AnarSonore

La révolution ne sera pas télévisée, Ni retransmise en scène sur un i-pod de couleur. Elle ne sera pas non plus attisée par les socio-demo-quartz à l’urne transparente, Ni par les écrivains de plateau-télé-repas producteurs de Mac-book. Non, la révolution ne sera pas télévisée,... Elle ne s’invitera pas chez Pujadas, Ni ne savourera le Pernod du midi en montrant sa cuisse. Elle ne délivrera pas que le discours Et ouvrira d’autres grilles que celle des programmes. Elle sera à une autre place, en banlieue ou au centre-ville, Dans une ruelle peut-être, organisée et mobile, Eloquente enfin de silence, subtile, indétectée, avertie, avisée : La révolution ne sera pas télévisée !

  • Macron et Compagnie : La machine à tout détruire est en route
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article790

    Ce n’est pas que nous soyons des fanatiques du #droit_du_travail. Loin s’en faut. Il est un droit léonin, qui ne laisse au salarié que bien peu de chose. Mais, ce peu de chose est insupportable au patronat. Ce qu’il désire, ce sont des travailleurs totalement soumis, encore moins payés, jetables selon son bon vouloir. Et les désirs du patronat sont des ordres pour le gouvernement.

    Eloge des patrons dont « la vie est souvent plus dure que celle d’un salarié. Il peut tout perdre, lui,… » (comme si les salariés licenciés ne perdaient pas tout, eux) ; propos injurieux envers les travailleurs (par exemple contre les femmes de l’entreprise Gad, traitées «  d’illettrées  » ) ; provocations incessantes… accompagnent sans cesse la véritable machine à détruire les droits sociaux que Macron (banquier d’affaires jusqu’à il y a si peu), El Khomri (la ministre du travail qui ignore tout des CDD) et toute la clique ont lancé contre nous.

    Chaque semaine, chaque jour la machine trouve quelque chose de plus à détruire. Elle n’a pas fini de s’attaquer au repos dominical que, déjà, elle veut imposer la dégressivité des indemnités chômage (tentant ainsi de faire porter la responsabilité du chômage non sur ceux qui le provoquent mais sur ceux qui le subissent). Et quant aux 35 heures, c’est le pompon. Tout en affirmant qu’il n’y touchera pas (en réalité, il y a déjà largement touché…) le gouvernement s’attaque à la majoration des heures supplémentaires (qu’il veut faire passer à 10 % et même moins). Or, un horaire « légal » sans majoration (ou avec une majoration ridicule) n’a plus de légal que le nom.

    Toutes ces satisfactions données au patronat le sont au nom de l’emploi. Comme ce fut le cas dans l’hôtellerie en 2009, avec la baisse de leur TVA. Les patrons s’étaient engagés alors à créer au moins 40 000 emplois (et à baisser le prix de 7 de leurs produits). Résultat 6 à 7 ans après : de 6 à 9 000 (grand maximum) emplois créés, des baisses de prix que l’on cherche sur la carte des restaurants mais quelques 2,6 milliards d’euros (le manque à gagner côté impôts) restés dans la poche des patrons de l’hôtellerie. Elle est pas belle, la vie pour certains ?

    (Chiffres : Rapport de la Cour des comptes)

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • Les Syriens expulsables et condamnés à payer le squat - 05/02/2016 - ladepeche.fr
    http://www.ladepeche.fr/article/2016/02/05/2270705-les-syriens-expulsables-et-condamnes-a-payer-le-squat.html

    Le tribunal a autorisé hier l’office HLM de la ville à expulser les familles de #réfugiés_syriens du quartier des Izards. Ceux-ci devront également payer des indemnités d’occupation à #Habitat_Toulouse.

    Le tribunal d’instance a rendu son jugement, hier après-midi, dans le contentieux engagé par l’office municipal HLM Habitat Toulouse contre 24 familles syriennes réfugiées depuis le printemps 2015, dans des appartements désaffectés du quartier des Izards. Après de nombreux reports d’audience, la décision des juges a tranché en faveur de l’organisme HLM en lui reconnaissant le droit d’expulser les familles. Les juges n’ont toutefois pas jugé nécessaire d’autoriser Habitat Toulouse à ne pas respecter la trêve hivernale comme l’avait demandé Me Jean-Manuel Serdan l’avocat de l’office. Le tribunal a en revanche jugé qu’en dépit de leurs revenus très faibles voir inexistants les familles de réfugiés devraient s’acquitter de 540 € mensuel d’indemnité d’occupation auprès de l’office HLM de la ville. Cette mesure est applicable depuis l’assignation des familles en septembre 2015 jusqu’à ce qu’elles quittent les lieux à la fin de la trêve hivernale, date à laquelle elles devraient normalement verser environ 4 320 € chacune à Habitat Toulouse. Pour M° Julien Brel, avocat de trois familles condamnées, « cette décision est particulièrement révoltante car le manque à gagner d’Habitat Toulouse n’existe pas puisque les immeubles sont promis à la démolition et que l’office lui-même les qualifie d’insalubres. Les réfugiés syriens vont finalement financer le logement social à Toulouse », a ironisé l’avocat au rendu du jugement.

    Pour M° Michel Avenas qui défendait les autres familles avec M° Agnès Casero, « ce jugement est incroyable car le gouvernement a communiqué il y a quinze jours sur 30 réfugiés Syriens bloqués en Grèce dont il a promis de s’occuper, mais il ne fait rien pour que ceux que l’on pouvait reloger ne soient pas expulsés ». Comme son confrère, M° Avenas souligne que « dans un immeuble voué à la démolition, Habitat Toulouse va faire de l’argent sur le dos des réfugiés Syriens grâce au tribunal. Mais le pire c’est que comme les réfugiés n’ont pas de revenus ce sera probablement l’État qui payera l’addition à l’office HLM ». L’avocat attend désormais « de savoir comment va réagir la préfecture de la Haute-Garonne qui avait promis qu’elle n’accorderait pas le concours de la force publique pour faire évacuer les familles de réfugiés ». De son côté le Dal association pour le droit au logement » dénonce « un jugement très dur pour les réfugiés syriens des Izards ».

    Hier en début de soirée les avocats des familles syriennes envisageaient de faire appel de ce jugement « au moins pour ce qui concerne le paiement des indemnités d’occupation ». Et d’ajouter, « lorsque l’appel interviendra les familles auront déjà été expulsées ».

    Face à l’#injustice_sociale, la #solidarité doit continuer plus que jamais...

  • #Réfugiés_Syriens : La DESTRUCTION des logements, ou comment CONSTRUIRE la « crise migratoire »
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article794


    Depuis le mois de Décembre l’intensité de la lutte pour la défense du #logement des familles de réfugiés syriens est montée de plusieurs crans [1]. Face à notre demande de réquisition de la barre d’immeuble des Izards, où ils se sont auto-logés, le bailleur #Habitat_Toulouse, toujours dans son refus de faire la moindre concession d’ordre humanitaire, a choisi de commencer à mettre en œuvre une scandaleuse politique de terre brûlée.

    Alors même que de leur propre aveu il y a pénurie de logements sociaux, les responsables de cet organisme supposé social ont organisé la destruction systématique d’appartements, mettant de facto à la rue femmes, enfants et vieillards. Les journées du 13 et 14 décembre nous ont clairement montré de quoi le Pouvoir était capable.

    Ces jours là, l’affaire était pourtant simple. Une petite communauté de religieuses, locataire en règle d’un appartement en parfait état (et même coquet), déménageait. Une famille de réfugiés syriens (avec un enfant handicapé) souhaitait prendre place dans les lieux ainsi libérés. Le 13 décembre tout cela avait été discuté avec les habitants de la barre. L’arrivée d’un « représentant »du DAL, très sûr de lui, prêt à prendre en main la direction des opérations, affirmant tout connaître du dossier alors qu’il n’en était rien (Ex. : il pensait que les religieuses étaient expulsées…), et promettant qu’il allait revenir le lendemain avec ses forces, son « réseau » (au moins une dizaine de personnes selon ses dires)… aurait du nous mettre la puce à l’oreille.

    Au jour dit, le 14, non seulement personne n’est venu en renfort mais curieusement les réfugiés ne se sont pas sortis de leurs appartements. Face à un dispositif d’envergure constitué de représentants de Habitat Toulouse, de démolisseurs professionnels, de vigiles postés en permanence jour et nuit sur le seuil de l’appartement en question, les compagnons de la CNT-AIT qui avaient pu se déplacer se sont retrouvés bien seuls et impuissants. Habitat Toulouse avait été parfaitement informé de nos projets, et face à sa détermination de tout casser, l’absence de mobilisation a transformé cette journée qui aurait pu constituer une petite victoire de plus en une défaite lourde de conséquences. L’appartement a été immédiatement cassé au lieu d’être occupé. Effet psychologique garanti. Par la suite ce sont carrément des pavillons entiers qui ont été rasés dans la cité.

    Tout ceci me pose des questions, que signifie ici l’absence totale des associations ? Pourquoi si peu de solidarité parmi les réfugiés ce jour là ? Pour y répondre, je ferai un aller-retour avec le contexte national.

    Un mouvement de population est une chose sérieuse qui peut se passer au mieux si deux conditions sont réunies : la décence de l’accueil d’abord et la qualité du dialogue ensuite. Je parlerai clair, le dialogue, dans le contexte actuel, c’est aussi mener au mieux sur ce terrain la bataille idéologique contre les islamistes. Or rien n’est fait au mieux, tout est fait au pire, pour que cela se passe le plus mal possible. L’exemple de Calais le montre. Cette situation inhumaine est entretenue, depuis des années, par l’État de la sixième puissance économique mondiale. Le mot « jungle » est significatif. La « loi de la jungle » est régulièrement invoquée, depuis Hobbes et sa reprise de l’adage latin « L’homme est un loup pour l’homme », pour justifier les forfaits du capitalisme. La volonté politique de casser les logements sociaux aux Izards n’est que l’écho de la volonté politique générale de créer et maintenir une jungle à Calais.

    Observons, dans ce mouvement, l’action des associations, elle se fait à deux niveaux, le premier est celui de celles qui s’investissent dans la logistique (donner à manger, aider à se loger, aider dans les différentes démarches,..) c’est le niveau de la solidarité directe, celui que nous encourageons. Le deuxième niveau est celui de militants associatifs qui sont en fait des militants d’organisations politiques (ou leurs « compagnons de route »). Ils veulent « représenter ». C’est pourquoi, ils organisent des manifestations, ils parlent aux médias, mais aussi, ils dirigent les stratégies en fonctions de leurs intérêts, quitte à noyer le poisson, à dissuader de participer à telle ou telle initiative concrète. Derrière leur agitation spectaculaire, qui profite bien peu aux réfugiés, il y a surtout une course aux subsides et aux places avec, comme corollaire, la reprise du discours dominant qui consiste à essentialiser le « migrant ».

    Or, nous n’avons pas affaire à un «  migrant-moyen » mais à des êtres humains bien différents, aux trajectoires parfois opposées. Pourtant cette réduction est largement admise et sa conséquence est de clore systématiquement toute possibilité du dialogue nécessaire, ne serait que sur « qui », « pourquoi » et « comment » on soutien les personnes réfugiées. La construction de la « crise migratoire » marche donc sur deux pattes, une pénurie matérielle voulue et organisée par l’État et ses affidés et une notion réductrice de « migrant » entretenue par le discours dominant. Alors il n’y a donc rien d’étonnant, quand on dénonce concrètement ce scandale, à ce que le premier nous donne des coups et que les propagateurs du second nous fassent des crocs en jambe.

    [1] Voir : PENDANT LA MINUTE DE SILENCE LA DESTRUCTION DE HLM SE POURSUIT
    http://seenthis.net/messages/436793

    #Toulouse

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • #Toulouse : les #réfugiés_syriens ont deux mois pour quitter l’immeuble des Izards
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/toulouse-les-refugies-syriens-ont-deux-mois-pour-quitter-l-immeuble-des-i

    Elles sont là, aux Izards, depuis mars 2015. Plusieurs familles de réfugiés syriens (environ 200 personnes) vont devoir quitter ce logement voué à la démolition d’ici deux mois, un délai accordé grâce à la trêve hivernale. Voilà la décision rendue par la justice toulousaine, saisie par l’office HLM Toulouse pour « occupation illégale ». Ces familles écopent également d’une indemnité d’occupation de 540 euros par mois et par logement. Une indemnité rétroactive et qui prend effet depuis le mois de septembre. La facture s’élève donc à près de 6.000 euros pour certaines familles.

  • #CORSE : Avec la dérive identitaire, c’est tout le navire qui chavire
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article795

    De nos jours, chacun semble ressentir le besoin de revendiquer ses « racines ». Quand Sarkozy revendique ses « racines chrétiennes » devant le petit Jésus, les islamo-fascistes revendiquent les leurs, musulmanes, brandissant le prophète Mahomet. Pendant ce temps-là, les revendications identitaires nationales, ethno-régionales et locales progressent un peu partout, enfonçant tous les jours l’Europe dans le communautarisme.

    Les conséquences sont graves et diverses dans la vie de tous les jours. Les choses vont très vite, augurant d’une période trouble à venir et rappelant des moments particulièrement douloureux de l’histoire. Car les revendications identitaires, qu’elles soient religieuses, nationales ou ethno-régionales, finissent toujours par entraîner des violences graves, qui oscillent tour à tour, entre mépris de l’autre, ratonnades, pogroms et attentats.

    Dans la chronologie de l’année 2015, trois faits majeurs relèvent de cette dérive identitaire. Janvier : assassinat de l’équipe de Charlie Hebdo et de clients et personnels d’un Hyper-Casher. Novembre : attentats de masse à Paris. Décembre : élections régionales, avec trois résultats marquants. Un, habituel, la non-participation d’une moitié des électeurs potentiels [1]. Un deuxième résultat qui est en train de devenir habituel, la montée et le renforcement du Front national. Enfin, un résultat tout nouveau : la prise d’une région par des nationalistes régionaux. Et, là, ça n’a pas traîné. Le résultat de l’élection, accueilli par des salves de coups de fusil [2], a presque immédiatement donné lieu à une bouffée de violence raciste [3].

     Le nationalisme c’est la violence : l’exemple corse
    En Corse on a suivi l’adage « Tous les prétextes sont bons  », et on a saisi le premier incident qui s’est présenté pour exprimer sa haine d’un étranger déjà bien maltraité alors qu’il exécute les tâches que les Corses eux-mêmes refusent de faire… un classique me direz-vous.

    Le 25 décembre dernier, suite à l’agression de deux pompiers et d’un policier dans un quartier populaire d’Ajaccio, 600 Corses ont manifesté plusieurs jours, officiellement pour protester contre ces agressions, en fait, surtout contre « les arabes » en général. Les manifs ont été rythmées par des slogans ne laissant aucun doute sur les intentions des participants : « Tuons-les », « On est chez nous » ou encore « Arabi fora » (« Les Arabes dehors » en parler Corse). Le cortège raciste s’est dirigé vers la petite cité où s’étaient déroulés les faits et, du moins le premier jour, l’a pratiquement occupée. Sous prétexte de trouver les auteurs de l’agression, les manifestants ont saccagé une mosquée et un kébab sous les yeux des forces de police. Ces faits (menaces de mort, destruction de biens) quoique lourds, faisant écho à ceux qui ont eu lieu en Bretagne ou à Calais, n’ont donné lieu, à ce jour, à aucune poursuite. En plein état d’urgence, alors que des dizaines de personnes ont été assignées à résidence, perquisitionnées simplement parce qu’elles avaient antérieurement participé à des manifestations écolos ou zadistes, en Corse, les nationalistes ont tout à fait le droit de manifester leur haine raciste et de casser ce qu’ils veulent en toute tranquillité.

    Ces manifestations de racisme et de xénophobie ne sortent pas de nulle part, elles sont liées à la revendication nationaliste. Représentant 25 % du corps électoral [4], les deux présidents [5] se sont permis, d’imposer de facto une «  officialisation  » de la nation Corse en prononçant leur discours dans le parler du cru et en martelant, qu’il s’agissait pour eux de « (…) faire parler la Corse d’une seule voix ». Une seule voix pour tout un « pays » ? Une phrase bien courte mais qui en dit très long !

    Ce coup de force n’a été que mollement commenté par le gouvernement et la classe politique (quand certains, comme les écolos par exemple, ne soutenaient pas carrément la revendication nationaliste). Or, bien plus que les agressions envers les pompiers et policiers, c’est bien cette affirmation nationaliste qui a été le déclencheur des violences anti-arabes. Car certains Corses ont pris au mot leurs présidents et ont mis en pratique, alliant les actes à la parole, leur slogan  : « La Corse appartient à tous les Corses » écho à « La France aux Français » des nationalistes français. Et la conséquence, c’est qu’il faut bouter l’étranger hors du sol national (enfin, en en gardant assez pour les besognes pénibles…).

    Ces faits montrent, si besoin était, que le #régionalisme même lorsqu’il se cache derrière un sympathique folklore, n’a rien d’inoffensif ni d’innocent. En jouer afin d’asseoir son pouvoir est très dangereux. Partout en France et dans le monde, les liens entre les régionalistes/nationalistes et les groupes mafieux/fascistes/d’extrême droite sont très étroits ; ils ont les mêmes intérêts et revendications et usent des mêmes méthodes violentes. Ils ont aussi en commun d’être grassement subventionnés par les instances européennes, par l’État national (dont une des devises préférée est « Diviser pour régner ») sans oublier les collectivités territoriales.

    [1] Au deuxième tour, pour l’ensemble du pays : 41,59 % d’abstention, 2 à 4 % de votes blancs ou nuls auxquels il faut ajouter environ 3 millions de non inscrits, soit un peu plus de 6 % du corps électoral.

    [2] « Toute la nuit, chants corses et coups de fusil ont résonné dans les rues de Bastia, Ajaccio ou encore Corte. » France 3, 15 décembre 2015

    [3] Ce n’est pas le seul endroit. Les agressions racistes ou religieuses se répandent sur le territoire mais certaines attirent plus que d’autres l’attention. Notons que si en Bretagne c’est le PS qui a gagné la région, dans la rue il en est tout autrement. La première manifestation xénophobe violente qui a eu lieu en France après les attentats de novembre est apparue à Pontivy, organisée par le mouvement Adsav (c’est-à-dire «  renaissance  » en breton). Il n’y a pas de hasard. La Bretagne – et Pontivy en particulier - est un des lieux ou l’ethno-régionalisme est le plus fort.

    [4] La liste Siméoni-Talamoni n’a obtenu que 35,34 % des suffrages exprimés (soit très légèrement moins qu’en 2010 ou elle faisait 35,73). La Corse étant la région où l’on vote le plus, il n’y a eu que 32,97 % d’abstention. Au total, La liste nationaliste représente donc 24,74 % du corps électoral. Elle doit son arrivée au pouvoir à la « prime » de 9 élus attribuée à la liste majoritaire.

    [5] Du fait de son statut particulier. Gilles Simeoni est président de l’exécutif et Jean-Guy Talamoni de l’assemblée.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • N’« Imagine  » même pas !
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article795#outil_sommaire_1

    En #Corse, c’est connu, on aime chanter. Mais pas tout. Pas « Imagine », par exemple. Figurez-vous qu’à Prunelli-di-Fiumorbu, sympathique village de 3 400 habitants, deux institutrices (des « continentales » sans doute) n’avaient rien trouvé de mieux que de vouloir faire chanter le tube de Lennon à la fête de l’école, le 26 juin 2015, en cinq langues, celles parlées par des élèves de leurs classes : français, corse, espagnol, anglais et… arabe. Faire chanter un couplet en arabe à des élèves corses ? Crime de lèse-majesté ! D’où pressions et menaces contre les enseignantes qui ont du, face à l’ampleur de la vague raciste, annuler purement et simplement la fête de l’école par crainte d’agressions graves. Elles ont déposé des plaines, sans suite (personne ne doit connaitre les coupables, dans un village de 3 400 bonnes âmes). Quelques mois après, aux régionales, qui est arrivé en tête  ? La liste indépendantiste, raflant 48,61 % des voix, un de ses meilleurs scores.

    En Corse, on aime chanter. Et des fois, on chante n’importe quoi. Le « Dio vi salve Régina » (« Que Dieu sauve la Vierge »), par exemple. Lors de la première session de l’Assemblée de Corse, cette chanson catholique (qui n’a jamais été un hymne régional) a été entonnée par les élus, tous debout en marque de respect.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • #Goodyear : une répression éhontée
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article792

    En 2007, la multinationale Goodyear-Dunlop, pour augmenter ses bénéfices (cette année-là, cette société avait dégagé au plan mondial plus de un milliard de dollars de gains !) demande aux salariés de ses deux sites amiénois de travailler plus longtemps et d’augmenter les cadences, avec en particulier la mise en place d’une organisation du travail en 4x8 au lieu des 3x8 en usage jusque-là. Ces horaires, très dommageables pour la santé des salariés, permettent de mieux rentabiliser l’outil de travail.

    Lors d’un référendum, les salariés marquent leur nette opposition à ce projet. Mesure de rétorsion : peu de temps après, la direction décide de licencier 402 employés. La CGT, premier syndicat dans la boîte, conteste ce plan devant les tribunaux et obtient son annulation.

    Rebelote deux ans après. En 2009, la direction remet ça et avance un plan (dit) social qui prévoit 817 licenciements. Ce plan est lui aussi refusé par les tribunaux.

    Pendant toute cette période de conflit, Goodyear stoppe tout investissement dans son usine et la productivité, de ce fait, se dégrade.

    Le 31 janvier 2013, la direction annonce la fermeture de l’usine et le licenciement de tous les salariés. Le tout en subissant les calomnies du PDG de Titan, supposé repreneur, qui se permet d’écrire dans une lettre officielle au ministre du Redressement productif, le 8février 2013, qu’il a visité qu’il a «  visité plusieurs fois  » l’usine d’Amiens-Nord et que «  Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et le déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France.  ». Bref, qu’il s’agit de «  soi-disant ouvriers  ».

    Des propos totalement inacceptables que le PDG de Titan a pu répandre dans la presse alors que les conditions de travail de Goodyear sont particulièrement pénibles. Outre les horaires décalés, les ouvriers manipulent des charges lourdes dans une atmosphère saturée de HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques, du fait de l’utilisation de noir de carbone pour la fabrication du caoutchouc) et cela sans protection particulière pendant des années. Or, les HAP font partie de la famille des produits cancérogènes.

    Les 6 et 7 janvier 2014, quelques jours avant la fermeture définitive des portes, plusieurs dizaines de salariés, pleins de colère et d’amertume retiennent, sans violences physiques, en présence de journalistes, 2 directeurs dans leurs bureaux puis les relâchent au bout d’une trentaine d’heures. Dans un premier temps, la direction de l’usine et les cadres concernés, portent plainte puis, dans un deuxième temps, ils retirent cette plainte. C’est donc en fin de compte à la demande du seul ministère public (c’est-à-dire de l’État) que le procès est maintenu.

    Le 12 janvier 2016, un tribunal condamne huit travailleurs de l’usine Goodyear d’Amiens à 24 mois de prison dont 9 fermes, soit un total de 192 mois de prison dont 72 fermes !

    Le procureur voulait une peine exemplaire ; il l’a eue car c’est la première fois depuis plus de 50 ans que des travailleurs défendant leurs emplois sont condamnés pour des faits de cette nature.

    Faisons les bilans

    côté patron :

    Sur le plan légal : par deux fois, Goodyear a cherché à licencier massivement des salariés. Par deux fois, ces licenciements sont déclarés illégaux par des tribunaux. Qu’à cela ne tienne, laissant volontairement pourrir l’outil de travail, en 2013 Goodyear licencie finalement 1143 salariés en toute tranquillité.

    Aucune condamnation.

    Sur le plan financier : la santé de Goodyear (qui a délocalisé en Russie ce qu’il faisait à Amiens) est florissante. En 2015, il a dégagé 2,5 milliards de dollars de bénéfices, ce qui lui a permis de verser 800 millions de dollars aux actionnaires.

    côté salariés :

    Sur le plan humain : fin 2015, le bilan humain se chiffrait comme suit : 12 morts (dont 3 suicides, 9 morts prématurées par maladie). Pour les vivants, si l’on ôte les 130 retraités et les 120 ex-salariés qui ont trouvé un CDI, il reste 881 personnes dans la précarité ou la misère, qu’elles soient en CDD, en intérim, qu’elles tentent de vivoter plus ou moins après avoir créé leur «  entreprise  » artisanale, ou encore pour une écrasante majorité (environ 700 personnes) qu’elles pointent au chômage.

    Sur le plan légal : huit salariés, copieusement calomniés par un patron, ont été condamnés à un total de 192 mois de prison dont 72 fermes pour avoir retenu deux directeurs 30 heures chacun.

    Soit plus d’un mois de prison ferme pour chaque heure de rétention d’un directeur.

    A titre de comparaison, au moment du procès des salariés de Goodyear, la marchande de sommeil, propriétaire de l’hôtel Paris-Opéra dont l’incendie en 2005 avait tué 24 êtres humains, dont 11 enfants, était jugée responsable par la Cour d’appel de Paris et condamnée à deux ans de prison ferme.

    Soit un mois de prison par être humain brûlé vif ou écrasé au sol en tentant de s’échapper.

    Vous avez dit « #Justice » ?

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • Variations sur la critique du nucléaire « Les Amis de Némésis
    http://www.lesamisdenemesis.com/?p=1515#fn-1515-2

    Pour ce site, l’année 2016 commencera par une publication muséographique.

    Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, le cœur du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl s’était mis à fondre, causant une catastrophe de dimension mondiale.

    En septembre de la même année, le manuscrit du livre Tchernobyl, anatomie d’un nuage était achevé, un texte dont Guy Debord écrivit :

    « J‘ai lu ton manuscrit en un jour, aussitôt que je l’ai reçu, au tout début d’octobre, et je l’ai renvoyé dès le lendemain à Floriana, en lui conseillant de le publier au plus vite. Je lui ai envoyé cinq ou six observations à te transmettre, mais qui ne concernent que des vétilles. Vu le sujet, et l’urgence, je crois que tu ne dois même pas perdre de temps pour resserrer, stylistiquement, de peut-être deux ou trois pages sur l’ensemble ; ce qui donnerait ici ou là un peu plus de force. Mais tu as très bien dit qu’il ne peut y avoir un style approprié quand il s’agit de parler de telles choses. Dont la force plus grande sort de ces pages, hélas, d’une manière terrifiante. C’est le premier texte typographique qui ne devrait pas être évalué en cicéros, en points, en signes ; mais en becquerels !

    Je ne vois aucune incompatibilité avec le texte de Semprun, qui est très brillant littérairement, mais qui parle d’une expérience malheureusement dépassée ; et qui aussi va beaucoup moins loin dans la théorisation de la perversion complète de toute l’ancienne méthodologie scientifique ; renversement qui clôt une période d’environ 500 ans (dont tout le monde, bien sûr, est plus ou moins imprégné pour longtemps encore). Il me paraît au contraire qu’il est bon que les Éditions Lebovici publient ces deux livres, faute d’en avoir trois. Ces Éditions, au moment malheureux où nous nous trouvons, apparaissent en somme comme le seul pôle de résistance générale au mensonge dominant. Il est nécessaire que la vérité profonde de l’énergie nucléaire y soit bien exposée » (lettre à l’auteur du 26 octobre 1986).

    Bien que publié avec un certain retard (en avril 1987), le livre fut néanmoins, sur un plan chronologique, la première publication consacrée à la catastrophe de Tchernobyl.

    Les recensements et réactions dans la presse furent peu nombreux. La Nouvelle Alternative, revue publiée de 1986 à 2007 et centrée sur l’Europe de l’Est, lui consacra notamment un article dans son numéro 7 de septembre 1987, de même que la revue Politique étrangère, en avril 1988.

    Un groupe de réflexion réuni autour de Charles Reeve (Jorge Valadas), publiant à cette époque une revue confidentielle nommée Les cahiers du doute, écrivit un article assez détaillé sur le livre, méritant une réponse de l’auteur. C’est cette réponse, intitulée Variations sur la critique du nucléaire et communiquée à l’époque aux Cahiers du doute, que nous présentons dans sa version originale, et qui peut figurer comme prolongement de la réflexion entamée dans le livre. Quant à l’article des Cahiers du doute, malheureusement nous n’en disposons plus, mais nous sommes bien sûr prêts à le mettre en ligne également, si quelqu’un en possédait toujours un exemplaire.

    http://www.lesamisdenemesis.com/wp-content/uploads/2016/01/Variations-sur-la-critique-du-nucl%C3%A9aire.pdf

  • Réfugiés syriens : à Toulouse, on rase gratis...
    https://iaata.info/Refugies-syriens-a-Toulouse-on-rase-gratis-980.html

    Afin d’éviter que les familles syriennes, installées à Toulouse depuis plusieurs mois, ne se sentent pas trop les bienvenues, certains promoteurs et bailleurs sociaux n’hésitent pas à raser purement et simplement des habitations occupées par des (...) — CôtéToulouse, pétition en ligne, l’article avec les photos ici

  • Comme un roman : #Enric_Marco, l’imposteur

    Décidément, nous devenons des sujets de roman. Après «  Pas pleurer  » (Lydie Salvayre) prix Goncourt 2014, un ouvrage a été nominé cette année pour le Fémina et le Médicis (même s’il n’a finalement obtenu ni l’un ni l’autre). Il s’agit de «  L’imposteur  » , de #Javier_Cercas (1).

    Dix ans après le scandale qui a défrayé la chronique, Javier Cercas revient sur l’affaire en un long «  roman-enquête  » dont l’objectif avoué est de démêler le vrai du faux. Au cours de nombreux entretiens avec la «  rock-star de la mémoire  » , l’auteur va tenter d’établir une biographie réelle, bien loin de la vie rêvée et héroïque de Marco (2).

    Rappelons brièvement les faits et le contexte.

    Alors qu’en Espagne se dessine depuis quelques années un fort mouvement pour la dénonciation des crimes franquistes (que la «  transition démocratique  » a délibérément laissés de côté) et qu’une partie de la population se mobilise pour l’exhumation de la «  mémoire historique  » , le 11 mai 2005 éclate un scandale particulièrement énorme : le président de l’Amicale de Mauthausen (qui regroupe les anciens déportés espagnols survivants des camps nazis), Enric Marco Batlle, le très célèbre et très médiatique pourfendeur du nazisme (honoré et décoré) qui a donné des centaines de conférences sur la déportation dans les écoles et les lycées, qui, le 27 janvier 2005 avait prononcé, devant les parlementaires espagnols réunis, un discours profondément émouvant en hommage aux 9 000 «  républicains  » assassinés dans les camps et qui devait inaugurer très solennellement avec le Premier ministre Zapatero le mémorial de Mauthausen, est publiquement accusé, et ce de façon irréfutable, de n’être qu’un imposteur, un escroc qui s’est inventé de toutes pièces un passé de déporté.

    L’homme, très charismatique, doté de dons oratoires certains, comédien talentueux et menteur exceptionnellement convaincant, intelligent, sympathique, hyperactif et débordant d’énergie n’en est pas à sa première escroquerie.

    En effet il a pu, en 1976, accéder au poste de secrétaire régional de la CNT de Catalogne, et en 1978, le voilà secrétaire confédéral pour toute l’Espagne (titres dont il est déchu, mais que, bien sûr, en 2005, les médias ne manquent pas de rappeler avec une évidente délectation). C’est bien sûr un passé fictif (lui aussi) d’héroïque résistant au franquisme qui lui a valu une popularité certaine au sein du mouvement libertaire en pleine reconstruction (Franco meurt en 1975) et qui compte, à côté de militants historiques, un grand nombre de nouveaux adhérents qu’il est facile de duper.

    Politiquement, idéologiquement, on voit bien tout le bénéfice que certains vont retirer de cette énorme escroquerie commise par un ancien secrétaire confédéral de la CNT (3)  : c’est, à la fois, un nouveau discrédit jeté sur le mouvement libertaire (déjà plombé par l’attentat de la Scala et les querelles internes) en même temps qu’un coup bas porté à tous ceux qui voudraient interroger le passé récent de la période franquiste, dans la mesure où – l’affaire Marco le prouve – même la déportation peut faire l’objet de manipulations et de mensonges.

    Mais le propos de Javier Cercas n’est pas à proprement parler politique. Son entreprise littéraire vise, entre au-tres, à établir une biographie non romancée de Marco, en démentant ses assertions par des documents, des témoignages ou en effectuant des recoupements qui contraignent le mythomane à reconsidérer à la baisse sa pseudo-vie héroïque. Bien que ses interviews contribuent à dévoiler ses diverses supercheries, Marco s’y prête volontiers, puisque cela le met, malgré tout, au centre de l’attention, en tant que sujet de roman, sous le «  feu des projecteurs  », chose qu’il aime par-dessus tout.

    Il ressort de ces entretiens que les mensonges de Marco comportent souvent une modeste part de vérité. Il a certainement été un jeune anarchiste enthousiaste, élevé dans un milieu ouvrier proche de la CNT (le père et un oncle étaient adhérents), il a peut-être participé aux côtés de son oncle aux journées de Juillet 36 (à l’âge de 15 ans) et, selon Cercas, sa présence est un temps avérée sur le front de la Sègre, dans les rangs de la 26e division. Prétendument blessé (rien n’est moins sûr), il regagne Barcelone en janvier 39 peu de temps avant la chute de la ville. On peut considérer que sa vie militante s’arrête là (il a 18 ans) et que, à l’instar de beaucoup d’autres, il va tenter de passer inaperçu pour échapper à la répression. En avril 1941 (il a 20 ans), convoqué par les autorités militaires pour régulariser sa situation, son passé ne semble pas avoir été connu et rien n’est retenu contre lui. Cercas attribue l’heureux résultat de cette convocation au génie de charlatan et d’embrouilleur hors pair de Marcos, mais on peut envisager aussi une autre hypothèse... En novembre 1941 (alors que l’armée ne l’a toujours pas appelé sous les drapeaux), Marco décide de s’engager comme travailleur volontaire pour l’Allemagne (salaire élevé). Il est embauché avec contrat par la firme Deutsche Werke Werft de Kiel comme mécanicien. Pour avoir tenu des propos séditieux auprès de camarades de travail, il est poursuivi pour haute trahison envers le IIIe Reich. Emprisonné à Kiel, il est libéré au bout de 7 mois, le procureur ayant abandonné les poursuites. Cercas s’interroge sur les raisons qui on pu pousser un procureur allemand à abandonner les poursuites, sans donner de réponse.

    C’est bien sûr cet emprisonnement à Kiel que Marco transformera en temps passé en camp de concentration, quand il se sera découvert une vocation tardive de déporté. A l’été 43, Marco rentre en Espagne.

    La version héroïque de sa vie est bien différente. La voici. Après avoir prétendument fait partie de l’UJA, éphémère groupe de résistance au franquisme démantelé à l’été 39, il aurait rejoint la France pour continuer le combat, se serait fait arrêter par la Gestapo et aurait été déporté à Flossenbürg (4) où il serait resté jusqu’à la libération du camp en 45.

    En réalité, de 1943 à 1975, Marco va mener la vie très ordinaire d’un sujet lambda sous la dictature (il subira quelques jours de prison pour vol en 1949 ; c’est ce qu’il transformera par la suite en activité libertaires antifranquistes). Il deviendra même, dans les années 60, un artisan mécanicien relativement prospère.

    Au tournant des années 70, son besoin irrépressible d’être admiré, reconnu, le conduit à construire le personnage de résistant antifranquiste qu’il prétend être. Un petit nombre de jeunes gauchistes issus de la bourgeoisie barcelonaise, éblouis par son passé glorieux vont contribuer à répandre sa légende dans certains milieux. A l’époque il se fait appeler Enric Durruti (il serait de la famille…), il aurait bien sûr fréquenté Quico Sabaté. Puig Antich aurait été de se ses amis…

    Comment un homme au passé antifranquiste plus que douteux et qui n’avait maintenu aucun lien avec la CNT pendant plus de 40 ans a-t-il pu obtenir un mandat confédéral  ?

    On peut regretter que Cercas évacue trop rapidement la thèse de la manipulation policière  ; cela dénote peut-être chez l’auteur une certaine naïveté politique. En effet, comment les services (spéciaux) de police auraient-ils pu «  rater  » un tel individu  ? Eux dont l’une des missions essentielles consiste à collecter les petits secrets gênants, les failles embarrassantes de tout un chacun et des militants en particulier (pour pouvoir les faire chanter au besoin) (5). Comment auraient-ils pu négliger d’exploiter un pareil filon  ? La construction du personnage s’est faite sans doute avec leur aval, en tout cas, aucune «  fuite officielle  » n’est venue démentir la fiction.

    Face au danger mortel que la reconstruction de la CNT représentait pour lui, l’Etat avait tout intérêt à encourager l’ascension d’un tel individu avide de reconnaissance et d’admiration, soucieux d’apparaître toujours au premier plan. Son narcissisme paroxystique en faisait un homme fragile et donc obéissant puisque, à tout moment, ceux qui savaient pouvaient détruire le personnage auquel il avait fini sans doute par croire quelque peu lui-même.

    Après avoir été écarté de la CNT (6), Marco sera un moment vice-président d’une association de parents d’élèves, mais il va bien vite retrouver la gloire et l’attention des médias en devenant la «  rock star de la mémoire  » . Ce sera son escroquerie la plus aboutie et la plus infâme sans doute.

    Cercas réfute l’idée de manipulation policière et attribue aux seuls «  mérites  » de Marco, excellent menteur, son incroyable ascension médiatique. Il voit aussi dans cette fable pathétique, la personnification, l’incarnation d’un désir «  a posteriori  » d’avoir appartenu à la résistance antifranquiste, les petits mensonges de beaucoup (beaucoup d’Espagnols arrangeront quelque peu leur biographie après la mort de Franco) entraînant en quelque sorte le gros mensonge d’un seul. Cette approche n’est pas sans intérêt, mais on peut penser plus prosaïquement que l’affaire Marco restera dans les annales comme l’exemple réussi d’une «  opération de déstabilisation  » à double effet  : décrédibiliser un mouvement d’opinion favorable au réexamen du passé franquiste et nazi, porter gravement atteinte au mouvement libertaire (7).

    L’affaire Marco, au-delà de son côté anecdotiquement tragique pose aussi le problème du mode d’organisation du mouvement libertaire. Une organisation pyramidale, quels que soient les garde-fous qu’elle tente de mettre en place pour se rassurer (mandats précis, révocabilité de principe,…), permet toujours, dans les faits, l’ascension d’individus malfaisants, qu’ils soient simples histrions ou infiltrés. L’horizontalité organisationnelle est de nature à limiter ce genre d’intrusion. Sans «  trône  » à conquérir, sans titre ronflant à exhiber, dans l’anonymat militant, les velléités des narcisses en puissance s’affaissent d’elles-mêmes, et même si une infiltration est toujours possible, l’activité que les infiltrés doivent déployer pour contrôler ou casser est infiniment plus coûteuse.

    1.- Sur cette triste affaire, nous avions publié dans «  Le Combat syndicaliste  » de Toulouse (N°92, , pages 18 et 19) l’article «  Un imposteur nommé Marcos  ». (N.B. : «  Le Combat syndicaliste  » est devenu «  Anarchosyndicalisme  !  » à partir de son numéro 101). L’article est consultable sur le «  Forum anarchiste  » , rubrique «  Histoire de l’anarchisme  » ou : http://forum.anarchiste.free.fr/viewtopic.php?f=5&t=9793&p=160856&hilit=marco#p160856 ainsi que sur http://seenthis.net/messages/414697#message414698

    2.- De son vrai nom Enrique Marcos, l’imposteur a catalanisé son nom en Enric Marco.

    3.- Si, quand il était à l’honneur, les médias n’ont jamais ressenti le besoin de rappeler que Marco avait été un des responsables de la CNT, une fois sa supercherie découverte, ils se sont précipités pour publier cette information. Par contre, ils ont tous, ou presque, oublié de mentionner qu’il avait été exclu de la CNT dès 1979 et qu’il avait été l’un des principaux fondateurs de la CGT. Deux «  détails  » certainement sans importance. La palme de la désinformation revenant au Monde dont l’éditorial (13 mai 2005) pouvait laisser entendre que Marco était toujours secrétaire national de la CNT.

    4.- Un des camps nazis les moins connus. Il faut être assez versé en histoire pour savoir que pas un seul des Espagnols qui y sont passés n’a survécu. Ainsi, Marco ne risquait-il pas de rencontrer le moindre témoin gênant.

    5.- C’est dans des archives ministérielles que l’historien qui a fait éclater l’affaire a trouvé, soigneusement rangé à sa place, le dossier concernant la vie de Marco dans les années 40. La police ne pouvait donc ignorer l’imposture.

    6.- Des militants de l’exil parmi les plus connus n’étaient pas sans interrogations sur le personnage, de même que des militants de l’intérieur. Ainsi, en 1984, Juan Gomez Casas, lui aussi ancien secrétaire confédéral, demandait publiquement, dans son ouvrage « Relanzamiento de la CNT, 1975/1979 » , « Qui est Marcos  ? » . Il concluait «  cet individu une fois parvenu, à force de mensonges, à obtenir la confiance des anarchosyndicalistes, n’a eu de cesse de les trahir  »

    7.- Par ses mensonges et ses tromperies, Marco fut un des principaux protagonistes de l’éclatement de la CNT et de la création d’une organisation concurrente (mais profondément réformiste derrière les couleurs d’usage) la CGT espagnole. Cette dernière continua à justifier son fondateur lorsque l’imposture fut découverte. Ainsi, «  Rojo y Negro Dijital  » , publication de la CGT, écrivait le 12 mai 05, sous la signature de Rafael Cid et sous le titre «  Moi non plus je n’étais pas à Mauthausen  » (ce dont on se doutait d’ailleurs) que Marco avait menti… «  par solidarité avec les victimes  » !

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • Marche des chômeurs - Non Fides - Base de données anarchistes
    http://www.non-fides.fr/?Marche-des-chomeurs

    https://www.youtube.com/watch?v=cduQgkQGSh8

    [La Marche des Chômeurs, (« Arbetloze marsh »), est un des plus importants chants révolutionnaires en yiddish durant l’insurrection de Varsovie. Il fut composé par Mordechaj Gebirtig, tué par les nazis en 1942 lors de la révolte du ghetto de Cracovie.]

    Une, deux, trois, quatre
    Nous sommes chômeurs
    Depuis des mois nous n’entendons plus
    À l’usine sonner nos heures
    Nos outils gisent froids et oubliés
    Et la rouille déjà les a rongés
    Et nous nous baladons dans les rues
    Comme les riches, sans rien faire,
    Comme les riches, sans rien faire.

    Une, deux, trois, quatre
    Nous sommes chômeurs
    Sans vêtements, sans foyer,
    Notre lit est de terre et de boue
    Si quelqu’un a encore quelque chose à manger
    Il le partage en petits bouts
    Nous buvons de l’eau
    Comme les riches boivent du vin
    Comme les riches boivent du vin.

    Une, deux, trois, quatre
    Nous sommes chômeurs
    Nous avons travaillé dur pendant des années
    Et trimé toujours plus pour construire
    Maisons, châteaux, villes et pays
    Pour un tas de flambeurs.
    Nous n’avons eu comme récompense
    Que faim, privations et chômage.
    Que faim, privations et chômage.

    Une, deux, trois, quatre
    Et ainsi, à présent, nous marchons
    Chômeurs, pas après pas
    Et nous chantons la chanson
    D’une nouvelle terre, d’un monde nouveau
    Où vivent des hommes libres
    Où personne ne sera plus sans rien
    Sur la nouvelle terre libre.
    Sur la nouvelle terre libre.

  • AIT-SP: organização anarco-sindicalista portuguesa: Solidariedade com Ali e todas as vítimas do Estado e do terror religioso
    http://ait-sp.blogspot.fr/2015/12/solidariedade-com-ali-e-todas-as.html

    Desde 13 de Novembro, a França está em «estado de emergência», durante o qual os protestos foram criminalizados e muitas pessoas foram detidas e sujeitas a prisão domiciliária. Uma deles é o nosso companheiro Ali da CNT- AIT, que foi colocado sob prisão domiciliar às 3:30 da madrugada de 28 de Novembro.

    A partir da Associação Internacional dos Trabalhadores, nós denunciamos fortemente as acções do Estado. Lembramos que são diferentes estados e fanáticos religiosos que estão lutando uns contra os outros para ganhar o controlo sobre as pessoas e dividi-las. Todos nós somos potenciais vítimas. Devemos unir-nos e derrubar os tiranos - todos os existentes e todos aqueles que o desejam ser.

    Abaixo o estado de emergência e viva a revolta internacional!

    Secretariado da Associação Internacional dos Trabalhadores

  • Fanatisme religieux et néoconservatisme (débat avec Patsy) - mondialisme.org
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article2410

    Depuis l’attentat de janvier 2015 contre Charlie Hebdo (et évidemment cela ne s’est pas arrangé avec les massacres de novembre 2015) pas mal de copains, de copines, de camarades et de compagnons se sont fâchés définitivement après des discussions très violentes sur certaines questions tournant autour de l’islam politique et du terrorisme djihadiste. Suite à une chronique de Patsy sur Alternantes un dialogue s’est engagé entre nous, et chacun a essayé de garder son calme malgré nos divergences. Voici le débat tel qu’il s’est déroulé par écrit entre nous.

    Y.C., Ni patrie ni frontières, 14/12/2015

    http://www.mondialisme.org/IMG/pdf/fanatisme_religieux_et_neI_ocons_deI_bat_.pdf

  • Arrogance sans bornes d’un parvenu : la leçon de morale de Stéphane Le Foll à une femme au #RSA
    https://www.slate.fr/story/111495/lecon-morale-stephane-le-foll-femme-rsa

    ...juste à côté de son bureau de vote, où elle aperçoit une jeune femme « d’un quart de siècle, et qui affichait une mine totalement dépitée ». Normal, chez cette jeune femme, tout était « au quart d’être bien », résume la chroniqueuse. Au #chômage, touchant le RSA, elle vit encore chez ses parents. Elle est venue voter sans enthousiasme, aucun des candidats ne la « faisant rêver », surtout pour sortir un peu de chez ses parents, pour se dire qu’elle a « une vie d’adulte, une vie normale, une vie de personne majeure ». « Je me demande qui a vraiment envie d’avoir 25 ans aujourd’hui », lâche l’inconnue, qui ne va pourtant pas voter FN, non, mais se demande quand même au bout d’un long silence si « faire barrage au FN va continuer longtemps à faire office de #projet_politique ». À la fin de sa chronique, Sophia Aram espère qu’on aura « mieux à offrir » à cette jeune femme pour la présidentielle « que de faire barrage au Front national ».

     
    Sur France inter, le #porte-parole_du_gouvernement a dit à une jeune femme au fond du trou parce qu’elle ne gagne rien et vit chez ses parents qu’elle n’a qu’à être heureuse parce qu’il y a des gens qui vivent dans des dictatures et des pays en guerre
    Alors Stéphane Le Foll prend la parole. Et c’est là que ça coince. Parce qu’au lieu de répondre à la question très juste posée par cette jeune femme au RSA, déprimée et plongée dans le #désespoir par la situation actuelle, Stéphane Le Foll lui fait une sorte de leçon de morale (cela commence à 1’58’’ dans le player ci-dessous).

     
    Il commence par reconnaître que le billet de l’humoriste est « assez percutant et assez juste ». Mais il ajoute immédiatement : « Et en même temps, j’ai regardé un reportage sur le Syrie avec des jeunes du lycée français de Damas. Ils disaient : “Nous, on sait ce que c’est d’être en guerre. On voudrait bien que chacun se préoccupe de la guerre qu’on subit.” » L’auditeur normalement constitué acquiesce forcément, mais se demande ce que vient faire la guerre en Syrie alors que l’on parle du chômage des jeunes de 25 ans.
    Tout s’explique quelques secondes plus tard (à environ 1’58’’50) :
    « C’est aussi ce message que je voudrais envoyer à la jeunesse. Que rien n’est jamais acquis. On peut avoir du désespoir, on peut être mélancolique, j’en ai parfaitement conscience, j’ai parfaitement compris. Mais de temps en temps il faut aussi regarder le monde tel qu’il est. Et que, dans ce pays, on a encore le choix d’être libre, d’avoir la capacité de s’exprimer, de voter, d’écouter de la musique, d’aller sur des terrasses, d’avoir toute cette liberté. Et je pense que c’est magnifique la liberté. La liberté, c’est fragile ».
    Et là, je sens que vous commencez à comprendre où je veux en venir. Car, si l’on résume, ce lundi 14 décembre, sur France inter, le porte-parole du gouvernement, celui qui est censé représenter la ligne de nos dirigeants, vient de dire à une jeune femme au fond du trou et en dépression parce qu’elle ne gagne rien, vit chez ses parents et n’arrive pas à conquérir son autonomie qu’elle n’a qu’à être heureuse parce qu’il y a des gens qui vivent dans des dictatures et des pays en guerre. C’est un peu le même genre d’argument que vous faisait votre grand-mère quand vous n’arriviez pas à manger votre soupe aux artichauts ou votre purée de brocolis : « Mange, il y a des petits Somaliens qui meurent de faim et n’ont qu’un grain de riz par jour à manger, tu devrais être heureuse. »

    #be_happy #oligarques_à_la_lanterne

  • Pour mettre fin aux destructions commencées par Toulouse-Habitat dans le HLM où vivent des #réfugiés_syriens aux Izards (portes et fenêtres arrachées par Toulouse-Habitat, - surveillance des destructions 24h/24 par des vigiles pour empêcher toute réparation) , les avocats qui assurent la défense des réfugiés ont déposé une demande de réquisition de ce HLM jusqu’ici inoccupé et en état tout à fait convenable.

    Une conférence de presse aura lieu sur place lundi 14 décembre à 11 heures, place Faons, #Toulouse (métro les izards, ligne B)

  • ---- #Exploitation ----------------------
    Mare de la profitation

    Chaque humain doit avoir l’accès inconditionnel à tout ce dont il a besoin pour vivre. Accéder ne veut pas dire posséder et encore moins abuser ou détériorer. Or notre société permet à quelques humains de s’approprier ces biens communs et d’en faire supporter l’usage aux autres habitants. Cette appropriation est un vol qui conduit au viol, à la souillure et à la mort de la nature.

    La destruction des terres commence déjà avec le jardinier du dimanche qui emploie massivement pesticides et engrais. Le paysan professionnel y ajoute hormones et antibiotiques, dont les animaux sont farcis. L’héritier transforme «  sa propriété  » en terrain de quad qui ravine les terres ou en terrain de golf, ruineux en eau. Les constructeurs bétonnent à-tout-va. Les marchands d’énergie, qui occasionnent déjà tant de dégâts avec les hydrocarbures, veulent imposer le gaz de schiste, etc.

    Les propriétaires de terres, s’estimant également possesseurs du sous-sol et des nappes phréatiques, creusent des puits et se livrent à des pompages trop importants. Même si certaines régies accordent la gratuité pour les premiers mètres cubes d’eau consommés, il n’en reste pas moins que, plus vous êtes gros consommateur d’eau, moins vous payez cher le litre. Lorsque la gestion de l’eau est confiée aux sociétés privées, il n’est pas difficile de comprendre qu’elles ne lutteront jamais contre le gaspillage ou la pollution, puisqu’elles tirent des bénéfices gigantesques du traitement des eaux usées. Chacun doit avoir droit à la quantité nécessaire à sa consommation (boisson, hygiène). Personne ne devrait pouvoir dépasser cette quantité. Et pourtant…

    Un touriste, dans un hôtel en Afrique, utilise pour son «  bien-être  » 7 à 10 fois plus d’eau qu’un habitant local n’en a pour arroser son champ et nourrir sa famille. Dans la réserve de Shaba, au Kenya, des pâturages ont été remplacés par une réserve de gibier autour de l’hôtel Savora Shaba. L’eau qui servait à abreuver les troupeaux est désormais détournée pour remplir l’énorme piscine de l’hôtel. Un parcours de golf dans un pays tropical engloutit chaque année une tonne et demie de pesticides et d’engrais et consomme autant d’eau que 60 000 habitants d’une zone rurale de ce même pays.

    Revenons ici. Depuis l’Etat jusqu’aux communes, les institutions délèguent une partie de leurs tâches à des prestataires de services. Il en est ainsi pour les déchets. Des camions remplis traversent parfois la France entière pour acheminer les déchets vers les recycleries. Où est la logique ? Essayez, pour tester, de comprendre le budget du traitement des déchets de votre commune, vous verrez que, généralement, il manque totalement de clarté.

    Le tri des déchets complique encore plus la vie des plus pauvres : si vous habitez dans un très petit logement, à l’étage parfois sans ascenseur, il vous faut trouver de la place pour 3 ou 4 poubelles. Puis descendre ces poubelles si vous êtes seule, avec un bébé - que vous ne pouvez laisser seul - dans les bras, si vous êtes handicapé ou simplement âgé et physiquement limité… dans chaque détail du quotidien, la vie des pauvres est un parcours du combattant.

    A l’heure ou l’énergie devient si chère, les pauvres sont, là encore, bien lésés. Comment payer isolation et système de chauffage performant ? Le mal-logement n’est pas un phénomène rare en France. Pourtant le gouvernement remet en cause le financement du logement par mutualisation et préfère défiscaliser le privé. Les fonds du «  livret A  » sont maintenant ponctionnés par Bercy au lieu de revenir au financement du logement social comme cela était prévu.

    Cependant l’énergie ne semble pas manquer aux services de renseignements et de marketing qui utilisent des supercalculateurs pouvant dépasser la barre du pétaflop (capables de calculer un million de milliards d’opérations par seconde). Les plus gros d’entre eux dévorent entre 5 et 10 mégawatts par heure, soit la consommation d’une ville moyenne.

    Le PAUVRE, lui, subit toutes les souffrances infligées par le régime des possédants. C’est un cercle vicieux qui commence par l’éducation : plus on est pauvre, moins l’école vous aide à vous en sortir. Moins vous avez bénéficié d’années d’études qualifiantes, plus votre travail est pénible et mal payé. Moins vous êtes payé, moins vous avez accès à la santé et moins vous pouvez jouir de temps de retraite.

    Le pauvre ne coûte pas cher à la société mais enrichit les patrons et les banques. Ces dernières ont récolté l’année dernière 27 milliards d’euros en «  frais de découvert  ». 27 milliards d’euros volés à des personnes qui manquaient déjà du nécessaire.

    La vie du pauvre n’a aucune valeur face au marché. Pour le commerce, les dirigeants déclarent des guerres que les médias essaient de nous présenter comme justes. Les morts sous les bombes - ou pour cause de misère - n’ont aucune importance. Les morts au travail pour le profit des patrons et spéculateurs n’ont pas non plus les honneurs de la presse et les 1 277 morts annuels d’accident du travail ou de maladie professionnelle (plus de trois travailleurs par jour) ne pèsent pas bien lourd.

    Aujourd’hui, les plus riches financent sans compter des recherches… pour «  bien vieillir  » , «  bien baiser  » , rester beau et en forme longtemps, longtemps… mais on n’éradique pas des maladies, aussi horribles que la lèpre (pourtant parfaitement guérissables), ni la faim.

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    Espérance de vie

    Angola : 38, 2 ans
    Zambie : 38,63 ans
    Lesotho : 40,38 ans

    Monaco : 89,57 ans

    En France, un cadre a 6 ans de plus d’espérance de vie qu’un ouvrier.
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    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • ---- #Exploitation ----------------------
    A votre #santé !

    Petite éruption de luttes sociales dans les cliniques privées  : celle des Cèdres à #Toulouse, la clinique de Gascogne à #Auch tout comme la clinique du Pont-de-Chaume à #Montauban.

    Ces luttes ont un point commun  : le refus de la dégradation des conditions de travail. Aux Cèdres comme à la clinique de Gascogne (30 jours de grève), la détermination des salariés à permis d’obtenir de notables améliorations.

    A la clinique du Pont-de-Chaume, deuxième établissement de santé du département (plus de 500 salariés) la lutte continue après 37 jours de grève.

    En 2010, une grève de 18 jours (la première dans l’histoire de la clinique) s’était terminée par un compromis bâtard et finalement par une stabilisation, un arrêt de la dégradation des conditions de travail (1). Cinq ans après, nous voici revenus au point de départ  : la clinique appartient désormais à un important groupe financier, propriétaire de plus de 80 cliniques, qui fait preuve d’une grande imagination (par exemple  : vente des bâtiments de la clinique à une SCI qui, en retour, facture à cette même clinique un loyer de 350 000 €, et «  Passez muscade  », comme on dit). Elle n’hésite pas, c’est un classique du genre, à augmenter la charge de travail des salariés (non-remplacement systématique des employés absents, augmentation du taux d’occupation des lits à effectif constant…) pour accroître ses profits.

    Le résultat a été une forte dégradation des conditions de travail des personnels soignants (d’où une augmentation du nombre des arrêts-maladie et des accidents du travail) ce qui nécessairement nuit à la qualité des soins prodigués aux patients. A l’appel de la CGT (seul syndicat présent) et en réponse à une ultime provocation de la direction (proposition de réformer l’organisation de la clinique pour améliorer la productivité des salariés en accroissant leur polyvalence  !) une assemblée générale des personnels a rédigé un cahier de revendications (amélioration des conditions de travail et augmentations salariales). Des débrayages furent organisés. Comme ils restaient sans effet, une assemblée du personnel décida alors la grève. Près de deux cents personnes essentiellement des membres féminins du personnel soignant (soit 80 % du personnel soignant de la clinique) dont une majorité non-syndiqués se lancèrent dans la lutte (à noter la très faible implication des personnels non-soignants – administratifs ou autres - voire même la non-participation de certains syndiqués CGT).

    Piquets de grève (très suivis et dynamiques), manifestations, opérations de sensibilisation sur l’espace public, information de la population,… malgré tous les efforts des grévistes et après trente-sept jours de grève la direction, arc-boutée sur ses prérogatives et soutenue de fait par la municipalité, refuse de plier. La lutte continue. Un point important à souligner  : certains grévistes ont fait part de leur étonnement d’être peu soutenus par la population, alors qu’ils se battent pour défendre aussi le droit pour tous à des soins de qualité.

    Une explication est que la grève est, depuis le début, conduite, dirigée exclusivement par la CGT, et la seule image que la population a des grévistes est celle des drapeaux cégétistes, le seul discours venant des grévistes est celui des responsables cégétistes de la clinique ou de l’Union départementale. Or, les prises de position très politiques de la CGT par rapport à Sivens (pro-barrage), par rapport au nucléaire et à la centrale de Golfech toute proche (pro-nucléaire), par rapport à la LGV Bordeaux Toulouse (pro-LGV), par rapport aux gaz de schistes (pro-gaz de chistes), etc., etc. sont connues de tous. On peut donc penser que beaucoup de personnes, pourtant de cœur avec les grévistes, refusent leur soutien pour ces raisons.

    La formation d’un comité de grève, réunissant CGT et non-syndiqués, permettrait de dépasser ce problème. Le cri de ralliement «  Tous ensemble, Tous ensemble  » entonné par les grévistes à chaque moment important de la lutte prendrait alors toute sa signification.

    Quoi qu’il en soit les salariés de la clinique du Pont-de-Chaume, confrontés à un patronat de combat, doivent plus que jamais être soutenus par tous ceux qui aspirent à plus de justice,d’égalité et de dignité.

    1.- Voir notre numéro 118 : http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article373

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • ---- #Exploitation ----------------------
    #Macron retour vers le futur : en route vers l’#auto-exploitation

    Il revient. Il récidive avec un nouveau projet de loi « fourre-tout ». N’en étant qu’à son annonce il est pour l’instant difficile d’en apprécier les contours exacts. Mais au vu de son index, nous pouvons penser qu’il sera au moins aussi volumineux et destructeur que le premir (imposé par un grand coup « d’article 49-3 » de la constitution). Il se propose d’attaquer l’économie numérique, la santé et les transports.

    Mais il ne se limitera pas à cela. Un autre point y sera abordé, et c’est celui qui nous retiendra ici : l’emploi. En effet, ce projet de loi envisage de flexibiliser d’avantage le marché du travail. Concentré autour des métiers manuels, ce projet devrait permettre à des personnes non qualifiées de s’établir en tant qu’artisans ou de micro-entrepreneurs. A l’heure actuelle, il faut en effet être détenteur d’un CAP ou faire valoir au moins trois années d’expérience professionnelle pour pouvoir s’installer à son compte. La loi «  Macron 2  » vise à créer un nouveau statut, celui de «  professionnel de proximité  » qui ne possèderait ni expérience préalable ni connaissances complètes dans son domaine professionnel.

    L’extraordinaire justification avancée par le ministère de l’Economie est que les deux conditions actuelles constitueraient d’insupportables barrières empêchant l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché du travail, alors qu’elles sont simplement des garanties de qualité pour les personnes qui ont recours aux services de ces professionnels. Là résiderait la grande cause du chômage des jeunes.

    Macron « oublie » que plus de 32 % des jeunes détenteurs d’un CAP ou d’un BEP en sont encore à la recherche d’un emploi 3 ans après l’obtention de leur diplôme  ! Ce n’est donc pas le manque de compétence qui fait le chômage !

    L’incompétence, vertu professionnelle

    De plus, Macron renverse la logique et fait de «  l’incompétence  » une valeur professionnelle sûre pour trouver du travail. Il est vrai que, au niveau du gouvernement, l’incompétence est une valeur des plus sûres pour arriver (et se maintenir) au pouvoir : une parfaite illustration nous en a été fournie par Mme Myriam El Khomri, ministre du travail, infoutue de dire combien il était possible d’enchaîner des CDD. Bon, mais une chose c’est de pérorer (et de se ridiculiser) à la télé, une autre est de remplir des tâches socialement utiles.

    Les motivations de ce projet de loi ne se trouvent donc pas – comme de bien entendu et en aucune façon - dans le souci de la jeunesse ou dans celui de la résorption du chômage ! Elles sont d’un tout autre ordre. Elles poursuivent le démantèlement des quelques protections offertes aux salariés par le Code du travail en s’appuyant sur un vieux mythe de l’économie néoclassique que les économistes à la solde du pouvoir présentent comme le saint-graal mais qui, dans la réalité, est catastrophique : la concurrence pure et parfaite (CPP).

    Pour comprendre ce à quoi aboutirait la régression que veut imposer la loi «  Macron 2  », le mieux est encore de prendre un exemple.

    Professionnel de proximité, un exemple

    Dans le bâtiment, il y a une trentaine de corps de métiers (maçonnerie, charpente, métallerie-serrurerie,…). Chacun remplit des tâches assez diversifiées qui sont plus ou moins pénibles et qui nécessitent plus ou moins de connaissances techniques, de savoir-faire.

    On peut d’abord isoler ces différentes tâches les unes des autres et on peut même, à l’intérieur d’une tâche, procéder à un fractionnement (comme ce qui s’est fait dans l’industrie et a abouti au travail à la chaîne). C’est ça, la grande idée de Macron : les fractions de tâche les plus pénibles et/ou les moins techniques seraient soldées à une « professionnel de proximité » qui serait, selon son statut, son « propre employeur » et qui travaillerait donc en tant que sous-traitant (la sous- traitance est devenue une plaie dans le bâtiment). Par exemple, en maçonnerie un « sous-traitant professionnel de proximité » pourrait très bien avoir une activité exclusivement limitée au transport des parpaings et des sacs de ciments sur tout un gros chantier. Cela quotidiennement, à longueur de journée, et sans aucune perspective d’évolution ou d’amélioration puisque, par définition (ou, pour être plus précis : du fait de son statut juridique et de son contrat de sous-traitance) il pourra être cantonné à cette tâche fastidieuse et pénible... jusqu’à ce qu’il n’en puisse vraiment plus ou qu’il subisse un grave accident de travail. Vous touchez ainsi du doigt la perversité de ce projet de loi rétrograde sous ses apparences de «  modernité ».

    En synthèse, plutôt que d’embaucher une personne en tant que salariée en CDI, de lui assurer un emploi stable, une progression de carrière, une couverture sociale ; les grandes entreprises du bâtiment passeront un contrat avec cette même personne que son statut «  d’auto-entrepreneur professionnel de proximité  » rendra encore plus fragile. Les grandes entreprises feront jouer la concurrence entre les «  professionnels de proximité  ». Ces derniers seront, les uns après les autres obligés de baisser leurs devis s’ils veulent travailler, puisque, dans la situation de concurrence atroce qui sera la leur, c’est le « devis le plus bas » (autrement dit le professionnel de proximité qui se serrera le plus la ceinture) qui emportera les miettes du marché (1). Et ce professionnel sera obligé de travailler sans relâche, bien au-delà de 35 ou 40 h. par semaine, et ce, probablement, pour ne même pas toucher le SMIC à la fin du mois. Etant « autoentrepreneur », il n’aura aucune protection sociale (ou presque). Il pourra être remercié à tout moment puisque rien n’interdit de passer des centaines de marchés successifs au jour le jour ou à la tâche. Bref, le fameux « auto-entrepreneur professionnel de proximité » sera avant tout un auto-exploité.

    1.- Et malheur à eux s’ils tentent de faire front commun : la loi a déjà prévu le délit d’entente illicite sur les prix. Derrière le statut clinquant et le «  rêve  » de devenir son propre patron, l’exploitation, atomisée, sera encore plus forte  !

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016