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(mastodon.iriseden.eu/@soler solertoyo.bsky.social https://twitter.com/SolerToyo) أنثوان

  • Les cours d’arabe en ligne enregistrent un « bond énorme » d’étudiants durant la guerre - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/les-cours-darabe-en-ligne-enregistrent-un-bond-enorme-detudiants-d

    « Avant le 7 octobre, 50 Israéliens s’inscrivaient chaque jour sur le site web, ce qui est beaucoup. Mais il y a eu un grand bond en avant après cette date, c’était incroyable à voir », a-t-il ajouté.

    (...)

    « La peur est devenue très importante », a-t-il admis, mais il a ajouté que beaucoup veulent apprendre « parce que nous devons commencer à mieux communiquer avec le monde arabe, avec les Arabes israéliens et palestiniens, ou encore avec les 24 pays arabophones qui nous entourent ».
    Graphique montrant l’augmentation quotidienne du nombre d’utilisateurs enregistrés sur madrasafree.com, site d’apprentissage de l’arabe parlé après le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

    Un « retour aux sources » pour les Israéliens juifs dont les origines familiales se trouvent dans des pays arabophones est également une motivation centrale pour beaucoup, a-t-il souligné. « Pour les Juifs, la langue et la culture arabes ont été mises de côté. Nous devions nous différencier pour créer le ‘nouvel Israélien’. »

    De nombreuses personnes qui avaient envisagé d’apprendre l’arabe avant le 7 octobre se sont soudain dit « c’est le moment », a-t-il ajouté.

    Madrasa, une organisation à but non lucratif qui propose des cours en ligne gratuits, est l’une des nombreuses plateformes Internet proposant des cours d’arabe parlé en Israël. Madrasa compte aujourd’hui quelque 150 000 utilisateurs enregistrés. Le domaine s’est considérablement développé au cours des dernières années, ce dont Sevitt s’attribue en partie le mérite.

    (...)
    Considérer la langue arabe « uniquement d’un point de vue militaire ou académique », comme le fait traditionnellement le système scolaire israélien, « est une erreur », selon lui.

    « L’apprentissage d’une langue modifie également votre façon de penser et de voir les personnes qui la parlent. Ce n’est pas seulement un outil pour connaître son ennemi », a affirmé Sevitt.

    Des renseignements de Tsahal à la technologie militante

    Le fait de venir d’un milieu militaire peut en réalité faire prendre conscience de la place que la langue arabe peut jouer dans la société israélienne, comme c’est le cas des fondateurs de Fanan Ledaber Aravit (« S’amuser à parler arabe »), une autre plateforme en ligne populaire pour l’apprentissage de la langue.

    Fanan, qui signifie en argot « s’amuser » ou « se détendre », a été créé en 2020 par un groupe de personnes qui avaient servi ensemble dans les unités de renseignements de Tsahal et qui, à la suite de leurs expériences, ont estimé collectivement qu’il était important que davantage d’Israéliens soient capables de comprendre l’arabe, a expliqué Liad, l’un des fondateurs, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille pour des raisons de sécurité.

    « Depuis le début, nous voulions enseigner aux gens à parler à un niveau avancé », a-t-il déclaré au Times of Israel par téléphone alors qu’il était en service de réserve. « Aujourd’hui, environ 20 à 25 % de la population est arabe, mais seulement 4 à 5 % de la population non arabe sait parler arabe. Cela ne peut pas continuer ainsi. »

    Fanan a également constaté une augmentation spectaculaire du nombre d’utilisateurs. « Avec cette guerre, l’intérêt s’est considérablement accru », a déclaré Liad, notant qu’après une baisse après le 7 octobre, « en décembre, il y a eu une énorme augmentation » et les inscriptions ont été multipliées par quatre.

    Un grand nombre d’utilisateurs sont des personnes orientées vers la carrière « qui pensent comme nous, qui veulent parler aux autres pour construire une société meilleure, ou qui veulent devenir officier et ont donc besoin d’apprendre l’arabe, ou encore qui veulent apprendre la langue de l’ennemi », a-t-il déclaré.

    Le site web fait payer les leçons « mais c’est assez peu pour le domaine. Dès le début, nous avons voulu permettre au plus grand nombre d’apprendre l’arabe », a déclaré Liad, en précisant que le site Web est un projet secondaire autonome pour les fondateurs.

    (...)

    Ces dernières années, l’apprentissage de l’arabe a connu un véritable essor, a ajouté Hasson. « Il y a un renouveau. Je pense que les gens se rendent compte qu’il est utile de communiquer, et beaucoup d’étudiants nous ont dit qu’ils étaient encore plus motivés depuis le début de la guerre. »

    Les stéréotypes concernant les Israéliens juifs qui veulent apprendre l’arabe – à savoir qu’ils sont soit des gauchistes purs et durs, soit qu’ils veulent travailler pour les différents services de sécurité – ne sont pas tout à fait exacts, a fait remarquer Hasson, comme l’ont fait les autres éducateurs interrogés dans le cadre de cet article.

    Les étudiants du JICC « représentent toute la gamme », a-t-il insisté, y compris « des professionnels de la psychiatrie, des médecins, des infirmières, des employés municipaux et des universitaires », ainsi que des Israéliens qui vivent dans des communautés idéologiques dans les quartiers de Jérusalem-Est « et qui veulent parler avec leurs voisins ».

  • Une sécheresse critique s’installe durablement dans le bassin méditerranéen

    Du Maghreb à l’Italie, en passant par l’Algarve, dans le sud du Portugal, toute la côte est de l’Espagne, les Baléares, l’extrême sud de la France, la Sicile, la Sardaigne, Malte et jusqu’en Crète, le constat s’impose : la situation actuelle ne relève pas d’un épisode exceptionnel lié aux températures record – même si les trois derniers mois se distinguent comme l’hiver le plus chaud jamais enregistré à l’échelle mondiale –, mais d’un phénomène durable.

    [...]

    Après les températures extrêmement élevées qui ont marqué l’année 2023, 2024 débute dans des « conditions critiques » de #sécheresse dans le bassin méditerranéen, observent les scientifiques du Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC, selon son acronyme anglais) dans un rapport sur ce phénomène publié le 20 février. En s’appuyant sur les indicateurs de leur Observatoire européen de la sécheresse, fondé sur l’exploitation des images satellites du programme européen Copernicus, ils évoquent même un état d’alerte pour le sud et l’est de l’Espagne, le sud de la France, la majorité de l’Italie, Malte, Chypre, une partie de la Roumanie, de la Grèce et de la Turquie. Globalement, tout l’ouest du bassin méditerranéen est frappé de plein fouet. Le JRC insiste sur l’extrême gravité de la situation au Maghreb.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/18/une-secheresse-critique-s-installe-dans-le-bassin-mediterraneen_6222655_3244

    https://justpaste.it/e1up1

    #eau #Méditerranée

    • Face à un déficit en eau historique, « on risque de voir l’agriculture sicilienne mourir »
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/18/face-a-un-deficit-en-eau-historique-on-risque-de-voir-l-agriculture-sicilien

      L’île italienne souffre d’un déficit pluviométrique depuis plus de six mois. Le manque d’eau est tel qu’il menace la survie économique de nombreuses exploitations agricoles. Des orangeraies aux élevages bovins, la Sicile fait face à un « désastre annoncé ».
      Par Allan Kaval (Lentini et Raguse (Italie), envoyé spécial)

      Au bord du chemin poudreux, les orangers ont soif. Leurs feuilles sont flétries et leurs fruits, minuscules. Alessandro Scire, producteur d’agrumes dans la plaine de Catane comme son père et son grand-père avant lui, sort son couteau suisse et coupe une petite orange gorgée de sucre, de la taille d’une mandarine. Elle a beau être délicieuse, elle serait invendable. Le manque d’eau, sévère en cette fin d’hiver sicilien, a engendré des fruits nains, de taille non conforme aux calibres de commercialisation et aux habitudes des consommateurs, mettant en péril toute la filière des agrumes.

      Legs de la période islamique de l’île, entre les IXe et XIe siècles, exploités massivement au XIXe siècle à destination des marins pour éloigner le scorbut, bientôt exportés à travers le monde et faisant la fortune de premiers mafieux, les orangers, citronniers et mandariniers siciliens plongent leurs racines dans les profondeurs de l’histoire insulaire. Leur avenir est désormais menacé alors que la région affronte la pire #sécheresse_hivernale depuis que les mesures météorologiques ont commencé à être prises, en 1921.

      « Nous sommes en colère et émotionnellement éprouvés mais il n’y a rien à faire contre les forces de la nature », déplore, amer, M. Scire, 42 ans, propriétaire de 80 hectares d’orangers, soit environ 40 000 arbres dans une exploitation voisine. « C’est un désastre qui avance et avance et avance… » Les oranges seront probablement abandonnées sur l’arbre. Trop petites pour le commerce, elles pourraient intéresser les industries de transformation, mais selon l’agriculteur, les prix d’achat qu’ils imposent seraient inférieurs aux coûts de production. Les fruits continueront alors à peser sur les branches et à affaiblir l’oranger. De fait, la question n’est plus tant de savoir comment limiter les dégâts pour la récolte de cette année, mais bien de savoir comment les arbres vont survivre à l’été.

      https://justpaste.it/ea6ep

      #agriculture #Sicile

    • Le nord-est de l’Italie subit une sécheresse précoce
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/02/27/le-nord-est-de-l-italie-frappe-par-une-secheresse-precoce_6163533_3244.html

      Par Olivier Bonnel (Rome, correspondance), le 27 février 2023
      Canaux asséchés à Venise, pénurie d’eau potable… la région connaît une sécheresse persistante, de Venise au Piémont. Le ministre de l’environnement a même mis en garde contre de possibles rationnements.

      Des gondoles échouées dans des canaux asséchés à Venise… L’image, spectaculaire, a beaucoup circulé. Causé par les marées basses qui touchent la ville en cette saison et accentué par les hautes pressions anticycloniques auxquelles les Vénitiens sont habitués, le phénomène n’est pourtant pas lié à la sécheresse persistante qui touche le nord-est de l’Italie.

      [...]

      Selon les relevés pluviométriques de l’agence régionale de prévention et de protection de l’environnement, il est tombé seulement 0,5 millimètre de pluie en Vénétie au cours des quinze premiers jours de février, alors que la moyenne saisonnière est d’ordinaire de 60 millimètres.


      Marée basse à Venise (Italie), le 18 février 2023. LUIGI COSTANTINI/AP


      Le pont de la Becca, sur le fleuve Pô, non loin de Linarolo (Italie), le 21 février 2023. PIERO CRUCIATTI/AFP

      https://justpaste.it/e743c

    • En 2023, une sécheresse sans fin dans les Pyrénées-Orientales
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/12/29/en-2023-une-secheresse-sans-fin-dans-les-pyrenees-orientales_6208256_3244.ht

      Fin décembre, l’aquifère de la plaine du Roussillon reste « extrêmement dégradée, avec des niveaux très bas ». Une situation préoccupante, qui fragilise notamment les secteurs du tourisme et de l’agriculture.
      Par Stéphane Foucart, le 29 décembre 2023


      La retenue de Vinça, dans les Pyrénées-Orientales, le 9 décembre 2023. ED JONES/AFP

      Dans les Pyrénées-Orientales, l’année s’achève comme elle a commencé : sans pluie. Selon les données provisoires de Météo-France, le département a connu une sécheresse record, plus sévère encore que celle de 2022 – année qui avait été déjà la moins arrosée de l’histoire des relevés. Ce déficit de précipitations est une caractéristique forte de la Catalogne française, où il n’y a pas eu de températures plus inhabituellement élevées que dans le reste du territoire français.

      « Sur l’ensemble du département, le bilan des précipitations est catastrophique, avec des stations qui ont souvent cumulé la moitié, voire moins, des niveaux normaux », précise Tristan Amm, prévisionniste à Météo-France. A Perpignan, par exemple, le cumul de pluies atteint 250 millimètres (mm), soit près de 20 % de moins que le record de 2022, à 305 mm de cumul. « Pour donner une idée de ce que cela représente, il faut savoir que la moyenne 1991-2020 se situe à 571 mm de cumul par an sur Perpignan, détaille M. Amm. Le record de précipitations sur la ville a vu un cumul de 222 mm en une seule journée, le 12 novembre 1999. » Soit presque autant en vingt-quatre heures que sur l’ensemble de l’année écoulée…

      Un « rail des dépressions »

      Même les pluies exceptionnelles de l’automne n’ont pas profité à la plaine du Roussillon et au massif des Aspres. « Entre mi-octobre et mi-novembre, la France a été balayée par une succession quasi ininterrompue de passages pluvieux, favorisée par un “rail des dépressions” sur le proche Atlantique (…), explique Météo-France, dans son bilan provisoire. Jamais de telles quantités de pluies n’avaient été mesurées en trente jours consécutifs, à l’échelle du pays. Localement, les cumuls ont approché 900 mm dans le Massif central, 800 mm dans les Vosges, 500 mm dans le Pas-de-Calais, 400 mm en Poitou-Charentes, alors qu’ils n’ont pas dépassé 25 mm à Perpignan. »

      Au 1er décembre, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), constatait dans son bulletin que l’aquifère de la plaine du Roussillon était toujours « extrêmement dégradée, avec des niveaux très bas » et que « la recharge ne sembl[ait] pas avoir débuté ». En tout état de cause, l’année à venir sera elle aussi marquée par les difficultés, en particulier pour le secteur agricole, dominé dans le département par l’arboriculture et la viticulture. « Il semble difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves des nappes du Roussillon d’ici au printemps 2024 », note le BRGM.

      L’une des questions posées par ces deux années de sécheresse est celle du lien avec le changement climatique – et donc la possibilité de voir l’aridité devenir structurelle dans la région. « Les modèles climatiques ont du mal à simuler ce qui pourrait se produire dans l’avenir à d’aussi petites échelles que celle d’un département, explique M. Amm. Mais on a de bonnes raisons de penser que le réchauffement va rendre plus probables des sécheresses plus intenses et plus longues, mais aussi des épisodes de précipitations extrêmes. » Une oscillation entre extrêmes qui est, déjà, l’une des caractéristiques climatiques des contreforts méditerranéens des Pyrénées.

      Fort Impact sur la viticulture et l’élevage

      Le tourisme et l’agriculture font partie des secteurs les plus touchés. « Nous sommes depuis deux ans dans une situation extrêmement compliquée, avec des rendements faibles dans la plupart des secteurs, mais surtout dans les cultures non irriguées, résume Bruno Vila, arboriculteur et responsable local de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles. En particulier, la viticulture est très touchée ; la situation étant aggravée par l’état du marché. L’élevage est aussi énormément affecté : sur le département, nous avons beaucoup de fermes extensives autonomes en fourrage. La sécheresse a fortement réduit les réserves et, dès janvier, les exploitants devront acheter du fourrage pour nourrir leur cheptel. »

      Durant le printemps, les milieux agricoles ont affronté des associations écologistes désireuses de voir restreint le pompage dans les rivières, menacées d’assèchement. Le débit réservé de la Têt, par exemple, a été au centre de nombreuses polémiques arbitrées par la préfecture.

      « Tout au long de l’année, nous avons dû discuter avec tous les acteurs du territoire, pour fixer des niveaux de restrictions que nous pouvions imposer à tel ou tel, sans mettre en péril la survie économique des activités, explique-t-on à la préfecture. Nous avons aussi accéléré la mise en place des mesures d’adaptation, telle la récupération des eaux usées pour certains usages comme l’arrosage ou le nettoyage de la voirie… Il y a aujourd’hui sept stations d’épuration habilitées, dans le département. »

      Les restrictions d’usage ont aussi été l’occasion d’inciter les secteurs économiques à investir dans des infrastructures et des systèmes moins gourmands en eau. « Pour l’agriculture, nous avons par exemple modulé les restrictions en fonction des systèmes d’irrigation, en favorisant les plus économes comme le goutte-à-goutte, précise-t-on à la préfecture. Nous avons aussi incité les campings et les hôtels à mettre en place des systèmes de récupération des eaux de lavage de filtre de piscine, de manière que chaque litre d’eau serve deux fois. »

    • Stress hydrique : comment la vallée du Rhône fait face
      https://www.lemonde.fr/le-monde-et-vous/article/2023/12/11/stress-hydrique-comment-l-auvergne-rhone-alpes-fait-face_6205214_6065879.htm

      Le déficit en eau, la hausse des températures et la multiplication des épisodes extrêmes placent le bassin rhodanien dans une situation climatique préoccupante.
      Par Richard Schittly (Lyon, correspondant), le 11 décembre 2023.

      C’est arrivé sans prévenir. Le 27 juillet 2022, dans le petit village de Clansayes, dans le sud du département de la Drôme. D’un coup, plus rien n’est sorti des robinets. Une coupure soudaine, généralisée. « Vous vous levez le matin et il n’y a plus d’eau du tout. Vous ne comprenez pas tout de suite ce qui arrive », raconte Maryannick Garin, maire du village de 600 habitants. Rupture de canalisation ? Beaucoup plus grave. En cherchant l’origine de la coupure, la municipalité se rend compte que le niveau de la nappe phréatique a trop baissé à cause de la sécheresse qui dure depuis des mois. Les pompes ne parviennent plus à puiser dans la source qui alimente depuis toujours la commune.
      « C’est un choc énorme. On se sent vulnérable, tout le monde comprend à quel point l’eau est précieuse », témoigne l’élu, (...)

      La hausse des températures va nécessiter de modifier le fonctionnement des quatre centrales nucléaires situées sur les rives du fleuve et de leurs dix-huit réacteurs. Objectif : limiter les rejets d’eau des circuits de refroidissement en périodes trop chaudes. Le ralentissement de la production l’été doit notamment concerner les trois centrales qui fonctionnent en circuit ouvert. Cette seule question des centrales nucléaires donne la mesure des efforts à accomplir : passer en circuit fermé deux centrales nucléaires suppose des travaux d’un coût d’un milliard d’euros.

      https://justpaste.it/edhxo

      #nucléaire

      Au Maroc...
      https://seenthis.net/messages/1038678

      edit 37,2° à Agadir le 7 mars 2023
      https://seenthis.net/messages/1046464
      c’était déjà le cas en février
      https://seenthis.net/messages/1041773

      #canicule #climat #désertification

  • #Mines au #Maroc : la sinistre réalité du « #cobalt responsable »
    https://reporterre.net/Mines-au-Maroc-la-sinistre-realite-du-cobalt-responsable
    #amazigh

    À 120 kilomètres au sud de #Ouarzazate, bordée par les collines de l’Anti-Atlas, immensité aride où paissent de maigres chèvres, la route sert autant aux charrettes de foin tirées par des ânes qu’à la course des camions chargés de cobalt qui transitent vers #Marrakech.

    Debout, en casquettes et en tongs, ils sont un petit groupe à attendre le minibus pour aller prendre leur poste. Âgés de 20 à 40 ans, Osmane [], Idir [] et les autres sont mineurs de fond, employés en sous-traitance dans la mine de #Bou-Azzer, filiale de Managem, grande #entreprise_minière du pays et propriété de la famille royale #marocaine.

    En langue #tamazight, ils décrivent le boulot. Huit heures par jour, à 300 voire 500 mètres de fond, 20 minutes de pause à midi. Dans les galeries, ils poussent des wagons de #minerai d’une tonne sur 1 à 2 kilomètres. Pour abattre le gisement, ils posent des explosifs à la main et, munis d’un marteau-piqueur pesant 25 kg, forent la #roche dans un nuage de poussière.

    [...]

    ##grève Torture et #prison ferme
    Omar Oubouhou, syndicaliste à Ouarzazate et membre de l’AMDH, raconte : « J’ai été arrêté en 2012 après un #sit-in devant l’administration de la mine, emprisonné pendant douze jours et torturé à la gendarmerie avec quatre camarades. J’ai été envoyé à l’hôpital de Ouarzazate où le médecin a refusé de me donner un certificat. L’avocat a demandé une contre-visite, mais ce sont des médecins accompagnés du commissaire qui l’ont faite. » Au tribunal, où il a comparu avec ses blessures, Omar Oubouhou a reçu six mois de prison ferme pour « entrave au #travail ».

    Selon Hamid Majdi qui relate ces événements dans son livre paru en 2021 [3], la Managem a fait pression au plus haut niveau pour se débarrasser du syndicat. « En 2013, raconte-t-il, la direction nationale de la CDT nous a lâchés : du jour au lendemain, nous avons été démis de nos fonctions et nos bureaux d’Agdez et de Ouarzazate ont été fermés. »

    Hamid a compris pourquoi le jour d’une entrevue avec le Premier ministre : « Il a fait une gaffe et mentionné un accord conclu entre le gouvernement et le secrétariat général de la CDT ! Le gouvernement et la Managem avaient corrompu notre direction syndicale pour qu’elle se débarrasse du syndicat de Bou-Azzer. »

  • L’aménagement forestier, un fiasco franco-camerounais
    https://afriquexxi.info/L-amenagement-forestier-un-fiasco-franco-camerounais
    par #Fanny_Pigeaud

    Le #Cameroun, recouvert à 40 % de forêts tropicales qui fournissent aujourd’hui des produits de base traditionnels à environ 8 millions de personnes selon la Banque mondiale, devient au milieu des années 1990 le pays-pilote de ce modèle. Il n’a pas vraiment le choix : sous ajustement structurel, il y est contraint par ses bailleurs de fonds occidentaux, dont la France et la Banque mondiale. En 1994, le Cameroun est le premier État d’#Afrique_centrale à faire entrer dans sa législation le modèle d’#aménagement_forestier conçu par Paris.

    Le dispositif mis en place prévoit que l’État confie aux #entreprises_forestières, sous le régime de #concession et en général pour trente ans, de vastes superficies de forêts appelées « unités forestières d’#aménagement » (UFA). Chaque UFA couvre jusqu’à 200 000 hectares et est divisée en blocs qui sont exploités les uns après les autres, au fil des ans, sur la base d’un inventaire des #essences. L’objectif final : alimenter le marché mondial du bois. Quasiment tout ce qui sera extrait des UFA, bien souvent par des multinationales, quittera le pays.

    [...]

    Le temps a fini par faire tomber certaines croyances. « Quand la #sylviculture_tropicale moderne est née [au lendemain de la Seconde Guerre mondiale], on pensait que les forêts tropicales étaient beaucoup plus productives, que des cycles de coupe sur 30 ou 40 ans étaient suffisants pour une reconstitution durable sur le long terme du stock de #bois prélevé. Les données scientifiques dont on dispose aujourd’hui montrent que ce n’est pas le cas », explique Plinio Sist, écologue des #forêts_tropicales spécialisé sur l’Amazonie et chercheur du #Cirad.

  • Interview. Motaz Azaiza, photojournaliste gazaoui : “Que puis-je montrer de plus sur la guerre, pourquoi, pour qui ?”
    https://www.courrierinternational.com/article/interview-motaz-azaiza-photojournaliste-gazaoui-que-puis-je-m

    Il est le journaliste gazaoui le plus suivi sur Instagram, où il a couvert sans relâche la guerre que mène Israël à Gaza depuis le 7 octobre. Évacué vers le Qatar fin janvier, avec sa famille, Motaz Azaiza, 25 ans, reste encore aujourd’hui hanté par ce qu’il a vu sur place. Il a répondu aux questions de “Courrier international”

    [...]

    Je remercie toute personne essayant d’agir, mais nous avons d’abord besoin d’actions immédiates sur le terrain. Un pays [l’Algérie] a demandé [en février] à l’ONU d’agir, mais le projet de résolution a été immédiatement stoppé par un veto américain. Parfois, on a l’impression que c’est juste une manière pour l’ONU de faire croire qu’elle agit, alors que dans les faits, elle est impuissante.

    Les gens à Gaza sont extrêmement désespérés. Nous voulons une solution, que la guerre cesse. Dans les rues, les chats et les chiens dévorent les cadavres. J’ai décidé de partir quand j’ai compris que j’étais vraiment inutile. Que dois-je faire de plus, pourquoi, pour qui ? J’ai tout montré, et rien n’a changé.

    Nous avons peut-être sensibilisé les gens. Mais si vous aviez voulu savoir ce qui se passe à Gaza, vous l’auriez su [avant même le début de la guerre]. Personne ne se soucie des Palestiniens, sauf quand des crises surviennent et qu’Israël nous tue.

    [...]

    Nous remercions les gens qui manifestent [partout dans le monde], mais les gouvernements ont simplement choisi de soutenir l’État d’Israël, peu importe ce qu’il fait. Il y a deux poids, deux mesures. Lorsque des Palestiniens en viennent aux mains après des exactions commises par Israël en Cisjordanie occupée et à Jérusalem, on nous désigne comme terroristes, mais quand Israël tue des civils palestiniens, des enfants, des femmes et des jeunes, le monde s’en fiche.

    [...]

    https://jpst.it/3DqR3

    • À signaler pour la description de la situation subie par la population palestinienne, avant même la période actuelle : L’État d’Israël contre les Juifs Après Gaza Nouvelle édition augmentée, de Sylvain Cypel - Édition de La Découverte, qui est la réédition de mars 2024 d’un ouvrage initialement publié en 2020. La préface, écrite en janvier 2024, rend compte du contexte depuis le 7 octobre.

  • En Cisjordanie, les enfants palestiniens meurent aussi | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/130324/en-cisjordanie-les-enfants-palestiniens-meurent-aussi

    Depuis le 7 octobre 2023, les enfants de Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupées voient leurs droits encore plus malmenés qu’avant. « 128 enfants palestiniens » y ont été tués depuis cinq mois, indique Ayed Abu Eqtaish, de l’ONG Défense des enfants International.

  • Notation des allocataires : la CAF étend sa surveillance à l’analyse des revenus en temps réel – La Quadrature du Net
    https://www.laquadrature.net/2024/03/13/notation-des-allocataires-la-caf-etend-sa-surveillance-a-lanalyse-des-

    La délibération de la CNIL qui acte l’autorisation accordée à la CAF de ce renforcement sans précédent des capacités de surveillance de son algorithme de notation laisse sans voix12. Loin de s’opposer au projet, ses recommandations se limitent à demander à ce qu’une attention particulière soit « accordée à la transparence » de l’algorithme et à ce que… le « gain de productivité du dispositif » fasse l’objet d’un « rapport circonstancié et chiffré ». La violation de l’intimité des plus de 30 millions de personnes vivant dans un foyer bénéficiant d’une aide de la CAF est donc ramenée à une simple question d’argent…

    Nulle part n’apparaît la moindre critique politique d’un tel dispositif, alors même que cela fait plus d’un an que, aux côtés de différents collectifs et de la Défenseure des Droits, nous alertons sur les conséquences humaines désastreuses de cet algorithme. La CNIL alerte par contre la CNAF sur le risque médiatique auquelle elle s’expose en rappelant qu’un scandale autour d’un algorithme en tout point similaire a « conduit le gouvernement néerlandais à démissionner en janvier 2021 ». Une illustration caricaturale de la transformation du « gendarme des données » en simple agence de communication pour administrations désireuses de ficher la population.

    On relèvera également un bref passage de la CNIL sur les « conséquences dramatiques » du risque de « décisions individuelles biaisées » conduisant l’autorité à demander à ce que l’algorithme soit « conçu avec soin ». Celui-ci démontre – au mieux – l’incompétence technique de ses membres. Rappelons que cet algorithme ne vise pas à détecter la fraude mais les indus ayant pour origine des erreurs déclaratives. Or, ces erreurs se concentrent, structurellement, sur les allocataires aux minima sociaux, en raison de la complexité des règles d’encadrement de ces prestations13. Le ciblage des plus précaires par l’algorithme de la CAF n’est donc pas accidentel mais nécessaire à l’atteinte de son objectif politique : assurer le « rendement des contrôles ». La seule façon d’éviter de tels « biais » est donc de s’opposer à l’usage même de l’algorithme.

  • Le saigneur Bolloré a des comptes à rendre à l’Assemblée
    https://lesjours.fr/obsessions/l-empire/ep201-audition-bollore

    Ses apparitions sont trop rares pour ne pas sauter à pieds joints sur l’occasion : Vincent Bolloré parle. Après sa valetaille du groupe Canal+ interrogée il y a deux semaines une journée durant (lire l’épisode 200, « L’empire Bolloré exposé façon puzzle à l’Assemblée ») et en attendant, demain jeudi 14 mars, l’audition de son bouffon Cyril Hanouna, c’est à lui de prendre la parole, auditionné pendant deux heures par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la télévision numérique terrestre (TNT). Officiellement, Vincent Bolloré est entendu en sa qualité d’actionnaire majoritaire de Vivendi (à près de 30 %), elle-même proprio de Canal+ qui détient les autorisations d’émettre de C8 et CNews. Et ces dernières, au casier singulièrement lourd et sans commune mesure avec leurs rivales (lire l’épisode 198, « CNews et C8 ont chaud aux fréquences »), sont particulièrement dans la sauce alors que l’Arcom s’apprête à procéder d’ici l’été au renouvellement d’une quinzaine de fréquences.

  • Casquette #SS à la #Préfecture de #Police de #Paris, tatouage nazi à la municipale d’Orléans : les #fachos ne se cachent plus | Au Poste

    https://www.auposte.fr/casquette-nazie-a-la-prefecture-de-police-de-paris

    #fachist_alert

    Mars 2020, un fonctionnaire de la Direction Régionale de la Police Judiciaire de la Préfecture de Paris fait une embarassante découverte. Une casquette ornée d’une croix gammée trône dans le bureau d’un de ses collègues. À l’époque directeur du service, Christian Sainte est informé. Depuis, Sainte a été promu big boss de la Police Judiciaire nationale.

    Interrogée par Au Poste, la Préfecture de police de Paris confirme une enquête IGPN, classée sans suite : « après enquête interne, il s’avérait que le couvre-chef figurant sur le cliché était en réalité une casquette d’officier allemand et non SS, rapportée par un agent collectionneur passionné d’histoire pour la montrer à un collègue, également passionné de reconstitutions historiques. » 

    Entre-temps, en 2023, Matignon avait eu vent de l’affaire, et demandé à l’actuel Préfet de Police, Laurent Nuñez, que ses « services procèdent à un examen approprié ».

  • Lazzarini : In 4 Months, Israel Killed More Children Than Children Killed In Conflicts Globally
    Mar 13, 2024 - IMEMC News
    https://imemc.org/article/lazzarini-in-four-months-israel-killed-more-children-than-child-killed-global

    Philippe Lazzarini, Commissioner-General of UNRWA, stated that Israel has killed more Palestinian children in Gaza in just four months than all children killed in wars globally over the last four years.

    Lazzarini stated that the number of Palestinian children killed by Israeli missiles, shells, and bullets in the Gaza Strip since October 7, 2023, exceeds the umber of slain children globally and described what is happening in Gaza as a “war on the children’s childhood and their future.”

    He stated that based on data from the Palestinian Health Ministry and data by the United Nations, the number of slain children in Gaza between October 7, 2023, and February 29, 2024, is four times bigger than the number of children killed in wars globally over the last four years.

    A chart published by Lazzarini revealed that Israel killed +12.300 Palestinian children in Gaza between October 7, 2023, and February 29, 2024, compared to 12.193 children killed globally in 2019-2022.

    He called for stopping the war on Gaza and saving the lives of children amidst the ongoing Israeli onslaught.

    It is worth mentioning that Israel has now killed +31.184, and injured +72.889 Palestinians (%72 of the victims are women and children) in the Gaza Strip since October 7, 2023.

    #Génocide

    • À Gaza, la guerre d’Israël contre les enfants palestiniens
      Rachida El Azzouzi | 13 mars 2024 | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/international/130324/gaza-la-guerre-d-israel-contre-les-enfants-palestiniens

      (...) « Cette guerre est une guerre contre les enfants. Une guerre contre leur enfance et leur avenir », a abondé mardi 12 mars Philippe Lazzarini, le commissaire général de l’office onusien pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), sur le réseau social X. Il cite une statistique vertigineuse : le nombre d’enfants tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023 est plus élevé que le nombre d’enfants tués en quatre ans dans l’ensemble des conflits à travers le monde.

      En cinq mois, plusieurs dizaines de milliers d’enfants ont été tués ou blessés par les bombardements israéliens. Ils constituent, avec les femmes, la majorité des plus de 31 000 morts comptabilisés à ce jour, selon le ministère de la santé du Hamas, soit plus de 13 000 enfants. Un chiffre jugé crédible par les Nations unies mais sous-estimé selon plusieurs organisations humanitaires car il n’intègre pas les milliers de corps ensevelis sous les décombres.

      « Avec 30 000 morts officiels et un nombre par définition inconnu de disparus à Gaza, sans même parler de la mortalité indirecte liée à la malnutrition et aux maladies, les pertes gazaouies en cinq mois sont équivalentes à la mort d’un million de personnes en France », note dans Mediapart l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau.
      Des souffrances physiques et mentales

      Aux morts s’ajoutent les blessés dont « il faut imaginer les blessures », insiste Guillemette Thomas, coordinatrice médicale pour la Palestine de Médecins sans frontières (MSF). Des blessures graves, des fractures multiples, des brûlures sur une grande partie du corps, des membres arrachés…

      « Imaginez une jambe arrachée quand on n’a pas encore atteint l’âge de la marche », égrène Guillemette Thomas en insistant sur « la souffrance absolue des enfants, premières victimes d’une guerre qui n’est pas la leur ». Ces derniers arrivent « massivement dans des hôpitaux qui manquent de tout, où ils ne peuvent être soignés dans des conditions dignes faute de médicaments, de produits de sédation ».

      Son collègue Léo Cans, chef de mission en Palestine, a raconté à Mediapart l’histoire de Myriam, une enfant de 6 ans amputée de la jambe droite. Le visage à moitié brûlé, elle a perdu son frère, sa sœur, sa mère. Son père est porté disparu. Elle n’a plus que sa tante : « Faute de matériel, on a dû changer son bandage sans anesthésie. Pendant une demi-heure, elle a hurlé de douleur en appelant sa mère qui était morte. Chaque fois qu’une personne entre dans un hôpital, ce n’est jamais une personne seule. C’est une famille entière qui est détruite. » (...)

  • Climat : un #agriculteur #belge assigne #TotalEnergies en #justice | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/130324/climat-un-agriculteur-belge-assigne-totalenergies-en-justice

    C’estC’est une action inédite. Pour la première fois en Belgique, un #citoyen poursuit une #multinationale devant la justice pour un #contentieux_climatique.

    Mercredi 13 mars, Hugues Falys, éleveur en #agriculture_bio de #vaches allaitantes à Bois-de-Lessines, dans la province du #Hainaut, a assigné TotalEnergies devant le tribunal de l’entreprise de Tournai – l’équivalent du tribunal de commerce en France.

    L’agriculteur, qui est aussi administrateur et porte-parole de la Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (Fugea, syndicat wallon qui défend une agriculture paysanne et la transition agroécologique), estime que la multinationale, en tant qu’industriel parmi les plus émetteurs au monde, porte une responsabilité dans les événements climatiques extrêmes qu’il subit régulièrement sur sa ferme.

    Agrandir l’image : Illustration 1
    Hugues Falys. © Photo The Farmer Case / Adrien Medy
    « Je suis installé depuis 1993 et je consacre une grande partie de la surface de mon exploitation au pâturage et à la culture de fourrage pour le bétail, explique à Mediapart Hugues Falys. Mais j’ai été victime en 2016 d’un orage stationnaire avec de la grêle qui a entraîné des pertes de rendement. Puis, au cours des étés 2018, 2020 et 2022, ma ferme a essuyé des vagues de chaleur et des sécheresses. En conséquence, j’ai dû acheter du fourrage, puiser dans mes stocks prévus pour l’hiver et baisser d’un tiers mon cheptel. L’autonomie de ma ferme a été mise en péril. »

    La citation en justice, qu’a pu consulter Mediapart, demande au pétrolier français, « à titre de réparation des conséquences dommageables des fautes constatées », un euro provisionnel pour chacun des aléas subis par l’agriculteur et un euro provisionnel à titre de préjudice moral.

  • Train : l’exécutif enterre l’idée du « passe rail » illimité | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/train-lexecutif-enterre-lidee-du-passe-rail-illimite-2081709

    Ni fleurs ni couronnes : malgré le soutien affiché du président de la République, puis de l’ex-ministre des Transports Clément Beaune, l’idée d’un « passe rail » permettant d’emprunter à volonté tous les TER et trains Intercités de France a déjà touché son terminus, avant d’avoir pu voir le jour. Dans les plans du précédent gouvernement, l’objectif de travail était un déploiement dès l’été prochain.

    Ce projet visant à développer l’usage du train, ambitieux mais coûteux, s’accordait mal avec les importantes économies budgétaires à réaliser à moyen terme (30 milliards en deux ans). Du côté des régions, toutes n’étaient pas enthousiastes à l’idée de mettre en place ce système, à financer de leur poche à la place de l’Etat .

  • L’impérialisme électoral de la France en Afrique : jusqu’à quand ? | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/fanny-pigeaud/blog/110324/l-imperialisme-electoral-de-la-france-en-afrique-jusqu-quand?at_medi

    L’impérialisme électoral de la France en Afrique : jusqu’à quand ?
    Pour comprendre les soubresauts politiques auxquels on assiste en Afrique francophone (coups d’État militaires, processus électoraux manipulés, mandats présidentiels inconstitutionnels...), il faut remonter à la période coloniale et s’intéresser à l’histoire de l’impérialisme électoral, à savoir la manière dont les élections ont été utilisées pour servir et légitimer l’empire français.

    #démocraties_ouest_africaines #Afrique #France #françafrique

  • Les #sciences_humaines et sociales face aux #verrous de la #transition | Institut de la transition environnementale de l’Alliance Sorbonne Université
    https://ite.sorbonne-universite.fr/actualites-ite/les-sciences-humaines-et-sociales-face-aux-verrous-de-la-tra

    #videos

    Mercredi 15 novembre
    Introduction
    09 :15 – 09 :45 > Introduction au #colloque
    Organisateur.e.s et Anouk Barberousse, directrice de l’ITE

    Session 1 : La transition : un verrou ?
    Modérateurs : Nelo Magalhães et Luc Elie
    09:45 - 10:15 › S1-1 : Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie
    #Jean-Baptiste_Fressoz (historien, CNRS)
    10:15 - 10:45 › S1-2 : Retour sur une longue série de sémantiques socio-politiques : Forces et faiblesses de la transition écologique
    Florence Rudolf (sociologue, INSA Strasbourg)
    10:45 - 11:15 › S1-3 : La transition, une métaphore adaptée pour aller vers une société climatiquement neutre
    #Philippe_Quirion (économiste, #CNRS)
    11:15 – 12 :00 › S1-4 : Débat de la session 1

    https://vimeo.com/902875269

  • La panne des salaires, un des effets de politiques publiques ? | Michaël Zemmour
    https://blogs.alternatives-economiques.fr/zemmour/2024/03/06/la-panne-des-salaires-un-des-effets-de-politiques-pub

    Le gouvernement met en avant un phénomène de « smicardisation » qu’il déplore. Pourtant, de manière très cohérente, les politiques publiques mises en œuvre depuis une quinzaine d’année vise à ralentir la progression des salaires. De ce point de vue, la stagnation des salaires réels constatée récemment est sans doute, en partie le résultat des réformes du marché du travail, conjuguée à un nouveau contexte macro-économique de faible productivité.

    Disclaimer : ce billet est écrit un peu vite pour fixer les idées. Certaines affirmations mériteraient d’être davantage sourcées mais je le pose là pour mémoire et pour ouvrir la discussion. Comments welcome

    « Smicardisation », de quoi parle-t-on ?

    La part des salariés rémunérés sur la base du SMIC a eu tendance à augmenter au cours des dernières années. Cela est principalement du au fait que les salaires de base, au-dessus du SMIC n’ont pas augmenté aussi vite que les prix au cours des années qui ont suivi le COVID, alors que le SMIC lui, de par la loi est indexé sur les prix. Ainsi des personnes qui étaient payées un peu plus que le SMIC il y a un an, mais dont les salaires n’ont pas été revalorisés se sont vus « rattrapées par le SMIC », et parfois ont même bénéficié de la hausse de celui-ci.

    La part des salariés bénéficiant des revalorisations du SMIC et des GMR (équivalent pour le public) en 2023 est de 17,3% ce qui est effectivement élevée. Cependant ce n’est peut-être pas si grave : il suffirait que les salaires réels augmentent un peu pour que ce taux baisse rapidement, car une partie conséquente des salariés aujourd’hui « rattrapés par le SMIC » redécolleraient du SMIC à la première augmentation générale (supérieure aux prix) dans leur entreprise. En effet hors « coup de pouce », le SMIC augmente moins vite que les autres salaires dès que ceux-ci croissent plus que les prix. Par exemple en 2005, on constatait un pic de la part des salariés au SMIC (16%) mais en 2007 ce taux était redescendu à 12% et à 10% en 2009 : les autres salaires avaient augmenté (rapport des experts 2023 p. 49) .

  • Alpinisme & anarchisme

    Né au XIXe siècle au sein de la haute société britannique, l’alpinisme n’est pas pour autant resté l’apanage des dominants. L’idée de grimper les montagnes a aussi fait son chemin parmi les exploités, à la faveur des premiers #congés_payés. Mais la montagne n’est pas qu’un terrain de jeu ou une frontière naturelle, c’est aussi un #refuge pour les opprimés, un lieu de #passage_clandestin, un terrain d’expression privilégié pour les #luttes écologiques et sociales. Un environnement qui peut sembler hostile, aussi, et qui impose que ceux qui s’y aventurent s’écoutent et s’entraident. Un monde où la #solidarité et la #liberté forment un socle de #valeurs_communes entre l’alpinisme et l’anarchisme.

    https://www.nada-editions.fr/produit/alpinisme-anarchisme

    #alpinisme #montagne #anarchisme #livre #entraide

  • On a vu pour la première fois des éléphants enterrer leurs morts
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-sciences-du-week-end/on-a-vu-pour-la-premiere-fois-des-elephants-enterrer-leurs-morts_638637

    (...)

    Des éléphanteaux sont morts de façon naturelle, par maladie ou accidents – une autopsie a été réalisée après coup. Dans les cinq cas, leur corps a été transporté par le troupeau sur une longue distance jusqu’à un lieu éloigné des habitations. Il a été mis dans un trou, sur le dos, avec la tête, le tronc et le corps enterrés, les pattes sortant de la terre. L’examen des corps suggère que l’éléphanteau y a été placé délicatement, saisi par les pattes.

    Les traces de pas sur le sol indiquent un effort combiné du troupeau, pour niveler le sol autour du corps. De forts et longs barrissements ont parfois été entendus, pendant près d’une heure. Dans certains cas, le troupeau est revenu plus tard sur le lieu. Ils l’ont ensuite évité avec soin, en empruntent des itinéraires parallèles. Bref, c’est la première description détaillée de ce qui semble être un enterrement animal méthodique et délibéré.

    (...)

  • Le « décolonialisme militaire » comme legs colonial controversé.
    Un long texte, dense et pour tout dire un peu complexe pour des A1. Mais Jean-Pierre Olivier de Sardan est un anthropologue de grande renommée, un des meilleurs connaisseurs des Etats et sociétés d’Afrique de l’Ouest francophone (notamment Niger, Mali et Burkina Faso.

    https://aoc.media/analyse/2024/02/28/au-sahel-un-decolonialisme-militaire

    Au Sahel, un décolonialisme militaire

    Par Jean-Pierre Olivier de Sardan
    Anthropologue

    Alors que les juntes militaires du Burkina Faso, du Niger et du Mali se retirent de la Cedeao et que les nouveaux dirigeants semblent portés par un sentiment populaire de rejet de l’influence française, une analyse du paradigme « décolonial » et de ses différents usages révèlent une forme d’idéologie qui sert avant tout les intérêts des élites au pouvoir.

    En publiant ( il y a quelques jours sur ce même site ) un article très critique sur la politique catastrophique d’Emmanuel Macron au Sahel (en particulier à propos de la punition collective infligée aux populations locales), je n’avais évidemment pas pour objectif de conforter la stratégie des régimes militaires au pouvoir et d’exonérer leurs propres responsabilités dans la rupture avec la France. En général il faut être deux pour se fâcher de façon aussi radicale, et toute escalade implique les deux parties.

    Une analyse de la façon dont les officiers qui pilotent les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger instrumentalisent et amplifient les ressentiments populaires à l’égard des anciens colonisateurs (leur « francophobie ») me semble donc nécessaire et complémentaire, d’autant plus que le fait de rendre la France (et à travers elle l’Occident) responsable de toutes les déceptions des indépendances, de tous les échecs des démocraties, de toutes les impasses du développement, rejoint de façon intéressante le pôle le plus radical d’un courant intellectuel devenu à la mode tant en Afrique que dans le monde, sous le label de « décolonialité » ou de « décolonialisme ». Je vais donc faire un détour préalable par cette école de pensée avant d’examiner sa connexion avec les discours des officiers au pouvoir et les acclamations de leurs supporters.

    Le paradigme décolonial et ses variantes

    Le paradigme décolonial a pris naissance en Amérique latine, chez des auteurs relevant plutôt de disciplines littéraires et herméneutiques. La colonisation à laquelle leur récit alternatif se réfère est celle de l’Amérique à partir de l’arrivée de Christophe Colomb à la fin du XVème siècle, marquée par la soumission et le massacre des peuples dits « indigènes ». Mais cette colonisation espagnole ou portugaise, qui fut aussi une colonisation de peuplement, a pris fin depuis bien longtemps, autrement dit les souvenirs politiques directs de sa domination, de son arbitraire, et de sa violence se sont largement estompés au profit tout au long des indépendances des histoires nationales latino-américaines (imprégnées d’un point de vue occidentalo-centriste et d’un oubli des histoires indigènes).

    Ce sont donc essentiellement les survivances intellectuelles de cette colonisation (sa « colonialité »), et, au-delà, les prétentions universalistes de l’Occident, son dédain pour les savoirs non occidentaux et, in fine, l’épistémologie rationaliste elle-même (d’où le néologisme d’« épistémicide » parfois employé contre celle-ci) qui sont pris pour cibles[1]. Aujourd’hui, ce courant décolonial est sorti d’Amérique latine, il a gagné les campus américains puis européens (et les diasporas africaines)[2]. Il s’est donc globalisé, en particulier dans les milieux intellectuels et universitaires, où il a souvent fusionné avec divers courants de pensée critiques et post-modernes (paradoxalement « occidentaux »), tels que les perspectives déconstructionnistes, les théories de la domination, le féminisme, la critique de la violence structurelle des États modernes et du bio-pouvoir, et les concepts de racialisation et d’intersectionnalité.

    Le paradigme décolonial est donc d’abord un courant intellectuel : c’est une décolonialité savante. Mais celle-ci est loin d’être homogène. On peut ainsi distinguer deux pôles : un pôle radical plus idéologique et un pôle souple plus empirique. Pour le pôle radical, les « épistémologies du Sud[3] » s’opposent frontalement à l’épistémologie occidentale, tout entière fondée sur une rationalité européenne des Lumières s’auto-proclamant universelle, alors que pourtant elle excluait et continue à exclure tout le reste de l’humanité, et en particulier les conceptions, valeurs, savoirs, coutumes ou visions du monde de la multitude des peuples autrefois colonisés[4].

    Le pôle radical procède par énoncés catégoriques et vastes agrégations identitaires, sans s’embarrasser de contre-exemples. Le pôle souple, lui-même très diversifié, est plus nuancé, discret, attentif aux complexités, ses auteurs reconnaissent que tout n’est pas à jeter dans le mouvement des Lumières, défendent la rationalité scientifique si elle prend en compte d’autres rationalités, et l’universalisme s’il n’est pas occidentalo-centré. Ils admettent les apports de la pensée philosophique ou sociologique européenne[5]. Ils sont aussi plus tournés vers l’enquête comme base d’investigation des survivances coloniales. Je ne traiterai pas ici des nombreux travaux qui développent cette décolonialité souple et empiriquement argumentée.

    Bien sûr il s’agit d’un continuum entre ces deux pôles, avec de nombreuses positions intermédiaires[6]. Il faut aussi mentionner le courant post-colonial, antérieur à son cousin décolonial, les divergences entre les deux, bien que souvent affirmées par le second (son pôle radical surtout) étant parfois peu discernables. Il se réfère plus directement aux survivances du colonialisme en Inde ou en Afrique. Nous avons ici choisi de l’inclure dans l’expression « décolonialisme savant[7] ».

    Le décolonialisme en Afrique et son double registre

    La rencontre du décolonialisme avec l’Afrique sub-saharienne est en effet une autre histoire, différente, spécifique. Tout d’abord la référence coloniale n’est pas en Afrique ce qu’elle signifie pour l’Amérique latine : l’occupation française par exemple est encore fort proche des temps actuels, et de ce fait ses répressions et son despotisme, en particulier sous la période dite de l’« indigénat », aboli seulement en 1945, restent encore très douloureux dans la mémoire collective.

    Les décennies qui ont suivi les indépendances, lesquelles ont été de fait « octroyées » plutôt que conquises dans le cas de l’AOF et de l’AEF (grâce il est vrai à la défaite française en Algérie et sans oublier le rôle du RDA, ou, au Cameroun, de l’UPC), ont été marquées de surcroît par une présence française relativement importante et souvent intrusive dans les pays dits « de son pré carré », ce qui a engendré les qualifications (non dénuées de fondement) de « néo-colonialisme » ou de « Françafrique » (associées à celle de « gendarme de l’Afrique » en référence aux nombreuses interventions militaires).

    Autrement dit, tant le colonialisme politique du 20ème siècle que son prolongement néo-colonial pendant deux ou trois décennies (et ses répliques ultérieures) restent aujourd’hui des éléments centraux des perceptions négatives de la France dans l’imaginaire collectif en Afrique, quand bien même le poids politique et économique réel de la France s’est peu à peu affaibli depuis une bonne vingtaine d’années. Il s’agit donc d’un décolonialisme populaire, à dominante politique, qui n’est pas une création du paradigme décolonial savant, et qui l’a d’ailleurs précédé.

    D’un autre côté, divers intellectuels africains, surtout dans un registre philosophique, ont revendiqué, eux aussi avant l’émergence des paradigmes postcolonial et décolonial, une décolonisation des esprits, à la suite de Cheikh Anta Diop, en particulier sous la forme d’une réhabilitation des sociétés traditionnelles (ou « pré-coloniales »), de leurs histoires, de leurs cosmologies, de leurs organisations politiques, de leurs cultures, de leurs langues.

    Pour le dire de façon abrupte, cette décolonisation intellectuelle entendait critiquer l’aliénation coloniale ou néo-coloniale, réhabiliter l’Afrique précoloniale, et rompre radicalement avec l’histoire de France et l’histoire de l’Occident égypto-gréco-latin enseignées dans les écoles coloniales comme étant l’Histoire tout court. Elle a rejoint désormais le paradigme décolonial savant, sous l’une ou l’autre de ses formes.

    Le courant décolonial en Afrique se situe donc dans deux registres intersécants : d’un côté un décolonialisme populaire, relevant de la sphère politique, qui fait référence à la colonisation récente et au néo-colonialisme qui a suivi. C’est une spécificité du décolonialisme africain. De l’autre côté un décolonialisme intellectuel, relevant de la sphère culturelle, qui converge avec les diverses variétés du paradigme décolonial savant.

    Mais décolonialisme populaire et décolonialisme savant en Afrique ont en commun une caractéristique fondamentale : tous deux constituent non seulement des ensembles argumentaires mais aussi, voire surtout, une cause militante, morale et affective : il s’agit de mettre fin aux humiliations profondes du passé comme du présent (esclavage, colonisation, néo-colonialisme, racisme, paternalisme, occidentalo-centrisme, rejet des migrants) et à cet effet il faut combattre deux ennemis emboités, la France d’une part (le colonisateur d’hier et sa présence excessive aujourd’hui encore) et l’Occident plus généralement (dont l’universalisme proclamé cache mal de nombreuses discriminations racistes et masque une prétention suprématiste injustifiée au monopole des connaissances, dont la France est par ailleurs un archétype).

    Ces deux registres ont été largement appropriés depuis des décennies au sein des classes moyennes urbaines africaines passées par le lycée et/ou l’université. Ce qu’on a appelé « la montée du sentiment anti-français » en Afrique n’est donc pas seulement un résultat de la propagande récente et insistante des militaires arrivés au pouvoir (et encore moins l’effet des réseaux russes, ni même des funestes erreurs de Macron), elle repose sur un socle ancien, dont trois composantes sont évidentes, et pour une grande part légitimes, à savoir : (a) les comptes non réglés de la colonisation, (b) les manœuvres coupables de la Françafrique, et (c) l’occidentalo-centrisme de la culture générale et des institutions de développement (ainsi que ce que j’avais appelé « l’impérialisme moral », qui y est souvent associé). Les frustrations et humiliations qui découlent de ces trois composantes sont en outre associées aux échecs de la démocratie (telle qu’elle a été pratiquée par les gouvernements africains), à la dénonciation d’élites corrompues, et à l’absence de perspectives sociales, économiques, professionnelles.

    Désir de revanche et besoin de réhabilitation sont donc depuis longtemps un binôme symbolique fort, présent dans de larges fractions des populations. Les signes les plus divers de ce désir de revanche et de ce besoin de réhabilitation abondent : les manifestations d’écoliers et d’étudiants depuis les indépendances ont très souvent pris pour cibles des symboles français (SCOA, Total, Orange) … ; les attentats du 11 septembre ont été largement applaudis en Afrique… ; la popularité aujourd’hui encore de Thomas Sankara tient pour beaucoup à ce qu’il était capable de dire « non » à la France et à l’Occident… On peut ajouter, entre mille autres exemples, le statut iconique et donc intouchable de Cheikh Anta Diop, l’étonnante popularité de Chavez dans les syndicats étudiants, le succès spectaculaire du film Black Panther, ou la croyance assez répandue que c’est un empereur du Mali qui a découvert l’Amérique avant Christophe Colomb.
    Un décolonialisme militaire

    Les positions très anti-françaises (mais aussi anti-occidentales, bien que moins intensément) qui ont été adoptées depuis deux ans par les putschistes sahéliens n’ont sans doute aucun lien direct avec le paradigme décolonial, mais elles s’appuient incontestablement sur le décolonialisme populaire, cette partie de l’opinion publique déjà largement acquise à ce qui apparait comme une cause juste, à forte légitimité multi-facettes, tout à la fois politique, idéologique, culturelle, morale. Les militaires, en surfant sur ce décolonialisme populaire, ont opéré un choix tactique habile, au moins à court terme.

    Leur « souverainisme » affichée, leur « néo-nationalisme » (dont le contenu semble se réduire le plus souvent au rejet de la France et des dirigeants africains considérés comme ses suppôts), leur « néo-panafricanisme » (limité en fait aux pays sahéliens sous régimes militaires) amplifient et dopent à leur tour le décolonialisme populaire : les réseaux sociaux parlent abondamment d’une « nouvelle indépendance » déclenchée grâce aux coups d’état, qui serait même la « vraie indépendance », reléguant celle de 1960 au rang d’accessoire de théâtre, et considérant de fait les régimes africains antérieurs, en particulier démocratiques, comme des créations de l’Occident et des agents de la France.

    Faire déguerpir l’armée française, interdire l’espace aérien du pays, renverser les alliances, refuser les visas, insulter l’ONU, quitter la CEDEAO, déroger aux règles régionales ou internationales, jeter à la poubelle les élections, réprimer les opposants comme étant des traîtres à la patrie, s’allier avec la Russie, toutes ces décisions apparaissent à une partie de l’opinion publique comme autant d’actes décoloniaux audacieux, éminents, grandioses. Oser faire publiquement et au nom de la nation ce que les « fausses démocraties » antérieures n’avaient jamais osé faire face à la France et à l’Occident, n’est-ce pas une revanche admirable, une réhabilitation magnifique, face à la poursuite masquée de la colonisation politique, et face à l’aliénation et la colonisation insidieuse des esprits ?

    La stratégie classique du « bouc émissaire » utilisée intensément par les militaires sahéliens est d’autant plus efficace que le bouc émissaire est l’ancien maître, une cible populaire de longue date, qui a fourni de bonnes raisons pour être détestée. Dans un récent entretien[8], le général Tiani, à la tête du Niger, parle plusieurs fois de la France actuelle en disant de façon sarcastique « Le Maître » : c’est sous-entendre que le Maître colonial serait toujours présent 60 années après l’indépendance, ce Maître auquel Alassane Ouattara, Patrice Talon, Bola Tinubu et Macky Sall (les cibles africaines préférées des capitaines, colonels et généraux sahéliens) obéiraient encore servilement, ce Maître avec lequel seuls les trois régimes militaires ont osé rompre.

    Le colonisateur d’hier est tenu comme responsable de tous les maux de l’Afrique, y inclus d’ailleurs l’insurrection jihadiste qu’on le soupçonne de favoriser en sous-main, ce qui permet de qualifier la France d’État terroriste. En outre, Tiani, dans ce même discours, évoque plusieurs fois les émirats, sultanats, royaumes et empires du Sahel, du Moyen-Âge au XIXe siècle, montrant ainsi son souci de réhabiliter un passé glorieux ignoré des Français et des Occidentaux.

    On a donc affaire avec les actuels régimes militaires à une forme exacerbée du décolonialisme populaire. Un décolonialisme militaire. Une formule de gouvernance inédite.
    Deux critiques fondamentales contre le paradigme décolonial et le décolonialisme militaire

    Mais ce décolonialisme militaire, comme le décolonialisme populaire qui le soutient et qu’il flatte, a quelques points communs avec le pôle radical du paradigme décolonial savant.

    Certes, la « dispute épistémologique » déclenchée par les savants décoloniaux radicaux (promoteurs d’une « épistémologie du Sud »), n’est pas en soi un débat qui passionne les foules, mais elle a néanmoins son équivalent populaire dans le rejet des savoirs européens au profit de la réhabilitation des savoirs africains, un thème très répandu dans les classes moyennes africaines. On peut en voir une forme plus intellectuelle chez les tenants d’une « philosophie africaine », et une forme extrémiste islamisée dans le rejet d’une école publique francophone devenue impopulaire pour beaucoup de parents (« Boko Haram » peut être traduit par « maudite soit l’école occidentale ! »).

    De façon générale, la critique des survivances coloniales intellectuelles par le décolonialisme savant et la dénonciation des stratégies néo-coloniales françaises par le décolonialisme populaire ont un fort « air de famille ». Certes il n’y a pas entre eux des relations de cause à effet, et ils se situent dans des registres différents, mais ils partagent tous deux un élément central : leur narratif est fondé sur un même dédain pour les données historiques qui ne vont pas dans le sens voulu, une même vision extrêmement idéologisée (et donc caricaturale) de l’histoire.

    Cet air de famille apparait clairement quand on s’intéresse aux critiques qui ont été émises à l’encontre du paradigme décolonial radical (savant) dans son rapport avec l’Afrique : elles valent tout autant pour le décolonialisme militaire, comme on va le voir. Je vais pour cela m’appuyer sur deux auteurs en particulier, Olufémi Taiwo et Elgass (El Hadj Souleymane Gassama[9]), qui « déconstruisent » les principaux arguments du paradigme décolonial radical (« déconstruction » étant un terme volontiers utilisé par la perspective décoloniale, il est en l’occurrence appliqué à celle-ci). Elgass fait d’ailleurs parfois le lien entre décolonialisme radical savant d’un côté et décolonialisme populaire et militaire de l’autre, par exemple avec cette phrase ironique : « [pour les décolonialistes] Les héros africains ne se mesurent pas nécessairement à leur impact positif sur la vie des Africains et leur bien-être mais ils sont jugés sur leur capacité à tenir tête à l’Occident » (Elgass, p. 48).

    Nous ne retiendrons ici que deux critiques, mais elles sont majeures. La première porte sur l’essentialisation de la colonisation et l’absence d’une perspective historique rigoureuse. La seconde, complémentaire et enchâssée dans la première, porte sur la négation de facto de l’agencéité des acteurs africains depuis l‘indépendance.

    Quand on parle de décoloniser, de quel type de colonisation s’agit-il, et à quel moment de la colonisation fait-on allusion ? Si l’on considère seulement la colonisation française au sens strict, la période de la conquête et ses massacres n’est pas la période de l’indigénat avec son despotisme du quotidien, qui n’est pas celle de la loi-cadre préparant les indépendances. La colonisation dans la santé à base de médecine militaire et de lutte contre les grandes endémies a peu de rapport avec les écoles primaires des villes pour former des « commis » locaux, et moins encore avec la chefferie administrative (clé de voute du système colonial). Mais surtout, que signifie « décoloniser » lorsqu’on parle de la période post-coloniale (dite souvent néo-coloniale, au moins pour ses premières décennies) ?

    On ne peut confondre occupation coloniale et influence néo-coloniale. Certes, l’une et l’autre sont condamnables, mais pas pour les mêmes raisons et pas avec les mêmes arguments. Qu’entend-on exactement par « néo-colonial » ? La poursuite de la colonisation sous une autre forme ? Une soumission (occasionnelle ? permanente ?) des régimes indépendants aux injonctions (lesquelles ?) des anciens colonisateurs ? La tentative (réussie ? parfois mise en échec ?) de la France de garder une influence (politique ? économique ? culturelle ? militaire ?) dans les pays autrefois par elle colonisés ? Les interventions militaires au profit de dirigeants amis ? Les déclarations déplorables des dirigeants français ?

    Certes, on peut légitimement contester que le jour de l’indépendance soit une rupture radicale, et parler plutôt d’une transition préparée par la puissance coloniale et s’étendant sur une décennie, depuis la loi-cadre Deferre en 1954, jusqu’au moment où plus aucun Français n’est encore à un poste directeur quelconque dans les administrations africaines (milieu ou fin des années 1960). Mais on ne peut négliger ce fait fondamental : l’indépendance a donné la clé de la maison aux élites africaines, même si les anciens colonisateurs ont par la suite usé et abusé trop souvent de leurs conseils, de leur influence, de leurs financements, et parfois de leurs menaces ou de leurs armes. « En Afrique la différence qualitative décisive entre le colonialisme et l’indépendance est que dans le premier cas la capacité des Africains de contrôler leurs propres destinées était bloquée, alors que dans le second ils pouvaient fabriquer leur propre histoire, même s’ils l’ont éventuellement mal fabriquée. Toute tentative d’affirmer l’existence d’une continuité sans fracture entre le colonialisme et le néocolonialisme est douteuse, et même complètement fausse. (…) L’action ou l’inaction de l’ex-colonisé est décisive dans le succès ou l’échec du néo-colonialisme. Car les véritables néo colonialistes ne sont autres que nous-mêmes les Africains » (Taiwo, pp. 44-45).

    Par exemple, la Françafrique néo-coloniale, bien plus faite de compromis, tractations et « arrangements » (certes fort critiquables) entre dirigeants africains et français que de diktats de ces derniers, était nettement différente dans le contenu comme dans la forme du modus operandum des gouverneurs et commandants de cercles coloniaux ; et c’est toujours à l’appel de dirigeants locaux menacés ou renversés que les Français sont (hélas) intervenus militairement.

    Inversement, parce qu’ils en avaient la volonté politique, Modibo Keita ou Sékou Touré (comme Kwame Nkrumah ou Julius Nyerere du côté anglophone) ont très tôt pu imposer leurs propres visions du pouvoir et leurs règles du jeu, en abandonnant par exemple le franc CFA ; et Houphouët Boigny, certes solide allié de la France, était loin d’en être le « valet », si l’on considère son habileté à les rallier à sa propre stratégie. Les élites africaines qui ont gouverné depuis 1960 avaient leurs propres objectifs, elles manœuvraient aussi les dirigeants des pays occidentaux (France inclus), pratiquaient la dissuasion du faible au fort, et jouaient à l’occasion de la rivalité entre les deux blocs pendant la guerre froide. Et rappelons-nous que ce sont les mouvements étudiants et syndicaux qui ont amené les conférences nationales et la chute des régimes militaires de première génération, et non pas la France ou le discours de La Baule de Mitterrand.

    Par la suite, la Françafrique de Foccart a décliné peu à peu (parfois reconvertie en une « Bollor-afrique » privée), et les politiques africaines de Hollande ou de Macron, bien qu’imprégnées à des degrés divers de paternalisme, de condescendance et de méconnaissance, et tenant évidemment compte des intérêts stratégiques français, ne peuvent plus sérieusement être placées sous ce label, même s’il en reste quelques traces désolantes. L’Agence française de développement n’a rien à voir avec l’administration coloniale, mais elle est aussi très différente de la coopération française des années 1980, et les stratégies géopolitiques imposées à ses dirigeants peuvent largement diverger des objectifs et des pratiques de ses agents sur le terrain.

    Quant à l’industrie du développement, son occidentalo-centrisme évident, son hyper-bureaucratisation, ses « modèles voyageurs » et projets « top-down[10] » ou l’arrogance dont font parfois preuve ses experts internationaux ne signifient pas pour autant qu’elle chausse les bottes de la colonisation. Il ne faut pas tout mélanger. Banques de développement, organisations des Nations-Unies, multiples agences bilatérales, ONG internationales petites et grandes, structures régionales : tous ces intervenants hétéroclites, qui ont entre eux de nombreux désaccords et des divergences notables, ne peuvent être regroupés sous une même accusation de néo-colonialisme.

    L’ouvrage L’empire qui ne voulait pas mourir[11] commet à cet égard une erreur typique de la perspective décoloniale : tout son argumentaire affirme que la colonisation française serait encore et toujours présente de la conquête à nos jours. Mue par le même rêve de domination, et le même mépris des Africains, elle n’aurait fait que changer d’habits, à l’image de la célèbre phrase du marquis de Lampedusa dans Le Guépard : « il faut que tout change pour que rien ne change ».

    Cette essentialisation de la colonisation perdurant 60 années après les indépendances, l’affirmation que rien n’a vraiment changé et l’oubli corrélatif de toute perspective historique, c’est-à-dire de toute périodisation, ne permettent pas de comprendre les phénomènes complexes et les dynamiques internes qui ont fait l’Afrique durant ces 60 années. C’est le propre des simplifications abusives (et des idéologies, de droite comme de gauche, du Nord comme du Sud) que de gommer les nuances, homogénéiser les hétérogénéités, aplatir les différences dans le temps et l’espace, refuser de prendre en compte les contre-exemples. « La réification du fait colonial est si forte qu’elle tend à enfermer toute l’histoire du continent dans ce temps unique, omettant l’extraordinaire diversité de cette chronologie, ses souverainetés propres, ses essences inviolées. Mais plus encore, elle somme toute la création d’être en réaction avec ce fait colonial, délaissant la nécessaire autoscopie » (Elgass, p. 209).

    Taiwo insiste aussi de façon convaincante sur la concaténation abusive entre colonisation, modernité, capitalisme ou christianisme. Reprocher au colonialisme les maux du néo-libéralisme ; dénoncer l’individualisme, la perte de valeurs familiales d’antan ou la consommation de masse comme autant de produits maudits de la colonisation ; associer à tout jamais le colon et le missionnaire, constituent des généralisations hâtives auxquelles Taiwo oppose de nombreux arguments empiriques.

    Loin d’être identique à la modernité et de constituer son seul véhicule[12], la colonisation a souvent bloqué celle-ci, par exemple en donnant un rôle décisif aux chefferies locales, qui ont toujours constitué une force sociale particulièrement conservatrice. De même la colonisation a sans doute freiné l’expansion du capitalisme en Afrique, au profit des monopoles coloniaux. Prenons enfin l’exemple du christianisme : même si les missions ont accompagné, suivi et approuvé la conquête militaire, le christianisme a néanmoins pénétré en Afrique bien avant la colonisation (cf. le royaume du Kongo au XVème siècle) il s’est transformé de multiples façons bien après (cf. églises évangéliques et pentecôtismes), et il a pris des formes originales sous la colonisation contre la volonté des colonisateurs (cf le Kimbanguisme au Congo ou le Harrisme en Côte d’Ivoire).

    La deuxième vague d’arguments qui met à mal le narratif décolonial (radical/savant comme populaire/militaire) et qui découle de la première porte sur la façon dont sont traités les acteurs africains : les deux seuls rôles qui leur sont attribués sont en effet ceux de victimes de la colonisation ou de marionnettes de celle-ci. Un des concepts centraux des sciences sociales contemporaines, agency, agentivité ou agencéité en français, développé par Anthony Giddens, passe totalement à la trappe. Il désigne pourtant des propriétés qui sont en principe attribuables à tout acteur social, aussi démuni, dominé ou vulnérable soit-il : être porteur de connaissances et de stratégies, être capable d’agir, dans les limites certes des contraintes et ressources qui l’environnent, mais toujours avec une marge de manœuvre. « Cette approche [le paradigme décolonial] nie ou en tout cas minimise l’agencéité des colonisés (…) Un grand nombre des pratiques créatives des ex-colonisés ne sont pas prises au sérieux par les fanatiques de la décolonisation. » (Taiwo, p. 24)

    Si 60 ans d’indépendance n’ont servi à rien, si la colonisation domine encore les sociétés politiques africaines et aliène leurs esprits et leurs mentalités, si seuls les actuels militaires sahéliens ont mis fin à cette dépendance honteuse, cela signifierait que les Africains seraient totalement dépourvus d’agencéité ! « Mettre la colonisation au centre de la vie des colonisés est historiquement suspect et a comme effet inattendu de rendre peu lisible, voire complètement invisible, l’autonomie de la vie des colonisés, en dépit de la colonisation » (Taiwo p. 206).

    Les critiques que nous venons d’évoquer ciblent surtout le paradigme décolonial radical, mais elles gardent toute leur pertinence face au décolonialisme militaire et à l’usage qu’il fait de son rapport à la colonisation. Quand Elgass rappelle qu’il est plus facile d’accuser l’autre que de balayer devant sa propre porte : « Penser contre soi, le préalable de l’introspection, le supplice du miroir, ces exigences intellectuelles élémentaires sont balayées par la fureur accusatrice » (p. 79), il cible aussi bien le décolonialisme militaire que le décolonialisme radical savant.

    Le décolonialisme comme idéologie

    On peut toutefois être sceptique sur la capacité des critiques du décolonialisme radical à convaincre les foules acclamant les militaires de ce que les proclamations souverainistes actuelles reposent sur des fondations historiquement et épistémologiquement bancales. Car le décolonialisme n’est pas seulement une configuration argumentative, c’est aussi, qu’il soit radical savant ou populaire, une idéologie, une croyance, et on ne convainc guère les croyants par des arguments. La face idéologique du décolonialisme, politique comme intellectuel, est intolérante aux débats et aux contestations argumentées. C’est ce qui d’ailleurs rend toutes les idéologies (scientifiques ou populaires) insubmersibles, résistantes à la raison, rétives aux preuves.

    Le décolonialisme en Afrique est un cas intéressant de mixage entre une idéologie scientifique (restreinte en général au monde des enseignants et chercheurs) et une idéologie politique populaire (circulant de façon large).

    Tout d’abord, le paradigme décolonial radical est une idéologie scientifique, parce que, côté scientifique, il entend ouvrir un nouveau champ de production de connaissances (débusquer partout les survivances coloniales, et jusqu’au sein de la rationalité universaliste occidentale) mais, côté idéologie, c’est au prix élevé d’une dichotomisation du monde, d’une maltraitance de l’histoire et d’une non prise en considération des nuances et des contre-exemples. L’émergence d’une idéologie scientifique ouvre certes à ses débuts des perspectives nouvelles et produit des effets d’innovation et de séduction intellectuelle, ceci d’autant plus quand elle actionne aussi des leviers militants et moraux. Mais peu à peu, et parfois assez vite, l’idéologie scientifique n’admet plus d’être contestée, elle tourne à la rhétorique et au dogme, elle ne produit plus de données originales et se contente de répéter ses propres mantras.

    Le décolonialisme est aussi en Afrique une idéologie politique populaire : capable de mobiliser les foules bien au-delà des cénacles culturels, il s’éloigne des sophistications intellectuelles et des subtilités langagières du paradigme décolonial, pour simplifier (parfois à l’extrême) les énoncés qu’il partage avec lui et dénoncer (bien plus fort que lui) tous ceux qui n’y adhèrent pas. Dès lors qu’il accède au pouvoir, son dogmatisme est plus implacable, plus redoutable. Mais surtout les idéologies politiques populaires se nourrissent de l’espoir de ceux qui croient en elles. Les populations du Sahel, face à l’enchevêtrement des crises qu’elles subissent[13], face au sentiment d’impasse profonde qu’elles ressentent, sont nécessairement sensibles aux marchands d’espoirs.

    Faire du Maître d’antan la seule cause des crises, l’accuser des pires complots contre le peuple (en étant conforté par les réactions totalement contre-productives de l’ancien colonisateur et de la CEDEAO), et en même temps libérer le pays de toutes ses chaînes par le simple fait d’obliger le Maître à décamper tout en l’humiliant, c’est une stratégie de vente d’espoir particulièrement efficace, qui promet des lendemains qui chantent gagés sur une évidence : le Mal a enfin été chassé.

    Et ensuite ?

    Le décolonialisme militaire a une grande différence avec le décolonialisme savant : il s’inscrit non pas dans des stratégies théoriques et professionnelles individuelles au sein du monde universitaire (donc un tout petit monde), mais dans une stratégie politique, qui plus est par des acteurs qui ont pris de force le pouvoir à la tête d’un État, et engagent l’avenir de millions de personnes. Une question se pose donc immédiatement : que se passera-t-il une fois le bouc émissaire éliminé du paysage national ? Quel projet politique y a-t-il derrière la dénonciation du néo-colonialisme, qui a permis aux militaires de légitimer leur coup d’état ?

    La critique des faillites des régimes démocratiques antérieurs est le second argumentaire mis en avant par les actuels détenteurs du pouvoir : mauvaise gestion, corruption, affairisme… Ces maux sont mis sur le compte de la démocratie, et la démocratie est mise sur le compte de l’Occident, ce qui est quelque peu exagéré et injuste dans les deux cas, car il s’agit plutôt du comportement des élites politiques nationales (quand bien même elles ont été courtisées, protégées et appuyées par la France ou l’Occident plus généralement).

    Le paradoxe est que la hiérarchie militaire fait bel et bien partie de ces élites. À nouveau, un peu d’histoire est nécessaire. Mettre fin à la mauvaise gestion, la corruption, et l’affairisme était déjà la rhétorique utilisée par la première vague de coups d’état militaires dans les années 1970-80. Elle a été ensuite utilisée par les conférences nationales qui ont amené la démocratie dans les années 90. Elle a été enfin été utilisée par les diverses oppositions sous les régimes démocratiques. Mais, depuis 60 ans, tous ceux qui, après avoir dénoncé la mauvaise gestion, la corruption, et l’affairisme, ont accédé au pouvoir (par coup d’état ou par élection toujours contestée) n’ont jamais fait mieux (et souvent ont fait pire) que leurs prédécesseurs. Il n’y a aucune raison de penser que cela soit différent aujourd’hui, d’autant plus que les armées sahéliennes sont depuis longtemps accusées avec des arguments solides d’être elles-mêmes des fiefs de mauvaise gestion, corruption, et affairisme.

    Le troisième argumentaire porte sur le reversement des alliances. Il reste cependant très sommaire : il s’agit de quitter l’orbite occidentale pour aller vers les BRICS. Mais cette réorientation géo-politique n’a pas attendu les récents coups d’état pour prendre forme, loin de là. La Chine est déjà devenue le principal partenaire de l’Afrique et le premier lieu d’accueil de ses étudiants. Les pays du Golfe persique sont depuis longtemps actifs dans les pays africains musulmans. La Turquie est de plus en plus présente. L’Inde arrive. Et bien sûr la Russie vend son matériel militaire et si affinité envoie ses soldats. Poursuivre cette réorientation n’a donc rien de nouveau.

    Les pays du Sahel sont confrontés à deux défis majeurs, dont leur avenir dépend. (1) Il faut gagner la guerre contre l’insurrection jihadiste. (2) Il faut élaborer et mettre en œuvre des politiques de développement économique qui créent massivement des emplois et qui permettent se sortir progressivement de la dépendance à l’aide extérieure (qu’elle soit occidentalo-centrée comme hier ou multipolaire comme aujourd’hui) … Ni le remplacement de civils élus par des militaires putschistes ni la rupture avec la France et avec la CEDEAO ne font avancer magiquement dans ces deux directions. Les militaires, qui semblent peu pressés de rendre le pouvoir, sont-ils en mesure de relever ces deux défis, et d’éviter la mauvaise gestion, la corruption, et l’affairisme qui ont plombé tous leurs prédécesseurs ?

    Dans chaque pays sahélien, beaucoup (les plus bruyants) espèrent, d’autres (qui se font discrets, répression oblige) sont très sceptiques. Mais les seules proclamations décoloniales ne peuvent en tout cas pas faire chanter les lendemains.

    Jean-Pierre Olivier de Sardan

    Anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS et directeur d’études à l’EHESS

  • Les #baleines_à_bosse victimes des #vagues_de_chaleur_marine dans le Pacifique Nord
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/29/les-baleines-a-bosse-victimes-des-vagues-de-chaleur-marines-dans-le-pacifiqu

    Cette étude, bien que focalisée sur une espèce, donne des indices sur l’état de santé des #océans. « La #baleine est un bon indicateur de l’état de son #écosystème, explique Olivier Adam. Tout ce qui est en profondeur est difficile à observer, mais les cétacés sont faciles à comptabiliser, car ils sont obligés de remonter à la surface pour respirer. » Et si l’on en croit les résultats de l’étude, l’océan #Pacifique_Nord va mal. « Au rythme où ça va, il n’y a aucune raison qu’il reste des cétacés dans les océans d’ici quarante à cinquante ans, alerte le chercheur français. On assiste à l’#effondrement des océans en direct. »

    Pour les deux scientifiques, les conclusions à tirer sont claires : « Il est impératif de changer notre façon de gérer les océans. » Selon l’Australien, les mesures les plus efficaces seraient de « diminuer au maximum le réchauffement climatique, d’adapter le transport maritime là où les routes chevauchent l’habitat des baleines afin de réduire les collisions avec les navires, et de mieux réguler la pêche, en particulier la pêche au casier, pour éviter que les animaux ne s’empêtrent dans les lignes ». Pour le chercheur, il est impératif d’agir, car « notre survie dépend d’océans sains et productifs ».

  • #LUTTER GRÂCE AUX #IMAGINAIRES : AVEC #ALAIN_DAMASIO, LI-CAM ET PALOMA MORITZ - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=b3l9vGh5AL4

    Le 10 février dernier, une émission un peu spéciale de Planète B s’est déroulée à Ground control, lieu de vie et acteur culturel indépendant situé à proximité de la gare de Lyon.
    Une table ronde avec l’autrice Li Cam, la journaliste de Blast Paloma Moritz, et l’écrivain Alain Damasio, tous les trois interrogés par l’animateur de #Planete_B Hugues Robert, autour d’une question : « Les imaginaires fertilisent ils les #luttes » ?
    Une discussion passionnante autour de la science fiction et des imaginaires, à la frontière entre la #politique et la #philosophie, mais aussi sur la place de l’#écrivain et de la fiction dans la société.

  • #Baptiste_Morizot - La Manufacture d’idées 2023 - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=XIAtKdX7_jc

    Rencontre avec le philosophe Baptiste Morizot autour de son ouvrage « #L'inexploré », un livre conçu comme une carte nous invitant à retrouver le goût de l’exploration, en déroutant cette notion de son orientation moderne vers les étoiles pour la réincurver vers la #Terre et vers ce qui nous relie à nos #milieux_de_vie (modérateur : Rémi Noyon, L’Obs).
    @La Manufacture d’idées

  • Gilets Jaunes : « c’est le plus gros corpus d’expression citoyenne qu’on ait analysé en France et peut-être dans le monde », que sont devenus les cahiers de doléances ?
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/gilets-jaunes-c-est-le-plus-gros-corpus-d-expression-ci

    (...)

    La mission du grand débat national a par la suite disparu et le gouvernement a demandé à l’entreprise chargée de traiter les cahiers de doléances de supprimer purement et simplement toutes les données récupérées jusqu’alors sur les ordinateurs. Des centaines de milliers de doléances perdues à jamais.

    • Marie Ranquet
      https://mastodon.zaclys.com/@Marie_Ranquet/112019267160958568

      Ce que je vois passer sur la soit-disant « destruction » des « cahiers de #doléance » (leur vrai petit nom est « cahiers citoyens ») de 2019 me rend furieuse à un point qu’on ne peut pas imaginer. 🤬

      Je suppose qu’il faut tout reprendre dans l’ordre. Je vais essayer 🧵

      1) Des données perdues à jamais ? c’est ce que certains articles alarmistes claironnent. Déjà rappelons que les cahiers papier sont archivés aux Archives départementales ; et que leur version numérisée est conservée aux Archives nationales.

      Ce qui déjà devrait rassurer un peu. Ce qui a « disparu à jamais », si je comprends bien, c’est la version qui avait été confiée à des prestataires informatiques.

      Et je ne sais pas, mais moi ça me rassure plutôt de savoir que les prestataires qui traitent des données à caractère personnel confiées par le secteur public aient l’obligation de les effacer une fois la prestation terminée 🙄 (à moins qu’on préfère qu’elles aillent nourrir l’IA ou soient vendues au plus offrant, ou stockées sur du cloud quelque part ?) #RGPD
      #CahiersCitoyens

      2) Des données inaccessibles ? on entend tout et n’importe quoi sur ça. Les informations sont accessibles dans les services publics d’archives qui les conservent : Archives départementales pour les cahiers originaux, Archives nationales pour la version numérisée.

      (...)

    • Marie Ranquet, le simple fait qu’un travail ait été commandé, réalisé, payé (avec nos impôts) mais jamais restitué par le prestataire, ni utilisé par le gouvernement (ou alors faut m’expliquer au regard des decisions prises depuis) ni rendu public est en soi un énorme problème.
      Que la matière brute existe encore, disséminée dans des dizaines d’endroits, soit, mais qui va la récupérer et l’analyser maintenant ? Est-ce à la portée d’un citoyen ? Faut-il attendre un thésard ou un Piquety de 2050 ?
      Comme la convention climat, tout cela est le vent que le gouvernement met dans sa comm pour donner l’illusion que le peuple a son mot à dire