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  • La jet-set des escrologistes, par Nicolas Casaux
    https://www.facebook.com/nicolas.casaux/posts/10156947033822523

    Dans le monde anglophone (et parfois aussi dans le monde francophone, pour certains, dont le travail est traduit en français) : George Monbiot, Naomi Klein, Bill McKibben. Dans le monde francophone : Nicolas Hulot, Cyril Dion, Aurélien Barrau, Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Delannoy, Maxime De Rostolan. Il y en a d’autres.

    Habitués des #médias de masse, ils tiennent des #discours qui, malgré quelques différences ou nuances, forment une même et unique perspective, correspondant à la définition grand public de l’écologisme.

    Ladite perspective s’appuie sur une évaluation très partielle de la situation. Sur le plan écologique, elle tend à réduire les nombreux aspects de la #catastrophe en cours à un problème de taux de #carbone dans l’atmosphère (réchauffement climatique), et de « ressources naturelles » que la civilisation (industrielle) doit — condition sine qua non de sa perpétuation, leur ambition principale — s’efforcer de mieux gérer. Que les autres êtres vivants, les autres espèces et les communautés biotiques qu’elles forment possèdent une valeur intrinsèque, ne se réduisent pas à de simples « ressources », est rarement évoqué.

    Sur le plan social, lorsqu’ils soulignent des problèmes, nos #escrologistes pointent du doigt les #inégalités économiques ou le chômage. Certains vont jusqu’à dire du mal du capitalisme, mais ne critiquent en réalité que certains excès du système économique dominant. D’autres fois, ils dénoncent, plus honnêtement, quelque « #capitalisme dérégulé » ou « débridé » (Naomi Klein dans "Tout peut changer"). Mais ils ne parlent que très rarement, voire pas du tout, des injustices fondamentales que constituent la #propriété privée, la division hiérarchique du travail, le #travail en tant que concept capitaliste, des rapports de #domination qu’implique une organisation technique de la #société — la bureaucratie, l’État. Ils n’expliquent jamais, ou très rarement et très timidement, sans rien en tirer, qu’à l’instar de l’État en tant que forme d’organisation sociale, les régimes électoraux modernes n’ont rien de démocratique, qu’ils relèvent plutôt de l’#aristocratie élective, et que leur fonctionnement est clairement verrouillé, garanti et gardé par divers mécanismes coercitifs, y compris par la #violence physique.

    Ils se contentent d’en appeler à une sorte de nouvelle révolution verte, au moyen d’un new deal vert (Green New Deal) qu’agenceraient les gouvernants. Car aux yeux de nos escrologistes, il s’agit toujours de compter, pour sauver la situation — pardon, la #civilisation, mais aussi la planète, prétendument, puisqu’il est possible et souhaitable, d’après eux, de tout avoir — sur les dirigeants étatiques ou d’entreprise. New deal vert censé permettre de créer des tas d’emplois verts, au sein d’entreprises vertes, dirigées par des patrons verts — une exploitation verte, une #servitude verte —, de donner forme à une civilisation industrielle verte dotée de commodités technologiques vertes, smartphones verts, voitures vertes, etc., alimentés par des énergies vertes, et ainsi de suite (on parle désormais, de plus en plus, d’énergies "non-carbonées" plutôt que d’énergies "vertes", ce qui permet, à l’aide d’un autre #mensonge, de faire rentrer le #nucléaire dans le lot ; partout, vous pouvez remplacer "vert" par "non-carboné" ou "zéro carbone", ou "carboneutre", l’absurdité est la même).

    Au bout du compte, leur #réformisme à la noix vise uniquement à repeindre en vert le désastre en cours : repeindre en vert les oppressions, les dominations, les injustices. À faire croire qu’il est possible de rendre verte, durable, la civilisation technologique moderne — une rassurance dont on comprend aisément pourquoi elle est la bienvenue dans les médias de masse, pourquoi elle plait à tous ceux dont c’est la principale ambition. Un mensonge grossier : rien de ce qu’ils qualifient de vert ne l’est réellement. Une promesse creuse et, au point où nous en sommes rendus, criminelle. Affirmer, en 2019, comme le fait Aurélien Barrau dans son livre de promotion de l’écologie, pardon, de l’#escrologie, que ce qu’il faut, c’est "que nous nous engagions solennellement à ne plus élire quiconque ne mettrait pas en œuvre des mesures fermes" (pour tout repeindre en vert), "que les citoyens n’envisagent même plus de choisir pour représentant quiconque ne s’engagerait pas" (à tout repeindre en vert), zut alors.

    On peut croire à tout ça. C’est très con, mais on peut y croire. Surtout lorsqu’on fait partie des puissants, de ceux qui tirent leur épingle du désastre actuel — mais pas seulement, puisque, conditionnement aidant (c’est à ça que servent nos escrologistes) c’est même la religion dominante.

    Mais comment font certains pour continuer à dire que nous voulons tous la même chose, que nous devrions cesser de critiquer ces #éco-charlatans parce que nous voulons comme eux au bout du compte, que nous sommes tous pareils, etc. ?!

    #greenwashing

  • #Havrin_Khalaf, un #crime_de_guerre doublé d’un #féminicide
    http://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2019/10/Havrin-Khalaf-Rojava.jpg

    Havrin Khalaf (#Xelef) avait 35 ans. Elle était kurde. Son engagement auprès des femmes dans le nord de la Syrie, au #Rojava était constant.

    Des mercenaires islamistes ont profité de l’invasion turque pour l’assassiner dans des conditions particulièrement atroces et dégradantes. Il s’agit d’un des nombreux crimes de guerre qui accompagnent l’attaque des forces turques et ses supplétifs djihadistes, doublé d’un féminicide avéré.

    Hommage soit rendu à cette femme, qui, avec beaucoup d’autres, oeuvrait dans cette partie du Moyen-Orient pour la cause des femmes, de la démocratie et de la paix.

    Havrin Khalaf luttait auprès des femmes musulmanes au Rojava. Elle y défendait un modèle d’égalité hommes-femmes. Dans cette région où les tribus restent un modèle d’organisation sociale respecté par les peuples arabes présents, elle avait fait avancer auprès des femmes une résistance au patriarcat, que beaucoup avait éprouvée davantage encore, alors que Daech ces dernières années développait son idéologie meurtrière.

    C’était aussi une militante politique, co-présidente avec un homme arabe, du parti “Avenir de la Syrie” et membre de la direction du Conseil démocratique syrien, formé en 2014, après la reconquête de Kobanê où les combattantes s’illustrèrent de façon éclatante pour repousser les djihadistes. Elle fut donc de celles qui oeuvrèrent, après la proclamation d’une direction fédérale kurde, arabe et assyrienne au Rojava, en 2016, au Nord de la Syrie, pour que les femmes occupent à part entière, de façon paritaire, toutes les responsabilités dans la construction du processus démocratique ouvert.

    Elle luttait pour le pluralisme, l’alliance entre Kurdes, Arabes,,Turkmènes, qu’ils soient musulmans, chrétiens et yézidis. Pour elle, le combat, était le même contre le régime de Bachar El-Assad et contre l’Etat Islamique. Celui contre le patriarcat en constituait aussi le ciment.

    En assassinant de façon ignoble Havrin Khalaf, en s’acharnant sur son corps, c’est à la fois la femme et les idées qui l’animaient que les djhiadistes ont voulu tuer. Personne ne croira au hasard dans ce crime de guerre, perpétré dès l’annonce de l’invasion turque et du retrait américain.

    Les assassins ont pensé que ce crime passerait inaperçu, dans le chaos créé par l’offensive turque, les dizaines de milliers de déplacés (160 000 aujourd’hui selon l’ONU), les bombardements. Et, en effet, c’est seulement après l’hommage qui lui a été rendu, pour l’accompagner en terre, que les informations sont devenues plus précises et que certains médias internationaux s’y sont intéressés. A notre grand étonnement, et nous nous en sommes interrogés, même les réseaux kurdes à l’international, bien sûr submergés par la gravité des attaques, n’avaient pas donné à ce meurtre sa véritable importance, et la force symbolique qu’il recèle.

    Dans la même journée en effet, d’autres crimes de guerre étaient commis, sur les mêmes axes, et souvent filmés par leurs auteurs, supplétifs syriens de l’armée turque, (“Ahrar al-Sharqieah”), en avant poste de l’attaque. Ces vidéos circulent et sont autant de preuves des atrocités commises et de celles à venir, tant elles se confondent depuis cinq ans sur ce terrain de guerre. D’ailleurs, un des auteurs présents sur ces vidéos a été identifié comme étant un islamiste recyclé par les forces turques, dans la soit disant armée nationale syrienne… Et c’est d’ailleurs pour cela que le torchon turc islamo-nationaliste Yeni Safak écrivait dimanche 13 : “À la suite d’une opération réussie, la secrétaire générale du Parti du Futur de la Syrie, liée au parti politique terroriste PYD, a été mise hors d’état de nuire”.

    Nous tenions à rendre hommage à une combattante civile de la paix, une inlassable activiste de la cause des femmes, et une diplomate connue de beaucoup de dirigeants européens.

    http://www.kedistan.net/2019/10/15/havrin-khalaf-un-crime-de-guerre-double-dun-feminicide
    #assassinat #meurtre

  • Racisme anti-Blancs : quand les mots rompent avec le réel | Mélusine
    https://www.revue-ballast.fr/racisme-anti-blancs-quand-les-mots-rompent-avec-le-reel

    Le racisme n’avait pas à être, néces­sai­re­ment, une hégé­mo­nie blanche. Mais il se trouve qu’il l’est, parce que l’histoire contin­gente l’a fait ain­si, avec la construc­tion scien­ti­fique et idéo­lo­gique des races humaines ; avec la conquête euro­péenne du monde, la mise en escla­vage indus­trielle et la colo­ni­sa­tion (…) ; la mon­dia­li­sa­tion impé­ria­liste, extrac­ti­viste et inéga­li­taire ; l’organisation raciste actuelle des socié­tés dites occi­den­tales et l’hégémonie cultu­relle qui s’étend bien au-delà de leurs frontières. Source : Ballast

  • BALLAST | Étudier, c’est travailler — entretien avec les CUTE
    https://www.revue-ballast.fr/etudier-cest-travailler-entretien-avec-les-cute

    En France, les luttes se mul­ti­plient pour se défendre contre les assauts répé­tés qui frappent l’Université ; de l’autre côté de l’Atlantique, au Québec, la parole se fait plus offen­sive : elle construit un rap­port de force à même d’im­po­ser les inté­rêts des étu­diantes et des étu­diants. Dans le pro­lon­ge­ment du Wages for hou­se­work, ce mou­ve­ment fémi­niste des années 1970, les Comités uni­taires sur le tra­vail étu­diant (CUTE) espèrent bien faire recon­naître que les études sont un tra­vail et qu’elles méritent dès lors un « salaire et des condi­tions conve­nables ». Quatre de leurs membres1 nous éclairent sur les bases et les objec­tifs de leur lutte : de quoi ins­pi­rer celles et ceux qui étu­dient, ici et ailleurs.

  • Deuxième volet. Chronique d’une initiation militante où l’activisme anarchiste de l’auteur prend les couleurs d’un certain "pessimisme combatif"

    BALLAST | Francis Dupuis-Déri : « C’est la rage du désespoir qui me pousse à écrire » 2/2
    https://www.revue-ballast.fr/francis-dupuis-deri-cest-la-rage-du-desespoir-qui-me-pousse-a-ecrire-2

    En 2009, vous écriviez dans un article que l’hypothèse d’un « grand soir », qu’il soit électoral ou insurrectionnel, n’était pas envisageable. 10 ans plus tard, vous écrivez que « l’espérance n’est plus de mise » et qu’il ne nous reste que « le pessimisme combatif ». Nos ennemis ont donc définitivement gagné ?

    Nos ennemis ont perdu depuis longtemps, mais ne le savent pas encore… C’est ce qu’annonçait déjà Herbert Marcuse quand il discutait de l’irrationalité de la rationalité du capitalisme ou de l’État. Ces systèmes semblent rationnels car ils maximisent la capacité humaine d’extorsion, de production, d’accumulation et de destruction organisée lors des guerres, par exemple. Mais cette rationalité est irrationnelle car elle mène l’humanité à sa perte, littéralement. Je ne suis ni météorologue, ni géologue, ni géographe, ni physicien, mais j’ai la certitude depuis les années 1980 que c’est foutu : l’humanité a accumulé bien trop de stock atomique civil et militaire et produit bien trop de déchets toxiques et de pollution pour que cela n’entraîne pas d’épouvantables catastrophes. Bientôt ou dans un avenir rapproché, ou dans quelques centaines d’années… Je n’ose même pas imaginer la situation dans 1 000 ou 2 000 ans, quand vont fissurer les silos dans lesquels les déchets nucléaires sont ensevelis et qu’il n’y aura peut-être même plus d’État ou de gouvernement juridiquement « responsable » de ces stocks. « L’espoir, c’est tout ce qui nous reste », me confient des jeunes des écoles secondaires qui se mobilisent pour le climat, et leur mobilisation m’apparaît évidemment comme un signe positif. J’imagine même que dans les prochaines années, plusieurs de ces jeunes vont se radicaliser autant dans leur position idéologique que dans leurs moyens d’action. Car après tout, c’est bien de l’avenir de la civilisation ou de l’humanité qu’il s’agit, et de la survie de milliers d’espèces animales. Mais je carbure surtout au pessimisme car j’ai l’impression depuis longtemps qu’il est trop tard et que les forces conservatrices et réactionnaires sont beaucoup trop puissantes. Bref, je suis encore punk : No Future !

    #anarchisme_punk

  • Démocratie directe et boussole anarchiste : le credo de Francis Dupuis-Déri et une analyse pertinente de la confusion qui règne dans le domaine du politique.

    BALLAST | Francis Dupuis-Déri : « La démocratie directe est le meilleur des régimes » 1/2
    https://www.revue-ballast.fr/francis-dupuis-deri-la-democratie-directe-est-le-meilleur-des-regimes-

    Francis Dupuis-Déri est l’une des voix de l’anarchisme francophone. Un océan nous sépare de son lieu de vie et de travail — l’homme enseigne au département de science politique ainsi qu’à l’Institut de recherches et d’études féministes de l’Université du Québec à Montréal. Son premier livre, un roman, a paru l’année de la dissolution de l’URSS : il se déroulait dans le futur et les animaux y parlaient ; nous voici bientôt 30 ans plus tard : les animaux ne parlent toujours pas mais Dupuis-Déri écrit encore. Des essais, pour l’essentiel — où l’on croise le peuple, la démocratie, la guerre contre le terrorisme, des manifestants tout de noir vêtus et des ennemies résolues du sexisme. Dans ce premier volet, nous avancerons munis d’un petit outil qui indique généralement le nord…

  • BALLAST | Daniel Tanuro : « Collapsologie : toutes les dérives idéologiques sont possibles »
    https://www.revue-ballast.fr/daniel-tanuro-collapsologie-toutes-les-derives-ideologiques-sont-possi

    Les nom­breux effets du dérè­gle­ment cli­ma­tique sont sous nos yeux. La non linéa­ri­té de ce pro­ces­sus rend les pro­jec­tions futures incer­taines, mais il ne fait aucun doute que le modèle éco­no­mique domi­nant en est l’une des prin­ci­pales causes. Ancien ingé­nieur agro­nome et auteur de L’Impossible capi­ta­lisme vert, Daniel Tanuro défend une alter­na­tive éco­so­cia­liste : une rup­ture radi­cale avec le pro­duc­ti­visme — qui a long­temps impré­gné les cou­rants socia­listes majo­ri­taires. Mais de l’urgence à la catas­trophe, il n’est par­fois qu’un pas, que la col­lap­so­lo­gie fran­chit sans hési­ter : ses par­ti­sans vont affir­mant que l’effondrement de la civi­li­sa­tion que nous connais­sons aura lieu dans un ave­nir très proche, et qu’il est déjà trop tard pour agir des­sus. Tanuro se porte en faux ; nous en dis­cu­tons.

    #effondrements #collapsologie (vs) #écosocialisme

  • BALLAST | Corinne Morel Darleux : « Il y a toujours un dixième de degré à aller sauver »

    « Mon expé­rience élec­to­rale m’indique que c’est une dépense de temps et d’énergie pré­cieux, détour­nés de l’action, et je doute de plus en plus que le bull­do­zer d’en face nous laisse un jour la chance de gagner par la voie ins­ti­tu­tion­nelle. Jouer le jeu, c’est se faire pié­ger : les dés sont four­nis par les vain­queurs. »

    https://www.revue-ballast.fr/corinne-morel-darleux-il-y-a-toujours-un-dixieme-de-degre-a-aller-sauv

  • BALLAST | Vincent Jarousseau : « Les ouvriers ont été abandonnés »
    https://www.revue-ballast.fr/vincent-jarousseau-les-ouvriers-ont-ete-abandonnes

    Cette #invi­si­bi­li­sa­tion des #classes_popu­laires dans le pré­sent, comme dans l’Histoire, par­ti­cipe au #récit_natio­nal biai­sé qui nous est pré­sen­té. Plus encore aujourd’hui qu’hier, cette dis­pa­ri­tion du #pro­lé­ta­riat des espaces de repré­sen­ta­tion contri­bue à sa #relé­ga­tion_sociale. Je m’explique : la #déstruc­tu­ra­tion de la #classe_ouvrière en tant que groupe social consti­tué, recon­nu et iden­ti­fié poli­ti­que­ment, a brouillé sa visi­bi­li­té sans pour autant que les #pro­blé­ma­tiques_sociales dis­pa­raissent — bien au contraire, puisque la #pré­ca­ri­té du tra­vail n’a fait que s’accroître durant les der­nières décen­nies. Reconnaître cette #condi­tion_sociale, la rendre visible en tant que récit social est un moyen de l’inscrire plus lar­ge­ment dans un récit natio­nal.

    La gauche a montré aussi combien, parfois, ses militants, en plus de méconnaître les catégories populaires, pouvaient adopter un discours stigmatisant et moralisateur, souvent empreint d’un racisme de classe ne faisant que renforcer le vote RN. Cela a été l’erreur de toutes les gauches. L’émiettement de la gauche est aujourd’hui sa grande faiblesse : elle n’est tout simplement plus audible. Et comme la force va à la force, le RN en profite.

    Les #gilets_jaunes ont ouvert une voie. Ils ont produit des formes de représentation qui ont contribué à rendre sensible des réalités devenues invisibles au fil du temps. D’une certaine manière, ils ont créé, à leur manière, du #commun.

  • BALLAST | Raoul Vaneigem : « Sauver les acquis sociaux ? Ils sont déjà perdus »
    https://www.revue-ballast.fr/raoul-vaneigem-sauver-les-acquis-sociaux-ils-sont-deja-perdus

    Les tech­niques publi­ci­taires l’ont empor­té sur la ter­mi­no­lo­gie #poli­tique, emmê­lant, comme on sait, gauche et droite. Quand on voit d’un côté le ridi­cule d’élections acca­pa­rées par une #démo­cra­tie tota­li­taire qui prend les gens pour des imbé­ciles, et d’autre part le mou­ve­ment des gilets jaunes qui se moque des éti­quettes idéo­lo­giques, reli­gieuses, poli­tiques, refuse les chefs et les repré­sen­tants non man­da­tés par la démo­cra­tie directe des assem­blées et affirme sa déter­mi­na­tion de faire pro­gres­ser le sens humain, on a rai­son de se dire que tout ce fatras idéo­lo­gique, qui a fait cou­ler tant de sang, obte­nant au mieux des acquis sociaux désor­mais envoyés à la casse, déci­dé­ment, oui, nous n’en avons plus rien à foutre !

    • C’est le code source de leur texte : il est truffé de caractères cachés (« soft hypen ») destinés à contrôler les césures. Du coup tes hashtags s’arrêtent quand ils tombent sur un tel caractère.

      Le plus simple serait de retaper le mot concerné, histoire d’être certaine de faire disparaître le caractère caché.

      Les techniques publicitaires l’ont emporté sur la terminologie #politique, emmêlant, comme on sait, gauche et droite. Quand on voit d’un côté le ridicule d’élections accaparées par une #démocratie totalitaire qui prend les gens pour des imbéciles, et d’autre part le mouvement des gilets jaunes qui se moque des étiquettes idéologiques, religieuses, politiques, refuse les chefs et les représentants non mandatés par la démocratie directe des assemblées et affirme sa détermination de faire progresser le sens humain, on a raison de se dire que tout ce fatras idéologique, qui a fait couler tant de sang, obtenant au mieux des acquis sociaux désormais envoyés à la casse, décidément, oui, nous n’en avons plus rien à foutre !

  • Entretien avec le collectif Juives et Juifs révolutionnaires
    https://www.revue-ballast.fr/entretien-avec-le-collectif-juives-et-juifs-revolutionnaires

    En l’espace d’une décennie, Ilan Halimi était assassiné, des enfants juifs étaient abattus dans une école toulousaine et quatre clients de l’Hyper Cacher tombaient à Paris sous les balles de Daech. En 2018, on enregistrait sur le territoire français plus de 350 actes antisémites : croix gammées, symboles fascistes et suprématistes blancs, profanations de cimetières, etc. Le collectif Juives et Juifs révolutionnaires a vu le jour trois ans plus tôt. Leurs objectifs ? Que la lutte contre l’antisémitisme s’inscrive au sein de la lutte antiraciste, aux côtés de toutes les minorités discriminées ; que la solidarité à l’endroit de la cause palestinienne s’établisse en toute occasion sur des bases anticolonialistes et jamais racistes ; que le combat contre l’antisémitisme s’ancre au sein de la lutte des classes (...)

  • J’ai l’impression qu’on n’avait pas posté celui-ci :

    Adolfo Kaminsky — le monde entier
    Hassina Mechaï , Ballast, le 1 mars 2019
    https://www.revue-ballast.fr/adolfo-kaminsky

    Quel paradoxe pour ce faussaire que de s’être retrouvé si souvent sans papiers ! On pourrait y voir un clin d’œil facétieux de la vie. Au lendemain de la guerre, Adolfo Kaminsky est menacé d’une mesure d’éloignement, faute de pouvoir prouver sa nationalité. Il s’en indigne. Et quand il rejoint le réseau de l’Aliyah Beth, les premiers papiers qu’il fabrique sont… pour lui, lui qui a combattu pour la libération d’un pays dans lequel il estime alors désormais avoir toute sa place. Des années plus tard, l’histoire se répète en Algérie, quand il souhaite épouser Leïla : Adolfo n’étant pas musulman, le mariage doit être contracté à Genève. Et comme ce mariage n’a pas été enregistré en Algérie, son fils aîné, Atahualpa, sera déclaré au consulat… argentin : « Ce n’était pas simple », admet-il, constamment étonné de ces méandres administratifs qui enferment l’être humain dans des rets absurdes. Lorsqu’il décide de rentrer en France à la fin des années 1980 en raison de la montée de l’islamisme en Algérie, il se heurtera au même écueil. Par ailleurs, « la reconnaissance de son passé a pris du temps, par l’État français ». Nulle amertume dans sa voix : un simple constat.

    #Adolfo_Kaminsky #faux_papiers #résistance

    • Il y a une civilisation judéo-musulmane
      Michel Warschawski, Ballast, le 17 mars 2017
      https://www.revue-ballast.fr/michel-warschawski-y-a-civilisation-judeo-musulmane

      Vous refusez l’expression « judéo-chrétienne » puisqu’elle est « excluante », n’est-ce pas ?

      Oui, lorsque l’on met un trait d’union — c’est une règle, à défaut d’être officielle, que j’ai dans la manière dont je vis l’étude des langues —, c’est pour exclure un autre. En disant « judéo-chrétien », on veut créer une identité et une collusion spécifiques. Et ce trait d’union me fait gerber. L’histoire des Juifs dans le monde européen n’est pas celle d’une civilisation harmonieuse, mais celle du sang. Des croisades à l’Inquisition en passant par les temps modernes — Hitler n’est pas si loin que ça —, ce trait d’union est fait de beaucoup de sang. Alors qu’il y a une civilisation judéo-musulmane — le musulman est exclu de ce trait d’union — autrement moins violente, sans ce rejet existentiel du Juif qu’a connu l’Europe pendant 15 siècles.

  • BALLAST | Andalousie : la mer de plastique et le fantôme de Juan Goytisolo
    https://www.revue-ballast.fr/almeria

    Les #migrants sont d’abord venus du #Maroc et d’#Algérie. À par­tir de la fin des années 1990, ils ont été rejoints par des per­sonnes venues d’#Afrique sub-saha­rienne, de l’#Équateur et d’#Europe de l’Est. L’économie de la région bat­tait son plein : les fils des #Alpujarras, le flanc méri­dio­nal de la #Sierra_Nevada, des­cen­daient de la mon­tagne pour ache­ter un lopin, rare­ment plus de deux ou trois hec­tares, y ins­tal­laient une #serre, ache­taient des semences de #tomate ou de salade au dis­tri­bu­teur local, puis employaient, léga­le­ment ou non, des #tra­vailleurs_immi­grés pour de courtes durées (payés par­fois à l’heure ou à la jour­née) afin de faire le tra­vail qu’ils ne vou­laient plus faire. Les marges à la revente, variables entre les dif­fé­rents pro­duits selon les cours, étaient bonnes, en rai­son du faible coût de main d’œuvre — au maxi­mum 5 000 pese­tas (190 francs, soit envi­ron 29 euros) par jour à la fin des années 1990. Mais l’intérêt éco­no­mique était ailleurs : le cli­mat, les serres et la tech­nique du #sablage 4 per­met­taient de pro­duire toute l’année, et donc d’approvisionner les super­mar­chés euro­péens pen­dant l’hiver. Alors, très vite, les villes ont gros­si à la péri­phé­rie d’#Almería. El Ejido, qui n’était qu’un petit bourg agri­cole en 1950, est deve­nue une ville de plus de 50 000 âmes. Les fer­mettes (#cor­ti­jos) tenaient encore debout, quoique déla­brées et par­fois sans eau ni élec­tri­ci­té ; elles ser­vaient au loge­ment des migrants #sans-papiers, quand ceux-ci n’habitaient pas un abri de for­tune, fabri­qué avec des chutes de plas­tique.

    #exploitation #esclavage #racisme #violence #agriculture

  • Du pouvoir et de l’État | Daniel Bensaïd
    https://www.revue-ballast.fr/du-pouvoir-et-de-letat

    La pos­si­bi­li­té de se reti­rer de la par­tie est un prin­cipe fon­da­teur de la théo­rie des jeux. Mais lut­ter n’est pas jouer. On est embar­qué. Faute de ren­ver­ser la table et l’échiquier, on est tou­jours repris par le sys­tème. Il existe des pro­mo­tions indi­vi­duelles et des réus­sites sociales édi­fiantes. Mais on ne s’est jamais éva­dé en masse de la domi­na­tion du capi­tal. Source : Ballast

  • 25 ans plus tard : le #zapatisme poursuit sa lutte
    https://archive.org/details/25ansZapatismeLutteBallast

    25 ans plus tard : le zapatisme poursuit sa lutte Par Julia Arnaud Le 1 er janvier 2019, les zapatistes ont célébré les 25 ans de leur soulèvement . L’occasion de réaffi rmer leur engagement dans la construction, ici et maintenant, de leur autonomie et la défense de leur territoire au sud d....This item has files of the following types : JPEG, Metadata, Windows Media Audio

    #audio/opensource_audio

  • Fonder des territoires | Raoul Vaneigem
    https://www.revue-ballast.fr/fonder-des-territoires-par-raoul-vaneigem

    Raoul Vaneigem, philosophe belge et ancienne figure de l’Internationale situationniste, publie ce jour, 2 mai 2019, son dernier livre aux éditions Libertalia : Appel à la vie contre la tyrannie étatique et marchande. Un texte qui entend prendre en charge, en pleine mobilisation sociale des gilets jaunes, la toute aussi cruciale qu’ancienne question « Que faire ? ». Il ne saurait, selon lui, être question de s’emparer du pouvoir central (par les urnes ou par les armes) : fort des dernières expériences menées au Chiapas, au Rojava et dans les ZAD françaises, l’auteur enjoint à rompre en masse avec l’État et ses relais, à faire sécession pour « fonder des territoires » auto-administrés. Nous en publions un chapitre, affaire de ravitailler les débats sur la bataille en cours. Source : (...)

  • BALLAST | Françoise Vergès : « La lutte décoloniale élargit les analyses » (1/2)
    https://www.revue-ballast.fr/francoise-verges-la-lutte-decoloniale

    Le Sud, ce n’est pas un espace pure­ment géo­gra­phique, mais poli­tique. C’est le pro­duit d’une longue fabri­ca­tion par le Nord et par le sys­tème capi­ta­liste, qui en a fait un espace de vul­né­ra­bi­li­té, à piller et à exploi­ter. Ce qu’on a appe­lé le « Tiers monde » et qu’on appelle main­te­nant le « Sud glo­bal », c’est cette constante divi­sion de l’humanité et de la pla­nète en deux espaces, avec des fron­tières mou­vantes qui dis­tinguent d’un côté les gens qui ont droit à une vie décente, qui ont accès à de l’eau ou de l’air propre, et de l’autre ceux qui n’y ont pas droit. Dans le même temps, on trouve dans ce qu’on appelle le « Nord » (y com­pris en Europe) des espaces construits comme des Suds. Une géo­gra­phie urbaine en enclaves se déve­loppe, et par­tout les classes moyennes et riches se pro­tègent en construi­sant des « gated com­mu­ni­ties ». Leurs membres passent d’une enclave à l’autre, de leur mai­son cli­ma­ti­sée au centre com­mer­cial cli­ma­ti­sé — autant d’espaces entre­te­nus par des femmes et des hommes raci­sés (mais sur­tout des femmes), sur­ex­ploi­tés puis reje­tés dans des quar­tiers excen­trés où l’eau et l’air sont pol­lués. Le confort de quelques-uns est construit sur l’invisibilisation et l’exploitation de plu­sieurs. Et cette construc­tion en enclaves sécu­ri­sées, sur­veillées, inter­dites aux pauvres, est visible y com­pris dans les villes du Sud. Il faut constam­ment affi­ner les car­to­gra­phies que construisent des États auto­ri­taires, le néo­li­bé­ra­lisme et l’impérialisme, mais aus­si inté­grer le fait d’un monde mul­ti­po­laire.

    #décolonisons #géographie_des_Suds

  • BALLAST | « Castaner, ma mère est morte à cause de vos armes ! »
    https://www.revue-ballast.fr/castaner-ma-mere-est-morte-a-cause-de-vos-armes

    Vous étiez au téléphone avec votre mère lorsqu’elle a reçu la grenade en plein visage…

    J’ai assisté en direct à tout ça. On se parlait, on riait ensemble au téléphone ; elle m’a dit : « Attends, je vais fermer les fenêtres, il y a trop de gaz. » En tendant sa main vers la fenêtre, elle a croisé le regard de deux policiers armés — ça, elle me l’a raconté après. Et un d’eux a tiré vers elle. Le tir l’a atteint en plein visage, la grenade a explosé, ça l’a défigurée et fait saigner abondamment. Par voie de conséquence, ça a causé sa mort. Elle a vu le policier partir avec son collègue. Moi, j’étais au téléphone sans pouvoir rien faire, sans pouvoir lui porter secours. J’ai entendu ses cris… Heureusement, son amie Imen a pu l’aider par téléphone en appelant les pompiers, et la voisine est montée. Les pompiers ne sont pas intervenus tout de suite à cause de la manifestation — il a fallu les rappeler plusieurs fois pour leur dire que ma mère perdait du sang, que c’était urgent, qu’ils devaient venir à pied. Ils sont arrivés plus d’une heure après. Imen a attendu à l’hôpital de la Timone jusque 22 heures, avant qu’on lui permette de la voir, des points de suture à la mâchoire, tuméfiée de partout.