Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Apocalypse Google - Par Thibault PrĂ©vost | ArrĂȘt sur images
    ▻https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/apocalypse-google

    Traçons d’abord Ă  travers le brouillard du bullshit. Google, comme le reste de la Silicon Valley, nous vend constamment une IA qui n’existe pas, une IA mensongĂšre et fictive devenue la routine marketing. En 2018, la firme dĂ©voilait un assistant vocal phĂ©nomĂ©nal, Duplex, capable de passer des coups de fil Ă  votre place. La dĂ©mo Ă©tait probablement fausse, et le service Ă©tait en rĂ©alitĂ©... un call-center. En guise d’IA, trois humains sous un impermĂ©able. Rebelote en dĂ©cembre 2023 avec la dĂ©mo extraordinaire de son IA Gemini, qui Ă©tait au moins partiellement scriptĂ©e. OpenAI, Microsoft et les autres font la mĂȘme chose. L’IA n’est pas une course aux armements, c’est un concours de prestidigitateurs, face auquel le scepticisme par dĂ©faut devient la seule attitude saine. Il n’y a absolument aucune raison de croire que ce que Google nous montre reflĂšte l’état de l’art de ses produits, et toute raison de penser que nous venons de voir un court-mĂ©trage d’anticipation publicitaire. Pourquoi ? Parce que la dĂ©mo promet les deux choses que les logiciels d’IA gĂ©nĂ©rative sont structurellement incapables de fournir : la fiabilitĂ© et l’exhaustivitĂ©.


    L’IA Duplex, trois humains sous un impermĂ©able

    Je sais que je me rĂ©pĂšte de chronique en chronique, mais je le rabĂącherai jusqu’à ce que la bulle de l’IA explose : la-technique-ne-fonctionne-pas. Selon les critĂšres d’évaluation, le taux d’erreur du meilleur logiciel actuel, GPT-4, se situe entre 2,5% et 25%. Ces erreurs sont extrĂȘmement plausibles, assĂ©nĂ©es avec autoritĂ©, et par consĂ©quent plus dangereuses encore que les fake news classiques. L’industrie appelle ça des hallucinations. Le terme, Ă  la fois magique, mignon et puissamment neutralisant, a surtout pour fonction de dissimuler la rĂ©alitĂ© politique et sociale aux rĂ©gulateurs : l’IA gĂ©nĂ©rative est une arme de dĂ©sinformation massive. Et c’est donc le pire outil possible Ă  dĂ©ployer comme portail d’informations en ligne. Si un taux d’erreur de 2,5% vous paraĂźt faible, dites-vous que le moteur de recherche Google rĂ©pond Ă  8,5 milliards de requĂȘtes... par jour. Ça en fait, de la fake news.

    Les hallucinations sont inĂ©vitables. Elles sont une propriĂ©tĂ© structurelle de ces systĂšmes. Ça-ne-se-rĂ©pare-pas. L’industrie le sait trĂšs bien. Elle a tellement compris qu’elle est bloquĂ©e avec ses machines mythomanes qu’elle a dĂ©jĂ  modifiĂ© son rĂ©cit publicitaire. En 2023, Ă  en croire le clergĂ© de l’IA, nous foncions tout droit vers la superintelligence cosmique. En 2024, Sam Altman nous dit que les mensonges font partie de la « magie » de la technique, et le PDG de Google nous explique qu’il faudrait mĂȘme qu’on s’émerveille lorsque les logiciels racontent n’importe quoi, comme devant des enfants de maternelle qui nous rendent des dessins qui ne ressemblent Ă  rien ou des tables de multiplication fausses– bravo Gemini, c’est super, continue comme ça ! AprĂšs des dĂ©cennies Ă  nous affirmer que les programmes informatiques sont des machines froides, neutres, objectives et parfaitement infaillibles (alors que ça a toujours Ă©tĂ© parfaitement faux), la Silicon Valley veut maintenant nous persuader qu’il faudrait traiter ses logiciels mal foutus comme des enfants Montessori, en troquant l’évaluation des compĂ©tences contre l’encouragement et la bienveillance. Une autre maniĂšre de s’extirper du champ de la critique politique, en instrumentalisant notre tendance innĂ©e Ă  l’anthropomorphisation.

  • Biais du survivant : pourquoi il faut se mĂ©fier des conseils nutritionnels des centenaires
    ▻https://theconversation.com/biais-du-survivant-pourquoi-il-faut-se-mefier-des-conseils-nutritio

    Ainsi prĂ©sentĂ©, ce biais du survivant peut apparaĂźtre Ă©vident. Il est pourtant prĂ©sent partout dans notre sociĂ©tĂ©. Nous avons tous dĂ©jĂ  lu ou entendu l’histoire de ce cĂ©lĂšbre acteur ou de ce talentueux entrepreneur qui a percĂ© malgrĂ© l’adversitĂ©, en travaillant dur, en ayant cru en ses valeurs, et qui, grĂące Ă  cela, a fini par connaĂźtre le succĂšs.

    Mais nous n’entendons jamais parler des innombrables exemples d’individus qui ont essayĂ© tout aussi dur, en donnant leur maximum, mais sans jamais rĂ©ussir
 Et pour cause : mĂ©diatiquement parlant, l’histoire ne serait pas trĂšs bonne
 Cette situation crĂ©e un biais, car nous entendons principalement parler des succĂšs, jamais des Ă©checs.

    Ce biais s’applique aussi, par exemple, Ă  notre perception de l’architecture. En effet, les bĂątiments d’une pĂ©riode donnĂ©e qui parviennent jusqu’à nous sont les mieux conçus, ou les plus importants. Nous ne voyons plus ceux qui se sont effondrĂ©s ou ont Ă©tĂ© dĂ©molis, ce qui fausse notre impression de la qualitĂ© de la construction de ces Ă©poques.

    La finance n’est pas en reste : si les personnes qui ont rĂ©ussi des investissements risquĂ©s sont citĂ©es en exemple, nous n’entendons gĂ©nĂ©ralement pas parler de celles qui Ă©chouent, puisqu’elles ne vendent pas de livres ni de plans de dĂ©veloppement personnel
 Il en est de mĂȘme pour les plans de carriĂšre : « si vous travaillez dur et abandonnez l’universitĂ©, vous pouvez devenir un athlĂšte Ă  succĂšs comme moi », disent
 ceux qui ont rĂ©ussi !

    • Estrosi : « J’ai eu le Covid, mais j’ai organisĂ© une messe solennelle et j’ai suivi le traitement du bon docteur R. Comme je ne suis pas mort c’est bien la preuve que ça marche. »

  • Norway recognises Palestine as a state - regjeringen.no
    ▻https://www.regjeringen.no/en/aktuelt/norway-recognises-palestine-as-a-state/id3040194

    Press release | Date: 22/05/2024

    ‘The Norwegian Government has decided that Norway will recognise Palestine as a state. In the midst of a war, with tens of thousands killed and injured, we must keep alive the only alternative that offers a political solution for Israelis and Palestinians alike: Two states, living side by side, in peace and security,’ said Prime Minister Jonas Gahr Stþre.

  • Kenneth Stern, juriste amĂ©ricain : « Notre dĂ©finition de l’antisĂ©mitisme n’a pas Ă©tĂ© conçue comme un outil de rĂ©gulation de l’expression »
    ▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/21/kenneth-stern-juriste-americain-notre-definition-de-l-antisemitisme-n-a-pas-

    L’universitaire new-yorkais dĂ©plore, dans un entretien au « Monde », l’utilisation du concept d’antisĂ©mitisme Ă  des fins politiques dans le cadre de la guerre IsraĂ«l-Hamas.
    Propos recueillis par Valentine Faure

    Le juriste amĂ©ricain Kenneth Stern est directeur du Center for the Study of Hate de l’universitĂ© de Bard (New York) et auteur de The Con­flict Over the Con­flict : The Israel/​Palestine Cam­pus Debate (University of Toronto Press, 2020, non traduit). Il a Ă©tĂ© le principal rĂ©dacteur du texte sur la dĂ©finition de l’#antisĂ©mitisme de l’Alliance internationale pour la mĂ©moire de l’Holocauste (IHRA), utilisĂ©e dans de nombreux pays, dont la France, oĂč elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e en 2019 par l’AssemblĂ©e nationale en tant qu’« instrument d’orientation utile en matiĂšre d’éducation et de formation et afin de soutenir les autoritĂ©s judiciaires et rĂ©pressives dans les efforts qu’elles dĂ©ploient pour dĂ©tecter et poursuivre les attaques antisĂ©mites ». Depuis plusieurs annĂ©es, il s’élĂšve contre le dĂ©tournement de cette dĂ©finition Ă  des fins politiques, pour faire taire les propos critiques envers la politique du gouvernement israĂ©lien.

    Vous avez Ă©tĂ© le principal rĂ©dacteur de la dĂ©finition de l’antisĂ©mitisme adoptĂ©e en 2016 par l’IHRA, une organisation intergouvernementale basĂ©e Ă  Stockholm. Dans quel contexte est-elle nĂ©e ?

    AprĂšs la deuxiĂšme Intifada [2000-2005], nous avons observĂ© une nette rĂ©surgence de l’antisĂ©mitisme en Europe. ChargĂ© de rĂ©diger un rapport, l’Observatoire europĂ©en des phĂ©nomĂšnes racistes et xĂ©nophobes [EUMC] a identifiĂ© un problĂšme : ceux qui collectaient les donnĂ©es dans diffĂ©rents pays d’Europe n’avaient pas de point de rĂ©fĂ©rence commun sur ce qu’ils devaient inclure ou exclure de leurs enquĂȘtes. Ils travaillaient avec une dĂ©finition temporaire qui dĂ©crivait l’antisĂ©mitisme comme une liste d’actes et de stĂ©rĂ©otypes sur les #juifs. Les attaques liĂ©es Ă  #IsraĂ«l – lorsqu’un juif est visĂ© en tant que reprĂ©sentant d’IsraĂ«l – Ă©taient exclues du champ de l’antisĂ©mitisme si l’agresseur n’adhĂ©rait pas Ă  ces stĂ©rĂ©otypes.

    En avril 2004, une Ă©cole juive de MontrĂ©al a Ă©tĂ© incendiĂ©e en rĂ©action Ă  l’assassinat par IsraĂ«l d’un dirigeant du Hamas. J’ai profitĂ© de l’occasion pour interpeller publiquement le directeur de l’EUMC sur le fait que, selon leur dĂ©finition temporaire, cet acte n’était pas considĂ©rĂ© comme antisĂ©mite. L’American Jewish Committee, oĂč j’étais expert en matiĂšre d’antisĂ©mitisme, a pris l’initiative de travailler avec l’EUMC pour Ă©laborer une nouvelle dĂ©finition, dans le but principal d’aider les collecteurs de donnĂ©es Ă  savoir ce qu’il faut recenser, Ă  travers les frontiĂšres et le temps. Le texte liste onze exemples contemporains d’antisĂ©mitisme, parmi lesquels « la nĂ©gation du droit du peuple juif Ă  l’autodĂ©termination » et l’application d’un traitement inĂ©galitaire Ă  IsraĂ«l, Ă  qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigĂ©s d’une autre nation. Les exemples reflĂštent une corrĂ©lation entre ces types de discours et le niveau d’antisĂ©mitisme. Il ne s’agit cependant pas de dire qu’il y a un lien de cause Ă  effet, ou que toute personne tenant de tels propos devrait ĂȘtre qualifiĂ©e d’antisĂ©mite.

    Aujourd’hui, vous regrettez l’usage qui a Ă©tĂ© fait de ce texte. Pourquoi ?

    Depuis 2010, des groupes de la #droite_juive amĂ©ricaine ont tentĂ© de s’approprier cette dĂ©finition, de la marier aux pouvoirs confĂ©rĂ©s par le Title VI (la loi de 1964 sur les droits civils, qui protĂšge contre la discrimination fondĂ©e sur la race, la couleur et l’origine nationale) et de l’utiliser pour tenter de censurer les discours propalestiniens sur les campus. En 2019, Donald Trump a signĂ© un dĂ©cret exigeant que le gouvernement analyse les plaintes pour antisĂ©mitisme en tenant compte de cette dĂ©finition. Une violation du Title VI peut entraĂźner le retrait des fonds fĂ©dĂ©raux aux Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur. Au moment de l’adoption de ce dĂ©cret, Jared Kushner, le gendre de Trump, a clairement indiquĂ© son objectif dans une tribune au New York Times : qualifier tout #antisionisme d’antisĂ©mitisme.

    Or, notre dĂ©finition n’a pas Ă©tĂ© conçue comme un outil de rĂ©gulation de l’expression. Sur les campus universitaires, les Ă©tudiants ont le droit absolu de ne pas ĂȘtre harcelĂ©s ou intimidĂ©s. Mais il est acceptable d’ĂȘtre dĂ©rangĂ© par des idĂ©es. Nous ne voudrions pas que la dĂ©finition du #racisme utilisĂ©e sur les campus inclue l’opposition Ă  la discrimination positive ou Ă  Black Lives Matter, par exemple. L’universitĂ© est censĂ©e ĂȘtre un lieu oĂč les Ă©tudiants sont exposĂ©s Ă  des idĂ©es, oĂč ils apprennent Ă  nĂ©gocier avec la contradiction, etc. Nous devons ĂȘtre en mesure de rĂ©pondre et d’argumenter face Ă  ces discours.

    Lors de son tĂ©moignage au CongrĂšs sur l’antisĂ©mitisme, dans le contexte de manifestations propalestiniennes sur les campus amĂ©ricains, Ă  la question de savoir si « appeler au gĂ©nocide des juifs violait le rĂšglement sur le harcĂšlement Ă  Harvard », Claudine Gay, qui Ă©tait alors prĂ©sidente de cette universitĂ©, a rĂ©pondu que « cela peut, en fonction du contexte ». Comment comprendre cette rĂ©ponse ?

    Les universitĂ©s, publiques comme privĂ©es, sont tenues de respecter le premier amendement, qui garantit la #libertĂ©_d’expression. La distinction gĂ©nĂ©rale du premier amendement est la suivante. Je peux dire : « Je pense que tous les “X” devraient ĂȘtre tuĂ©s » ; je ne peux pas crier cela si je suis avec un groupe de skinheads brandissant des battes et qu’il y a un « X » qui marche dans la rue Ă  ce moment-lĂ . La situation doit prĂ©senter une urgence et un danger. Il y a une distinction fondamentale entre le fait d’ĂȘtre intimidĂ©, harcelĂ©, discriminĂ©, et le fait d’entendre des propos profondĂ©ment dĂ©rangeants. David Duke [homme politique amĂ©ricain, nĂ©onazi, ancien leader du Ku Klux Klan] a Ă©tĂ© vilipendĂ©, mais pas sanctionnĂ©, lorsque, Ă©tudiant dans les annĂ©es 1970, il disait que les juifs devraient ĂȘtre exterminĂ©s et les Noirs renvoyĂ©s en Afrique, et qu’il portait mĂȘme un uniforme nazi sur le campus. S’il avait Ă©tĂ© renvoyĂ©, il serait devenu un martyr du premier amendement.

    La suspension de certaines sections du groupe des Students for Justice in Palestine [qui s’est illustrĂ© depuis le 7 octobre 2023 par ses messages de soutien au Hamas] est profondĂ©ment troublante. Les Ă©tudiants doivent pouvoir exprimer des idĂ©es, si rĂ©pugnantes soient-elles. La distinction que j’utilise ne se situe pas entre les mots et l’acte, mais entre l’expression (qui peut se faire par d’autres moyens que les mots) et le harcĂšlement, l’intimidation, les brimades et la discrimination, qui peuvent se faire par des mots Ă©galement – de vraies menaces, par exemple. En d’autres termes, oui, cela dĂ©pend du contexte. Claudine Gay [qui a dĂ©missionnĂ© depuis] avait donc raison dans sa rĂ©ponse, mĂȘme si elle s’est montrĂ©e sourde au climat politique.

    Comment analysez-vous la dĂ©cision de la prĂ©sidente de Columbia, suivie par d’autres, d’envoyer la police pour dĂ©loger les manifestants propalestiniens ?

    La dĂ©cision de faire appel Ă  la police aussi rapidement n’a fait qu’enflammer la situation. Les campements ont probablement violĂ© les rĂšgles qui encadrent le droit de manifester sur le campus. Mais faire appel Ă  la police pour arrĂȘter des Ă©tudiants devrait ĂȘtre, comme lorsqu’un pays entre en guerre, la derniĂšre mesure prise par nĂ©cessitĂ©. D’autres #campus qui connaissent des manifestations similaires ont abordĂ© le problĂšme diffĂ©remment, dĂ©clarant que, tant qu’il n’y a pas de violence ou de harcĂšlement, ils ne feront pas appel Ă  la #police.

    Vous parlez de « zone grise » de l’antisĂ©mitisme. Qu’entendez-vous par lĂ  ?

    Dans sa forme la plus dangereuse, l’antisĂ©mitisme est une thĂ©orie du complot : les juifs sont considĂ©rĂ©s comme conspirant pour nuire aux non-juifs, ce qui permet d’expliquer ce qui ne va pas dans le monde. Mais voici une question plus difficile : « OĂč se situe la limite entre la critique lĂ©gitime d’IsraĂ«l et l’antisĂ©mitisme ? » Cette question porte davantage sur notre besoin de dĂ©limitations que sur ce que nous voulons dĂ©limiter. Nous voulons simplifier ce qui est complexe, catĂ©goriser un propos et le condamner. L’antisĂ©mitisme, pour l’essentiel, ne fonctionne pas ainsi : on peut ĂȘtre « un peu » antisĂ©mite ou, plus prĂ©cisĂ©ment, avoir des opinions qui se situent dans la zone grise.

    La question la plus Ă©pineuse Ă  cet Ă©gard demeure celle de l’antisionisme.

    Moi-mĂȘme sioniste convaincu, je souffre d’entendre dire qu’IsraĂ«l ne devrait pas exister en tant qu’Etat juif. Je comprends les arguments de ceux qui assurent qu’une telle conception est antisĂ©mite : pourquoi les juifs devraient-ils se voir refuser le droit Ă  l’autodĂ©termination dans leur patrie historique ? Mais l’opposition Ă  l’idĂ©e d’un #Etat_juif est-elle intrinsĂšquement antisĂ©mite ? Imaginez un Palestinien dont la famille a Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e en 1948. Son opposition au sionisme est-elle due Ă  une croyance en un complot juif ou au fait que la crĂ©ation d’IsraĂ«l lui a portĂ© prĂ©judice, Ă  lui et Ă  ses aspirations nationales ? Et si vous ĂȘtes une personne qui s’identifie Ă  la gauche et qui a dĂ©cidĂ© d’embrasser la cause palestinienne, est-ce parce que vous considĂ©rez que la dĂ©possession des #Palestiniens est injuste, parce que vous dĂ©testez les juifs et/ou que vous voyez le monde inondĂ© de conspirations juives, ou quelque chose entre les deux ?

    Certains #Ă©tudiants juifs sionistes progressistes se plaignent d’ĂȘtre exclus d’associations (de groupes antiracistes et de victimes de violences sexuelles, par exemple) par des camarades de classe qui prĂ©tendent que les sionistes ne peuvent pas ĂȘtre progressistes. Or il y a eu de nombreuses annulations d’intervenants perçus comme conservateurs et n’ayant rien Ă  voir avec IsraĂ«l ou les juifs, comme Charles Murray [essayiste aux thĂšses controversĂ©es] ou Ann Coulter [polĂ©miste rĂ©publicaine]. Le militant sioniste est-il exclu parce qu’il est juif ou parce qu’il est considĂ©rĂ© comme conservateur ? L’exclusion peut ĂȘtre une forme de maccarthysme, mais n’est pas nĂ©cessairement antisĂ©mite. A l’inverse, certaines organisations sionistes, sur les campus et en dehors, n’autorisent pas des groupes comme Breaking the Silence ou IfNotNow – considĂ©rĂ©s comme trop critiques Ă  l’égard d’IsraĂ«l – Ă  s’associer avec elles.

    La complexitĂ© du conflit israĂ©lo-palestinien, dites-vous, devrait en faire un exemple idĂ©al de la maniĂšre d’enseigner la pensĂ©e critique et de mener des discussions difficiles


    Pensez Ă  l’articulation entre distorsion historique, antisionisme et antisĂ©mitisme. Le lien ancien entre les juifs et la terre d’IsraĂ«l est un fondement essentiel du sionisme pour la plupart des juifs. Est-ce une distorsion historique que d’ignorer cette histoire, de considĂ©rer que le sionisme a commencĂ© dans les annĂ©es 1880 avec Herzl et l’#immigration de juifs europĂ©ens fuyant l’antisĂ©mitisme et venant en Palestine, oĂč les Arabes – et non les juifs – Ă©taient majoritaires ? S’agit-il d’antisĂ©mitisme, au mĂȘme titre que le dĂ©ni de la Shoah, lorsque les antisionistes font commencer cette histoire Ă  un point diffĂ©rent de celui des sionistes, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, et omettent une histoire que de nombreux juifs considĂšrent comme fondamentale ? Un collĂšgue de Bard, qui s’inquiĂ©tait de voir les Ă©tudiants utiliser des termes tels que « #colonialisme_de_peuplement », « #gĂ©nocide », « sionisme », a dĂ©cidĂ© de mettre en place un cours qui approfondit chacun de ces termes. Je rĂ©serve le terme « #antisĂ©mite » aux cas les plus Ă©vidents. En fin de compte, la tentative de tracer des lignes claires ne fait qu’obscurcir la conversation.

  • [Tribune] La France le dernier État colonial ? | Le TĂ©lĂ©gramme
    ▻https://www.letelegramme.fr/opinions/tribune-la-france-le-dernier-etat-colonial-6588039.php

    Georges Cadiou, journaliste, Ă©crivain, et ex-adjoint au maire de Quimper, Ă©voque « la rĂ©alitĂ© d’un Ă©tat colonial français » en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la Nouvelle-CalĂ©donie.*

    « Les colonies sont faites pour ĂȘtre perdues. Elles naissent avec la croix de mort au front. » (Don Alvaro dans « Le MaĂźtre de Santiago », Henry de Montherlant, 1947).

    Avec la rĂ©cente flambĂ©e de violence en Nouvelle-CalĂ©donie, la question que l’on ose rarement poser revient d’actualitĂ© : la France est-elle le dernier État colonial des pays occidentaux ?

    Il Ă©tait beau le planisphĂšre de notre enfance affichĂ© dans nos Ă©coles. En bleu, les colonies françaises, en rouge, les colonies anglaises et, plus discrĂštement, dans d’autres couleurs, les colonies portugaises en Afrique (Angola, Mozambique, GuinĂ©e Bissau), en Asie (Goa, Macao) et en MĂ©lanĂ©sie (Timor) et, encore plus discrĂštement, les restes des ex-empires coloniaux comme l’Espagne ou les Pays-Bas (IndonĂ©sie, Guyane hollandaise, Antilles nĂ©erlandaises). Toutes ces possessions occidentales ont disparu au fil de l’Histoire, les anciennes colonies britanniques Ă  commencer par l’Inde, ou les anciennes colonies hollandaises et, plus rĂ©cemment, avec la RĂ©volution des ƒillets, les colonies portugaises. Toutes sauf celles que Jean-Claude Guillebaud avait judicieusement appelĂ©es « les confettis de l’Empire » dans un livre ainsi intitulĂ© et publiĂ© au Seuil en 1975. Dans ce livre, le journaliste du Monde posait carrĂ©ment la question : « En 1975, la France serait-elle la derniĂšre puissance coloniale du monde ? ».

    La France avait connu plusieurs vagues de dĂ©colonisations, ou plutĂŽt de pertes de son ex-empire : le Liban et la Syrie en 1943, l’Indochine aprĂšs le dĂ©sastre militaire de Dien Bien Phu en 1954, le Maroc et la Tunisie en 1955-56, la plupart des pays du continent africain en 1960 et, bien sĂ»r, l’AlgĂ©rie en 1962 Ă  l’issue d’une guerre qui, longtemps, ne voulut pas dire son nom. Mais pour le citoyen lambda, cette indĂ©pendance algĂ©rienne scellait la pĂ©riode coloniale de la France. C’était faux bien sĂ»r, car, dans les annĂ©es 1970, sous la prĂ©sidence de Giscard d’Estaing, d’autres territoires devenaient indĂ©pendants comme Djibouti, les Comores (moins Mayotte) ou le condominium franco-britannique des Nouvelles HĂ©brides (aujourd’hui nommĂ© Vanuatu). Ce mouvement de dĂ©colonisation encouragĂ© par l’Onu Ă©tait gĂ©nĂ©ral avec les multiples indĂ©pendances tout autour de ce que l’on appelait les DOM-TOM, les dĂ©partements et territoires d’Outre-Mer français, par exemple la Barbade, la Guyana, le Surinam, Fidji et plusieurs Ăźles du Pacifique ex-possessions anglaises ainsi que, nous l’avons dit, les ex-colonies portugaises.

    « L’orgueil national-français d’une prĂ©sence sur tous les ocĂ©ans du monde pour se donner l’illusion d’ĂȘtre encore une grande puissance se fracasse sur une rĂ©alitĂ©, la rĂ©alitĂ© d’un Ă©tat colonial et jacobin incapable de se rĂ©former. »

    Seul contre-exemple : la France, qui s’accroche Ă  ses confettis aux Antilles, en Guyane, Ă  La RĂ©union, en PolynĂ©sie et donc en Nouvelle-CalĂ©donie. On peut dire s’accrocher en dĂ©pit du droit international et des nombreuses rĂ©solutions de l’Onu dĂ©nonçant par exemple la prĂ©sence française Ă  Mayotte oĂč la situation dĂ©jĂ  explosive devient aujourd’hui ingĂ©rable. Seize rĂ©solutions de l’Onu exigent le retour de Mayotte aux Comores. La France n’en a respectĂ© aucune. Aujourd’hui, c’est en Nouvelle -CalĂ©donie que la situation s’envenime. Les accords dits de Matignon puis de NoumĂ©a n’ont rien rĂ©glĂ©. Cela n’a fait que retarder un processus inĂ©vitable : l’orgueil national français d’une prĂ©sence sur tous les ocĂ©ans du monde pour se donner l’illusion d’ĂȘtre encore une grande puissance se fracasse sur une rĂ©alitĂ©, la rĂ©alitĂ© d’un État colonial et jacobin incapable de se rĂ©former en envisageant, par exemple, une solution d’une indĂ©pendance d’un État associĂ© comme l’est Porto Rico par rapport aux États-Unis ! Cela est impensable aux yeux de nos tenants d’un colonialisme d’un autre Ăąge condamnĂ© Ă  disparaĂźtre tĂŽt ou tard. L’envoi de la troupe en Nouvelle-CalĂ©donie n’y fera rien. LĂ  aussi, comme dans d’autres parties du monde, la solution ne peut qu’ĂȘtre politique. Il faut dĂ©noncer ceux qui veulent faire un petit remake de la guerre d’AlgĂ©rie. Qu’ils le veuillent ou non, dans quelques annĂ©es, la Kanaky sera libre. C’est le sens de l’Histoire.

    • et, sur la mĂȘme page, l’édito bien rance d’Hubert Coudurier, directeur de l’information et frĂšre du directeur de la publication (quatriĂšme gĂ©nĂ©ration)

      [Édito] Macron ou les vertus du forcing | Le TĂ©lĂ©gramme
      ▻https://www.letelegramme.fr/opinions/edito-macron-ou-les-vertus-du-forcing-6588241.php

      Notre Ă©ditorialiste Hubert Coudurier livre son point de vue sur la dĂ©cision d’Emmanuel de se rendre lui-mĂȘme en Nouvelle-CalĂ©donie.

      GĂ©rald Darmanin aurait dĂ», en toute logique, se rendre sur place. Le ministre de l’IntĂ©rieur et des Outre-mer connaĂźt bien le dossier pour l’avoir repris des mains d’Édouard Philippe Ă  son dĂ©part de Matignon. Il s’est rendu sept fois sur le « caillou ». Or c’est d’abord le rĂ©tablissement de l’ordre qui doit prĂ©valoir. Dix mille jeunes mĂȘlant militants indĂ©pendantistes et dĂ©linquants dĂ©ferlant sur NoumĂ©a, c’est terriblement anxiogĂšne pour la population en manque de soins et d’alimentation. Une autre forme de chaos qu’on a pu observer dans les DOM-TOM. Du coup, les indĂ©pendantistes ont recrĂ©Ă© une solidaritĂ© interethnique entre mĂ©lanĂ©siens (autochtones) et nĂ©o-calĂ©doniens (d’origine europĂ©enne). Emmanuel Macron, qui ne rĂ©siste jamais Ă  l’envie de se mettre en avant, avait confiĂ© durant le week-end le dossier Ă  son Premier ministre, avant de dĂ©cider de se rendre sur place. Pourquoi cette prĂ©cipitation ? Gabriel Attal n’écartait pas un assouplissement de l’agenda de la rĂ©vision constitutionnelle prĂ©vue dans un CongrĂšs fin juin. Laquelle prĂ©voit le fameux Ă©largissement du corps Ă©lectoral qui fait bondir les indĂ©pendantistes malgrĂ© trois rĂ©fĂ©rendums qui leur ont Ă©tĂ© dĂ©favorables. Certes, le dernier, tenu durant la covid, a Ă©tĂ© boycottĂ© par les kanaks dont la prĂ©occupation principale Ă©tait d’enterrer leurs morts. À moins qu’ils aient compris que c’est la cause de l’indĂ©pendance qui Ă©tait morte. La promotion de la prĂ©sidente loyaliste du sud a de surcroĂźt nourri le soupçon que le gouvernement choisissait son camp. Mais au final, l’objectif des indĂ©pendantistes dĂ©bordĂ©s par leur base, n’est que de gagner du temps. Le prĂ©sident français ayant dĂ©cidĂ© de passer en force, estimant que la messe Ă©tait dite, s’expose nĂ©anmoins inutilement. Car la question dĂ©coloniale est sans fin puisqu’elle nous rattrape dĂ©sormais dans l’Hexagone comme on l’a vu lors des Ă©meutes de juin dernier.

  • Mandats d’arrĂȘt : « Le conflit israĂ©lo-palestinien est marquĂ© par une impunitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e » | Le TĂ©lĂ©gramme
    ▻https://www.letelegramme.fr/monde/israel-palestine/mandats-darret-le-conflit-israelo-palestinien-est-marque-par-une-impuni

    propos recueillis par Pierre Coudurier*

    Avocat spĂ©cialiste du droit international, Johann Soufi analyse la demande du procureur de la Cour pĂ©nale internationale (CPI) de dĂ©livrer des mandats d‘arrĂȘt contre le premier ministre israĂ©lien, Benjamin Netanyahu, son ministre de la DĂ©fense ainsi que trois responsables du Hamas. Entretien.

    Le procureur de la Cour pĂ©nale internationale a demandĂ©, lundi, des mandats d’arrĂȘt contre le Premier ministre israĂ©lien et des dirigeants du Hamas. Comment qualifiez-vous cette procĂ©dure ?
    C’est un Ă©vĂ©nement historique, car le conflit israĂ©lo-palestinien est marquĂ© par une impunitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e pour les crimes commis des deux cĂŽtĂ©s. Depuis des annĂ©es, nous avions l’impression que cette rĂ©gion Ă©chappait au droit international. Aujourd’hui, ça n’est plus le cas. De plus, la CPI Ă©tait accusĂ©e de sĂ©lectivitĂ© en concentrant ses poursuites principalement contre des chefs de guerre africains, notamment des responsables de niveau moins Ă©levĂ©. En ce sens, le mandat d’arrĂȘt Ă©mis Ă  l’encontre de Vladimir Poutine avait dĂ©jĂ  marquĂ© un tournant historique dans l’histoire de la Cour. Mais il a aussi Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© par certains comme un positionnement stratĂ©gique du Bureau du procureur alignĂ© sur les intĂ©rĂȘts occidentaux, en particulier suite Ă  l’annonce du procureur de « dĂ©prioriser » ses enquĂȘtes sur les crimes de guerre commis par des AmĂ©ricains en Afghanistan.

    Cette fois, c’est une vraie rupture. On le voit, d’ailleurs, Ă  la rĂ©action virulente de certains dirigeants occidentaux contre le procureur de la Cour. D’habitude, la Cour ne communique que lorsque le mandat d’arrĂȘt a Ă©tĂ© Ă©mis. Mais, cette fois, l’annonce a Ă©tĂ© faite dĂšs le lancement de la requĂȘte du procureur, probablement pour avoir un effet dissuasif et dans le but d’éviter certaines pressions. Les juges vont maintenant avoir un rĂŽle de certification. Selon moi, il a peu de chance qu’il y ait de changement majeur. D’ici deux Ă  trois mois, les mandats d’arrĂȘt seront dĂ©livrĂ©s par la Cour.

    Alors que Joe Biden se rĂ©jouissait du mandat d’arrĂȘt contre Poutine, le prĂ©sident des États-Unis trouve « scandaleuse » la procĂ©dure lancĂ©e Ă  l’encontre de ses alliĂ©s israĂ©liens. Les AmĂ©ricains sont-ils pris Ă  leur propre jeu ?
    Ce n’est pas tant une question de jeu politique, qu’une question de cohĂ©rence entre les valeurs que Washington proclame, fondĂ©es sur l’importance du respect du droit international, et ses actes, qui sont parfois en contradiction avec ces valeurs. La justice n’a de sens qu’à partir du moment oĂč elle s’applique de maniĂšre impartiale. Or Washington instrumentalise le droit et la justice internationale depuis le dĂ©but de l’existence de la Cour. Le procureur, Karim Khan, l’a bien indiquĂ© dans une interview Ă  CNN, lundi, en expliquant qu’un responsable amĂ©ricain lui a dit que la Cour Ă©tait rĂ©servĂ©e « aux dirigeants africains et aux puissances ennemies ». La cohĂ©rence du discours amĂ©ricain vis-Ă -vis de la justice internationale doit aussi ĂȘtre analysĂ©e en tenant compte de ce double standard et de cette hypocrisie.

    La France, Ă  l’inverse, a affirmĂ© soutenir la CPI

    Pour les 124 États qui y adhĂšrent - ce qui n’est pas le cas des États-Unis ni d’IsraĂ«l - soutenir la CPI est une exigence lĂ©gale. Tout comme le fait d’arrĂȘter les personnes sous mandats d’arrĂȘt si elles se trouvent sur le territoire national. La France et les autres États membres doivent aussi faciliter le travail de la Cour. D’abord financiĂšrement, en contribuant au budget de la Cour, mais aussi en fournissant des informations issues des services de renseignement et des ressources matĂ©rielles comme c’est le cas concernant les enquĂȘtes du procureur en Ukraine.

    Quelles incidences pour les responsables du Hamas et ceux d’IsraĂ«l ?
    S’ils sont Ă©mis, ces mandats d’arrĂȘt vont contribuer Ă  marginaliser davantage ces individus sur la scĂšne internationale. Quelle que soit la lĂ©gitimitĂ© allĂ©guĂ©e de leurs combats respectifs, ces mandats d’arrĂȘt dĂ©montrent qu’ils agissent en violation du droit international humanitaire et qu’ils ont probablement commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanitĂ©. Pour les responsables israĂ©liens, le crime d’extermination, de persĂ©cution, mais aussi l’utilisation de la famine comme une arme de guerre. Du cĂŽtĂ© des dirigeants du Hamas, le crime d’extermination, la torture, le viol. Ce sont des crimes qui choquent notre conscience.

    Ces mandats permettent de remettre en question l’idĂ©e que la fin justifie les moyens. Au-delĂ  des considĂ©rations politiques, il y a un instrument commun qui s’appelle le droit.

  • Apprentissage : les dĂ©rapages financiers et pĂ©dagogiques sur un plateau de tĂ©lĂ© | Le Club
    ▻https://blogs.mediapart.fr/nasr-lakhsassi/blog/210524/apprentissage-les-derapages-financiers-et-pedagogiques-sur-un-platea

    L’argent public est absorbĂ© par un trou noir

    L’open bar des primes et de l’argent facile fonctionne donc parfaitement...pour les employeurs et les centres de formation. Un puits sans fonds. L’eldorado, il est lĂ  ! Et nombreux sont ceux qui en sont devenus accrocs, y compris les patrons milliardaires des multinationales !

    Depuis la mise en place de la rĂ©forme, les financements publics allouĂ©s Ă  l’apprentissage n’ont cessĂ© d’augmenter.

    Dans son Ă©tude « Un bilan des annĂ©es folles », Bruno Coquet montre que les dĂ©penses publiques sont passĂ©es de 5 693 M € en 2017 Ă  19 894 M € en 2022.

    Les dĂ©penses publiques enregistrĂ©es en 2023 s’élĂšvent Ă  22 milliards d’aprĂšs France info.

    « Jamais une politique de soutien Ă  l’emploi n’a Ă©tĂ© aussi coĂ»teuse pour les finances publiques. Ce sont des milliards d’euros de deniers publics qui partent en pure perte. Sans aucune rĂ©gulation derriĂšre ! » Ces mots forts viennent d’un haut fonctionnaire tenu au devoir de rĂ©serve. De ceux qui n’aiment pas les polĂ©miques et tiennent plutĂŽt les journalistes Ă  distance. Sauf que lĂ , la moutarde pique trop : « Il faut ouvrir le capot de ce beau discours sur la hausse de l’apprentissage. » LibĂ©ration 23 novembre 2022.

    #apprentissage #privé #emploi #argent_public #dette

  • Ah, ce midi j’ai dĂ» aller voir les logs d’un de mes serveurs pour voir pourquoi il ramait. Et Ă©videmment j’ai encore dĂ» bloquer quelques adresses IP qui aspiraient le contenu comme des gorets.

    J’ai vraiment hĂąte que ce soit prochainement des « licornes françaises » gavĂ©es d’argent public pour se merder dans l’IA (quand il faut, il y a de l’argent magique en Macronie) qui fasse tomber mes serveurs


  • SĂ»retĂ© nuclĂ©aire : promulgation de la loi fusionnant ASN et IRSN
    ▻https://www.connaissancedesenergies.org/afp/surete-nucleaire-promulgation-de-la-loi-fusionnant-asn-et-i

    AFP parue le 22 mai 2024 - 13h48

    La loi fusionnant le gendarme du nuclĂ©aire, l’ASN, avec l’expert technique du secteur, l’IRSN, a Ă©tĂ© promulguĂ©e mardi, selon un article paru mercredi au Journal officiel.

    (..)

    Cette « loi du 21 mai 2024 relative Ă  l’organisation de la gouvernance de la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire pour rĂ©pondre au dĂ©fi de la relance de la filiĂšre nuclĂ©aire » vise Ă  adapter cette gouvernance aux nouvelles ambitions de la France, qui veut construire six voire 14 rĂ©acteurs et souhaite « fluidifier » les dĂ©cisions dans ce sens, a rĂ©guliĂšrement expliquĂ© le gouvernement.

    (...)

    VoilĂ , c’est fait, tout va ĂȘtre fluidifiĂ©, dans 2 ans, le premier EPR sort de terre, en mĂȘme temps que le couvercle de la cocotte de l’EPR de Flamanville sera remplacĂ©, du fait de ses dĂ©fauts de fabrication liĂ©s Ă  la moindre fluidification des processus de l’ancien cadre lĂ©gal.

  • Vivent les haies ! - AgnĂšs Stienne - Visionscarto
    ▻https://www.visionscarto.net/vivent-les-haies

    L’agro-industrie dĂ©vore le bocage, dĂ©vorons l’agro-industrie.

    DĂ©cembre 2023, TGV 5280 voiture 5 place 105, Le Mans-Paris, premiĂšre Ă©tape d’un voyage Ă  destination des Ardennes.

    La grisaille de ces derniĂšres semaines a levĂ© le voile pour quelques jours seulement sur un ciel plus lumineux. Une chance. Je referme le livre qui m’accompagne dans ce pĂ©riple et laisse mon regard se perdre dans le paysage qui dĂ©file Ă  grande vitesse. Je n’avais pas fait ce trajet depuis la propagation de la pandĂ©mie de covid en 2019. OĂč sont les haies ? Au fur et Ă  mesure qu’on approche de Chartres elles se rarĂ©fient, avant de disparaĂźtre totalement. L’agro-industrie n’a de cesse de dĂ©vorer le moindre Ăźlot de verdure. « RĂ©volution verte » qu’ils disaient.

  • Des Ă©lĂšves bloquent l’entrĂ©e de leur lycĂ©e Ă  Montpellier pour manifester leur soutien aux Palestiniens [16 mai]
    ▻https://www.midilibre.fr/2024/05/16/soutien-aux-palestiniens-blocus-du-lycee-joffre-depuis-ce-matin-a-montpell

    « Palestine vaincra, Palestine vivra ». Depuis 6 heures ce matin, une centaine d’élĂšves du lycĂ©e Joffre bloquent les accĂšs Ă  l’établissement afin de manifester leur soutien aux Palestiniens.

    [
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    Un élargissement au lycée Jules-Guesde est aussi envisagé.

  • No aid unloaded at US pier has reached Gaza : Pentagon
    ▻https://thecradle.co/articles-id/25023
    ▻http://thecradle-main.oss-eu-central-1.aliyuncs.com/public/articles/f531f84e-1824-11ef-ba4b-00163e02c055.webp

    Comme on pouvait s’en douter (et le craindre), la jetĂ©e flottante au bord de Gaza ne dĂ©livre aucune aide alimentaire, de l’aveu mĂȘme des Etasunienns.

    The Pentagon said on 21 May that none of the humanitarian aid has been unloaded off of Washington’s floating pier on the coast of Gaza, as the US says it is working with the UN and Israel to identify safe routes into the besieged enclave.

    Pentagon spokesman, Major General Patrick Ryder, said on Tuesday that the US, Israel, and the UN are working to determine “alternative routes” for the delivery of over 500 tons of aid that has been transported to the Gaza pier since last week.

    The announcement comes after desperate Palestinians, stricken by famine as a result of Israel’s war, tried intercepting a number of trucks carrying aid from the pier over the weekend, according to Ryder.

    “As of today, I do not believe so,” Ryder said in response to a question on whether any aid has been delivered to starving Gazans in the besieged strip.

    “We do anticipate that assistance will be distributed in the coming days, of course, conditions permitting,” he added.

  • L’armĂ©e française entraĂźne des nĂ©onazis ukrainiens au combat | Mediapart
    ▻https://www.mediapart.fr/journal/international/220524/l-armee-francaise-entraine-des-neonazis-ukrainiens-au-combat


    Faut qu’ils fassent gaffe Ă  Mediapart : ils sont Ă  ça đŸ€ d’ĂȘtre inculpĂ©s de Poutinophilie.

    Plusieurs pays occidentaux forment des militaires ukrainiens au maniement des armes. Un groupe venu en France Ă  la fin de l’annĂ©e 2023 comptait dans ses rangs d’authentiques nĂ©onazis. Une donnĂ©e que l’armĂ©e française ne pouvait ignorer : l’un portait le symbole de la SS tatouĂ© sur le visage.

    • J’aime comme il est de bon temps, notamment chez les bonnes Ăąmes de gauche, de dĂ©crĂ©ter que le Hamas (voire le Hezbollah), c’est rien que des fascistes, donc ils n’ont rigoureusement aucune lĂ©gitimitĂ© Ă  quoi que ce soit, et que c’est du « campisme » de dire le contraire. Mais quand on trouve d’authentiques nazis chez les Ukrainiens (ce qui surgit Ă  intervalle rĂ©gulier), c’est du « campisme » de le dire.

    • Ń…Ń‚ĐŸ Ń…ĐŸŃ‡Đ” жОтО Ń‚ĐŸĐč ĐżĐŸĐ±ĐžĐœĐ”Đč Đ±ĐŸŃ€ĐŸŃ‚ĐžŃŃŒ
      Đ°Ń…Ń‚ĐŸ ĐœĐ” Đ·Đ°Ń…ĐŸŃ‡Đ” Ń‡ĐžĐœĐžŃ‚Đč ĐŸĐżŃ–Ń€ у Ń†ŃŒĐŸĐŒŃƒ сĐČіті ĐČŃ–Ń‡ĐœĐŸŃ— Đ±ĐŸŃ€ĐŸŃ‚ŃŒĐ±Đž
      Ń‚ĐŸĐč ĐœĐ” Đ·Đ°ŃĐ»ŃƒĐłĐŸĐ±ŃƒĐ” праĐČĐ° ĐœĐ° Đ¶ĐžŃ‚Ń‚Ń

      citation exacte de l’original allemand :

      Wer leben will der kÀmpfe also
      und wer nicht streiten will in dieser Welt des ewigen Ringens
      verdient das Leben nicht.

      Mein Kampf, ch. 11 Volk und Rasse

      de trĂšs nombreuses affiches de propagande ou cartes postales sont bĂąties exactement sur ce principe graphique : citation + portrait, p. ex.

  • Why Your Wi-Fi Router Doubles as an Apple AirTag – Krebs on Security
    ▻https://krebsonsecurity.com/2024/05/why-your-wi-fi-router-doubles-as-an-apple-airtag

    Both Apple and Google operate their own Wi-Fi-based Positioning Systems (WPS) that obtain certain hardware identifiers from all wireless access points that come within range of their mobile devices. Both record the Media Access Control (MAC) address that a Wi-FI access point uses, known as a Basic Service Set Identifier or BSSID.

    Periodically, Apple and Google mobile devices will forward their locations — by querying GPS and/or by using cellular towers as landmarks — along with any nearby BSSIDs. This combination of data allows Apple and Google devices to figure out where they are within a few feet or meters, and it’s what allows your mobile phone to continue displaying your planned route even when the device can’t get a fix on GPS.

    With Google’s WPS, a wireless device submits a list of nearby Wi-Fi access point BSSIDs and their signal strengths — via an application programming interface (API) request to Google — whose WPS responds with the device’s computed position. Google’s WPS requires at least two BSSIDs to calculate a device’s approximate position.

    Apple’s WPS also accepts a list of nearby BSSIDs, but instead of computing the device’s location based off the set of observed access points and their received signal strengths and then reporting that result to the user, Apple’s API will return the geolocations of up to 400 hundred more BSSIDs that are nearby the one requested. It then uses approximately eight of those BSSIDs to work out the user’s location based on known landmarks.

  • MANDATS D’ARRÊTS DEMANDÉS À LA CPI : SÉJOURNÉ APPELLE À « NE PAS CRÉER D’ÉQUIVALENCE ENTRE LE HAMAS ET ISRAËL » ▻https://www.bfmtv.com/international/moyen-orient/israel/mandats-d-arrets-demandes-a-la-cpi-sejourne-appelle-a-ne-pas-creer-d-equivale

    Le ministre français des Affaires Ă©trangĂšres estime comme d’autres gouvernements europĂ©ens qu’il ne faut pas crĂ©er « d’équivalence » entre le Hamas et IsraĂ«l aprĂšs les « demandes simultanĂ©es » de mandats d’arrĂȘt par le procureur de la Cour pĂ©nale internationale.

    #désespérant #génocidaires

  • « SDAT is the question »
    ▻https://expansive.info/SDAT-is-the-question-4587

    On est en plein gros backlash aprĂšs l’affaire Tarnac. Ya eu une grosse affaire avec des gros soutiens et une "victoire" aprĂšs 10 ans. Mais ensuite toutes les affaires suivantes sont maintenant durement rĂ©primĂ©s avec les outils (en gens, en arme et en droit) de l’anti-terrorisme et lĂ  ya plus forcĂ©ment autant de soutien (mĂ©diatique et matĂ©riel) que pour Tarnac. Et mĂȘme quand il y a, comme c’est pour 5, 10, 15 affaires en mĂȘme temps ça se dilue.

    Mais aprĂšs avoir longuement dĂ©libĂ©rĂ©, les 3 juges dĂ©cidĂšrent de condamner les prĂ©venus Ă  des peines allant de 7500 euros Ă  15000 euros, soit le maximum lĂ©gal encouru en terme d’amende. On saura apprĂ©cier l’exercice de multiplication qu’il leur a fallu faire pour gonfler le rĂ©quisitoire du procureur : 37,5 fois supĂ©rieur !
    AprĂšs avoir plus qu’ouvertement dĂ©criĂ© le droit au silence des prĂ©venus, au prĂ©texte de leur supposĂ©e ’contestation systĂ©matique de toute forme d’autorité’, ils appuyĂšrent leur dĂ©cision par l’implication de la SDAT dans les arrestations et la tenue des mesures de garde Ă  vue sur la commune de Levallois. EnvoĂ»tement ou raison, si la SDAT est dans le coup, ce ne doit pas ĂȘtre pour rien !

    #répression #SLT #désarmement #justice #SDAT #anti-terrorisme #backlash

  • Opinion | Scarlett Johansson’s Voice Isn’t the Only Thing A.I. Companies Want - The New York Times
    ▻https://www.nytimes.com/live/2024/05/21/opinion/thepoint#openai-scarlett-johansson

    Par Zeynep Tufekci

    When OpenAI introduced its virtual assistant, Sky, last week, many gasped. It sounded just like Scarlett Johansson, who had famously played an artificial intelligence voice assistant in the movie “Her.”

    On the surface, the choice made sense: Last year, Sam Altman, the C.E.O. of OpenAI, had named it his favorite science fiction movie, even posting the single word “her” around the assistant’s debut.

    OpenAI approached Johansson to be the voice for its virtual assistant, and she turned it down. The company approached her again two days before the debut of Sky, but this time, she said in a blistering statement, it didn’t even wait for her official “no” before releasing a voice that sounds so similar to hers that it even fooled her friends and family.

    In response to Johansson’s scathing letter, OpenAI claimed that the voice was someone else and “was never intended to resemble hers,” but it took Sky down anyway.

    The A.I. industry is built on grabbing our data — the output that humanity has collectively produced: books, art, music, blog posts, social media, videos — and using it to train their models, from which they then make money or use as they wish. For the most part, A.I. companies haven’t asked or paid the people who created the data they grab and whose actual employment and future are threatened by the models trained on it.

    Politicians haven’t stepped in to ask why humanity’s collective output should be usurped and monopolized by a handful of companies. They’ve practically let the industry do what it wants for decades.

    I am someone who believes in the true upside of technology, including A.I. But amid all the lofty talk about its transformational power, these companies are perpetuating an information grab, a money grab and a “break the rules and see what we can get away with” mentality that’s worked very well for them for the past few decades.

    Altman, it seems, liked Johansson’s voice, so the company made a simulacrum of it. Why not?

    When you’re a tech industry star, they let you do anything.

    #Zeynep_Tufekci #Intelligence_artificielle #OpenAI #Voice

  • Croyez le ou non, je suis en train de quitter Manjaro pour Debian, pour le poste de travail.

    Et plus gĂ©nĂ©ralement, il ne me reste plus qu’à rĂ©installer le portable sur Linux, et toutes mes machines physiques ne seront plus avec Windows. MĂȘme le pc de la salle de rĂ©union est passĂ© sous Linux. Ça m’a pris l’autre jour, quand pour la Ă©niĂšme fois, il a fallu attendre 15 minutes que les mises Ă  jour se terminent. Depuis il dĂ©marre plus vite et fonctionne impeccablement.

    Étant donnĂ© mon passĂ© de fin connaisseur du systĂšme de MS, ce n’était pas vraiment jouĂ© d’avance.

    Et en insistant pour retrouver mes habitudes, j’en crĂ©e de nouvelles tout aussi sympa. Il y a une sacrĂ©e maturitĂ© et diversitĂ© ds les logiciels.

    Par contre, je dois reconnaĂźtre que... MĂȘme avec mes connaissances, le coup d’installer Linux sur du matĂ©riel rĂ©cent, ce n’est pas du tout Ă©vident.

  • Tous ces connards de HEC (ou l’équivalent) — Viktor DEDAJ
    ▻https://www.legrandsoir.info/tous-ces-connards-de-hec-ou-l-equivalent.html

    La derniĂšre fois que j’ai conversĂ© avec un connard de HEC (ou l’équivalent), j’ai eu le sentiment dĂ©sagrĂ©able de regarder la tĂ©lĂ©. C’était aussi bavard, nombriliste, hystĂ©rique et d’une bĂȘtise agressive. On aurait dit qu’il avait mĂ©morisĂ© : 1) tous les « dossiers » du magazine Le Point sur le Salaire des Cadres, les Francs-Maçons et l’Islam ; 2) toutes les enquĂȘtes de l’Express sur le Salaire des Cadres, le Prix de l’Immobilier et les Musulmans ; 3) tous les numĂ©ros spĂ©ciaux du Nouvel Obs sur le Salaire des Cadres, l’HomosexualitĂ© et les Arabes.

    Chez lui, le concept de « radicalitĂ© » se limitait Ă  la lecture de Courrier International et les Guignols sur Canal+. J’ai cru un instant qu’il faisait dans l’ironie, genre pince-sans-rire. Pas du tout. J’ai mĂȘme eu droit Ă  un « tu comprends Viktor, selon la loi de l’offre et la demande... ».

    SĂ©rieusement : vous le saviez, vous, qu’il existe rĂ©ellement des individus qui prononcent rĂ©ellement ce genre de phrase avec tout le sĂ©rieux du monde ? Et moi qui pensais que c’était une de ces phrases « connues » mais que personne ne prononce rĂ©ellement dans la vraie vie. Une phrase comme « Attends, ce n’est pas ce que tu crois, je peux tout t’expliquer », vous comprenez ? Une phrase que personne ne prononce rĂ©ellement dans la vraie vie sauf Ă  ĂȘtre - et lĂ  , retenez votre souffle - totalement et irrĂ©mĂ©diablement lavĂ© du cerveau, avec une mini-salle de projection Ă  la place de la cervelle et vivant littĂ©ralement dans un film oĂč son ego tient le rĂŽle principal.

    A part ça, il y avait quelque chose qui me titillait depuis le dĂ©but, un truc sur lequel je n’arrivais pas Ă  mettre le doigt... lorsque soudain, j’ai compris. Mon Dieu, j’avais devant moi - Ă  quelques centimĂštres Ă  peine - un ĂȘtre que je pensais n’exister que dans les lĂ©gendes et les contes de fĂ©es, Ă  l’instar des licornes, des dragons et des Socialistes Français de gauche. Devant moi se tenait l’aboutissement de toute l’histoire de l’évolution, l’ĂȘtre parfait ; inĂ©branlable, infatigable, indestructible et mĂȘme indĂ©coiffable, la toute derniĂšre production du systĂšme mĂ©diatique moderne, celui dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais croisĂ©, un ĂȘtre parfaitement adaptĂ© Ă  son milieu ambiant. Oui, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, permettez-moi de vos prĂ©senter... le Connard Parfait.

    A la fois terrifiĂ© et subjuguĂ©, j’étais Sigourney Weaver (en petite culotte) et lui l’Alien bavant (tu m’étonnes...). Lorsqu’il ouvrait la bouche pour parler d’économie, c’était du Alain Minc qui sortait. Pour parler de sociĂ©tĂ©, c’était Jacques Attali plein les oreilles. Sur les questions gĂ©opolitiques, c’était BHL qui lui sortait des narines. Et de tous les autres orifices de son corps : du Jean-Pierre Pernaud.

    Il regardait les films que faisaient les plus gros scores au box-office, écoutait la musique qui cartonne en ce moment, regardait sur Youtube les vidéos les plus populaires et ne lisait que des best-sellers.

    Ouaip : on avait beau l’essorer, il n’y avait plus une seule goutte de lui en lui.

    Pourquoi je vous parle des connards de HEC (ou l’équivalent) ? Pour rien.

  • En Antarctique, le « glacier de l’Apocalypse » fond encore plus vite que prĂ©vu
    ▻https://reporterre.net/En-Antarctique-le-glacier-de-l-Apocalypse-fond-encore-plus-vite-que-prev

    Le glacier Thwaites, l’une des plus grosses et plus instables masses de glace terrestres, situĂ©e dans la pĂ©ninsule de l’Antarctique de l’Ouest, inquiĂšte depuis de nombreuses annĂ©es les chercheurs pour sa fonte accĂ©lĂ©rĂ©e : surnommĂ© par les scientifiques le « glacier de l’Apocalypse », il est responsable Ă  lui seul de 4 % de la hausse annuelle du niveau des mers.

    (...)

    À partir des donnĂ©es d’observation satellitaire particuliĂšrement prĂ©cises du rĂ©seau Iceye, les chercheurs ont mis en Ă©vidence une intrusion d’eau de mer chaude et dense sous la surface du glacier, sur plusieurs kilomĂštres.

    (...)

    Ce mĂ©canisme provoque une « fonte vigoureuse » du glacier. À tel point que les chercheurs alertent sur le risque que nous ayons sous-estimĂ© la montĂ©e des eaux Ă  venir. Le glacier Thwaites, s’il fondait entiĂšrement, reprĂ©senterait Ă  lui seul 60 cm de montĂ©e du niveau des mers.

    Ce que je trouve drĂŽlatique, c’est que les plus riches n’ont rien trouvĂ© de mieux que de ponctionner toujours plus de richesses, alors que bientĂŽt, ces milliers de milliards ne vaudront plus rien, et qu’ils auraient Ă©tĂ© nettement plus utiles si on les avait injectĂ©s dans l’économie afin de nous prĂ©parer collectivement Ă  ce qui arrive.

    C’est ce que j’appellerais le court-termisme extrĂȘme, ou l’extrĂȘme-thĂ©saurisme.

  • Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein dĂ©sert
    ▻https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/comment-l-argent-de-l-union-europeenne-permet-aux-pays-du-maghreb-de-refoule

    Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein dĂ©sert
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance), Maud Jullien (Lighthouse Reports), Andrei Popoviciu (Lighthouse Reports) et Tomas Statius (Lighthouse Reports)
    s des droits humains et avec le renfort de moyens européens.
    A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citĂ©es par un prĂ©nom ont requis l’anonymat), un jeune GuinĂ©en, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© six fois par la police, en 2023, avant d’ĂȘtre renvoyĂ© sans mĂ©nagement Ă  l’autre bout du pays. En Mauritanie, Bella et Idiatou, Ă©galement guinĂ©ennes, ont Ă©tĂ© abandonnĂ©es en plein dĂ©sert aprĂšs avoir Ă©tĂ© interpellĂ©es, puis incarcĂ©rĂ©es. Leur crime ? Avoir pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François, un Camerounais, s’est orientĂ© comme il a pu aprĂšs que les forces de sĂ©curitĂ© l’ont lĂąchĂ©, au beau milieu des montagnes, prĂšs de la frontiĂšre avec l’AlgĂ©rie. C’était la troisiĂšme fois qu’il Ă©tait dĂ©portĂ© en l’espace de quelques mois.
    Ces trois rĂ©cits de personnes migrantes se ressemblent. Ils se dĂ©roulent pourtant dans trois Etats diffĂ©rents du nord de l’Afrique. Trois pays distincts qui ont en commun d’ĂȘtre les Ă©tapes ultimes des principales routes migratoires vers l’Europe : celle de la MĂ©diterranĂ©e centrale, qui relie les cĂŽtes tunisiennes Ă  l’üle italienne de Lampedusa ; celle de la MĂ©diterranĂ©e occidentale, qui part du Maghreb vers l’Espagne ou encore la route dite « Atlantique », qui quitte les rivages du SĂ©nĂ©gal et du Sahara occidental pour rejoindre les Ăźles Canaries.
    Pour cette raison, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont aussi en commun de faire l’objet de nombreuses attentions de l’Union europĂ©enne (UE) dans la mise en place de sa politique de lutte contre l’immigration irrĂ©guliĂšre. Alors que la question migratoire crispe les opinions publiques et divise les Etats membres sur fond de montĂ©e de l’extrĂȘme droite dans de nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour Ă©viter que les Subsahariens candidats Ă  l’exil ne parviennent jusqu’à la mer. Au risque que l’aide apportĂ©e aux gouvernements du Maghreb participe Ă  des violations rĂ©pĂ©tĂ©es des droits humains.
    Depuis 2015, les trois Etats ont perçu plus de 400 millions d’euros pour la gestion de leurs frontiĂšres, rien que par l’entremise du fonds fiduciaire d’urgence (FFU), lancĂ© par l’UE lors du sommet sur la migration de La Valette, capitale de Malte. Une somme Ă  laquelle s’ajoutent des aides accordĂ©es directement par certains Etats membres ou relevant d’autres programmes. En juillet 2023, l’UE a encore signĂ© un accord avec la Tunisie, qui inclut une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrĂ©guliĂšre. Peu de temps avant, le 19 juin, le ministre de l’intĂ©rieur français, GĂ©rald Darmanin, en dĂ©placement Ă  Tunis, s’était engagĂ© Ă  verser plus de 25 millions d’euros Ă  Tunis pour renforcer le contrĂŽle migratoire. Plus rĂ©cemment, le 8 fĂ©vrier, la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne, Ursula von der Leyen, annonçait de Nouakchott la signature d’un soutien financier pour 210 millions d’euros Ă  destination de la Mauritanie, dont une partie serait allouĂ©e Ă  la « gestion des migrations ».
    A travers quelles pratiques ? Au terme de prĂšs d’un an d’enquĂȘte, Le Monde, le mĂ©dia Ă  but non lucratif Lighthouse Reports et sept mĂ©dias internationaux partenaires ont pu documenter pour la premiĂšre fois le recours Ă  des arrestations massives et Ă  des expulsions collectives dans ces trois Etats. Au Maroc, en 2023, prĂšs de 59 000 migrants auraient Ă©tĂ© interpellĂ©s sur le territoire par les forces de sĂ©curitĂ©, d’aprĂšs un dĂ©compte officiel. Une partie d’entre eux ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s vers le sud et vers l’intĂ©rieur du pays comme Ă  Agadir, Khouribga, Errachidia, BĂ©ni Mellal. En Mauritanie, plusieurs bus rejoignent chaque semaine les Ă©tendues arides de la frontiĂšre avec le Mali et y abandonnent des groupes de migrants sans ressources. En Tunisie, ce sont onze renvois collectifs vers les frontiĂšres libyenne et algĂ©rienne, organisĂ©s par les forces de sĂ©curitĂ© entre juillet 2023 et mai 2024, que nous avons pu documenter grĂące Ă  des tĂ©moignages, des enregistrements audio et vidĂ©o. Une pratique aux consĂ©quences dramatiques : au moins 29 personnes auraient pĂ©ri dans le dĂ©sert libyen, selon un rapport de la mission d’appui des Nations unies en Libye, paru en avril.
    Des migrants subsahariens abandonnĂ©s par la police tunisienne sans eau ni abri, dans le dĂ©sert, non loin de la ville frontaliĂšre libyenne d’Al-Assah, le 16 juillet 2023.
    InterrogĂ© sur le cas tunisien, en marge du discours sur l’état de l’Union devant le Parlement europĂ©en, le 15 septembre, le vice-prĂ©sident de la Commission europĂ©enne, le Grec Margaritis Schinas, assurait : « [Ces pratiques] ne se dĂ©roulent pas sous notre surveillance, et ne font pas partie de nos accords. L’argent europĂ©en ne finance pas ce genre de tactiques. » Notre enquĂȘte dĂ©montre le contraire.
    En Tunisie, des pick-up Nissan utilisĂ©s par la police pour arrĂȘter les migrants correspondent Ă  des modĂšles livrĂ©s par l’Italie et l’Allemagne entre 2017 et 2023. Au Maroc, les forces auxiliaires de sĂ©curitĂ©, Ă  l’origine de nombreuses arrestations, reçoivent une partie de l’enveloppe de 65 millions d’euros allouĂ©s par l’UE au royaume chĂ©rifien, entre 2017 et 2024, pour le contrĂŽle de la frontiĂšre. En Mauritanie, les Vingt-Sept financent, dans les deux principales villes du pays et pour une enveloppe de 500 000 euros, la reconstruction de deux centres de rĂ©tention. Ceux-lĂ  mĂȘmes oĂč des migrants sont enfermĂ©s avant d’ĂȘtre envoyĂ©s dans le dĂ©sert, acheminĂ©s dans des pick-up Toyota Hilux en tout point similaires Ă  ceux livrĂ©s par l’Espagne en 2019. Des exemples, parmi d’autres, qui dĂ©montrent que ces opĂ©rations, contraires Ă  la Convention europĂ©enne des droits de l’homme, bĂ©nĂ©ficient du soutien financier de l’UE et de ses Etats membres.
    Lamine, 25 ans, connaĂźt les rues de Rabat comme sa poche. Le jeune homme, natif de Conakry, est arrivĂ© au Maroc en 2017 « pour suivre une formation » de cuisine, relate-t-il lorsque nous le rencontrons, en octobre 2023, dans le quartier de Takaddoum, devenu le lieu de passage ou d’installation des migrants. Le jeune homme est enregistrĂ© auprĂšs du Haut-Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR) comme demandeur d’asile, ce qui est censĂ© le protĂ©ger d’une expulsion.
    Au fil des annĂ©es, Lamine s’est habituĂ© aux « rafles » quotidiennes par les forces auxiliaires de sĂ©curitĂ© marocaines visant des migrants comme lui. A Takaddoum, nombreux sont ceux qui assurent avoir Ă©tĂ© tĂ©moins de l’une de ces arrestations de ressortissants subsahariens. « Tous les Blacks savent que s’ils sortent entre 10 et 20 heures, ils risquent de se faire embarquer », ajoute Mafa Camara, prĂ©sident de l’Association d’appuis aux migrants mineurs non accompagnĂ©s. Une affirmation « sans fondement », selon le ministĂšre de l’intĂ©rieur marocain. SollicitĂ©, le HCR confirme qu’« il arrive parfois que les rĂ©fugiĂ©s et les demandeurs d’asile soient arrĂȘtĂ©s ». La suite est Ă©galement connue : les personnes sont amenĂ©es dans des bĂątiments administratifs faisant office de centres de rĂ©tention, avant d’ĂȘtre transfĂ©rĂ©es dans un commissariat de la ville oĂč des bus viennent les rĂ©cupĂ©rer. Elles sont alors dĂ©portĂ©es, le plus souvent dans des zones reculĂ©es ou dĂ©sertiques. Ce harcĂšlement serait un des maillons essentiels de la stratĂ©gie du royaume pour lutter contre l’immigration irrĂ©guliĂšre. « Le but est bien sĂ»r de rendre la vie des migrants difficile, soutient un consultant requĂ©rant l’anonymat. Si l’on vous emmĂšne dans le Sahara deux fois, la troisiĂšme, vous voulez rentrer chez vous. » L’homme, qui a participĂ© au Maroc Ă  plusieurs projets de dĂ©veloppement financĂ©s par l’UE, soutient que les autoritĂ©s marocaines agissent de la sorte pour justifier les nombreux financements europĂ©ens qu’elles reçoivent, dont 234 millions d’euros uniquement du FFU. « La relocalisation des migrants vers d’autres villes est prĂ©vue par la lĂ©gislation nationale. Elle permet de les soustraire aux rĂ©seaux de trafic et aux zones dangereuses », oppose, de son cĂŽtĂ©, le ministĂšre de l’intĂ©rieur marocain.
    DĂ©but 2023, Rabat soutenait avoir empĂȘchĂ© plus de 75 000 dĂ©parts vers l’Europe, dont 59 000 sur son territoire et 16 000 en mer. En 2023, Lamine, lui, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  six reprises avant d’ĂȘtre envoyĂ© Ă  l’autre bout du pays.
    Pendant plusieurs jours, nous avons suivi et filmĂ© les minivans des forces auxiliaires qui sillonnent les rues de Rabat. Des tĂ©moignages, des vidĂ©os et des enregistrements audio rĂ©unis par ailleurs attestent de l’ampleur du phĂ©nomĂšne de harcĂšlement des migrants de Tanger Ă  FĂšs, de Nador Ă  Laayoune. Au cours de notre enquĂȘte, nous avons pu identifier deux types de vĂ©hicules utilisĂ©s pour ces opĂ©rations, achetĂ©s grĂące Ă  des financements europĂ©ens. Comme ces utilitaires Fiat Doblo, visibles sur une vidĂ©o d’arrestation de migrants, diffusĂ©e en mai 2021 Ă  la tĂ©lĂ©vision marocaine, identiques Ă  ceux d’un lot achetĂ© Ă  partir de 2019 grĂące au FFU. Ou ces 4 × 4 Toyota Land Cruiser, utilisĂ©s lors d’arrestations dont les images ont Ă©tĂ© diffusĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux, et qui correspondent aux modĂšles achetĂ©s par l’Espagne, puis par l’Europe dans le cadre du FFU.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sĂ©curitĂ©, Ă  l’origine de nombreuses arrestations, filmĂ©es Ă  Rabat, le 19 octobre 2023.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sĂ©curitĂ©, Ă  l’origine de nombreuses arrestations, filmĂ©es Ă  Rabat, le 19 octobre 2023.
    Lors de ces arrestations collectives, le mode opĂ©ratoire est toujours identique : deux minivans blancs stationnent dans un quartier frĂ©quentĂ© par des migrants, tandis que plusieurs agents en civil se mĂȘlent Ă  la foule. Ils contrĂŽlent, puis apprĂ©hendent les migrants, avant de les faire monter dans les vĂ©hicules. Une vingtaine de personnes, que nous avons interrogĂ©es, assurent avoir Ă©tĂ© tĂ©moins ou victimes de violences policiĂšres lors de ces arrestations.
    Le 19 octobre 2023 Ă  l’occasion d’une opĂ©ration que nous avons documentĂ©e, un bus des forces auxiliaires a pris la direction de Khouribga, une bourgade Ă  200 kilomĂštres au sud de Rabat. En pleine nuit, les officiers ont dĂ©posĂ© une dizaine de jeunes hommes Ă  l’entrĂ©e de la petite ville. Ces derniers ont ensuite marchĂ© vers la gare routiĂšre, avant de rejoindre un petit groupe de migrants, eux-mĂȘmes dĂ©portĂ©s quelques jours plus tĂŽt. Parmi eux, Aliou, un GuinĂ©en de 27 ans, affirme avoir Ă©tĂ© dĂ©placĂ© de la sorte « prĂšs de 60 fois » depuis son arrivĂ©e au Maroc, en 2020.

    C’est une valse incessante qui se joue ce 25 janvier, en fin de matinĂ©e, devant le commissariat du quartier de Ksar, Ă  Nouakchott. Des vĂ©hicules vont et viennent. A l’intĂ©rieur de l’un d’eux – un minibus blanc –, une dizaine de migrants, le visage hagard. A l’arriĂšre d’un camion de chantier bleu, une cinquantaine d’exilĂ©s se cramponnent pour ne pas basculer par-dessus bord. Tous ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par la police mauritanienne. Chaque jour, ils sont des centaines Ă  dĂ©couvrir l’intĂ©rieur dĂ©crĂ©pi de ces petits baraquements ocre. Cette Ă©tape ne dure que quelques jours au plus. « Il y a plusieurs bus par semaine qui partent vers le Mali », confirme un visiteur du commissariat faisant office de centre de rĂ©tention.
    Sur ces images filmĂ©es en Mauritanie, en camĂ©ra cachĂ©e, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’ĂȘtre dĂ©posĂ©s devant le centre de rĂ©tention de Ksar, Ă  Nouakchott, avant d’ĂȘtre dĂ©portĂ©s loin de la ville, le 25 janvier 2024.
    Sur ces images filmĂ©es en Mauritanie, en camĂ©ra cachĂ©e, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’ĂȘtre dĂ©posĂ©s devant le centre de rĂ©tention de Ksar, Ă  Nouakchott, avant d’ĂȘtre dĂ©portĂ©s loin de la ville, le 25 janvier 2024. Certains migrants ont Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ©s dans les rues de Nouakchott. « Le bus des policiers se promĂšne dans les quartiers oĂč vivent les migrants, comme le CinquiĂšme [un quartier Ă  l’ouest de Nouakchott], tĂ©moigne Sady, un Malien arrivĂ© en Mauritanie en 2019. Les policiers entrent dans les boutiques. Ils demandent aux gens : “Tu es Ă©tranger ?” Puis ils les emmĂšnent. A chaque fois, j’ai vu des gens se faire frapper, maltraiter. On vit avec la crainte de ces refoulements. »
    « Les Ă©ventuelles interpellations concernant les Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšre se font conformĂ©ment aux conventions, lois et rĂšglements en vigueur, sans arbitraire ni ciblage de zones ou de quartiers spĂ©cifiques », assure le porte-parole du gouvernement mauritanien, Nani Ould Chrougha. Bella et Idiatou ont, quant Ă  elles, Ă©tĂ© interceptĂ©es en mer par des gardes-cĂŽtes, lors d’une tentative de traversĂ©e en direction des Ăźles Canaries, confettis d’üles espagnoles Ă  plusieurs centaines de kilomĂštres des cĂŽtes africaines. Le traitement qui leur a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© est le mĂȘme que pour les autres migrants, alors qu’elles bĂ©nĂ©ficiaient d’un titre de sĂ©jour mauritanien : une expulsion manu militari vers les frontiĂšres sud du pays. « Des expulsions vers le SĂ©nĂ©gal et le Mali, sur des bases raciales, ont eu lieu entre 1989 et 1991, souligne Hassan Ould Moctar, spĂ©cialiste des questions migratoires. Mais les demandes rĂ©pĂ©tĂ©es de l’Union europĂ©enne en matiĂšre migratoire ont rĂ©activĂ© cette dynamique. »Pour Bella et Idiatou comme pour Sady, la destination finale est Gogui, Ă  la frontiĂšre malienne, une zone dĂ©sertique Ă  plus de 1 000 kilomĂštres de Nouakchott. « Ils nous ont jetĂ©s hors du bus, puis ils nous ont poussĂ©s vers la frontiĂšre. Ils nous ont chassĂ©s comme des animaux et ils sont partis », raconte, rĂ©voltĂ©e, Idiatou, quand nous la rencontrons au SĂ©nĂ©gal, oĂč elle a trouvĂ© refuge. Ce rĂ©cit, neuf migrants au total l’ont confiĂ© au Monde. Sady, qui vivait Ă  Nouakchott grĂące Ă  des petits boulots, a Ă©tĂ© repoussĂ© deux fois. Selon un document interne du HCR, que Le Monde a consultĂ©, plus de 300 personnes dĂ©nombrĂ©es par le Haut-Commissariat ont fait l’objet du mĂȘme traitement en 2023. La majoritĂ© d’entre elles assurent avoir Ă©tĂ© victimes de violations des droits humains. SollicitĂ©, un porte-parole du HCR confirme avoir « reçu des rapports faisant Ă©tat de cas de refoulement vers le Mali » et « plaider auprĂšs des autoritĂ©s mauritaniennes pour mettre fin Ă  de telles pratiques ». « Les migrants en situation irrĂ©guliĂšre sont reconduits aux postes-frontiĂšres officiels de leur pays de provenance », se dĂ©fend le porte-parole du gouvernement mauritanien, selon lequel le procĂ©dĂ© est conforme Ă  la loi et rĂ©alisĂ© en assurant une « prise en charge totale – nourriture, soins de santĂ©, transport ». La Mauritanie est depuis quinze ans l’un des verrous des routes migratoires qui mĂšnent en Espagne. D’aprĂšs notre dĂ©compte, sans inclure l’argent promis dĂ©but 2024, plus de 80 millions d’euros ont Ă©tĂ© investis par l’UE dans le pays depuis 2015, destinĂ©s surtout au renforcement des frontiĂšres, Ă  la formation des effectifs de police ou encore Ă  l’achat de vĂ©hicules. Les groupes d’action rapide-surveillance et intervention (GAR-SI), des unitĂ©s d’élite financĂ©es par l’UE dans plusieurs pays du Sahel Ă  travers le FFU, ont Ă©galement fait partie du dispositif. En 2019, ils ont ainsi livrĂ© Ă  la police mauritanienne 79 personnes apprĂ©hendĂ©es sur le territoire, d’aprĂšs un document interne de l’UE. Un rapport non public de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), datĂ© de fĂ©vrier 2022, mentionne qu’une bonne partie de leurs effectifs – plus de 200 hommes – a Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©e Ă  Gogui pour des missions de « surveillance frontaliĂšre ».
    En outre, plusieurs vĂ©hicules utilisĂ©s pour assurer les expulsions de Nouakchott vers le sud du pays correspondent Ă  des modĂšles livrĂ©s par des Etats membres. Comme ces pick-up Toyota Hilux fournis par l’Espagne, « pour la surveillance du territoire ou la lutte contre l’immigration irrĂ©guliĂšre ». Depuis 2006 et en vertu d’un accord bilatĂ©ral de rĂ©admission de migrants entre les deux pays, une cinquantaine de policiers espagnols sont dĂ©ployĂ©s en permanence Ă  Nouakchott et Ă  Nouadhibou, les deux principales villes du pays. Des moyens techniques, dont des bateaux, sont Ă©galement mis Ă  disposition. En 2023, prĂšs de 3 700 interceptions en mer ont ainsi Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par des patrouilles conjointes, d’aprĂšs un dĂ©compte du ministĂšre de l’intĂ©rieur espagnol, consultĂ© par Le Monde. Plusieurs sources policiĂšres et un visiteur des centres de rĂ©tention mauritaniens attestent de la prĂ©sence frĂ©quente de policiers ibĂ©riques Ă  l’intĂ©rieur. Bella et Idiatou assurent avoir Ă©tĂ© prises en photo par ces derniers au commissariat de Nouakchott. InterrogĂ©e sur ce point, l’agence espagnole Fiiapp, principal opĂ©rateur de ces projets de coopĂ©ration policiĂšre, a niĂ© la prĂ©sence d’agents dans le centre de rĂ©tention. Les autoritĂ©s mauritaniennes, quant Ă  elles, ont confirmĂ© l’existence d’« Ă©change d’informations dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine », mais « dans le respect de la vie privĂ©e des personnes et de la protection de leurs donnĂ©es personnelles ». Selon un autre document du HCR, datĂ© de janvier 2023, des migrants rapportent que les Espagnols ont participĂ© aux raids les visant. « Parfois, ils essayaient mĂȘme d’expulser des gens qu’on avait identifiĂ©s comme rĂ©fugiĂ©s », se souvient un salariĂ© de l’agence, que nous avons interrogĂ©. « Notre Ă©quipe de policiers sur le terrain n’est pas au courant de telles pratiques », assure la Fiiapp. Quand le ministĂšre de l’intĂ©rieur espagnol se borne Ă  rĂ©pondre que ses effectifs travaillent « dans le respect des droits de l’homme, et en accord avec la lĂ©gislation nationale et internationale ».
    Un matin de novembre 2023, dans la ville tunisienne de Sfax, Moussa, un demandeur d’asile camerounais de 39 ans, et son cousin sortent d’un bureau de poste lorsqu’ils sont interpellĂ©s par les autoritĂ©s. En quelques heures, les deux hommes se retrouvent Ă  la frontiĂšre libyenne, remis aux mains d’une milice, puis enfermĂ©s dans l’un des centres de dĂ©tention pour migrants du pays. Pendant plusieurs mois, ils subissent des violences quotidiennes.
    Selon la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), prĂšs de 9 000 personnes ont Ă©tĂ© « interceptĂ©es » depuis l’étĂ© 2023 par les autoritĂ©s de Tripoli, Ă  la frontiĂšre tunisienne. Dans une note interne que nous avons consultĂ©e, la Manul dĂ©plore des « expulsions collectives » et des « retours forcĂ©s sans procĂ©dure », exposant les migrants Ă  de « graves violations et abus des droits humains, avec des cas confirmĂ©s d’exĂ©cution extrajudiciaire, de disparition, de traite, de torture, de mauvais traitement, d’extorsion et de travail forcĂ© ». « Ils repartent d’oĂč ils viennent, car ils causent des problĂšmes », justifie, sous le couvert de l’anonymat, un agent de la garde nationale. SollicitĂ©, le ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres tunisien rĂ©fute les accusations d’« expulsion de migrants d’origine subsaharienne vers des zones dĂ©sertiques », les qualifiant d’« allĂ©gations tendancieuses ».
    DĂšs le 7 juillet 2023, Frontex, l’agence europĂ©enne de garde-frontiĂšres, est pourtant informĂ©e – selon un rapport interne dont nous avons pris connaissance – de ces « opĂ©rations » consistant Ă  « conduire des groupes de ressortissants subsahariens jusqu’à la frontiĂšre [de la Tunisie] avec la Libye et l’AlgĂ©rie, en vue de leur refoulement ». Frontex ajoute que ces opĂ©rations sont surnommĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux « mĂ©nage de blacks ». Une source europĂ©enne anonyme, au fait du dossier, veut croire qu’« aucune ressource provenant de l’UE n’a contribuĂ© Ă  ce processus [d’expulsion] », mais reconnaĂźt toutefois qu’il est « trĂšs difficile de tracer une limite, car [l’UE soutient] les forces de sĂ©curitĂ© ».
    Utilisation de ressources européennes
    Depuis une dizaine d’annĂ©es, de fait, l’UE participe au renforcement de l’appareil sĂ©curitaire tunisien, d’abord Ă  des fins de lutte contre le terrorisme, puis contre l’immigration irrĂ©guliĂšre. Jusqu’en 2023, elle a investi plus de 144 millions d’euros dans la « gestion des frontiĂšres », auxquels s’ajoutent les aides directes des Etats membres, permettant l’achat d’équipements comme ​​des navires, des camĂ©ras thermiques, des radars de navigation
 PrĂšs de 3 400 agents de la garde nationale tunisienne ont par ailleurs reçu des formations de la part de la police fĂ©dĂ©rale allemande entre 2015 et aoĂ»t 2023 ; et deux centres d’entraĂźnement ont Ă©tĂ© financĂ©s par l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas, Ă  hauteur de 8,5 millions d’euros.
    L’enquĂȘte du Monde et de ses partenaires montre que certaines de ces ressources ont directement Ă©tĂ© utilisĂ©es lors d’expulsions. Ainsi, Moussa a formellement identifiĂ© l’un des vĂ©hicules dans lequel il a Ă©tĂ© dĂ©portĂ© vers la Libye : un pick-up Navara N-Connecta blanc du constructeur Nissan – modĂšle analogue aux 100 vĂ©hicules offerts Ă  la Tunisie par l’Italie, en 2022 pour « lutter contre l’immigration irrĂ©guliĂšre et la criminalitĂ© organisĂ©e ». A Sfax, en Tunisie, ces vĂ©hicules utilisĂ©s par la police lors d’une arrestation collective sont du mĂȘme modĂšle que ceux fournis par l’Italie en 2022, comme le montre un document nos Ă©quipes se sont procurĂ©.
    En 2017, le gouvernement allemand avait, lui aussi, offert Ă  la Tunisie 37 Nissan Navara, en plus d’autres Ă©quipements, dans le cadre d’une aide Ă  la « sĂ©curisation des frontiĂšres ». Deux vidĂ©os publiĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux, et que nous avons vĂ©rifiĂ©es, montrent Ă©galement l’implication des mĂȘmes vĂ©hicules dans les opĂ©rations d’arrestation et d’expulsion menĂ©es par les autoritĂ©s tunisiennes dans la ville de Sfax. ContactĂ©, le ministĂšre de l’intĂ©rieur allemand s’est dit attachĂ© « Ă  ce que les Ă©quipements remis dans le cadre de la coopĂ©ration bilatĂ©rale soient utilisĂ©s exclusivement aux fins prĂ©vues », tout en estimant que les vĂ©hicules dĂ©crits par notre enquĂȘte sont « trĂšs rĂ©pandus en Afrique ». Les autoritĂ©s italiennes n’ont pas rĂ©pondu Ă  nos sollicitations.
    En dĂ©pit de la situation, largement relayĂ©e par la presse, de centaines de migrants repoussĂ©s dans les zones frontaliĂšres du pays, l’UE a signĂ©, le 16 juillet 2023, un mĂ©morandum d’entente avec la Tunisie, devenue le premier point de dĂ©part des migrants vers le continent. Un accord Ă©rigĂ© en « modĂšle » par Mme von der Leyen. La mĂ©diatrice europĂ©enne, Emily O’Reilly, a toutefois ouvert une enquĂȘte sur ce mĂ©morandum : « Le financement de l’UE (
) ne doit pas soutenir les actions ou mesures susceptibles d’entraĂźner des violations des droits de l’homme dans les pays partenaires », a rappelĂ© Mme O’Reilly Ă  Mme von der Leyen, dans une lettre rendue publique le 13 septembre 2023.
    « Les Etats europĂ©ens ne veulent pas avoir les mains sales. Ils sous-traitent donc Ă  des Etats tiers des violations des droits de l’homme, estime, pour sa part, Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public Ă  l’universitĂ© Jean-Moulin-Lyon-III. Mais, du point de vue du droit, ils pourraient ĂȘtre tenus pour responsables. » La Commission europĂ©enne nous informe par la voix d’un porte-parole que « l’UE attend de ses partenaires qu’ils remplissent leurs obligations internationales, y compris le droit au non-refoulement » et que « tous les contrats de l’UE contiennent des clauses relatives aux droits de l’homme permettant Ă  la Commission d’ajuster leur mise en Ɠuvre si nĂ©cessaire ». Or, des documents que nous nous sommes procurĂ©s attestent de la connaissance que les instances de l’UE ont de ces arrestations et de ces dĂ©portations collectives. Une dĂ©cision de la Commission europĂ©enne, de dĂ©cembre 2019, Ă  propos des financements de l’UE au Maroc, fait par exemple rĂ©fĂ©rence Ă  une « vaste campagne de rĂ©pression » contre des migrants subsahariens, se traduisant par des arrestations et des expulsions « illĂ©gales » dans des zones reculĂ©es. Dans un rapport finalisĂ© en 2019, la Cour des comptes europĂ©enne s’inquiĂ©tait, dĂ©jĂ , de l’opacitĂ© avec laquelle les fonds attribuĂ©s par les Vingt-Sept aux autoritĂ©s marocaines Ă©taient utilisĂ©s, ainsi que du manque de « procĂ©dures de contrĂŽle ».
    En Mauritanie, plusieurs officiels du HCR, de l’OIM ou des forces de police espagnoles confient avoir connaissance de la pratique d’expulsion en plein dĂ©sert. Des Ă©lĂ©ments repris dans un rapport et une recommandation du Parlement europĂ©en datĂ©s de novembre 2023 et janvier 2024. Alors que le dĂ©ploiement de Frontex en Mauritanie est en cours de discussion, l’agence rappelait, en 2018, dans un guide de formation Ă  l’analyse de risques, destinĂ© aux Etats africains partenaires dans la lutte contre l’immigration irrĂ©guliĂšre, que la « charte africaine des droits de l’homme et des peuples interdit les arrestations ou dĂ©tentions arbitraires ». En dĂ©pit de cette attention, Frontex a ouvert une cellule de partage de renseignement Ă  Nouakchott, dĂšs l’automne 2022, et procĂ©dĂ© Ă  la formation de plusieurs policiers. Parmi eux se trouvent plusieurs agents en poste au centre de rĂ©tention de Nouakchott. Celui-lĂ  mĂȘme par lequel transitent chaque jour des migrants victimes de dĂ©portation collective.

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  • Murray Bookchin : Ă  bas la hiĂ©rarchie !
    ▻https://laviedesidees.fr/Murray-Bookchin-a-bas-la-hierarchie

    Écologiste anarchiste, penseur des causes sociales de l’affrontement destructeur entre nos sociĂ©tĂ©s et la nature, et thĂ©oricien d’un municipalisme libertaire Ă  construire dĂšs aujourd’hui, Murray Bookchin est une figure essentielle de l’écologie politique.

    #Philosophie #Ă©cologie #anarchisme #Portraits
    ▻https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240521_bookchin.pdf

  • Goldbaum of Krakow sur X :

    « Les sionistes mettent en danger les juifs en assimilant d’office juif et đŸ‡źđŸ‡± ou en prĂ©tendant que toute critique dâ€™đŸ‡źđŸ‡± est antisĂ©mite.

    Soyez gentils les gars : DĂ©fendez votre petit État d’apartheid gĂ©nocidaire autant que vous voulez mais nous mettez pas dans la sauce

    Shabbat shalom »

    ▻https://x.com/krakow1998/status/1791477146642153916