur. Deux jours plus tard, dans La Croix, 140 autres contestaient la mise à l’arrêt du plan national de réduction des pesticides, expliquant que « l’impact délétère [de ceux-ci] sur la santé et sur l’environnement n’est pas une opinion mais un fait scientifique ». Un peu plus tôt, près de 1 600 scientifiques demandaient, dans une lettre ouverte, l’abandon du chantier de l’A69, l’autoroute entre Toulouse et Castres (Tarn). D’autres prises de position collectives, sur la gestion de l’eau notamment, ne devraient pas tarder.

    Pilule amère pour les chercheurs

    Pour les chercheurs qui constatent que des années d’efforts et de travail, de publications scientifiques et de rapports d’expertise ne servent, en définitive, à rien d’autre qu’à alimenter les indices bibliométriques de leurs organismes, la pilule est amère. Au point que la direction scientifique d’un organisme comme l’Inrae a pris sa plus belle plume pour adresser à tous ses chercheurs engagés dans le programme « Cultiver et protéger autrement » un mot « de soutien, et d’encouragement à continuer nos recherches ».

    Un message d’une nature inédite, qui en dit long sur le moral des troupes. Le directeur scientifique pour l’agriculture de l’Inrae, Christian Huyghe, leur rappelle l’utilité et la nécessité de leurs travaux. « La recherche publique est au bon endroit en pensant loin », leur écrit-il, citant quelques résultats récents montrant l’insoutenabilité du #modèle_agricole dominant actuel. M. Huyghe cite en particulier une étude publiée à l’été 2023 indiquant une chute de 95 % de la biomasse d’insectes au cours des vingt-quatre dernières années, dans les zones de grandes cultures allemandes. Des résultats inquiétants, même s’il est plus terrifiant encore de penser que ceux qui décident aujourd’hui de l’agriculture de demain n’en ont aucune connaissance, n’en comprennent manifestement pas la gravité ou, peut-être, s’en moquent complètement.

    A la seule évolution de son rapport aux sciences de l’environnement, on mesure toute l’amplitude de la trajectoire du macronisme le long du spectre politique. On s’en souvient : en 2017, l’un des gestes forts du premier quinquennat d’Emmanuel Macron fut d’opposer au MAGA (« Make America great again ») de Donald Trump, le Mopga (« Make our planet great again ») du chef de l’Etat français – programme dont le but premier était d’accueillir en France des scientifiques brimés aux Etats-Unis, parce que travaillant sur le climat ou sur la biodiversité. En moins de dix ans, le renversement aura donc été total. Le Mopga, glisse un chercheur désabusé pastichant les codes du marketing politique de la Macronie, est devenu une sorte de Mopdaa (« Make our planet dead after all », « Faire mourir notre planète finalement »).

    #écologie

    • Comment une partie du CNRS a relayé une campagne d’influence en faveur des « nouveaux OGM »
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/09/comment-une-partie-du-cnrs-a-relaye-une-campagne-d-influence-en-faveur-des-n


      Des membres de l’Institut de biologie moléculaire des plantes (IBMP) de Strasbourg posent avec un message en faveur des nouvelles techniques génomiques. Photo postée le 5 février 2023 sur X par le compte de l’IBMP. @CNRS_IBMP / X

      Le vote des eurodéputés sur la législation encadrant les nouvelles #techniques_génomiques, le 7 février, a donné lieu à une opération de communication impliquant des instances de l’organisation scientifique. Au grand dam de nombre de ses chercheurs.
      Par Stéphane Foucart, le 09 février 2024

      Le recours à l’#autorité_scientifique est un levier politique puissant. En amont du vote des eurodéputés, mercredi 7 février, sur les conditions d’autorisation en Europe des « nouveaux OGM » (organismes génétiquement modifiés), l’organisation WePlanet a orchestré sur les réseaux sociaux une campagne d’influence fondée sur la mise en avant de chercheurs favorables à la dérégulation de la diffusion de ces plantes, issues des nouvelles techniques génomiques (#NGT pour New Genomic Techniques). L’organisation, qui se présente comme une « ONG éco-moderniste » et milite pour le nucléaire, les OGM et le développement de l’alimentation cellulaire, a bénéficié d’un appui appréciable en France : celui d’une partie du Centre national de la recherche scientifique (#CNRS).

      Deux jours avant le vote, de hautes instances du vaisseau amiral de la recherche française ont, selon les informations du Monde, invité les chercheurs de l’#institut_de_biologie, l’un des dix départements principaux du CNRS, à participer à la campagne de WePlanet, en leur transmettant les éléments de communication concoctés par l’organisation : hashtags, tweets prérédigés, consignes d’interpellation des parlementaires, etc.
      Daté du 5 février, le courriel est adressé par le secrétariat de l’institut de biologie du CNRS à une quinzaine de directeurs d’unités. Sa fuite, dans des listes de diffusion de chercheurs d’universités et d’organismes publics, alimente de nombreux commentaires. Interrogée, la direction de la communication du CNRS assure que la décision de relayer la campagne de WePlanet relève d’une décision de son institut de biologie, « adressée uniquement aux chercheurs de cet institut ».

      « Hold-up »

      « Le CNRS est en faveur d’un assouplissement de la réglementation des OGM sur les NGT afin d’accélérer la recherche et l’innovation à partir de ces nouvelles techniques, lit-on dans le message. A l’occasion de ce débat, #WePlanet a coordonné l’écriture d’une lettre ouverte, notamment signée par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, Prix Nobel de chimie 2020, et envoyée aux membres du Parlement européen pour les inciter à voter en faveur d’une réglementation assouplie pour les nouvelles techniques génomiques. »
      Le message relaie la proposition de WePlanet aux scientifiques « de se prendre en photo devant leur laboratoire et de publier leur image sur les réseaux sociaux en utilisant le #GiveGenesAChance [“Donnez une chance aux gènes”] et #NGTs ».

      La lettre ouverte coordonnée par l’organisation WePlanet et relayée par l’institut de biologie du CNRS appelle les parlementaires européens à « examiner attentivement les avantages de l’adoption des NGT », à « rejeter les ténèbres de l’alarmisme anti-science et à se tourner vers la lumière de la prospérité et du progrès ».
      Le texte a été signé par environ 1 500 scientifiques européens, souvent chercheurs en biologie moléculaire ou en génétique végétale, dont un peu moins d’une vingtaine déclarant une affiliation au CNRS. Les NGT sont toutefois l’objet de grandes divergences d’opinions au sein de la communauté scientifique, souvent selon les champs disciplinaires.

      En écologie et évolution, parmi de nombreux chercheurs interrogés par Le Monde, ou s’étant exprimés sur des listes de diffusion scientifiques, la stupéfaction et la réprobation dominent. « Un hold-up de quelques-uns sur la voix et la réputation de nos institutions », grince un professeur du Muséum national d’histoire naturelle. « Consterné par une prise de position publique de certains acteurs au CNRS qui prend en otage l’ensemble de l’établissement », confie au Monde un écologue, directeur de recherche au CNRS. « Hallucinant et scandaleux », dit un autre, généticien à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

      « Texte partisan »

      Le biologiste François Parcy, médaille d’argent du CNRS, a pour sa part signé la lettre ouverte de WePlanet et a posté sur son compte X une photo en faveur des NGT. « Je l’ai fait par adhésion au message véhiculé, sans avoir reçu ce mail d’invitation du CNRS, dit-il. Cette démarche est surprenante au regard de la frilosité de nos organismes sur ces sujets, mais je trouve bien que l’institut de biologie [du CNRS] s’engage sur ce sujet, alors que de nombreux chercheurs favorables à ces technologies n’osent pas prendre la parole publiquement. »

      « Ce texte apparaît partisan et néglige les données scientifiques en écologie et en évolution sur les conséquences désastreuses pour l’environnement des OGM, qui n’ont fait qu’augmenter les quantités de pesticides répandues sans améliorer les rendements et ont permis de l’appropriation du vivant par des brevets », fait valoir une chercheuse en génétique et écologie évolutives, directrice de recherche au CNRS et membre de l’Académie des sciences.

      L’institut de biologie du CNRS dit ne pas disposer d’« informations précises » sur l’association. Les responsables de WePlanet assurent, eux, que leur organisation a été fondée en février 2022. Installée à Bruxelles, elle dispose de représentants dans plusieurs pays européens – sa représentante en France est une ex-cadre d’Areva, fondatrice de l’association Voix du nucléaire.

      « Permettre un débat contradictoire »

      Selon l’institut de biologie, « la position officielle du CNRS [en faveur d’une dérégulation des NGT] a été établie au terme de réunions avec cinq autres instituts de recherche européens ». La direction du CNRS reconnaît cependant que cette position n’est pas le fruit d’une confrontation pluridisciplinaire de points de vue.
      La juriste Christine Noiville, directrice de recherche au CNRS et présidente de son comité d’éthique (Comets), dit comprendre que, derrière la position du CNRS, « il y a le spectre des arrachages d’OGM qui plane encore et la nécessité de respecter la liberté académique ». Mme Noiville rappelle toutefois l’un des avis récents du Comets selon lequel « si le CNRS venait à décider de s’engager en tant qu’institution, c’est-à-dire s’il prenait des positions publiques et normatives sur des sujets de société, (…) il devrait respecter les règles qui s’appliquent aux #chercheurs – faire connaître clairement sa position, expliciter les objectifs et valeurs qui la sous-tendent – et permettre un débat contradictoire au sein de l’institution ».

      La physicienne Michèle Leduc, directrice de recherche émérite au CNRS, ancienne présidente du Comets, se dit pour sa part très surprise par cette initiative de l’institut de biologie, qui « s’adresse directement à ses directeurs de laboratoire avec des injonctions précises et sans justifier ses options, sur un sujet qui fait l’objet de vifs débats scientifiques, non totalement tranchés et porteurs de graves enjeux politiques ». Elle rappelle « la nécessité du #débat_démocratique éclairé par les scientifiques sur les questions économiques et sociétales ».

      Cet article a été modifié samedi 10 février 2024 pour supprimer les propos d’une chercheuse qui ne souhaite pas être citée.

  • Covid-19 : un traitement de classe de la prévention ?

    Alors que la crise sanitaire est officiellement terminée, les mesures de prévention du Covid-19 sont devenues un privilège de plus des riches. Pour nous autres, les gueux, des infections à répétition accroissent le risque de Covid long et les mesures de précaution sont inexistantes. Au nom de quoi devrions-nous subir un traitement de classe de la maladie ?

    Un luxe de précautions pour les riches
    L’année dernière, les chefs d’État et les grands patrons réunis à Davos avaient pris un luxe de précautions pour ne pas transformer la fête du capital en cluster géant : tests systématiques, masques pour les larbins, purification hyper efficace de l’air. Comme si le Covid, ça existait encore, alors qu’à nous autres on répète que la crise sanitaire est derrière nous. La différence de traitement avait dérangé, jusque dans les rangs de la presse financière. Cette année, les mesures ont donc été plus discrètes mais on a pu repérer dans les coins des purificateurs d’air.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/16/covid-19-un-traitement-de-classe-de-la-prevent

    #santé

  • L’interdiction de l’avortement au Texas nuit aux soins de santé, même pour les femmes qui souhaitent être enceintes

    Les lois strictes contre l’interruption de grossesse dans cet État américain limitent les soins pour les patientes atteintes de cancer et les bénéficiaires de la FIV.

    En 2023, une femme est entrée dans un centre de santé de Houston en traînant une perche à perfusion. Elle souffrait d’hyperémèse gravidique, c’est-à-dire d’une forme extrême de nausées matinales. Elle vomissait constamment, ne pouvait retenir ni nourriture ni liquides et était maintenue en vie grâce à une perfusion.

    « Elle était allée aux urgences tellement de fois », a expliqué le médecin Bhavik Kumar à openDemocracy, « et elle était si fragile et si maigre que les urgences l’ont renvoyée chez elle avec une perche à perfusion. Je n’avais jamais vu cela auparavant ».

    La patiente a demandé un avortement, qui permet de soulager rapidement l’hyperémèse gravidique. Avant la chute de l’arrêt Roe v Wade, qui protégeait constitutionnellement le droit à l’avortement, en 2022, M. Kumar aurait pu fournir ces soins dans sa clinique ambulatoire. Mais en raison de la nouvelle interdiction quasi-totale du Texas, il n’a pas pu apporter son aide.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/15/linterdiction-de-lavortement-au-texas-nuit-aux

    #santé #ivg #usa

  • L’affaire de la pizza infanticide (le crime était industriel)
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/documents/l-affaire-de-la-pizza-infanticide

    Au début de l’année 2022, deux enfants de 8 et 2 ans meurent d’un syndrome hémolytique et urémique et une cinquantaine d’autres restent lourdement handicapés. Les services d’hygiène publique remontent la chaîne épidémique jusqu’aux pizzas industrielles de l’usine Buitoni-Nestlé de Caudry, près de Cambrai, contaminées par la bactérie Escherichia coli, dite E. Coli. Bactérie qui prospère dans les matières fécales. Certes, les accidents, ça arrive ; c’est même la seule certitude que l’on (...) #Documents

    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/l_affaire_de_la_pizza_infanticide.pdf

  • Soigner, séparer, précariser : notre rapport d’observation sur les évacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion

    Avec son rapport inédit sur les évacuations sanitaires depuis Mayotte vers La Réunion, La Cimade documente une procédure médicale qui vient percuter les droits des personnes étrangères et révèle une véritable confusion entre contrôle migratoire et politiques de soin.

    Les évacuations sanitaires, dites Evasan, permettent le transfert médicalisé de personnes vers une hospitalisation adaptée lorsque l’offre de soins est insuffisante dans le territoire où vit le ou la patiente. Depuis Mayotte, elles ont concerné près de 1500 personnes en 2021, dont 51% de personnes étrangères et environ un tiers d’enfants. La plupart ont été évacuées vers La Réunion. Opaque et mal connue du grand public, cette procédure médicale fait l’objet de nombreux fantasmes. Elle alimente des peurs de « filière d’immigration sanitaire » depuis Mayotte (et donc, indirectement, depuis les Comores) en total décalage avec la réalité : le départ pour La Réunion est souvent vécu comme un déchirement et 97% des personnes retournent à Mayotte après l’Evasan.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/14/soigner-separer-precariser-notre-rapport-dobse

    #santé #colonisation #reunion #mayotte

  • Méditerranée : Frontex partage quasi systématiquement les positions de canots de migrants aux Libyens, d’après une enquête - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55155/mediterranee--frontex-partage-quasi-systematiquement-les-positions-de-


    Migrants Frontex route migratoire Migration Mer Méditerranée Frontières violences Union européenne
    Par Louise Huet Publié le : 13/02/2024
    Dans une enquête publiée le 10 février, le média allemand Der Spiegel met en évidence l’intense coopération de l’agence européenne Frontex avec les garde-côtes libyens dans les captures et les retours forcés de migrants vers la Libye. Elle montre que l’agence européenne leur partage presque à chaque fois les localisations des canots d’exilés en détresse en Méditerranée.
    L’agence européenne de surveillance des frontières de nouveau épinglée. Une investigation du média allemand Der Spiegel et du collectif de journaliste Lighthouse Reports a dévoilé ce week-end l’ampleur de la connivence entre Frontex et les autorités libyennes, dans l’interception d’embarcations de migrants en mer. Pour exposer ces révélations, les auteurs de l’enquête ont notamment réussi à se procurer des documents confidentiels internes à Frontex.
    Dans une lettre du directeur de Frontex au Parlement européen, divulguée par Der Spiegel, Hans Leijtens reconnaît lui-même que l’agence européenne a envoyé « environ 2 200 mails entre 2021 et 2023 aux centres de coordination de sauvetage libyen, afin de lui transmettre la position de canots de migrants en détresse en Méditerranée ». Et ce, en dépit de la violence des garde-côtes libyens envers les exilés et de la torture bien documentée qui les attend dans les centres de détention en Libye.
    En effet, au cours de la même période, l’article de Der Spiegel indique que Frontex a elle-même enregistré plusieurs cas de violences perpétrées par des patrouilleurs libyens envers des embarcations de migrants tentant de rejoindre l’Europe. Des rapports partagés au Parlement européen et qui montrent que « l’agence sait pertinemment comment fonctionnent les navires libyens sur le terrain ».Pour rappel, ce soutien de Frontex aux Libyens n’est pas illégal. L’Union européenne (UE) et Tripoli sont liés par un partenariat stratégique et financier en mer Méditerranée depuis de nombreuses années. En mars 2023, le Conseil européen a renouvelé pour deux ans son soutien pécuniaire et matériel aux autorités libyennes. Dans le cadre de cet accord, l’UE forme les garde-côtes libyens et leur fournit des navires dans le but d’empêcher les migrants de rejoindre l’Europe.
    Mais cet accord est largement décrié par les ONG, notamment en raison du comportement jugé « dangereux » des militaires libyens en mer.Les avions de surveillance de l’agence européenne ont par exemple été témoin de la scène suivante : en mai 2023, des garde-côtes libyens ont frappé le conducteur d’un canot d’une centaine d’exilés alors qu’il ne se débattait pas. Les Libyens ont ensuite utilisé des matraques et des cordes pour rouer de coups six autres migrants du bateau, avant de les ramener de force en Libye. Autre incident : en septembre 2021, un drone de Frontex était aux premières loges lorsque des patrouilleurs libyens ont tiré à balles réelles sur un canot d’exilés. L’agence européenne avait alors envoyé un courriel à Tripoli : « Nous suggérons de NE PAS utiliser la force lors des opérations de recherche et de sauvetage », rapporte Der Spiegel.
    Comme le souligne l’enquête, il ressort des rapports de Frontex que ces deux attaques ne sont pas des cas isolés, mais que les garde-côtes libyens font régulièrement usage de la violence dès qu’ils interceptent des migrants en Méditerranée. Jonas Grimheden, le responsable des droits fondamentaux de l’agence, écrit même dans un document confidentiel qu’il s’agit d’une « pratique courante ». Pourtant, la direction de Frontex n’a jusqu’ici jamais évoqué publiquement ces violations du droit commises par la Libye, note Der Spiegel.En vertu du droit maritime international, l’enquête rappelle que Frontex doit normalement s’assurer que les opérations de sauvetage en mer ramènent les migrants secourus dans des lieux sûrs. « Or, la Libye n’est pas un lieu sûr », martèle par exemple SOS Méditerranée, en réaction à l’investigation du média allemand.
    Les interceptions perpétrées par des garde-côtes libyens contreviennent par ailleurs à l’interdiction de refoulement, une des pierres angulaires de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés. Pour les journalistes allemands, cela implique que Frontex serait donc à son tour « complice » de ces actions illégales.
    Pourtant, le responsable des droits fondamentaux de Frontex tire la sonnette d’alarme en interne depuis des mois. Le Suédois Jonas Grimheden a averti les cadres supérieurs de Frontex de possibles conséquences juridiques si cette collaboration avec les Libyens était exposée au grand jour. « La contribution apportée par la coordination et le partage d’informations pourrait potentiellement être considérée comme une participation indirecte à des pratiques de refoulement », citent les journalistes de Der Spiegel.
    C’est pour cela que Jonas Grimheden émet une série de recommandations à destination de Frontex : l’agence devrait entre autres demander aux instances de l’ONU compétentes - à savoir, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) - d’assurer la sécurité des migrants après leur débarquement sur les côtes libyennes, et de veiller à ce que les exilés ne soient pas renvoyés dans les camps de détention.
    Ensuite, Jonas Grimheden préconise de rappeler plus souvent à l’ordre les garde-côtes libyens lorsqu’ils font usage de violence. Enfin, il conseille surtout d’améliorer la coopération de Frontex avec les navires de sauvetage des ONG, en les alertant en même temps que les autorités de la zone.Contactée par les journalistes de Der Spiegel, Frontex n’a pas précisé si les directives formulées par Grimheden avaient été mises en œuvre. En revanche, l’agence européenne a reconnu « les complexités de la situation en Méditerranée, particulièrement en ce qui concerne les défis documentés en Libye ». Elle leur a également rappelé que sa priorité numéro un est « de sauver des vies ».❞
    #Covid-19#migrant#migration#UE#frontex#libye#mediterranee#sauvetage#violence#détention#sante

  • Kaolack : 46 présumés candidats à l’immigration clandestine, interceptés
    https://www.dakaractu.com/Kaolack-46-presumes-candidats-a-l-immigration-clandestine-interceptes_a24

    Kaolack : 46 présumés candidats à l’immigration clandestine, interceptés
    46 présumés candidats à l’immigration clandestine ont été interceptés dans la nuit de lundi à mardi vers 23 h 45 mn, à l’entrée de la commune de Kaolack. Âgés entre 12 et 35 ans, ils étaient à bord d’un véhicule de type Ndiaga-ndiaye lors de leur interpellation. Selon une source, ils devaient se rendre à Joal-Fadiouth où une embarcation les attendait.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#migrationirreguliere#kaolack#joalfadiouth#traversee#sante

  • Immigration : la carte africaine de Giorgia Meloni
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/13/immigration-la-carte-africaine-de-giorgia-meloni_6216317_3232.html

    Immigration : la carte africaine de Giorgia Meloni
    Allan Kaval
    Pour Giorgia Meloni, hôte du G7 en 2024, la question migratoire est aussi une affaire de rayonnement international. Le dossier est la priorité de sa diplomatie, l’enjeu sur lequel la présidente du conseil italien dessine et affirme pour son pays un nouveau rôle de protagoniste en Europe et sur le continent africain. Tout remonte aux premiers jours de son mandat, quand elle a affirmé sa volonté d’affronter les flux migratoires en amont des frontières italiennes, brandissant un futur plan italien de soutien au développement des Etats de départ et de transit, à la substance encore nébuleuse. Reprenant l’idée d’une Méditerranée dite « élargie », courante dans la pensée géopolitique italienne, comprenant l’Afrique du Nord et le Sahel comme zone d’intérêt stratégique, elle a affirmé que l’Italie devait y accomplir la mission que la géographie lui avait confiée : celle de devenir un pont européen vers la rive sud.
    En baptisant sa formule, alliant contrôle des migrations irrégulières et aides aux Etats africains, le « plan Mattei », elle a rendu hommage au fondateur de la compagnie nationale des hydrocarbures ENI, Enrico Mattei (1906-1962), symbole d’une action extérieure favorable à l’émancipation des pays du tiers-monde du fait des contrats avantageux qu’il passait avec les pays producteurs. Son contenu reste à construire, mais son lancement, le 29 janvier à Rome, a déjà permis à Giorgia Meloni de réunir autour d’elle 42 chefs d’Etat, chefs de gouvernement et ministres africains et 23 organisations internationales. Cette rencontre lui a fourni l’occasion de rappeler que l’Italie allait porter les problématiques propres à l’Afrique, prise dans son ensemble comme matrice des questions migratoires, au cœur des travaux du sommet du G7, qui doit se tenir en juin à l’Hôtel Borgo Egnazia, à Savelletri di Fasano, dans les Pouilles.
    La focalisation sur les questions migratoires est à l’origine d’une vocation africaine dont Mme Meloni s’est elle-même investie et qui est censée contribuer à accorder à l’Italie le rang qui lui revient en Europe. Au sommet de Rome étaient présents la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Avec cette dernière, et toujours sur les questions migratoires, Mme Meloni a d’ailleurs trouvé au fil de la première année de son mandat le relais le plus puissant des positions italiennes en Europe. En juillet, elle a ainsi obtenu que la présidente de la Commission européenne se rende en Tunisie pour signer un accord correspondant à la vision de Mme Meloni sur l’octroi d’un soutien financier en échange d’une coopération sur le dossier migratoire.
    Cette relation particulière sur le dossier migratoire s’est encore manifestée en septembre, à Lampedusa. L’île, située à 130 kilomètres des côtes tunisiennes, était alors le théâtre d’une crise ponctuelle avec l’arrivée en quelques jours de près de 10 000 migrants secourus au large par les autorités italiennes. Les images, amplement diffusées, montrant les structures d’accueil dépassées ont créé une panique sur le continent, entretenue par les populistes antimigrants. Là encore, Mme Meloni a reçu le soutien de la présidente de la Commission européenne. Mme von der Leyen s’est rendue sur place avec elle, reprenant devant la presse des éléments de langage chers à la présidente du conseil sur la question du contrôle des frontières.
    Loin d’accuser l’Union européenne d’être responsable de l’afflux de migrants non désirés – comme elle le faisait lorsqu’elle était dans l’opposition et comme le fait toujours son allié de coalition Matteo Salvini, chef de file de la Ligue –, Mme Meloni rallie Bruxelles à sa cause et devient incontournable sur les questions migratoires en Europe. L’affaire de Lampedusa et les signes de solidarité politique obligés qu’elle a suscités ont même permis d’esquisser une amélioration apparente des rapports avec le président français, Emmanuel Macron. Les relations entre Paris et Rome avaient été sérieusement dégradées par des crises diplomatiques antérieures, elles aussi liées à la question migratoire.
    Le contrôle des migrations irrégulières est aussi un des sujets sur lesquels la présidente du conseil a construit sa relation privilégiée avec le premier ministre britannique, Rishi Sunak. Lors d’une visite à Londres en avril, elle avait même loué les efforts du premier ministre en vue de l’externalisation des procédures d’asile au Rwanda. Comme M. Sunak, la présidente du conseil italien considère cette forme de sous-traitance internationale comme un facteur dissuasif pour les migrants. Invité de marque de la fête annuelle du parti de Mme Meloni, Fratelli d’Italia, en décembre, M. Sunak avait réaffirmé l’aspiration de son gouvernement à remettre en cause les fondements du droit d’asile tel qu’il a été pensé au lendemain de la seconde guerre mondiale, trouvant un public conquis qui recevait pour la première fois un dirigeant de cette envergure.
    Le parti de Mme Meloni avait également convié le premier ministre albanais, Edi Rama, partenaire de la présidente du conseil dans son propre projet d’externalisation. Autre succès diplomatico-migratoire, un accord en cours de ratification, passé entre l’Albanie et l’Italie en novembre, doit en effet permettre la construction de centres de rétention gérés selon le droit italien dans deux enclaves en territoire albanais. Y seront détenus des migrants secourus par des navires militaires italiens dans les eaux internationales. Lors de son passage à Rome, M. Rama avait redoublé de marques de fidélité à l’Italie, ce « pays frère » à qui Tirana était encore redevable pour avoir accueilli de nombreux réfugiés qui, dans les années 1990, chassés par le chaos qui régnait en Albanie, avaient abordé par milliers les côtes italiennes.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#lampedusa#UE#afrique#politiquemigratoire#mediterranee#albanie#externatisation#frontiere#sante

  • François Héran, sociologue : « A Mayotte, de quel droit du sol parle-t-on ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/13/francois-heran-sociologue-a-mayotte-de-quel-droit-du-sol-parle-t-on_6216345_

    François Héran, sociologue : « A Mayotte, de quel droit du sol parle-t-on ? »
    Tribune François Héran
    Professeur au Collège de France
    Lors d’un voyage à Mayotte, en août 2022, Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer, avait annoncé la couleur : pour réduire l’immigration des Comoriens, il fallait « lutter contre l’attractivité sociale et administrative » de Mayotte. La volonté récente d’abolir le droit du sol dans l’île en modifiant la Constitution s’inscrit dans cette ligne. Elle figurait déjà dans le programme du Rassemblement national (RN). Elle part d’un postulat : si l’immigration est si forte à Mayotte, au point que la moitié des habitants de l’île sont désormais, selon l’Insee, de nationalité étrangère, la faute en reviendrait essentiellement au droit du sol.
    C’est oublier que l’attractivité de Mayotte est d’abord géographique et économique. La politique d’influence menée par la France dans l’océan Indien dans les années 1970 a détaché les Mahorais des Comores en leur faisant miroiter une prospérité inespérée. Dans un rapport d’information, en octobre 2021, le Sénat a bien décrit la situation : les migrations entre les Comores et Mayotte sont typiques de la mobilité humaine des archipels. Elles s’expliquent par la faiblesse des distances, la communauté de langue et de culture, les liens familiaux, les écarts de salaire.
    En montant en épingle les rivalités historiques entre Mamoudzou et Anjouan, des familles de notables civils et religieux ont réussi à mobiliser la population de Mayotte en faveur du ralliement à la France lors du référendum de 1976, processus couronné par l’approbation massive de la départementalisation en 2009. Les Mahorais ont sincèrement cru que le référendum serait l’instrument magique permettant de grimper à bord du paquebot France et de larguer les amarres en abandonnant les Comores à leur sort.
    On s’est imaginé qu’il suffisait de requalifier les migrations internes de l’archipel en migrations « étrangères » pour s’en débarrasser. Ce n’était pas seulement nier les réalités géographiques, économiques et culturelles, c’était surestimer les capacités de la France à garantir, au sein de l’océan Indien, le développement d’un îlot de prospérité.
    Frontière redoutable
    Certes, nul ne peut nier les réformes majeures qui ont rapproché Mayotte de la métropole : instauration d’un état civil à la française, fin de la polygamie, suppression de la justice des cadis, mise en place de droits sociaux. Mais la distance reste considérable. Si l’on retient pour critère le PIB par habitant, l’île est désormais six fois plus riche que les Comores, tout en demeurant le plus pauvre des départements français.
    Entre Mayotte et l’île d’Anjouan, située seulement à 70 kilomètres, la France a creusé l’écart en installant une frontière redoutable : celle qui sépare les pays du Nord des pays du Sud. Comme l’a rappelé le géographe Stéphane Rosière, la nouvelle frontière entre Mayotte et les Comores a créé l’un des écarts de développement entre pays limitrophes les plus marqués au monde, derrière ceux qui séparent Israël de l’Egypte (16 contre 1), l’Iran de l’Afghanistan (10) ou les Etats-Unis du Mexique (7). Comment s’étonner que Mayotte continue d’attirer les populations voisines ? Comment ne pas mesurer le caractère tragique d’une mobilité de cousinage traitée dorénavant comme une invasion ennemie ?
    Dans l’essai Immigration : le grand déni (Seuil, 2023), je doutais qu’on puisse perpétuer « le paradoxe consistant à placer Mayotte en dehors de la légalité républicaine pour mieux affirmer son appartenance à la République ». La liste est longue des exceptions censées « adapter » le droit aux particularités des territoires d’outre-mer, en vertu de l’article 73 de la Constitution : pas de commission du titre de séjour, pas de recours face à l’OQTF (obligation de quitter le territoire français), pas d’allocation pour les demandeurs d’asile, pas d’accueil des enfants mineurs par l’aide sociale, pas d’accès au RSA avant un délai de 15 ans. Et, déjà, un droit du sol limité.
    Mais de quel droit du sol parle-t-on ? C’est par un abus de langage que l’on identifie le droit du sol simple à une acquisition « automatique » de la nationalité française. Il faut en réalité remplir trois conditions : être né en France, y avoir vécu pendant au moins cinq ans et toujours y résider à sa majorité. A Mayotte, une quatrième condition s’y ajoute depuis 2018 : être né sur place de parents qui étaient en situation régulière depuis trois mois. Comment justifier qu’on réduise ainsi le droit des enfants au nom d’une « faute » ancienne des parents ?
    La loi de 1889, qui a créé le droit du sol simple, fait partie des législations qui ont fait la République. Comme l’ont montré Patrick Weil et Rogers Brubaker, il ne s’agissait pas d’opposer un droit du sol « universaliste » à un droit du sang à base « ethnique ». On l’oublie souvent, le droit du sang fait partie intégrante du droit français de la nationalité : est française toute personne née d’un parent français. Le droit du sol ne s’oppose pas au droit du sang, il le complète. Dans les pays d’immigration (Amérique du Nord et Amérique latine, à quelques exceptions près), le droit du sang va de pair avec le droit du sol immédiat. Dans les pays d’immigration plus récente (l’essentiel de l’Europe, dont la France), il est complété par un droit du sol différé : toute personne née en France de parents nés à l’étranger devient française à sa majorité (dès 13 ans sur demande des parents, à 18 ans sinon). Les pays du Sahel et du Moyen-Orient privilégient un droit du sang patrilinéaire, tandis qu’en Russie et dans la plupart des pays asiatiques, le droit du sang exclut tout droit du sol, une façon de ne pas perdre ses émigrés.
    Notre droit de la nationalité est donc le fruit d’une longue histoire et d’un savant équilibre. Le RN prétend extrapoler la situation de Mayotte à l’ensemble de la métropole, comme si un milieu insulaire coupé de son archipel pouvait en quoi que ce soit préfigurer le reste du pays. Mais que ne ferait-on pas pour rallier l’opinion en liant les thèmes de l’immigration, de l’insécurité et du « grand remplacement » ? Si le parti Les Républicains et d’autres acteurs de notre vie politique lui emboîtaient le pas par simple calcul électoral, la République serait clairement en danger.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droitdusol#naturalisation#insularite#archipel#constitution#sante

  • These Philadelphians got rid of their cars in the last year. They haven’t looked back.

    “Now that I’m forced to walk, I’m seeing the city more than I did before," said one newly carless resident. She used to pay about $400 a month on her car payment and insurance.

    Dajé Walker’s Hyundai Elantra was stolen from a Brewerytown parking lot in July, only to be found a week later on the side of a local highway.

    The car that Walker had driven for three years was “in shambles,” Walker said, and the insurance company deemed it a total loss.

    “I had that existential crisis moment where I was like, ‘Do I need a car or do I want a car?’” she said.

    Around the same time, Walker, 28, got a new, completely remote job as a project manager. The news sealed her decision: She took the insurance payout of about $15,000, putting some of the money in savings and using the rest to move from Brewerytown to Old City, and never looked back.

    She no longer has to set aside $300 a month for her car payment and another $100 for insurance. When she recently moved to Old City, she didn’t have to worry about securing a convenient and safe parking spot, which can cost at least $250 a month at private lots.

    The benefits of Walker’s new lifestyle aren’t just financial, though — they’re mental and physical, too.

    “My car, it was a complete crutch,” Walker said. “Now that I’m forced to walk, I’m seeing the city more than I did before.”

    She feels like she’s “seeing the sun more often” on regular walks to judo class, City Fitness, and social gatherings, she added. For outings farther away that require taking the bus, “it’s more time for me to be zen or read a book on the way there.”

    After a surge in car-buying statewide at the height of the pandemic, there are signs that some Philadelphians like Walker have made the decision to do away with their cars in recent years, bucking larger trends.

    In 2022, more than 638,000 passenger vehicles were registered in the city, about 24,000 fewer cars than were registered here a year prior, according to the most recent state data. That represents a 3.6% decline in registered vehicles over a period when the city’s population decreased 1.4%, the largest one-year drop in 45 years.

    The latest registration data was captured before the price of car ownership skyrocketed.

    In 2023, drivers who owned a new car paid more than $12,000 a year on average, a more than 13% increase from the prior year, according to AAA, which accounted for the costs of car payments, gas, maintenance, and insurance.

    In the last year, car insurance premiums nationwide have far outpaced inflation, increasing 20% on average. Philadelphia-area residents told The Inquirer last month that they’ve recently been quoted rates as much as 100% higher than what they were previously paying. A recent Bankrate report found Philadelphia-area residents paid $4,753 a year on average, and the region saw the largest increase of 26 major metro areas last year in terms of average comprehensive coverage costs.

    What you gain by going carless

    So far across the country, the increased cost of car ownership “does not appear to affect whether people are buying or what people are buying,” said Greg McBride, chief financial analyst at Bankrate. “A much longer-term trend is that American consumers have increasingly been moving away from smaller compact vehicles to larger SUVs and trucks.”

    Philadelphia, meanwhile, is consistently ranked among the metro areas with the lowest car ownership and is known for being one of the best cities to live in without a car (though historically not all neighborhoods have the same access to public transit).

    Some residents like Walker also cited a psychological cost to car ownership in the city. Even before she became one of the tens of thousands of residents who had their cars stolen last year, she was constantly worried about her car. And residents who choose to park on the street — which is free in some areas and $35 a year in others — may have a difficult time finding an open spot depending on the neighborhood and what time of day they’re coming home.

    Of course, the ease of driving and parking in the city is all relative.

    “Philly is really hard to have a car,” said Pascale Questel, 30, a copywriter who moved to Brewerytown from Florida three years ago. Every time she walks her dog, she checks on her Honda, which she parks on the street, and her Hyundai Elantra was stolen last year.

    Last year, Leo Walsh, 31, of West Philadelphia, sold his Subaru Forester, a car he said he felt like had become “an extension of me.” He had even lived out of it three months on a solo cross-country road trip.

    He suddenly realized he was resorting to driving at the smallest inconvenience, including for trips to Trader Joe’s a couple miles away or on rainy days when he didn’t feel like biking or walking to the trolley.

    He didn’t end up getting any money for his car — it was a 2004 and needed work — but he is saving on insurance, gas, and maintenance. And there’s an “unquantifiable” benefit, too: how it feels every day to see the faces of passersby as you bike past them, or to end your commute by thanking a conductor instead of slamming your car door shut, alone.

    “I have fallen more in love with the city now, just biking and getting to know all the streets,” said Walsh, who works for Jawnt, a technology company that provides transit benefits for some city employers. “You just don’t get that in a car. You’re in your little bubble.”

    https://www.inquirer.com/business/get-rid-of-car-sales-ownership-philadelphia-20240209.html
    #voitures #villes #urban_matter #piétons #Philadelphie #USA #Etats-Unis #marche #coût #santé #TRUST #Master_TRUST

  • A Mayotte, Gérald Darmanin annonce la suppression du droit du sol dans l’archipel pour faire taire la colère de la population
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/12/a-mayotte-gerald-darmanin-annonce-la-suppression-du-droit-du-sol-dans-l-arch

    A Mayotte, Gérald Darmanin annonce la suppression du droit du sol dans l’archipel pour faire taire la colère de la population
    Par Jérôme Talpin (Mamoudzou, envoyé spécial)
    Cette fois, pas de traditionnels colliers de fleurs pour l’accueil. Pas de shengué, ce chant de bienvenue. Et pas d’enivrant bain de foule ponctué de messages louangeurs, comme ce fut le cas à Mamoudzou, le 25 juin 2023. Après le lancement de l’opération « Wuambushu » de lutte contre la délinquance, l’immigration clandestine et l’habitat insalubre, Gérald Darmanin avait été qualifié à l’époque par la foule d’« homme de la situation ».
    Venu dimanche 11 février à Mayotte, paralysée depuis trois semaines par les multiples barrages des collectifs de citoyens pour protester contre l’insécurité et le poids de l’immigration irrégulière, le ministre de l’intérieur et des outre-mer a été accueilli par des huées. Elles étaient lancées par un peu plus de 400 manifestants maintenus à distance, dont beaucoup de « mamans » des collectifs, vêtues de leur salouva.Pour dessiner une fin de crise et donner de nouvelles « preuves d’amour aux Mahorais », Gérald Darmanin, accompagné de la nouvelle ministre déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, a annoncé des « mesures extrêmement fortes ». La veille, avant de prendre l’avion, il avait préparé le terrain dans une vidéo en s’adressant aux Mahorais : « Aidez-moi à rétablir la paix publique, discutons, travaillons ensemble. »
    Très remontés, les différents collectifs regroupés dans le mouvement des Forces vives dénonçaient jusqu’à sa venue un « mépris ». « Le gouvernement ne veut pas entendre les cris des Mahorais », s’insurgeait Saïd Kambi, un des leaders des Forces vives. La lenteur prise pour aboutir à un remaniement n’a cessé d’accentuer cette conviction. Ayant réalisé à Mayotte son plus gros score au premier tour de la présidentielle de 2022 (42,68 % des suffrages), Marine Le Pen s’est engouffrée dans cette brèche en fustigeant, vendredi 9 février, « une population mahoraise totalement abandonnée » face à une « quasi-guerre civile ».
    Pour éteindre cette colère longtemps restée sourde dans une île de 310 000 habitants où, selon l’Insee, près d’un habitant sur deux en 2017 était étranger, Gérald Darmanin a lancé solennellement, dès sa descente d’avion, sa série d’annonces : « Le président de la République m’a chargé de dire aux Mahorais que nous allons prendre une décision radicale qui est l’inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle. » « Il ne sera plus possible de devenir français si l’on n’est pas soi-même enfant de parent français, précise le ministre. Nous couperons l’attractivité qu’il peut y avoir dans l’archipel. » Une mesure réclamée depuis des années par la majorité des élus et de la population mais « jamais accordée ».
    Sa conséquence est qu’elle va renforcer les spécificités et les exceptions du droit des étrangers sur le sol mahorais. Car à Mayotte, le droit du sol comporte déjà de nombreuses dérogations pour dissuader l’immigration irrégulière. (...) Selon M. Darmanin, cette mesure va diminuer de 80 % le nombre de titres de séjour délivrés à Mayotte en raison de liens familiaux. D’après l’Insee, sur un peu plus de 10 770 naissances en 2022, près de sept nourrissons sur dix ont au moins un parent étranger.
    Gérald Darmanin a, en outre, souligné que la loi relative à l’immigration « a beaucoup durci les conditions de regroupement familial à Mayotte », tout en reprochant à certains parlementaires mahorais de ne pas l’avoir votée. Selon lui, les nouvelles conditions – trois ans de résidence et un titre de séjour d’au moins cinq ans – vont « diviser par cinq le nombre de regroupements familiaux à Mayotte ».
    La troisième mesure annoncée était l’une des principales « conditions » des Forces vives pour négocier : la fin du visa territorialisé. Ces titres de séjour délivrés localement autorisent uniquement une présence sur l’île. Les collectifs réclamaient la suppression de cette autre exception qui, selon eux, fait de l’île une impasse où les étrangers sont maintenus, afin de protéger La Réunion et l’Hexagone. (...)
    La fin du visa territorialisé doit être incluse dans le projet de loi Mayotte promis « avant l’été » par Marie Guévenoux. Le ministre de l’intérieur a toutefois voulu placer l’île devant ses responsabilités en épinglant « la bonne société mahoraise parfois complice » pour faire venir des travailleurs étrangers, ou qui monnaye des certificats de
    Autre sujet qui cristallise les colères à Mayotte : le camp de migrants africains venus de la région des Grands Lacs et de Somalie, qui sont installés autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, dans des abris construits avec du bois et des bâches. L’installation régulière de nouveaux migrants est vue comme l’ouverture d’une « seconde route migratoire », après celle venue des Comores. (...)
    Gérald Darmanin promet en réponse « l’évacuation totale du camp ». Selon lui, les réfugiés ayant obtenu l’asile « vont être rapatriés dans l’Hexagone ». Cinquante d’entre eux ont pris l’avion dimanche soir, après quarante premiers départs fin janvier. Des retours volontaires dans les pays d’origine vont être proposés. Une nouveauté à Mayotte. Pour ceux qui ont été déboutés de leur demande, il y aura aussi des « expulsions immédiates », selon Gérald Darmanin.
    L’installation de ce camp d’environ 700 migrants africains a joué un rôle de déclencheur dans cette crise. A Mayotte, leur stigmatisation est prégnante. L’extrême droite s’est emparée du sujet pour en faire un épouvantail sur le thème de la submersion migratoire qu’elle prédit pour la France hexagonale.
    Dans ses interventions sur la chaîne d’info CNews, l’un des fondateurs du média Livre Noir, Erik Tegnér, présent à Mayotte, a associé systématiquement les clandestins aux « pillages des maisons des Mahorais ». Et a prétendu avoir découvert un « nouveau camp » de migrants dans la rue à côté de l’association d’entraide Solidarité Mayotte, alors que leur présence date de mai 2023. Dans une autre vidéo diffusée à l’antenne, le militant d’extrême droite a désigné sans retenue « les Somaliens » comme « encore plus dangereux que les Comoriens ». Pour « empêcher le passage des kwassa-kwassa des filières d’immigration », Gérald Darmanin a promis, en outre, la mise en place d’« un rideau de fer dans l’eau ». Avec le déploiement de bateaux de la marine nationale face aux côtes tanzaniennes, d’où partent ces migrants africains, et de drones marins.
    En prélude à sa visite, Gérald Darmanin avait également annoncé le départ de l’opération « Wuambushu 2 ». Il a salué à l’aéroport les quinze gendarmes du GIGN arrivés en renfort pour aboutir à un plus grand nombre d’interpellations dans les bidonvilles les plus sensibles. (...) De ces annonces, élus et responsables des Forces vives retiennent avant tout la fin du droit du sol à Mayotte et du titre de séjour territorialisé. (...)

    #Covid-19#migration#france#mayotte#droitdusol#visasterritorialise#fluxmigratoire#regroupementfamilial#expulsion#traversee#sante#afrique

  • « Aller chercher les médecins à l’étranger est un manque de respect pour les pays où ils sont formés »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/08/aller-chercher-les-medecins-a-l-etranger-est-un-manque-de-respect-pour-les-p

    « Aller chercher les médecins à l’étranger est un manque de respect pour les pays où ils sont formés »
    Jean-Luc Dumas, Directeur général de la Cidmef
    Le recrutement de médecins formés en dehors de l’Union européenne ne saurait compenser le besoin urgent d’augmenter les capacités de formation en France, estime Jean-Luc Dumas, directeur général de la Conférence internationale des doyens et des
facultés de médecine d’expression française, dans une tribune au « Monde ».
    La mesure sidérante d’aller chercher les médecins des pays étrangers a été officialisée. Que le premier ministre français en fasse la déclaration devant le Parlement national est une décision lourde de sens ; que cette volonté soit portée en solution aux insuffisances de notre formation médicale est l’aveu d’un manque de respect pour le développement des systèmes de santé dans l’espace francophone.
    Car il ne faut pas s’y tromper : ce ne sont pas nos confrères formés dans les grandes universités anglophones qui sont attendus, mais bien des futurs médecins de locution française provenant de pays historiquement liés à notre culture médicale. Ces médecins sont formés majoritairement dans des facultés qui, depuis des décennies, font l’effort de se structurer au niveau des standards internationaux, avec le soutien public d’Etats souvent démunis, dans le contexte de besoins en santé immenses des populations de ces territoires. Et ce sont bien ces praticiens venant de pays que l’on nommait autrefois « en voie de développement » que la France semble vouloir mettre à son service.
    Quelle confirmation du renoncement et de la négation des politiques de coopération médicale que notre pays a conduites depuis plus de cinquante ans ; quel affront pour ceux qui les ont déployées et, plus largement, pour nos universités ! Dans le contexte apparent de suspicion, si ce n’est de rejet, vis-à-vis de l’héritage de notre culture dans les pays marqués par la colonisation, cette annonce ne peut que renforcer le sentiment de défiance, y compris à l’échelle politique, tant l’enjeu de la santé est un déterminant sociétal.
    L’année 2024 sera marquée par la tenue en France du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie. Plus de quatre-vingts Etats et gouvernements y sont représentés, mais, malgré ce contexte, la préservation des relations indispensables pour ces partenariats n’a visiblement pas incité à retenir la parole officielle et la négation dont elle fait preuve à l’encontre des besoins en santé de ces pays. Quelles sont donc les valeurs que la langue française véhicule dans son espace de diffusion ? Solidarité, respect, humanisme ? Aucun argument ne peut tenir face à la gravité de l’image qui est présentée. Certes, beaucoup de ces médecins formés à l’étranger demandent à venir exercer, et même s’installer, en France. Mais la régulation d’un système global de formation et d’échanges doit être la considération supérieure pour préparer l’avenir de tous. Et c’est justement la considération des besoins de nos partenaires qui doit guider les initiatives de cet ordre. La mobilité internationale doit être une source de formation à l’identité professionnelle et non pas l’objet d’une préemption de ressources humaines.
    Certes, nos politiques et nos facultés se sont longtemps contentés de former trop peu de médecins, avec un manque de prévision, mais c’est précisément un effort significatif d’augmentation des capacités de formation et donc de moyens appropriés qui doit être mis en place immédiatement. Certes, les difficultés d’accès aux soins de premier recours en France sont pressantes, mais ce n’est pas en désespérant les étudiants et en culpabilisant les professionnels que les solutions seront créées : l’accès équitable aux études de santé peut être revu, tout comme la reconnaissance de la diversité des nouvelles compétences des professionnels de soins.
    Gageons que le bon sens reviendra au premier plan et que nos administrations de haut rang sauront se mobiliser pour pondérer des annonces détachées d’un contexte de faisabilité. Gageons que ce qui apparaît comme une faute de communication déclenchera une prise de conscience salvatrice et un sursaut constructif.
    Jean-Luc Dumas est directeur général de la Conférence internationale des doyens et des facultés de médecine d’expression française (Cidmef), ancien doyen de la faculté de médecine de Bobigny, université Sorbonne-Paris-Nord.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#medecin#francophonie#formation#PADHUE#emigration#systemesante#accessante#politiquemigratoire#france

  • La suppression du droit du sol à Mayotte, une mesure voulue par l’extrême droite aux conséquences incertaines
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/12/la-suppression-du-droit-du-sol-a-mayotte-une-mesure-voulue-par-l-extreme-dro

    La suppression du droit du sol à Mayotte, une mesure voulue par l’extrême droite aux conséquences incertaines
    Julia Pascual
    Deux semaines à peine après la promulgation de la loi « immigration », qui avait notamment consacré, avant une censure du Conseil constitutionnel, la remise en cause du droit de la nationalité ou encore la préférence nationale, l’exécutif choisit de relancer le débat autour du droit du sol. A Mayotte, dimanche 11 février, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a tout bonnement promis de le supprimer dans ce département de l’océan Indien, par le biais d’une réforme constitutionnelle.
    Début février, le ministre avait déjà dit son souhait de durcir le droit du sol à Mayotte après qu’une disposition de la loi « immigration » sur ce point avait été censurée par le Conseil constitutionnel, le 25 janvier pour des raisons de forme. Ajoutée par la droite sénatoriale, elle prévoyait que, pour devenir français à sa majorité, un enfant né à Mayotte soit tenu de prouver qu’un de ses deux parents se trouvait en situation régulière « plus d’un an avant [sa] naissance ».
    Cette mesure durcissait le régime dérogatoire unique déjà instauré en 2018 par la loi Collomb, la première loi relative à l’immigration sous la présidence d’Emmanuel Macron. Depuis lors, l’enfant né sur l’archipel doit justifier qu’un de ses parents était en situation régulière depuis au moins trois mois avant sa naissance pour espérer devenir français à sa majorité ou par déclaration anticipée à partir de ses 13 ans.
    Sur le reste du territoire français, le principe du droit du sol fait qu’un enfant né en France de parents étrangers devient français de façon automatique à sa majorité, ou par déclaration anticipée s’il a résidé sur le territoire cinq ans depuis l’âge de 11 ans. En 2021, selon l’Insee, quelque 35 000 personnes ont obtenu la nationalité française selon ce droit.Pour M. Darmanin, interviewé sur Mayotte La 1re, la suppression du droit du sol à Mayotte constituerait « une grande résolution [des] problèmes ». Le département le plus pauvre de France est affecté par un phénomène d’insécurité, d’habitat insalubre et de saturation des services publics, notamment de santé et d’éducation. Près de la moitié de la population – estimée à plus de 300 000 habitants – est étrangère, principalement issue des îles comoriennes voisines.
    Le ministère de l’intérieur ambitionne de « diminuer de 90 % le nombre de titres de séjour ». Selon l’hypothèse suivante : si les enfants de parents étrangers ne peuvent plus devenir français, alors leurs parents ne pourront plus obtenir un titre de séjour de parent d’enfant français. Et donc l’intérêt pour eux de migrer à Mayotte sera nul. « Sur 4 000 titres de séjour délivrés chaque année, plus de 3 600 sont délivrés pour motif familial, en particulier en tant que “membres de famille de Français” », assure l’entourage de M. Darmanin.
    Si le calendrier reste à connaître, le principe d’une révision constitutionnelle est posé. « Le besoin de réforme constitutionnelle a été évalué à partir des avis rendus par le Conseil d’Etat à l’occasion de la précédente réforme du droit du sol à Mayotte », argumente la Place Beauvau. Un point qui fait débat.
    Au moment de la loi Collomb, « ni le Conseil d’Etat ni le Conseil constitutionnel n’ont dit qu’il y avait un risque d’inconstitutionnalité si l’on supprimait le droit du sol [à Mayotte] », rappelle Jules Lepoutre, professeur de droit public à l’université Côte d’Azur. Dans une décision de septembre 2018, le Conseil constitutionnel avait jugé que la différence de traitement apportée par la loi Collomb était conforme à la Constitution – et en particulier aux principes d’indivisibilité de la République et d’égalité devant la loi –, compte tenu des caractéristiques particulières de l’archipel, confronté à des flux migratoires importants. Jules Lepoutre pense toutefois qu’une loi ordinaire serait « probablement inconstitutionnelle », car elle pourrait être vue comme une « atteinte disproportionnée à l’indivisibilité de la République et du territoire », ou encore parce que le juge constitutionnel pourrait à l’occasion « reconnaître la valeur constitutionnelle du droit du sol, car il est consubstantiel à notre régime républicain puisqu’il est appliqué sans discontinuité depuis la Révolution ». Saisi sur une suppression de l’automaticité du droit du sol en 1993 à l’occasion de la loi Pasqua-Méhaignerie, Robert Badinter, alors président du Conseil constitutionnel, avait d’ailleurs déclaré lors des délibérations : « Si le législateur avait supprimé le jus soli [droit du sol], la question [de savoir s’il est un principe fondamental reconnu par les lois de la République] se poserait bien. Mais ici, il s’agit simplement d’en adapter certaines modalités. »
    En optant pour une révision constitutionnelle, « le ministre de l’intérieur peut vouloir neutraliser une éventuelle précision de jurisprudence », suppose Mathieu Carpentier, professeur de droit public à l’université Toulouse-Capitole. L’adoption d’un projet de loi constitutionnel n’est cependant pas évidente. Le texte doit être voté en des termes identiques par les deux chambres, après quoi le chef de l’Etat peut le faire adopter par référendum ou par une majorité des trois cinquièmes du Congrès.La loi « immigration » a illustré les difficultés du gouvernement à réunir une majorité parlementaire – il a essuyé une motion de rejet à l’Assemblée nationale et a obtenu un vote au prix de dispositions anticonstitutionnelles et du concours des voix du Rassemblement national (RN). Une réforme constitutionnelle sur l’immigration apparaît à tout le moins compliquée. (...)
    « Le gouvernement annonce quelque chose qui est au programme du RN, qui va lui apporter un répit politique mais qui va enflammer de nouveau le pays sur le sujet de l’immigration et qui ne résout rien sur le terrain », étrille l’historien Patrick Weil. Les conséquences de la réforme sont loin d’être évidentes. « Il reste à prouver que les Comoriens se disent “on va à Mayotte, on fait un enfant, on attend ses 13 ans et à ce moment-là on obtient un titre de séjour en tant que parent d’enfant français” », souligne Jules Lepoutre, tandis qu’il est certain que le PIB par habitant est sept fois plus élevé dans le 101e département français qu’aux Comores. De fait, l’impact de la réforme de 2018 sur les flux irréguliers reste à démontrer. Au ministère de l’intérieur, on assure que la loi Collomb a déjà permis de « diviser par trois le nombre d’obtentions de la nationalité » par déclaration anticipée, passé de 2 800 en 2018 à 799 en 2022. Mais « on ne fait que fabriquer de l’étranger, dénonce l’avocate Marjane Ghaem, qui a officié au barreau de Mayotte entre 2012 et 2020. Cela va précariser des jeunes qui seront privés de l’accès la nationalité. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droitdusol#constitution#droit#nationalite#fluxmigratoire#politiquemigratoire#sante