Sombre

“Only the mob and the elite can be attracted by the momentum of totalitarianism itself. The masses have to be won by propaganda.” (Hannah Arendt) IN GIRUM IMUS NOCTE ECCE ET CONSUMIMUR IGNI

  • Du STO au SNU
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/l-histoire-en-direct-le-s-t-o-service-du-travail-obligatoire-1ere-diffus

    Privé d’ouvriers et de paysans enrôlés dans une guerre totale depuis 1939, le régime nazi embauche plus de dix millions de travailleurs dans les pays qu’il occupe, en échange de prisonniers. En 1993, cinq anciens du #STO dont le dessinateur #François_Cavanna racontent leur départ pour l’ Allemagne.

    Slogan du régime de Vichy : « Ils donnent leur sang, donnez votre travail pour sauver l’Allemagne du bolchévisme »

    Dans la tête du soldat Attal, 1er sinistre du régime macroniste, ça donne : « Ils donnent leur force de travail, donnez votre jeunesse pour sauver la France du punkàchiennariat ».

  • SNU : jusqu’à présent, j’avais héroïquement résisté à l’appel du point Godwin sur le sujet – auquel, au moins @marielle avait cédé –, mais là, les titillements de @biggrizzly forment la goutte de trop, je craque…

    Exclusif : voici l’uniforme du Service national universel
    https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Exclusif-voici-l-uniforme-du-Service-national-universel-1618817

    Gabriel Attal dévoilera jeudi [18 avril 2019] la tenue officielle du SNU aux côtés des premiers jeunes volontaires qui testeront ce service national en juin. Paris Match vous la présente en exclusivité.
    Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, pose avec les 13 premiers volontaires du SNU.
    © Philippe Petit

    Le projet des jeunes du lycée Le Corbusier à Tourcoing, l’a emporté. Avec une cocarde tricolore et un slogan : « Jeunesse engagée. » Une idée des élèves de première de la filière architecture et design. Ils ont gagné le concours lancé par Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale , en charge du Service national universel (SNU). Une tenue faite par des jeunes pour des jeunes.


    Les volontaires du SNU et le secrétaire d’Etat Attal au pied de l’Arc de Triomphe. [variante sans le blouson, « tenue de travail » ?]
    © Philippe Petit

    [EDIT : comme l’adresse de la photo de Match ne passe pas (présence d’une virgule), j’ai été piocher sur le site de Révolution permanente ;-)
    mêmes photos du service de presse, mais titre un peu différent :
    Embrigadement. Service National Universel : bientôt les jeunes déguisés en policiers
    deux salles, deux ambiances]

    et donc, l’évident :


    BNF Gallica, via WP


    Le Maréchal Pétain passe en revue un groupe des chefs des Chantiers de Jeunesse.
    Source : Collection particulière.

    via : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/index.php/fr/les-chantiers-de-la-jeunesse

    mais aussi, avec les déclinaisons
    les chefs


    Tenue de sortie, Tenue de travail, Chef musulman [pour l’Afrique du nord], Chantiers de la Marine
    mais aussi, pour la troupe [к рядовым членам, les « membres ordinaires » dit le texte

    Tenue de sortie, Musique, Tenue de travail, Garde du drapeau
    via https://catherine-catty.livejournal.com/832198.html (en russe…)

  • Burn-out : les uns profitent, les autres payent - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Burn-out-les-uns-profitent-les-autres-payent

    La déresponsabilisation des entreprises en matière de santé est au diapason de cette iniquité : ceux qui nous rendent malades ne paient pas et laissent l’ardoise à d’autres. Les assurances privées, la Sécurité sociale assurent petitement et au final ce sont les travailleuses et travailleurs qui paient. Touché·es dans leur corps, il leur faut encore subir la pauvreté. La responsabilité de ces patrons pathogènes serait difficile à établir, qu’il s’agisse de cancers sans rapport (aucun !) avec les substances cancérogènes auxquelles les personnes sont exposées sur le lieu de travail ou de maladies psychiques qui tiennent aussi (n’est-ce pas ?) à la personnalité des travailleuses et travailleurs subissant des surcharges de travail. À ce compte-là, nous rendre malades peut en effet être pour eux un calcul très rationnel et on comprend bien que les arrêts-maladie aient explosé de 30 % entre 2021 et 2022 : l’intensification, jusqu’à l’épuisement, du travail, c’est tout bénéfice pour leurs gueules. D’autres en assumeront les conséquences. La « difficulté » à faire le lien entre des conditions de travail dégueulasses et les maladies des personnes qui les subissent ne tient pourtant qu’aux arbitrages faits par la puissance publique au profit du capital et à nos dépens. Il nous appartient de les dénoncer et de les combattre.

    La prochaine fois que vous vous sentez à deux doigts de craquer, ne rentrez pas chez vous sur les bons conseils de votre n+1 qui craint plus que tout que vous ne vous effondriez sur son tapis à elle. Acceptez de reconnaître que vous êtes à bout et exigez que des pompiers viennent constater votre effondrement et vous emmener en lieu sûr. C’est un accident du travail comme un autre.

    • Aujourd’hui on la trouve encore très répandue auprès de travailleuses et travailleuses du soin, au sens large, qui ont des scrupules à ne faire que leurs heures ou à ne travailler qu’à 100 % de leurs ressources si cela signifie que des personnes vulnérables seront privées d’aide, qu’il s’agisse du public d’une association de solidarité ou des patient·es d’une institution de santé. L’étendue des missions et la médiocrité des financements font le grand écart et c’est les employé·es qui le comblent au milieu d’injonctions contradictoires (prends soin de toi mais ne laisse pas tomber les personnes qui dépendent de toi). Le management contemporain et la recherche de taux de profit élevés ont répandu cette pathologie jusque chez des employé·es dont le travail n’a pas plus de sens que ça et qui n’y sont pas particulièrement dévouées, par des injonctions qui ne sont plus intériorisées et morales mais externes et franchement crapuleuses.

      Au vu de l’hécatombe que provoque le #burn_out chez de nombreux enseignants, on peut raisonnablement penser que cette catégorie professionnelle fait partie des « travailleurs du soin ».

      Mais sinon, oui, c’est un très bon billet qui fait mal à tout le monde, du petit cheffaillon toxique aux institutions toutes catégories non moins toxiques ... Merci Aude !

  • Rachat des turbines Arabelle : la soumission française aux États-Unis continue
    https://lvsl.fr/rachat-des-turbines-arabelle-la-soumission-francaise-aux-etats-unis-continue

    Deux ans après le discours de Belfort d’Emmanuel Macron au cours duquel le Président de la République annonçait un accord d’exclusivité entre EDF et General Electric (GE) pour l’acquisition des activités nucléaires de GE afin de garantir le plein contrôle de la technologie de turbine Arabelle, rien ne se passe comme prévu. Ce qui apparaît comme la poursuite d’un échec industriel, débuté avec la vente de la branche énergie d’Alstom à GE en 2014, est révélateur de l’inefficacité de la politique industrielle du chef de l’État.

    • débuté avec la vente de la branche énergie d’Alstom à GE en 2014, est révélateur de l’inefficacité de la politique industrielle du chef de l’État.

      « inefficace », ça dépend du point de vue ; et de l’objectif réel.

    • #haute_trahison, comme on dit dans certains milieux sérieux.

      Ces faits, de haute trahison, en continu depuis son arrivée, perdurent et empirent. En quelque sorte. Mais c’est Assange qui est en prison.

      A côté de ça, il te prétend qu’il nous faut dépenser collectivement des centaines de milliards pour de nouveaux EPR qu’on est incapable de construire, faute de compétences et de formation à ces compétences.

      Et #en_même_temps, il te détruit nos structures de formation, du plus jeune âge jusqu’aux plus hauts niveaux de nos structures de recherche. Comme si les deux choses étaient parfaitement indépendantes.

      Comme s’il était désirable de ne plus mettre en œuvre que des projets dispendieux qui n’aboutissent plus vraiment, mais qui coûtent horriblement chers, sans que personne ne soit jamais capable de savoir où est parti l’argent.

    • La vente des turbines Arabelle d’Alstom à l’américain GE, une tache qui ne s’efface pas - Transitions & Energies
      https://www.transitionsenergies.com/vente-turbines-arabelle-alstom-americain-ge-tache-efface-pas

      Annoncée en février 2022, en prélude à la soudaine conversion d’Emmanuel Macron à l’énergie nucléaire, la vente des activités nucléaire de l’américain General Electric (GE) à EDF et notamment de la fabrication des surpuissantes turbines à vapeur Arabelle tarde toujours à se concrétiser. Elle aurait dû être enfin finalisée le 1er décembre dernier mais a été une fois encore reportée. Elle permettrait d’effacer la vente désastreuse de cette activité à GE en 2015 par le français Alstom orchestrée par le ministre de l’Economie de l’époque, un certain Emmanuel Macron. La transaction bloque pour des raisons officielles, la présence parmi les acheteurs des turbines Arabelle du russe Rosatom, et officieuses… Avec la relance du nucléaire dans le monde, Washington a beaucoup moins envie de voir la France remettre la main sur les turbines Arabelle.

      C’est comme un Sparadrap dont le « Mozart de la finance » n’arrive pas à se débarrasser. La vente désastreuse des activités nucléaires d’Alstom à l’américain General Electric (GE), orchestrée et voulue par Emmanuel Macron en 2014 quand il était Secrétaire général adjoint de l’Elysée et en 2015 quand il était ministre de l’Economie et des Finances de François Hollande, n’est toujours pas effacée. Une opération qui a tourné au fiasco. GE n’a jamais tenu ses engagements en matière de technologie comme d’emplois. Au lieu de développer la société, le groupe américain n’a cessé de tailler dans ses effectifs. En huit ans, le conglomérat américain a supprimé 5.000 postes en France dont 1.200 dans l’usine de Belfort. Là même où Emmanuel Macron a acté sa soudaine conversion à l’énergie nucléaire dans un discours en février 2022… après l’avoir affaiblie pendant une décennie.

    • Eolien : General Electric va diviser par deux ses effectifs dans son usine de Montoir - France Bleu
      https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/eolien-general-electric-va-diviser-par-deux-ses-effectifs-dans-son-usine-

      INFO FRANCE BLEU LOIRE OCEAN- Après avoir recruté à tour de bras, les Américains de l’usine d’éoliennes GE à Montoir (Loire-Atlantique) vont réduire les cadences et quasiment diviser par deux les effectifs d’ici juillet. Les intérimaires sont les premiers visés. Les syndicats disent leur inquiétude.

      Sur les 939 personnes qui travaillent aujourd’hui pour GE à Montoir, la direction nous a dit qu’il en resterait 489 d’ici juillet dont 429 CDI" raconte encore le syndicaliste. Les intérimaires, sous-traitants et prestataires sont comme toujours la première variable d’ajustement. Ils sont 500. Il en restera quelques dizaines. « Aucun CDI n’est menacé nous dit la direction, mais ne pas s’inquiéter serait irresponsable ». C ertains contrats sont en suspend et officiellement, le carnet de commande est à zéro après 2026.

      Rien de rassurant quand on sait que les Américains de General Electric sont, depuis cette année, déliés de leur engagement pris au moment du rachat d’Alstom il y a 10 ans. Celui notamment de conserver le site de Montoir-de-Bretagne.

      L’usine d’un géant qui, en attendant, va fermer ses portes pour quatre longues semaines cet été. Du jamais vu.

    • à Grenoble, Alstom avait un beau bureau d’étude plein de spécialistes des turbines ; vendu à GE par Macron. GE a maintenu un peu d’activité - genre, ils ont viré seulement la moitié des gens - quelques années, le temps de transférer la compétence aux US - peut-être. Et ont ensuite fermé le site.

      Merci Macron ! Grande constance dans la stratégie industrielle.


      Et sinon, trouvé au hasard des internets, un article du Figaro, qui te ferait acheter un manuel de conspi pour les nuls :

      https://www.lefigaro.fr/vox/politique/le-bilan-de-la-vente-d-alstom-est-catastrophique-pour-l-emploi-et-pour-notr (déjà cité ici)

  • La guerre des mots - Selim Derkaoui, Nicolas Framont, Antoine Glorieux -
    https://www.avoir-alire.com/la-guerre-des-mots-selim-derkaoui-nicolas-framont-antoine-glorieux-crit

    Dans un petit livre presque rouge, les auteurs appellent à la révolution. La prise de conscience suffit-elle à renverser la tendance ? Cet ouvrage tantôt militant, tantôt caustique, adopte un point de vue sans nuances, mais assurément contemporain.
    Résumé : Les auteurs réhabilitent la lutte des classes à travers la bataille du vocabulaire. Avec des exemples concrets, ils établissent les contours d’une domination politico-médiatique visant à asseoir leur pouvoir.
    Critique : Prendre la parole est en soi une forme de lutte, de revendication, d’incarnation. Le choix des mots revêt un sens particulier pour soutenir la pensée que l’on exprime. C’est ce que l’on appelle l’idéologie. Avec ce petit livre simple et rapide à lire, les auteurs cherchent à rétablir un équilibre : face aux expressions trop lisses et par là même éloignées de la réalité, ils dénoncent ces mots qui ont envahi les discours et qui offrent, selon eux, une vision déformée. Appeler un riche un riche et un pauvre un pauvre ne change rien à leur condition intrinsèque, mais cette dénomination témoigne d’une vision plus brute de la réalité, préférable, selon les auteurs, à une partition entre l’"entrepreneur qui a pris des risques" par rapport à celui "qui n’en prend pas".
    Les « lunettes » que nous proposent les auteurs, selon la métaphore employée par le couple Pinçon-Charlot dans la préface – référence à l’excellent film de Carpenter Invasion Los Angeles – cherchent à convaincre, mais la démonstration ne parviendra pas à séduire ceux qui ne le sont pas déjà. Nous sommes donc face à un argumentaire, davantage destiné à aiguiser la conscience de ceux qui partagent le point de vue des auteurs qu’à démontrer scientifiquement l’omniprésence du vocabulaire bourgeois.

    Le livre ne fait pas dans la nuance
    L’ouvrage dénonce la classe « politico-médiatique », qui serait forcément à la botte du néolibéralisme. Les auteurs reviennent aussi sur des termes employés aujourd’hui qui leur paraissent dévoyés (on ne parle plus de « salariés » mais de « collaborateurs »). Par ailleurs, ils reprennent des concepts chers à Bourdieu, par exemple les catégories socio-professionnelles, en analysant comment elles se déterminent et pourquoi cette approche demeure pertinente. Enfin, l’ouvrage évoque la dévalorisation monétaire du travail manuel, la question de la « résilience » qui, selon les auteurs, constitue une forme de violence pour culpabiliser les individus.
    Mais le texte tend aussi vers une subversion qui légitime le recours à la violence, ce qui peut sembler contradictoire, lorsqu’on appelle à prendre le pouvoir par les mots. (« C’est en ce sens que la lutte des classes est nécessairement violente » (p.226). Enfin, le dernier chapitre se consacre à la gauche, d’où elle vient, ce qu’elle devrait incarner.

    Le livre est bien évidemment un manifeste politique, militant, et l’on regrette qu’il ait renoncé à l’humour, ce qui aurait permis de retenir l’attention des non convaincus. La guerre des mots est donc à découvrir si l’on veut aiguiser son esprit critique, réfuter un argumentaire ou y adhérer, réfléchir aux concepts contemporains de nos sociétés. Après la lecture, on porte une attention plus forte aux discours médiatiques. Mais corriger notre langage suffit-il à changer les pensées ? Les auteurs veulent y croire…

  • Le "dôme de fer" : un pognon de dingue

    Attaque de l’Iran contre Israël : comment le « Dôme de fer » a-t-il permis de contrer les missiles ?
    https://www.ouest-france.fr/monde/israel/attaque-de-liran-contre-israel-comment-le-dome-de-fer-a-t-il-permis-de-

    Attaque de l’Iran contre Israël : comment le « Dôme de fer » a-t-il permis de contrer les missiles ?

    L’Iran a mené une attaque sans précédent contre Israël en lançant plus de 200 drones et missiles sur l’État Hébreu. Celui-ci s’est quant à lui félicité d’avoir « déjoué » l’attaque grâce à son système de défense aérien et l’aide de ses alliés. Au cœur de ce système : le fameux « Dôme de fer ».

    C’est une attaque directe de l’Iran sans précédent. Plus de 200 drones et missiles lancés contre Israël, son ennemi juré. L’État hébreu s’est lui félicité d’avoir « déjoué » l’attaque en interceptant « 99 % des tirs » . Au cœur de son arsenal défensif : le « Dôme de fer ». Comment fonctionne ce parapluie qu’Israël utilise aussi contre les roquettes du Hamas ? On fait le point.
    Un système performant

    Le système de défense aérienne israélien « Dôme de fer » a intercepté des milliers de roquettes depuis sa mise en service en 2011, offrant une protection essentielle en période de conflit, rappelle l’AFP.

    Il a été largement utilisé pour protéger les sites militaires et civils des tirs fréquents de roquettes en provenance de Gaza et du Liban dans le cadre de la guerre actuelle entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

    Israël a d’abord développé seul le « Dôme de fer » après la guerre du Liban de 2006, avant d’être rejoint par les États-Unis, qui ont apporté leur savoir-faire en matière de défense et des milliards de dollars de soutien financier.

    Le système a un taux d’interception d’environ 90 %, selon l’entreprise militaire israélienne Rafael, qui a participé à sa conception. Toutefois certains spécialistes remettent en question les chiffres fournis par Rafael.
    Un système en trois parties

    « Le Dôme de fer » est l’un des éléments du système israélien de défense antimissile à plusieurs niveaux. Il est conçu pour abattre des roquettes d’une portée allant jusqu’à 70 kilomètres, précise l’AFP.

    Chaque batterie de ce « Dôme de fer » se compose de trois parties principales : un système de détection radar, un ordinateur qui calcule la trajectoire de la roquette entrante et un lanceur qui tire des intercepteurs si la roquette est susceptible de toucher une zone bâtie ou stratégique.

    Il s’accompagne d’autres systèmes de défense antimissile tels que le système Arrow, destiné à contrer les missiles balistiques, et le système David’s Sling, dont l’objectif est de contrer les attaques de roquettes ou de missiles à moyenne portée.
    Des tirs coûteux

    La facture du Dôme de fer, pour laquelle les États-Unis contribuent largement, est salée. Chaque intercepteur du « Dôme de fer » coûte entre 40 000 et 50 000 dollars (37 500 à 46 900 €) à produire, selon le Centre d’études stratégiques et internationales, basé à Washington. Un système complet, comprenant le radar, l’ordinateur et trois ou quatre lanceurs - chacun contenant jusqu’à 20 intercepteurs - coûte environ 100 millions de dollars à produire.

    Israël dispose de 10 systèmes de ce type, selon le groupe américain d’aéronautique et de défense RTX (ex-Raytheon), qui participe à la construction du « Dôme de fer ».

    Selon d’autres estimations, ce chiffre est légèrement plus élevé.
    Un système au cœur de l’alliance américano-israélienne

    Le « Dôme de fer » est l’un des piliers stratégiques de l’alliance américano-israélienne, qui a été suivie par les administrations démocrates et républicaines successives.

    En août 2019, l’armée américaine a signé un contrat pour l’achat de deux batteries de « Dôme de fer » afin de renforcer ses propres capacités de défense contre les missiles à courte portée.

  • La Belgique confrontée à une flambée de l’absentéisme au travail en 2023

    D’après une enquête de la société spécialisée Securex, les défections d’un jour ont crû de plus de 44 % à la suite d’une réforme prévoyant une dispense de certificat médical pour une première journée d’absence.
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)

    Ils ne sont sans doute pas tous paresseux ou en mauvaise santé, mais ils sont peut-être finauds : les travailleurs belges savent apparemment profiter de tous les avantages que leur octroie la loi. Leurs patrons, eux, sont un peu moins satisfaits ; c’est ce que vient de révéler une étude de Securex, une société spécialisée dans les ressources humaines.

    La grande enquête, menée auprès d’environ 24 000 employeurs et 198 000 travailleurs, confirme une flambée de l’#absentéisme en 2023, à la suite d’une réforme adoptée l’année précédente. Elle prévoyait une dispense de certificat médical pour une première journée d’absence. Résultat : une augmentation spectaculaire (+ 44,2 %) de ces défections d’un jour. Et une hausse importante aussi (+ 16 %) du nombre de ceux qui se sont déclarés malades pendant un jour trois fois dans l’année, en conformité avec les nouvelles dispositions.

    « Certains semblent considérer tout cela comme une nouvelle forme de congé », déplore le Voka, la principale organisation d’employeurs flamande. « Les entreprises nous indiquent que des employés estiment avoir droit à ces #arrêts_de_travail et les planifient, parfois des semaines à l’avance. C’était le risque. Aujourd’hui, il est démontré », explique Matthieu Dewèvre, conseiller à l’Union des classes moyennes.

    Réorganisation des tâches

    Les syndicats, en revanche, refusent d’évoquer un quelconque abus. « Un jour d’absence, c’est un signal d’alarme. [Le patron] qui investit dans son personnel et assure un bon équilibre entre travail et vie privée sera, lui, récompensé », affirme, dans le quotidien De Morgen, Raf De Weerdt, secrétaire général du syndicat socialiste ABVV.
    Du côté de Securex, on préfère parler de « proactivité » et de prévention. Détecter un malaise au #travail, la fatigue ou les erreurs éventuelles commises par un employé permet souvent d’éviter les absences, commente la société. Qui souligne aussi qu’impliquer les collègues d’un absent dans la recherche de solutions est une démarche à privilégier.

    Les spécialistes observent par ailleurs que les absences d’un jour, même répétées et forçant à une réorganisation des tâches, sont, en définitive, moins pénalisantes pour les #entreprises que celles, souvent plus longues, prescrites par un certificat médical.

    Il est à noter que, dans les sociétés de moins de 50 personnes, pour lesquelles la loi ne s’applique pas, donc où les travailleurs doivent justifier toute absence, les défections d’un jour ont progressé trois fois moins vite (+ 15 %). Et le pourcentage des employés se disant malades trois fois par an, ou plus, a, lui, baissé de 3,9 %.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/13/la-belgique-confrontee-a-une-flambee-de-l-absenteisme-au-travail-en-2023_622

    • Donc en Belgique, ils vont à rebours de ce qui se propose en France, c’est a dire rallonger les jours de carence, empêcher toute exception et taxer l’absence.
      Ça m’étonne toujours que de droit européen se porte si peu sur le code du travail ou sur l’économie de marché. Y’a pas de destination commune. Ou alors pas assez dite donc pas assez politisée.

    • Les absences d’un jour dans les grandes entreprises (+50 travailleurs) en Belgique ont augmenté de près de moitié (44,2%) l’année dernière après la suppression du certificat médical pour un jour d’absence en raison de maladie.

      – Je n’arrive pas à savoir si on parle de gens qui ne prennent qu’un seul jour dans l’année, ou de gens qui à chaque fois s’arrêtent juste un jour. Dans tous les cas, j’imagine que cette augmentation s’explique par le fait que des gens qui ne s’arrêtaient jamais s’arrêtent désormais juste un jour (1 ou plusieurs fois).
      – Cette augmentation spectaculaire de 44%, c’est en fait le passage de 2.56% de travailleur.euses à 3.7%... Wow, quelle folie !

      la suppression du certificat médical a entrainé une augmentation significative de l’absentéisme fréquent dans les entreprises de plus de 50 travailleurs. Le pourcentage de travailleurs se signalant malades trois fois ou plus au cours d’une année y a augmenté de 5,74% (passant de 20,91% en 2022 à 22,11% en 2023). Dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, on observe le mouvement inverse. Il y a eu une baisse significative de 3,88% (passant de 11,61% en 2022 à 11,16% en 2023).

      Ici, plus que l’augmentation de 21 à 22%, ce qui me semble marquant (même si c’est sûrement déjà connu), c’est la différence de ~10 points entre les grosses et petites entreprises.


      Résultat non commenté dans le post, mais cette augmentation quasi continue depuis 20 ans du « taux de maladie » (je sais pas bien ce que ça veut dire cela dit) de plus d’un an, ça me semble assez inquiétant.

      https://press.securex.be/absenteisme--jamais-autant-de-travailleurs-nont-ete-aussi-frequemment-

  • [Déverdissement] « Le bavardage politique des plateaux étouffe et dépolitise les préoccupations environnementales »

    L’excès de « commentaire politique » compte au nombre de ce que la société a inventé de plus inutilement dangereux pour elle-même. A mesure que la vie publique s’est médiocrisée au point de rendre superflue sa caricature, les commentateurs de plateau des chaînes d’info en continu sont devenus les principaux agents de la relativisation ou de l’euphémisation des faits scientifiques en lien avec l’#environnement. Ils s’imposent comme une des causes majeures de l’étouffement, de la relégation et de la dépolitisation des préoccupations environnementales.

    Chercher à établir une hiérarchie de ce qui menace la qualité du débat démocratique sur la question écologique, c’est placer le commentaire politique au niveau d’autres phénomènes que sont le trucage de l’expertise, l’instrumentalisation du discours scientifique, le lobbying de l’industrie, etc.

    Ces derniers mois l’ont montré : les reculs historiques dans la protection de l’environnement, à l’échelon national et communautaire, ont été inlassablement commentés comme autant de marques d’une « déroute des écologistes », d’une « défaite pour les Verts », etc. Non que cela soit inexact, ou que ces derniers n’aient effectivement une prédisposition au sabordage et à la guerre picrocholine – tropisme qui les rend incapables de défendre le cœur de leur projet. Mais ce n’est qu’une part minuscule de la réalité, et elle occupe la plus grande part de l’espace. Pour la majorité des commentateurs, la valeur et l’intérêt d’une décision ou d’une déclaration dépendent plus de ses conséquences possibles sur le Landerneau politico-médiatique que des effets qu’elle aura sur le monde physique.

    Tout renvoyer aux affrontements des partis, au théâtre des manœuvres et des petites phrases, au jeu des alliances, des disputes et des tractations d’appareils, tout réduire à l’état de l’opinion, à la chronique de la conquête et de l’exercice du pouvoir contribue à faire disparaître la réalité factuelle des radars. Celle-ci devient, dans les esprits, une sorte de réalité vaporeuse, ectoplasmique, soluble dans les idéologies et les positionnements partisans.

    Des enjeux immenses

    Le « déverdissement » de l’agriculture ne serait-il qu’une « déroute pour les écologistes » ? Cette façon de se placer hors ou au-dessus du monde a quelque chose d’inquiétant. A ce compte, on pourrait dire que l’augmentation de l’incidence du cancer n’est qu’un revers pour la Ligue contre le cancer. De la même manière que la progression de cette maladie est un risque pour chacun de nous, la dégradation de l’environnement affecte ou affectera directement ou indirectement toute la population à des degrés divers (commentateurs politiques inclus).

    Ce qui se raconte à longueur de journée sur les plateaux de télévision ramène toujours l’écologie à des jeux politiciens, ce qui, paradoxalement, en dépolitise les enjeux pourtant immenses. La récurrence des inondations, les sécheresses, la qualité de l’eau potable et l’augmentation du coût de son traitement, la recrudescence des maladies chroniques, les canicules, la destruction des paysages, la disparition des oiseaux…

    Cette variété de choses aussi désagréables au peuple de gauche qu’à celui de droite est, pour tout ou partie, le fruit de décisions politiques. Mais celles-ci ne sont que très peu commentées du point de vue de leurs effets environnementaux. Ce sont presque exclusivement leurs conséquences socio-économiques de court terme ou leurs effets sur la vie politique elle-même qui sont discutés.

    Eléments de langage

    Le bavardage politique de plateau : voilà le danger. Sa puissance performative − le fait qu’il imprime ses biais sur la réalité elle-même – est considérable. Et ce, d’autant plus que le développement des chaînes « tout info » a fait de l’opinion bon marché le principal ingrédient des antennes (sans même évoquer leur « bollorisation »). Sur les choix démocratiques, l’effet est mesurable à ce seul paradoxe : alors que les enquêtes placent invariablement l’environnement au nombre des principales préoccupations des Français, c’est le Rassemblement national – le parti le plus hostile à l’#écologie – qui caracole en tête des sondages.

    Sur la caste dirigeante, l’effet est sans doute plus inquiétant encore. Les premiers et les plus avides consommateurs du commentaire politique sont les commentés eux-mêmes : la manière dont leur parole et leurs décisions sur la question environnementale sont reçues et discutées à longueur d’antenne ne peut que contribuer à les déresponsabiliser. Qu’on se mette à leur place : lorsque vos intentions sont débattues sur des plateaux où des savoirs scientifiques constitués sont mis sur un pied d’égalité avec vos éléments de langage, fussent-ils de probité variable, comment ne pas finir par croire à la validité de vos propres balivernes ?

    Depuis des mois, par exemple, les critiques et les mises en garde unanimes des scientifiques à l’endroit des décisions affaiblissant les #normes_environnementales en #agriculture sont contrebalancées par un unique élément de langage, inlassablement ressassé : la nécessité de la « souveraineté alimentaire ». Cela procède non seulement d’un relativisme trompeur, mais aussi d’un renversement sémantique, la « souveraineté » dont il est question ici revenant à maintenir des systèmes agricoles intensifs dépendant des importations d’engrais de synthèse, notamment russes et biélorusses. Une souveraineté sous dépendance russe : il fallait y penser.

    En définitive, les normes culturelles propres au commentaire politique offrent sans doute une part de l’explication à ce mystère : pourquoi, par leur inconséquence sur la question environnementale, les responsables aux affaires nous mettent-ils collectivement en danger ? Peut-être, tout simplement, parce qu’ils sont enfermés dans la même boucle cognitive que leurs commentateurs.

    Stéphane Foucart

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/14/le-bavardage-politique-des-plateaux-etouffe-et-depolitise-les-preoccupations

  • La crise écologique et la montée du post-fascisme | Antithesi
    https://cabrioles.substack.com/p/la-crise-ecologique-et-la-montee

    Pour dissimuler l’inadéquation et l’incompétence totales des infrastructures et des services de l’État face aux catastrophes causées par les chaleurs et les sécheresses sans précédent et les inondations extrêmes qui reviennent avec une fréquence inédite en raison du changement climatique, les autorités de l’État n’hésiteront pas à utiliser tous les moyens, y compris les méthodes et le langage de l’extrême-droite fasciste. Une approche autoritaire de ce type peut permettre au pillage de la nature de se poursuivre sans entrave, en répercutant les coûts et les risques de la crise climatique sur les segments les plus affaiblis du prolétariat mondial.

  • Frédéric Lordon, End of Innocence — Sidecar
    https://newleftreview.org/sidecar/posts/end-of-innocence

    At this point, we inevitably think of Germany, whose unconditional support has reached astonishing levels of delirium, and of which one darkly humorous Internet user was able to say: ‘When it comes to genocide, they are always on the wrong side of History’. It’s not certain that ‘we’ – France – are much better off, but it is certain that History is waiting for everyone around the corner. History: this is what the West meets in Gaza. If, as there is reason to believe, this is a rendezvous with decline and fall, then the time will come when we will be able to say that the world was upturned in Gaza.

  • Le viol, un crime de l’intimité longtemps impensé
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/05/le-viol-un-crime-de-l-intimite-longtemps-impense_6226192_3232.html

    A partir du milieu du XIXe siècle, quelques rares médecins commencent cependant à écouter la parole des victimes, surtout quand elles sont encore enfants. Le psychiatre Auguste-Ambroise Tardieu (1818-1879) est ainsi le premier à prêter attention à la souffrance des petites filles violées de l’hôpital de Lourcine [à Paris, actuel hôpital Broca]. Mouvements fébriles, troubles nerveux, suicide : le fondateur de l’enseignement médico-légal comprend qu’un #viol engendre des tourments psychiques. « Ce crime qui offense les sentiments les plus intimes au moins autant qu’il blesse le corps détermine souvent une perturbation morale », écrit-il en 1857.

    Dans l’esprit des médecins, des magistrats et de la société tout entière, une révolution des sensibilités est en train de naître, même si elle est encore très embryonnaire. « Si quelques experts médicaux de la fin du XIXe siècle commencent effectivement à apercevoir la souffrance psychique des #femmes violées, ce sont encore des voix isolées au sein de la communauté médicale, observe l’historien Frédéric Chauvaud. Leurs rapports n’ont pas vraiment d’incidence sur le quotidien de la justice – d’autant qu’à l’époque les victimes, de manière générale, n’intéressent pas les juges : le procès pénal est centré autour de l’accusé. »

    Beaucoup de magistrats, au début du siècle suivant, restent en effet convaincus que la violence physique est consubstantielle au viol – et certains restent même imprégnés par la doctrine de l’Ancien Régime sur la « certitude du consentement ». En 1913, dans son Traité théorique et pratique du droit pénal français, le grand pénaliste René Garraud (1849-1930) affirme ainsi avoir « quelque scrupule à placer sur la même ligne la violence morale et la violence matérielle, et à admettre que la femme, consentant, sous la pression même des menaces les plus graves, à se livrer à un homme, puisse prétendre avoir été violée par celui-ci ».

    Une question politique

    Il faudra encore plusieurs décennies pour que le regard sur le viol se transforme vraiment. En s’affirmant peu à peu comme des disciplines à part entière, la psychiatrie, la psychologie et la #psychanalyse permettent de mesurer les ravages psychiques de la violence. « La connaissance de la subjectivité traumatique émerge, au XXe siècle, dans le sillage des conflits militaires, analyse Denis Salas. Les premiers travaux sur la névrose traumatique sont publiés après la première guerre mondiale, ceux sur le stress post-traumatique après la seconde guerre mondiale. Ils permettent de comprendre des souffrances qui, jusque-là, étaient restées invisibles. »

    https://justpaste.it/6kpmk

    #histoire #sensibilités #justice

    • Si la protection que le code pénal accorde aux femmes est à ce point fragile, c’est en grande partie en raison d’une croyance très ancienne que Georges Vigarello baptise la « certitude du consentement ». Aux yeux des hommes de loi de l’Ancien Régime, il était impossible qu’un homme seul viole une femme. « [Pour eux], la vigueur féminine suffit à la défense, écrit Georges Vigarello. Les juristes d’Ancien Régime y voient une quasi-vérité. » Les philosophes des Lumières adhèrent, eux aussi, à cette doctrine : « La nature a pourvu le plus faible d’autant de force qu’il en faut pour résister quand il lui plaît », estime, en 1762, Jean-Jacques Rousseau dans Emile ou De l’éducation.

      L’article souligne le fossé anachronique et s’appuie sur les juridictions. Sans dire que l’éducation sexuelle, des enfants, des hommes et des femmes a levé un tabou immense il y a à peine 50 ans sur l’inconnu du sexe et du désir, alors, imagine le viol et ses non-dits. Il faudrait demander aux femmes âgées de plus de 80 ans ce qu’elles savaient de la sexualité à 15 ou 20 ans.

  • Technoféodalisme : pour Yanis Varoufakis, Apple, Facebook et Amazon ont tellement modifié l’économie qu’elle ressemble désormais au système féodal médiéval de l’Europe
    https://www.developpez.com/actu/356335/Technofeodalisme-pour-Yanis-Varoufakis-Apple-Facebook-et-Amazon-ont-tell

    Dans une interview exclusive dans laquelle il a discuté de son livre Technofeudalism : What Killed Capitalism, l’économiste et ancien ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, nous plonge dans une réflexion profonde sur la nouvelle phase économique à laquelle nous sommes confrontés. Il décrit cette ère comme celle du « technoféodalisme », un concept qui remet en question les fondements mêmes du capitalisme. Mais qu’est-ce que le technoféodalisme et comment impacte-t-il notre société moderne ? Analysons les points clés de cette vision audacieuse.

    On en parle depuis longtemps, ici, par exemple :
    https://seenthis.net/messages/99512

  • Zionism Killed the Jewish-Muslim World -An interview with Ariella Aïsha Azoulay
    https://jacobin.com/2024/04/zionism-palestinian-jews-imperialism-history


    Jews in the town of Buqei’a, Palestine, circa 1930. (Keren Kayemet Leyisrael via Wikimedia Commons)

    11.4.2024 interview by Linda Xheza - In an interview with Jacobin, filmmaker and academic Ariella Aïsha Azoulay traces how Western powers’ exploitation of Zionism led not just to the ethnic cleansing of Palestine but to the demise of Jewish communities across the Middle East.

    Born in Israel, Ariella Aïsha Azoulay, a filmmaker, curator, and academic, rejects the identity of Israeli. Before becoming an Israeli at age nineteen, her mother was simply a Palestinian Jew. For much of history, there was nothing unusual in this combination of words. In Palestine, a Jewish minority lived peacefully alongside the Muslim majority for centuries.

    This changed with the Zionist movement and the foundation of Israel. The ethnic cleansing of Jews from Europe would lead, thanks to European Zionists, not only to that of Muslims from Palestine but of Jews from the rest of the Middle East, with nearly a million fleeing as a result of the 1948 Arab-Israeli War, many to Israel.

    In an interview with Jacobin, Azoulay contextualizes Israel’s genocide in Gaza in the long history of European and US imperialism. Azoulay is a professor of comparative literature at Brown and the author of Potential History: Unlearning Imperialism (Verso, 2019).

    Linda Xheza

    You identify as a Palestinian Jew. Could you tell us more about this? To many people these words stand in opposition.

    Ariella Aïsha Azoulay

    That these terms are understood as mutually exclusive, or in opposition, as you suggest, is a symptom of two centuries of violence. In a lapse of a few generations, diverse Jews who lived all over the world have been deprived of their various attachments to land, languages, communities, occupations, and forms of sharing the world.

    The question that should preoccupy us is not how to make sense of the supposed impossibility of Palestinian-Jewish identity but rather the reverse: How it is that the fabricated identity known as Israeli became recognized by many across the globe after the creation of the state in 1948 as an ordinary one? Not only does this identity obscure the history and memory of diverse communities and forms of Jewish life, but it also obscures the history and memory of what Europe did to the Jews in Europe and in Africa and Asia in its colonial projects.

    Israel has a shared interest with those imperial powers to obscure the fact that “the state of Israel was not created for the salvation of the Jews; it was created for the salvation of the Western interests,” as James Baldwin wrote in 1979 in his “Open Letter to the Born Again.” In his letter, Baldwin lucidly compares the Euro-American colonial project for the Jews with the US project for blacks in Liberia: “The white Americans responsible for sending black slaves to Liberia (where they are still slaving for the Firestone Rubber Plantation) did not do this to set them free. They despised them, and they wanted to get rid of them.”

    Prior to the proclamation of the State of Israel and its immediate recognition by the imperial powers, Palestinian-Jewish identity was one of many that existed in Palestine. The term “Palestinian” was not yet connotated with racialized meaning. My maternal ancestors, who were expelled from Spain in the late fifteenth century, ended up in Palestine before the Euro-Zionist movement began its actions there and before the movement gradually began conflating assisting Jews in response to antisemitic attacks in Europe with the imposition of a European-modeled project of colonization for Jews to partake in — a project not only construed as one of Jewish liberation but predicated upon European crusade against Arabs. Decolonization requires recovering the plural identities that once existed in Palestine and other places in the Ottoman Empire, notably ones whereby Jews and Muslims coexisted.

    Linda Xheza

    In your most recent film, The World Like a Jewel in the Hand, you discuss the destruction of a shared Muslim-Jewish world. You foreground a call by Jews who, in the late 1940s, rejected the European Zionist campaign and urged their fellow Jews to resist the destruction of Palestine. Given the recent destruction of lives, infrastructure, and monuments in Gaza, do you think it is still possible for Jews and Muslims to reclaim their shared world?

    Ariella Aïsha Azoulay

    First, the historical part. Zionists have sought to forever erase this call by anti-Zionist Jews from our memories. These Jewish elders were part of a Jewish-Muslim world, and they didn’t want to depart from it. They warned against the danger Zionism posed to Jews like them across this world that existed between North Africa and the Middle East, including in Palestine.

    We must recall that until the end of World War II, Zionism was a marginal and unimportant movement among Jewish peoples around the world. Hence, until that time, our elders didn’t even have to oppose Zionism; they could simply ignore it. It was only after World War II, when the surviving Jews in Europe — who were mostly not Zionists prior to the war — had almost nowhere to go, that Euro-American imperial powers seized the opportunity to support the Zionist project. For them, it was a viable alternative to having Jews remain in Europe or migrate to the United States, and they used the international organs they created to accelerate its realization.

    In so doing, they propagated the lie that their actions constituted a Jewish liberation project, while, in actuality, this project perpetuated the eradication of diverse Jewish communities far beyond Europe. And even worse, Jewish liberation was leveraged as a license and reason to destroy Palestine. This could not have been pursued without a growing number of Jews becoming Europe’s mercenaries: Jews who had migrated to Palestine while fleeing from or after surviving genocide in Europe, the Palestinian Jews who predated the arrival of the Zionists, and those Jews who were lured to come to Palestine or left with no other choice but to depart from the Muslim-Jewish world since Israel was established, with a clear agenda, to be an anti-Muslim and anti-Arab state — all were encouraged by Europe and European Zionists to see Arabs and Muslims as their enemies.

    We should not forget that Muslims and Arabs were never the enemies of the Jews and, moreover, that many of these Jews living in the majority-Muslim world were themselves Arabs. It is only with the creation of the State of Israel that these two categories — Jews and Arabs — became mutually exclusive.

    The destruction of this Jewish-Muslim world following World War II enabled the invention of a Judeo-Christian tradition, which would become, from that moment on, a reality, since Jews no longer lived outside of the Christian Western world. The survival of a Jewish regime in Israel required more settlers, and thus Jews of the Muslim-Jewish world were forced to leave to become part of this ethnostate. Detached and deprived of their rich and diverse histories, they could be socialized to this role assigned to them by Europe — mercenaries of this settler-colonial regime to restore Western power in the Middle East.

    Understanding this historical context doesn’t reduce the Zionist perpetrators’ responsibility for the crimes they committed against Palestinians over the decades; rather, it reminds one of Europe’s role in the destruction and extermination of Jewish communities mainly, but not only, in Europe, and its role in handing over Palestine to the Zionists, the alleged representatives of the survivors of this genocide who formed a Western post for these same European actors in the Middle East.

    Paradoxically, the only place in the world where Jews and Arabs — most of whom are Muslims — share the same piece of land today is between the river and the sea. But since 1948, this place has been defined by genocidal violence. The urgent questions now are how to stop the genocide and how to halt the introduction of more arms to this area.

    In Eichmann in Jerusalem, Hannah Arendt describes the contradictory sentiments felt by Jewish survivors of the Holocaust during the years they spent in camps for displaced persons in Europe. On the one hand, she said, the last thing they could imagine was to live once again with the perpetrators; on the other hand, she said, the thing they wanted most was to return to their places. It should not surprise us that after this genocide in Gaza, Palestinians may not be able to imagine sharing a world with their perpetrators, the Israelis. However, is that a proof that this world, where Arabs and Zionist Jews found themselves together, should also be destroyed to rebuild Palestine out of the ashes? It is only under the Euro-American imperial political imagination that a tragedy on the scale of World War II and the Holocaust could have ended with such brutal solutions as partitions, population transfers, ethno-independence, and the destruction of worlds.

    We, on a global scale, have an obligation to claim what I’ve called the right not to be a perpetrator and exercise it in any possible way. Dockworkers who refuse to ship arms to Israel, students who commit themselves to hunger strikes to pressure their universities to divest, Jews who disrupt with their communities and families and reclaim their ancestral rights to be and speak as anti-Zionists, protesters who occupy state buildings and train stations and risk being arrested — they are all motivated by this right even if they do not articulate it in these terms. They understand the role their governments, and more broadly the regimes under which they are governed as citizens, play in the perpetuation of this genocide, and they understand, as the common slogan says, that it is done in their name.

    Linda Xheza

    Those calling for a cease-fire are also Jewish. But even Jewish voices are being silenced. In Germany, for example, the work of well-established Jewish artists has been canceled. Do you think there is an interest in reinforcing a dominant narrative that has been in place since 1948 by the West and the State of Israel while suppressing Jewish voices that oppose the violence perpetrated in their name?

    Ariella Aïsha Azoulay

    It is true that Jewish voices are being silenced, but this is hardly anything new. Jewish voices were silenced immediately after World War II, when the survivors were left with no choice but to stay for years in deracinated camps. During that time, properties looted from their communities, rather than being either restituted to the places in Europe from where they were spoiled, were split by the National Library in Jerusalem and the Library of Congress in Washington like trophies. And not only was the collective trauma of the survivors — and us, their descendants — not attended to, we were silenced through this lie of a liberation project premised on a Zionist narrative of liberation through the colonization of Palestine, which would in turn provide Euro-American powers with another colony to service their imperial interests.

    The exceptionalization of the suffering of the Jews was not a Jewish discursive project but a Western one, part of the exceptionalization of the genocidal violence of the Nazis. In the grand narrative of Western triumph over this ultimate force of evil, the State of Israel became an emblem of Western fortitude and marked the endurance of the Euro-American imperial project. Within this grand narrative, Jews were forced to transform from traumatized survivors into perpetrators. Jews from all over the world were sent to win a demographic battle, without which the Israeli regime could not last. The second and third generations born to this project were born with no histories or memories of their anti-Zionist or non-Zionist ancestors, let alone memories of the other worlds of which their ancestors were part. What’s more, they were totally dissociated from the history of what Palestine used to be and from its destruction. Thus, they were easy prey for a nation-state marketed by the Zionists and Euro-American powers as the culmination of Jewish liberation.

    The Nakba, in this sense, was not only a genocidal campaign against Palestinians but also, at the same time, one against Jews, upon whom Europe forced another “solution” after the final one. Without the massive imperial powers’ funding and arms, the mass killing in Gaza would have ceased after a short while, and the Israelis would have to ask themselves what they were doing, how they arrived to this point, and would be forced to reckon with October 7 and ask themselves why it happened and how to achieve a sustainable life for everyone between the river and the sea.

    Jewish voices in places like Germany or France continue to be the first to be silenced in order to maintain both the Zionist colony and the fabricated cohesiveness of one Jewish people who could be represented by forces that sustain the Euro-American project of white supremacy. No more. The genocidal nature of the Israeli regime is exposed and can no longer be hidden from anyone.

    Linda Xheza

    Do you think there is still a possibility of hope for the Palestinians, and for the rest of us who want to claim a world to share with others?

    Ariella Aïsha Azoulay

    If there is no hope for Palestinians, there is no hope for any of us. The battle of Palestine exceeds Palestine, and the many who protest all around the world know it.

    • Je suis preneur pour des précisions sur les erreurs dans le texte.

      Cette histoire est un processus qu’on ne peut comprendre qu’en remontant jusqu’à la reconquista.

      cf. JUIFS D’AFRIQUE DU NORD ET EXPULSÉS D’ESPAGNE APRÈS 1492 on JSTOR
      https://www.jstor.org/stable/23671572

      Je ne suis pas spécialiste de la question alors j’ai noté l’article comme plein d’autres texte intéressants. D’ailleurs ce qui peut paraître comme situation insupportable aux uns peut bien se rapprocher d’un contexte justifiable ou idéal aux autres. Dans la cas présent on peut sans doute retenir qu’il y eu cohabitation entre juifs et musulmans en Afrique du nord et quelle était souvent plus supportable pour les juifs que la situation en Europe où on chassait les sorcières et pendait les prêteurs juifs quand on n’avait pas envie de les rembourser.

    • Je ne dis pas qu’il y a des erreurs dans ce texte -que j’avais également retenu pour son intérêt- mais qu’il élude la position minoritaire et dominée des Juifs dans les états musulmans, et les humiliations et conflits subis, qui ne découlent pas, compris indirectement des méfaits, bien plus terribles en effet, des états catholiques européens (il y a décidément plusieurs manières d’être occidentalo-centré)

      Que tu conclues en renvoyant les Juifs d’Europe au maniement et à la possessions de l’argent est éloquent. (il serait temps de situer avec précision_La question juive_ (1843) de Marx dans son parcours intellectuel et politique ; voir Rubel, Bensaïd).

      Les Juifs d’Europe ont dès le VIeme siècle interdiction de travailler la terre (chrétienne), tandis que les dhimmis juifs subissent celle, moins lourde, de monter à cheval et se voient eux-aussi, à l’occasion, imposer des vêtements distinctifs, comme ce fut le cas, à l’occasion là-aussi, en Europe.
      L’interdiction de travailler la terre c’est l’interdiction d’assurer sa subsistance sans en passer par l’argent comme moyen d’échange, de vendre le fruit d’un autre travail qu’agricole.

      Minoritaire, les Juifs ne l’étaient pas assez pour être tous impliqués dans des activités financière, bien loin de là ! On en trouve en Europe au fil des siècles, des floppées, une grande majorité, dans des métiers artisanaux et de petit commerce, sans lien avec « la finance », et bien souvent pauvres, voire très pauvres.

      La naissance d’une légende : Juifs et finance dans l’imaginaire bordelais du XVIIe siècle
      https://laviedesidees.fr/Les-Juifs-du-Moyen-Age-une

      Les juifs dans le Paris du vêtement et de la mode (avec une longue liste de métiers pratiqués, y compris hors textile)
      https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2006-2-page-4.htm

      #Juifs #Juifs-arabes

  • Faire payer les rendez-vous non honorés : l’avis des médecins
    https://www.slate.fr/story/235324/faire-payer-rendez-vous-manques-non-honores-avis-medecins-consultation-medical

    ... certaines personnes ne sont pas en mesure de venir à tous leurs rendez-vous médicaux et (...) se retrouvent souvent dans l’incapacité de prévenir. « Mes patients ont 75 ans de moyenne d’âge. Ils ont fait un AVC, plus de 30% ont des troubles de la planification, 25% ont des troubles moteurs séquellaires. Ils ont de multiples suivis parallèles. C’est très compliqué d’honorer des rendez-vous dans ces conditions. C’est d’autant plus compliqué que leur accès aux SMS de rappel peut être difficile, que les politiques de réduction des coûts en matière de secrétariat dans les hôpitaux et cliniques les rend quasi injoignables pour annuler ou déplacer des rendez-vous », assure sur Twitter R., neurologue.

    « Une partie de la patientèle, déjà marginalisée, a des difficultés –à cause par exemple d’addictions ou de troubles cognitifs– à honorer systématiquement les rendez-vous », atteste Yannick, médecin généraliste avec lequel nous avons échangé.

    Ces éléments vont dans le sens d’une étude irlandaise publiée en 2019, qui écrit dans sa conclusion : « Les patients souffrant d’un plus grand nombre d’affections de longue durée ont un risque accru de manquer des rendez-vous en médecine générale malgré le contrôle du nombre de rendez-vous pris. Ceci est particulièrement vrai chez les patients souffrant de troubles mentaux. » Elle indique également que ces patients « qui manquaient plus de deux rendez-vous par an ont un risque de mortalité toutes causes confondues plus de huit fois supérieur à ceux qui ne manquaient aucun rendez-vous. Ces patients sont décédés prématurément, généralement de facteurs externes non naturels tels que le suicide. »

    #Santé #médecine #rendez_vous_non_honorés #taxe-lapin #darwinisme_social

    • Il compte financer comment sa « punition 5 euros » le premier de la classe ? Comment il compte récupérer mes 5 euros si je n’ai pas honoré mon rdv ? J’ai beau réfléchir TOUT est payant !!! Tout système de récupération a un coût !

    • Il peuvent récupérer la thune comme ils le font déjà avec le forfait médicament où même des pauvres doivent contribuer à hauteur de 50 balles par an de leurs poches sur des médocs qui auraient pu leur être fournis sans frais (CSS) ou remboursés. Il suffit de modifier quelques critères Cpam, pas besoin de frais de recouvrement qui pourraient s’avérer supérieurs aux sommes en jeu.

    • « Une partie de la patientèle, déjà marginalisée, a des difficultés –à cause par exemple d’addictions ou de troubles cognitifs– à honorer systématiquement les rendez-vous. » === Et oui, la non observance des rendez-vous ou des traitements fait souvent partie du problème de santé d’où la nécessité de différents seuils d’accès aux soins !

    • Ce qui est rageant, c’est qu’en même temps, les médecins et personnels soignants sont en surbooking. Donc, en général, dans mon entourage, les lapins sont vus comme des soupapes qui permettent de souffler, de rattraper du retard ou de prendre plus de temps avec un autre patient.... Cette logique comptable est absurde et pose vraiment des problèmes aux plus précaires : 5€ c’est beaucoup d’argent. C’est pareil en effet @colporteur avec les médicaments. Ou comment faire porter sur les plus précaires la gabébie libérale, encore une fois et toujours.

    • « Taxe lapin » : le patron de Doctolib opposé à l’empreinte de carte bancaire obligatoire avant le rendez-vous
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/10/taxe-lapin-le-patron-de-doctolib-oppose-a-l-empreinte-de-carte-bancaire-obli

      « Il y a 15 % des patients qui sont en situation d’illectronisme » et « 5 % qui n’ont pas de carte bancaire. C’est impensable d’entraver l’accès aux soins pour eux », a justifié son PDG, pourtant favorable au principe d’une taxe pour rendez-vous médicaux non honorés.

      Sur le fond, Doctolib est favorable à la mise en place d’une « taxe lapin » de 5 euros, que le premier ministre, Gabriel Attal, a appelée de ses vœux samedi afin de limiter les rendez-vous médicaux non honorés. Mais, concrètement, comment faire payer cette somme au patient fautif ? Pour l’exécutif, la pénalité devrait être retenue grâce à l’empreinte de carte bancaire prise par les plates-formes de rendez-vous, et les médecins pourront l’appliquer, ou pas. Une solution à laquelle s’oppose Stanislas Niox-Chateau, président-directeur général de Doctolib.

      « Il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l’accès aux soins », a jugé M. Niox-Chateau, interrogé par France Inter, mercredi 10 avril. « Il y a 15 % des patients qui sont en situation d’illectronisme [qui n’ont pas Internet ou qui ne savent pas l’utiliser] et 5 % qui n’ont pas de carte bancaire. C’est impensable d’entraver l’accès aux soins pour eux », a encore justifié le patron de Doctolib.

      M. Niox-Chateau pointe également le problème des rendez-vous qui ne sont pas pris en ligne. Selon lui, c’est à l’Assurance-maladie que revient la charge de gérer cette « taxe lapin », en prélevant les 5 euros sur le rendez-vous suivant du patient.

      Erreur lors de mon post précédent, donc. Je croyais que, comme pour les médicaments, le fric taxé aux patients le serait sous forme de non remboursement. Or il s’avère qu’il s’agirait de faire payer le rendez-vous raté, et ce, directement au praticien concerné.

    • C’est la suite de la grande in-quisi-fantilisation des problèmes sociaux et politiques. Les boucs émissaires sont désignés : les pauvres sont responsables du ralentissement de la rotation de la terre. De fait, ils ont le devoir de continuer à courber leur maigre échine pour faire peur aux bourgeois, et pour ce gouvernement, d’être reconnaissants à la nation de les maltraiter. Leur devoir est de mettre au service de la croissance nationale leur énergie, leurs ovaires, leurs spermes, leurs enfants (pour l’armée), leurs muscles et leur porte monnaie dont le contenu est à vider dans les hypersuperextramarchés, sans oublier de verser leur dîme mensuelle aux saigneurs propriétaires de l’eau, l’électricité, du gaz, des autoroutes et de leur logement.
      Bientôt le fouet en place publique pour 3 retards chez le dentiste. Tout ça pour que certains s’offrent une deuxième piscine.

    • « Une enquête de l’URPS datant de 2012 soulignait déjà que plus de la moitié (60%) de ces rendez-vous manqués sont le fait de malades en tiers payant, essentiellement titulaires de la #CMU [ancien nom de la Complémentaire santé solidaire, ndlr]. Mais on ne s’interroge jamais sur pourquoi ces patients manquent leurs rendez-vous. Alors, l’auteur de la thèse a appelé les patients qui n’étaient pas venus à leur rendez-vous sur deux semaines à la maison de santé. Ils étaient en tout 54. Sur les 22 avec lesquels il a été possible de mener un entretien téléphonique, aucun n’a dit qu’il se fichait d’honorer ou non un rendez-vous et tous ont accepté le nouveau rendez-vous qui leur a été proposé. En revanche, tous avaient une bonne raison qui touchait justement à leur statut précaire, comme un rendez-vous imprévu à la CAF, des changements d’horaire de travail à la dernière minute ou bien encore un enfant à garder. »

      un extrait de l’article initial

  • Le chamboule-tout des métiers de la grande distribution, percutés par l’IA, la location-gérance et l’essor des caisses automatiques
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/11/grande-distribution-le-big-bang-dans-l-emploi_6227113_3234.html

    Jusque-là, les manageurs construisaient les plannings des 450 salariés de cette grande surface, située dans le centre commercial Aushopping Porte D’Espagne, et ils les affichaient quinze jours à l’avance. Désormais, pour les quatre-vingts personnes du « secteur des caisses » en phase de test, c’est « le logiciel qui, avec ses paramètres, va répartir la charge de travail à couvrir ».

    Difficile de discuter avec « la machine » autour d’un café dans l’espoir d’adapter son planning. « Elle ne regarde pas si une employée, âgée de 57 ans et opérée des épaules, est en bout de course, fatiguée, pour lui aménager ses plages horaires », souligne Mme Prieur. L’un de ses collègues qui avait l’habitude de travailler six heures par jour pendant trois jours s’est ainsi retrouvé subitement avec un emploi du temps de sept heures et trente minutes pendant deux jours, complété d’une journée de trois heures.

    Ça te parle d’intelligence artificielle, quand il ne s’agit que d’un algorithme de rangement multi-critère.

    • Faut bien bien comprendre qu’en réalité, la machine continue de faire ce pour quoi elle a été programmée. Il y a tout a fait de la place pour indiquer que telle « ressource humaine » est empêchée sur certaines tâches ou horaires, c’est juste le paravent derrière lequel on planque l’intensification de la dégueulasserie.

      Et pendant ce temps-là, on parle moins des autres pratiques 🤮 :

      A commencer par le développement de la location-gérance et de la franchise, deux modes de gestion des grandes surfaces moins coûteux en capital pour les grands groupes, mais moins protecteur sur le plan social pour les salariés.

      Carrefour s’en est fait une spécialité. Depuis 2018, 305 magasins, dont 80 hypermarchés, sont passés en location-gérance par vagues successives. Plus d’un tiers de ses hypers et les trois quarts de ses supermarchés sont aujourd’hui en franchise, contre respectivement moins de 10 % et moins de 60 %, il y a cinq ans.

      Conséquence, 23 000 salariés sortis des effectifs du groupe, dont « 4 000 en 2024 », selon Sylvain Macé, délégué syndical de groupe pour la CFDT chez Carrefour et secrétaire national de la Fédération des services. D’environ 115 000 salariés, en France, en 2018, l’entreprise n’en compte plus que 80 000 aujourd’hui, selon les syndicats. « Nous ne communiquons pas de chiffre des effectifs en France hors franchise », répond de son côté la direction.

      J’ai vu ça au Carrefour Market de mon ex-bled : racheté en gérance par un comptable qui spécule sur plusieurs super du coin, ça a juste été un carnage social, avec plus aucun avantage pour les salariés et la suppression de l’ancienneté sur le gâteau : les gens sont revenus au salaire de départ et en plus il ont perdu les syndicats, les CE, etc.
      Dégueulasserie.

    • Faut bien bien comprendre qu’en réalité, la machine continue de faire ce pour quoi elle a été programmée

      Rah, merci ! 🙏 le truc que je répète à longueur d’année, à mes proches, mes moins proches, mes étudiants… (ça me rappelle le fil « j’aime seenthis » sur lequel j’ai rien mis, mais voilà, des petites bulles comme ça que je ne lis qu’ici…)

      Et bravo pour la trouvaille de l’article.

    • @biggrizzly Algorithme de planification. Toujours la même histoire, derrière il y a une fonction objectif, et le bidule est la pour maximiser (ou minimiser, pareil) la fonction en question. L’humain n’a aucune place là dedans, quels que soient les arguments (foireux dans 100% des cas).

    • Faut bien bien comprendre qu’en réalité, la machine continue de faire ce pour quoi elle a été programmée

      Comme les nazis qui ne faisaient qu’obéir aux ordres, et comment cette déresponsabilisation perdure puisqu’on continue d’obéir aux ordres d’un monde productiviste logiquement eugéniste.
      L’ordre est donné à la machine de fabriquer du profit, dans cet optique il est normal que la femme de 57 ans qui a mal aux épaules soit soumise aux mêmes horaires que les jeunes vigoureux, elle sera éjectée plus tôt du circuit.
      Si elle se plaint, elle peut aller voir l’autre machine, celle à soigner, qui lui ponctionnera 5€ si elle est en retard et la remettra au travail illico.

  • SNU : la faute de l’Education nationale | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/110424/snu-la-faute-de-leducation-nationale

    Dans quelques semaines, la participation forcée des élèves de Seconde rend de facto le SNU obligatoire. Avec la mise au pas de la jeunesse autour d’une mystique identitaire par une contrainte de type militaire, c’est aussi le service public d’éducation, maître d’œuvre et maître d’ouvrage du dispositif, qui change de nature.

  • Derrière le succès de Blablacar, un contrat secret et des économies d’énergie surévaluées
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/06/derriere-le-succes-de-blablacar-un-contrat-secret-et-des-economies-d-energie


    Les locaux de Blablacar, à Paris, en septembre 2015. PATRICK KOVARIK / AFP

    L’entreprise de #covoiturage a engrangé plusieurs dizaines de millions d’euros depuis 2012 dans le cadre d’un mécanisme d’obligations environnementales approuvé par l’Etat. Une manne longtemps restée opaque, et qui s’appuie sur des calculs parfois fantaisistes.

    Pratique, écologique et même depuis peu rentable : #Blablacar, qui revendique plus de vingt millions d’inscrits en France, est érigé en modèle de start-up innovante. « Le leader mondial du covoiturage est Français : c’est une fierté ! », s’émerveillait Emmanuel Macron en 2022. Mais, pour en arriver là, la #start-up a profité d’un discret soutien avalisé par l’#Etat, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros par an, selon les informations du Monde. Une #rente opaque dont Blablacar a été le bénéficiaire quasi exclusif pendant une décennie et continue de profiter aujourd’hui.
    L’histoire remonte à 2012. La plate-forme, alors baptisée Covoiturage.fr, cherche encore son modèle économique après six ans d’existence. Une manne inespérée lui est alors proposée par un grand groupe français : Total.
    La compagnie, devenue depuis TotalEnergies, doit se conformer à une obligation environnementale imposée par l’Etat à tous les fournisseurs d’énergie. Le pétrolier doit financer chaque année un certain nombre d’actions favorisant la sobriété énergétique, dont l’efficacité est mesurée par des #certificats_d’économies_d’énergie (CEE). Ce système de #pollueur-payeur l’oblige à rechercher auprès de structures agréées par l’Etat des « gisements » de CEE potentiels, comme des travaux d’isolation, des installations de chaudières performantes, des dispositifs de fret ferroviaire…

    https://justpaste.it/c0ouj

    Tout ça pour des trajets couteux où sous la bienveillance obligée des « évaluations » la marchandisation règne.

    #voiture #entreprise #capitalisme_de_plateforme

  • Attaques sur Zaporijjia : l’AIEA craint un tournant dans la guerre
    https://www.connaissancedesenergies.org/afp/attaques-sur-zaporijjia-laiea-craint-un-tournant-dans-la-gu

    AFP parue le 11 avr. 2024 - 20h13

    Les récentes attaques sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia peuvent « marquer le début d’un nouveau front de guerre extrêmement dangereux », s’est alarmé jeudi le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

    (...)

    Le site de Zaporijjia (ZNPP), occupé depuis mars 2022 par la Russie dans le sud de l’Ukraine, a subi une série d’attaques de drones depuis dimanche, Moscou et Kiev se rejetant mutuellement la responsabilité.

    (...)

    Ils veulent refaire un nordstream (faire un nordstream, action de détruire une infrastructure détenue par l’ennemi tout en affirmant que c’est l’ennemi qui est coupable)

  • Le controversé projet de loi pour « sécuriser » internet définitivement voté
    https://www.nouvelobs.com/politique/20240410.OBS86943/le-controverse-projet-de-loi-pour-securiser-internet-definitivement-vote.

    Cyberharcèlement, arnaques sur internet, accessibilité des sites pornographiques aux mineurs… autant de fléaux auxquels le texte tente de répondre. Plusieurs députés se sont inquiétés de la menace qu’il fera, selon eux, peser sur les libertés publiques.

    Enfin, Internet va devenir un lieu de non-droit. Non-droit de s’exprimer, non-droit de lire, non-droit de partager, non-droit de rigoler, non-droit de faire de la politique.

    • Ce délit d’outrage en ligne permettra de sanctionner le fait de « diffuser en ligne tout contenu qui soit porte atteinte à la dignité d’une personne ou présente à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». Un « délit flou » qui « déroge […] à la loi de 1881 », s’alarme l’association de défense des libertés numériques La Quadrature du net.

      on va enfin pouvoir punir les auteurs de lèse-majesté en ligne !

  • A moins de 30 ans, leur corps déjà abîmé par le travail : « Ça a quelque chose de déprimant de se rendre compte qu’on est toute cassée si jeune »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/04/09/a-moins-de-30-ans-leur-corps-est-deja-abime-par-le-travail-ca-a-quelque-chos

    Des salons de coiffure aux entrepôts de logistique, de jeunes travailleurs et travailleuses racontent les douleurs physiques qui envahissent leur quotidien.

    Par Alice Raybaud
    Publié aujourd’hui à 06h15, modifié à 17h04

    Temps de Lecture 7 min.

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    Désormais, chaque matin, Léa Ruiz revêt tout un attirail. Positionner un masque FFP2 sur le visage, enfiler une paire de gants en latex. Sur son agenda personnel, toujours avoir un rendez-vous chez le kiné programmé à court ou moyen terme. A 32 ans, elle n’a pas le choix si elle veut alléger les troubles physiques qui pèsent sur elle après neuf années en tant que coiffeuse.

    Les premières douleurs sont survenues très tôt, dès ses périodes de stage. Dans les salons de grandes chaînes où la jeune apprentie coiffeuse officiait – debout toute la journée et soumise à une « cadence effrénée » –, son dos a commencé à lui faire mal. Puis ses poignets et ses épaules, à force d’enchaîner les Brushing coudes relevés et sèche-cheveux à la main, et enfin ses jambes, en raison du piétinement continu. « Au début, ça s’en allait, avec du sport ou des séances de kiné. Et puis ça s’est installé, et c’est devenu des douleurs constantes », raconte Léa Ruiz. A l’orée de la trentaine, un eczéma envahit ses mains, abîmées par les shampooings, suivi de violents maux de tête, liés à l’inhalation quotidienne des produits de décoloration.

    Depuis 2020, elle a quitté l’industrie des salons de coiffure « à la chaîne » et a monté une coopérative avec d’autres collègues, décidés à penser une organisation du travail plus respectueuse : Frange radicale, à Paris, où les coiffeurs essaient de prendre davantage leur temps pour chaque coupe. Mais la jeune femme traîne toujours ces séquelles physiques, qui s’aggravent d’année en année. « Je ne vois pas bien combien de temps je vais pouvoir encore tenir comme ça », confie-t-elle.

    « Usure prématurée »

    Dans de nombreux secteurs, en particulier peu qualifiés, des jeunes travailleurs et travailleuses subissent, avant même la trentaine, les impacts précoces de leur activité professionnelle. Des domaines comme la logistique, le BTP, la vente, la restauration, l’esthétique – souvent essentiellement soit féminins, soit masculins – sont marqués par un même turnover, symptomatique de milieux qui essorent les corps en un temps record.

    Si les métiers en question sont caractérisés par une pénibilité intrinsèque, les jeunes entrants sont particulièrement exposés à ce que les chercheurs appellent une « usure prématurée » en raison de la nature des emplois qui leur sont attribués. Souvent en intérim ou en CDD, ils passent en coup de vent, découvrant à chaque contrat un nouvel environnement de travail, auquel ils ne peuvent s’adapter pleinement. Et où on leur confie souvent les tâches les plus harassantes, dont les manutentions les plus lourdes et contraignantes, comme le souligne un rapport du Centre d’études de l’emploi et du travail de 2023.

    Marc (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), ajusteur-monteur de 25 ans, enchaîne depuis ses 19 ans les contrats d’intérim dans des usines d’automobile et d’aéronautique. Il a commencé par du travail de nuit, puis des horaires en trois-huit. « J’ai grandi dans une famille monoparentale, tout le temps avec des galères d’argent. Alors, quand j’ai vu qu’avec ce type d’emploi je pouvais toucher 2 000 euros plutôt que le smic, en tant que non-qualifié, j’ai dit oui direct. C’est un appât pour les jeunes comme moi qui cherchent à tout prix à sortir de la misère », raconte le jeune homme, passé auparavant par la vente et la restauration, « par défaut, après le refus de [ses] vœux d’études supérieures sur Parcoursup ».

    Mais avec ses horaires atypiques couplés au port de lourdes charges et un environnement de travail bruyant, il voit son corps – et son mental – s’écrouler. « C’est comme si j’étais constamment en retour de soirée, avec des difficultés à respirer, une arythmie cardiaque, l’impossibilité de trouver le sommeil. Ce rythme te détruit tout », explique Marc, qui souffre aujourd’hui de plus en plus d’une scoliose, et dont les bras et les poignets sont congestionnés à force des gestes répétés à l’usine.
    Douleurs et blessures

    Concernant en grande partie les plus jeunes, le travail de nuit aggrave tous les impacts physiques. « Certaines expositions, par exemple aux produits dangereux, font davantage de dégâts la nuit, car le corps ne les accueille pas de la même manière, et s’abîme plus vite et parfois de manière durable », observe le chercheur Serge Volkoff, spécialiste des relations entre l’âge, le travail et la santé.

    Plus d’un quart des 15-24 ans sont aussi contraints, à leurs débuts, à de l’emploi à temps partiel. « Or, ce recours au temps partiel les expose aux plus grandes pénibilités physiques et mentales », observe Anaïs Lehmann, doctorante en sociologie, qui rédige une thèse sur les travailleuses de la vente de prêt-à-porter. Dans ce secteur, le temps partiel est utilisé pour placer les jeunes aux moments de fortes affluences. « Des périodes où elles doivent soutenir une cadence élevée, debout, avec l’impossibilité de circuler correctement dans les rayons ou en réserve. Nombre d’entre elles se retrouvent avec des épaules bloquées, des douleurs aux pieds ou même des hernies discales », constate la chercheuse.

    Ces douleurs et blessures ont d’autant plus de probabilité de survenir que les jeunes connaissent moins, « du fait de leur inexpérience, les gestes de prudence, pour bien se positionner et éviter de se faire mal », constate Serge Volkoff. Si bien qu’ils se trouvent particulièrement exposés aux accidents graves et mortels au travail : trente-six travailleurs de moins de 25 ans n’ont pas survécu à un accident du travail en 2022, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie.

    Leur statut précaire – de plus en plus fréquent et long en début de carrière – les installe aussi « dans une position de fragilité qui rend compliqué de s’opposer à leur employeur, ou d’user d’un droit de retrait quand ils se sentent mis en danger », ajoute Véronique Daubas-Letourneux, sociologue à l’Ecole des hautes études en santé publique. L’enjeu de s’extraire de cette précarité pousse d’ailleurs les jeunes à « mettre les bouchées doubles pour faire leurs preuves, sans pouvoir écouter les premiers signes de dégradation physique », pointe l’ergonome Jean-Michel Schweitzer.

    « Si tu ne vas pas assez vite, c’est simple, on ne te rappellera pas. Ça, tu l’as tout le temps en tête », témoigne ainsi Pierre Desprez, 26 ans, intérimaire pendant des années dans des entrepôts de logistique, où sa situation ne lui permettait pas de recourir aux gestes ou aux matériels de protection. « Quand tu as une cadence à respecter, tu ne peux pas toujours attendre ton binôme pour porter une charge lourde, alors tu t’y mets seul, quitte à t’esquinter le dos, explique le jeune homme, titulaire d’un CAP boulangerie et pâtisserie, secteur qu’il a quitté en raison d’une allergie à la farine, maladie fréquente chez les boulangers. En ouvrant des cartons, on s’entaillait aussi souvent les mains. Enfiler les gants de protection, puis les retirer, c’était prendre trop de retard. » Aujourd’hui ouvrier dans la métallurgie, Pierre connaît la même urgence, traduite désormais par des mains « pleines d’échardes de métal ».

    « Management du chiffre »

    Débuter dans ces secteurs, où la manutention est très présente, ou dans certains métiers d’artisanat signifie aussi devoir se plier à « une culture de l’effort et de la souffrance physique, raconte la coiffeuse Léa Ruiz. Plus tu vas te faire mal, plus ce sera dur, plus tu vas être valorisé ». La sociologue Diane Desprat, qui a étudié le milieu de la coiffure, a bien constaté que « toute manifestation de douleur chez l’apprentie ou la jeune salariée y est souvent pensée comme une manière d’apprendre le job, avec l’idée ancrée que le métier “rentre” par le corps ».

    Dans la restauration depuis ses 20 ans, Léa Le Chevrel se souvient, lors de ses débuts comme commis, s’être « usée le dos à porter des trucs super lourds, malgré [son] petit gabarit pour prouver qu’[elle] avai[t] [sa] place ». Aujourd’hui, le corps épuisé bien que toujours passionnée par le métier, « j’essaie de refuser de porter seule tel ou tel élément qu’on devrait soulever à deux, mais c’est mal vu. Tout comme le fait de prendre des arrêts maladie, tabou ultime de notre métier », explique la femme de 26 ans.

    Elle qui est passée par de nombreuses structures se rend compte que « bien des choses pourraient être faites de façon plus ergonomique, [s’il y] avait le matériel adapté, ou si seulement on se préoccupait de ce qui se passe dans les cuisines ». Mais « personne ne vient nous parler d’ergonomie et, quand on voit la médecine du travail, on nous rétorque que ces douleurs font partie du métier, que c’est normal », ajoute-t-elle.

    Bien souvent, ne pas être permanent dans les entreprises empêche aussi ces jeunes de bénéficier d’un suivi préventif. « Les directions se disent qu’avec le turnover élevé, ces jeunes ne restent pas longtemps, et donc qu’elles n’ont pas besoin de se préoccuper de leur ergonomie sur le long terme… sans comprendre que c’est aussi cette pénibilité qui renforce le phénomène de turnover », souligne la chercheuse Anaïs Lehmann.

    « Même en école, on n’a toujours pas beaucoup de cours [de prévention], remarque Lou-Jeanne Laffougere, apprentie paysagiste de 18 ans, qui souffre déjà du dos et des bras. On se débrouille un peu seuls pour trouver les bons gestes. » Cependant, Serge Volkoff observe que, même si la France est toujours « la mauvaise élève européenne en termes de pénibilité », le sujet de l’usure prématurée commence à être pris en compte : « Aujourd’hui, des employeurs font vraiment des efforts, des services de santé au travail arrivent à être proactifs sur ces enjeux. Ce qui n’est pas toujours simple, car économiser les plus jeunes sur les tâches les plus pénibles, par exemple, veut aussi dire moins préserver les anciens. »
    Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Face à l’intensification du travail, les jeunes plongent dans un malaise profond : « Je m’enfonçais dans le travail, je n’avais plus de distance »

    A cela s’ajoute un autre phénomène : les jeunes débutent dans un marché du travail aujourd’hui marqué par une forte intensification, guidée par un « management du chiffre », qui éreinte encore davantage les corps. A 18 ans, Cloé commence sa vie professionnelle dans des chaînes low cost d’esthétique. « Il y avait une pression du “toujours plus” : c’était du travail à la chaîne, de l’abattage, où la cliente, qui vient sans rendez-vous, est reine. Avec ce rythme, impossible de bien se positionner pour s’économiser, se souvient la Toulousaine de 26 ans. Toutes mes vacances étaient dédiées à me remettre physiquement, je ne pouvais même plus aller faire du VTT avec les copains. »
    Incidences morales

    Bien vite, les conséquences physiques envahissent le quotidien, des douleurs chroniques aux séquelles liées à des accidents du travail. Le coût n’est pas uniquement physique. Léa Le Chevrel investit une partie substantielle de son salaire dans de l’ostéopathie, des massages, du yoga, ou encore de la literie haut de gamme, « pas par confort, mais par nécessité ».

    Les incidences sont aussi morales. « Ça a quelque chose de déprimant de se rendre compte qu’on est déjà toute cassée si jeune », confie Léa Ruiz qui, comme toutes les personnes interrogées, peine à imaginer un horizon professionnel. La sociologue Anaïs Lehmann ajoute : « Les jeunes de mon enquête rapportent que cette pénibilité et ses conséquences en viennent à générer des conflits conjugaux, des tensions personnelles. Mais sans savoir comment trouver une échappatoire, en raison de leur faible niveau de diplôme. »

    Le jeune ouvrier Marc, à bout, cherche à quitter ce secteur trop pénible, bien que ce soit « difficile avec seulement un niveau bac ». Il envisage malgré tout de se lancer dans une formation certifiante pour trouver un emploi de bureau, idéalement dans l’informatique. Sans perspective pour accéder à un emploi moins éreintant, Pierre Desprez, lui, dit éviter de se projeter dans l’avenir : « Parce que, honnêtement, ça me fait trop peur. »

    Alice Raybaud

  • Ces géants qui dominent le commerce agricole mondial

    En quelques décennies, une toute petite poignée d’acteurs a pris le contrôle du commerce mondial agricole, des #terres à la #finance. C’est le constat dressé par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Peut-on laisser à quelques groupes le destin de la sécurité alimentaire mondiale ?

    C’est un #oligopole dont on ne sait presque rien, parfois même pas son nom. Une poignée d’acteurs inconnus du grand public dominent le #commerce_mondial agroalimentaire. Mais ils font tout pour se faire oublier et cacher les empires qu’ils ont construits au fil des ans, ainsi que l’emprise qu’ils ont conquise sur le monde.

    La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a dénombré quatorze grands groupes régnant sur ce secteur. À eux seuls, les quatre premiers – #Cargill, #Archer_Daniels_Midland, #Bunge, #Louis_Dreyfus – contrôlent quelque 70 % du marché agricole mondial, selon ses estimations.

    L’envolée des #prix alimentaires partout dans le monde, nourrissant une #inflation planétaire mais aussi des pénuries et des risques aggravés de #crise_alimentaire dans les pays les plus pauvres, a amené l’institution internationale à se pencher longuement dans son dernier rapport annuel sur le rôle exercé par ces géants de l’#agrobusiness dans cette période. Il paraît écrasant.

    Si les superprofits des pétroliers ont été au cœur de toutes les discussions, ceux des géants de l’agrobusiness sont passés inaperçus. Pourtant, ils ont été les autres grands gagnants de la succession de crises (sortie de la pandémie, guerre en Ukraine, tensions géopolitiques) qui se sont enchaînées à un rythme effréné au cours des quatre dernières années.

    Celles-ci se sont traduites par une volatilité inédite du cours de toutes les matières premières agricoles (#blé, #soja, #maïs, #tournesol, #riz, #sucre, #café, #cacao) dont ces grands groupes ont su tirer parti au mieux de leurs intérêts. En 2022, Cargill, Archer Daniels Midland, Bunge et Louis Dreyfus ont réalisé un bénéfice cumulé de plus de 17 milliards de dollars, soit près du triple de leurs résultats de 2020. « Les #bénéfices totaux des neuf grandes sociétés d’#engrais au cours des cinq dernières années sont passés d’une moyenne d’environ 14 milliards de dollars avant la pandémie, à 28 milliards de dollars en 2021, puis au chiffre incroyable de 49 milliards de dollars en 2022 », ajoute le rapport de la #Cnuced.

    Les tensions sur les matières premières agricoles se sont un peu dissipées en 2023. Mais l’été dernier, comme le rappelle la Cnuced, « le prix du blé restait deux fois supérieur au cours d’avant la pandémie ». Cela est vrai pour pratiquement tous les prix agricoles, sans parler des cas spécifiques comme le cacao ou le café, qui atteignent actuellement des cours stratosphériques. Penser que des prix agricoles élevés profitent aux producteurs, « c’est ignorer le rôle majeur joué par ces groupes internationaux d’agrobusiness qui contrôlent nombre de liens dans la chaîne de valeur mondiale et dans la dynamique de la formation des prix du système mondial alimentaire », insiste l’institution des Nations unies.

    De ces groupes, on ne sait pratiquement rien. Sur les quatorze groupes repérés comme les plus importants par la Cnuced, « huit seulement sont cotés en bourse et publient leurs comptes », souligne le rapport. Tous les autres prospèrent à l’abri des regards. Jouant des frontières et des gouvernements, tous cultivent l’opacité, utilisent les failles et les porosités du système pour évoluer dans une totale impunité.

    Souvent partis du négoce, ils n’ont cessé d’étendre leur emprise, prenant le contrôle d’usines de transformation, de capacités de stockage, de compagnies de transport. Puis ils ont mis la main sur les semences et les engrais, avant de devenir de gigantesques propriétaires fonciers. Ils contrôlent désormais des centaines de milliers d’hectares en Ukraine, au Brésil, en Argentine, en Australie, au Canada. En un mot, dans tous les grands pays agricoles où ils peuvent pratiquer des cultures intensives à échelle industrielle, en pratiquant des déforestations massives, s’il le faut.

    Ils sont en position de dicter leurs conditions aux producteurs locaux et aux gouvernements, d’influencer les modes d’alimentation de toute la planète. Demain, ils n’hésiteront pas à mettre en danger les approvisionnements mondiaux, beaucoup étant prêts à troquer la production alimentaire pour celle d’agrocarburants, estimée beaucoup plus rémunératrice.

    Au cours de décennies de fusions et d’acquisitions, « de tels groupes ont pu étendre leur influence de haut en bas de la chaîne d’approvisionnement, tout en amassant d’énormes quantités de données de marché. Si une poignée de sociétés continue de détenir un pouvoir démesuré sur les systèmes alimentaires mondiaux, toute politique visant à atténuer les effets à court terme de la flambée des prix alimentaires sera vaine à long terme », prévient la Cnuced.
    Dans les pas de la finance de l’ombre

    Car un autre changement majeur est intervenu au cours des quinze dernières années, qui n’a pas été suffisamment analysé, selon le rapport : ces géants de l’agrobusiness ont non seulement changé de dimension, mais aussi de nature. Ils sont devenus des acteurs financiers à part entière – le manque de régulation sur les marchés des matières premières leur permettant d’exercer un pouvoir déterminant sur les cours et dans la formation des prix.

    Parce que les marchés agricoles sont par nature chaotiques, que les lois de l’offre et de la demande ne s’appliquent pas conformément aux théories classiques, ils ont toujours été très liés à la finance et à la spéculation. Ce sont ces marchés qui, les premiers, ont élaboré et mis en œuvre les produits dérivés financiers, négociés de gré à gré (over the counter – OTC) afin de couvrir les risques de fluctuation des prix à court, moyen et long terme.

    Mais à partir des années 1980, de nouveaux acteurs sont entrés dans le jeu : des banques et surtout nombre d’acteurs de la finance de l’ombre (hedge funds, fonds d’investissement, gestionnaires d’actifs, etc.) sont entrés sur ces marchés. Profitant de la déréglementation des marchés agricoles, ils ont investi les lieux, développé des produits dérivés financiers de plus en plus sophistiqués, ne s’appuyant plus du tout sur des contreparties physiques, et alimentant la spéculation.

    Depuis la crise de 2008, la situation a encore évolué. Les grandes sociétés de négoce ont mis leur pas dans ceux de la finance de l’ombre, allant bien au-delà de la couverture de leurs risques. Ayant à leur disposition des informations de marché que les autres n’avaient pas, elles se sont vite imposées comme des acteurs incontournables.

    « Dans ce contexte, les très grands groupes internationaux de négoce en sont arrivés à occuper une position privilégiée, en termes de fixation des prix, accédant aux financements et participant directement aux marchés financiers, affirme encore le rapport de la Cnuced. Cela a permis non seulement des opérations spéculatives sur les plateformes organisées, mais aussi un volume grandissant de transactions entre individus ou de gré à gré sur lesquelles la plupart des gouvernements des pays avancés n’ont aucune autorité ou contrôle. »
    Démultiplications spéculatives

    Les dernières années de tensions et de risques de pénuries sur les marchés agricoles ont décuplé les appétits, poussés par l’appât du gain. Selon les chiffres publiés par la Banque des règlements internationaux, le montant total des dérivés négociés de gré à gré sur les produits agricoles, l’énergie et les métaux, a atteint un pic de 886 milliards de dollars à la mi-2022, contre une moyenne de 200 milliards de dollars avant 2020. La valeur notionnelle de ces contrats représentait alors plus de 2 000 milliards de dollars.

    L’ampleur de ces sommes illustre la puissance déstabilisatrice de la finance sur ces marchés essentiels. Tous ont empoché des milliards de superprofits au détriment des populations mondiales. Une étude récente de la Société générale indique que le groupe des dix principaux fonds « dynamiques » avait réalisé un profit de 1,9 milliard de dollars sur des contrats de blé, de maïs et de soja, au début de la guerre en Ukraine, quand les cours des produits agricoles s’envolaient, après avoir perdu de l’argent sur les mêmes contrats dans les périodes précédentes.

    Dans quelle mesure les grands groupes qui contrôlent les échanges mondiaux agricoles ont-ils utilisé leur énorme pouvoir de marché pour pousser la spéculation et augmenter leurs profits ? La Cnuced est incapable de le dire. L’opacité qui règne sur ces marchés, le manque de données fiables et l’absence de régulation et de contrôle empêchent d’avoir une vision précise sur ce qu’il se passe.

    Pour la Cnuced, cependant, le fait qu’une poignée de grands groupes ait acquis une telle taille et une telle importance sur les marchés agricoles, possédant à la fois les données essentielles et des moyens financiers immenses, des instruments financiers négociés dans l’ombre, hors du regard de tout régulateur, laisse la porte ouverte à toutes les manipulations et à toutes les manœuvres.

    La faillite de la régulation

    « Les failles dans les systèmes de régulation n’ont cessé de s’élargir », note le rapport, et d’être mises à profit par les grands groupes de négoce et les traders de matières premières. Toutes les tentatives pour apporter de la lumière sur ces marchés et renforcer la réglementation ont jusqu’à présent échoué. Les réglementations restent parcellaires, multiples, changeant souvent d’une frontière à l’autre.

    Lors de la crise financière de 2008, les législateurs se sont bien gardés de toucher aux marchés de matières premières et à la finance de l’ombre, estimant qu’ils ne représentaient que des risques subalternes. De même, rien n’a été fait pour rapprocher les activités sur les marchés de matières premières et celles sur les marchés financiers, les régulateurs estimant qu’il s’agissait de deux mondes séparés.

    Les activités des grands groupes de négoce démontrent désormais que ces deux sphères sont devenues intrinsèquement liées, les opérations financières venant en soutien – en vue souvent de maximiser les profits – des échanges agricoles. « Le profit n’est pas limité à un secteur spécifique mais est spécifique à des firmes particulières. Il est possible que des profits excessifs puissent être liés à une concentration, qui ne bénéficie seulement qu’à quelques acteurs mondiaux du secteur », écrit par euphémisme le rapport.

    La Cnuced estime qu’il est plus que temps de prendre acte de la défaillance des régulations actuelles, compte tenu des risques sous-jacents, menaçant aussi bien la sécurité alimentaire mondiale que la stabilité de la planète financière. Elle propose de multiples axes de réformes. Les uns portant sur la transparence et la limitation et le contrôle des instruments financiers, sur l’instauration d’une régulation mondial, les autres sur l’application renforcée des lois antitrusts : le commerce mondial alimentaire ne pouvant être laissé aux mains d’un oligopole qui agit dans son seul intérêt.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/090424/ces-geants-qui-dominent-le-commerce-agricole-mondial
    #agriculture #industrie_agro-alimentaire #business #financiarisation #régulation

  • Combien de mots utilise-t-on ? Comment savoir si un chiffre est farfelu ? On vous explique tout - Le français va très bien, merci
    https://www.tract-linguistes.org/combien-de-mots-utilise-t-on-comment-savoir-si-un-chiffre-est-farf

    Nous n’avons pas trouvé d’adulte capable de tenir des conversations orales dans ses situations les plus courantes, banales et quotidiennes avec moins de 10000 mots. Ce serait un exercice oulipien de réussir une telle performance. Et on ne parle pas de vocabulaire passif, car celui-ci est encore plus énorme pour n’importe quel individu ! Prenez quelques outils et n’hésitez pas à vérifier par vous-même.

  • Alain Bentolila : entre science et pensée magique, il a choisi ? - Le français va très bien, merci
    https://www.tract-linguistes.org/alain-bentolila-entre-science-et-pensee-magique-il-a-choisi

    Ancien professeur de linguistique à l’Université Paris-Descartes, Alain Bentolila atterre les linguistes (et pas qu’eux) en diffusant depuis 2005, de manière insistante et délibérée, un mensonge. À partir d’un entretien qu’il a accordé au journal Le Monde “Vivre avec 400 mots”, M. Bentolila martèle des chiffres fantaisistes sur la taille du vocabulaire des jeunes des milieux défavorisés. Or, 400 mots c’est la taille moyenne du vocabulaire actif d’un enfant de deux ans ; le vocabulaire passif à deux ans est déjà plus grand. M. Bentolila ne peut pas ignorer cela. Tout en publiant par ailleurs lui-même un rapport où il évoque les milliers de mots des enfants à l’école primaire, il n’a cessé de parler de 400 mots (parfois 250, parfois 500, selon les jours) dans les médias. Très longtemps, les médias ne prenaient pas la peine de vérifier ou de lui demander une source. En 2019, cela a changé : TV5, par exemple, a publié un billet de désintox et les journalistes ont commencé à se rendre compte que 400 mots tiennent sur une feuille A4 et que les affirmations de ce linguiste étaient infondées. Mais c’est cette intox maintes fois répétée qui lui a sans doute permis de se voir confier un « rapport sur l’acquisition du vocabulaire à l’école élémentaire » par le gouvernement français en 2007.

  • Araser, creuser, terrasser : comment le béton façonne le monde, Nelo Magalhães
    https://www.terrestres.org/2024/04/05/araser-creuser-terrasser-comment-le-beton-faconne-le-monde

    Nos infrastructures pèsent un poids matériel et écologique dont nous n’avons pas idée. Ainsi, une autoroute contemporaine exige 30 tonnes de sable et gravier par mètre. Pour commencer à explorer cette histoire environnementale des grandes infrastructures, nous publions l’introduction du livre Accumuler du béton, tracer des routes.

    #livre #béton #infrastructures #autoroutes #écologie

    • Accumuler du béton, tracer des routes. Une histoire environnementale des #grandes_infrastructures

      Dans les décennies d’après-guerre, des milliers de kilomètres de routes et d’autoroutes sortent de terre pour soutenir l’intensification du trafic et relier, à travers les paysages agricoles remembrés, les métropoles aux zones industrielles, ports, aéroports, centrales électriques et complexes touristiques. C’est le début d’une « Grande accélération » qui bouleverse la production de l’espace. Sur les chantiers, le béton coule à flots tandis que le bruit des machines (qui ne font pas grève) a remplacé le tumulte des terrassiers. La chimie et l’industrialisation des techniques affranchissent la construction des contraintes du relief, du climat et de la géologie : « abstraire le sol » pour faire passer la route – et supporter le poids des camions – devient un leitmotiv de « l’aménagement du territoire » qui nécessite l’extraction et le déplacement continus de milliards de mètres cubes de terres, sable et granulat.

      Si les dégâts se font rapidement sentir dans le lit des rivières, les abords des carrières et dans l’atmosphère – sans parler de la mortalité sur les routes –, la frénésie du bitume n’a jamais faibli : il faut sans cesse réparer, épaissir, étendre cette infrastructure dévoreuse d’hectares et d’argent public. Ce livre offre une remarquable vue en coupe de cet engrenage technique, économique et politique. Alors que les luttes se multiplient contre le modèle routier et l’industrie cimentière, il identifie quelques verrous qui rendent le bâti si pesant. Un préalable pour penser des perspectives plus légères.

      https://lafabrique.fr/accumuler-du-beton-tracer-des-routes

      #sable #livre #Nelo_Magalhães #Nelo_Magalhaes