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« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Le cost killer et le post-politique | Mouise Bourgeois presents
    ▻https://mouisebourgeoispresents.wordpress.com/2022/12/13/le-cost-killer-et-le-post-politique

    G. Ă©tait un cost killer. Un tueur de coĂ»ts. Un tueur tout court. Il avait Ă©tĂ© embauchĂ© pour ça. Il avait dĂ©jĂ  derriĂšre lui le palmarĂšs de deux boites fermĂ©es et quelques milliers d’emplois dĂ©truits. A moins d’une surprise, on finirait bien par ĂȘtre la troisiĂšme. Les choses ont commencĂ© par une « externalisation » de certains services. « DĂ©localisation », c’est trop connotĂ©. Trop 90’s. On sait ce que ça veut dire donc on peut s’y opposer. LĂ , l’externalisation c’était pour rĂ©ajuster nos missions et nos services, afin de nous offrir des postes Ă  plus hautes compĂ©tences. Subtil, n’est-ce pas ? Qui se bat contre une revalorisation des postes apportant des compĂ©tences plus hautes ? En moins d’un an, le service le plus important, composĂ© d’une centaine de personnes, tournait Ă  20. Le reste avait Ă©tĂ© externalisĂ© Ă  Madagascar. Cette rĂ©duction drastique avait Ă©tĂ© finalement assez facile. Il n’y avait mĂȘme pas eu besoin de trop licencier. Les gens partaient d’eux-mĂȘmes. C’est l’avantage avec un service composĂ© de salariĂ©s Ă  mi-temps, mal payĂ©s, en dĂ©but de carriĂšre ou exerçant cet emploi pour ce qu’il est : un job alimentaire. Il suffit de mettre en place quelques erreurs systĂ©matiques sur la fiche de paie, de nouvelles rĂšgles de cadences insurmontables, un management violent et les gens partent. Se battre pour un boulot de merde que l’on n’avait pas prĂ©vu de faire toute sa vie est absurde. Celles et ceux qui sont restĂ©s n’avaient pas le choix. Et c’est un avantage : on peut faire ce que l’on veut avec des gens qui n’ont pas le choix et qui sont trop peu nombreux pour organiser une lutte qui puisse payer. Ils ont donc fait la seule chose qu’ils pouvaient faire : ils ont courbĂ© le dos en espĂ©rant que cela ne tombe pas sur leur gueule.

  • Prison avec sursis requise contre un responsable de la CGT Ă  la suite d’un tract sur l’attaque du Hamas en IsraĂ«l
    Le Monde avec AFP - Publié le 29 mars 2024
    ▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/29/prison-avec-sursis-requise-contre-un-responsable-cgt-apres-un-tract-sur-l-at

    Un an de prison avec sursis a Ă©tĂ© requis, jeudi 28 mars, contre un responsable de la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©ral du travail (CGT) du Nord, jugĂ© Ă  Lille pour « apologie du terrorisme » Ă  la suite d’un tract controversĂ© de soutien aux Palestiniens. La dĂ©cision a Ă©tĂ© mise en dĂ©libĂ©rĂ© au 18 avril.

    « Ce tract prĂ©sente ces horreurs comme si elles avaient eu un caractĂšre inĂ©vitable », a lancĂ© la procureure. « C’est une lĂ©gitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique », a-t-elle ajoutĂ©, estimant le dĂ©lit « parfaitement caractĂ©risĂ© ».

    En tant que responsable de la publication du site Internet de la CGT 59, Jean-Paul Delescaut, 57 ans , est jugĂ© pour « apologie publique d’un acte de terrorisme » et « provocation publique Ă  la haine ou Ă  la violence », pour la diffusion d’un message le 10 octobre 2023, trois jours aprĂšs l’attaque sanglante du Hamas contre IsraĂ«l.

    Un passage avait Ă©tĂ© particuliĂšrement mis en cause : « Les horreurs de l’occupation illĂ©gale se sont accumulĂ©es. Depuis samedi [7 octobre 2023], elles reçoivent les rĂ©ponses qu’elles ont provoquĂ©es. » RetirĂ© du site Internet, le tract avait Ă©tĂ© remplacĂ© par une version « confĂ©dĂ©rale » corrigĂ©e, trois jours plus tard. (...)

    #apologie_du_terrorisme

    • Ici Ă  Montpellier, je crois qu’on a eu la condamnation d’un manifestant lors d’une manif pro-Palestinienne, pour des motifs similaires.

      Pendant ce temps, on a des gens qui se relaient Ă  la tĂ©lĂ©vision pour dĂ©fendre le fait qu’on peut massacrer 10 000 enfants parce que « regardez, Ă  Dresde, on a rasĂ© la ville
 ». Mais je n’ai pas vu qu’on avait des procureurs qui dĂ©nonçaient lĂ  « une lĂ©gitimation d’un gĂ©nocide sous couvert d’une analyse historique ».

      On est vraiment dans un systĂšme totalement malade.

    • RĂ©pression du soutien Ă  la Palestine : des centaines de personnes aux cĂŽtĂ©s du secrĂ©taire de l’UD CGT 59
      ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Repression-du-soutien-a-la-Palestine-des-centaines-de-personnes
      Un an de prison avec sursis requis contre le secrĂ©taire de l’UD CGT 59 : il faut faire front !
      ▻https://revolutionpermanente.fr/Un-an-de-prison-avec-sursis-requis-contre-le-secretaire-de-l-UD

      Alors que la dĂ©cision du tribunal sera rendue le 18 avril, la procureure, le tract publiĂ© par le syndicaliste constituerait un « dĂ©lit caractĂ©risĂ© », « une lĂ©gitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique ». Une interprĂ©tation rejetĂ©e par Jean-Paul Delescaut, qui, devant le tribunal, Ă  rĂ©insistĂ© sur les « valeurs d’humanitĂ©, de dĂ©fense de salariĂ©s, contre l’injustice sociale et pour la solidaritĂ© entre les peuples » de la CGT. « On condamne les actes terroristes en gĂ©nĂ©ral et bien entendu celui du 7 octobre. On condamne toutes les violences ».

      Des centaines de personnes, regroupant syndicalistes, militants de la cause palestinienne et organisations politiques, se sont rassemblĂ©s devant le tribunal de Lille pour rĂ©clamer l’abandon de toute poursuite contre le militant ouvrier. Plusieurs figures syndicales et politiques Ă©taient prĂ©sentes Ă  cette occasion, comme Jean-Luc MĂ©lenchon, Sophie Binet, Olivier Mateu, ou encore Jean-Pierre Mercier, pour soutenir le militant CGT et dĂ©fendre la voix de la cause palestinienne. Pour Sophie Binet, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la CGT, les accusation portĂ©es contre Jean-Paul Delescaut « s’inscrivent dans un climat trĂšs inquiĂ©tant de rĂ©pression des libertĂ©s syndicales », avec « plus de 1 000 militants poursuivis au nom des actions menĂ©es collectivement par la CGT » contre la rĂ©forme des retraites. Alors que le nombre de militants syndicaux poursuivis par la justice atteint en effet un record historique, le syndicat a lancĂ© une pĂ©tition pour exiger sa relaxe totale.

      Le rassemblement a Ă©galement Ă©tĂ© l’occasion de dĂ©noncer les tentatives pour empĂȘcher depuis 6 mois toutes formes d’expression de soutien et de solidaritĂ© avec le peuple palestinien. Des interdictions de manifester aux nombreuses enquĂȘtes ouvertes pour « apologie du terrorisme », le gouvernement a usĂ© de tous les moyens possibles pour faire taire les soutiens Ă  la Palestine et cacher sa complicitĂ© avec l’État colonial d’IsraĂ«l.

      Ce procĂšs ainsi que la rĂ©quisition du procureur s’inscrivent dans une offensive rĂ©pressive majeure contre le mouvement ouvrier et le droit syndical. Dans le cas prĂ©sent, il constitue une attaque supplĂ©mentaire visant Ă  construire un dĂ©lit d’opinion contre tous ceux qui soutiennent le mouvement pour la Palestine. Une attaque contre toutes les voix qui s’élĂšvent contre la colonisation, mais aussi une offensive consĂ©quente contre le mouvement ouvrier syndical, et une tentative de tuer dans l’Ɠuf toute convergence entre mouvement ouvrier et soutien internationaliste au peuple palestinien. Contre la rĂ©pression, solidaritĂ© avec Jean-Paul Delescaut !

  • Castres (Tarn) : « Gardez vos merdes » et libĂ©rez nos compas !- Attaque
    ▻https://attaque.noblogs.org/post/2024/03/26/castres-tarn-gardez-vos-merdes-et-liberez-nos-compas

    La DĂ©pĂȘche du Midi / mardi 26 mars 2024 Des individus ont dĂ©posĂ© des restes de grenades lacrymogĂšnes devant l’HĂŽtel de Police de Castres accompagnĂ©es d’un message taguĂ© sur la façade « Gardez vos merdes ». Ils ont Ă©tĂ© interpellĂ©s. Huit individus, 
 Continuer la lecture (...) @Mediarezo ActualitĂ© / #Mediarezo

  • Rompre avec la passivitĂ©, recommencer Ă  s’organiser
    ▻https://ricochets.cc/Rompre-avec-la-passivite-recommencer-a-s-organiser-7424.html

    Un article qui parle de Paris, mais qui peut ĂȘtre utile aussi pour alimenter la rĂ©flexion dans d’autres contrĂ©es, moyennant des adaptations et changements d’échelle ad hoc. Suivi d’un nouveau communiquĂ© « des camarades du S », qui revient sur Ste Soline, sur la lutte et ce monde de merde. S’organiser, maintenant - L’organisation autonome ouverte permet un dĂ©passement des dynamiques qui prĂ©dominent actuellement dans les espaces ouverts et les actions rejoignables Ă  Paris. Parce qu’on ne (...) #Les_Articles

    / Révoltes, insurrections, débordements...

    #Révoltes,_insurrections,_débordements...
    ▻https://paris-luttes.info/s-organiser-maintenant-18060?lang=fr
    ▻https://paris-luttes.info/IMG/pdf/s_organiser_maintenant.pdf
    ▻https://rebellyon.info/Communique-des-camarades-du-S-no7-Un-an-25799

  • Acharnement : l’État porte plainte contre une lycĂ©enne qui avait dĂ©noncĂ© une agression islamophobe
    Eugénie Tobhnom | 29 mars | Révolution permanente

    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Acharnement-l-Etat-porte-plainte-contre-une-lyceenne-qui-avait-

    Le mercredi 28 fĂ©vrier, deux Ă©lĂšves du lycĂ©e Maurice Ravel Ă  Paris ont Ă©tĂ© interpellĂ©es par leur proviseur parce qu’elles portaient en partie leur voile en quittant l’établissement. L’une d’entre elle avait alors dĂ©noncĂ© une agression, en tĂ©moignant auprĂšs de nombreux mĂ©dias dont RĂ©volution Permanente peu de temps aprĂšs les faits : « Il vient, me crie dessus, alors que je lui disais que j’allais l’enlever. Il crie encore une fois de maniĂšre agressive que je dois l’enlever et me frappe violemment le bras ».

    L’élĂšve en BTS, choquĂ©e de la violence de l’altercation, avait alors portĂ© plainte contre la direction de son Ă©tablissement pour « violences n’ayant pas entraĂźnĂ© d’incapacitĂ© de travail ». Les Ă©lĂšves de l’établissement s’étaient de leur cĂŽtĂ© mobilisĂ©s en soutien Ă  leur camarade quelques jours plus tard. Finalement, la plainte de l’étudiante a Ă©tĂ© classĂ©e sans suite, jugĂ©e « insuffisamment caractĂ©risĂ©e » par le parquet.

    Alors que le gouvernement et la droite s’étaient dĂ©jĂ  saisis de l’affaire pour lancer une campagne mĂ©diatique rĂ©actionnaire, cherchant Ă  opposer lycĂ©ens et personnel de l’éducation et Ă  attiser l’ambiance rĂ©pressive Ă  l’école, le Premier ministre a profitĂ© de cette dĂ©cision pour aller plus loin dans l’acharnement. Mercredi soir, Gabriel Attal a Ă©voquĂ© sur TF1 un « entrisme islamiste » Ă  l’école, reprenant ainsi le vocabulaire de l’extrĂȘme-droite, avant d’annoncer que l’État dĂ©poserait plainte contre la jeune fille pour « dĂ©nonciation calomnieuse ». (...)

  • Du « matĂ©riel Ă©ducatif » (prĂ©cisĂ©ment des « recueils de #poĂ©sie »), est distribuĂ© aux soldats sionistes expliquant qu’il faut raser Gaza et exterminer ses habitants

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    ▻https://www.haaretz.co.il/gallery/literature/2024-03-26/ty-article-magazine/.premium/0000018e-7ad9-d96c-af9f-7ed9e9fa0000

    • Des recueils de poĂšmes distribuĂ©s aux soldats israĂ©liens incitent au meurtre des Gazaouis
      ▻https://www.courrierinternational.com/article/conflit-des-recueils-de-poemes-distribues-aux-soldats-israeli

      Dans une longue enquĂȘte publiĂ©e par Ha’Aretz, les journalistes Or Kashti et Gili Izikovich rĂ©vĂšlent qu’Ofir Livius, directeur du Corps Ă©ducatif de Tsahal, un dĂ©partement censĂ© former les soldats aux droits civiques et Ă  l’éthique militaire, a dĂ©cidĂ© d’assurer le moral des troupes en commandant et en distribuant des recueils de poĂšmes hĂ©breux datant de l’AntiquitĂ©, mais Ă©galement des textes contemporains rĂ©digĂ©s par des auteurs israĂ©liens ultraorthodoxes ou ultranationalistes religieux.

      Lire aussi : Conflit. Pillages et vandalisme Ă  Gaza : les soldats israĂ©liens rappelĂ©s Ă  l’ordre

      Le quotidien israĂ©lien explique que ces recueils de poĂ©sie, “publiĂ©s sous l’intitulĂ© Hinneni [‘Me voici’], sont l’Ɠuvre de Mashiv Haruach [‘Revivifier l’ñme’]”, un groupe d’écrivains juifs israĂ©liens dont les membres se sont donnĂ© pour mission d’établir “une continuitĂ© entre les textes hĂ©breux d’exĂ©cration des Philistins et les conflits contemporains dans et autour de la bande de Gaza”.

      Dans l’AntiquitĂ©, les Philistins, un peuple d’origine hellĂ©nique, contrĂŽlaient un territoire s’étendant de Jaffa (au sud de l’actuelle Tel-Aviv) jusqu’au SinaĂŻ en passant par Gaza, capitale de la “pentapole” philistine, dont les quatre autres villes Ă©taient et sont toujours situĂ©es dans le territoire israĂ©lien actuel : Ashdod, Ashkelon, Gath et Ekron, un territoire dĂ©signĂ© en hĂ©breu sous le nom de “Plaine de Philistie” (Mishor Pleshet).

      “Ô Gaza, nous mettrons le feu Ă  tes murs”

      “AprĂšs les massacres commis par le Hamas, l’association entre les Philistins de l’AntiquitĂ© et les Palestiniens contemporains (qui n’ont pourtant aucun rapport entre eux) a repris de la vigueur et est en passe d’imprĂ©gner toute la conscience collective israĂ©lienne et, Ă©videmment, celle des soldats israĂ©liens engagĂ©s sur le front gazaoui”, relĂšve Ha’Aretz.

      Lire aussi : Guerre Ă  Gaza. IsraĂ«l de plus en plus isolĂ© sur la scĂšne internationale

      CompilĂ©s dans cinq volumes, de nombreux textes de Hinneni sont particuliĂšrement Ă©difiants, d’autant qu’ils bĂ©nĂ©ficient de l’imprimatur du chef d’état-major de l’armĂ©e israĂ©lienne, Herzl Halevi. Et Ha’Aretz de citer quelques exemples :

      “Ô Gaza, nous mettrons le feu Ă  tes murs et nous dĂ©truirons tes palais. [
] Et si, dans le rĂ©cit des souffrances de notre peuple, nous devions ajouter un nouveau paragraphe, tu Ă©prouveras notre vengeance et paieras de chaque dent et de chaque cheveu. [
] Nous briserons la nuque de chacun de tes enfants sur nos rochers. [
] Nous noierons ton mal dans ton propre sang.”

    • prĂ©sentation des recueils

      Ś”Ś–Ś›Ś•ŚȘ ŚœŚ•ŚžŚš « Ś”Ś Ś Ś™ ! »
      ▻https://kenes-media.com/%D7%96%D7%9E%D7%9F-%D7%A7%D7%99%D7%91%D7%95%D7%A5-%D7%A2%D7%99%D7%AA%D7%95%D7%9F-%D7%94%D7%A7%D7%99%D7%91%D7%95%D7%A6%D7%99%D7%9D/%D7%94%D7%96%D7%9B%D7%95%D7%AA-%D7%9C%D7%95%D7%9E%D7%A8-%D7%94%D7%A0%D7

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      Ś•ŚŚ›ŚŸ Ś›Śš Ś”Ś™Ś”: Ś”ŚŠŚ•Ś•ŚȘ Ś©Śœ ŚžŚ€Ś§Ś“ŚȘ Ś§ŚŠŚ™ŚŸ Ś—Ś™Ś Ś•Śš ŚšŚŚ©Ś™ (ŚžŚ§Ś—"Śš), Ś©ŚȘŚ•Ś’Ś‘Śš Ś’Ś Ś‘Ś Ś©Ś•ŚȘ Ś•ŚŚ Ś©Ś™ ŚžŚ™ŚœŚ•ŚŚ™Ś ŚžŚ•Ś›Ś©ŚšŚ™Ś ŚžŚŚ•Ś“, Ś”ŚȘŚŚšŚ’ŚŸ Ś™Ś—Ś“ ŚŚ™ŚȘŚ Ś• Ś•ŚȘŚ•Śš Ś›ŚžŚ” Ś™ŚžŚ™Ś Ś ŚąŚšŚ›Ś” Ś•Ś”Ś•Ś“Ś€ŚĄŚ” ŚŚĄŚ•Ś€ŚȘ “Ś”Ś Ś Ś™” Ś”ŚšŚŚ©Ś•Ś Ś”, Ś›ŚŚ©Śš ŚŚȘ Ś”Ś©Ś™ŚšŚ™Ś ŚžŚœŚ•Ś•Ś™Ś Ś‘Ś“Ś™ŚŚœŚ•Ś’ Ś—Ś–Ś§ ŚžŚŚ“ ŚŠŚ™ŚœŚ•ŚžŚ™Ś• Ś©Śœ Ś–Ś™Ś• Ś§Ś•ŚšŚŸ (ŚŠŚœŚ Ś”ŚąŚ™ŚȘŚ•Ś Ś•ŚȘ Ś”Ś—Ś©Ś•Ś‘ Ś‘ŚŚšŚ„). ŚąŚ“ Ś›Ś”, ŚąŚ•ŚžŚ“Ś™Ś Ś‘Ś™ŚąŚ“Ś™ Ś”ŚȘŚ“Ś™ŚšŚ•ŚȘ Ś©Ś§Ś‘ŚąŚ Ś• ŚœŚąŚŠŚžŚ Ś• Ś©Śœ Ś€ŚąŚ Ś‘Ś©Ś‘Ś•ŚąŚ™Ś™Ś, Ś”Ś•Ś“Ś€ŚĄŚ• Ś•Ś”Ś•Ś€ŚŠŚ• Ś©Ś© ŚŚĄŚ•Ś€Ś•ŚȘ Ś”Ś Ś Ś™! Ś—ŚœŚ§ ŚžŚŸ Ś”Ś©Ś™ŚšŚ™Ś, ŚžŚŚœŚ• Ś©Ś©ŚœŚ—Ś• Ś”Ś—Ś™Ś™ŚœŚ™Ś, ŚžŚ•Ś€Ś™ŚąŚ™Ś Ś’Ś Ś‘"Ś“ŚŁ Ś”Ś©Ś™ŚšŚ”" Ś©Śœ “Ś”Ś Ś Ś™” Ś©ŚŚ Ś• ŚąŚ•ŚšŚ›Ś™Ś Ś‘ŚąŚ™ŚȘŚ•ŚŸ ŚŠŚ”"Śœ “Ś‘ŚžŚ—Ś Ś””, Ś©Ś”Ś•Ś€Ś™Śą Ś‘Ś—Ś•Ś“Ś©Ś™Ś Ś”ŚœŚœŚ• ŚžŚ—Ś“Ś©, Ś©Ś‘Śą Ś©Ś Ś™Ś ŚœŚŚ—Śš Ś©Ś ŚĄŚ’Śš. 

      ŚȘŚ’Ś•Ś‘Ś•ŚȘ ŚšŚŚ©Ś•Ś Ś™Ś•ŚȘ ŚœŚ–Ś•Ś•ŚąŚ•ŚȘ 
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      ŚąÖžŚœÖ”Ś™Ś Ś•ÖŒ Ś•Ö°ŚąÖ·Śœ Ś›ÖžÖŒŚœ ŚąŚ•Ö覜־ŚžŚ•Öč, Ś•Ö°ŚąÖ·Śœ Ś™ÖŽŚ©Ö°Ś‚ŚšÖžŚÖ”Śœ, Ś•Ö°ŚąÖ·Śœ Ś™Ö°ŚšŚ•ÖŒŚ©ÖžŚŚœÖ·Ś™ÖŽŚ 
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      Ś”Ś™Ś Ś” ŚœŚžŚ©Śœ Ś”Ś©Ś™Śš Ś”Ś Ś”Ś“Śš Ś©Śœ Ś ŚȘŚ ŚŚœ ŚŚœŚ™Ś ŚĄŚ•ŚŸ, Ś”ŚžŚ•Ś›Śš Ś›ŚŚ™Ś© Ś—Ś™Ś Ś•Śš Ś•Ś™Ś“Ś™ŚąŚȘ Ś”ŚŚšŚ„, ŚžŚžŚ§Ś™ŚžŚ™ Ś”ŚžŚ›Ś™Ś Ś•ŚȘ Ś”Ś§Ś“"ŚŠ Ś‘ŚąŚšŚ‘Ś” Ś•ŚžŚ™ Ś©Ś—Ś™Ś‘Śš ŚŚȘ ŚšŚ‘-Ś”ŚžŚ›Śš “Ś§Ś™ŚŠŚ•Śš ŚȘŚ•ŚœŚ“Ś•ŚȘ Ś”Ś™Ś©ŚšŚŚœŚ™Ś•ŚȘ”, Ś‘ŚžŚ” Ś©Ś”Ś•Ś ŚœŚžŚąŚ©Ś” Ś”Ś©Ś™Śš Ś”ŚšŚŚ©Ś•ŚŸ Ś©Ś›ŚȘŚ‘ Ś•Ś€ŚšŚĄŚ: 

      Ś©Ś™Ś—Ś” ŚžŚ”ŚžŚ™ŚœŚ•ŚŚ™Ś / Ś ŚȘŚ ŚŚœ ŚŚœŚ™Ś ŚĄŚ•ŚŸ, ŚœŚ•Ś—Ś Ś‘ŚžŚ™ŚœŚ•ŚŚ™Ś Ś‘Ś€ŚœŚĄ"Śš ŚŠŚ Ś—Ś Ś™Ś, ŚąŚ–Ś” 

      – ŚžÖžŚ” Ś©Ö°ŚŚœŚ•Ö茞֔ŚšÖ° ŚÖČŚ”Ś•ÖŒŚ‘ÖžŚ”? 
      – ŚžÖ·ŚšÖ°Ś’ÖŽÖŒŚ™Ś©ÖžŚŚ” ŚžÖ°ŚŠÖ»Ś™ÖžÖŒŚŸ! 
      (Ś Ś•Ö茩ֶŚŚžÖ¶ŚȘ ŚąÖžŚžÖ茧. ŚžÖ·ŚĄÖ°ŚȘÖŽÖŒŚ™ŚšÖžŚ” ŚÖ¶ŚȘ Ś”Ö·Ś›Ö°ÖŒŚÖ”Ś‘. 
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      ŚÖŽŚ Ś”Ś•ÖŒŚ Ś™Ö·ŚšÖ°Ś’ÖŽÖŒŚ™Ś©Ś Ś©Ö¶ŚŚ˜ÖŒŚ•Ö覑 ŚœÖžŚ Ś•ÖŒ, Ś™Ś•ÖŒŚ§Ö·Śœ ŚœŚ•Öč) 
      – Ś•ÖŒŚžÖžŚ” Ś©Ö°ŚŚœŚ•Ö覞ְŚšÖž ŚÖžŚ”Ś•ÖŒŚ‘? 
      – ŚžÖ·ŚžÖžÖŒŚ©Ś Ś˜Ś•Ö覑! 
      (ŚžÖ°Ś˜Ö·ŚÖČŚ˜Ö”Ś ŚÖ¶ŚȘ ŚÖŽŚ™ÖŸŚ”Ö·Ś•Ö·ÖŒŚ“ÖžÖŒŚŚ•ÖŒŚȘ. 
      ŚÖŽŚ Ś”ÖŽŚ™Ś Ś™Ś•Ö茓ַŚąÖ·ŚȘ Ś©Ö¶ŚŚ˜ÖŒŚ•Ö覑 ŚœÖŽŚ™ Ś”ÖŽŚ™Ś Ś©Ö°Ś‚ŚžÖ”Ś—ÖžŚ” Ś™Ś•ÖčŚȘÖ”Śš) 
      Ś›ÖžÖŒŚ›ÖžŚ” Ś©Ö°ŚŚ Ö”Ś™Ś Ś•ÖŒ 
      ŚžÖ°Ś©Ö·ŚŚ§Ö°ÖŒŚšÖŽŚ™Ś Ś–Ö¶Ś” ŚœÖžŚ–Ś•Öč 
      ŚžÖ”ŚÖ·Ś”ÖČŚ‘ÖžŚ”. 
      Ś”ÖČŚšÖ”Ś™ Ś›Ö°ÖŒŚ‘ÖžŚš ŚÖžŚžÖ°ŚšŚ•ÖŒ Ś—ÖČŚ›ÖžŚžÖŽŚ™Ś 
      Ś©Ö¶ŚŚžÖ»ÖŒŚȘÖžÖŒŚš ŚœÖ°Ś©Ö·ŚŚ§Ö”ÖŒŚš ŚžÖŽŚ€Ö°ÖŒŚ Ö”Ś™ Ś”Ö·Ś©ÖžÖŒŚŚœŚ•Ö覝 
      Ś•Ö°ŚąÖ·Ś›Ö°Ś©ÖžŚŚ• 
      Ś–Ö°ŚžÖ·ŚŸ ŚžÖŽŚœÖ°Ś—ÖžŚžÖžŚ”

    • le lien vers les recueils successifs (site des IDF)
      ▻https://www.idf.il/156408

      ŚŚĄŚ•Ś€Ś•ŚȘ ŚŽŚ”Ś Ś Ś™ŚŽ

      et sur le site de l’association de poĂ©sie
      (8 recueils Ă  ce jour)

      Ś”ÖŽŚ Ö”ÖŒŚ ÖŽŚ™ - ŚžŚ©Ś™Ś‘ Ś”ŚšŚ•Ś—
      ▻https://mashiv.org.il/here-i-am

      ŚąŚœ Ś”Ś–Ś›Ś•ŚȘ Ś”Ś’Ś“Ś•ŚœŚ” ŚœŚ•ŚžŚš: Ś”ÖŽŚ Ö”ÖŒŚ ÖŽŚ™!
      ŚœŚŚĄŚ•Ś€Ś•ŚȘ
      ŚœŚĄŚšŚ˜Ś•Ś Ś™Ś
      ŚŚĄŚ•Ś€Ś•ŚȘ Ś”Ś©Ś™ŚšŚ” ’Ś”ÖŽŚ Ö”ÖŒŚ ÖŽŚ™, ŚžŚ‘Ś™ŚȘ ’ŚžŚ©Ś™Ś‘ Ś”ŚšŚ•Ś—’ Ś•ŚžŚ§Ś—"Śš ŚŠŚ”"Śœ

      Ś›Ś‘Śš Ś‘Ś©Ś‘Ś•Śą Ś”ŚšŚŚ©Ś•ŚŸ ŚœŚžŚŚ•ŚšŚąŚ•ŚȘ, Ś—Ś‘ŚšŚ Ś• Ś™Ś—Ś“: ŚžŚ€Ś§Ś“ŚȘ Ś§ŚŠŚ™ŚŸ Ś—Ś™Ś Ś•Śš ŚšŚŚ©Ś™ Ś‘ŚŠŚ”"Śœ (ŚžŚ§Ś—"Śš) Ś•Ś›ŚȘŚ‘ Ś”ŚąŚȘ ŚœŚ©Ś™ŚšŚ” ’ŚžŚ©Ś™Ś‘ Ś”ŚšŚ•Ś—’, ŚœŚ”Ś•ŚŠŚŚȘ ’Ś§Ś•Śœ-Ś§Ś•ŚšŚâ€™ ŚœŚŚĄŚ•Ś€ŚȘ Ś©Ś™ŚšŚ” Ś‘Ś™ŚžŚ™ ŚžŚœŚ—ŚžŚ”, Ś‘ŚąŚ§Ś‘Ś•ŚȘ ŚžŚŚ•ŚšŚąŚ•ŚȘ Ś©ŚžŚ—ŚȘ-ŚȘŚ•ŚšŚ” ŚȘŚ©Ś€"Ś“ Ś•ŚžŚœŚ—ŚžŚȘ ’Ś—ŚšŚ‘Ś•ŚȘ-Ś‘ŚšŚ–Śœâ€™.

      Ś”ŚȘŚ•ŚȘŚ—Ś™Ś ŚšŚ•ŚąŚžŚ™Ś. Ś–Ś•Ś•ŚąŚ•ŚȘ ŚžŚȘŚ’ŚœŚ•ŚȘ, Ś•ŚœŚŠŚ™Ś“ŚŸ ŚŚ™Ś ŚĄŚ€Ś•Śš Ś’Ś™ŚœŚ•Ś™Ś™-Ś’Ś‘Ś•ŚšŚ”. Ś”Ś™Ś—Ś“ Ś”Ś™Ś©ŚšŚŚœŚ™ Ś©Ś Ś§ŚšŚą Ś”Ś©Ś Ś” ŚœŚ’Ś–ŚšŚ™Ś ŚžŚȘŚŚ—Ś” ŚžŚ—Ś“Ś©, Ś‘Ś›ŚŚ‘Ś™Ś ŚąŚŠŚ•ŚžŚ™Ś.
      Ś”Ś™ŚžŚ™Ś Ś”Ś Ś•ŚšŚŚ™Ś Ś•Ś”Ś’Ś“Ś•ŚœŚ™Ś Ś”ŚœŚœŚ• Ś”Ś‘Ś™ŚŚ• ŚŚ•ŚȘŚ Ś• ŚœŚ‘Ś§Ś© ŚœŚ”Ś©Ś™Ś‘ ŚŚȘ Ś”ŚšŚ•Ś— Ś”Ś™Ś©ŚšŚŚœŚ™ŚȘ Ś”Ś’Ś“Ś•ŚœŚ”. ŚœŚ”ŚȘŚžŚœŚ ŚžŚ—Ś“Ś© Ś‘ŚąŚšŚ›Ś™ Ś”ŚšŚąŚ•ŚȘ Ś•Ś”ŚąŚšŚ‘Ś•ŚȘ, Ś‘ŚŚžŚ•Ś Ś” Ś‘ŚŠŚ“Ś§ŚȘ-Ś”Ś“ŚšŚš, Ś‘ŚžŚœŚ—ŚžŚ” Ś›ŚȘŚŁ-ŚŚœ-Ś›ŚȘŚŁ ŚŚœ ŚžŚ•Śœ Ś”Ś§ŚžŚ™Ś ŚąŚœŚ™Ś Ś•, Ś”Ś€ŚąŚ ŚžŚ•Śœ Ś’Ś™ŚœŚ•Ś™Ś™ ŚšŚ•Śą-Ś‘ŚœŚȘŚ™-Ś ŚȘŚ€ŚĄ.

      ŚŚ Ś—Ś Ś• ŚąŚ Ś©Ś™Ś•Ś“Śą ŚžŚœŚ—ŚžŚ•ŚȘ Ś•ŚžŚŚ‘Ś§Ś™Ś Ś•Ś™Ś•Ś“Śą Ś’Ś ŚœŚŠŚžŚ•Ś— ŚžŚȘŚ•Ś›Ś. Ś‘-75 Ś©Ś Ś•ŚȘ Ś”ŚžŚ“Ś™Ś Ś”, ŚžŚ™ŚžŚ™Ś” Ś”ŚšŚŚ©Ś•Ś Ś™Ś ŚžŚžŚ©, ŚœŚ™Ś•Ś•ŚȘŚ” Ś”Ś©Ś™ŚšŚ” Ś”ŚąŚ‘ŚšŚ™ŚȘ ŚŚȘ Ś”Ś§Ś•ŚžŚžŚ™Ś•ŚȘ Ś”Ś™Ś©ŚšŚŚœŚ™ŚȘ, ŚąŚœ ŚŚȘŚ’ŚšŚ™Ś” Ś”ŚžŚ•ŚšŚ›Ś‘Ś™Ś. Ś€ŚąŚžŚ™Ś ŚšŚ‘Ś•ŚȘ Ś”Ś™ŚȘŚ” Ś–Ś• ŚšŚ•Ś— Ś”Ś©Ś™ŚšŚ” Ś©ŚœŚ ŚšŚ§ Ś”ŚąŚ Ś™Ś§Ś” ŚžŚ™ŚœŚ™Ś ŚœŚ›ŚŚ‘Ś™Ś Ś•ŚœŚȘŚ§Ś•Ś•ŚȘ, ŚŚœŚ Ś”Ś™ŚȘŚ” Ś©Ś ŚœŚ€Ś Ś™ Ś”ŚœŚ•Ś—ŚžŚ™Ś, Ś‘Ś“ŚšŚš ŚŚœ Ś”Ś ŚŠŚ—Ś•ŚŸ.

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      (le lien vers une version [en] du site ne va que sur la page d’accueil gĂ©nĂ©rale de l’association)
      ▻https://mashiv.org.il/english

    • gĂ©nial ce bouton “traduire” :

      Nous sommes un peuple qui connaĂźt les guerres et les luttes et qui sait aussi comment en sortir. Au cours des 75 annĂ©es d’existence de l’État, dĂšs ses premiers jours, la poĂ©sie hĂ©braĂŻque a accompagnĂ© le communisme israĂ©lien Ă  travers ses dĂ©fis complexes. Bien souvent, c’était l’esprit de la poĂ©sie qui non seulement donnait des mots aux douleurs et aux espoirs, mais qui Ă©tait Ă©galement prĂ©sent devant les guerriers, sur le chemin de la victoire.

      La « voix d’appel » que nous diffusons a reçu en quelques jours une rĂ©ponse de centaines d’écrivains, et continue de rĂ©pondre, mĂȘme aujourd’hui, par des soldats (la voix d’appel pour les soldats n’est pas limitĂ©e dans le temps).
      [...]

      Jusqu’à prĂ©sent, trois recueils ont paru : le premier Ă©tait principalement consacrĂ© aux chansons Ă©crites Ă  partir des Ă©vĂ©nements du 7 octobre et autour des Ă©vĂ©nements du 7 octobre, par des Ă©crivains d’origines israĂ©liennes diverses, le second Ă©tait entiĂšrement consacrĂ© aux chansons de soldats, dont la plupart Ă©taient d’actuels combattants de la campagne, et le troisiĂšme combinait les chants de l’arriĂšre et du front.

  • Du Donbass Ă  la CrimĂ©e | Les abeilles grises
    ▻https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/03/30/donbass-crimee-kourkov

    C’est une entreprise vertigineuse que de lire l’ample roman d’AndreĂŻ Kourkov, Les abeilles grises, tout en suivant les Ă©vĂ©nements qui se dĂ©roulent dans son pays, l’Ukraine. Deux parallĂšles : l’une qui s’appellerait la fiction, l’autre la rĂ©alitĂ©, pour tenter de vaincre une autre « irrĂ©alitĂ© », celle poussĂ©e par le Kremlin et sa langue orwellienne.

    Kourkov a choisi la fiction, qui permet de rester Ă  Ă©gale distance des deux lignes d’affrontement et surtout d’approcher le conflit Ă  hauteur d’homme. Chez son « hĂ©ros », tout respire la modestie : SergueĂŻtch est un petit homme, citoyen ordinaire et dernier habitant d’une petite localitĂ©, la Mala Starogradivka, oĂč il rĂ©side avec son ami/ennemi, Pachka. L’un habite rue LĂ©nine, l’autre rue Chevtchenko, deux pancartes qui vont ĂȘtre interverties pour mieux correspondre Ă  leurs affinitĂ©s respectives. On est en 2014, au dĂ©but du conflit dans le Donbass, et la vie d’avant est tenace comme les bouffĂ©es d’égoĂŻsme et les vieilles rancunes. Comment se protĂ©ger ou planquer ses modestes provisions ? Ces moments oĂč l’on se dit encore, quand une vitre explose dans le voisinage : « qu’importe, ce n’est pas la mienne », oĂč l’on se demande Ă  quoi bon « faire le premier pas » vers l’ami/ennemi auquel on n’adresse plus la parole. Mais un cadavre, qui gĂźt au loin, intrigue, mĂȘme s’il n’est pas « des nĂŽtres ».

    Ces interstices entre paix et guerre ne vont pas tarder Ă  voler en Ă©clats ; ces moments suspendus rĂ©duisent peu Ă  peu Ă  l’essentiel sentiments, gestes, dĂ©cisions. Et, au sein de cet essentiel, figurent les abeilles de SergueĂŻtch. Elles reprĂ©sentent son vivant Ă  lui, il leur tĂ©moigne attachement, respect, soin, comprĂ©hension. Il leur faut un peu de chaleur et des fleurs pour produire ce prĂ©cieux nectar dorĂ© qui pourra ensuite ĂȘtre Ă©changĂ© contre l’eau ou un peu de nourriture. Mais les voilĂ  soudainement effrayĂ©es par le bruit des obus qui Ă©clatent alentour, puis prisonniĂšres de ces ruches, dont une sera prise « par les autoritĂ©s » pour de vagues raisons sanitaires, tandis que les autres deviendront grises comme la zone du mĂȘme nom.

    Dans ce parallĂšle entre le rĂ©cit du conflit et celui de Kourkov, se glissent mille coĂŻncidences, depuis les Ă©changes par SMS qui se rĂ©sument Ă  une question liminaire : « vivant ? » et une rĂ©ponse : « Vivant. » Seule change une ponctuation qui devient existentielle. Les transpositions se font sans mĂȘme qu’on s’en aperçoive : ce n’est plus seulement le Donbass, mais tout le pays qui est entrĂ© dans la bataille que mĂšne en minuscule l’homme et sa ruche. Sa guerre, c’est la nĂŽtre...

    • « Paix sur la terre aux hommes de bonne volontĂ©. » SergueĂŻtch, un retraitĂ© silicosĂ© vivant dans un village abandonnĂ© de la zone grise, entre l’armĂ©e ukrainienne et les forces sĂ©paratistes, est cet homme de bonne volontĂ©. Son existence est malmenĂ©e par la guerre, Ă©voquĂ©e comme un souvenir traumatisant et une menace latente. Canonnades, snipers et mines forment l’horizon des deux seuls habitants, SergueĂŻtch et son ennemi d’enfance, Pachka. Leur rapprochement progressif dans l’adversitĂ©, sur fond d’hiver mordant, est le premier signe d’une fraternitĂ© humaine toujours possible. Peu de morts dans ce roman, mais chaque cadavre porte le destin de sa communautĂ©, tandis que beaucoup d’autres signes parlent de la discorde et de l’enrĂŽlement dans la violence. DĂšs lors, comment vivre ? Les rĂ©ponses apportĂ©es Ă  cette question rĂ©vĂšlent toute la puissance du romancier, toujours ami des Ăąmes candides. Son hĂ©ros est apiculteur et le soin de ses abeilles rĂšgle toute sa vie, faite de miel et de cendres. Pour les dĂ©fendre, il entame l’étĂ© venu un pĂ©riple avec ses ruches, franchissant les postes-frontiĂšres dans sa guimbarde. Commence alors une pastorale qui raconte la communion avec la nature, les rituels de campement et deux rencontres avec des femmes de paix. L’auteur excelle Ă  dĂ©peindre le bonheur comme routine et la routine comme bonheur, le dĂ©nuement comme ascĂ©tisme. Souvenirs et rĂȘves amplifient les accords grinçants ou harmonieux de ces journĂ©es et de ces nuits suspendues au poĂȘle et Ă  la bouilloire. Mais les heures de fĂ©licitĂ© sont toujours rattrapĂ©es par les Ă©vĂ©nements, comme si la vie Ă©tait une trĂȘve.

      ▻https://www.revue-etudes.com/critiques-de-livres/les-abeilles-grises-de-andrei-kourkov/24233

    • « Les abeilles grises » : AndreĂŻ Kourkov et l’apiculteur du Donbass
      ▻https://www.ledevoir.com/lire/690888/fiction-les-abeilles-grises-andrei-kourkov-et-l-apiculteur-du-donbass ?

      À Mala Starogradivka, un minuscule village coincĂ© dans la « zone grise » qui sĂ©pare l’Ukraine du Donbass occupĂ© par les sĂ©paratistes prorusses, il n’y a plus Ăąme qui vive. La guerre qui y fait rage depuis 2014 a fait fuir tout lemonde. Tout le monde, hormis deux « ennemis d’enfance » qui se regardent en chiens de faĂŻence depuis trois ans.

      Tous les deux ont presque 50 ans. D’un cĂŽtĂ©, il y a Pachka, un retraitĂ© prĂ©coce et solitaire qui croit qu’aprĂšs « la guerre tout redeviendra beau. Comme avant. » De l’autre, SergueĂŻtch, dont la femme et la fille ont pris la direction de la ville depuis quelques annĂ©es.

      Ancien mineur atteint de silicose, SergueĂŻtch, le protagoniste — terriblement attachant — du nouveau roman d’AndreĂŻ Kourkov, Les abeilles grises, est un apiculteur sans malice qui vivote en s’accrochant Ă  ses bouteilles de ratafia et Ă  ses ruches : c’est tout ce qui lui reste. Lui chez qui la guerre avait fait naĂźtre « une certaine incomprĂ©hension ainsi qu’une brusque indiffĂ©rence Ă  tout ce qui l’entourait ».

      À travers de lentes pĂ©ripĂ©ties, Ă  coups de solidaritĂ©s et de petits verres de vodka, l’immobilisme et la mĂ©fiance mutuelle vont faire place chez les deux hommes Ă  un dĂ©but de complicitĂ©, alimentĂ© par la dĂ©brouille et un sentiment commun d’impuissance face aux Ă©vĂ©nements.

      Mais nourri aussi par la peur. « La peur, c’est chose invisible, tĂ©nue, multiforme. Comme un virus ou une bactĂ©rie. » La peur qui flotte dans l’eau qu’ils boivent et dans l’air qu’ils respirent. La peur nourrie Ă  heure fixe par les camps russe et ukrainien qui s’envoient, par-dessus la tĂȘte de ces deux irrĂ©ductibles, des roquettes Ă  travers cette frontiĂšre molle changĂ©e en ligne de front.

      AndreĂŻ Kourkov, nĂ© en 1961 Ă  Leningrad, en Union soviĂ©tique, est assurĂ©ment le plus connu des Ă©crivains ukrainiens. S’il vit depuis sa petite enfance Ă  Kiev, en Ukraine, il Ă©crit en russe et revendique avec fiertĂ©, et depuis longtemps, son appartenance « politique » Ă  la culture ukrainienne.

      Dans Le pingouin (Liana Levi, 2000), son premier roman, un journaliste au chĂŽmage cohabitait avec un manchot aprĂšs la faillite du zoo de Kiev. Avec son humour en biais et sa poĂ©sie, il y faisait un tableau sans concession de l’ex-Union soviĂ©tique, livrĂ©e Ă  la corruption et au crime organisĂ©. Un sillon fertile qu’il finira par creuser dans plusieurs de ses romans.

      Son nouveau roman, Les abeilles grises, fait bien sĂ»r Ă©cho au prĂ©sent. Mais, fidĂšle Ă  son habitude, le romancier porte sur toutes choses son regard ironique. Tout est gris, ici, un peu floutĂ©, dĂ©pourvu aussi bien de noir et de blanc que de couleurs. MĂȘme l’humour noir de Kourkov se charge d’une langueur un peu triste. Son thĂ©Ăątre de l’absurde prend ainsi des airs sombrement rĂ©alistes.

      Voulant emmener ses abeilles au calme, loin du bruit des bombes, l’apiculteur entame un road tripinvolontaire, zigzaguant au volant de sa vieille Lada « Jigouli », et nous entraĂźnera des grises Ă©tendues de son Donetsk jusqu’à la CrimĂ©e tatare ensoleillĂ©e, occupĂ©e — et corrompue — par les forces russes. Une fois encore, Kourkov dĂ©ploie sa belle humanitĂ© et distribue les clins d’Ɠil moqueurs.

      Comme lorsque dans cette boutique de CrimĂ©e, une femme dit Ă  SergueĂŻtch qu’on se trouve en « sainte terre russe ». Du bout des lĂšvres, l’apiculteur Ă©met un doute, laisse entendre que les choses dans l’Histoire peuvent s’ĂȘtre passĂ©es de mille façons, mais se fait rĂ©pondre de façon aveugle : « Les choses se sont passĂ©es comme Poutine l’a dit [
]. Poutine ne me ment pas. »

    • ▻https://www.musanostra.com/abeilles-grises-andrei-kourkov
      ▻https://youtu.be/MVWdcWcQkG0

      De l’abstrait au concret

      Le lecteur alors pardonnera aisĂ©ment au style ses dĂ©fauts, sa simplicitĂ© apparente, tant l’Ɠuvre gagne en authenticitĂ©. Le roman dĂ©roule son fil par le truchement de cette vision du monde bien spĂ©cifique, profondĂ©ment pure. Celle d’un homme pratique, dĂ©crivant les choses abstraites de maniĂšre concrĂšte : « le silence ici Ă©tait comme une Ă©norme bouteille en verre Ă©pais » (p. 85). « le soleil se mit Ă  jouer des rayons comme on joue des muscles » (p. 143). Ou encore, magnifique : « le ciel brillait d’étoiles, un mince croissant de lune se dessinait au milieu d’elles, telle une serpe plantĂ©e dans la voĂ»te nocturne » (p. 235), qu’il transpose en mĂ©taphore filĂ©e Ă  la p. 348 : « le noir ocĂ©an cĂ©leste, oĂč baignaient les Ă©toiles et la lune ».

      Nous sommes ainsi en prĂ©sence d’un personnage imprĂ©gnant l’écriture de sa totale osmose avec la nature. Ainsi la comparaison « cinq jours passĂšrent, tous identiques, tels des corbeaux », est tout de suite analysĂ©e dans son processus crĂ©ateur par la prise de distance de l’auteur sur sa propre Ɠuvre. La comparaison est souvent considĂ©rĂ©e comme moins poĂ©tique que la mĂ©taphore (Ă©galement prĂ©sente du reste, flirtant avec l’animalisation. SergueĂŻtch s’assimilant par exemple Ă  une « abeille Ă©garĂ©e dans une ruche Ă©trangĂšre » p. 303 lors des funĂ©railles d’Athem). Mais elle est plus en adĂ©quation avec un apiculteur ancrĂ© sur la terre, dans la rĂ©alitĂ©.
      Un modus vivendi

      Ainsi, en dĂ©pit d’un pessimisme latent et d’une fin dont on ne sait bien la fin — rien ne nous sera dit sur l’avenir de plusieurs personnages secondaires mais attachants. S’il est une rĂ©ponse tout aussi implicite au mal dĂ©crit, elle se niche dans des mots que nous pouvons emprunter Ă  Baudelaire : « s’enivrer de vin (nous penserions plutĂŽt ici Ă  la vodka !), de poĂ©sie et de vertu ». Car « boire c’est son Ăąme rĂ©jouir » selon Pachka (p. 135).

      Danser tel le facteur Pistontchik, constamment ivre et qui demandait aux villageois de danser pour leur distribuer leur courrier (p. 137). Vivre poĂ©tiquement, au sein de l’espace le plus poĂ©tique qui soit —la nature— pour transcender les alĂ©as d’une rĂ©alitĂ© maussade. Et promouvoir, enfin, un modus vivendi fondĂ© sur la communion au monde, aux autres, et Ă  soi-mĂȘme, vertueux, douĂ© de virtĂč. Une seule rĂšgle sans doute Ă  cela : « il faut juste de la patience
 » (p. 294)

  • Loi agricole : la « souverainetĂ© alimentaire » contre l’environnement | Mediapart
    ▻https://www.mediapart.fr/journal/politique/280324/loi-agricole-la-souverainete-alimentaire-contre-l-environnement

    C’estC’est, pour le moins, un texte qui se trompe de cible. Initialement lancĂ© pour rĂ©pondre Ă  l’enjeu crucial du renouvellement des gĂ©nĂ©rations – la moitiĂ© des agriculteurs et agricultrices en activitĂ© en 2020 sera partie Ă  la retraite dans les six ans qui viennent –, le projet de loi d’orientation agricole qui arrivera, aprĂšs un Ă©niĂšme report, mercredi 3 avril sur la table du Conseil des ministres a Ă©tĂ© « enrichi », comme l’avait promis le ministre Marc Fesneau pour rĂ©pondre Ă  la colĂšre agricole.

    Mais plutĂŽt que de combler les manquements dĂ©jĂ  soulignĂ©s par de nombreux acteurs dans la premiĂšre version du texte rendue publique en dĂ©cembre, et de s’attaquer Ă  la question centrale de la rĂ©munĂ©ration, la nouvelle version, rĂ©vĂ©lĂ©e par Contexte le 1er mars, s’attaque à
 la protection de nos ressources et des milieux naturels.

  • La Shoah aprĂšs gaza
    ▻https://lundi.am/La-Shoah-apres-gaza

    En 1977, un an avant de se suicider, l’écrivain autrichien Jean AmĂ©ry dĂ©couvrit des articles de presse faisant Ă©tat de la torture systĂ©matique des prisonniers arabes dans les prisons israĂ©liennes. ArrĂȘtĂ© en Belgique en 1943 alors qu’il distribuait des tracts antinazis, AmĂ©ry avait lui-mĂȘme Ă©tĂ© sauvagement torturĂ© par la Gestapo, puis dĂ©portĂ© Ă  Auschwitz. S’il parvint Ă  survivre, jamais il ne put considĂ©rer ses tourments comme appartenant au passĂ©. Il insistait sur le fait que les torturĂ©s restent des torturĂ©s, et que leur trauma est irrĂ©vocable. Comme nombre de survivants des camps de la mort nazis, AmĂ©ry en Ă©tait d’abord venu Ă  Ă©prouver un « lien existentiel » avec IsraĂ«l dans les annĂ©es 1960. Il avait attaquĂ© de maniĂšre obsessionnelle les critiques de gauche de l’État juif en les qualifiant d’« irrĂ©flĂ©chis et de malhonnĂȘtes », et fut peut-ĂȘtre l’un des premiers Ă  affirmer que sous les atours d’un anti-impĂ©rialisme et d’un antisionisme vertueux se dissimulait un antisĂ©mitisme virulent. (Une idĂ©e dĂ©sormais communĂ©ment colportĂ©e par les dirigeants et les partisans d’IsraĂ«l). Pourtant, les rapports « certes sommaires » faisant Ă©tat de torture dans les prisons israĂ©liennes incitĂšrent AmĂ©ry Ă  rĂ©flĂ©chir aux limites de sa solidaritĂ© avec l’État juif. Dans l’un des derniers essais qu’il publia, il Ă©crivit : « J’appelle de toute urgence tous les Juifs qui veulent ĂȘtre des ĂȘtres humains Ă  se joindre Ă  moi dans la condamnation radicale de la torture systĂ©matique. LĂ  oĂč commence la barbarie, les engagements existentiels mĂȘmes doivent prendre fin. »

    AmĂ©ry a Ă©tĂ© particuliĂšrement perturbĂ© par l’apothĂ©ose de Menachem Begin, en 1977, en tant que Premier ministre d’IsraĂ«l. Begin, qui avait organisĂ© l’attentat Ă  la bombe de 1946 contre l’hĂŽtel King David Ă  JĂ©rusalem, au cours duquel 91 personnes furent tuĂ©es, fut le premier de ces reprĂ©sentants assumĂ©s du suprĂ©macisme juif qui continuent de diriger IsraĂ«l. Il fut Ă©galement le premier Ă  invoquer rĂ©guliĂšrement Hitler, l’Holocauste et la Bible alors qu’il attaquait les Arabes et bĂątissait des colonies sur les territoires occupĂ©s. Dans ses premiĂšres annĂ©es, l’État d’IsraĂ«l avait entretenu une relation ambivalente avec la Shoah et ses victimes. Le premier Premier ministre israĂ©lien, David Ben Gourion, avait d’abord considĂ©rĂ© les survivants de la Shoah comme des « dĂ©bris humains », affirmant qu’ils n’avaient pu survivre qu’en se rendant « vilains, rudes et Ă©goĂŻstes ». C’est Begin, le rival de Ben Gourion, un dĂ©magogue polonais, qui fit du meurtre de six millions de Juifs une intense prĂ©occupation nationale et une nouvelle base pour l’identitĂ© d’IsraĂ«l. L’establishment israĂ©lien commença Ă  produire et Ă  diffuser une lecture trĂšs particuliĂšre de la Shoah mise au service de la lĂ©gitimation d’un sionisme militant et expansionniste.

    • Des rappels historiques ( de 1945 Ă  1948) dans ce film documentaire suivi d’un dĂ©bat (DĂ©batDoc sur LCP).

      La Shoah est aujourd’hui au cƓur de l’identitĂ© israĂ©lienne. Elle est devenue l’affaire du pays tout entier. Une fois par an, le jour du souvenir tout s’arrĂȘte. En mĂ©moire de ses martyrs, le pays tout entier se fige dans le silence et le recueillement. Depuis quelques annĂ©es, les femmes rescapĂ©es sont mises Ă  l’honneur dans un concours de beautĂ©. DestinĂ© Ă  cĂ©lĂ©brer la vie, le titre de « Miss survivante de la Shoah » couronne la gagnante. La tragĂ©die des Juifs d’Europe lĂ©gitime dĂ©sormais si fort l’existence de l’état hĂ©breu que le monde a oubliĂ© que sa crĂ©ation a Ă©tĂ© avant tout le fruit du jeu cynique des grandes puissances. En rĂ©alitĂ©, les cendres d’Auschwitz n’ont pas pesĂ© lourd dans la naissance d’IsraĂ«l.

      ▻https://www.dailymotion.com/video/x8vtxf2

      Fiche du film et bio du rĂ©alisateur :
      ▻https://www.cinema-histoire-pessac.com/festival/films/israel-merci-moscou


  • vu sur insta

    Un arbre sauvĂ© par un arbre. Lorsque les branches ou les racines de diffĂ©rents arbres sont en contact intime prolongĂ©, elles s’abrasent souvent les unes les autres, exposant leurs tissus intĂ©rieurs, ce qui peut Ă©ventuellement fusionner. Ce processus s’appelle l’inosculation, un phĂ©nomĂšne naturel dans lequel poussent ensemble les troncs, les branches ou les racines de deux arbres. Il est biologiquement similaire au greffage et ces arbres sont appelĂ©s en foresterie sous le nom de gemmes, du mot latin signifiant « une paire. ”
    CrĂ©dit photo : PĂłsa TamĂĄs

  • Butler, Alimi et l’« Ă©thique » | par FrĂ©dĂ©ric Lordon
    ▻https://blog.mondediplo.net/butler-alimi-et-l-ethique

    L’intervention il y a un mois de Judith Butler n’en finit donc pas de produire du remous. Judith Butler a dit « rĂ©sistance » — et pu mesurer ce qui s’en est suivi. AriĂ© Alimi lui rĂ©torque « Ă©thique de la rĂ©sistance ». On a compris le fond de l’affaire : il va s’agir de juger — donc de condamner. C’est Ă  ça que servait « terrorisme » : Ă  produire de la condamnation, dont l’unique fonction est que rien ne puisse ĂȘtre ajoutĂ© derriĂšre elle. Mais « terrorisme » c’est du niveau de Macron, BHL ou LĂ©a SalamĂ©. Entre intellectuels, on passera donc par l’éthique et la philosophie morale. Car pour Ă©mettre de la condamnation bien fondĂ©e, il faut disposer d’une norme du juste et de l’injuste. VoilĂ  Ă  quoi Alimi ramĂšne Butler. Disons que Judith Butler n’était pas entiĂšrement Ă  l’abri d’une objection de cette nature. Objectivement, une partie de sa propre philosophie l’appelle. C’est la possibilitĂ© de ce porte-Ă -faux qu’AriĂ© Alimi a utilisĂ©e.

    La philosophie morale a toute sa dignitĂ©, et la rĂ©flexion Ă©thique son domaine propre, ça va sans dire. Elle devient problĂ©matique quand elle sort de son ordre, comme dirait Pascal, et qu’elle entend annexer, ou au moins dĂ©tourner, la lecture d’un Ă©vĂ©nement qui appartient en premiĂšre instance Ă  un autre registre, entre autres celui de la philosophie politique.

    Il n’est pas fortuit que le mot « Ă©thique » ait prolifĂ©rĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies, et nous savons parfaitement Ă  quoi cette prolifĂ©ration a servi : Ă  une vaste entreprise de dĂ©politisation. Dont le capitalisme nĂ©olibĂ©ral aura Ă©tĂ© le premier lieu, pour ne pas dire le premier bĂ©nĂ©ficiaire. Les entreprises sont Ă©thiques, la finance est Ă©thique ; comme Total, OrpĂ©a a un comitĂ© d’éthique ; notre consommation devrait ĂȘtre Ă©thique, notre tri des dĂ©chets aussi.

    Il ne s’agit pas de dire que la philosophie Ă©thique est tout entiĂšre de cette eau de vaisselle. Mais qu’il y a un climat intellectuel gĂ©nĂ©ral, et que, mĂȘme Ă  distance, la philosophie en enregistre les effets, dans les problĂšmes qu’elle choisit de se poser. La pensĂ©e politique Ă©galement. Dont les lignes de rĂ©flexion immĂ©diate s’en trouvent prĂ©-orientĂ©es, sans qu’elle en ait toujours grande conscience. C’est pourquoi, le plus souvent, quand nous entendons « Ă©thique », nous devrions dresser l’oreille : il se pourrait qu’il y ait du problĂšme absurdement posĂ© dans l’air. À l’évidence, avec l’objection qu’Alimi fait Ă  Butler, nous y sommes en plein. Ça n’est pas tant qu’« Ă©thique de la rĂ©sistance » sonne comme un moyen de gagner sur tous les tableaux — on a dit rĂ©sistance, mais on ajoute qu’il faut que ça demeure raisonnable. C’est qu’à mettre aussitĂŽt le mot « Ă©thique », toute lecture strictement positive, c’est-Ă -dire causale, de l’évĂ©nement se trouve distordue, en fait empĂȘchĂ©e, par rabattement immĂ©diat dans la logique du jugement.

    Or il faut d’abord produire cette lecture positive, et la produire jusqu’au bout, au moins pour s’éviter le ridicule scolastique du jugement Ă©thique suspendu dans les airs. Il se trouve que, lĂ  oĂč on nous rĂ©pĂšte ad nauseam que tout est complexe, cette lecture est non seulement accessible mais tragiquement simple. Elle part de l’hypothĂšse que, parmi les combattants du Hamas le 7 octobre, il n’y en avait probablement pas un qui n’avait souffert antĂ©rieurement l’assassinat par IsraĂ«l de ses ĂȘtres les plus chers, qui n’avait tenu dans ses bras le corps d’un enfant, d’un parent, d’un Ă©poux ou d’une Ă©pouse aimĂ©s, dĂ©chiquetĂ©s par les balles ou Ă©crasĂ©s par les bombes. Que fait un individu qui est passĂ© par lĂ  ? Il s’engage. Il s’engage dans une cause plus grande que lui, qui dĂ©passe ses propres mobiles, mais qui s’alimente aussi de ces mobiles. Il s’engage parce qu’avant de vouloir la libĂ©ration nationale, il a voulu la vengeance. Or la vengeance n’est pas juste, elle n’est pas Ă©thique : elle est la vengeance. Et elle est sanguinaire. Celui qui veut la vengeance est possĂ©dĂ© de rage meurtriĂšre.

    En 75 ans, IsraĂ«l a produit de la rage vengeresse Ă  l’échelle d’un pays entier – et l’on prĂ©fĂšre ne pas penser Ă  ce que les Ă©vĂ©nements actuels sont en train d’y ajouter. On comprend assez bien qu’en mettant bout Ă  bout tous ces destins brisĂ©s, devenus autant de destins vengeurs, il risque tĂŽt ou tard de s’en suivre des choses terribles. Abominables, possiblement. Et l’on voit au passage, qu’il n’y a aucun besoin d’invoquer de l’éthique pour en ĂȘtre horrifiĂ©, ou bien une Ă©thique minimale seulement, du simple respect de toute vie humaine. Car oui, les crimes du 7 octobre nous laissent horrifiĂ©s. On se souvient des derniers mots de Kurz dans Au cƓur des tĂ©nĂšbres : « horreur, horreur ». Et Conrad ne fait pas de l’éthique.

    Nous savions que, dans l’ordre des opĂ©rations intellectuelles, condamner est radicalement hĂ©tĂ©rogĂšne Ă  comprendre, auquel il fait obstacle la plupart du temps. Mais nous voyons que, Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme des sentiments moraux, condamner se distingue d’ĂȘtre horrifiĂ©. On a besoin d’un Ă©quipement Ă©thique somme toute modique, sans grand appareil normatif du juste et de l’injuste, pour ĂȘtre horrifiĂ©. L’éthique n’est nullement indispensable Ă  produire ce qu’elle se croit seule Ă  mĂȘme de produire : le sentiment d’ĂȘtre horrifiĂ©. Ce sentiment ne naĂźt pas d’une rĂ©flexion prĂ©alable sur le juste et l’injuste. L’horreur n’est pas justifiĂ©e ou injustifiĂ©e : elle est l’horreur.

    La grammaire de la justification n’est pas seulement superflue ici : elle est une impasse intellectuelle. Alimi Ă©crit Ă  l’adresse de Butler que « la contestation des termes de terrorisme et d’antisĂ©mitisme va dans le sens d’une justification politique et morale des actes du 7 octobre ». Tout est faux dans cette phrase, entendre : tout est absurde, rien n’a de sens, tout est construit de travers – et surtout tout est parfaitement scandaleux. Finalement « terrorisme » n’était pas rĂ©servĂ© Ă  BHL et LĂ©a SalamĂ©.

    Sans surprise, Alimi cite alors Sartre — qui a « justifiĂ© » le septembre noir des JO de 1972. Il aurait dĂ» citer Fanon — que Sartre pourtant a prĂ©facĂ©. Fanon lui ne justifie rien. Il ne fait pas de l’éthique : il fait de la physique dĂ©coloniale. Il dit : voilĂ  comment ça va se passer, et voilĂ  pourquoi. En d’autres termes, il est matĂ©rialiste. Être matĂ©rialiste c’est analyser un paysage de forces, saisir comment elles se dĂ©terminent mutuellement, anticiper dans quel sens probable leur rĂ©sultante pourra emmener, et si cette rĂ©sultante ne nous plaĂźt pas rĂ©flĂ©chir Ă  l’intervention d’une force supplĂ©mentaire qui n’était pas dans le paysage de dĂ©part mais qui pourrait en changer la dynamique d’ensemble. VoilĂ  ce qu’est ĂȘtre matĂ©rialiste.

    Le drame de la pensĂ©e Ă©thique c’est qu’elle est indĂ©crottablement idĂ©aliste et individualiste. Alors elle va en appeler Ă  des principes, imaginant qu’ils ont quelque force propre, et puis Ă  l’effort des individus. À leur effort Ă©thique, Ă  leur discernement en matiĂšre de juste et d’injuste. Si quelqu’un se sent d’aller donner des recommandations Ă©thiques Ă  Gaza en ce moment, qu’il n’hĂ©site pas Ă  se faire connaĂźtre, on le regarde. À dĂ©faut de faire le voyage et comme, inĂ©vitablement, l’éthique, une fois lĂąchĂ©e, prolifĂšre, Alimi en appelle maintenant Ă  celle « de l’intellectuelle ». Bien sĂ»r, pour sommer l’intellectuelle de ne plus dire « rĂ©sistance » sans la soumettre Ă  une Ă©thique de la rĂ©sistance. On pourrait aussi considĂ©rer que si, par extraordinaire, de l’éthique pouvait trouver sa place dans la situation prĂ©sente, elle devrait davantage ĂȘtre laissĂ©e Ă  ceux qui y souffrent et s’y battent qu’à ceux qui regardent Ă  distance.

    Mais tout ceci respire tellement l’humanisme bourgeois. C’est un pli, et lui aussi est indĂ©crottable. Alimi reprend de Butler l’idĂ©e que « les moyens que nous utilisons reflĂštent le monde que nous voulons crĂ©er », mais pour l’affliger lĂ  encore d’un recodage Ă©thique dont elle n’a en fait aucun besoin : on peut s’en donner une comprĂ©hension entiĂšrement stratĂ©gique et politique.

    Contre la dynamique de la vengeance, il n’y a qu’un moyen et un seul : l’interposition d’un tiers — une institution — capable, elle, de produire de la condamnation, mais juridique, et de la rĂ©paration. VoilĂ , non pas le « principe Ă©thique », mais la force Ă  faire intervenir dans la situation.

    Sous les attendus d’une guerre de libĂ©ration contre un oppresseur colonial, il y a les forces actives de la vengeance. Ce n’est pas l’invocation de principes Ă©thiques qui pourra les modĂ©rer. La vengeance, c’est la rĂ©ciprocitĂ© nĂ©gative chimiquement pure, et contre la dynamique de la vengeance, il n’y a qu’un moyen et un seul : l’interposition d’un tiers — une institution — capable, elle, de produire de la condamnation, mais juridique, et de la rĂ©paration. VoilĂ , non pas le « principe Ă©thique », mais la force Ă  faire intervenir dans la situation. Or : qui a vu un tiers en Palestine ? Qui a vu de la rĂ©paration ? Typiques de toutes les situations coloniales, les arriĂ©rĂ©s de rĂ©paration s’accumulent en longue pĂ©riode, 75 ans en l’occurrence, promettant Ă  l’explosion d’ĂȘtre plus violente Ă  mesure que le temps passe. Et il faudrait que les Palestiniens se dotent d’une « Ă©thique de la rĂ©sistance » quand ils se soulĂšvent ? Mais dans quel monde vivent les gens qui peuvent dire des choses pareilles ? Le tiers est aux abonnĂ©s absents, et les puissances qui pourraient en tenir lieu ont pris outrageusement parti pour l’oppresseur. Peut-on s’étonner qu’aprĂšs 75 ans les choses tournent mal, parfois mĂȘme qu’elles tournent abominables.

    On n’en finit peut-ĂȘtre pas aussi vite. On dira par exemple que vouloir Ă  tout prix sortir l’éthique de l’analyse finit par faire oublier ce dont elle est capable. À l’image de cet homme cruellement endeuillĂ© lors des attentats de 2015 Ă  Paris, qui a trouvĂ©, on ne sait comment, la force d’écrire « Ils n’auront pas ma haine », et que c’est bien lĂ  un mouvement Ă©thique, un admirable mouvement de l’ñme mĂȘme. Et c’est vrai, ça l’est. Mais voilĂ , on ne bĂątit pas de la politique sur l’hypothĂšse de miracles individuels. Au reste, d’évĂ©nements de cette nature, c’est le corps politique, transcendant aux individus, qui se charge, avec des moyens normalement orthogonaux Ă  la haine et Ă  la misĂ©ricorde : les moyens de la justice — non pas de la justice Ă©thique mais de la justice judiciaire. Cette forme d’interposition qui fait tant dĂ©faut Ă  Gaza.

    On dira aussi que tout ce propos est incohĂ©rent, puisqu’à la fin des fins, il prend parti — donc ne tient pas son registre de positivitĂ© jusqu’au bout. C’est vrai : il prend parti. Mais selon aucun argument de justification. On prend parti en regardant laquelle des deux colonnes de torts soufferts est la plus grande. On regarde, et la dĂ©cision est vite faite. Finalement, c’est simple, simple — et laid — comme une situation coloniale : il y a un oppresseur et il y a un opprimĂ©. D’aucuns soutiennent qu’à propos du 7 octobre toute rĂ©flexion devrait partir de « terrorisme ». Non, elle devrait partir de lĂ .

    Frédéric Lordon

    • Fanon lui ne justifie rien. Il ne fait pas de l’éthique : il fait de la physique dĂ©coloniale. Il dit : voilĂ  comment ça va se passer, et voilĂ  pourquoi. En d’autres termes, il est matĂ©rialiste. Être matĂ©rialiste c’est analyser un paysage de forces, saisir comment elles se dĂ©terminent mutuellement, anticiper dans quel sens probable leur rĂ©sultante pourra emmener, et si cette rĂ©sultante ne nous plaĂźt pas rĂ©flĂ©chir Ă  l’intervention d’une force supplĂ©mentaire qui n’était pas dans le paysage de dĂ©part mais qui pourrait en changer la dynamique d’ensemble. VoilĂ  ce qu’est ĂȘtre matĂ©rialiste.

    • Dans mon souvenir ce que Fanon dit c’est que lutte de libĂ©ration (et non pas tel ou tel individu) a Ă  dĂ©mont[r]er son surcroĂźt de qualitĂ© Ă©thique sur la domination qu’elle combat, en particulier dans l’usage de la violence (ce qui a peu Ă  voir avec la comptabilitĂ© des torts de notre Ă©conomiste de gauche).

    • Nous ne lĂ©gitimons pas pour autant les rĂ©actions immĂ©diates de nos compatriotes. Nous les comprenons, mais nous ne pouvons ni les excuser, ni les rejeter. Parce que nous voulons d’une AlgĂ©rie dĂ©mocratique et rĂ©novĂ©e, parce que nous croyons qu’on ne peut pas s’élever, se libĂ©rer dans un secteur et s’enfoncer dans un autre, nous condamnons, le cƓur plein de dĂ©tresse, ces frĂšres qui se sont jetĂ©s dans l’action rĂ©volutionnaire avec la brutalitĂ© presque physiologique que fait naĂźtre et qu’entretient une oppression sĂ©culaire.

      – Frantz Fanon, L’an V d la rĂ©volution algĂ©rienne, Paris, Maspero, 1966

    • On prend parti en regardant laquelle des deux colonnes de torts soufferts est la plus grande. On regarde, et la dĂ©cision est vite faite. Finalement, c’est simple, simple — et laid — comme une situation coloniale : il y a un oppresseur et il y a un opprimĂ©. D’aucuns soutiennent qu’à propos du 7 octobre toute rĂ©flexion devrait partir de « terrorisme ». Non, elle devrait partir de lĂ .

      Frédéric Lordon

    • merci @rastapopoulos.
      On oublie trop (merci Sartre...) que Fanon fut aussi un psychiatre, d’abord au contact, Ă  Saint-Alban, de ce qui deviendra la psychothĂ©rapie institutionnelle. De celle-ci on rappelle volontiers qu’elle se donne pour tache de soigner l’institution.
      Un mouvement de libĂ©ration, processus instituant, exige lui aussi du soin. Ce n’est pas un enjeu moral mais une clĂ© pour son devenir et c’est ce sur sur quoi Butler (son Hamas comme composante de « la gauche mondiale ») comme Lordon font allĂšgrement l’impasse.

      #Franz_Fanon

    • En 75 ans, IsraĂ«l a produit de la rage vengeresse Ă  l’échelle d’un pays entier – et l’on prĂ©fĂšre ne pas penser Ă  ce que les Ă©vĂ©nements actuels sont en train d’y ajouter. On comprend assez bien qu’en mettant bout Ă  bout tous ces destins brisĂ©s, devenus autant de destins vengeurs, il risque tĂŽt ou tard de s’en suivre des choses terribles. Abominables, possiblement.

      Mon interprĂ©tation :
      Dans les pays de « l’Occident global », nul ne pourra dĂ©sormais prĂ©tendre ĂȘtre Ă  l’abri de la vengeance de ceux que nos dirigeants ont laissĂ© se faire opprimer et dĂ©possĂ©der. Quant aux dirigeants, ils auront toute latitude de se bunkĂ©riser et de bunkĂ©riser nos esprits et nos corps. IsraĂ«l a signĂ© l’arrĂȘt de mort de la dĂ©mocratie et les veuleries de nos « dĂ©mocrates » ne sont que la manifestation de ses derniers sursauts d’agonie. Bienvenue dans un monde nĂ©o-fĂ©odal.

      #brutalité #arbitraire #théocratie

    • @colporteur mais Fanon comprend, il condamne et il comprend
 Car comme le dit Lordon (et c’est il me semble vrai sur ce point) Fanon fait de la « physique » coloniale, matĂ©rialiste : aprĂšs des dĂ©cennies d’oppression, d’horreur, de meurtres en toute impunitĂ© avec l’approbation de la plupart des nations unies qui n’ont presque rien fait en 75 ans
 il est logique que les oppressĂ©s explosent (au figurĂ© et parfois au sens propre). Ce qui Ă©tait pareil pour les algĂ©riens qui n’en pouvaient plus. Fanon sait que ça ne va pas, il condamne « plein de dĂ©tresse » la brutalitĂ© et l’horreur, mais il comprend la logique qui presque Ă  coup sĂ»r aboutit Ă  ça. La fenĂȘtre pour sortir par une piste moins brutale est minuscule, si elle existe
 :(

  • Dissoudre, Pierre Douillard-LefĂšvre [extraits]
    ▻https://lundi.am/Dissoudre

    En chimie, la dissolution est l’état d’un corps solide dont les parties ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©es, la suppression de la cohĂ©sion des molĂ©cules qui rendait une matiĂšre rĂ©sistance. L’objectif d’un rĂ©gime qui a renoncĂ© Ă  l’apparence mĂȘme de sa propre lĂ©gitimitĂ© n’est plus de mobiliser mais de dĂ©mobiliser, plus de susciter l’adhĂ©sion mais la soumission, plus de provoquer l’action mais l’apathie. Et pour y parvenir, dissoudre ce qui fait commun.

    La dissolution n’est pas uniquement une procĂ©dure d’exception imaginĂ©e dans l’entre-deux-guerres mais un projet politique gĂ©nĂ©ral. Une offensive accentuĂ©e par le nĂ©olibĂ©ralisme triomphant, avec l’atomisation du monde du travail, et prolongĂ©e par la neutralisation de tous les corps collectifs qui pourraient Ă©chapper au contrĂŽle. Le mot capital provient de la mĂȘme racine latine que le mot cheptel. Dissoudre, c’est crĂ©er des enclos pour isoler les moutons noirs du reste du troupeau.

    Chaque nouvelle sĂ©quence, chaque nouvelle crise, semble ĂȘtre l’occasion pour le bloc dirigeant qui les a provoquĂ©es de renforcer son emprise autoritaire. L’extension des dissolutions est la marque d’une mutation du pouvoir, et les dispositifs de rĂ©pression ressemblent Ă  des piĂšges Ă  loup : une mĂąchoire qui se referme sur la patte de l’animal. À chaque fois qu’il se dĂ©bat pour se libĂ©rer, les dents de mĂ©tal s’enfoncent encore plus profondĂ©ment dans les chairs, renforçant la douleur, le poussant Ă  essayer de se dĂ©gager, le blessant toujours plus. Plus la situation est insupportable, plus nous nous dĂ©battons, plus le pouvoir utilise nos sursauts pour durcir son dispositif. Alors que l’horizon se rĂ©trĂ©cit, ce livre propose une dissection des dissolutions, symboles de la gouvernementalitĂ© française contemporaine, afin de parvenir Ă  dĂ©jouer les embuscades.

    #livre


    • L’étĂ© dernier, le gouvernement annonçait son intention de dissoudre les SoulĂšvements de la Terre, le plus grand mouvement Ă©cologiste de France, comptant des centaines de comitĂ©s et des milliers de membres de tous horizons. C’était une attaque sans prĂ©cĂ©dent contre les formes collectives d’organisation, qui faisait suite aux procĂ©dures lancĂ©es notamment contre le mĂ©dia Nantes RĂ©voltĂ©e, le collectif antifasciste lyonnais le GALE ou un groupe de Gilets Jaunes Ă  Nancy.

      Aucun gouvernement n’avait autant lancĂ© de dissolutions de collectifs et d’associations que celui de Macron. Entre 2017 et 2023, le prĂ©sident avait dĂ©jĂ  engagĂ© la dissolution de 34 associations et collectifs en seulement 6 annĂ©es de pouvoir, un record absolu sous la CinquiĂšme RĂ©publique. Comme l’explique l’auteur, « la dissolution est la continuation du retour Ă  l’ordre, elle accompagne la violence physique. Pendant que les forces de rĂ©pression frappent les corps, la dissolution neutralise les organisations collectives ».

      Car derriĂšre les attaques contre les organisations de gauche, d’autres, plus nombreuses et peu mĂ©diatisĂ©es, frappent depuis des annĂ©es les organisations musulmanes ou anti-colonialistes. Les associations de lutte contre l’islamophobie ou de soutien Ă  la Palestine ont d’ailleurs Ă©tĂ© les premiĂšres cibles des dissolutions du gouvernement Macron.

      Pourtant, cette procĂ©dure n’a rien d’anodin. C’est en 1936 que le gouvernement français avait crĂ©Ă© les procĂ©dures de dissolutions, en pleine montĂ©e du fascisme. Alors qu’Hitler est au pouvoir en Allemagne et que Mussolini rĂšgne en Italie, la RĂ©publique Ă©tait menacĂ©e par des groupes d’extrĂȘme droite armĂ©s qui voulaient instaurer un rĂ©gime semblable en France. C’est dans ce contexte prĂ©cis qu’une loi d’exception permettant de dissoudre les « milices de combat » et les « groupes armĂ©s » Ă©tait votĂ©e. Et quelques groupuscules fascistes dĂ©mantelĂ©s.

      Loin de se limiter Ă  la « dĂ©fense de la RĂ©publique », cette loi avait Ă©tĂ© utilisĂ©e dĂšs les annĂ©es 1930 contre les groupes anti-colonialistes en AlgĂ©rie et au Maroc, puis contre le Parti Communiste. AprĂšs guerre, les dissolutions ne disparaissent pas, elles s’étendent
 Jusqu’à GĂ©rald Darmanin qui, en 2021, vise toutes les associations soupçonnĂ©es de « sĂ©paratisme ». Il ne s’agit plus de dissoudre des « milices » armĂ©es, mais n’importe quel « groupement » qui ne respecterait pas les valeurs de la RĂ©publique ou qui « inciterait » Ă  s’en prendre aux biens. Autrement dit, tout syndicat ou association, mĂȘme une bande d’amis peut dĂ©sormais ĂȘtre visĂ©e. Les dissolutions servent aujourd’hui Ă  rĂ©primer des idĂ©es plus que des actes. D’une loi d’exception contre le danger fasciste, les dissolutions visent dĂ©sormais les antifascistes et les minoritĂ©s. C’est un retournement total.

      C’est de ce retournement dont il est question dans l’ouvrage, qui examine Ă  la fois l’histoire de cette procĂ©dure, mais aussi la destruction du langage et des repĂšres politiques par le gouvernement actuel, qui manie les symboles contradictoires. Nous l’avons vu avec la PanthĂ©onisation du rĂ©sistant Manouchian cĂ©lĂ©brĂ©e avec l’extrĂȘme droite, quelques semaines aprĂšs une « loi immigration » reprenant les grandes lignes du programme lepĂ©niste. C’est dans cette grande inversion que la « RĂ©publique » et la « laĂŻcitĂ© » sont dĂ©sormais brandies pour Ă©craser les luttes sociales et les catĂ©gories opprimĂ©es de la population.

      Les dissolutions sont aussi un moyen de mettre au pas toutes les organisations collectives. L’auteur rappelle que Gabriel Attal fĂ©licitait les Restos du CƓur pour leur « rentabilitĂ© » en dĂ©clarant : « Si c’était des permanents payĂ©s au SMIC par l’État, ça serait plus de 200 millions d’euros par an ». Dans le mĂȘme temps, le gouvernement menace de couper les subventions de certaines associations qui lui sont inutiles voire hostiles.

      Ainsi, derriĂšre la loi « sĂ©paratisme », le gouvernement met sous pression toutes les organisations collectives, pour ne garder que celles qui sont adaptĂ©es Ă  ses politiques. C’est tout ce qui fait commun en-dehors du contrĂŽle du pouvoir qui est menacĂ©. Les associations sont passĂ©es du statut de contre-pouvoirs fondamentaux pour la dĂ©mocratie, Ă  celui de larbins d’un pouvoir autoritaire et bourgeois.

      Nous l’avons d’ailleurs vu ces derniers jours, quand la ministre Aurore BergĂ© a menacĂ© les associations fĂ©ministes qui auraient des « ambiguĂŻtĂ©s » sur la Palestine. Ou pire, Ă  l’automne dernier, quand plusieurs dĂ©putĂ©s ont rĂ©clamĂ© la dissolution de la France Insoumise, premier parti d’opposition, pour sa dĂ©nonciation des bombardements sur Gaza. Toute structure dĂ©rangeant le pouvoir risque dĂ©sormais soit la dissolution, soit l’asphyxie financiĂšre.

      Ce petit livre dissĂšque le rĂ©gime nĂ©olibĂ©ral autoritaire : c’est une dĂ©monstration implacable des dissolutions devenues programme politique – « l’objectif de ce rĂ©gime n’est pas de susciter l’adhĂ©sion mais la soumission, pas de provoquer l’action mais l’apathie » – et plus largement, au-delĂ  du strict sujet des dissolutions, l’ouvrage permet de comprendre cette Ă©poque aux horizons qui se rĂ©trĂ©cissent.

      L’auteur, qui avait dĂ©jĂ  publiĂ© l’ouvrage « Nous sommes en Guerre » sur les violences policiĂšres en 2021, propose pour finir une sĂ©rie de pistes pour se protĂ©ger des dissolutions et rendre inopĂ©rantes les attaques du pouvoir. Des propositions stimulantes, Ă  lire et Ă  faire lire.

      ▻https://contre-attaque.net/2024/03/10/conseil-lecture-dissoudre

  • Mozart de la finance : dĂ©truire les services publics mais augmenter les dĂ©penses - Contre Attaque
    ▻https://contre-attaque.net/2024/03/26/mozart-de-la-finance-detruire-les-services-publics-mais-augmenter-le

    En septembre dernier le collectif Nos services publics, composĂ© de fonctionnaires, expliquait dans un rapport de 300 pages sur l’évolution des services publics depuis 40 ans comment tout avait Ă©tĂ© mĂ©thodiquement dĂ©truit dans l’éducation, la santĂ©, la justice ou les transports. Une destruction justifiĂ©e par le besoin de « faire des Ă©conomies » et de retrouver « l’équilibre budgĂ©taire ».

    Mais alors, oĂč va l’argent, puisque le dynamitage des services publics n’a mĂȘme pas permis de limiter les prĂ©tendus dĂ©ficits ? Dans les poches des capitalistes. En fĂ©vrier 2022 une « commission d’enquĂȘte sur l’influence croissante des cabinets de conseil au sein de l’État » au SĂ©nat avait montrĂ© une privatisation de fond de l’appareil d’État dans son ensemble, avec un recours gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă  « l’externalisation privĂ©e ». En clair : on arrose des entreprises privĂ©es avec de l’argent public pour effectuer, cher et mal, des missions qui auraient pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©es par le public.

    L’externalisation reprĂ©sente aujourd’hui plus de 160 milliards d’euros. C’est l’équivalent du quart du budget de l’État ! N’oublions pas qu’en plus, l’État verse sous forme « d’aide aux entreprises » entre 150 et 200 milliards d’euros aux patrons. Et que l’école privĂ©e est arrosĂ©e de milliards d’euros qui pourrait trĂšs bien se contenter de l’argent des familles sĂ©paratistes.

  • 36 Ă©lĂšves par classe
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/36-eleves

    “Vos Frustrations” est une rubrique destinĂ©e Ă  permettre l’expression de points de vue, de tĂ©moignages, de coups de gueule de personnes qui vivent une injustice dont ils souhaitent faire part Ă  nos lectrices et nos lecteurs. Cette semaine, Éric P. enseignant, nous raconte ce que ça change, concrĂštement, la hausse des effectifs par classe que [
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  • JO 2024 et baignades en Seine : une guerre des nuages russe ?

    Un facĂ©tieux Ă©crivain invitĂ© de la nouvelle Ă©dition du nouveau Nouvel Obs vient d’y publier une remarquable, et trĂšs sĂ©rieuse, Tribune qui apporte de l’eau au moulin de notre croisade contre l’aberration des baignades en Seine ourdies par Mme Hidalgo et consorts depuis dix ans. Car dans le contexte international que nous connaissons, c’est bien une nouvelle attaque de trolls de Saint PĂ©tersbourg, via la gĂ©oingĂ©nierie, qui pourrait couler l’esquif portĂ© par la mondovision que notre association de malfaiteurs s’efforce contre toute Ă©vidence de maintenir Ă  flots Ă  coup de menteries extravagantes. RĂ©jouissant. Fluctuat ET mergitur ?

    ▻https://www.eauxglacees.com/JO-2024-et-baignades-en-Seine-une-guerre-des-nuages-russe?var_mode=calc

  • « Personnels de l’ESR, nous soutenons la caisse de grĂšve des personnels de l’éducation du 93 pour un plan d’urgence :

    ▻https://papayoux-solidarite.com/fr/collecte/caisse-de-greve-ag-education-93-intesyndicale

    Ils vont, ils peuvent, ils doivent gagner ! » Michael Zemmour

    â–șhttps://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/260324/soutien-des-personnels-de-l-enseignement-superieur-la-greve-dans-l-e

    Depuis cinq semaines, les personnels de l’Éducation nationale de Seine-Saint-Denis (93) sont en grĂšve, dans le cadre d’un mouvement intersyndical et appuyĂ©s par les parents d’élĂšves, notamment pour obtenir un plan d’urgence pour les Ă©tablissements scolaires de leur dĂ©partement. Un collectif de personnels de l’enseignement supĂ©rieur leur apporte un « soutien sans rĂ©serve » .

    La situation de dĂ©nuement de l’école dans ce dĂ©partement est dĂ©sormais connue de tous, et documentĂ©e Ă  la fois par le recensement des besoins rĂ©alisĂ© par l’intersyndicale et par un rapport parlementaire transpartisan. Elle est le miroir grossissant de l’absence d’ambition pour l’éducation sur l’ensemble du territoire.

    Il n’y a pas de dĂ©pense d’avenir plus Ă©vidente que la rĂ©habilitation urgente du service public d’éducation en gĂ©nĂ©ral et dans ce dĂ©partement en particulier. Les discours sur l’égalitĂ©, la formation, l’emploi, la lutte contre le racisme sont vides de sens si l’Etat ne se donne pas d’abord les moyens de garantir un service public d’éducation gratuit de qualitĂ© pour les enfants de tout le territoire.

    Personnels de l’enseignement supĂ©rieur, d’abord comme citoyennes et citoyens, mais aussi parce que nous formons dans les universitĂ©s les futurs enseignants, et que leurs Ă©lĂšves sont nos futurs Ă©tudiants, nous soutenons sans rĂ©serve le mouvement des personnels de l’éducation de Seine-Saint-Denis et leur revendication d’un plan d’urgence manifestement indispensable.
    Devant les besoins Ă©vidents, le gouvernement doit sans dĂ©lai mettre en place un plan d’urgence pour les Ă©coles de ce dĂ©partement.

    Nous apportons chacune et chacun notre participation Ă  leur caisse de grĂšve pour appuyer les collĂšgues dont la mobilisation est exemplaire et sera bientĂŽt victorieuse et appuyons toutes celles et ceux qui le peuvent Ă  y contribuer aussi.

    Retrouvez et soutenez la caisse de grĂšve des personnels de l’éducation de Seine-St-Denis ICI.

    Personnels de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche, rejoignez le texte ICI.

    Et retrouvez la liste actualisée des signataires ICI.

  • Guerre Ă  Gaza : la France Ă©quipe en secret des mitrailleuses utilisĂ©es par l’armĂ©e israĂ©lienne
    ▻https://disclose.ngo/fr/article/guerre-a-gaza-la-france-equipe-en-secret-des-mitrailleuses-utilisees-par-l

    La France a autorisĂ©, fin octobre 2023, la livraison Ă  IsraĂ«l d’au moins 100 000 piĂšces de cartouches destinĂ©es Ă  des fusils mitrailleurs susceptibles d’ĂȘtre utilisĂ©s contre des civils Ă  Gaza. RĂ©vĂ©lations de Disclose et Marsactu sur une cargaison expĂ©diĂ©e en secret, et en totale contradiction avec les engagements du gouvernement. Lire l’article

  • Le rot du matin de YaĂ«l Braun-Pivet
    ▻https://piaille.fr/@LesRepliques@mastodon.social/112156799817466844

    ▻https://coffins.bandcamp.com/track/spontaneous-rot

    Pour les amateur.ices de Coffins 2 autres titres en Ă©coute sur Bandcamp : "Forced Disorder" & "Thing Infestation" mĂȘme le titre "Sinister Oath" va comme un gant Ă  ce gouvernement de ploutocrate.
    #un_coffin_pour_Yaël_et_Apolline

  • Le replay de « La France Ă  peur » en 2024

    AprĂšs la starification des blouses blanches durant la pandĂ©mie, puis l’envahissement des plateaux tĂ©lĂ© par des gĂ©nĂ©raux Ă  la retraite avec l’Ukraine, deux nouvelles mafias rĂ©activent le cĂ©lĂšbre slogan des annĂ©es 70.

    La lĂ©gion des spĂ©cialistes autoproclamĂ©s du Jihad, qui dĂ©clinent les mille et une nuances du monstre terroriste depuis leur bureau universitaire, en analysant dans leur boule de cristal certifiĂ©e par la DGSE les procĂ©dures des revendication « authentifiĂ©es » des agresseurs, et le gang des experts en « cybersĂ©curitĂ© » qui dĂ©tectent des hackers russes Ă  tous les coins de rue, jusqu’au lycĂ©es des Hauts-de-France et de la Seine-Saint-Denis.

    Un tsunami de fake fables qui a envahi tout l’espace politico-mĂ©diatique en quelques heures aprĂšs l’attentat au parfum de FSB de Moscou.

    Résultat des courses Macron et Attal vont pouvoir, au nom de la menace "de haute intensité", débrancher la folie de la parade inaugurale des JO sur la Seine et mettre sous cloche les VIP invités du show au Stade de France.

    Et on fait semblant de continuer Ă  s’étonner Ă  longueur de sondages que les Français n’accordent aucun crĂ©dit aux journalistes


  • « Les #mĂ©gabassines provoquent une sĂ©cheresse anthropique des cours d’#eau » - POLITIS
    ▻https://www.politis.fr/articles/2024/03/bassines-non-merci-les-megabassines-provoquent-une-secheresse-anthropique-de

    Les bassines sont toujours installĂ©es dans des bassins classĂ©s zone de rĂ©partition des eaux (ZRE) c’est-Ă -dire des lieux en dĂ©ficit chronique de ressources en fonction des besoins locaux. C’est le cas pour le bassin de la SĂšvre niortaise, pour le bassin du Clain dans la Vienne, pour la Charente
 Or, ces endroits ne sont pas arides car il y a des nappes souterraines oĂč, normalement, l’eau peut se stocker naturellement. Ils parlent de rĂ©serves de substitution pour faire passer le message qu’en prĂ©levant de l’eau l’hiver, les nappes et les cours d’eau se porteront mieux en Ă©tĂ©. Or, chaque annĂ©e, ils peinent Ă  atteindre les volumes d’irrigation autorisĂ©e car il y a des arrĂȘtĂ©s de sĂ©cheresse !

    Cela fait 30 ans qu’on sait qu’on pompe trop dans ces bassins par rapport Ă  la quantitĂ© d’eau disponible. Les mĂ©gabassines provoquent une sĂ©cheresse anthropique. L’objectif originel des bassines, financĂ©es Ă  70 % par de l’argent public via les agences de l’eau, Ă©tait de respecter la directive cadre europĂ©enne sur l’eau de 2000 et la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (Lema) de 2006. Dans les endroits oĂč on a des bassines depuis longtemps, comme en VendĂ©e, les cours d’eau sont constamment Ă  sec l’étĂ©.

    Dans le bassin des Autistes par exemple, comme ils prĂ©lĂšvent des millions de mĂštres cubes d’eau Ă  partir du mois de novembre, cela retarde la recharge des nappes phrĂ©atiques. ConsĂ©quence : s’il ne pleut qu’au dĂ©but de l’hiver, l’eau est sĂ©curisĂ©e pour les grandes plaines cĂ©rĂ©aliĂšres et le maĂŻs, mais pas pour l’eau potable ou pour les milieux aquatiques.