marielle 🐢

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • n’en peut plus, là, la gueusaille ! Faut toujours que vous interprétiez tout de travers ! On ne veut pas vous retirer le droit de grève, pensez, on y tient comme à la prunelle ou la fantasio de nos yeux ! L’actuel projet de Loi des sénateurices, c’est juste pour vous le supprimer pendant les moments où les bourges partent en vacances, les moments où les bourges vont au ski, les moments où les bourges vont à la plage, les moments où les bourges vont voir des bourges taper dans une baballe, les moments où les bourges ont besoin de leur avion ou de leur automobile pour aller planquer leur pognon en Suisse, les moments où les bourges se débarrassent de leurs mioches dans les écoles, les moments où...

    Enfin bref, le trente février entre minuit et minuit une vous pouvez faire la grève comme vous voulez, mais pas plus de deux personnes à la fois, pas dans la rue, sans hurler trop fort et sans faire griller des merguez sur votre balcon parce qu’à cette heure-ci il y a des bourgeois·es qui dorment.

    Le problème, avec les pauvres, c’est qu’iels ne comprennent jamais rien à la pensée complexe.

    #MamieNicoleEnfonceDesPortesOuvertes.

  • La baignade est impossible dans la Seine depuis septembre en raison de bactéries, selon des analyses de l’ONG Surfrider Fondation.

    À 108 jours du début des Jeux olympiques de Paris, une nouvelle étude menée par l’ONG Surfrider Fondation, consultée par France Inter, révèle que la Seine n’est toujours pas adaptée à la baignade. Plusieurs prélèvements réalisés à Paris depuis septembre 2023 indiquent la présence de plusieurs bactéries à des niveaux qui dépassent les normes fixées par la Fédération internationale de natation.

    Ils ont l’air malins tous les ravis de la crèche, Hidalgo, Macron, Le Monde, Libération, Brut, qui rivalisent dans le déni à qui mieux mieux et relaient en boucle les mensonges extravagants diffusés depuis dix ans autour de ce qui demeurera comme un cas d’école de la manipulation de l’information.

    (…)

    https://www.eauxglacees.com/La-baignade-est-impossible-dans-la-Seine-depuis-septembre-en-raison-de?

  • « Lavender », l’intelligence artificielle qui dirige les bombardements israéliens à Gaza - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/monde/armee-israelienne/lavender-lintelligence-artificielle-qui-dirige-les-bombardements-israeliens

    L’armée israélienne a désigné des dizaines de milliers d’habitants de #Gaza comme des suspects, cibles d’assassinat, en utilisant un système de ciblage par intelligence artificielle (#IA), avec peu de contrôle humain et une politique permissive en matière de pertes « collatérales », révèlent le magazine +972 et le site d’informations Local Call. L’Humanité publie une traduction française de l’enquête conduite par ces médias israéliens.

    https://www.972mag.com/members

  • Groupes de niveau : les profs en grève contre le tri scolaire | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/groupes-de-niveau-profs-greve-contre-tri-scolaire/00110217

    La mise en place de groupes de niveau et la transformation du brevet mettent à mal le collège unique. Une rupture historique qui remet en cause les acquis des politiques publiques éducatives depuis un demi-siècle.

    https://justpaste.it/3f3tc

  • L’Europe et la guerre en Ukraine
    https://www.lutte-ouvriere.org/mensuel/article/leurope-guerre-ukraine-165627.html

    En affirmant qu’il ne fallait pas exclure l’envoi de troupes occidentales en Ukraine, que les Européens ne devaient pas être lâches face à Poutine qui, s’il gagnait la guerre en Ukraine, menacerait toute l’Europe, Macron a suscité des inquiétudes dans les classes populaires. Au-delà des propos d’un politicien en campagne électorale, où va la guerre en Ukraine  ? Celle-ci peut-elle s’étendre à l’Europe  ? Quels enjeux se cachent derrière les discours des dirigeants européens qui prétendent faire basculer le continent dans une «  économie de guerre  »  ?
    Les États-Unis et, derrière eux, la France et les États européens font déjà la guerre à la Russie par procuration. Il y a une répartition des rôles  : l’Ukraine fournit la chair à canon, et les puissances impérialistes occidentales les armes. Malgré les livraisons d’armes occidentales, les pertes humaines considérables et les rafles qui se généralisent dans le pays pour fournir le front en chair fraîche alors que des hommes en âge de se battre fuient la réquisition, les troupes ukrainiennes sont incapables de reconquérir les territoires occupés dans l’est du pays. En face, affichant le même mépris pour la vie des soldats et s’appuyant sur un appareil militaro-industriel hérité du passé mais centralisé et vaste, Poutine n’a pas réussi à conquérir l’Ukraine mais occupe quelque 20 % de son territoire.

    Cette situation est instable et peut évoluer de plusieurs façons. Sans même parler d’une révolte – dont aucune prémisse n’est apparente – des classes populaires russes et ukrainiennes refusant les sacrifices que leurs gouvernements leur imposent, le front peut s’effondrer du côté de l’Ukraine, incapable d’aligner autant de soldats que la Russie. L’évolution de la guerre dépend des choix que feront les deux principaux protagonistes, Poutine d’un côté, et les dirigeants de l’impérialisme américain, parrains de Zelensky, de l’autre. Chacun, avec ses contraintes et ses objectifs, peut chercher à intensifier la guerre ou, au contraire, chercher à trouver une issue négociée, peut-être déjà en discussion, qui satisfasse les deux camps. Pour assurer son pouvoir, Poutine doit apparaître comme un protecteur efficace des intérêts de la bureaucratie et des oligarques russes. Du côté des dirigeants américains, une victoire complète en Ukraine n’est pas vitale, leur domination sur cette ancienne république soviétique faisant partie des multiples opérations permettant à l’impérialisme le plus puissant de maintenir sa suprématie et de développer les affaires de ses capitalistes. S’ils ont eu jusqu’à présent toutes les raisons de poursuivre une guerre menée avec la peau des Ukrainiens, un changement du rapport de force pourrait les pousser à trouver un accord qui gèlerait les frontières sur les lignes de front actuelles. Pour les prochains mois, les choix américains sont en outre conditionnés par la rivalité entre Trump et Biden, et, derrière eux, les appareils politiques du Parti républicain et du Parti démocrate, pour accéder à la Maison-Blanche.

    Dans cette affaire, Macron et les dirigeants européens ne sont que des seconds couteaux, obligés de s’adapter à la situation engendrée par la guerre en Ukraine pour défendre les intérêts de leurs capitalistes respectifs.
    Poutine réagit aux pressions de l’impérialisme

    L’offensive de Poutine contre l’Ukraine en février 2022 était une réaction prévisible aux pressions grandissantes des puissances impérialistes pour prendre le contrôle, économique et politique, des pays issus de l’éclatement de l’Union soviétique. Si Poutine a déclenché l’invasion, les puissances impérialistes ont provoqué l’enchaînement qui l’y a poussé. Entre 1999 et 2004, les anciennes Démocraties populaires et les trois États baltes ont intégré l’OTAN, cette alliance militaire dirigée par les États-Unis. L’OTAN dispose désormais de nombreuses bases militaires, de milliers de soldats, d’avions, de canons, de tanks, aux frontières mêmes de la Russie.

    En février 2014, après les événements du Maïdan, le renversement du président pro-russe Ianoukovitch et deux décennies d’oscillations entre la Russie et l’Occident, l’Ukraine a fini par basculer du côté occidental. L’alignement immédiat du nouveau pouvoir ukrainien derrière l’impérialisme américain a poussé Poutine à passer à l’offensive pour défendre les intérêts des privilégiés russes, au profit de qui il avait restauré, dans les années 2000, un appareil d’État puissant. La russophobie active des nouveaux dirigeants de Kiev a servi de prétexte au rattachement de la Crimée à la Russie et à la sécession du Donbass pro-russe. À partir de 2014, les États-Unis ont pris en main l’armée ukrainienne, la finançant massivement, lui fournissant armes, drones, munitions, formant et encadrant soldats et officiers. Le New York Times vient de rendre public ce qui était caché au grand public  : la CIA disposait depuis 2014 de douze bases en Ukraine, aux frontières avec la Russie.

    Cette mainmise politique et militaire des États-Unis sur l’Ukraine accompagnait une mainmise économique des financiers occidentaux sur les riches terres agricoles ukrainiennes, sur les entreprises clés encore étatisées, la grande distribution, le secteur bancaire et d’autres industries. La guerre en cours accélère la transformation de l’Ukraine en une semi-colonie du capital occidental.

    Depuis dix ans, la politique de Poutine en Ukraine est donc une réaction de défense du chef des bureaucrates russes, pour ne pas laisser la bourgeoisie des pays impérialistes les réduire à la portion congrue. En dépit de leur brutalité et de la dictature qu’ils exercent contre leur propre population, Poutine et ses généraux ne menacent pas «  la sécurité de l’Europe  », pour reprendre la formule de Macron. À l’inverse, ce sont plutôt les puissances impérialistes qui apparaissent comme une menace pour la sécurité de l’État russe. Ce qui est d’ailleurs le cas pour celle de tous les États de la planète qui, sans être eux-mêmes des puissances capitalistes développées, ont les moyens démographiques, militaires, économiques de ne pas se soumettre purement et simplement aux diktats et aux intérêts des maîtres du monde capitaliste.
    États-Unis  : les limites de la guerre avec la peau des Ukrainiens

    Au début de la guerre, les dirigeants occidentaux étaient prudents. Macron s’exclamait alors  : «  Il ne faut pas humilier la Russie  », et prétendait jouer les médiateurs. Les dirigeants occidentaux répétaient  : «  Il n’est pas question de déployer des troupes de l’OTAN  » (secrétaire général de l’OTAN, mars 2022), car «  Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie  » (Macron, 2 mars 2022). Ces dirigeants prétendaient avoir des lignes rouges infranchissables  : «  pas de livraison de chars  », puis «  pas de livraison d’avions de combat  ». Ils ont franchi ces lignes rouges les unes après les autres.

    Aujourd’hui, malgré leurs dénégations, tous les pays qui livrent des armes à l’Ukraine ont des formateurs et des conseillers militaires sur place. La déclaration de Macron a eu le mérite de lever le voile sur cette présence. S’ils ne rendent public aucun chiffre, les États-Unis disposent de plusieurs milliers de ces conseillers militaires. Comme le formule un haut fonctionnaire américain, cité par le New York Times  : «  Est-ce qu’ils appuient sur les gâchettes  ? Non. Est-ce qu’ils contribuent au ciblage  ? Absolument.  »1 Aux conseillers militaires, il faut ajouter les agents de la CIA. Dans l’article déjà cité du New York Times, on apprend que sous la présidence de Trump, qui affirme pourtant aujourd’hui vouloir retirer les forces américaines d’Europe, les effectifs des bases de la CIA en Ukraine ont été multipliés par dix.

    Mais des conseillers militaires, même très nombreux, ne remplacent pas des soldats en première ligne capables d’appuyer sur les gâchettes. Or les difficultés de Zelensky et de l’appareil d’État ukrainien à remplacer les troupes mises hors de combat en première ligne, ou épuisées après deux ans de guerre, sont de plus en plus évidentes. La corruption ne frappe pas que l’armée russe. Les ventes de passe-droits pour éviter l’enrôlement aux enfants des privilégiés et l’enrichissement trop visible des profiteurs de guerre ont conduit Zelensky à limoger un grand nombre de ministres et de hauts gradés ces derniers mois. Cette corruption à grande échelle, comme les rafles des agents recruteurs, contribuent à dresser la population la plus modeste contre cette guerre et ceux qui en profitent.

    La crainte d’un effondrement du front dans les prochains mois préoccupe les états-majors occidentaux. «  Sans l’aide américaine, un effondrement en cascade le long du front est possible cette année  », alertait un officier américain cité par le New York Times à la mi-mars. Cette crainte est désormais relayée dans les médias grand public, surtout sous l’angle de la faiblesse des livraisons d’armes et de munitions occidentales à l’Ukraine. Cette campagne médiatique est en partie destinée à justifier l’accélération de la production d’armes et le passage de l’Europe à une «  économie de guerre  » dont Macron et la plupart des dirigeants européens se font les champions. Elle est également destinée à peser sur les discussions qui se déroulent au sein même de l’appareil d’État américain, sur fond de la campagne présidentielle où Trump et le camp républicain font campagne sur le thème «  Le Maine avant l’Ukraine  » et sur l’opportunité de poursuivre l’aide américaine à l’Ukraine.
    Les hésitations américaines sur fond de campagne présidentielle

    Dans un article de la revue du département d’État, Foreign Affairs, intitulé «  Espionnage et art politique  »2, le directeur de la CIA, William J. Burns, plaide pour le maintien de l’aide américaine. À ceux, du côté des républicains, qui affirment que l’aide militaire à l’Ukraine coûte trop cher et envisagent un repli, il répond  : «  Représentant moins de cinq pour cent du budget de défense américain, il s’agit d’un investissement relativement modeste, avec des retombées géopolitiques importantes pour les États-Unis et des retombées notables pour l’industrie américaine.  » Il ajoute  : «  Maintenir le flux d’armes placera l’Ukraine dans une position plus forte si une opportunité de négociations sérieuses se présente. Si les États-Unis se retiraient du conflit à ce moment crucial et cessaient leur soutien à l’Ukraine, ce serait une erreur historique.  » Le chef de la CIA considère que les retombées politiques et matérielles pour les capitalistes américains valent bien quelques dizaines de milliards de dollars, l’État américain n’ayant pas, à ses yeux, de comptes à rendre pour les centaines de milliers de victimes russes ou ukrainiennes ou pour la destruction de tout un pays.

    Pour les États-Unis, la guerre en Ukraine et la rivalité avec la Russie de Poutine ne sont que l’un des nombreux points chauds dans leur lutte permanente pour la suprématie mondiale et le maintien de l’ordre impérialiste. Ce conflit s’ajoute aux guerres engendrées partout par la politique américaine, en particulier pour garder le contrôle du Moyen-Orient, et à la rivalité économique agressive avec la Chine, qui peut se transformer à tout moment en affrontement militaire. Du point de vue du maintien de la suprématie américaine, la rivalité avec la Chine compte plus que l’avenir de l’Ukraine.

    En tout état de cause, il serait hasardeux de chercher à prévoir l’attitude d’un Trump de retour à la Maison-Blanche. Les politiciens américains en campagne ont plusieurs fois annoncé le retrait de leur engagement dans tel ou tel conflit, sous prétexte d’un redéploiement de leurs troupes ou du retour à un certain isolationnisme, avant de mener une tout autre politique au pouvoir. Obama avait ainsi promis en 2011, juste avant que la guerre civile ne fasse exploser la Syrie, le retrait des troupes américaines d’Irak et du Moyen-Orient. Trump répète qu’il veut retirer les troupes américaines d’Europe et laisser les pays européens supporter seuls le coût de la guerre contre la Russie. En pleine campagne présidentielle, les républicains ont bloqué la reconduction de l’aide militaire à l’Ukraine, contribuant à la réduction des livraisons d’armes. Trump au pouvoir aura à choisir entre ses promesses de campagne, sa démagogie isolationniste et les nécessités du maintien de la domination américaine sur le monde.
    Négocier avec Poutine ou intensifier la guerre  ?

    Nous l’avons affirmé maintes fois  : les dirigeants des puissances impérialistes ne souhaitent pas la chute de Poutine, et encore moins la déstabilisation de l’appareil d’État russe, qui libérerait des forces centrifuges incontrôlables sur de vastes territoires. Poutine et les dirigeants impérialistes collaborent depuis plus de dix ans en Syrie pour écraser les milices islamiques que leurs guerres successives, en Afghanistan pour les deux camps, en Irak pour les Occidentaux, ont fait surgir. L’armée russe joue un rôle de gendarme irremplaçable en Asie centrale et dans le Caucase. L’attitude compatissante des dirigeants américains, lors du terrible attentat contre une salle de concert près de Moscou, revendiqué par la branche de l’État islamique dite du Khorasan (selon le nom perse d’une ancienne province centrée sur l’actuel Afghanistan), a rappelé que la guerre n’empêche pas la collaboration.

    Depuis deux ans, les discussions entre Poutine et les dirigeants américains n’ont sans doute jamais cessé. Dans l’article déjà cité, Burns, le directeur de la CIA, raconte qu’il a été envoyé en février 2022 à Moscou par Biden, pour tenter de convaincre Poutine et ses conseillers de renoncer à l’invasion. En vain car, dit-il, «  Ils surestimaient largement leur propre position et sous-estimaient la résistance de l’Ukraine et la détermination occidentale.  » Deux ans plus tard, les réalités de la guerre ont fait bouger les lignes. Poutine n’a pas réussi à conquérir l’Ukraine, mais l’armée ukrainienne, armée par les Occidentaux mais aux troupes usées, est en difficulté pour contenir sa poussée.

    Le temps des «  négociations sérieuses  », pour reprendre la formule de Burns, est-il en vue  ? Les Occidentaux vont-ils au contraire augmenter le nombre de leurs conseillers militaires en Ukraine et intensifier les livraisons d’armes  ? Sont-ils capables de produire massivement ces armes avant que les troupes russes n’enfoncent les lignes de front  ? Et, surtout, quelle sera la réaction des classes populaires ukrainiennes face à l’enrôlement forcé et à une nouvelle loi de mobilisation  ? Cela fait partie des nombreuses interrogations que les experts des plateaux de télévision formulent, sans avoir de réponse.

    Au fond, les dirigeants des pays européens, qui subissent depuis le début les multiples bouleversements, en particulier économiques, engendrés par la politique américaine en Ukraine, n’ont pas plus de réponse. Contraints de s’aligner derrière les décisions américaines, ils tentent de se mettre en ordre de bataille, chacun au service de ses propres capitalistes. Chacun vise à prendre la plus grosse part du marché de la guerre et des futurs marchés de reconstruction. Le marché de la reconstruction de l’Ukraine a été l’objet de deux conférences internationales, alors même que la guerre fait toujours rage. Quant à l’industrie de l’armement, déjà nourrie par la multiplication des guerres dans le monde, les dirigeants européens s’emploient à la développer encore davantage en organisant le passage à une «  économie de guerre  ».
    «  L’économie de guerre  », jackpot    pour les industriels et les banquiers

    Dans toute l’Europe, depuis deux ans, les budgets consacrés aux commandes de matériels de guerre ont partout explosé. En 2023, l’État français a passé des commandes pour un montant exceptionnel de 20 milliards d’euros. Sous le premier quinquennat de Macron, la moyenne annuelle était de 15 milliards, contre moins de 10 milliards sous Hollande. Lors de sa dernière conférence de presse, le 27 mars, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a dressé la liste des commandes en attente de livraison  : 2 milliards d’euros pour Safran, 3 milliards pour le missilier MBDA, 4 milliards pour Naval Group, 5 milliards chacun pour Airbus Defence and Space, Airbus Helicopters, Dassault, 6 milliards pour Thales, etc. Lecornu est arrivé à un total de 34 milliards d’euros de commandes en cours. C’est Noël tous les jours pour les marchands d’armes. Ce montant est supérieur aux deux plans cumulés de coupes budgétaires décidés par Bruno Le Maire pour 2024 et 2025. Il représente le coût de la construction de cent hôpitaux neufs.

    Mais le problème des chefs de l’armée, c’est qu’entre la commande et la livraison le délai est trop long. Les industriels prennent les commandes mais tardent à les honorer. Les raisons avancées sont multiples  : capacité de production insuffisante, manque de travailleurs formés, manque de matières premières, manque de pièces détachées, concurrence entre les producteurs, concurrence entre l’industrie civile et l’industrie militaire. Même si les cadences ont été augmentées – le temps de production d’un canon Caesar serait ainsi passé depuis le début de la guerre en Ukraine de 30 à 15 mois, le nombre de canons produits chaque mois est passé de 2 à 8 – les capitalistes ne se sont pas précipités pour réaliser les investissements très coûteux nécessaires pour augmenter significativement la production. Et, surtout, il en va de l’industrie militaire comme de tous les secteurs de l’économie capitaliste  : faute de planification, parce que les étapes de la production sont morcelées entre une multitude de sous-traitants répartis partout sur la planète, et qui fournissent des industriels concurrents, produire dans les délais la quantité commandée est une gageure. L’industrie de l’armement se heurte aux mêmes obstacles que l’industrie automobile, confrontée il y a deux ans à une pénurie de semi-conducteurs. Les fournisseurs vendent en priorité au plus offrant, qu’il soit du secteur militaire ou pas. L’anarchie de l’économie capitaliste n’épargne pas le secteur militaire.

    Pour pouvoir forcer la main aux différents industriels, ou leur faciliter la tâche, le gouvernement a réinscrit dans la dernière loi de programmation militaire la possibilité d’imposer des réquisitions «  de personnels, de stocks ou d’outils de production  ». Ainsi le 27 mars, entouré d’une brochette d’officiers et du directeur général de l’Armement, Lecornu a menacé  : «  Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre de faire, c’est-à-dire, si le compte n’y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions ou de faire jouer le droit de priorisation.  »

    Accélérer le tournant vers cette économie de guerre est l’un des objectifs des postures guerrières de Macron. Au lendemain des déclarations de son patron, Lecornu a précisé les pistes d’ores et déjà envisagées  : «  Des entreprises françaises vont créer des partenariats avec des entreprises ukrainiennes pour produire sur le sol ukrainien des pièces détachées, peut-être même des munitions demain.  » Il souhaite créer «  une alliance stratégique de production industrielle et militaire avec l’Ukraine, en envoyant sur le terrain des experts en armement et des industriels de la défense3  ». Si l’envoi massif de troupes françaises et européennes en Ukraine n’est sans doute pas à l’ordre du jour à court terme, l’installation sur le sol ukrainien des capitalistes de l’armement est en route. Ils pourront profiter d’une main-d’œuvre qualifiée sous-payée, tout en étant au plus près des champs de bataille pour ajuster leurs matériels.

    Quelle que soit l’évolution de la guerre en Ukraine, la guerre est une réalité que les classes populaires paient déjà. En Russie et en Ukraine, elles la paient avec leur sang et en subissant des coupes drastiques dans les quelques budgets sociaux encore en place. En Ukraine, avec la mise sous tutelle des entreprises publiques ou des ressources du pays par des capitalistes occidentaux. Elles la paieront pendant des décennies sous la forme du remboursement de la dette de guerre. Dans les autres pays européens, elles la paient par la militarisation des budgets, car les États occidentaux paient rubis sur l’ongle les industriels de la guerre qui construisent les engins livrés en Ukraine, avant de présenter la note à ce pays. Elles la paient encore par la militarisation des esprits. Aucune paix ne sera possible tant que régnera l’impérialisme.

  • Vous reprendrez bien un peu de #scories_trotskistes ... ;-)

    L’assassinat par les États-Unis et Israël des travailleurs humanitaires de World Central Kitchen - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2024/04/06/pers-a06.html

    Depuis un demi-siècle, les actions de l’État d’Israël sont utilisées par Washington comme un précédent pour la politique américaine. L’exemple le plus significatif est la doctrine des « assassinats ciblés », ou assassinats organisés par l’État, qui a été développée par Israël avant d’être adoptée par les États-Unis, y compris contre leurs propres citoyens.

    Ce qu’Israël fait aujourd’hui contre la population de Gaza, ses bailleurs de fonds impérialistes le feront dans un avenir proche. Les actions du régime sioniste dans le génocide actuel serviront de précédent à l’utilisation d’armes de haute technologie, y compris l’intelligence artificielle, pour commettre des crimes de guerre à grande échelle, couplés à une famine de masse contre les populations urbaines rebelles.

    L’irruption de la guerre, du génocide et de la répression politique n’est pas une aberration. L’impérialisme, comme l’a noté Lénine, n’est pas simplement une politique, mais plutôt une étape historique spécifique du développement capitaliste. L’opposition à l’impérialisme est donc une question révolutionnaire, qui ne vise pas à faire pression sur un gouvernement, mais à remplacer le capitalisme par le socialisme.

  • L’ordre de la propriété crée un chaos qui étouffe la liberté et mine la société
    https://ricochets.cc/L-ordre-de-la-propriete-cree-un-chaos-qui-etouffe-la-liberte-et-mine-la-so

    Un livre qui apporte des arguments supplémentaires contre les nombreux méfaits de l’ordre propriétaire, et qui évoque la voie salutaire des communs et de la « co-possession », tout en étrillant les arguments économiques éculés en faveur du règne de la propriété. Capitalisme et propriété sont deux motifs majeurs du chaos et de la guerre de tous contre tous qui rendent improbable l’avènement de la démocratie réelle et de sociétés apaisées. Deux motifs qui poussent vers le pire. Il est (...) #Les_Articles

    / La propriété, #Autonomie_et_autogestion

    #La_propriété
    https://www.terrestres.org/2024/03/22/posseder-en-commun-une-critique-de-lordre-proprietaire

  • est un peu honteuse de l’admettre, mais elle doit bien reconnaître qu’elle a depuis quelques jours sensiblement diminué son temps passé à comater devant des bouquins et proportionnellement augmenté celui dilapidé à niaiser devant des films et autres fictions « made in Arte ». C’est mal, n’est-ce pas ? Oui mais au point où elle en est ce n’est plus très grave — rappelons qu’il ne lui reste plus que dix à douze minutes « d’espérance » de vie.

    N’empêche, il y a des trucs pas si mauvais que ça, sur cette satanée chaîne un peu bobo. Là par exemple elle est en train de regarder « Machine », une mini-série qui conte l’histoire d’une sublime punkàchienne alcoolo-névrosée giga-bonne en baston (même Super Jaimie peut aller se recoucher direct) qui s’acoquine en tout bien tout honneur avec un prolo désabusé toxicomane repenti et théoricien du marxisme, afin d’aller ensemble ficher le dawa au sein du Capital — nous serons d’ailleurs certainement d’accord pour dire qu’une bonne raclée, c’est la seule chose que le patronat n’a pas volée.

    Alors d’une nous mettrons au défi toute tribade normalement constituée de ne pas s’enticher instantanément de Margot Bancilhon (l’actrice principale), de deux son acolyte JoeyStarr, bien que mââââââle, est lui aussi extrêmement convaincant, de trois... de trois la Garreau ne comprend pas que la production n’ait pas fait appel à elle : une déglingo en colère contre le monde entier et un ronchon capable en toutes circonstances de citer le prophète Marx par cœur, franchement, avec un peu de maquillage et si elle était moins grabataire elle aurait quasiment pu tenir les deux rôles à elle toute seule.

    Et sans trop se forcer.

    « Machine », six épisodes sur Arte.

  • Le vrai changement, ce sont les travailleurs qui l’imposeront ! | éditorial de LO

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/le-vrai-changement-ce-sont-les-travailleurs-qui-limposeront-728730.h

    C’est une technique de vente connue de tous les commerçants pour appâter les clients : il faut changer sa vitrine régulièrement pour donner l’illusion du renouvellement. Le remaniement ministériel en est la version politique.

    Et, dans les médias, ça marche du tonnerre ! C’est tout juste si les chroniqueurs politiques n’ont pas fait passer le nouveau chef du gouvernement Gabriel Attal, ministre depuis 2017, pour un nouveau-né de la politique !

    Des jours durant, ils ont commenté les crocs-en-jambe politiciens, s’extasiant sur la carrière fulgurante de tel ou tel. Et ils ont, bien sûr, adoré l’arrivée façon « guest star » de Rachida Dati, une fidèle de Sarkozy, au ministère de la Culture.

    Politiciens et journalistes aux ordres, chacun joue son rôle dans cette comédie qui ne fait plus rire personne. Dans le rôle de la bourgeoise, la nouvelle ministre de l’Éducation, qui met ses enfants dans une école privée pour riches, en critiquant l’Éducation nationale… que ses amis ont saccagée.

    Que ces politiciens viennent de gauche, de droite ou d’extrême droite ne change rien : ils sont tous issus du même moule, tous défenseurs du système capitaliste où la bourgeoisie se construit un petit paradis sur l’enfer des travailleurs.

    Dans son discours de passation de pouvoir, Borne a assuré qu’elle partait avec « le sentiment du devoir accompli ». Eh oui, ces politiciens ont le sentiment d’accomplir leur devoir quand ils font passer la retraite à 64 ans, quand ils attaquent les droits des chômeurs et pourrissent la vie des travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, en réduisant leurs droits aux allocations familiales et au logement ! Autrement dit, quand ils cognent sur les travailleurs !

    Quand il leur arrive, élections obligent, de faire quelques promesses aux travailleurs, ils les oublient aussitôt arrivés au pouvoir. Tous n’ont-ils pas dit et répété qu’« il faut que le travail paye » ? Mais pour assurer le pouvoir d’achat de tous les salariés, il faudrait imposer l’indexation des salaires sur le coût de la vie, ce dont ils ne veulent pas entendre parler !

    Les prix des produits alimentaires flambent de 20 % en deux ans et l’électricité de 40 % en un an. Des millions de foyers ne peuvent pas se chauffer normalement. Plusieurs milliers de salariés sont licenciés ou vont l’être à Casino, Minelli, Naf Naf, Habitat, Lejaby. Au moins trois personnes sont mortes de froid parce qu’elles n’ont pas trouvé de toit ces derniers jours. Et ils osent parler de devoir accompli !

    Si Borne et ses congénères ont le sentiment d’avoir fait le travail, c’est qu’ils ont bien servi la grande bourgeoisie. Et en effet, ses affaires prospèrent plus que jamais. 100 milliards ont été redistribués aux actionnaires cette année. Record battu pour le CAC 40.

    Tant que la bourgeoisie domine l’économie du haut de ses milliards et détient les grandes entreprises, l’écurie qui anime le cirque politicien peut porter la casaque de gauche, de droite ou d’extrême droite, nous, travailleurs, serons les exploités et les sacrifiés.

    Nos conditions de travail et de vie seront attaquées. Nous serons voués à la concurrence opposant les travailleurs les uns aux autres et les peuples entre eux. Nous serons empoisonnés par l’individualisme, le racisme et la xénophobie engendrés par ces oppositions. Et nous irons de crise en crise et de guerre en guerre où nous serons appelés à donner notre peau pour assurer la survie de cet ordre injuste, barbare et stupide.

    Nous sommes très nombreux à voir que la société va dans le mur, mais beaucoup se sentent impuissants face au déferlement d’attaques et d’horreurs. Et nous le serons si chacun reste isolé en croyant impossible de contester les dirigeants actuels.

    L’histoire démontre le contraire : les travailleurs constituent une force quand ils décident d’agir à leur niveau, pour leurs intérêts, parce qu’ils font tourner toute la société.

    Le grand patronat et ses politiciens nous rabaissent en permanence pour que nous ne soyons pas conscients de cette force collective. Mais sans les travailleurs, la grande bourgeoisie ne pourrait rien faire, il n’est même pas sûr qu’elle saurait se faire à manger ! Sans la bourgeoisie et ses politiciens, les travailleurs s’en sortiraient parfaitement et ils pourraient débarrasser la société des tares du capitalisme en supprimant la propriété privée des grandes entreprises et le marché.

    Entrevoir un autre avenir est possible. Ce qui manque, c’est un parti révolutionnaire qui regroupe les travailleurs conscients de pouvoir et devoir prendre la société en main.

  • Grandeur langagière de La France insoumise, par Geoffroy de Lagasnerie – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/opinions/grandeur-langagiere-de-la-france-insoumise-par-geoffroy-de-lagasnerie-202
    https://www.liberation.fr/resizer/w7kgR4zJ18LSTPxMb9CzYEijpfM=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2065x3613:2075x3623)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/BGFHMRLGZFAD7AMF5P5YGPNPCE.jpg

    Pour le sociologue et philosophe, l’offensive idéologique contemporaine qui cherche à discréditer LFI vise l’idée même de gauche. Praticien de la confrontation linguistique, le parti de Jean-Luc Mélenchon affirme l’exigence d’un langage politique frontal. Enfin du réel en politique !

    L’Insoumission présente une ITW du sociologue de cette manière sur son compte 𝕏 :
    https://twitter.com/L_insoumission/status/1776189270526484635

    🔴 Tout comprendre aux attaques contre LFI - L’analyse implacable du sociologue Geoffroy de Lagasnerie

    Pas un jour ne passe sans que les positions de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise soient la cible d’attaques, de salissures, de déformations par de nombreux médias et personnalités politiques. Les « excès », les « ambiguïtés » et autres formules du même calibre inondent les médias, et marquent une campagne d’injure systématique qui a par ailleurs pris une intensité inédite depuis le 7 octobre et l’appel au cessez-le-feu du leader insoumis.

    Le philosophe Geoffroy de Lagasnerie analyse avec brio la signification de ces attaques et commentaires fielleux permanents. Dans une récente tribune intitulée « Grandeur langagière de la France insoumise », ce praticien de la confrontation linguistique analyse la signification de l’offensive médiatico-politique qui cherche à discréditer LFI, et par là même à discréditer l’idée même de gauche explique le philosophe. Dans un entretien publié sur la chaine « Nouvelles Pensées critiques » ce jeudi 04 avril, le philosophe poursuit la même analyse : « Quand on se définit du côté des forces progressistes. c’est important de ne rien céder sur le soutien à LFI. Les attaques contre LFI et JLM traduisent une guerre contre la gauche » explique t-il, en soulignant que la radicalité est « la propriété essentielle de la gauche ». Partout où ce langage de confrontation disparait, la gauche disparait elle aussi. Tel est l’enjeu expliqué par le sociologue. De la confrontation nait la conscience. Et de cette conscience nait l’alternative de rupture avec l’ordre capitaliste.

    Découvrez l’entretien complet sur la page Youtube de Nouvelle pensée critique ⤵️

    L’ITW sur Youtube (que je compte regardécouter) :
    https://www.youtube.com/watch?v=FIQc7poe0as

  • Toxicité des polluants éternels : les industriels savaient depuis 50 ans
    https://reporterre.net/Toxicite-des-polluants-eternels-les-industriels-savaient-depuis-50-ans

    En 1980, alors que les preuves de la dangerosité des PFAS s’accumulaient sur leurs bureaux depuis bientôt vingt ans, les directions de DuPont et de 3M ont assuré leurs employés, dans un mémo, que l’acide perfluorooctanoïque était aussi « peu toxique que le sel de table ».

    Pour la flotte contaminée par le fracking, les gus payés grassement pour oublier leur conscience disaient aux gens des bleds que leur flotte n’était pas plus mauvaise pour la santé que de le limonade.

  • La réalité de la précarité étudiante : un mécanisme de sélection sociale et de flÉxibilisation du travail
    https://www.frustrationmagazine.fr/precarite-etudiants-selection-sociale

    Il arrive parfois que subsiste dans un certain imaginaire populaire l’image de “l’étudiant bourgeois”. Cet imaginaire ne se fonde pas sur rien : dans les années 1960 (date du début de la massification de l’enseignement supérieur) les étudiantes et étudiants sont majoritairement d’extraction bourgeoise. Encore aujourd’hui on donne beaucoup de visibilité aux grandes écoles où […]

  • Assurance-chômage : « C’est la réforme de trop ! » - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/03/assurance-chomage-cest-la-reforme-de-trop

    Il y a clairement une volonté de mettre sous pression le marché du travail dans son ensemble, et pas uniquement les chômeurs. On sait que plus on dégrade les conditions d’indemnisation du chômage, plus on dégrade les conditions de négociation d’embauche et de salaire. C’est un signal envoyé aux personnes au chômage pour que, lorsqu’elles retrouvent un emploi, elles ne soient pas trop exigeantes sur les conditions de travail et le salaire. Mais c’est aussi un signal pour les salariés en poste. C’est une manière de dire : vous êtes de moins en moins protégés si vous perdez votre boulot. Donc si vous êtes trop revendicatif, si vous avez une rupture conventionnelle, vous avez d’autant plus à perdre.

    Il y a clairement une volonté de mettre sous pression le marché du travail dans son ensemble.

    Il y a une seconde raison qu’on avait déjà vu avec la réforme des retraites. Le gouvernement a créé un déficit avec de nombreuses baisses d’impôts pour les classes moyennes, pour les riches et les entreprises. Donc il veut se servir des budgets sociaux comme caisse de compensation. Ainsi, il diminue les protections retraite, les protections chômage comme une source d’économie facile. Alors même que le chômage représente un tout petit budget par rapport aux dépenses publiques – environ 45 milliards par an – et qu’il n’est pas en déficit. Il y a déjà eu six milliards d’économie réalisée avec les deux premières réformes.

    • Le gouvernement a créé un déficit avec de nombreuses baisses d’impôts pour les classes moyennes, pour les riches et les entreprises.

      Ciel, et ça fait donc des « classes moyennes » les amies du gouverne.ment, comme « les riches » et « les entreprises » ?

      Je suis curieux de savoir à quel niveau la Macronie met la limite basse pour la partie « classes moyennes » de sa clientèle :-)

      #guerre_aux_pauvres

    • La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chômeurs » ne s’en prend qu’à elle-même
      https://www.alternatives-economiques.fr/mathieu-gregoire/classe-moyenne-sen-prend-aux-chomeurs-ne-sen-prend/00110237

      Pour vous, le RSA, c’est dans douze mois ? Oui : « vous ». C’est à vous que je m’adresse. Vous qui êtes salariés dans le privé (ou allez le devenir). En CDI ou en CDD, peu importe. Vous qui êtes un homme ou une femme. Vous qui êtes ouvrier, employé, technicien, ingénieur, cadre… Vous qui avez 20, 30, 40 ou 50 ans.

      Pour la plupart d’entre vous, le revenu de solidarité active (RSA), dans douze mois, ça ne rentrait pas, objectivement, dans l’univers des possibles. Mais le Premier ministre souhaite que ça le devienne en diminuant la durée maximale des indemnités servies par l’assurance chômage à 12 mois.

      C’est la septième séquence de réforme de l’assurance chômage depuis 2017 que Gabriel Attal vient ainsi d’initier. On peut y voir un trouble obsessionnel de la part du gouvernement : depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, il n’y a pas eu une année sans réforme (ou tentative de réforme) de l’assurance chômage, à l’exception de l’année 2020 du fait du Covid.

      En 2017 : réforme du financement avec la fin de la cotisation salariale remplacée par la CSG. En 2018 : mise sous tutelle par l’Etat de la gestion paritaire de l’assurance chômage avec la loi « Avenir professionnel ».

      En 2019 : la condition d’éligibilité passe de quatre à six mois. Il est prévu que le montant de l’allocation soit diminué à proportion de l’occurrence du chômage dans le passé récent de l’allocataire, ce qui pénaliserait l’ensemble des salariés à l’emploi discontinu. Mais la réforme n’est jamais mise en place à cause du Covid et de la décision d’annulation du Conseil d’Etat en 2020.

      En 2021 : la même réforme est finalement adoptée dans une version juste assez émoussée pour passer l’obstacle du Conseil d’Etat. En 2022 : baisse de 25 % de la durée pour tous, justifiée par la bonne conjoncture.

      En 2023 : à la demande du gouvernement, une négociation des partenaires sociaux aboutit à une nouvelle réforme, mais celle-ci reste – à ce stade – en suspens… Ce qui n’empêche pas le Premier ministre d’exiger aujourd’hui une nouvelle réforme avant la fin de l’année 2024.
      Opposer artificiellement deux groupes imaginaires

      On peut se demander si, politiquement, ce n’est pas la séquence de trop. Le pari politique, appuyé sur des sondages qui mettent en avant la faible estime dans laquelle les Français tiennent « les chômeurs », constitue une option populiste risquée. Il s’agit en effet de s’appuyer sur des représentations certes communément partagées, mais fondamentalement biaisées, de la réalité du chômage et de l’assurance chômage.

      D’une part, on présuppose l’existence de deux groupes distincts en les opposant : d’un côté, une supposée « classe moyenne », qui travaille dur pour des salaires pas toujours à la hauteur, ne perçoit pas « d’aides » ; de l’autre côté, la catégorie « des chômeurs » composée de « précaires » ou de « pauvres », parfois soupçonnés d’être tentés par la fraude et peu enclins à l’effort.

      D’autre part, il s’agit de considérer que l’assurance chômage a pour fonction d’opérer une « redistribution » : prendre aux uns ce qu’ils ont durement et honnêtement gagné par leur travail pour le donner aux autres qui ne peuvent certainement pas en dire autant.

      Ces deux représentations sont en réalité dénuées de sens. La « classe moyenne » est une catégorie attrape-tout d’autant plus commode politiquement que ses contours sont indéterminés. Parler des « chômeurs » n’a guère plus de sens.

      Etre au chômage est un état plus ou moins passager, un moment dans une trajectoire professionnelle qui ne définit en rien une personne, et encore moins un groupe social. Parler des chômeurs a autant de sens que de parler des malades de la grippe. La grippe n’a jamais défini personne, ni aucun groupe. C’est un état passager et fort banal dans lequel chacun peut se trouver à un moment donné.
      Le chômage, une expérience très ordinaire

      Un événement fortuit est d’ailleurs récemment venu mettre à mal le narratif du gouvernement et illustrer l’inanité de cette représentation du chômage. Au milieu du mois de mars, les données personnelles de 43 millions d’individus ont été dérobées à France Travail par des hackers. 43 millions ! Le chiffre est certainement peu exploitable scientifiquement (il doit bien y avoir quelques morts dans le lot), mais l’ordre de grandeur en dit long.

      La population active représente 31 millions de personnes. Les Français de plus de 15 ans sont 55 millions. 43 millions d’individus dans les fichiers de France Travail : cela démontre la banalité de l’expérience du chômage dans la population. Connaître une séquence de chômage est une expérience très ordinaire et très répandue.

      43 millions d’individus qui se sont trouvés « demandeurs d’emploi » à un moment ou un autre de leur vie, cela signifie surtout qu’il n’y a pas matière à opposer deux groupes. La « France qui travaille » et la « France des allocations » sont les mêmes. La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chômeurs » dans les sondages ne s’en prend en réalité qu’à elle-même.

      La fonction de l’assurance chômage n’est pas d’opérer une redistribution : elle est d’assurer chacun contre le risque de chômage. Certes, comme tout risque, il est inégalement distribué. Il n’en reste pas moins que la vocation de l’assurance chômage est d’assurer tous les salariés contre le risque de chômage comme, par exemple, l’assurance maladie assure les uns et les autres indépendamment de la probabilité objectivement différente que les uns et les autres ont de tomber malade.

      De ce point de vue, le gouvernement ferait mieux de ne pas sous-estimer l’hypothèse d’un retournement de l’opinion. Car réduire la durée de l’indemnisation du chômage à 12 mois, au lieu des 24 mois qui prévalaient il y a encore peu de temps, c’est objectivement insécuriser l’ensemble des salariés : pour tous, se trouver au RSA à l’horizon d’une année devient une possibilité.

      Un licenciement, un divorce, une maladie, un deuil… Chacun sait que les accidents de la vie peuvent parfois se cumuler et rendre difficile, y compris pour les plus solides, un retour à un emploi satisfaisant dans le délai réduit d’un an. Même un évènement plus banal, comme un déménagement familial, peut susciter cette situation.
      Une mise en cause des droits de tous

      Vivre des seules allocations-chômage constitue déjà une mise en cause très significative des ressources d’un salarié par rapport à sa situation antérieure. Tous les salariés devront désormais envisager l’hypothèse de faire, au bout de 12 mois, sans cette ressource déjà limitée.

      Jusqu’alors, les narratifs accompagnant les réformes opposaient des chômeurs entre eux en stigmatisant par exemple les salariés à l’emploi discontinu, accusés d’articuler en permanence emploi et indemnisation du chômage. Désormais, ils opposent ceux qui travaillent aux chômeurs.

      Il suffirait que « la classe moyenne » prenne conscience du fait qu’il ne s’agit pas d’une remise en cause « du droit des chômeurs », mais d’une remise en cause des droits de tous les salariés à une couverture chômage, pour qu’elle se retourne contre cette réforme.

      De leur côté, ceux qui s’opposent à cette réforme – la gauche et les organisations syndicales en premier lieu – ne devraient-ils pas éviter une posture de misérabilisme compassionnel qui ne fait qu’entretenir les représentations du chômage et de l’assurance chômage promues par le gouvernement ?

      Posé dans les termes d’une généreuse redistribution des classes moyennes vers de « pauvres » chômeurs, l’appel à la compassion ne convaincrait que quelques idéalistes partageux et entretiendrait l’absurde opposition entre la « France du travail » et la « France des alloc’ » qui fait le miel du gouvernement.

  • Bien manger, pour tout le monde : vers une #Sécurité_sociale_de_l’alimentation

    Pour donner accès à de bons aliments, produits localement et de bonne qualité, des initiatives essaiment à travers la France pour créer une #Sécurité_sociale de l’#alimentation. Le principe : donner accès à tout le monde au bien manger, en remboursant les aliments grâce à la solidarité. On vous emmène à #Saint-Étienne, dans un village du #Vaucluse et à #Montpellier, où citoyennes et citoyens montrent la voie.

    https://basta.media/bien-manger-pour-tout-le-monde-vers-une-securite-sociale-de-l-alimentation

    #SSA #sécurité_sociale_alimentaire

  • Gaza : tout sauf une guerre – la Chronique de Joseph Andras
    https://www.frustrationmagazine.fr/gaza-guerre-chronique-joseph-andras

    Nous accueillons régulièrement l’écrivain Joseph Andras pour une chronique d’actualité qui affûte nos armes et donne du style à nos frustrations. Il y a, là-bas, les épurateurs ethniques ; il y a, ici, leurs associés. Nous savons tout d’eux : les premiers épurent à visage découvert et les seconds assurent le suivi dans nos grands médias.Là-bas, ça […]

    • Le terrorisme n’existe pas. Il convient d’abandonner ce mot à jamais. De le retirer de chaque dictionnaire. Car quand un mot, né au lendemain du 9 Thermidor, né, donc, contre la Révolution française, entend saisir de concert Pierre Brossolette, Missak Manouchian, Bobby Sands, Mohammed Merah, Anders Breivik et Brenton Tarrant, pareil mot malmène l’ensemble des lois de la raison. Il en nie le concept même. Il n’a aucun sens. Pour cause : « terrorisme » est un mot d’État. Une fabrication militaro-policière dont la fonction première a, toujours, partout, été de disqualifier la lutte contre la terreur exercée par le pouvoir central : les États-Unis avec le Viet Minh, l’Afrique du Sud avec l’ANC, le Maroc avec le Front Polisario, la France avec le FLN et le FLNKS, la Turquie avec l’Asala et le PKK, etc. « Jamais personne n’a traité le défunt J. Edgar Hoover de terroriste bien que ce fût précisément ce qu’il était », notait James Baldwin dans l’un de ses livres à propos du chef du FBI. En effet. Mais gageons qu’on ne gagne rien à retourner le stigmate : on patauge encore dans la langue de l’oppresseur. Laissons ce mot à ses maîtres, Klaus Barbie, Thatcher et Erdoğan. Ne salissons pas deux fois Olga Bancic, Fernand Iveton et Nelson Mandela.

      Ce qui existe, en revanche, ce sont certains modes d’action armée, certaines tactiques violentes, certains dispositifs attentatoires aux règles internationales. Ce qui existe, ce sont des attaques meurtrières ciblant volontairement les civils – et on a tout loisir de préciser : fusillade à l’arme automatique, bombe déposée dans un café, camion-bélier roulant droit sur la foule, avion de ligne lancé à pleine vitesse sur un immeuble… Il y a des faits et il y a des mots précis pour les cerner, voilà qui suffit. « Terrorisme » ne cerne rien : il confond tout. Poubelle.

  • Daniel Bensaïd fut l’un des grands rénovateurs du marxisme | Darren Roso
    https://www.contretemps.eu/daniel-bensaid-renovateurs-marxisme

    Daniel Bensaïd rejetait l’idée de l’inéluctabilité historique, considérant l’histoire comme une série de carrefours et non comme un chemin unique. Pour Bensaïd, la lutte des classes restera centrale tant que le capitalisme existera, mais son issue est toujours imprévisible.

    Daniel Bensaïd sera tôt ou tard reconnu comme l’un des rénovateurs les plus inventifs et les plus brillants de la théorie marxiste révolutionnaire de notre époque. Solidement enraciné dans le marxisme classique, et même dans le trotskisme classique, il a su aller au-delà, vers de nouveaux domaines, de nouvelles problématiques, de nouvelles idées, de nouvelles illuminations.

    Il était également un écrivain remarquablement doué. Si ses livres peuvent être lus avec un tel plaisir, c’est qu’ils sont écrits avec la plume acérée d’un véritable auteur, qui a le don du trait : un trait qui peut être assassin, ironique, enragé, ou poétique, mais qui va toujours droit au but. Ce style littéraire, propre à l’auteur et impossible à imiter, n’était pas gratuit, mais au service d’une idée, d’un message, d’un appel : refuser la conformité, refuser la résignation, refuser la réconciliation avec les vainqueurs.

    Sa pensée philosophique n’est pas un exercice académique : d’un bout à l’autre, elle est traversée par le courant brûlant de l’indignation, un courant, comme il l’écrit, qui ne peut se dissoudre dans les eaux tièdes de la résignation consensuelle. D’où son mépris pour ceux qu’il appelait les « Homo resignatus« , ces intellectuels ou hommes politiques que l’on reconnaît de loin à leur impassibilité de crapauds face à l’impitoyable ordre établi.

    Pour Bensaïd, « L’indignation est un commencement. Une manière de se lever et de se mettre en route. On s’indigne, on s’insurge, et puis on voit. » Parmi toutes les contributions « hérétiques » de Bensaïd au renouveau du marxisme et de la théorie révolutionnaire, la plus importante, à mes yeux, est sa rupture radicale avec l’idéologie positiviste, déterministe et fataliste du Progrès inéluctable qui a tant pesé sur le marxisme « orthodoxe », notamment en France.

    Sa relecture de Marx, avec l’aide d’Auguste Blanqui et de Walter Benjamin, l’a amené à comprendre l’histoire comme une série de carrefours et de bifurcations ; un champ de possibilités dont l’issue est imprévisible. La lutte des classes est au cœur du processus historique, mais son résultat est incertain.

  • L’ONG World Central Kitchen suspend ses activités après la mort de 7 employés - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1408920/quatre-humanitaires-etrangers-tues-dans-une-frappe-israelienne-a-gaza

    WCK était le principal bras de la gestion humanitaire US à Gaza pour contrer l’influence du Hamas et de son administration... Ou bien l’armée israélienne est décidément très maladroite, ou bien on va tout drtoit vers une catastrophe pire encore que celle que les Gazaouis connaissent depuis 6 mois...

    L’ONG d’aide alimentaire World Central Kitchen (WCK) a affirmé mardi que sept de ses employés avaient été tués dans une frappe israélienne à Gaza, annonçant la suspension de ses activités dans la région.

    « World Central Kitchen est dévastée de confirmer que sept membres de notre équipe ont été tués à Gaza dans une frappe des FDI », les forces armées israéliennes , a déclaré l’ONG basée aux Etats-Unis dans un communiqué.

    Parmi les victimes figurent des ressortissants « d’Australie, de Pologne, du Royaume-Uni, un citoyen ayant la double nationalité américaine et canadienne et une personne palestinienne », a précisé l’organisation.

    World Central Kitchen a ajouté qu’elle avait décidé de « suspendre ses opérations dans la région ».

    Depuis le début de la guerre en octobre, World Central Kitchen a participé aux opérations de secours, notamment en fournissant des repas aux habitants affamés de Gaza. Elle est l’une des deux ONG participant activement à l’acheminement de l’aide à Gaza par bateau depuis Chypre et elle a également participé à la construction d’une jetée temporaire.

    L’ONG a indiqué que son équipe se déplaçait à bord d’un convoi composé de « deux voitures blindées portant le logo WCK et d’un véhicule léger » au moment de la frappe.

    « Malgré la coordination des mouvements avec les FDI, le convoi a été touché alors qu’il quittait l’entrepôt de Deir al-Balah, où l’équipe avait déchargé plus de 100 tonnes d’aide alimentaire humanitaire acheminée à Gaza par voie maritime », précise-t-elle dans le communiqué.

    • Une poignée d’américains atteints par un bombardement israélien, et c’est sur la première page du site du Monde.

      15 000 enfants écrasés sous les bombes, arrachés à leur lit d’hôpital, ou tombés sous les balles israéliennes, n’ont pas eu une telle médiatisation.

    • Benjamin Netanyahu admet une « frappe non intentionnelle » sur les humanitaires à Gaza
      2 avril 2024 | france 24
      https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240402-%F0%9F%94%B4-en-direct-plusieurs-travailleurs-humanitaires-tu%C3%

      Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a admis que sept collaborateurs de l’ONG américaine World Central Kitchen tués à Gaza l’avaient été par une frappe israélienne « non intentionnelle ».

      « Malheureusement hier (lundi), il s’est produit un incident tragique, nos forces ayant frappé de façon non intentionnelle des innocents dans la bande de Gaza. Cela arrive dans une guerre, nous allons vérifier jusqu’au bout, nous sommes en contact avec les gouvernements et ferons tout pour que cela ne se reproduise plus jamais », a-t-il déclaré depuis l’hôpital où il a subi dimanche soir une intervention pour une hernie.

    • Pour aller dans ton sens @stephane_m, l’info de WCKprendplus de lace que le meurtre dans un consulat de plusieurs militaires iraniens, action autrement plus lourde de conséquences... Menfin, si les sanglots de l’homme blanc permettent d’arrêter enfin le massacre...

    • Comme pour #Rachel_Corrie, c’est un message aux gauchistes du monde entier.
      « Chez vous, on vous gaze et on vous flash ball, ici, on vous massacre. A bon entendeur ».
      Ça doit faire bizarre de constater qu’une vie, même occidentale, ne vaut que pour l’instrumentalisation qu’elle va permettre.
      L’occident se révèle ds sa complète absence de principes.

    • A propos de la gravité des attaques israéliennes sur les pays voisins : nous avons tout de même des députés israéliens qui ont évoqué publiquement la bombe nucléaire au lendemain du 7 octobre. J’imagine que des mentions en privée ont aussi été faites. J’imagine que tout le monde dans les chancelleries a compris. Tout le monde a compris que ces criminels sont prêts à tout pour avoir le dernier mot.

  • En hommage à Maryse Condé (1934-2024), écrivaine guadeloupéenne, prix Nobel alternatif de littérature en 2018, je poste cet entretien accordé au quotidien LIbération en 1997. Le passage sur les appropriations et usages de la « langue coloniale » est particulièrement intéressant et à mettre en perspective avec, par exemple, les analyses de Kateb Yacine (1929-1989).

    Maryse Condé, Antilles mutantes
    https://www.liberation.fr/livres/1997/09/18/maryse-conde-antilles-mutantes_214339

    Née à Pointe-à-Pitre, romancière et professeure de littérature à l’université de Columbia, Maryse Condé est sortie de la traditionnelle opposition créole-français en cannibalisant, pour la faire sienne, la langue coloniale. Entretien.
    par Claire Devarrieux, publié le 18 septembre 1997.

    Les fictions qui traitent d’un secret familial sont généralement conçues pour l’élucider. Dans Desirada, son dixième roman, Maryse Condé approfondit au contraire le mystère, le construit comme un monstrueux fardeau de mensonges, ou de demi-vérités, dont l’héroïne choisira de se détourner. Qui était son père ? Elle est née d’un viol. Sa mère et sa grand-mère donnent des versions opposées. Ni l’une ni l’autre n’ont eu d’amour maternel à transmettre, c’est un manque glaçant qui gagne le livre peu à peu, alors qu’il avait commencé dans la chaleur de l’enfance. Desirada (la Désirade est une petite île des Antilles, dépendant de la Guadeloupe) entrecroise les lignes de force de destins féminins, comme la plupart des nouvelles de Pays mêlés. C’est surtout le tableau d’une diaspora. On y rencontre à Paris des enfants d’Haïtiens émigrés à Cuba, une Russe égarée en Haute-Guinée, un musicien né à Londres de parents qui venaient de Trinidad. L’héroïne épouse le musicien, le suit en Amérique où il voudrait imposer sa propre « symphonie du Nouveau Monde ». Un personnage optimiste ­ ce que n’est pas tout à fait le livre, bien qu’il soit parcouru d’un grand vent de liberté ­ dit : « Personne ne veut entendre que les immigrés ne sont pas des damnés. Ils sont le sel de la terre ainsi que la lumière du monde. » Maryse Condé est née Maryse Boucolon en 1937 à Pointe-à-Pitre. Sa mère était enseignante, son père travaillait dans une banque. Après son bac, elle a été ravie de partir étudier en France, à Fénelon, puis à la Sorbonne. Elle a publié son premier roman en 1976, après avoir longtemps vécu en Afrique, sans laquelle elle dit qu’elle ne serait pas devenue écrivain, et où elle a puisé la matière de Ségou, son plus grand succès. Elle vit depuis douze ans à New York, où elle enseigne la littérature à l’université de Columbia. Son oeuvre n’est pas autobiographique. Ni insulaire.

    Le message de « Desirada » est-il qu’il faut arracher ses racines pour être libre ?

    Oui, en un sens. Nous, Antillais, on nous demande toujours de nous définir par rapport à nos racines. Je crois qu’il est grand temps de dire : ça n’a pas tellement d’importance, l’endroit d’où nous venons, ce qui compte c’est le peuple que nous sommes devenu, ce que nous avons aujourd’hui comme culture à présenter au reste du monde. Je crois qu’il faut cesser cette quête traumatisante des racines, et puis essayer de vivre au présent. Ce n’est pas facile.

    Pourquoi avez-vous écrit des Guadeloupéens qu’« ils ne survivraient pas à l’arrivée du troisième millénaire » ?

    Nous ne survivrons pas tels que nous avons été. Avec Maastricht, avec l’ouverture des frontières, le fait que les Européens peuvent venir s’installer comme ils veulent, le fait que privés de travail nous sommes obligés de partir à l’étranger de plus en plus loin pour chercher à survivre, la composition de la Guadeloupe change énormément. Entre la Guadeloupe que ma grand-mère a connue, même pas, que ma mère a connue, et la Guadeloupe d’aujourd’hui, l’écart est considérable.

    Il ne reste rien de votre enfance ?

    Pas grand-chose. Des lieux, des bribes. La maison : disparue. La famille : dispersée. L’endroit où je passais les vacances a été coupé en deux par une nouvelle route, un côté a été bâti, et de l’autre côté reste le vieux pont sur lequel je jouais, au-dessus d’une petite rivière qu’on appelait la Sarcelle. Ça me paraît un symbole. Maintenant cette route est abandonnée, elle a été remplacée par une déviation. Voyez, tout le paysage dans lequel j’ai grandi a disparu, c’est un peu l’impression que j’ai quand je retourne en Guadeloupe, ce n’est pas nous qui générons le changement, il est décidé par les institutions en place, même physiquement le pays nous échappe.

    Où en êtes-vous avec la politique ?

    J’étais, d’une façon peut-être un peu idéale, pour l’indépendance de la Guadeloupe. Je ne me suis pas assez engagée parce que, avant tout, je voulais écrire. Or, je crois que la politique est une chose qu’on fait à plein temps. Il m’aurait fallu me lancer vraiment dans le combat, et à cause de ce manque de décision, finalement je n’ai pas été capable d’influer sur le statut guadeloupéen. Alors, je suis un peu en retrait. La cause demeure, mais étant donné qu’on n’a pas su la défendre au moment où il fallait, il faut maintenant essayer de gérer l’échec, de le transformer. On n’a pas pu mener la Guadeloupe à l’indépendance, faisons-nous une raison, voyons comment, dans la situation actuelle, on peut quand même préserver un minimum d’indépendance culturelle, d’indépendance spirituelle, puisque sur le plan économique et politique, on a complètement échoué. Ce n’est pas très gai comme constat. Mais c’est la sagesse. Le problème de l’indépendance ne se pose plus comme en 1960.

    Et avec la langue française ?

    Il y a une sorte de dichotomie dans la littérature antillaise. On vous dit : le français est la langue de la colonisation, et le créole, c’est la langue maternelle, plus vous êtes proche de la langue maternelle, plus vous êtes authentique. D’abord, je ne sais pas très bien ce que veut dire authentique, il n’y a pas de norme. Deuxièmement, il y a possibilité de pervertir le français tel que le colonisateur a voulu nous l’imposer. Une langue, c’est quelque chose qu’on refait à son image. Quand je parle français, c’est un français que j’ai cannibalisé, réinterprété avec mon histoire, avec mon ethnicité, mon expérience particulière, ce n’est pas la langue coloniale, c’est devenu la mienne. Enfin, je crois que pour un écrivain, toutes les langues sont des langues étrangères qu’il lui faut déconstruire. Il lui faut trouver sa propre voix avec des mots imposés par la société. La dichotomie créole/français est terriblement simpliste, elle a un air comme ça politique, révolutionnaire, en fait elle ne s’appuie pas sur la réalité de l’ambiguïté de l’utilisation d’une langue par le locuteur, et sur le problème que pose la langue en général à celui qui écrit.

    Ne pas écrire systématiquement sur les Antilles vous éloigne des écrivains antillais ?

    La littérature antillaise parle des lieux qu’elle considère comme antillais, de la terre (le Martiniquais parle de la terre martiniquaise, le Guadeloupéen de la terre guadeloupéenne). Elle fait l’inventaire de ce que nous possédons, c’est très bien, mais elle oublie qu’il y a davantage de Guadeloupéens et de Martiniquais en dehors de la région que dans la région elle-même. Il y a d’énormes communautés d’Antillais aux Etats-Unis, en Europe, partout, est-ce qu’il faut exclure ces gens-là de la littérature antillaise ? Il faut au contraire s’intéresser à ceux qui créent à l’extérieur, parce que, étant donné qu’ils sont constamment confrontés avec l’Autre, ils ont toujours à se redéfinir ou à se définir comme Antillais. On ne sait pas très bien ce que c’est. Mais on sait absolument qu’on est différent des autres, et c’est ça qu’on cultive.
    Qu’est-ce qui vous fait le plus plaisir, que Derek Walcott et Toni Morrison aient le prix Nobel, ou que Patrick Chamoiseau ait le Goncourt ?

    Ça me fait plaisir pour eux parce que je les aime bien tous les trois ­ Patrick est un vieux copain­, mais je ne peux pas dire que j’éprouve un sentiment de fierté régionale ou raciale. Je crois que j’en ai fini avec ça. Ce qui est important c’est qu’en tant qu’écrivains ils soient couronnés. Ce n’est pas parce qu’ils sont antillais, ou qu’elle est une femme noire, que je me sens plus heureuse.
    Vous sentez-vous plus proches des écrivains femmes que des écrivains hommes ?

    Non. Pas du tout. J’aime beaucoup Edwidge Danticat. Elle a 26 ans, elle écrit en anglais, sur Haïti, à Brooklyn. Je vois là une nouvelle génération de la littérature antillaise. Je me sens pas proche d’elle parce que c’est une femme. Je n’ai pas ce genre de considération. J’enseigne la littérature féminine, mais pour une raison, je dirais, pédagogique, parce qu’elle est moins connue. Il y a une espèce de silence, on parle toujours des hommes, c’est agaçant à la fin, toujours, toujours les mêmes. C’est bizarre que ça résiste comme ça en cette fin du XXe siècle, où on pourrait penser que le monde est plus ouvert. Et puis j’enseigne aussi des hommes, comme Raphaël Confiant. Je ne divise pas en catégories.

    Parmi les amis écrivains que je fréquente à New York, il y a Caryl Phillips, qui vient d’Antigua, il y a Antonio Benites-Rojo, qui vient de Cuba. On a les mêmes intérêts, on cherche à dire la même chose, on a la même expérience de ce qu’on appelle exil, déracinement. Ce n’est pas basé sur des affinités de langue, l’un est anglophone, l’autre espagnol, ce n’est pas basé sur des affinités de sexe, puisque ce sont des hommes, c’est basé sur des affinités littéraires, une façon de concevoir le travail d’écrivain. Tous les trois, nous sommes d’avis que la littérature antillaise ne peut être confinée à la production insulaire, qu’elle a largement débordé la frontière des îles. Nous essayons de faire entrer dans l’expérience antillaise celle de toutes les communautés éparses à extérieur. De trouver une voix qui soit complexe, qui mêle les influences traditionnelles et ce changement auxquels nous sommes confrontés à tous les instants de notre vie. Nous sommes un peu des mutants, il faut tenir compte en littérature de ces mutations. Je sais que les Antillais n’aiment pas ça, ils préfèrent les écrivains qui les confortent, leur fait croire que leur société n’a pas tellement changé. Nous qui voulons trop les tourner vers l’avenir, vers ce qui va arriver, il est certain que ça les déconcerte un peu, ils préfèrent une littérature plus régionale. Et régionaliste.

    Maryse Condé, Desirada , Robert Laffont, 282 pp., 129F. Pays mêlés . Même éditeur, 222 pp., 129F.

    #écriture #langues #colonisation #Antilles #Guadeloupe

  • « Bravo à l’Institut la Boétie d’avoir invité Andreas Malm.
    Pas étonnant que les écologistes de marché (EELV) n’apprécient pas ce grand intellectuel marxiste ! »

    L’intellectuel suédois, qui prône le recours à une forme de violence, a exposé hier ses thèses devant les Insoumis. Portrait | Caroline Vigoureux 31 Mars 2024

    Il a le regard profond, les yeux bleu clair et un sourire rare qui se devine dans sa barbe rousse. Derrière son calme apparent, Andreas Malm, intellectuel suédois de 47 ans, tient un discours radical : la lutte contre le réchauffement planétaire ne sera efficace que si l’on en passe par la violence contre les biens (et non les personnes), soit la destruction et le sabotage. C’est cette théorie qu’il est venu exposer cette semaine en France, avec un carnet de bal bien fourni. Jeudi, il donnait une conférence à l’université Paris-Dauphine face à des étudiants qui lui ont dit leur « grand intérêt » pour son discours. Samedi, c’est invité par l’Institut La Boétie, le think tank de Jean-Luc Mélenchon, qu’Andreas Malm a été reçu au Conservatoire national des arts et métiers face à 500 personnes qui l’ont vivement applaudi. « Un Suédois a remplacé une Suédoise », remarque le politologue Eddy Fougier, en référence à la jeune militante écologiste Greta Thunberg.

    Sa démonstration clivante est exposée sur 200 pages dans son livre Comment saboter un pipeline (éditions La Fabrique). Publié en 2020, l’ouvrage est devenu une référence dans les mouvances écologistes et chez certains black blocs, avant d’être adapté en film. « Un pacifiste qui fait des exceptions est un théoricien de la guerre juste », y écrit ce maître de conférences en géographie humaine à l’université suédoise de Lund. « Saborder des biens n’est pas impossible, après tout. La propriété n’est pas au-dessus de la Terre ; il n’y a pas de loi technique, naturelle ou divine qui la rende inviolable dans la situation d’urgence actuelle », argue-t-il.

    Des adeptes de la théorie critique

    L’homme est un objet d’attraction pour les Insoumis, qui se reconnaissent dans sa manière de renouveler le discours marxiste pour le lier à la lutte contre le changement climatique, un « communisme de guerre » appliqué à l’écologie. « Andreas Malm est l’un des principaux penseurs actuels qui s’inscrit dans le matérialisme historique. Nous avons un corpus de pensée commun », loue la députée LFI Clémence Guetté, coprésidente de l’Institut La Boétie. Lui comme les Insoumis sont des adeptes de la théorie critique, ce courant de pensée de la philosophie sociale qui analyse la société à travers les structures de pouvoir. Andreas Malm se revendique de l’école de Francfort, groupe d’intellectuels allemands freudo-marxistes des années 1920. Dans son livre Avis de tempête (La Fabrique, 2023), l’universitaire parle même du « besoin » ardent d’« une haine de classe écologique ». Encore assez peu connu du grand public en France, Andreas Malm a acquis une vraie influence dans les sphères intellectuelles anglo-saxonnes d’extrême gauche, après avoir beaucoup voyagé et écrit pour plusieurs revues internationales, dont la publication marxiste Historical Materialism.

    "Saborder des biens n’est pas impossible. La propriété n’est pas au-dessus de la Terre" Andreas Malm

    Face aux étudiants de Dauphine jeudi, Andreas Malm a formulé un vœu : « Je rêverais que Jean-Luc Mélenchon soit président. » Ce dernier s’intéresse de près à son discours. « Il me semble être le meilleur chef de parti que nous ayons en Europe occidentale. Il a évolué dans une très bonne direction ces dernières années sur les questions d’islamophobie, la Palestine, l’antiracisme, l’écologie », considère Andreas Malm.

    Parce que, avant de s’intéresser à l’écologie, le quadragénaire qui porte une chéchia noire, couvre-chef répandu dans les pays musulmans, était d’abord un défenseur de la cause palestinienne. Après avoir participé à la Cop1 à Berlin en 1995, ce militant trotskiste, activiste avant d’être universitaire, s’était rendu en Palestine, où il a vécu. Il y a consacré plusieurs textes controversés, qualifiant l’État d’Israël d’« entité sioniste » et vantant « l’extraordinaire efficacité » du Hamas « pour écraser chaque tentative de Daech de pointer le bout de son nez à Gaza ». Aujourd’hui, il dénonce « le génocide en cours soutenu par l’Occident » et parle d’Israël comme de « la machine à tuer technologiquement la plus avancée dans le monde ».

    Le concept de capitalocène

    C’est à l’été 2005 qu’il s’approprie le combat écologique, percuté par la lecture de Marée montante (Au Diable Vauvert), livre du journaliste anglais spécialiste de l’environnement Mark Lynas : « J’ai compris que c’était l’une des plus grandes questions auxquelles nous sommes confrontés et que tout le reste dépend de notre capacité à résoudre ce problème. » C’est lui qui a inventé le concept de capitalocène, qui dénonce la responsabilité du capitalisme dans le changement climatique.

    Mais son discours n’imprime pas au sein du parti EELV. Julien Bayou voit à peine qui il est et la secrétaire nationale du mouvement, Marine Tondelier, n’a pas lu son livre. « Le rapport à la violence n’est pas central chez les écolos. La désobéissance civile peut faire partie du rapport de force mais jusqu’où ? questionne la députée de Paris Sandrine Rousseau. La question, c’est de savoir ce qu’on a gagné ou perdu après les dégradations. Lorsque José Bové avait vandalisé le Mc Donald [de Millau en août 1999], cela n’avait pas ralenti le nombre d’installations de McDo dans le monde, mais ça avait alerté l’opinion publique sur la situation. Andreas Malm pose la question de savoir comment faire exister une opinion publique climatique. »

    Dans ses livres, l’universitaire défend l’idée que les révolutions les plus nobles de l’Histoire n’auraient jamais abouti de manière pacifique. L’esclavage aurait-il été aboli sans violence ? Les suffragettes auraient-elles obtenu le droit de vote des femmes sans violence ? Andreas Malm fonde sa réflexion sur l’idée d’un « flanc radical », nécessaire pour rompre avec le business as usual qu’est le capitalisme, estimant que « Martin Luther King passait pour un radical à la fin des années 1950 » comme aujourd’hui Extinction Rebellion, mouvement né à Londres qui revendique la désobéissance civile non violente. Tout est une question de perception, donc.

    Selon Malm, les révolutions les plus nobles n’auraient jamais abouti de manière pacifique

    Jamais Andreas Malm n’aurait imaginé que son livre Comment saboter un pipeline soit cité en juin 2023 dans un décret de dissolution, signé de Gérald Darmanin, visant le collectif d’écologistes radicaux les Soulèvements de la Terre (annulé par la suite par le Conseil d’État), quelques mois après les violentes manifestations de Sainte-Soline contre les méga-bassines, où s’était rendu Andreas Malm. Passé la surprise, il a compris la logique. « Le gouvernement avait besoin d’un livre pour servir de fondement doctrinaire à ce mouvement et plaider en faveur de sa dissolution. Mais leur action ne découlait pas de mon livre. Je n’étais pas le génie maléfique caché derrière cette histoire », relate calmement l’intéressé, parfois présenté comme un « gourou » pour cette gauche radicalisée. « Le livre d’Andreas Malm a eu une influence importante sur le mouvement climat. Mais il n’est pas notre maître à penser. Le néoléninisme vert dont il se revendique ne parle pas forcément au sein de notre mouvement », nuance Léna Lazare, membre des Soulèvements de la Terre. À Gérald Darmanin qui parle d’« écoterrorisme », Andreas Malm répond que « ce sont les entreprises d’énergies fossiles qui tuent des civils sans discernement ».

    "La France est le seul pays en Europe où l’on sent qu’il est possible de changer les sociétés" Andreas Malm

    Ses théories trouvent des traductions concrètes en France, depuis des violences à l’été 2017 à Bure contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires radioactifs jusqu’à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes contre la construction de l’aéroport en passant par le sabotage de l’usine Lafarge en décembre 2022. Derrière ces actions, on trouve plusieurs collectifs d’écologistes radicaux, comme Extinction Rébellion, Dernière Rénovation, les Soulèvements de la Terre. « Andreas Malm est le symptôme d’une sorte de glissement pour tous ceux qui considèrent que la désobéissance civile n’est pas assez efficace. Ils passent donc à des actions offensives de sabotage, avec, du côté de ceux qui sont plus pacifiques, le sentiment que c’est un mal nécessaire », développe Eddy Fougier.

    Cette idée que la violence permet à un combat d’être entendu, et donc de rendre l’action efficace, a sans doute été alimentée par le mouvement des Gilets jaunes. Jamais le gouvernement n’a mis autant d’argent sur la table que lorsque les manifestants détruisaient les vitrines des grandes villes, jusqu’à saccager l’Arc de Triomphe. « La France est le seul pays en Europe où l’on sent qu’il est possible de changer les sociétés », pense Andreas Malm, qui vit à Malmö. Le Suédois parle un anglais et un espagnol impeccables, mais pas le français. C’est aussi l’une de ses limites, pense-t-il, à ses connexions avec les Insoumis.

    Le quadragénaire a aussi cette particularité d’être totalement absent en 2024 des réseaux sociaux, qu’il déteste parce qu’« ils activent le potentiel narcissique de chacun d’entre nous ». Andreas Malm ne se voit pas faire de politique mais se voit plutôt continuer à écrire. Il a un nouveau projet de livre, en trois volumes cette fois, autour d’une vaste question : que ferons-nous quand il sera trop tard ? Dans son précédent ouvrage, il formulait un début de réponse : « Jusqu’à ce que le business as usual ne soit plus qu’un lointain souvenir, tant qu’il y a des humains sur Terre, la résistance est la voie de la survie par tous les temps. »

    La crainte d’actions violentes pour les JO

    En plus de la menace terroriste, le risque d’actions violentes au nom de la cause climatique plane aussi sur les Jeux olympiques. « Les services anticipent que certains groupuscules souhaiteront perturber les événements, que ce soit durant le relais de la flamme à partir du 8 mai à Marseille ou lors des épreuves des Jeux, et c’est pourquoi d’importants dispositifs de sécurité seront mis en œuvre », explique-t-on au ministère de l’Intérieur. Les collectifs écologistes les plus radicaux, comme Saccage 2024, Dernière Rénovation et les Soulèvements de la Terre, passeront-ils à l’action ? « Cibler la flamme olympique ne fait pas partie de notre agenda et ne correspond aux thématiques contre l’agro-industrie et l’accaparement de terres que nous défendons », récuse Léna Lazare, membre des Soulèvements de la Terre. La torche olympique sera protégée par 100 policiers et gendarmes lors de son parcours en France, de Marseille à Paris, du 8 mai au 26 juillet. Ce que redoute l’exécutif, c’est une infiltration de militants parmi les 12 000 relayeurs et bénévoles qui graviteront autour du relais de la flamme. Tous ont été criblés, c’est-à-dire soumis à une enquête administrative, avait précisé Gérald Darmanin en janvier. À la suite de ces démarches, 13 avis négatifs avaient été rendus.

    https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/andreas-malm-le-gourou-de-l-ecologie-radicale-994248.html

  • Des milliers d’Arabes israéliens appellent à la fin de la guerre à Gaza
    Le 30 Mar. 2024 à 18h55 (TU) | TV5MONDE - Par AFP

    https://information.tv5monde.com/international/des-milliers-darabes-israeliens-appellent-la-fin-de-la-guerre-

    Des milliers d’Arabes israéliens ont appelé à la fin du conflit à Gaza, lors d’un rassemblement samedi à Deir Hanna, dans le nord d’Israël, pour la Journée de la terre qui tombe cette année pendant la guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.

    Le traditionnel rendez-vous de la Journée de la terre commémore la mort en 1976 de six Arabes qui manifestaient contre la confiscation de leurs terres par Israël.

    « Arrêtez la guerre sur Gaza », « Gaza, ne vacille pas ! », pouvait-on lire sur les pancartes de participants qui ont parcouru les rues de la ville jusqu’à la place principale, certains portant le keffieh et brandissant le drapeau palestinien.

    Des députés arabes israéliens étaient au premier rang de la marche à laquelle ont participé de petits groupes de Juifs, certains arborant des slogans en hébreu tel : « Juifs et Arabes refusent d’être ennemis ».

    « Nous sommes venus en solidarité avec la foule arabe ici, pour réclamer l’arrêt des massacres par le gouvernement israélien à Gaza et l’arrêt de la guerre », a déclaré Eyal, un manifestant israélien de 33 ans. (...)

  • Pourquoi Glucksmann ? | Stefano Palombarini
    https://www.contretemps.eu/pourquoi-glucksmann-parti-socialiste-gauche-strategie-palombarini

    Raphaël Glucksmann semble l’enfant chéri de la presse mainstream, qui voit en lui – dans la perspective des élections européennes à venir – un antidote utile à la gauche de rupture, incarnée depuis plusieurs années par Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise. Son profil politique ne laisse effectivement guère place au doute : il s’agit d’une version vaguement rafistolée de l’orientation d’accompagnement du capitalisme néolibéral qui a plongé la gauche dans une crise historique, partout dans le monde.

    Mais qu’est-ce que cela dit des batailles qui se jouent à gauche actuellement et des stratégies des différents partis qui s’étaient unis dans le cadre de la NUPES, en particulier du PS ? L’économiste Stefano Palombarini, auteur notamment (avec Bruno Amable) de L’Illusion du bloc bourgeois, avance quelques pistes.

    Beaucoup a été dit sur la candidature de Raphaël Glucksmann aux élections européennes, de son choix d’en faire une occasion de propagande des positions ultra-atlantistes sur la politique internationale tout en minorant les thèmes de politique économique et sociale. On sait qu’il parle peu volontiers de la situation à Gaza, pour laquelle il refuse d’utiliser le terme génocide pourtant validé par la Cour Internationale de Justice dans son verdict à la suite de la plainte déposée par l’Afrique du Sud. On sait qu’il va bien au-delà de la volonté de soutenir militairement l’Ukraine, une volonté partagée aussi par ceux qui pensent qu’une aide de ce type est nécessaire pour établir un rapport de force suffisamment équilibré, et laisser ainsi une chance à une solution négociée du conflit. Non, pour lui aucun accord de paix n’est possible avec Poutine, un tyran qui menace nos démocraties : la seule possibilité est de le « défaire totalement », de « l’humilier ». En bon néoconservateur, il va même plus loin : les démocraties occidentales ne sont pas simplement menacées par Poutine, mais par « l’alliance entre la Russie et la Chine […]. Ce n’est pas une alliance conjoncturelle, mais une alliance idéologique, dont le ciment est le ressentiment à notre égard », où évidemment le « notre » ne fait pas référence seulement à la France, mais à l’Occident[1].

    Ces positions ne sont guère étonnantes pour qui connaît son parcours : contributeur regulier de la revue Les meilleurs des mondes, qui a été un soutien indéfectible de la politique étrangère de George Bush ; membre du cercle de l’Oratoire, think tank atlantiste et néoconservateur ; sous l’impulsion de Bernard-Henri Levy[2], conseiller de Mikheïl Saakachvili pendant que celui-ci présidait la Géorgie sur une ligne atlantiste et libérale. En 2007, d’abord candidat pour Alternative Libérale, Glucksmann décida finalement d’apporter un soutien enthousiaste à Sarkozy, qu’il considérait comme « l’héritier rebelle » de 1968[3]. Dix ans plus tard, il accueillait avec ces mots le résultat de la présidentielle :

    « Emmanuel Macron s’adresse à des individus empêchés dans leur quête d’épanouissement par des blocages culturels, des structures sociales ossifiées, des « assignations à résidence » géographiques, identitaires ou économiques, qu’il promet de dépasser. Il est structurellement antiraciste et ouvert sur le monde. Il entend donner à chacun d’entre nous les moyens de se réaliser, rendre la société moins rigide, plus fluide. Il incarne une pensée centrée sur les libertés individuelles, à laquelle la France fut longtemps rétive. Voilà pourquoi il a séduit tant d’anciens soixante-huitards : le président Macron est, de ce point de vue, leur fils spirituel »[4].

    Macron comme Sarkozy, les héritiers de 1968… Si, depuis, Glucksmann dit avoir viré à gauche (une gauche qui s’identifie, comme dans la meilleure tradition du Parti socialiste, avec la toujours très hypothétique construction d’une « Europe sociale »), ses positions sur la politique internationale n’ont pas changé d’un iota, et correspondent toujours à celles du néoconservatisme le plus aveugle.

    Si le profil de Glucksmann ne laisse place à aucun doute, on peut en revanche s’interroger sur les raisons qui ont conduit le Parti socialiste à le désigner pour la deuxième fois comme tête de liste, en renonçant de nouveau à attribuer le rôle à l’un de ses dirigeants. Bien évidemment, il s’agit d’une candidature qui peut se révéler efficace dans une élection qu’on prévoit largement boudée par les jeunes et les classes populaires : selon un sondage Ipsos publié début mars[5], qu’il faut considérer plus solide que d’autres en raison de la taille importante de l’échantillon, le taux d’abstention se situerait à 65% pour les employés et les ouvriers, et dépasserait le 70% pour les moins de 35 ans. Mais la question ouverte porte sur ce que cette candidature dit des perspectives stratégiques d’un parti qui, sorti en miettes de la présidentielle, avait décidé de s’engager dans la NUPES avant de « suspendre » sa participation au mois d’octobre 2023.

    Une première hypothèse, souvent évoquée, est celle d’une volonté de renégocier la NUPES sur la base du résultat des européennes, ce qui permettrait au PS, si les sondages devaient se confirmer, de jouer un rôle majeur dans la désignation du candidat commun à la présidentielle. Mais cette interprétation apparaît plus que fragile : le PS a choisi non seulement de refuser une liste unique, mais aussi de mener campagne sur des thèmes très clivants à gauche, qui l’éloignent radicalement non seulement de la France insoumise, mais aussi du Parti communiste et d’une fraction non négligeable des écologistes. De ce point de vue, le résultat des européennes n’a guère d’importance : si la perspective était toujours celle d’un rassemblement de l’ensemble de la gauche, le PS n’aurait pas désigné Glucksmann, ni décidé d’axer sa campagne sur la guerre comme unique instrument de solution du conflit ukrainien. Il l’a fait, et l’enseignement qu’on doit en tirer est que pour les socialistes, la NUPES est définitivement enterrée.

    Une deuxième hypothèse prend ainsi corps : la décision de rompre durablement toute démarche unitaire pourrait être le produit d’une nostalgie de la longue période qui a vu le PS dominer l’espace de la gauche avec les autres mouvements réduits à la marginalité, une nostalgie qu’on sait être bien présente parmi les cadres du parti. Cette perspective interprétative laisse cependant songeurs tant elle relèverait de l’absence complète d’analyse des échecs subis en 2017 et 2022. La crise du Parti socialiste a été celle de la gauche d’accompagnement, dont le projet depuis les années 1980 était une transition vers le capitalisme néolibéral accomplie « en douceur », qui éviterait toute rupture brutale à la Thatcher, avec des réformes institutionnelles s’attachant d’abord aux domaines les moins directement connectés aux intérêts populaires, comme le système financier ou le commerce international, et menées dans une logique de compromis, à l’image du gouvernement Jospin qui a battu les records en matière de privatisations tout en concédant la réduction de la durée légale du travail à 35 heures.

    Si cette stratégie a fonctionné pendant presque quatre décennies, elle était destinée à rencontrer sa limite : au moment où la poursuite de la réforme néolibérale imposait de s’attacher à la relation salariale et à la protection sociale, le bloc de soutien au PS s’est scindé en deux, avec d’une part les groupes sociaux décidés à prolonger le mouvement qui ont rallié Macron, et d’autre part les catégories populaires définitivement dégoutées par l’action des gouvernements socialistes qui ont pris d’autres directions, principalement vers l’abstention ou vers la gauche de rupture, au cri de « jamais plus le PS ». L’impossibilité de François Hollande de se représenter et le mauvais résultat de Benoit Hamon, puis la déroute d’Anne Hidalgo ne sont pas des événements à l’intérieur d’une parenthèse qu’il s’agirait de refermer : la stratégie de la gauche d’accompagnement, à une époque gagnante, n’est aujourd’hui plus viable.

    En créditant d’un minimum d’intelligence politique les dirigeants socialistes, il faut donc douter de la pertinence de cette deuxième hypothèse et en formuler une troisième en mesure de rendre compte du choix de se ranger derrière Glucksmann. La lutte pour succéder à Macron dans la représentation du bloc bourgeois est destinée à s’ouvrir dans la période qui vient, et rien ne dit qu’elle sera réservée aux composantes de la minorité présidentielle. La dérive droitière du Président et de ses fidèles laisse d’ailleurs imaginer qu’un espace puisse s’ouvrir pour un candidat en mesure de rejouer la campagne « progressiste » du premier Macron, et il y a beaucoup de raisons pour imaginer que le profil de Glucksmann soit adapté à une telle tâche.

    Cependant, même dans les sondages sur les prochaines européennes qui lui sont les plus favorables, il n’y a pour l’instant aucun signe d’une capacité du PS d’intercepter le soutien ne serait-ce que d’une petite fraction du bloc bourgeois : celui-ci s’effrite, mais exclusivement à l’avantage de la droite et (surtout) de l’extrême-droite, alors que le total des voix pour les listes socialiste et écologiste est, dans tous les sondages, au mieux identique à celui de 2019[6]. Mais de façon plus fondamentale, il faut rappeler quels étaient les axes structurants de la première campagne macroniste : accent sur démocratie, libertés publiques, droits individuels, certes ; attachement total à la construction européenne, évidemment ; mais aussi volonté ferme d’amener à son terme la transition néolibérale, y compris au prix de réformes impopulaires sur le travail et la protection sociale.

    C’est sur ces axes que le bloc bourgeois s’est construit, et c’est la capacité d’être crédible sur les trois axes qui sera déterminante pour savoir si un autre Macron est vraiment possible[7]. Concrètement, pour le PS cela reviendrait non seulement à se payer plein de mots sur l’Europe et la démocratie, exercice qu’il maitrise parfaitement, mais aussi à réhabiliter la loi El Khomri et François Hollande, ce qui n’est pas à exclure mais qui demanderait d’effacer de la mémoire des électeurs toutes les critiques formulées par le parti à leur encontre, l’inventaire « sans concession » dressé par Olivier Faure du quinquennat de l’ancien président[8], la participation à la NUPES, l’alliance aux législatives avec la France insoumise. Bref, si l’idée est de se positionner de sorte à représenter un bloc bourgeois par ailleurs déclinant, l’éphémère virage à gauche de la période qui va de mai 2022 à octobre 2023 pourrait se révéler un handicap insurmontable.

    Même si c’est à des degrés divers, chacune de trois clés de lecture évoquées a de quoi laisser perplexe. Il y en a en revanche une quatrième qui paraît plus pertinente. Il est possible que le PS ait tiré comme enseignement de ses derniers échecs l’impossibilité de jouer de nouveau un rôle de premier plan dans le gouvernement du pays, et qu’il considère désormais comme objectif prioritaire simplement sa survie : ce qu’on pourrait appeler « le syndrome PCF ». La décision d’intégrer la NUPES, qui restera peut-être dans les mémoires comme la dernière tentative socialiste de traduire une ambition nationale dans une stratégie politique, impliquait un risque sur la viabilité d’un parti qu’elle a profondément divisé.

    Faure n’a gagné le congrès de janvier 2023 qu’avec un très faible écart, résultat d’ailleurs contesté par ses opposants ; et tout indique qu’au moins depuis octobre, il a perdu la main sur un parti aujourd’hui dominé par son ancienne minorité, une (ex)-minorité constituée très largement par des élus locaux dont les choix stratégiques sont liés bien davantage au renouveau de leurs mandats qu’à un projet de gouvernement pour la France. Il suffit de rappeler que ses figures principales s’appellent Carole Delga, présidente de la région Occitanie (ovationnée sur demande de Glucksmann au meeting toulousain du 23 mars), Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, Michaël Delafosse, maire de Montpellier, ou encore Anne Hidalgo, maire de Paris. Tous réunis aujourd’hui, avec Faure, dans le soutien à Glucksmann, dont la candidature s’explique avec la nécessité de réunifier un parti menacé de disparition à cause des mauvais résultats électoraux mais aussi de ses fractures internes.

    Ainsi, comme je l’ai indiqué, le résultat des européennes à venir, quel qu’il soit, ne jouera guère dans la renégociation d’une NUPES que le PS a décidé de dissoudre définitivement ; il pourra éventuellement donner quelques illusions, mais bien fragiles, aux nostalgiques des années glorieuses du parti ; et se révèlera très probablement inefficace pour ceux qui voient dans l’essayiste néoconservateur le successeur possible de Macron. Mais si elle ne correspond à aucun projet politique national solide et cohérent, la candidature Glucksmann permet aujourd’hui au PS de se considérer comme enfin ressoudé : l’appareil n’est pas mort, comme n’est pas morte sa capacité d’aider des notables locaux à garder leur place.

    • « Après l’adoubement de Taubira, la suite...
      Celle qui voulait le "big bang" en 2019 avec les sociaux-libéraux (avant de soutenir Mélenchon après l’échec de son truc) est bien évidemment prête à s’allier avec les sociaux-libéraux. Elle l’a fait à la marie de Paris avec Delanoë » !

      🔴⚡Info @le_Parisien L’option @Clem_Autain pour 2027 | « C’est l’une des rares à LFI avec qui on peut travailler » loue un socialiste. « Il y a quelque chose à créer » affirme un autre du PS. « Je l’aime bien, elle pourrait être une hypothèse » affirme un insoumis.

      https://twitter.com/GastonLefranc/status/1774374732932038767

    • CLÉMENTINE AUTAIN PASSE LA SECONDE

      2027 EN SECRET. Clémentine Autain a décidé d’accélérer sa stratégie, avec 2027 dans le viseur. En toute discrétion, la députée de La France Insoumise a réuni environ soixante-dix personnes dans une salle du XIXe arrondissement de Paris le 29 février, a appris Playbook.

      Objet de la réunion : “Commencer à s’organiser en vue de la présidentielle”, dans les mots de l’un de ces soutiens. Un autre rassemblement de ce type est prévu la semaine prochaine.

      En piste. La députée de Seine-Saint-Denis “a dit qu’elle se préparait pour être une possibilité pour la présidentielle, c’était très clair”, nous racontait un autre participant à cette première soirée. Devant son auditoire, elle “a expliqué pourquoi elle avait pris sa décision et pourquoi elle pensait être une solution pour rassembler la gauche”.

      “C’était la première fois qu’elle le disait comme ça”, relevait-il encore.

      Top secret. “On a assuré la confidentialité aux participants”, relatait le même, qui refusait de dévoiler le nom des présents. Parmi ces derniers, plusieurs, embêtés, n’ont pas souhaité confirmer leur présence ; d’autres ont minimisé la portée de l’initiative.

      Playbook a tout de même gratté : d’après plusieurs sources, une demi-douzaine de députés étaient là, dont Raquel Garrido, Alexis Corbière et Danielle Simonnet — tous les trois en rupture de ban avec la direction de LFI — ou encore la communiste Elsa Faucillon, une proche de longue date d’Autain. Dans la salle étaient aussi présents des maires d’Ile-de-France, des personnalités des milieux associatif, féministe, artistique, ou de la société civile.

      Il va y avoir du sport. “D’habitude ils sont cinq ou dix max, en cercle serré. Là, elle élargit aux deuxième et troisième cercles, elle change de dimension”, détaillait, enthousiaste, le soutien cité en haut. Lequel analysait : “Elle est dans une stratégie de marathonienne, elle a besoin de se compter”. “Elle se bouge, elle est dans une démarche d’unité”, louait un autre.

      Passage à la douane. Interrogée sur cette réunion hier, Clémentine Autain refusait d’en dire plus en pleine campagne des européennes : “Je n’ai rien à déclarer, si ce n’est que oui, c’est vrai, je travaille avec beaucoup de gens dans un cadre privé et dans un spectre large, et j’écoute”, évacuait-elle.

      ET APRÈS ? L’ex-adjointe à la mairie de Paris “a dit qu’elle voulait structurer quelque chose” et engager un “travail commun” avec les participants, nous assurait l’une de nos sources. Mais la démarche n’en est qu’à son commencement : “Personne n’a de rôle déterminé”. Seule une boucle WhatsApp au titre encore imprécis — “Rdv Clémentine Autain” — a été créée.

      To-do list. “Il faut travailler un récit, une personnalité, un style ; une campagne, c’est des années de labeur”, énonçait un proche, expliquant qu’Autain entendait “incarner une gauche alternative mais sans être dans ‘le bruit et la fureur’”.

      Passif. La députée remet régulièrement en cause publiquement cette stratégie de conflictualisation théorisée par Jean-Luc Mélenchon. Début février, les nouvelles critiques qu’elle avait émises ont provoqué la colère de l’Insoumis en chef qui l’a appelée à “cesser” son “sabotage” dans un message Telegram interne révélé par Le Nouvel Obs. “Partir serait mieux”, avait cinglé Mélenchon.

      Privée de micro. Signe de l’état exécrable des relations entre Autain et la direction de LFI, l’élue de Seine-Saint-Denis n’a pas été invitée à dire un mot d’accueil sur scène lors du premier meeting de Manon Aubry pour les européennes, contrairement à l’usage. Ce dernier se tenait pourtant à Villepinte, dans sa circonscription.

      Au passage, notez que Christiane Taubira, l’ancienne garde des Sceaux, interrogée hier par Libération sur les candidats potentiels pour reprendre le flambeau chez LFI, a dit sa préférence pour Clémentine Autain.

      https://www.politico.eu/newsletter/playbook-paris/4498911

    • Tous les deux jours des nouvelles de cette entreprise ultra discrète !

      https://www.liberation.fr/politique/presidentielle-2027-comment-clementine-autain-et-francois-ruffin-se-prepa

      Chacun à sa façon, Clémentine Autain et François Ruffin travaillent à une possible candidature pour 2027. En froid avec la direction de LFI, ils avancent sans entrer l’un et l’autre en confrontation.

  • REPORTAGE. « Unis, on aurait été la première liste » : la frustration de militants de gauche à l’approche des élections européennes
    https://www.francetvinfo.fr/elections/europeennes/reportage-unis-on-aurait-ete-la-premiere-liste-les-militants-de-gauche-

    En dynamique dans les sondages - entre 11 et 13% -, Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste (PS-Place publique) aux européennes, cherche à se présenter comme le « vote utile » à gauche contre le RN et les macronistes. Mais le pari n’est pas gagné, à en croire des militants de gauche qui ont débattu au micro de franceinfo : une adhérente de Générations, un écologiste et un socialiste.

    Juste pour garder trace et pouvoir comparer la dynamique avec la réalité.

  • Puisque l’Inde n’est pas la Chine, par Renaud Lambert (Le Monde diplomatique, avril 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/04/LAMBERT/66752

    Imagine-t-on Washington découvrant que Pékin projette d’assassiner des opposants sur son territoire sans que l’affaire produise davantage que quelques vaguelettes diplomatiques ? C’est ce qui vient de se produire avec New Delhi. En novembre dernier, le ministère de la justice américain met au jour une opération des services secrets indiens visant à éliminer des opposants sikhs aux États-Unis et au Canada. Réaction du président Joseph Biden à la découverte ? Il se contente de décliner l’invitation de M. Narendra Modi à célébrer le jour de la République avec lui, le 26 janvier, en se gardant de détailler publiquement ses motivations. La proposition indienne dégringole dans la hiérarchie des capitales du « monde libre » pour atterrir sur le bureau du président français Emmanuel Macron. Lequel s’empresse d’accepter, et d’apporter l’assurance que la contrariété occidentale sera de courte durée.

    L’« ordre international fondé sur des règles », celui dont se prévaut le Nord pour imposer ses préférences, se montre ainsi d’une singulière souplesse. Certains pays jouissent d’une forme de blanc-seing dont on peine à imaginer l’élargissement au reste du monde. Géant asiatique, l’Inde dispose en effet d’un atout géopolitique considérable : elle n’est pas la Chine. Or, dans le bras de fer qui l’oppose à Pékin, Washington compte sur New Delhi pour jouer le rôle de contrepoids économique et diplomatique à l’essor de l’empire du Milieu. Ce qui rend l’Occident très compréhensif.