• Galbraith : « Vous avez besoin d’un grand plan collectif d’assurance sociale » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/rue89-eco/2013/05/16/galbraith-leurope-a-besoin-dun-vaste-plan-stabilisation-sociale-242

    Un entretien de 2013 avec J.Galbraith (qui était chargé par Y.Varoufakis de mettre en place le fameux "plan B")

    Ce dont vous avez besoin, c’est d’un plan de stabilisation. Un grand plan collectif d’assurance sociale. La première chose que je ferais, c’est de fournir des allocations chômage, financées par un budget européen commun. Puis, je procurerais des suppléments-retraite, financés eux aussi par le budget européen, destinés à ceux qui en ont besoin. Je distribuerais des bons alimentaires, par exemple dans les écoles des pays qui n’ont pas de cantines, comme c’est le cas de la Grèce. Des gens commencent à avoir faim : vous devez vous occuper de ces situations. Cela aidera à stabiliser la situation, à la fois sur le plan économique et politique.

    L’idée du simple « plan de relance », selon laquelle il suffirait d’injecter de la monnaie pour revenir spontanément à la prospérité du plein emploi est un leurre. Ce n’est pas ainsi que les économistes keynésiens devraient raisonner et ce n’est pas ainsi que, dans nos économies modernes, on pourra affronter efficacement ces situations.

    Toutefois, financer un vaste filet social est également une sorte de plan de relance.

    Le problème de l’expression « plan de relance », c’est qu’elle implique une initiative temporaire. On ne peut pas créer une nouvelle situation par un simple « stimulus ». Ce dont on a besoin, c’est d’une organisation sociale permanente. A la limite, les allocations chômage peuvent être temporaires, si vous parvenez à relancer l’emploi. Mais ce n’est pas le cas des retraites : vous devez vous préparer à distribuer des pensions pour une longue période... Toute l’idée du plan de stabilisation est de procurer à des gens qui ont de faibles moyens économiques la capacité de vivre décemment, et pendant longtemps. Pas seulement pour quelques mois.

    Comment financez-vous un tel plan de stabilisation ?

    Eh bien, en envoyant des chèques.

    Hum ?

    Vous avez une monnaie, l’euro, vous pouvez envoyer des chèques en euros. C’est ce qu’on a fait ici : on a envoyé des chèques en dollars. L’administration sociale a envoyé des chèques du Trésor public, les gens les ont encaissés, il n’y a pas eu de problème.

    Vous êtes en train de parler de création monétaire...

    Ben oui. Est-ce pour vous une surprise que les gouvernements créent de la monnaie ? Ils ont fait cela depuis des milliers d’années. Les Mésopotamiens ont inventé cela ! Il est temps de le réapprendre.

    Vous savez très bien que les gouvernements, aujourd’hui, se méfient de la création monétaire, qui comporte des risques inflationnistes. En tout cas, c’est la conviction des dirigeants européens, à commencer par les dirigeants allemands qui détestent l’idée.

    Je n’y peux rien s’ils la détestent. C’est comme s’ils détestaient l’idée que l’eau est faite d’hydrogène et d’oxygène. S’ils n’admettent vraiment pas cette vérité, il faut accepter la proposition de Hans-Olaf Henkel [un économiste allemand, ancien président de la fédération de l’industrie, ndlr], qui suggère une sortie de l’euro.

    Si les Allemands ne veulent pas participer à une économie européenne qui fonctionne normalement, ils peuvent la quitter

    #monnaie #euro #allocations_chômage

  • #Turquie | Selahattin Demirtas (HDP) : “Six millions d’électeurs nous ont mandatés pour la paix”

    Je relaie ici un texte, présenté comme suit par Zeynep Jouvenaux (@zjouvenaux) sur un autre réseau : Le 28 juillet dernier, Selahattin Demirtaş, le co-président du parti #HDP (parti de gauche visant à rassembler tous les peuples de Turquie, que le gouvernement en place veut faire interdire) a prononcé un discours mémorable lors de la réunion de son groupe parlementaire. En voici le texte intégral en français. Selahattin Demirtas est une chance non seulement pour la Turquie, mais pour toute la région. C’est la première fois qu’un politicien kurde déjoue tous les pièges communautaristes en Turquie, et se pose comme un acteur politique pour l’ensemble du pays. Très vivement recommandé ! (cc : @alaingresh)

    Cher-e-s ami-e-s,

    Durant la période électorale, nous avons tous vu, vécu, débattu ensemble des dangers qui menaçaient la Turquie. Nous avons travaillé, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour expliquer aux peuples ce que nous espérions pour la Turquie, ce que ces élections signifiaient. On l’a fait comme on le pouvait, avec nos moyens, avec sincérité. Nous avons dit clairement ce que nous avions comme projet à nos électeurs, à nos frères et sœurs, à nos concitoyens. A l’arrivée, nos concitoyens se sont rendus aux urnes pour exprimer leur volonté, malgré des conditions très hostiles et inégalitaires. Nous avions en face de nous un adversaire qui mobilisait tous les moyens de l’Etat, tous les fonds publics pour faire sa propre campagne. Malgré cela, nous avons obtenu 13 % des voix, six millions d’électeurs ont voté pour nous, nous ont fait l’honneur de mener ici, à l’Assemblée nationale pour défendre la justice, la démocratie, la paix, pour prendre le parti de ceux qui sont opprimés, exploités, des pauvres, des femmes, des jeunes. C’est pour cela que nous avons été mandatés.

    “Respecter la volonté des électeurs”

    Cher-e-s ami-e-s,

    Certaines difficultés que nous avons vécues lors de la période électorale ont été relayées dans les médias. Mais vous, qui travaillez sur le terrain, vous avez expérimenté tout cela de très près. La campagne électorale a été très difficile. Malgré cela, nous avons toujours affirmé que nous nous inclinerions devant les résultats, quels qu’ils soient. Notre parti, le HDP a toujours dit que même s’il restait en deçà du barrage des 10 % [ndt. en Turquie, un parti doit obtenir au moins 10% des votes au niveau national pour pouvoir faire entrer un député au Parlement. En deçà de ces 10 % au niveau national, les votes exprimés pour le parti ne comptent pas], il accepterait son sort. Nous avons dit : même si nous ne pouvons pas entrer à l’Assemblée nationale, nous continuerons de travailler, nous essayerons à nouveau, nous estimerons que c’est de notre faute, que c’est à nous de nous améliorer. En tant que dirigeants du Parti, nous nous sommes même engagés à démissionner en cas d’échec, à céder nos places à d’autres camarades, pour poursuivre le combat démocratique.

    Souvenez-vous, à cette période, le Premier Ministre alors en place [du parti AKP] faisait aussi campagne, et nous lançait des mises en garde en disant : « attention, si vous n’arrivez pas à franchir le barrage des 10 %, il ne faut pas venir pleurer. Engagez-vous dès à présent à respecter la volonté des électeurs. Quel que soit le résultat des urnes, soyez prêts à l’accepter ».

    “Ceci est un Coup d’Etat”

    Pourquoi je rappelle tout ça, cher-e-s ami-e-s ? Ceux qui ont déclaré qu’il ne pouvait y avoir de volonté individuelle au-delà de la volonté de la nation, ceux qui ont dit « nous sommes arrivés au pouvoir grâce à la volonté de la nation, si la nation veut notre départ, nous partirons », ceux qui, depuis treize ans, [ndt. AKP est au pouvoir depuis 13 ans] n’ont cessé de répéter le caractère souverain de la volonté de la nation, du peuple, des urnes dont ils tiraient leur légitimité, ceux-là ont décidé aujourd’hui de contrevenir à la volonté du peuple, de nier les résultats des élections, de faire un Coup d’Etat, de former un gouvernement de junte.

    Notre pays s’en est sorti haut les mains des élections législatives du 7 juin. La société a fait son devoir, nos concitoyens se sont rendus aux urnes. Malgré de nombreuses tentatives de fraude, et d’irrégularités dans des bureaux de vote, nos concitoyens ont voté. Le taux de participation était l’un des plus élevés de toute l’histoire de la République. Ces votes ont donné lieu à un nouveau Parlement. A travers leurs votes, les électeurs de ce pays ont demandé un gouvernement de coalition [ndt. AKP a perdu la majorité absolue aux élections du 7 juin, et n’est pas en mesure de former un gouvernement tout seul]

    Mais, ceux qui, depuis 13 ans, nous rabâchent qu’ils sont arrivés au pouvoir par la volonté nationale, ceux qui disent [ndt. Demirtas se réfère à Recep Tayyip Erdogan] “_j_e ne reconnais aucune tutelle, je ne reconnais aucune tentative de Coup d’Etat, moi j’ai lutté contre les Coups d’Etat, je n’en tolérerai aucune”, ceux-là même renient tous ces principes qu’ils faisaient mine de défendre, devant le succès électoral du HDP. Ils viennent de faire un Coup d’Etat. Après le 7 juin, contre la volonté du peuple, en Turquie, nous avons assisté à un coup d’Etat de Recep Tayyip Erdogan. Actuellement, nous avons une junte civile qui a pris possession des organes exécutifs, allant contre la volonté du peuple.

    Ils n’ont aucune légitimité. Leur pouvoir est illégal. D’où tirent-ils leur pouvoir, leur légitimité ?

    “Le gouvernement en place n’est pas légitime”

    Les décisions qu’ils prennent en ce moment même, comme celles de mener le pays à la guerre, ou de nommer des hauts fonctionnaires d’Etat, ou encore d’engager des dépenses sur des fonds secrets d’Etat... Sur quoi les fondent-ils ces décisions ? Le 7 juin, les électeurs vous ont retiré ce pouvoir. Depuis le 7 juin, vous n’avez pas la majorité pour former un gouvernement à vous seuls. Depuis le 7 juin, vous n’êtes pas autorisés à prendre ce genre de décisions tous seuls. Ceux qui agissent ainsi ont clairement fait un Coup d’Etat qui piétine les résultats des dernières élections du 7 juin. Nous en sommes là.

    Et il y a aussi les suiveurs de ce Coup d’Etat. Ceux qui se disent nationalistes [ndt. Demirtas se réfère ici au parti ultra-nationaliste de droite MHP] applaudissent des deux mains ce Coup d’Etat sans honte, sans vergogne. Souvenez-vous de ce qu’il [le chef du parti MHP] disait avant les élections, il disait « si un membre de notre parti se rend au Palais [du Président Erdogan], il sera radié ». C’était ça leur discours aux nationalistes. Mais hier, au Palais, ils étaient tous en garde-à-vous devant le Président.

    Alors ? Vous disiez que vous alliez demander des comptes à Bilal [le fils du Président Erdogan qui semble compromis dans diverses affaires de corruption], _regardez, vous n’avez pas eu Bilal, mais vous avez fini par donner votre Hilal [ndt. allusion au croissant de lune, symbole du parti ultra-nationaliste HDP, qui se dit « hilal » en turc)_

    “Notre seule faute est d’avoir obtenu 13% des voix”

    Cher-e-s ami-e-s, alors de quoi sommes-nous coupables ? Quelle est notre faute ? C’est d’avoir obtenu 13% des voix aux élections, d’avoir porté la volonté du peuple aux urnes et d’avoir donné lieu à la formation d’un nouveau Parlement. A part cela, on ne peut nous imputer aucun méfait. Nous avons lutté pour la démocratie, la fin des inégalités, pour que l’égalité et la liberté deviennent nos modes de vie pérennes dans ce pays. C’est pour cela, c’est pour la paix que les électeurs ont mandaté nos 80 députés aujourd’hui présents dans l’Assemblée nationale. Et dès le premier soir, dès le 7 juin, nous avons dit que nous étions prêts à servir la paix.

    Mais ceux qui ont clamé depuis des années lutter pour la paix, pour la résolution des conflits, pour la fraternité et l’unité des peuples de ce pays ; ceux qui ont solennellement affirmé qu’ils donneraient leur vie pour la paix, en buvant de la ciguë, en devenant des martyrs, ceux-là même nous ont démontré combien la paix ne signifiait rien pour eux en vérité, une fois qu’ils ont perdu leur majorité absolue après le 7 juin. C’est ça le sens de ce Coup d’Etat.

    L’accord de Dolmabahçe était une chance inédite pour ce pays. Le Président l’a renié”

    Souvenez-vous de l’accord de Dolmabahçe [ndt. en février 2015 un accord avait été trouvé entre les forces kurdes et représentants du gouvernement turc en vue du désarmement et de la paix. En mars 2015, le Président Erdogan a condamné cet accord commun, en reniant notamment une quelconque unité, ou entente entre les parties]

    Des délégations formées de nos députés, des représentants d’Imrali [ndt.référence à Abdullah Ocalan, le leader du PKK], des représentants du gouvernement et des députés d’AKP ont fait une déclaration commune. Cette déclaration de Dolmabahçe avait été un tournant crucial pour l’histoire politique turque. Cet accord, ce texte, ne sont pas à prendre à la légère. C’est quelque chose de très sacrée, très morale, très respectable. Je remercie encore une fois tous ceux qui y ont contribué. Chaque partie, que ce soit nos députés, les députés du AKP, les représentants du gouvernement et surtout Monsieur Öcalan qui a rendu possible cette annonce à travers sa ligne politique ferme, chacun d’entre eux mérite nos remerciements. Car, à travers cette déclaration, ils ont remis les clés de la paix aux peuples de Turquie. Ils ont libéré la paix prise en otage par toutes ces puissances qu’on qualifie tantôt d’étrangères, d’obscures, de secrètes, d’agents provocateurs nationaux ou internationaux. Bref ils ont écarté tous ceux qui ont été désignés comme les ennemis de la paix à un moment donné, et ils nous ont confiés cette paix à nous, aux peuples de Turquie. Voilà le sens de l’accord de Dolmabahçe. Cet accord n’était pas une trahison, ni une division du pays. C’était un manifeste, une feuille de route pour la fraternité, la libération de tous, la démocratie et le désarmement. Et nous, forts du mandat que le peuple nous a accordé après les élections du 7 juin, nous avons voulu immédiatement mettre tout cela en œuvre. Nous avons dit que nous respecterions ces principes quels que soient les partis qui allaient former le gouvernement. Nous avons apporté notre soutien à la paix et avons dit qu’on était prêt à collaborer avec tous les partis dans ce sens.

    Le Président de ce pays ne désire pas la paix

    Cher-e-s ami-e-s,

    Nous avons tous suivi avec attention comment ils se sont désolidarisés de l’accord de Dolmabahçe au bout d’une semaine, comment ils l’ont renié. Monsieur le Président a immédiatement réprouvé, contesté cet accord, en allant même critiquer jusqu’à la photo où toutes les parties posaient ensemble. Il a même nié l’existence des pourparlers pour la paix, en déclarant que, de toute façon il n‘y avait même pas de problème kurde dans ce pays. Je le comprends ceci dit. Il s’est fait construire un somptueux palais. Il l’a richement décoré. Il vient de s’y installer à peine. Il a des envies, des ambitions, il aime les titres, la gloire, le pouvoir, l’argent. Or la paix, la résolution des conflits internes, la démocratie, tout cela signifierait pour lui de perdre tout ça. Donc, lui, je le comprends.

    Mais j’ai beaucoup de mal à comprendre tous ceux qui avaient apposé leur signature à cet accord. Tous ces responsables d’Etat qui ont participé aux pourparlers, puis ont fait cette déclaration. Ils ont travaillé jour et nuit pour arriver à cet accord. Alors pourquoi l’ont-ils laissé tomber ? Comme nous, vous y avez passé du temps, donné votre énergie. Nous n’avons rien fait d’illégal, ni d’immoral. Nous avons fait ensemble et publiquement la promesse de la paix aux peuples de Turquie. Et nous n’étions qu’à un pas de la réalisation de cette promesse. Il ne restait plus qu’une semaine pour que tout aboutisse. Aux membres de l’AKP, au Premier Ministre à Monsieur le Président qui nous somment de faire des déclarations pour prouver encore et encore que nous sommes pour la paix. A ceux qui nous reprochent de nous nourrir de terrorisme, de sang, de conflits, je voudrais rappeler cet accord de Dolmabahçe.

    Il ne nous restait plus qu’une semaine, dix jours, pour résoudre de manière stable et pérenne le plus gros problème de la Turquie, pour arrêter le sang qui coule depuis 40 années. Nous avons travaillé, mené ces pourparlers pendant deux ans et demi. Il nous restait 10 jours pour aboutir. Pourquoi y avez-vous renoncé ? Pourquoi vous n’annoncez pas publiquement les raisons de votre désengagement de cet accord ? Pourquoi, pourquoi y avez-vous renoncé ? Imaginez-vous. Il y une organisation armée, le leader de cette organisation [référence à PKK et à Abdullah Öcalan] annonce qu’il va faire un appel à tous ses guérillas, les rassembler dans la semaine qui suit dans un congrès exceptionnel pour leur dire de déposer les armes définitivement. Nous, nous nous sommes réjouis de cette nouvelle. Pourquoi, vous, vous avez paniqué à cette nouvelle ? Monsieur le Président, pourquoi avez-vous paniqué devant la perspective que le PKK dépose les armes ? C’est vous qui avez empêché de déposer les armes ! On a l’impression que si aujourd’hui les membres du PKK quittaient leurs montagnes pour déposer leurs armes, le Président Erdogan leur bloquerait le passage, en leur disant « mais je vous en prie, regagnez la montagne, poursuivez la lutte armée ». Car il n’a pas l’intention d’aboutir à la paix. Je le dis très clairement, il faut que ceci soit très bien compris par tous nos frères et sœurs, par nos concitoyens, par tous ceux qui vivent en Turquie : le Président de ce pays a stoppé le désarmement du PKK, a tout fait pour l’en empêcher.

    Alors que nous étions parvenus à un point déterminant avec l’accord de Dolmabahçe, il a tout balayé d’un revers de la main, en anéantissant tous les fruits des pourparlers. Il a mis fin au processus de paix. Car, tous les sondages d’opinion lui ont démontré que si la paix se réalisait, cela serait contraire à ses intérêts, que la paix serait un obstacle pour lui, l’empêcherait d’obtenir le changement de la Constitution au profit d’un régime présidentiel, comme il le souhaite. Alors il s’est dit : « à quoi bon ces négociations, ce processus pour la paix si cela m’empêche d’instituer le régime présidentiel ? »

    Ceux-là même qui nous qualifient de traîtres à la patrie, de séparatistes, de terroristes, ont livré ce pays dans les flammes de leurs propres mains.

    ~Regardez, je l’exprime en jurant sur tout ce en quoi je crois, toutes mes valeurs sacrées. La situation est aussi claire que cela. Toute la population devrait agir en sachant cette vérité simple.

    “Il n’y a aucune menace séparatiste”

    Il n’y avait pas de menace de séparation, ni de guerre, cette menace n’existe toujours pas. L’organisation appelée PKK a abandonné la stratégie de séparation il y a 20 ans de cela. Il n’existe pas de menace ni la peur de séparation dans le pays. Elle a annoncé qu’elle allait faire un congrès pour le désarmement. De quelle menace parle-t-on ? Il n’y avait donc pas de menace, la seule chose que vous deviez faire, la plus importante et honorable, c’était de maintenir les négociations pour arriver à un résultat final en une semaine ou 10 jours. Maintenant, si on avait fait la paix avec le PKK, si, de facto, la force du PKK n’était plus une menace pour la Turquie, et c’était possible... Ça aurait pu arriver en février. On aurait pu mettre ça en œuvre de facto en mars. Qu’est-ce qui se serait passé dans ce cas, cher-e-s frères et sœurs ? Une Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, une Turquie qui serait sortie de la menace armée du PKK, elle aurait pu se mettre à respirer à l’intérieur comme à l’extérieur, réfléchissez-y. Ainsi, elle aurait pu devenir un acteur de la paix pour tout le Moyen Orient. A ce moment-là, fallait-il se battre contre l’EI ? Cette Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, aurait pu se battre, avec le PKK, contre l’EI.

    Cela est politiquement possible, est éthiquement juste et légitime aux yeux de la population, on aurait pu donc le faire. Mais ils n’ont pas préféré ceci. Car Erdogan a bien dit qu’ils avaient besoin de 400 députés, donnez-nous 400 députés et vivez sereinement, tout se passera bien, sans embrouilles, c’est ce qu’il a dit. Si vous ne les donnez pas, il n’y aura pas de paix pour vous dans ce pays. Regardez, cher-e-s ami-e-s, nous avions prévu les délires qui nous attendaient quand nous nous étions fixés le but de franchir le barrage des 10 %. Et nous avons essayé de vous expliquer lors de nos réunions, dans nos appels à notre peuple, comment, dans cette folie, ils allaient nous conduire vers le feu.

    Ağrı Diyadin, les provocations pendant la période des élections, l’attentat lors du rassemblement, pour la campagne électorale à Diyarbakir, les attaques fascistes à Erzurum, les attentats à Adana, Mersin, les attaques contre les 176 permanences de notre parti. Tout cela était les signes de cette folie.

    “Toutes les victimes sont nos frères et soeurs, nos enfants”

    Maintenant, je suis sûr que les peuples de Turquie voient mieux dans quelle situation ces gens sont capables de nous plonger. Cher-e-s frères et sœurs, nos mères qui ont envoyé leurs enfants faire leur service militaire, nos mères dont les enfants sont des policiers, leurs pères... Ce sont nos enfants, nos frères et sœurs. Les enfants des personnes avec qui nous devons vivre en fraternité sur ces terres, nos frères. La mort d’un seul parmi eux ne pourrait nous faire sentir que de la douleur, que de l’amertume...

    “Ces jeunes ne meurent pas pour défendre la patrie, ils sont sacirifés pour les intérêts du Palais présidentiel”

    Mais ces mères et pères devront savoir : ils n’envoient pas ces enfants à la mort pour la patrie, c’est pour défendre le Palais que les cadavres de ces enfants arrivent entourés de drapeaux turcs. Pour le Palais, pas pour la patrie. Cette patrie appartient à nous tous. Si elle est menacée défendons-la ensemble, main dans la main. Si notre patrie est attaquée par l’ennemi, luttons ensemble, nous l’avons déjà fait plusieurs fois dans le passé. Nous l’avons fait en 1071, dans les années 1920. Faisons-le ensemble encore une fois aujourd’hui, défendons la patrie ensemble mais que personne ne nous demande de sacrifier nos enfants pour les profits d’un parti, encore moins pour le règne et la puissance d’une seule personne. Vous devrez aussi hausser votre voix.

    Des enfants, ça ne s’élève pas facilement. Nous sommes, la plupart, des parents. Nous voyons dans quelles difficultés grandissent nos enfants.

    Ne les sacrifions pas pour les bénéfices d’un palais, ni pour ses ambitions ni pour son pouvoir. Il ne s’agit aucunement de la défense de la patrie. Il n’existe pas de menace. Ce sont des tromperies. Alors que nous étions à un seul pas de la paix, au lieu de franchir ce pas et d’attraper la paix, ils ont préféré cette méthode. En ce moment, cher-e-s ami-e-s, malheureusement les corps des défunts arrivent de tout part. Ils arrivent des montagnes, des vallées, des villes, des villages, des places publiques. Ils arrivent dans les mosquées, dans les Cemevi, [lieu du culte des alévi]. Mais ce sont, tous, les enfants de ce peuple. Et ce complot, cette sale combine est calculée de telle manière que le sang coulera.

    “Les sales combines du pouvoir”

    Les Kurdes mourront, les Turcs mourront, les membres du PKK mourront, les soldats mourront, la police mourra. Les civils mourront. Et c’est le HDP qui sera tenu pour responsable pour tout ce sang versé, à travers des opérations de manipulation psychologique que l’AKP déploie comme des armes de guerre. C’est ça le calcul, la sale combine. En ce moment, avec GLADIO, l’organisation qu’ils ont créée, liée au palais, ils mettent en place une sale guerre. Cher-e-s ami-e-s, l’Etat a une méthode, une stratégie, les Etats font aussi des opérations secrètes. Tous les Etats le font, il n’existe point d’Etat propre. Ils le font. Ils le font faire aux services secrets de renseignement, ils font des réunions secrètes, mais Erdogan, il n’utilise même plus que l’Etat. Il a sa propre organisation, son propre budget, son propre argent. Il a ses fonds secrets et même en dehors de ça, il a son propre argent. Les renseignements arrivent directement à lui. Pas aux registres officiels du MIT (Service Secret de Renseignement National), c’est lui qui reçoit toutes les informations secrètes. Il décide de tout avec son équipe, son cercle restreint. Ils mettent en place des forces de contre-insurrection. Il a sa propre force de police, sa propre justice, ses propres médias. Il a ses propres "trolls" de guerre sale, des réseaux sociaux, et ils sont salariés. Et il a tous mis en activité. Opérations contre les syndicats, à EĞİTİM-SEN ( le syndicat de l’éducation), opérations contre la jeunesse, guerre psychologique contre le HDP. Ordre au procureur général de la Cour Suprême de la République pour ouvrir une procédure de fermeture de notre parti. Préparations dans plusieurs domaines d’un complot avec des raisons quelconques. Tentatives de criminalisation du HDP en créant des preuves de pacotille pour préparer un complot, comme celui concocté contre notre cher député Faysal SARIYILDIZ. Tout ceci est mis en place par l’organisation GLADIO. Cher-e-s ami-e-s, savez-vous quand est-ce que le feu vert a été donné pour tout ceci, après les élections ? Au massacre de Suruç. Celui qui a fait le massacre de Suruç est aussi GLADIO, cette organisation privée. Je vais m’exprimer cher-e-s ami-e-s.

    Les messages du massacre de Suruç

    Que s’est-il passé là-bas ? Des jeunes révolutionnaires brillants ont été massacrés par le biais d’un pauvre diable qui avait rejoint les rangs d’EI mais qui répondait directement à GLADIO, qui était à son service. 32 précieux enfants de ce pays ont été massacrés, mis en morceaux. Premier résultat qu’ils souhaitaient obtenir, c’est de donner le message suivant aux révolutionnaires de ce pays : Si vous maintenez votre solidarité avec Kobane et Rojava, on vous réduira en morceaux. Le second était adressé aux peuples de Turquie s’étant réunis autour du HDP : Si vous continuez à vous assembler autour du HDP, on vous réduira en morceaux. Le 3ème message était au HDP, si vous insistez sur votre politique, on mettra vos jeunes en morceaux. Le 4ème résultat : ils se sont posés comme les victimes de l’EI. Un gouvernement, dont le soutien à l’EI est connu du monde entier, s’est montré comme victime de l’EI grâce à cette sale combine, ce sale massacre.

    Les leaders du monde entier appellent Monsieur le Président pour lui exprimer leurs condoléances mais lui, vu qu’il est victime de l’EI, il n’appelle aucune famille pour exprimer ses condoléances. Regardez-moi cette victime de l’EI. Regardez cette sale combine. Tout de suite après, cher-e-s ami-e-s, deux agents de police dans ont été exécutés dans leur sommeil. C’est une affaire crapuleuse, quoi qu’on en dise.

    “Un piège pour tous les peuples de Turquie”

    Ça fait aussi partie de la provocation. Le meurtre du soldat tué à Adıyaman reste aussi une affaire obscure, pas encore élucidée. Regardez, tout ceci arrive dans le même jour ou dans les jours qui se suivent. Et en partant de cela, on appuie sur un bouton pour une opération militaire et politique préparée et organisée bien avant. Ils font quelques sorties contre l’EI juste pour sauver les apparences, afin de se montrer au monde entier comme victime de l’EI et dire qu’ils font la guerre contre l’EI. Mais en vérité, ils utilisent ceci pour cacher leur opération contre le HDP. La vraie grande opération est contre le HDP. Ils bombardent Kandil avec des avions de guerre et attisent le feu en espérant que leurs adversaires vont répondre par des contre-attaques. Et les résultats de tout cela, ils veulent les mettre sur les épaules du HDP. A une potentielle future période d’élections, ils diront ceci aux peuples de Turquie : Voilà, vous avez voté pour ces terroristes, pour ceux qui ont massacré nos soldats et nos agents de police. Regardez, c’est eux qui ont mis le pays en guerre. Le complot est aussi clair que ça. Si les peuples de Turquie ne prennent pas position face à ce calcul si clair, s’ils n’y arrivent pas, si nous n’avons pas le courage d’élever la voix en unison pour la paix, cette sale combine continuera. Mais si tous ensemble, nous disons que que nous ne voulons pas de guerre, que nous ne les laisserons pas faire la guerre, les deux adversaires devront immédiatement sortir de leurs positions de conflit. Si nous leurs disons : nous n’avons pas trouvé nos enfants dans la rue.

    “On peut lutter tous ensemble, tous unis”

    Nous ne les avons pas élevés pour qu’ils soient victimes de votre règne au palais, cela s’arrêtera. Ils abandonneront s’ils voient qu’ils perdent des votes. Les votes, ce sont les votes qui nourrissent leurs veines. Comme si ces votes leur étaient donnés par perfusion. Au moment où vous la retirez, le danger s’arrête. Que les peuples de Turquie n’aient pas peur ! Le HDP est une grande chance pour ce pays, cher-e-s ami-e-s. Une grande chance pour l’unité et la fraternité dans ce pays. Une grande chance pour la paix au Moyen-Orient. Regardez ceux qui nous attaquent. Regardez leur manière de faire. Regardez les arguments qu’ils utilisent. Vous verrez mieux toutes ces vérités si claires.

    Regardez un peu le comportement de ceux qui parlent d’une Démocratie Avancée, ceux qui disent que dans la nouvelle Turquie, tout est désormais magnifique... Pendant trois jours, le cercueil d’une jeune femme alévie n’a pas pu quitter le Cemevi du quartier de Gazi encerclé par les forces de l’ordre. Cette jeune femme n’a pas pu avoir de funérailles durant trois jours. Pendant trois jours, ils ont attaqué les croyances sacrées des gens, leur foi, avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, en souillant leur lieu de culte.

    Treize cadavres ! Les cadavres de treize jeunes, ayant perdu la vie à Kobané, attendent depuis 4 jours au poste-frontière de Habur sous 45-50 degrés... Ils ne les acceptent pas en Turquie. Ce sont des citoyens de la République de Turquie. Ce sont les cadavres de héros ayant combattu avec honneur à Kobané. Les cadavres de ces héros qui ont résisté contre votre armée de violeurs, sont bloqués depuis 4 jours là-bas sur ordre du Premier ministre.

    Soixante jeunes sont placés en garde à vue à Urfa. Trois d’entre eux, cher-e-s ami-e-s, furent torturés de manière atroce. Dès le début de leur garde à vue. Ecoutez attentivement. Les membres d’une unité spéciale de la Préfecture de police d’Urfa ont emmené l’un d’entre eux dans un terrain vague, lui ont mis un sac en tissu sur la tête en l’étouffant. Ils l’ont déshabillé entièrement, ils lui ont mis un couteau sous la gorge. Ils lui ont dit : « nous sommes le DAECH, c’est nous le DAECH. » Tout ça figure dans la déposition de ce jeune homme torturé.

    Ils lui ont fait creuser une tombe. Je ne vous parle pas des années 1990, je vous parle de la semaine dernière. Ils l’ont torturé, lui ont infligé des traitements totalement contraires à la dignité humaine que je ne peux pas vous décrire ici, un traitement si inhumain que la victime ne veut pas que le récit des sévices qu’elle a subis soit fait ici. La semaine dernière, en Turquie. Sous le gouvernement AKP. Sous cette mascarade qu’ils appellent la Démocratie Avancée. Si nous n’unissons pas nos efforts cher-e-s ami-e-s, ils vont généraliser ceci à l’ensemble du pays. Nous allons avoir des funérailles chaque jour, un jour un membre du PKK, un autre jour un soldat, le lendemain un policier, le surlendemain un jeune, un autre jour une femme... Ils vont nous laisser porter le poids des cercueils sur nos épaules, nous monter les uns contre les autres pendant qu’eux continuent à savourer leur règne tyrannique, en profitant de l’argent qu’ils ont volé en dépouillant ce pays.

    Pourquoi veulent-ils faire interdire notre Parti ?

    C’est précisément pour cette raison qu’ils veulent faire interdire notre parti, le HDP.~ C’est la raison pour laquelle le HDP représente une menace pour eux. Vous voulez la paix ? C’est l’affaire d’une seule journée. M. Öcalan, que vous détenez en isolement, allait lancer son appel, si vous aviez respecté l’accord de Dolmabahçe. Vous voulez la paix ? Alors pourquoi vous faites des raids avec 40-50 avions de guerre ? Avec une seule de vos directives, vous arrivez à faire décoller cinquante F16 tous les jours. Alors pourquoi aucun bateau ne part pour l’île-prison d’Imrali ? Les avions de guerre ne sont jamais en panne mais le bateau d’Imrali est en panne depuis des années. La paix se trouve sur la trajectoire de ce bateau. C’est une question de bon sens. Si nous avons promis la paix à notre peuple, nous allons respecter notre parole cher-e-s frères et sœurs.

    ~Nous avons eu 13,1 % de voix de paix des peuples de Turquie. Nous avons eux des voix pour la tranquillité. Nous allons évidemment faire le nécessaire, nous allons prendre nos responsabilités. Nos consciences nous l’ordonnent. Le peuple nous l’ordonne. Notre éthique politique nous l’ordonne. Nous n’allons pas tomber dans ce piège, nous n’allons pas céder face à leurs bassesses. Quoi qu’il arrive cher-e-s ami-e-s. Cher-e-s camarades député-e-s, tou-te-s nos ami-e-s du parti. Nous n’allons pas faire de concession sur notre discours de paix. Ils vont nous provoquer, nous attaquer. Leur but est d’éloigner le HDP de sa ligne actuelle fondée sur ses principes. Attention ! C’est le plus grand piège. Evitons-le.

    Leur seul moyen pour revenir à un gouvernement de parti unique est de dissoudre le HDP. Les partis sont créés et dissous par le peuple. Ceux qui nous ont donnés 13% des voix aujourd’hui, pourraient demain nous en donner que 1%. Nous respecterons ceci. Nous considérerons notre parti comme dissout. Mais nulle part dans le monde, aucune décision de justice n’a pu dissoudre réellement un parti. A vous de voir.

    “Levons toutes les immunités parlementaires”

    Vous parlez d’immunité ? Demain, avec 80 collègues député-e-s, nous déposerons nos demandes au parlement pour la levée de nos propres immunités parlementaires. En êtes-vous capables, à votre tour ? Allons-y. Si vous n’avez pas peur, levons tous ensemble nos immunités parlementaires. Nous n’avons rien à nous reprocher, nous n’avons pas peur. Nous n’avons rien volé, nous n’avons rien pillé, nous n’avons pas tué. Nous ne cachons rien à personne. Bien que la justice soit à votre solde, allons-y ! Levons tous ensemble l’immunité parlementaire des 550 députés. Nous allons dire oui. Nous allons dire oui à la levée de nos propres immunités parlementaires. Nous n’avons pas peur de vous. Nous ne nous attendons pas à ce qu’Azraël nous rende la vie...

    Nous faisons confiance à notre peuple. Nous avons toujours dit, nous avons notre Dieu et nous avons notre peuple. Nous avons lutté en y puisant notre force, c’est grâce à cela que nous en sommes là aujourd’hui. Nous allons enrayer cette guerre en résistant ainsi. Nous n’allons pas te laisser faire la guerre dans ce pays.

    Cher-e-s ami-e-s, des moments difficiles nous attendent dans les prochains jours. Nous avons une mission, nous sommes des serviteurs de notre cause. Si nous réussissons à serrer les coudes, à agir ensemble dans la rue, dans les quartiers, dans les usines, jusqu’à dans l’assemblée, dans le respect de nos principes et de nos valeurs, si nous menons une résistance pour la paix, nous allons réussir à arrêter toutes ces sales politiques. Soyez-en sûrs. Nous n’allons jamais céder. Ils ne verront dans nos yeux ni la peur, ni la panique, ni la crainte. Ils en rêveront, mais leur rêve ne se réalisera jamais. Nous ne nous agenouillerons jamais devant eux, nous ne clignerons pas d’un œil. Nous serons aussi déterminés. Nous nous devons d’être clairs en cette période.

    “HDP est le parti des kurdes, des turcs, des turkmènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sunnites, des alévis, des chrétiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvriers, des agriculteurs, des académiciens.”

    Ce groupe parlementaire représente toutes les personnes qui ont une conscience dans les quatre coins du pays. Nous avons parmi nous des kurdes, des turcs, des turkmènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sunnites, des alévis, des chrétiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvriers, des agriculteurs, des académiciens. En somme, nous sommes le prototype des peuples de Turquie. C’est ça la Turquie. Et ce groupe parlementaire représente la conscience de la Turquie. Nous ne les laisserons pas piétiner cette conscience. Nous allons en payer le prix quel qu’il soit. Notre peuple, nos frères et sœurs ne porteront plus ce fardeau. Nous ne laisserons pas la guérilla se faire tuer, nous ne laisserons pas le soldat ou le policier se faire tuer. Aucun de ces meurtres n’est et ne sera acceptable à nos yeux. Que ceux-là ne fassent pas les frais, qu’ils n’aient pas à payer, ni de leur vie, ni de rien. Nous sommes là pour ça. Nous avons le mandat du peuple pour payer le prix fort ; c’est la raison pour laquelle ils ont voté pour nous. Nous sommes prêts à payer le prix qu’il faut. Mais ceux qui luttent contre nous, ceux qui nous considèrent comme des ennemis, devront être aussi courageux que nous. Sinon ils perdront et vous verrez bien qu’ils perdront.

    Nous allons le voir tous ensemble. Ils vont perdre face à cette résistance. La volonté pacifique de la Turquie triomphera.~ L’avenir libre de la Turquie vaincra. Pour ce faire, il nous suffit de ne jamais oublier autour de quel principe fondateur du HDP nous sommes réunis. Ils essayeront de nous démoraliser, nous allons rester droits. Ils essayeront de nous faire oublier nos peines, ils se moqueront de nos morts, nous resterons droits. Ils nous feront sentir la discrimination, nous resterons droits. Ils essayeront de nous marginaliser, nous resterons droits. Ils se fracasseront contre notre intégrité. Vous allez voir, ils perdront. Nous allons débarrasser la Turquie de la junte de l’AKP. Nous allons nettoyer la Turquie de cette mentalité de coup d’Etat. Si nous sommes tous d’accord, si nous répondons présents à la Nouvelle Vie, alors bon vent à nous tous. Je vous remercie beaucoup et nous souhaite beaucoup de réussite sur le chemin que nous empruntons.

    • Il est à présent menacé de 24 ans de prison par la justice turque, ainsi que la co-présidente du HDP, Figen Yüksekdağ.
      Selon Henri J. Barkey, directeur des études sur le Proche-Orient de l’institut américain Wilson Center interviewé par l’hebdomadaire allemand Die Zeit, "le combat contre le PKK n’est qu’une diversion, la cible du gouvernement Erdogan est le HDP".

      Le HDP est le premier parti réclamant plus de droits pour la communauté kurde qui est arrivé à entrer au parlement début juin. Il était arrivé à remporter des voix de nombreux électeurs non-kurdes, fatigués de l’éternelle exclusion et de la polarisation entre Turcs et Kurdes. Les 13% du HDP ont coûté au AKP, le parti de M.Erdogan, sa majorité gouvernementale et à Erdogan lui-même une grande partie de son pouvoir. Un nouveau gouvernement n’est toujours pas formé en Turquie.

      « le combat contre le PKK n’est qu’une diversion, la cible du gouvernement Erdogan est le HDP », dit Henri J. Barkey, directeur des études sur le Proche-Orient de l’institut américain Wilson Center . Pour Barkey, l’offensive militaire actuelle poursuit avant tout des buts de politique intérieure. "Erdogan joue un jeu très cynique. Depuis les élections, il est prêt à tout pour aider l’aKP à regagner son pouvoir".

      Avec de nouvelles élections qui seraient nécessaires si fin août il n’y avait toujours pas de coalition, le HDP pourrait, selon le plan Erdogan, retomber sous la barre des 10%, et ainsi être éliminé du parlement. Il suffirait de quelques points, d’une petite part d’électeurs qui se laisseraient attraper à nouveau par la rhétorique habituelle, mais déclamée à présent avec une rage renouvelée d’Erdogan : il faut que nous nous serrions les coudes contre les terroristes kurdes. C’est pourquoi Erdogan et son entourage essaient à chaque occasion d’effacer les frontières entre le HDP et le PKK."

      (extrait de l’article, trad.-minute I.B.)
      http://www.zeit.de/politik/ausland/2015-07/tuerkei-erdogan-friedensprozess-kurden-hdp

    • Vrai ou faux : La Turquie se sert-elle de l’#EI comme prétexte pour combattre les Kurdes ?

      ISTANBUL, 14 août 2015 (IRIN) - À la fin du mois de juillet, la Turquie a lancé des frappes aériennes contre l’autoproclamé État islamique (EI). Les États-Unis ont salué cette initiative, la considérant comme un tournant dans la mise au point d’une stratégie conjointe pour lutter contre le groupe islamiste.

      http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?ReportID=101865

  • Varoufakis, le vrai secret du « Plan B » - AgoraVox le média citoyen
    http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/varoufakis-le-vrai-secret-du-plan-170259

    Traduction française et "#Varouftapes - l’intégrale" - édifiant (y compris la réaction effarée de la droite anglaise écoutant ces révélations : ah, la direction des finances publiques grecque est nommée par Bruxelles ?)

    Mais dans le même temps, pour le moment, ce que je vis, David et Norman, c’est que, comme vous le savez, je suis devenu le traître du parti. Vous savez comment c’est quand vous passez de l’autre côté d’un sel coup, vous passez de l’autre côté non pas parce que vous avez changé, mais parce que tout les autres ont changé. Ils ont subi une mutation, soudain ils ont adopté le langage contre lequel j’ai lutté pendant ces six dernières années avec eux, et maintenant ils l’ont adopté.

  • VersoBooks.com
    http://www.versobooks.com/blogs/2146-wolfgang-streeck-the-euro-a-political-error

    Très important entretien accordé par Wolfgang Streeck le 7 juillet à l’Espresso et désormais disponible en anglais.

    Wolfgang Streeck dirige l’Institut d’Etudes sociales Max Planck de Cologne - son livre « Du temps acheté » a récemment été publié par Gallimard.

    ‘The euro is not Europe’. Wolfgang Streeck suggests this as a basis for an accurate analysis of the negotiations over the Greek debt. ‘The equation between the monetary union and Europe is simply ideology, and serves to conceal prosaic interests’, the director of Cologne’s Max-Planck Institute for the Study of Societies explains.

    The interests of the countries of Northern Europe, against those of the South; of international finance against the peoples of the Mediterranean; of the ‘market people’ [Marktvolk] against the ‘state people’ [Staatvolk]; of capitalism against democracy. For the author of Buying Time: The Delayed Crisis of Democratic Capitalism, the Greek case in fact merely represents the latest variant of a process dissolving the postwar democratic capitalist system. That is, the system that had fought to hold democracy and capitalism together in a fragile and unstable combination, and which gave rise to a social pact that has now exploded.

    Even in Europe. And precisely because of a European Union that has become ‘the engine of the liberalisation of European capitalism, a tool of neoliberalism’. And because of a single currency that serves ‘the market’s interests’. For Wolfgang Streeck, one of today’s most influential sociologists, if we are to get out of the vicious circle of a free-market Europe condemned to austerity, we must start by renouncing the euro as a single currency. With a new European Bretton Woods.

    #monnaie #dette #Grèce #Allemagne #Etalon_Or #austérité

  • Griechenland : Das « System Schäuble » - Kultur - Süddeutsche.de
    http://www.sueddeutsche.de/kultur/zorneines-soziologen-mexikaner-europas-1.2582666

    @colporteur

    Les Grecs - les Mexicains de l’Europe ?

    (Un article de Stephan Lessenich, prof de sociologie à l’Université de Munich, publié par la Süddeutche Zeitung)

    "Ce qui est nouveau, c’est qu’avec « le sauvetage de la Grèce » le modèle de développement colonial revient en Europe, son lieu de naissance historique. Si le « modèle Tietmeyer » (comme l’avait appelé Pierre Bourdieu au sujet d’un président de la Bundesbank) se limitait encore à imposer une certaine forme de capitalisme débridé à l’espace européen, le « système Schäuble » annonce la phase suivante, ouvertement autoritaire, de transformation radicale de la société dans l’unique but de plaire aux marchés.

    Nous vivons en ce moment la colonisation intérieure de l’Europe : l’économie politique de l’impérialisme européen revient sur le vieux continent et, mieux encore, à l’intérieur des frontières de l’Union européenne. On pourrait aussi à bon droit parler d’un pas supplémentaire vers l’américanisation de l’Europe, car avec la Grèce - et une, deux,...beaucoup d’autres Grèces suivront - l’Union économique et monétaire européenne se fabrique une arrière-cour pour sa propre maison, une petite Amérique latine au bord de la Méditerranée.

    La population grecque fait à présent l’expérience sur son propre corps de ce que le colonialisme européen a fait subir pendant des siècles aux populations d’autres régions du monde que nous aimons tant aujourd’hui qualifier de « corrompues » ou d’économiquement « sous-développées ». La « politique de développement » qui caractérisait le régime colonial, à coup de perte de souveraineté étatique et d’appauvrissement voulu, revient à la maison - et ainsi l’Europe des Lumières, la si fameuse Europe des Lumières, si amoureuse d’elle-même, l’Europe d’une certaine façon fait retour vers elle-même.

    Mais cela passe par un détour via les Etats-Unis qui, en tant que démocratie post-coloniale, ont perfectionné le régime colonial : sous la forme des non moins célèbres « mesures d’ajustement structurel » dont les sociétés de l’autre côté du Rio Grande ont eu à se réjouir des décennies durant.

    Qui veut savoir ce qu’est une « mesure d’ajustement structurel » n’a plus à voyager dans des pays exotiques, il n’a qu’à lire ce que le premier ministre grec a dû avaler à Bruxelles : ouverture des marchés et grande braderie de la propriété publique, baisse des des allocations sociales et privatisation des infrastructures - le tout accompagné de l’humiliation du gouvernement national et d’une déstabilisation de la démocratie.
    (...)
    Les conséquences à prévoir sont évidentes - on a vu ce que la politique américaine a produit en Amérique latine : des millions de réfugiés économiques qui quittent leurs pays ruinés politiquement et saignés à blanc économiquement et s’aventurent sur une voie dangereuse pour atteindre les marges des sociétés riches et y tenter leur chance, au risque d’y être criminalisés comme « migrants illégaux » ou d’y être persécutés par une populace raciste.

    Les Grecs deviennent les Mexicains de l’Europe - et pendant que les Bulgares et les Roumains, tous soupçonnés d’être vaguement « Roms », sont encore une marche en-dessous d’eux, les Espagnols et Italiens « bien éduqués » tremblent déjà et se demandent combien de temps leur capital humain sera jugé utilisable dans les centres prospères du capitalisme européen.

    (traduction-minute I.B.)

    Das Neue ist, dass mit der „Griechenlandrettung“ das koloniale politisch-ökonomische Entwicklungsmodell endgültig nach Europa, an seine historische Geburtsstätte, zurückkehrt.

    #colonialisme #Grèce #Union_Européenne

  • Irène Bonnaud
    https://www.facebook.com/irene.bonnaud

    La lutte anti-terroriste semble tourner au lynchage politique : le HDP est désormais dans le collimateur.

    Plusieurs déclarations publiques ces derniers jours signalaient une pression croissante sur le Parti démocratique des Peuples (HDP). Maintenant, la machine judiciaire est en marche : un procureur a indiqué ce mardi avoir ouvert une instruction pour établir d’éventuels liens entre ce parti et le PKK, considéré comme une organisation terroriste. La justice doit établir s’il y a dans les actions et les déclarations des responsables du HDP, de quoi constituer un crime d’appel à la violence, qui constituerait la base juridique pour engager une requête en interdiction du parti.

    Ce qui réserverait au HDP (13% des voix aux élections du 7 juin, 80 députés au Parlement) le même sort qu’une dizaine de formations pro-kurdes avant lui, au cours de ces 2 dernières décennies.

    Signe que le HDP n’est plus du tout en odeur de sainteté : quand son président Selahettin Demirtas s’est exprimé devant son groupe parlementaire, aucune des chaînes d’information qui relaient d’habitude ce genre d’intervention (hormis la petite télé kurde IMC) n’a retransmis son discours.

    Le Président Erdogan a lui-même demandé la levée de l’immunité parlementaire des députés du HDP qui auraient ‘‘des liens avec le terrorisme’’ pour ‘‘les juger’’, a-t-il dit. Tout indique, à l’approche de très probables élections anticipées, à l’automne, que les dirigeants turcs cherchent à éliminer toute opposition kurde du paysage politique (et toute opposition de gauche)

    #HDP #coup_d'état #Turquie #Kurdistan

  • Hedge funds tell Puerto Rico: lay off teachers and close schools to pay us back | World news | The Guardian
    http://www.theguardian.com/world/2015/jul/28/hedge-funds-puerto-rico-close-schools-fire-teachers-pay-us-back?CMP=sha

    Billionaire hedge fund managers have called on Puerto Rico to lay off teachers and close schools so that the island can pay them back the billions it owes.

    The hedge funds called for Puerto Rico to avoid financial default – and repay its debts – by collecting more taxes, selling $4bn worth of public buildings and drastically cutting public spending, particularly on education.

    The group of 34 hedge funds hired former International Monetary Fund (IMF) economists to come up with a solution to Puerto Rico’s debt crisis after the island’s governor declared its $72bn debt “unpayable” – paving the way for bankruptcy.

    #Porto_rico #dette

  • #Turquie : arrestations, frappes au #Kurdistan… le triomphe des faucons - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150727.OBS3261/turquie-arrestations-frappes-au-kurdistan-le-triomphe-des-fauco

    Qu’il semble loin, le succès exceptionnel du HDP, lors des élections du 7 juin dernier ! Pour la première fois de l’histoire de la Turquie, un parti pro-kurde franchissait le seuil des 10% – l’un des plus élevés au monde – pour entrer au Parlement et obtenait pas moins de 80 députés d’un coup, avec 13% des voix. Le HDP infligeait un rude revers à l’#AKP, la formation au pouvoir, pour la première fois depuis 2002. L’AKP (Parti de la justice et du développement), s’il restait majoritaire, avait un genou à terre et était contraint de former une coalition pour gouverner. Tandis que le président Recep Tayyip Erdogan, qui comptait réformer la Constitution pour façonner un régime à sa convenance, devait mettre en sourdine ses tentations autoritaires. L’AKP doit maintenant former un gouvernement de coalition – qu’on attend toujours.

    « Cette victoire du HDP sur l’AKP était une chance pour les deux partis de s’affranchir de leurs ailes dures : les pro-lutte armée d’une part, les pro-Erdogan d’autre part », explique Samim Akgönül, chercheur au CNRS et spécialiste de la Turquie. « Mais en cet état de guerre, le président reprend le dessus et le KCK (Groupe des communautés du Kurdistan, un paravent du PKK) dicte ses conditions. Selahattin Demirtas est inaudible mais ce n’est pas le seul, tous les autres modérés aussi. »

    Mais le feu couvait depuis longtemps. Tout au long de la campagne pour les législatives, Erdogan – censé être cantonné, dans la lettre de la Constitution, à un rôle honorifique – n’a cessé de draguer le vote nationaliste aux dépends des Kurdes. A tel point que le président a torpillé en personne un processus de paix initié… par lui-même, dix ans plus tôt, quand il reconnaissait dans un discours historique l’existence du fait national kurde. Erdogan a critiqué son propre gouvernement quand celui-ci a présenté en février, conjointement avec des députés du HDP, un plan de paix en 10 points préparé par Abdullah Öcalan, le leader du PKK – qui appelait par la même occasion à déposer les armes. Une première, vite enterrée.

    • Le ouvertement turc au PKK : « C’est soit les armes, soit la démocratie »
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/07/27/la-turquie-lance-l-offensive-contre-les-kurdes_4700539_3218.html

      Les deux parties semblent déterminées à brûler tous les ponts, au risque de revenir aux terribles affrontements de la fin des années 1990, quand le sud-est du pays était ravagé par la guerre entre l’armée turque et le PKK, au prix de dizaines de milliers de morts et de millions de déplacés. Cette escalade aura un coût politique et économique au moment où la Turquie a besoin de plus de croissance et d’investissements.
      Nouvelles élections

      Ce changement de cap survient au moment où le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), privé de sa majorité parlementaire depuis les législatives du 7 juin, tente péniblement de former un gouvernement de coalition. S’il n’y parvient pas avant la fin du mois d’août, il y aura de nouvelles élections.
      Selon les analystes, l’AKP entre en guerre contre l’EI et le PKK dans l’espoir de récupérer les voix perdues lors du dernier scrutin. Cette soudaine perte de popularité a été vécue comme une claque pour ce parti, vainqueur haut la main de toutes les élections depuis 2002.
      Le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste) joue lui aussi la carte préélectorale en annonçant sa bonne disposition à former un gouvernement avec l’AKP « pour le salut du pays ». Le grand perdant de la nouvelle donne est le Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, prokurde), jusqu’ici en première ligne pour négocier l’accord de paix entre le PKK et le gouvernement.
      Les dirigeants du HDP se retrouvent désormais entre le marteau et l’enclume, marginalisés par les autorités pour leurs liens avec le PKK, contourné par la direction militaire du mouvement rebelle, moins encline que jamais à rendre les armes.

    • In Turkey’s New Conflict, Erdogan’s Powers at Stake - WSJ
      http://www.wsj.com/articles/in-turkeys-new-conflict-erdogans-powers-at-stake-1438183846

      A rise in nationalist feelings amid the bloodshed and an unfolding crackdown on the government’s Kurdish political foes could bolster AKP’s chances in such a new election, many analysts say.

      A two-percentage point shift from the last election could restore AKP’s absolute majority, making concessions demanded by its potential coalition partners on press freedom, corruption prosecutions and foreign policy unnecessary. This could also allow Mr. Erdogan to proceed with controversial plans to turn Turkey into a presidential republic and solidify his personal power.

  • Verhandlungen über drittes Hilfspaket : Die griechische Bahn ? Nur geschenkt ! | tagesschau.de
    http://www.tagesschau.de/wirtschaft/griechenland-privatisierungen-101.html

    "L’Autriche a annoncé son intérêt pour les chemins de fer grecs. Mais à une seule condition : si on les lui offre. « Si nous devions sérieusement nous intéresser aux chemins de fer grecs, j’excluerais totalement de payer un prix d’achat au-dessus de 0 », a déclaré le directeur des chemins de fer fédéraux autrichiens (ÖBB), Christian Kern, dans une interview. Il connaît bien les chemins de fer grecs et « a pris connaissance avec stupéfaction du prix auquel on croit pouvoir les vendre », a-t-il ajouté sans donner de chiffres."

    An der griechischen Staatsbahn meldete Österreich jetzt Interesse an. Allerdings: nur geschenkt. „Sollten wir uns die griechische Bahn ernsthaft ansehen, würde ich völlig ausschließen, einen positiven Kaufpreis zu bezahlen“, sagte der Chef der Österreichischen Bundesbahnen (ÖBB), Christian Kern, in einem Interview. Er kenne die griechische Bahn recht gut und habe „mit Verwunderung die Werte gesehen, die man glaubt, erlösen zu können“, sagte er ohne Zahlen zu nennen.

    #memorandum #Grèce #Treuhand

  • Grèce : Varoufakis s’explique sur son incroyable plan B
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/pirater-l-administration-fiscale-grecque-l-incroyable-plan-b-de-varoufakis

    ’ancien ministre grec des Finances aurait envisagé de pirater ses propres serveurs afin de créer un système bancaire parallèle, selon le quotidien grec Ekathimerini. Il aurait même eu un feu vert de principe d’Alexis Tsipras avant l’élection de Syriza. Source : La Tribune

  • des fantômes | ou la vie sauvage
    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2015/07/27/des-fantomes
    https://secure.gravatar.com/blavatar/fbff544e751a012cf407fcbfd5e6a699?s=200&ts=1438004816

    Nous avons vécu longtemps dans la compagnie des fantômes et peut-être, par malheur pour nous, sommes-nous les seuls à pouvoir les décrire.

    Négocier avec les fantômes aura sans doute été l’erreur la plus funeste de notre histoire récente ; il nous aura fallu six mois pour comprendre que les fantômes ne négocient jamais mais attendent, plus immobiles et plus silencieux qu’un sphinx, que les enfants soient épuisés.

    Aujourd’hui, nous avons au moins la consolation de pouvoir parler et de dire qui ils sont : nous avons tout perdu.

    #Syriza #austérité #Europe #UE #Eurogroupe #Grèce #récession #dette #démocratie #mémorandum #négociations #fiction #spectres #fantômes

    • La disparue d’Egine – Mari-Mai Corbel, DIACRITIK
      http://diacritik.com/2016/01/31/la-disparue-degine/#more-7410

      Captain pleura de joie le soir du 25 janvier 2015. Nous sommes sortis, direction le siège de SYRIZA applaudir le brillant Tsipras qui allait nous sortir des griffes des croque-morts, ces dignitaires de l’Union Européenne et du FMI. Après, nous sommes allés là où Tsipras fit son discours, place de l’Université. C’était la ferveur, et, en même temps, c’était comme quand vous venez de provoquer un monstre horrible. On n’en croyait pas nos yeux et on retenait nos souffles. On était des milliers. Je crois qu’il faisait froid. Je me souviens qu’on se souriait tous, que l’air était plus léger, trop léger. Ça nous montait au cerveau. On n’y croyait pas et on y croyait. Je fus folle de joie de croiser là par hasard Nikos, venu de Paris voter. Après, tous les jours avec Captain, trois heures de #télé, à suivre le #feuilleton de ce qui, après l’accord du 4 février, devint les « négociations avec les institutions »(...)
      ... un photographe-reporter, m’a prédit que l’Union Européenne ferait de la Grèce un « parking à #réfugiés. Un gros délire. Comme par hasard, depuis quelques semaines, on ré-entend des petites phrases lancées depuis Bruxelles ou Berlin, comme quoi, on n’est plus obligé de tout faire pour garder la Grèce dans l’Eurozone. Pendant ce temps-là, Schäuble à Davos vient de traiter #Tsipras d’imbécile devant lui, en se tenant les côtes de rire. L’autre a encore une fois souri poliment ou stupidement. Je me tais. Captain aussi. Hier on a regardé Tsipras fêter sa « victoire » du 25 janvier dernier devant quelques milliers de gens dubitatifs. Captain aime encore un peu Tsipras. Captain n’arrive pas à en croire ses yeux. L’autre jour, il se plante devant moi, tout sourire, légèrement illuminé. Il vient de faire un rêve éveillé, me dit-il, et, dans ce rêve, Tsipras avait un plan secret. Il allait sauver le pays ; on n’avait pas encore tout vu de Tsipras. Tsipras, le #sauveur. Le déni de réalité, le rêve, sont des réactions de survie dans des situations insupportables. Autant laisser Captain rêver. Captain, ces temps derniers, tantôt voit dans Tsipras un futur Papandréou (le père, sorte de Jaurès, à ne pas confondre avec le fils qui signa le premier mémorandum), tantôt un nul doublé d’un arriviste. Ça dépend des jours. Et souvent il dit que ça ne l’intéresse plus, qu’il est juste curieux de voir la fin de l’histoire. Le dénouement du thriller. A un moment ou à un autre, on finira bien par savoir qui est Tsipras. Héros, ordure en cheville avec les intérêts des banquiers ou un nul roulé dans la farine par Schäuble and co ? On arrêtera de se torturer pour essayer de comprendre comment ce fut possible, qu’après le cri du #OXI du 5 juillet 2015, Tsipras ait pu céder à ce point qu’en fait maintenant, presque plus rien n’est possible, tant la politique est totalement discréditée, ici. Captain croit qu’on saura un jour ce qui s’est passé. Je penche pour on ne saura jamais. Je penche pour un gros blanc, un diabolique coup de chiffon. On est dans le blanc. On ne réalise pas ce qu’on nous a fait. On s’est fait baiser, ni plus ni moins. Captain ne peut pas réaliser. Il n’a toujours pas atterri. Ce qu’il y a de certain, c’est que Tsipras s’est coupé du pays. Au début, Tsipras venait encore à Egine. A Egine, il n’a pas de maison mais il était invité par un ami de son père, je crois, un petit tailleur, où il passait ses vacances, adolescent. En fait Egine est devenue dans les années 2010 un repère de #SYRIZA. Plusieurs figures de SYRIZA, des députés, des-qui-allaient-devenir-ministres, avaient des maisons à Egine ou de la famille. Ils venaient discuter là. Tsipras venait encore après sa victoire dans des tavernes et Captain était fou de joie car on y vendait ses vins. Tsipras buvait son vin. On savait ça immédiatement. Tsipras passait et les Egrinètes se passaient l’info. Il y avait aussi Varoufakis et d’autres. Le premier gouvernement Tsipras comportait huit ministres propriétaires d’une maison à Egine. Le magazine du golfe saronique que j’ai conservé avait titré son numéro de février 2015 « LE GOUVERNEMENT D’EGINE… ». Les trois petits points du titre, c’est parce qu’Egine fut pendant la révolution grecque des années 1820-1830 le siège du premier gouvernement indépendant de la Grèce indépendante. Egine, symbole historique dans l’indépendance de la Grèce. L’été, les ministres étaient vus aux terrasses des cafés. Puis, on ne les a plus vus. Mystère et boule de gomme. On n’y comprend rien. »

  • Stathis Kouvélakis : « Le non n’est pas vaincu, nous continuons »
    http://www.revue-ballast.fr/stathis-kouvelakis

    La gauche, dans son ensemble, a considérablement sous-estimé la nécessité d’analyser sérieusement l’Union européenne. Au lieu de cela, nous avons eu droit, pendant des décennies, au recours à une longue litanie de vœux pieux : « l’Europe sociale », « l’Europe des citoyens », « faire bouger les lignes en Europe », etc. Ce genre de discours sont répétés inlassablement depuis des décennies alors qu’ils ont fait la preuve flagrante de leur impuissance et de leur incapacité à avoir la moindre prise sur le réel. Source : Ballast

  • Pro-Kurdish HDP warns interim gov’t plunging Turkey into chaos on purpose
    http://politics.bgnnews.com/pro-kurdish-hdp-warns-interim-govt-plunging-turkey-into-chaos-on-purpose-haberi/8022

    Après le coup d’état en Grèce, le coup d’état en Turquie - différentes méthodes, mêmes objectifs

    “Right now an interim government, an interim prime minister, are dragging Turkey into war step by step,” said HDP Co-Chair Selahattin Demirtaş Monday morning, “We already saw recently that, panicked over being temporary and desiring to become a permanent instead, the government is willing to plunge Turkey into all sorts of madness. Now we’re seeing the most tragic example of this playing out.”

    Demirtaş explained that the Justice and Development Party (AK Party), “as a party that is neck-deep in crime, sin and filth,” was panicked over losing its parliamentary majority in the June 7th general election in order to be able to cover up its crimes, and so was attempting everything possible to regain the power it lost.

    “They plan on regaining one party rule at snap elections by convincing the public that without an AK Party majority Turkey will suffer great chaos at home and abroad,” Demirtaş added, “This is why we’re seeing all this madness right now.”

    #Erdogan #HDP #ISIS #PKK #kurdistan #Syrie

  • Varoufakis reveals cloak and dagger ’Plan B’ for Greece, awaits treason charges - Telegraph
    http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/11764018/Varoufakis-reveals-cloak-and-dagger-Plan-B-for-Greece-awaits-treason-ch

    A secret cell at the Greek finance ministry hacked into the government computers and drew up elaborate plans for a system of parallel payments that could be switched from euros to the drachma at the “flick of a button” .

    The revelations have caused a political storm in Greece and confirm just how close the country came to drastic measures before premier Alexis Tsipras gave in to demands from Europe’s creditor powers, acknowledging that his own cabinet would not support such a dangerous confrontation.

    Yanis Varoufakis, the former finance minister, told a group of investors in London that a five-man team under his control had been working for months on a contingency plan to create euro liquidity if the European Central Bank cut off emergency funding to the Greek financial system, as it in fact did after talks broke down and Syriza called a referendum.

  • A l’encontre » Grèce. Dans les grands complexes touristiques évolue un trafic régulier « d’esclaves »
    http://alencontre.org/europe/grece-dans-les-grands-complexes-touristiques-evolue-un-trafic-regulier-d

    Le #tourisme est, dans le #capitalisme grec, fortement marqué par les #services, un secteur fort important : 25 millions de touristes prévus en 2015, soit 1 million de plus qu’en 2014, année record. Les mois de juillet, août et septembre concentrent quelque 60% des arrivées. L’ensemble de la branche emploie environ 700’000 personnes, dont une large majorité de salarié·e·s. La hausse de la TVA, incluse finalement dans les accords du 13 juillet, a fait la une de la presse internationale. Par contre, moins d’articles ont été consacrés à la baisse des salaires dans ce secteur, très forte dès 2012, et aux conditions de #travail. L’attaque des employeurs à l’occasion du deuxième mémorandum de 2012 avait suscité, en juin, un appel à la grève motivé de la sorte : « Les employeurs utilisent ouvertement l’avalanche de mesures [liées au mémorandum] qui écrasent les droits sociaux et humains des travailleurs et exiger ainsi avec violence leur soumission. »

    Selon une enquête effectuée en juillet 2014, la hausse du nombre de salariés n’ayant pas de couverture sociale, dans l’hôtellerie, la restauration et les bars, est apparue « foudroyante ». « Dans diverses îles des Cyclades, les employés logent dans des caves, travaillent sans assurances et les licenciements sont aussi courants que le changement de personnel. » (Protothema, 17 juillet 2014) Les employés disposant d’une qualification sont engagés comme « travailleurs non qualifiés » avec un salaire brut mensuel de 580 euros. Le miracle grec du tourisme n’est pas partagé par tous.

    #exploitation

  • Greece, the Sacrificial Lamb - The New York Times
    http://www.nytimes.com/2015/07/26/opinion/greece-the-sacrificial-lamb.html?smid=tw-share

    Joseph Stiglitz, avec quelques exemples, montre que “l’accord” néo-colonial Merkel-Hollande est destiné à détruire les petites entreprises grecques au profit des grandes firmes européennes et internationales :

    "Consider the case of milk. Greeks enjoy their fresh milk, produced locally and delivered quickly. But Dutch and other European milk producers would like to increase sales by having their milk, transported over long distances and far less fresh, appear to be just as fresh as the local product. In 2014 the troika forced Greece to drop the label “fresh” on its truly fresh milk and extend allowable shelf life. Now it is demanding the removal of the five-day shelf-life rule for pasteurized milk altogether. Under these conditions, large-scale producers believe they can trounce Greece’s small-scale producers.
    (...)
    Normally, the I.M.F. warns of the dangers of high taxation. Yet in Greece, the troika has insisted on high effective tax rates even at very low income levels. All recent Greek governments have recognized the importance of increasing tax revenues, but mistaken tax policy can help destroy an economy. In an economy where the financial system is not functioning well, where small- and medium-size enterprises can’t get access to credit, the troika is demanding that Greek firms, including mom and pop stores, pay all of their taxes ahead of time, at the beginning of the year, before they have earned it, before they even know what their income is going to be. The requirement is intended to reduce tax evasion, but in the circumstances in which Greece finds itself, it destroys small business and increases resentment of both the government and the troika.

    This requirement seems at odds, too, with another of the demands with which Greece has been confronted: that it eliminate its cross-border withholding tax, which is the withholding tax on money sent from Greece to foreign investors. Such withholding taxes are a feature of good tax systems in countries like Canada and are a critical part of tax collection. Evidently, it is less important to ensure that foreigners pay their taxes than that Greeks do.❞

    #fiscalité #Grèce #grande_distribution #industrie_agroalimentaire

  • La fin du petit commerce familial, une autre facette de la crise grecque
    http://observers.france24.com/fr/20150724-fin-petit-commerce-familial-facette-crise-grecque

    En septembre dernier, j’ai dû me résoudre à quitter la Grèce pour m’installer à Londres, car la crise ne me permettait plus de vivre de mon travail de photographe. J’ai alors décidé de me lancer dans cette série de photos comme une mémoire de mon pays au moment où je le quittais.

    En Grèce, il y a avait énormément de petits commerces familiaux : des épiceries, des magasins de vêtements, d’équipements, d’autres qui vendaient un peu de tout. Ils se sont beaucoup développés après la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de Grecs ont acheté un petit commerce souvent au pied de leur immeuble pour s’assurer un moyen de survie. Posséder son commerce, c’était un peu l’aboutissement d’un « rêve grec ». Ces magasins se sont transmis sur trois générations, mais depuis cinq ans, ils ferment les uns après les autres. Si vous marchez dans les rues d’Athènes ou Thessalonique, tous les quatre ou cinq commerces, vous trouverez porte close.

    J’ai choisi d’appeler cette série « L’archéologie d’aujourd’hui » car la Grèce est connue pour ses très nombreuses ruines, témoins d’une époque révolue. Pour moi, ces magasins deviennent eux aussi un symbole du passé, car ils ne rouvriront pas. Au mieux ils seront remplacés par des enseignes internationales ou des restaurants bon marché.

    via @cie813

    #Grèce #photographie

  • MONITOR vom 23.07.2015 - Monitor - ARD | Das Erste
    http://www1.wdr.de/daserste/monitor/sendungen/milliarden-deals-mit-griechenland-100.html

    Enquête et révélations de la télévision allemande :

    Parmi les biens publics que la Grèce doit vendre, il y a les 14 aéroports régionaux les plus rentables du pays qui doivent être vendus à une firme allemande, Fraport.

    Le maire de Corfou, Kostas Nikolouzos (120 000 habitants, 1 million de touristes par an, chiffre en augmentation) : « L’aéroport rapporte beaucoup d’argent, pourquoi devrait-on le céder ? Nous sommes en crise, n’est-ce pas ? Si on se prive des moyens de produire de la richesse dans ce pays pour relancer l’économie, comment fera-t-on ensuite ? ».

    Selon « l’accord » de colonisation européen, tout doit être bradé : la poste, les installations d’eau, les autoroutes, le réseau de gaz et d’électricité, les ports et les aéroports. Et donc, les 14 aéroports situés sur les îles les plus touristiques, Mykonos, Santorin, Kos, Corfou, etc.

    La firme allemande doit donner 1, 23 milliard d’euros et une taxe annuelle de 22,9 millions pour récupérer les 14 aéroports.

    Le ministre des infrastructures grec, Christos Spirtzis : « l’Etat grec doit vendre les 14 aéroports qui rapportent et les 30 autres aéroports qui ne font aucun profit doivent rester à sa charge. C’est un modèle qui ressemble à l’état des choses dans une colonie, pas dans un état membre de l’Union européenne ».

    D’après les chiffres de l’administration grecque, le nombre de vols via les 14 aéroports l’an passé a augmenté de 13,8%, le nombre de passagers a connu une augmentation de 19%. Un expert de la Lufthansa qualifie la transaction de « économiquement lucrative ».

    Mais on garde le meilleur pour la fin. S’agît-il vraiment d’une privatisation ? La société anonyme Fraport est une firme allemande mais surtout la majorité de ses parts est détenue par la ville de Francfort et la région de Hesse.

    Prof. Rudolf Hickel de l’Université de Brême : « ce qui va se produire est une changement de propriétaire - ce qui était propriété de l’Etat grec va pour ainsi dire devenir propriété de l’Etat allemand. Et à la fin, ce qui compte, c’est que les profits qui seront réalisés dans ces 14 aéroports financeront les services publics allemands ».

    Et que deviendra le petit milliard récolté pour la vente ? Il servira à rembourser la dette.

    Prof. Rudolf Hickel, Universität Bremen: „Da findet ein Eigentumswechsel von einem griechischem Staatsunternehmen in Richtung sozusagen deutschem Staatsunternehmen statt. Und am Ende geht es darum, dass die Profits, die Gewinne, die da gemacht werden in diesen 14 Flughäfen, dass die abgezweigt werden nach Deutschland in die Öffentlichen Kassen.“

    #colonisation #Grèce

    • Merci pour la tard @cie813, quel tableau ! Et c’est l’occase de quelques remarques, de continuer à se demander ce qui se passe au juste.
      Colonialisme ? Nous sommes tous grecs, certes, et ce genre d’info, après d’autres, conduisent à dire « colonisation ». Mais je doute qu’on puisse lire ce pillage là, les rentes et les relations de pouvoir qui y sont associées en terme de colonisation - même à un moment où la Grèce fournit davantage d’émigrants- lorsque ce qui est déterminant c’est une conso locale dépendante d’importations alimentaires et de produits manufacturés), le secteur touristique (une présence étrangère qui diffère de l’implantation de colons sur la durée) et la #dette. Et qu’en plus en Grèce, comme ici, l’utilisation de migrants sous des formes #néoesclavagistes vient pallier une certaine indisponibilité de la main d’oeuvre locale.
      Dans un secteur économique clé, la marine marchande, les armateurs grecs sont off shore depuis longtemps (sans main mise allemande ou européenne). Le proto capitalisme, marchand, se jouait des frontières....

      Alors si on veut causer en terme de colonisation, faut-il, avec Pasolini et d’autres, parler de colonisation par le mode de vie bourgeois de tout ce qui n’y était pas indexé (des payons aux ouvriers, des ouvriers aux chômeurs, des chômeurs aux Grecs). Dans l’accélération de l’histoire actuelle, d’autres extensions du terme apparaissent elles aussi justifiées (colonisation du temps vécu, par ex.).

      Faut ajouter un « néo » à colonial ? Ce serait quoi la colonisation cette fois ? La Grèce parc de loisirs allemand à forte valeur patrimoniale et mouroir plus ou moins doré d’actifs (ou pas) retraités européens (à l’image de la Floride, cf ce phénomène, freiné en Tunisie, toujours en cours au Maroc) ? Et quoi encore ?
      Comment en rester comme nombre de commentaires à diverses répliques de cette sorte d’interprétation décliniste et fierté nationale baffouée en pointant une primauté de la responsabilité allemande dont la France aurait par faiblesse ou ineptie fait le jeu ? C’est dans le même temps accorder trop et trop peu aux états nationaux.

      Accaparer les profits et « socialiser » les pertes, c’est un mécanisme de base de l’économie. Ici même, non seulement des firmes « étrangères » (macdo, gougeule, ...) mais aussi des fleurons du capitalisme français (Total) sont preneuses de parts de marché, de main d’oeuvre formée, soignée, mais ne paient que des loyers et des salaires (souvent bas, spécialement chez leur sous-traitants) en arrivant à une « optimisation fiscale » efficace au point de de ne rien payer du tout, à part la TVA.

      L’impérialisme, « stade suprême du capitalisme »° dont la (transitoire) domination économique britannique fournissait le modèle, c’était au début du XXeme !
      Après une Guerre du Golfe persique financée par le Japon et menée par les U.S, le concept d’#empire° a cherché à décrire une domination mondiale à la fois acentrique (diffuse) et polycentrique . Aujourd’hui, c’est la Chine qui est le plus gros investisseur en Afrique pendant que les États-Unis et la France y interviennent militairement dans d’innombrables conflits...

      On a pointé ici et là les limites de Siriza. J’insisterais sur un point. Tout le courage politique a été centré sur le conflit avec l’eurogroup et alii tandis qu’en Grèce on a joué la prudence sans courage, la recherche du consensus le plus large et à bas prix (l’unité nationale contre l’hydre capitaliste). Jusqu’à être timoré. En ce sens le seul acte politique local susceptible d’avoir une portée décisive fut le référendum. Et là encore, c’était adressé (pour perdre, disent des critiques de Tsipiras) vers l’adversaire extérieur. Et la proportion de non fut une surprise pour les initiateurs du référendum (#défaitisme à l’intérieur, illusions quant à la possibilité que dans une gouvernance de capitalisme mûr, l’europe, on puisse concéder quelque chose de substantiel sur la dette, à l’instar de ce qui a pu arriver avant la crise de 2008 pour des pays « périphériques »).
      Depuis le début on sait (en particulier certains dirigeants de Siriza qui connaissent bien la France pour y avoir vécu) que Siriza arrive suite à des défaites successives là-bas (à l’inverse du Front populaire, quand les luttes s’engouffrent dans la brèche ou la fragilité institutionnelle), proche en cela de l’alternance française de 1981, qui capturait Mai 68 comme on se repait d’un cadavre ("changer la vie" qu’ils disaient, empruntant à Rimbaud pour que que le quelconque se fasse appeler Arthur au nom de la « guerre économique »).
      Je connais très insuffisamment la situation et les 6 premiers mois, mais quand même. L’un des exemples les plus frappant d’attentisme de Siriza me parait être une inaction complète vis-à-vis de l’église orthodoxe. Première fortune du pays, elle jouit de prébendes inouïes. Certes, la Grèce lui doit rien de moins que sa continuité historique*. C’est ainsi peut-être que la légitimité de cette institution parait si ancrée que rien n’a été fait, ne serait-ce que pour rogner ses privilèges fiscaux, à défaut d’une expropriation en bonne et due forme.

      Pourquoi et comment des banquiers, allemands ou pas, ou des villes riches comme Frankfort auraient à hésiter pour se servir à proportion de leur puissance actuelle, celle de la seule « religion » réellement mondiale, l’économie ?

      Je partage pas tout du texte (trop rapide) de Bernard Aspe
      http://seenthis.net/messages/392073
      mais il me semble juste sur l’essentiel. Car je me souviens que si la Révolution française comme celle d’Octobre 1917 ont pu faire face, défaire ou écarter de fortes coalitions d’ennemis extérieurs cela résultait de processus de politisation massive et d’actions concrètes sur place, au sein de « leur » propre société, divisées, contradictoires. Pas de votations accompagnées d’attentisme.

      ° L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, de Lénine (1916) reste fort suggestif : ... Les banques et leur nouveau rôle ; Le capital financier et l’oligarchie financière ; L’exportation des capitaux ; Le partage du monde entre les groupements capitalistes ; Le partage du monde entre les grandes puissances ; L’impérialisme, stade particulier du capitalisme...
      https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/vlimp.htm

      ° Empire, Michael Hardt, Toni Negri (2000)

      ° Sur l’église grecque orthodoxe, voir le captivant roman Ap. J.-C. de Vassilis Alexakis

      #mondialisation #économie

    • Comme l’a dit récemment C.Lapavitsas :"“D’abord, c’est la première fois dans ma carrière d’économiste que je rencontre une telle convention d’accord. Non seulement, elle est de type néo-colonialiste, personne ne dira le contraire, mais surtout, surtout hélas, cet accord comporte par certaines de ses formulations et tournures de phrase, un volet ouvertement revanchard et punitif, au-delà même de toute logique économique (même de type néocolonialiste), car c’est ainsi que l’élite de l’Allemagne pense ‘régler l’affaire grecque’”.

      Cf http://seenthis.net/messages/390971

      En effet, ce à quoi le texte de "l’accord" fait le plus penser, mais qui rend difficile d’éviter le #point_Godwin, c’est une variante soft du "protectorat" où toute l’économie d’un pays est mise sous séquestre dans un but punitif, comme la Tchécoslovaquie sous Heydrich (ou justement la Grèce pdt la guerre).

      Si on fait le rapprochement entre "l’accord" grec (et surtout à la fermeture des banques, la hausse de la décôte sur les liquidités d’urgence de la BCE qui a immédiatement précédé le sommet, etc) et l’actuelle offensive turque contre les kurdes et l’opposition de gauche, le HDP en particulier (supposé être le Syriza turc et qui avait fait un score record aux dernières élections), on assiste à une contre-offensive brutale du néo-libéralisme contre tout ce qui pouvait venir contrecarrer les politiques d’austérité, de contraction des salaires, de dérégulation du marché du travail, etc.

      Ceci dit, il y a aussi, et c’est pour ça que j’avais employé le terme, peut-être hâtivement, une composante coloniale forte dans l’essentialisation de l’indigène grec, supposé "paresseux" et "pas sérieux" - cf la couverture récente du Spiegel (qui est l’équivalent en Allemagne du Nouvel Obs, plutôt un magazine pour la bourgeoisie cultivée) :
      "Nos Grecs - tentative d’approche d’un peuple étrange"
      (qui rappelle les "Nos nègres" ou "Nos Juifs" d’antan)

      https://magazin.spiegel.de/EpubDelivery/image/title/SP/2015/29/300

      Quant à la différence de point de vue entre l’Allemagne version Schäuble d’un côté et la France ou l’Italie de l’autre, elle a été causée, outre l’intervention des Etats-Unis qui paraît avoir été déterminante, qu’à une différence économique (enfin, c’est ce qu’a mentionné l’autre jour un éditorialiste du Financial Times) : l’Allemagne sortirait tout à fait indemne de la sortie de la Grèce de l’euro alors qu’elle provoquerait immédiatement la spéculation des marchés sur la dette publique française et italienne.

    • Je suis bien d’accord, @cie813, sur l’aspect punitif (qui vaut par delà la Grèce, prolétarisés allemands et européens compris). Merci pour la synthèse que tu fournis sur certains points. Mais ce que tu dis toi même à propos de l’Allemagne passée ressortit plus de la guerre que de la colonisation, modalité qui me parait (par ignorance ?) assez étrangère à l’histoire du capitalisme allemande, plus industriel et marchand que colonial.
      L’#hostilité ne pouvait sans doute pas être suffisamment assumée par des dirigeants « bourgeois » formés dans les grandes écoles capitalistes (et la survivance trotskiste), dans la société grecque et de ce fait aussi sur le théâtre des opérations extérieures. À sous estimer la violence du conflit, on s’oblige à inventer une manière de renverser la table ou on perd.

    • Grèce : à #Hellinikon, la guerre des mondes est déclarée

      Depuis « l’accord » extorqué à la Grèce par la Troïka, les terrains de l’ancien aéroport d’Athènes sont de nouveau sous la menace d’une privatisation. Un armateur rêve d’en faire un centre commercial géant. Les initiatives solidaires qui y sont nées depuis le début de la crise sont menacées.

      http://www.humanite.fr/grece-hellinikon-la-guerre-des-mondes-est-declaree-580295

    • Beni pubblici, Grecia vende 14 aeroporti alla tedesca #Fraport per 1,23 miliardi

      Il governo greco ha approvato la cessione di 14 aeroporti regionali al gestore tedesco Fraport per 1,23 miliardi di euro. Lo si è appreso dalla Gazzetta ufficiale di Atene, con una risoluzione firmata dal vicepremier Yanis Dragasakis, dai ministri delle Finanze, Euclides Tsakalotos, Economia, Yorgos Stathakis, ed Energia, Panos Skurletis.

      http://www.ilfattoquotidiano.it/2015/08/18/beni-pubblici-grecia-vende-14-aeroporti-alla-tedesca-fraport-per-123-miliardi/1965257

  • IRIS | Piller la Grèce
    http://iris-recherche.qc.ca/blogue/piller-la-grece

    Pour comprendre à quel point l’accord révèle l’agressivité de la troïka, il convient d’examiner ce qu’il contient exactement. Un bon endroit à cet égard est le site internet de l’agence établie en 2011 pour superviser le processus de privatisation de €50 milliards précédent. Elle s’appelle la Hellenic Republic Asset Development Fund (HRADF, Fonds de développement des biens de la République hellénique) et son site fascinant [http://www.hradf.com/en] liste tout ce que la Grèce doit vendre, avec photos, cartes géographiques et descriptions.

  • Costas Lapavitsas : « La voie de la sagesse, c’est celle de la sortie de l’euro et du changement social » | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/costas-lapavitsas-voie-sagesse-c%E2%80%99est-celle-sortie-euro-changemen

    Pourquoi cette capitulation ? Pourquoi en est-on arrivé là après le grand enthousiasme d’il y a six mois, après le fort soutien que nous ont apporté les mobilisations de la base dans ce pays et en Europe ? Pourquoi ? Pour moi, la réponse est claire. Elle tient à une mauvaise stratégie, stratégie qui fut certes assez bonne pour gagner les élections, mais qui s’est révélée désastreuse une fois Syriza arrivé au pouvoir. Cette mauvaise stratégie a fait long feu. Quelle est-elle ? Elle est très simple, et elle a été explicitement formulée à maintes reprises. Nous réaliserons un changement radical en Grèce, un changement radical en Europe, et nous le ferons de l’intérieur de la zone euro. Voilà quelle était la stratégie. Eh bien ce n’est pas possible. Un point, c’est tout. Les derniers mois ont démontré que ce n’était tout simplement pas possible.

    #Grèce #euro #Union_européenne

  • Lettre de Zoé Konstantopoulou : Le Parlement vote sous le chantage et la menace - kristina 1963
    https://kristina1963.wordpress.com/2015/07/22/lettre-de-zoe-konstantopoulou-le-parlement-vote-sous-le-chan

    Sous un régime de chantage plus qu’évident, provenant de gouvernements étrangers- membres de l’UE, et dirigé contre le Gouvernement grec et les parlementaires, il est introduit et, qui plus est, « sans la possibilité d’introduire le moindre amendement », un texte législatif qui entreprend une intervention majeure sur le fonctionnement de la Justice et sur l’exercice des droits des citoyens, de manière qui abolit tant le fonctionnement de la République grecque en tant qu’état social de droit, où la séparation des pouvoirs peut fonctionner, que la préservation du principe du procès équitable.

    Des Ministres qui ne sont pas d’accord avec son contenu sont contraints d’introduire ce texte au Parlement, alors qu’ils s’y opposent directement, tandis que des parlementaires, qui s’opposent également à son contenu, sont contraints de voter pour.

    Le tout sous menace directe de faillite désordonnée.

    #Grèce #Union_européenne

  • Grèce retour, Bernard Aspe, via un mel de @cie813
    http://laviemanifeste.com/archives/10528

    La véritable question aurait été celle de l’alternative concrète, qui aurait peut-être été rendue possible par ce que nous avons entrevus le soir du référendum : un peuple d’Europe refuse « l’Europe », donc pour parer à l’urgence (circulation de vivres et de médicaments) il peut faire appel à ces gouvernements d’Amérique du sud (Bolivie en particulier, Vénézuela, peut-être même l’Argentine) au nom de la solidarité révolutionnaire. C’est délirant ? Alors, cessons de délirer et arrêtons de parler d’une transformation du monde ; pour une fois, cette transformation nous a paru si ce n’est à portée de main du moins à portée de regard pour les peuples du monde. Cette aide aurait-elle été possible ? Aurait-elle suffi ? Peut-être aurait-il fallu passer des compromis plus douteux (avec la Russie, avec la Turquie) comme le propose Badiou de façon un peu désinvolte. S’il avait fallu, cela aurait été mieux : #stratégie compliquée, impure, plutôt que soumission, renoncement, reniement.

    Mais tout le problème vient de là : par définition, #Siryza qui ne se voulait pas une organisation révolutionnaire ne pouvait lancer un tel appel (a fortiori Podemos). C’est pourtant seulement un appel de ce type qui aurait pu faire changer les choses d’une façon inouïe (pour notre génération). Imaginons que cela aurait un tant soit peu fonctionné ; imaginons qu’une #solidarité_révolutionnaire_internationale ait trouvé des formes concrètes. Imaginons que grâce à elles, la #Grèce, loin de sombrer dans le chaos, ait pu montrer qu’une vie meilleure à bien des égards, et pas moins confortable est possible hors de l’Europe, hors de l’euro, hors de l’économie capitaliste… C’est cela qui a été entrevu, qui a été possible. Peut-être la CIA aurait-elle fini par intervenir comme à l’époque d’Allende, mais c’est une autre époque, alors on ne sait pas.

    Ce qui a été raté, c’est le premier geste concret d’une alliance révolutionnaire qui ne serait pas resté un appel bien-pensant et confortable, comme le font les partis de gauche tout en différant sans cesse le moment de commencer à poser les jalons pour le mettre en œuvre.