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  • Libertés universitaires en danger. Une conférence sur le droit international en #Palestine interdite par l’Université Lyon 2
    https://academia.hypotheses.org/54900

    Le syndicat Solidaires étudiant-es Lyon a fait parvenir à la rédaction d’Académia l’article ci-dessous, suite à la double interdiction – l’une décidée par la présidente de l’université Lyon 2, l’autre par la préfète du Rhône – de la conférence que … Continuer la lecture →

    #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #Opinions,_motions,_propositions,_expression_syndicale #liberté_d'expression #liberté_de_réunion #libertés_académiques #Solidaires_étudiant·e·s #Université_Lyon-2

  • Libertés universitaires en danger. Une conférence sur le droit international en Palestine interdite par l’Université Lyon 2 | Academia
    https://academia.hypotheses.org/54900

    Le 1er février 2024, le syndicat Solidaires étudiant-es Lyon et le collectif Palestine69 organisaient une conférence visant à informer la communauté universitaire de Lyon sur les décisions juridictionnelles rendues en droit international concernant la situation actuelle en Palestine. Celle-ci devait se tenir à l’Université Lumière – Lyon 2. Cette conférence devait être animée par Maitre Gilles Devers, avocat au barreau de Lyon et spécialiste du droit international, qui a déposé la plainte contre Israël pour génocide et crimes de guerre devant la Cour Pénale Internationale avec plus de 500 avocat-es.
    Malgré de nombreux échanges entre le syndicat et l’Université en amont de la conférence, cette dernière a été annulée par la présidence le 30 janvier dernier « pour des raisons de sécurité ».

    Cette annulation, en réalité une interdiction, a été faite à la demande de la préfecture, suite à une campagne de dénigrement menée par le CRIF, d’interventions du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rassemblement national de la jeunesse (RNJ) du Rhône. 

    A l’heure où la Cour Internationale de Justice, devant un risque sérieux de crime de génocide, demande à l’État d’Israël de « suspendre immédiatement ses opérations militaires à et contre Gaza », cette interdiction est une nouvelle atteinte aux libertés universitaires. Qu’une université cède au chantage de personnalités politiques et de la préfecture est très préoccupant.

    Les universités sont des lieux de production de savoirs et doivent demeurer des lieux de libre expression sur tous les sujets, y compris la situation au Proche-Orient. Il ne revient ni aux élu-es politiques, ni à l’autorité préfectorale de définir, directement ou par le biais d’interdictions, ce qui peut ou non être débattu, exposé ou enseigné, dans le respect de la loi, dans les enceintes universitaires ou par les universitaires.

    #censure #Gaza #université

  • Qui a fait des profits sur les ingénieries financières au Liban ? Pas tant les banques (dont les profits étaient factices) mais les actionnaires qui ont bénéficié des généreux dividendes servis. Commentaire de Jean Riachi sur X à propos d’une analyse de l’économiste Toufic Gaspard récemment publié par le centre Issam Fares de l’AUB : https://www.aub.edu.lb/ifi/Documents/Banque-Du-Liban-A-Forensic-Analysis.pdf
     : « The latest IFI-AUB/Toufic Gaspard report, as expected, provides invaluable insights and a thorough analysis of the Lebanese financial crisis. It delves into various aspects of the crisis and dispels several myths, such as the misconception that the state acquired BDL’s dollars,… » / X
    https://twitter.com/riachi_jean/status/1758766325835423986

    The latest IFI-AUB/Toufic Gaspard report, as expected, provides invaluable insights and a thorough analysis of the Lebanese financial crisis. It delves into various aspects of the crisis and dispels several myths, such as the misconception that the state acquired BDL’s dollars, when, in fact, the opposite occurred. However, I’d like to focus on one particular issue related to financial engineering transactions.
    During a recent televised program, the legal advisor of the Association of Banks stated that banks incurred losses in financial engineering transactions. While this declaration sparked criticism, it is, in fact, factually accurate. Presently, banks are insolvent, with negative equity, rendering this issue beyond debate.
    So, what truly transpired, and who benefited from these transactions? In essence, profits from financial engineering transactions in Lebanese pounds and US dollars were recorded by banks. However, these profits were essentially paper gains. The majority of the profits were in Lebanese pounds, printed by BDL and transferred to banks’ books, albeit sterilized with BDL. At the current exchange rate of 89500, these profits are essentially worthless. Similarly, the interests and principal blocked at BDL on the dollar side of the transactions are now nearly worthless. Hence, banks did incur losses on financial engineering transactions.
    However, not everyone suffered losses. At the time, many considered it absurd for Riad Salameh to provide banks with free money to bolster their equity without requiring counterparts. However, what proved even more irrational was allowing them to distribute dividends. While direct data is not readily available, Toufic Gaspard conducted astute calculations and estimated that approximately $21 billion in profits were transferred out of banks to individuals. This pertains not to deposit transfers but to bank profits. Consequently, banks distributed profits (dividends, bonuses, etc.) when financial engineering transactions appeared as profits in their books, and now it seems these profits must be written off. This scenario represents a typical case of clawback, as losses on banks’ balance sheets are now impacting depositors.
    As for Article 113 and decisions by the State Council, claiming that it is the state’s obligation to compensate depositors for their losses cannot be considered a just and equitable solution. While I am a taxpayer willing to contribute to national solidarity, I am not inclined to foot the bill for depositors’ losses that others have benefited from

    #Liban #banques #profit #crise_financière

  • Prof. Hanna Kienzler 🧡 🇵🇸 sur X :
    https://twitter.com/HannaKienzler/status/1758129312220484003

    These days, I often think of my German teacher. As 16-year-olds we learned lots about the Holocaust and other Nazi crimes by reading books, watching films, visiting places of commemoration, and talking to older people who survived or witnessed the atrocities.

    In this process, we started to become arrogant accusing our grandparents and their generation of their deeds and stating that we would (or rather could) never partake in such horrors.

    We were convinced that we had amassed enough civil courage to not only withstand calls to partake in violence, condemn those who do, and protect people targeted. Hearing our narrative and observing our increasing self-confidence, our teacher intervened saying something along these lines: “Slow down! You have no idea of the violence you are capable of perpetrating . You have no idea if you would have the stamina to speak out against injustice, let alone protect others. History has never tested you. You never had to prove yourselves.”

    I remember his words every day as I witness the violence perpetrated by Israel against Palestinians. I am being tested by history – we all are - and have a choice to make of how we want to go down in the books of history.

    #Gaza
    #génocide #assistance_de_génocide #génocide_assisté
    #non-assistance_à_génocidés

  • badinter était pour la peine de mort des Palestiniens Abdalouahad Bouchal -

    Quatre jours après sa disparition et les louanges médiatiques qui l’ont accompagnée, il est utile de rappeler que robert badinter ne fût pas « que » l’infatigable abolitionniste de la peine de mort. Comme le décline l’analyste Abdalouahad Bouchal qui - à rebours des médias français - n’a pas la mémoire courte... en plein génocide perpétré contre les Palestiniens par l’État colonial d’israël, co-financé par la France et les États-Unis (I’A).


    
On peut s’être battu pour l’abolition de la peine de mort, en France, et être favorable à la mise à mort de tout un peuple, en Palestine. C’est ce que n’a cessé de nous démontrer robert #badinter en venant, sans discontinuer, au secours d’israël.

    Un soutien à un régime d’apartheid au demeurant moins étonnant que les arguments de cet éminent avocat s’articulant en faveur de Tel-Aviv, de façon aussi odieuse que stupide.

    Tout d’abord, fin décembre 2019, devant la Cour Pénale Internationale (CPI), badinter s’est évertué à défendre l’État d’israël pointé par une « enquête sur les éventuels crimes de guerre commis depuis juin 2014 en israël-Palestine ».

    A l’époque, selon badinter, israël et ses dirigeants ne pouvaient être traduits devant la CPI au prétexte que la partie requérante ne serait pas… un pays. A savoir, la Palestine. Or, bien que l’État de Palestine ne dispose que d’un statut d’observateur à l’assemblée des Nations-Unies, l’État palestinien est reconnu comme un État à part entière par les autres États signataires du statut de Rome et membres de la CPI.

    En effet, de 1988 à 2015, la Palestine a été reconnue par 138 États dont deux membres permanents du Conseil de sécurité (Russie et Chine). On pouvait donc, en 2019, être pour le moins perplexe à l’écoute des « arguments » de l’ancien garde des sceaux.

    Quels étaient les arguments de ce technicien du droit sur la recevabilité de la requête déposée jadis par l’Autorité palestinienne de Ramallah ? En voici le résumé, in extenso, dans un billet du chirurgien français Christophe Oberlin ( https://blogs.mediapart.fr/christophe-oberlin/blog/200220/cour-penale-internationale-face-aux-palestiniens-badinter-defend-net ) :

    « La Cour Pénale Internationale n’a pas juridiction sur les crimes prétendus avoir été commis en Cisjordanie, incluant Jérusalem Est et la bande de Gaza. Le terme « État » selon l’article 12(2) (a) du Statut de la Cour signifie que l’État est souverain, or la Palestine ne l’est pas. La Palestine n’est pas un « État » au regard de l’article 12 (2) (a) du Statut par sa simple adhésion au Statut de Rome. Ce n’est pas à la CPI de déterminer si la Palestine est un État souverain selon le droit international, ou si l’enquête en question s’applique « sur le territoire de » la Palestine alors que les parties sont engagées à trouver une solution négociée sur le statut d’état et les frontières. La Palestine ne remplit pas les critères d’un État selon le droit international. Et la seule façon d’enquêter sur des crimes commis dans ce cadre est constituée par la saisine de la CPI par le Conseil de sécurité. Les accords d’Oslo s’imposent à la juridiction de la Cour. » 

    Pour les sceptiques, Oberlin enfonce le clou : « Le résumé de l’argumentaire de robert badinter, présenté en tête de son texte, est identique mot pour mot aux déclarations récentes du Premier ministre israélien #benjamin_netanyahou. Et la suite du document ne fait qu’insister à la fois sur l’illégalité des plaintes palestiniennes, et de la Cour Pénale Internationale à les prendre en compte. Le professeur badinter commet ainsi de remarquables erreurs de droit et d’éthique. »

    Bref, en 2020, robert badinter conduisait une armée de tabellions rémunérés par le gouvernement de l’époque de #benjamin_netanyahu, futur génocidaire en 2023-2024. Il y a 4 ans, israël a finalement été débouté par la présidente ougandaise de la CPI et l’affaire a fait « pschiiiiit ! »

    La France, patrie des lumières blafardes et des droits de l’homme blanc, brille quelques fois d’un bien mauvais éclat. Qu’à cela ne tienne, les lumières, même les plus amoindries, attireront toujours les insectes…

    Protéger certains collabos français 
Plus loin dans le temps, on peut aussi rappeler qu’en 1975, robert badinter s’était violemment opposé à la fameuse Résolution 242 des Nations-Unies https://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2004_2009/documents/fd/unresolutions_/unresolutions_fr.pdf . Celle-ci ordonnait, en son article premier :
    1) le « Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés » ;
    2) la « Cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues ».

    Aux plus distraits, cette opposition résolue de badinter indique que ce n’est pas d’hier que « Bob » s’est positionné en ennemi de la cause palestinienne.

    Ensuite, pour les cacahuètes du pousse-café, on rajoutera que l’avocat et ex-ministre de la Justice avait vertement engueulé les français juifs venus huer le président François mitterrand lors d’une cérémonie de commémoration du Vélodrome d’Hiver https://www.youtube.com/watch?v=AkebDVjaPjk&t=5s&ab_channel=C%C3%A0vous

    (1992). La cause de cette hostilité citoyenne ? Le refus persistant du monarque mitterrand à reconnaître la responsabilité de la France dans la période de Vichy (1940-1944).

    Voilà donc un bien curieux personnage que ce badinter. S’il s’est incontestablement investi dans l’abolition de la peine de mort, en France et à travers le monde, il a aussi, par fidélité (ou intérêt ?), su se mettre en colère pour protéger « le père François » ; collaborateur du régime de Vichy dans la France occupée de la Seconde Guerre mondiale.

    Par ailleurs, le premier des abolitionnistes français protégera encore#rené bousquet https://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/Mitter00296/les-relations-de-francois-mitterrand-et-rene-bousquet.html, antisémite et collabo de l’occupant nazi et… « ami » proche de mitterrand. Cela, jusqu’à ce que – le 8 Juin 1993 – un illuminé vienne tirer 5 balles dans le buffet de l’ex-directeur général de la police de Vichy ET superviseur de « la rafle du Vel d’Hiv’ » [Vélodrome d’Hiver]. Le bilan du haut fonctionnaire bousquet d’avril 1942 à décembre 1943 ? Plus de 60.000 juifs arrêtés par ou avec le concours de la police française pour être déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz…

    L’assassinat de bousquet évitera à mitterrand et son clan « socialiste », la tenue d’un Procès bousquet qui aurait été – comme chacun le sait – très encombrant.

    Enfin, dans la famille badinter, on n’est pas à une contradiction près.

    La veuve de Robert, par exemple, qui, en bonne FÉMINISTE, porte toujours le patronyme de feu son époux, élisabeth_badinter, a été et demeure une pasionaria du féminisme islamophobe. Sans que cela interroge ou énerve quiconque durant sa carrière de présidente au sein du groupe Publicis, dont l’un des très gros clients n’était autre que l’Arabie Saoudite ; pays longtemps soutien inconditionnel de l’État d’israël.



    Abdalaouhad Bouchal

    Source : https://investigaction.net/badinter-etait-pour-la-peine-de-mort-des-palestiniens

    #Palestine #vichy #israël #collaboration #france #elisabeth_badinter #laïcité #islamophobie #badinter #politique #justice #Auschwitz #robert_badinter

    • Des rappels qu’il semble effectivement important de rappeler, sans minimiser le rôle de la personne qui a incarné (en France, donc) l’abolition de la peine de mort, un sujet qui reste malheureusement toujours autant d’actualité. Notamment, en Israël.

      Juste une remarque quelque peu décentrée par rapport au contenu essentiel de ce texte : à propos d’Élisabeth Badinter (on pourra s’étonner que certains patronymes soient privés de majuscules), une féministe,certes, old school , à qui l’on reproche d’avoir conservé le nom de son époux.

      Pour les femmes de cette génération, de toute façon, elles n’avaient pas le choix : c’était soit le nom du mari, soit le nom du père. Pour certaines femmes, choisir le nom du père était une manière de s’affranchir de l’emprise du mari. Et inversement. Dans tous les cas, tant qu’il n’a pas été possible de choisir le nom de la mère ou d’inventer ex nihilo son propre patronyme, il s’agit d’un non-choix, puisque cette expression de la filiation reste la marque symbolique forte du patriarcat.

    • @biggrizzly Alors, s’il n’est pas nécessaire de discuter la question biaisée de la filiation patronymique, on se demande bien ce que vient faire l’évocation de cette personne dans un texte qui concerne son époux, si ce n’est de rattacher, dans leurs identités respectives, l’une à l’autre, respectant ainsi le schéma patriarcal. Le caractère islamophobe et réactionnaire des positionnements politiques d’Élisabeth Badinter ne justifie pas ce type de raccourcis et d’amalgame.

      @mfmb tout à fait d’accord, c’est la raison pour laquelle il me semble que la seule façon de sortir vraiment du truc est la création d’un patronyme.

    • Probablement d’accord, mais alors si l’on critique les positions politiques d’Élisabeth Badinter on le traite dans un sujet qui concerne la personne elle-même ; pas en tant que pièce rapportée d’un texte qui concerne son mari.

  • Quels actes forts la France va-t-elle poser pour imposer la paix à Gaza ? #QAG 14/02/2024 - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=sCHTpR2Jf1E


    Après un hommage à Missak et Méliné Manouchian, question du député Dharréville et réponse de Mme Chrysoula Zacharopoulou
    Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée du Développement et des Partenariats internationaux, à la place de Stéphane Séjourné, empêché.
    #gaza #complicité #France #génocide #inaction

  • Between tales and facts: The long saga of Gaza Marine - MESP
    https://www.mesp.me/2024/02/13/between-tales-and-facts-the-long-saga-of-gaza-marine

    One of the earliest gas discoveries in the Levant basin, Gaza Marine, was heading towards an agreement on development when the war broke out in Gaza last October. The one trillion cubic feet (Tcf) gas field located 35 km offshore Gaza at a water depth of 600 meters was discovered by British Gas (BG), along with partner CC Oil & Gas, in 2000. At the time, it was hoped that the discovery would provide a “solid foundation” for the economy and for establishing an independent Palestinian state. But 23 years after its discovery, Gaza Marine’s road to development is still filled with overwhelming challenges, and first gas appears as elusive as ever amid the fog of war.

    #gaz #gaza #israël #égypte

  • La guérilla virtuelle de militants pro-Israël contre les sympathisants propalestiniens en France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/03/la-guerilla-virtuelle-de-militants-pro-israel-contre-les-sympathisants-propa

    Entre autres scandales, celui de Shadi. Voir le petite moquerie à l’égard de la chercheuse Bergeaud-Blaker, à la fin du paragraphe.

    Autre cible : les Palestiniens de France qui s’engagent pour leur peuple. C’est le cas de Shadi, un Franco-Palestinien de 36 ans, qui ne souhaite pas être nommé en raison du harcèlement en ligne dont il a fait l’objet en décembre 2023. Militant de la première heure, notamment dans le cadre de l’Union générale des étudiants palestiniens, il a toujours pris soin de séparer cet engagement personnel et son activité professionnelle, en évitant toute présence sur les réseaux sociaux et en signant les pétitions sous un nom d’emprunt. Diplômé de l’Ecole centrale, Shadi a fondé avec deux amis une start-up dans le domaine du luxe.

    Après le 7 octobre, l’entrepreneur a participé à la création de la plate-forme Urgence Palestine, qui est à l’origine des premiers appels à manifester pour un cessez-le-feu à Gaza. « Nous avons très rapidement mis en avant le terme de génocide », explique Shadi. Le 29 décembre, « Swords of Solomon » s’en prend à lui sur X en dévoilant son nom et celui de son entreprise. Son tort ? Avoir relayé l’appel d’Urgence Palestine à venir aux festivités du Nouvel An, sur les Champs-Elysées et ailleurs, avec un drapeau palestinien. « Des personnes mal intentionnées ont voulu y voir un appel à l’insurrection, explique Shadi. Eric Ciotti [président de LR] et Jean Messiha [polémiste d’extrême droite] ont interpellé Darmanin [le ministre de l’intérieur] à mon sujet. »

    Les tweets donnant son adresse personnelle, où vivent sa femme et ses deux jeunes enfants, ainsi que celle de sa boutique sont alors relayés par des bots à l’infini. La chercheuse controversée Florence Bergeaud-Blackler, qui se dit spécialiste des réseaux islamistes en Europe, le décrit sur X comme un « Frère musulman » s’adressant à la « oumma des quartiers », alors qu’il est chrétien de confession grecque-orthodoxe. Le lendemain de cette offensive en ligne, sa boutique est couverte d’affiches d’Unité juive et de photos d’otages du Hamas. Ses associés craignent que cette campagne de diffamation ait des conséquences sur la réputation de la marque et auprès de potentiels investisseurs.

    #Gaza #palestine #propagande #harcèlement #ulcan #Brigade_juive

  • No Tech Reader #43
    https://www.notechmagazine.com/2024/01/no-tech-reader-43.html

    No Tech Magazine hosts all links and updates from Low-tech Magazine. We refuse to assume that every problem has a high-tech solution.

    Lettre d’information recensant les études et initiatives autour de la question des low tech, et servant de reprérage pour Low Tech Magazine https://solar.lowtechmagazine.com qui a aussi une partie de son contenu en français https://solar.lowtechmagazine.com/fr/offline-reading

  • Questions structurelles : le coût des matériaux et la valeur du travail
    https://topophile.net/savoir/questions-structurelles-le-cout-des-materiaux-et-la-valeur-du-travail

    Dans un avenir alternatif, les taxes protègent le travail humain et pénalisent l’utilisation excessive de matériaux pour mettre fin aux pratiques de gaspillage. Dans ce futur possible, il y a davantage d’emplois mais la production industrielle est en baisse. La réduction des déchets engendre moins d’exploitation de la matière et de l’énergie, en échange d’une... Voir l’article

  • Le CNRS doit se conformer à l’ordonnance de la CIJ et mettre fin à toute coopération scientifique avec Israël
    Posted on janvier 31, 2024 | AURDIP – Aurdip
    https://aurdip.org/le-cnrs-doit-se-conformer-a-lordonnance-de-la-cij-et-mettre-fin-a-toute-coop

    Ivar Ekeland, président de l’AURDIP, a écrit à Antoine Petit, Président-directeur général du CNRS, pour s’étonner que le CNRS relance de nouveaux projets de coopération franco-israéliens après l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ) du 26 janvier 2024 qui souligne les forts risques que Israël commette actuellement un génocide à Gaza. (...)

    #BDS

  • Laurie Anderson Loses German Professorship Over Pro-Palestine Letter
    https://hyperallergic.com/868602/laurie-anderson-loses-german-professorship-over-pro-palestine-letter

    C’est honteux. Actuellement les opinions indépendants sont systématiquement persécutées en Allemagne.

    The artist and Folkwang University jointly announced her resignation in light of Anderson’s endorsement of a “Letter Against Apartheid” over two years ago.

    Visual artist, musician, and filmmaker Laurie Anderson is the latest target of Germany’s crackdown on speech critical of Israel. After accepting a professorship at the Folkwang University of the Arts in Essen earlier this month, Anderson and the school jointly announced her resignation on Friday, January 26, citing the artist’s endorsement of a “Letter Against Apartheid” over two years ago.

    The university claims that the 2021 missive, signed by about 16,000 artists among them Nan Goldin, Emily Jacir, and Kara Walker, “takes up boycott demands of the anti-Israeli BDS [Boycott, Divest, Sanctions] movement,” an initiative the German parliament equated with antisemitism in a 2019 resolution. While the 2021 letter does not mention the BDS movement by name, it calls on international governments to impose sanctions on Israel, among a number of other demands.

    “Against the background of the question of her political stance, which has now become public, Laurie Anderson has finally decided to withdraw from the professorship,” the university’s statement reads.

    Anderson has not responded to Hyperallergic’s request for comment, but offered her perspective in a statement printed below the university’s announcement.

    “For me the question isn’t whether my political opinions have shifted. The real question is this: Why is this question being asked in the first place?” Anderson’s statement reads. “Based on this situation I withdraw from the project.” The artist added that she discussed the situation with the university and the Pina Bausch Foundation, a partial sponsor of the professorship, “at great length.”

    “We jointly decided this is the best way forward,” she wrote.

    Earlier this month, the Berlin Senate introduced a bill that would have forced cultural workers receiving state funding to “make a commitment against anti-Semitism.” The definition of “antisemitism” employed by the government, adopted from that of the International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA), comprises speech “demonizing the state of Israel, comparing Israeli policy with the actions of the Nazis and denying the Jewish people’s right to self-determination.”

    The initiative was withdrawn earlier this week in the wake of outrage from the international arts community. Nearly 6,000 creators, including artist Jumana Manna and 2024 Turner Prize winner Jesse Darling, signed an open letter denouncing the pending legislation. More than 1,400 people including artist Lawrence Abu Hamdan and writers Mohammed El-Kurd and Annie Ernaux signed another missive affirming their commitment to “Strike Germany,” an ongoing campaign urging creative workers to boycott the country’s heavily state-funded art institutions and decrying the nation’s “McCarthyist policies.”

    Other cultural figures and organizations critical of Israel, including author Masha Gessen, Forensic Architecture, and artist Adam Broomberg, have also seen their work stifled in Germany in recent months.

    On Friday, January 26, the United Nations’s International Court of Justice (ICJ) fell short of ordering an immediate ceasefire in Gaza, where Israeli forces have killed over 26,600 Palestinians since the October 7 Hamas attack in which 846 Israeli civilians were killed. The ICJ’s ruling on the case — brought by South Africa — demanded that Israel “take all reasonable measures within their power to prevent genocide” but avoided naming Israel’s ongoing bombardments of Gaza a “genocide.”

  • L’autre menace pour Gaza : sols et air pollués, eau contaminée
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/01/sols-pollues-armes-au-phosphore-eau-contaminee-a-gaza-la-crise-sanitaire-pou

    L’autre menace pour Gaza : sols et air pollués, eau contaminée
    Si les attaques israéliennes ont déjà provoqué plus de 25 000 morts dans la bande de Gaza, leurs conséquences sur l’environnement des habitants les exposent à des risques tout aussi fatals.
    [...]

    Les bombardements israéliens sur Gaza, menés en représailles de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, tuent des centaines de Palestiniens chaque jour. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 25 000 personnes ont été tuées par les offensives successives d’Israël depuis quatre mois, et 85 % des 2,1 millions d’habitants de l’enclave palestinienne ont été déplacés. Mais ces attaques pourraient avoir d’autres conséquences fatales pour les Gazaouis.

    « Les opérations militaires israéliennes à Gaza ont des conséquences désastreuses, notamment à cause d’une pollution carbone énorme, que ce soit dans l’air, l’eau, les sols, exposant les Palestiniens à un large panel de substances toxiques », explique au Monde le Canadien David R. Boyd, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains et l’environnement. En octobre 2023, l’organisation Human Rights Watch avait révélé que du phosphore blanc, une substance toxique inflammable à l’apparence jaunâtre, pouvant brûler jusqu’à une température de 800 °C, avait été utilisé par Israël à Gaza et dans le sud du Liban.

    L’ONG a analysé des séries d’images, concluant à l’emploi de « projectiles d’artillerie au phosphore blanc de 155 mm ». Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne rentrant directement en contact avec du phosphore blanc risque des nausées, des vomissements et des diarrhées, des douleurs abdominales sévères, des sensations de brûlure. « La mort peut advenir sous vingt-quatre à quarante-huit heures à cause d’un collapsus cardiovasculaire », complète l’agence fédérale américaine de santé publique. L’utilisation de cette substance par Israël sur Gaza est « une grave violation du droit international », ajoute M. Boyd.

    En 2009, Israël avait admis avoir « utilisé des munitions contenant du phosphore blanc » pendant son offensive militaire contre Gaza, entre décembre 2008 et janvier 2009, précisant qu’elles « ne visaient pas directement les zones civiles ».

    Destruction de terrains agricoles
    Plus de 25 000 tonnes de bombes auraient été larguées sur la bande de Gaza entre le 7 octobre et le début du mois de novembre 2023, estime l’ONG Euromed Droits, qui accuse l’armée israélienne d’avoir utilisé des « armes à sous-munitions ». Selon le service de lutte contre les mines des Nations unies, ce sont des « munitions classiques conçues pour disperser ou libérer des sous-munitions explosives dont chacune pèse moins de 20 kilos ». L’usage de ce type d’artillerie a été déclaré illégal, car particulièrement meurtrier, par 119 Etats signataires de la convention d’Oslo de 2008, dont l’Etat hébreu n’est pas partie prenante. De plus, selon la Croix-Rouge internationale, « un grand nombre de ces sous-munitions n’éclatent pas comme prévu, leur présence rend l’agriculture dangereuse et entrave les reconstructions ». Israël a déjà utilisé ce type d’armes, notamment au Liban en 2006.

    La dégradation, voire la destruction, des terres représente un autre enjeu. « Des images satellites montrent que des terres agricoles sont détruites de manière délibérée », affirme Omar Shakir, directeur Israël-Palestine de Human Rights Watch. Il fait notamment référence à la zone de Beit Hanoun, dans le Nord, tapissée par les bombes pour, selon l’armée israélienne, atteindre des tunnels et des cibles du Hamas et où des bulldozers frayent de nouvelles routes aux véhicules militaires. « Nous avons pu constater qu’approximativement 30 % des terres agricoles ont été endommagées », explique He Yin, chercheur en géographie à l’université d’Etat de Kent (Ohio), qui a contribué à concevoir des cartes satellites permettant d’observer les destructions de terres à Gaza.

    Créé par deux universitaires américains, Jamon Van Den Hoek (université de l’Oregon) et Corey Scher (université de New York), pour visualiser, grâce à des images satellites, les dégâts provoqués par le conflit, l’outil Conflict Damage révèle que, au 17 janvier, « 49,7 % à 61,5 % des bâtiments de Gaza ont probablement été endommagés ou détruits ». Or, lorsque les édifices, infrastructures ou résidences explosent, d’énormes quantités de poussières et de débris sont rejetées dans l’environnement. En 2021, un rapport de la Banque mondiale portant sur la campagne militaire israélienne cette année-là à Gaza estimait que « 30 000 tonnes de déchets dangereux, y compris amiante, pesticides, engrais, (…) tuyaux en amiante-ciment » avaient contaminé le territoire.

    Un scénario aujourd’hui décuplé par l’ampleur de l’offensive israélienne. « Nous souffrons d’un air pollué à cause des bombes. De plus en plus de gens tombent malades », témoigne par message Adam, un jeune homme originaire de Jabaliya, dans le nord de la bande, et actuellement réfugié à Rafah, dans le Sud.

    Accès à l’eau potable préoccupant
    Auteur d’un rapport pour l’ONG néerlandaise Pax for Peace portant sur les risques environnementaux et sanitaires de la guerre à Gaza, l’expert en désarmement Wim Zwijnenburg explique que les substances contenues dans ce type de débris ont été analysées dans des conflits précédents, comme en Syrie, ou lors de catastrophes naturelles, comme le séisme de février 2023 dans le sud de la Turquie, et « peuvent provoquer de graves maladies ».

    A cet air difficilement respirable vient s’ajouter un accès à l’eau potable devenu extrêmement rare. Cette difficulté n’est pas nouvelle. Dès 2012, un rapport des Nations unies estimait que 90 % du volume disponible était impropre à la consommation. Dix jours après le début de l’offensive israélienne d’octobre 2023, les capacités de pompage des nappes phréatiques étaient tombées à 5 % par rapport à leur niveau habituel, selon l’Unicef.

    D’après le Wall Street Journal, Israël aurait commencé début décembre à inonder des tunnels de Gaza d’eau de mer afin d’en déloger le Hamas. L’armée israélienne a confirmé mardi 30 janvier avoir procédé à l’inondation de certains tunnels. « Des rapports, non corroborés, affirment que des hydrocarbures et autres substances sont présentes dans ces tunnels. Si c’est le cas, elles pourront donc affecter le sol et s’infiltrer dans l’aquifère », souligne Wim Zwijnenburg.

    L’OCHA ajoute qu’une vingtaine d’infrastructures liées à l’eau, à l’assainissement ou à l’hygiène auraient été détruites par des attaques. « Les gens passent la plus grande partie de leur journée à essayer de trouver de l’eau pour boire », affirme Omar Shakir, de Human Rights Watch.

    Zones inhabitables
    Les eaux usées se déversent dans les lieux de vie. Le 4 janvier, une vidéo diffusée sur WhatsApp et consultée par Le Monde montrait un journaliste palestinien se filmant en train d’avancer au milieu d’une inondation d’eaux usées dans l’école servant de camp de réfugiés à Jabaliya. Ces déchets liquides peuvent également être déversés dans la mer, constituant un danger pour la santé humaine et la biodiversité. Un rapport du Programme pour l’environnement de l’ONU en 2020 affirmait avoir « trouvé des preuves substantielles de changements environnementaux et d’une dégradation du territoire palestinien ». Sur les soixante-cinq stations d’épuration d’eau que compte Gaza, la plupart seraient actuellement hors service, selon l’ONG Oxfam.

    La présence de certaines bactéries dans l’eau accroît de plus la résistance aux antibiotiques. Une étude publiée dans The Lancet, le 25 novembre 2023, rappelle l’urgence de la situation. « Sans une action rapide, cette guerre menace de redéfinir l’épidémiologie de la résistance aux antimicrobiens à Gaza et au-delà », peut-on lire. Selon un rapport de l’ONU du 2 janvier 2024, on comptait à Gaza 179 000 cas d’infections respiratoires aiguës, 136 400 cas de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans, 55 400 cas de gale et de poux et 4 600 cas de jaunisse.

    « Nous verrons plus de gens mourir de maladies que nous n’en voyons tués par les bombardements si nous ne pouvons pas remettre en place un système de santé », alertait Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, à Genève, le 28 novembre 2023. Pour Wim Zwijnenburg, certaines parties de la bande de Gaza peuvent déjà être considérées comme inhabitables. « Les gens ne pourront pas retourner dans ces endroits. Il n’y a rien pour espérer rebâtir une société humaine », conclut-il.

    #gaza #sols #eau #pollution #risques #maladies

  • A Gaza, des puces virtuelles pour briser le blocus des télécommunications
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/31/a-gaza-des-puces-virtuelles-pour-briser-le-blocus-des-telecommunications_621

    Au passage, cela contredit tout ce que l’on nous raconte sur l’indifférence de la fameuse « rue arabe » à la question palestinienne...

    Alors que le réseau de télécommunications palestinien était coupé pour la dixième fois en trois mois, ce Gazaoui a pu se connecter à WhatsApp grâce à une carte SIM dématérialisée fournie par Mirna El Helbawi. Avec dix autres bénévoles, cette écrivaine égyptienne de 31 ans a lancé une initiative baptisée « Connecting Gaza » pour fournir gratuitement aux habitants de la bande côtière des « eSIM », des puces virtuelles permettant de contourner le blocus des communications régulièrement imposé par l’Etat hébreu.

    « Les familles sont dispersées. On ne compte plus les gens qui restent sans nouvelles de leurs proches. Lors des black-out, c’est impossible d’appeler une ambulance et les secours ont de grandes difficultés à coordonner l’évacuation des blessés vers les hôpitaux. Ces coupures sont également une entrave au travail des journalistes sur le terrain, alors qu’ils ont un rôle essentiel de documentation des crimes de guerre commis par Israël », explique Mirna El Helbawi de son appartement qui surplombe les toits du Caire.

    Depuis trois mois, cette ancienne journaliste ne dort presque plus. Alors que, le 27 octobre 2023, Gaza était coupée du monde pour préparer le terrain à l’offensive terrestre de l’armée israélienne, la jeune femme place ses espoirs dans le milliardaire Elon Musk, fondateur de SpaceX, qui s’engage à reconnecter l’enclave palestinienne grâce à son satellite Starlink. Mais la promesse reste lettre morte.

    « Sans réseau, nous n’avons plus de voix »

    « C’était terrifiant. On suivait la situation heure par heure, et puis, d’un coup, plus rien. Un silence vertigineux », livre-t-elle. L’une de ses followers sur Instagram lui souffle alors l’idée d’essayer d’utiliser ces cartes à puce virtuelles, disponibles sur plusieurs sites Internet pour une trentaine de dollars. Pour les mettre en service, les utilisateurs doivent scanner avec leur téléphone portable le QR code envoyé par le donateur. Il leur suffit ensuite d’activer le mode itinérance sur un réseau étranger afin de pouvoir se connecter aux antennes relais israéliennes et égyptiennes qui jouxtent le territoire palestinien, langue de terre de 12 kilomètres de large et de 41 kilomètres de long.

    « J’ai alors contacté deux journalistes à Gaza qui avaient réussi à capter un peu de réseau sur des cartes israéliennes. Je leur ai envoyé deux puces. Et ça a marché ! », s’étonne-t-elle encore aujourd’hui. L’un d’eux se nomme Ahmed El-Madhoun.

    Originaire de la ville de Gaza, il est le premier à réussir à se connecter à une « eSIM » en plein black-out. « Sans réseau, nous n’avons plus de voix. Tu te sens tout seul, isolé du monde. Tu te dis que ce qu’ils veulent, c’est que tu crèves en silence », relate le journaliste free-lance de 27 ans, dans un message envoyé au Monde.

    « Les eSIM sont désormais notre seul moyen de se connecter avec le monde extérieur. Mais on se met en danger pour les utiliser », poursuit le journaliste, qui a été visé par des tirs israéliens alors qu’il tentait de capter un signal sur le toit de l’hôpital Al-Nasser à Khan Younès. « Il faut souvent se rapprocher des frontières, se déplacer vers des zones ouvertes, comme les plages, ou grimper sur les toits des immeubles pour récupérer quelques barres de réseau, au risque de devenir des cibles », détaille-t-il.

    « Routeurs humains »

    Dans la foulée de ce premier succès, Mirna a lancé une campagne sur son propre compte Instagram pour récolter des milliers de cartes numériques, achetées par des donateurs à travers le monde, des Etats-Unis au Pakistan, en passant par la France. La jeune femme a vite été dépassée par le nombre de donations, recevant plus de 3 000 QR codes lors des trois premiers jours. « On a donné la priorité aux journalistes et aux secouristes. Puis ensuite, aux familles sans nouvelles de leurs proches, et à tous ceux qui en avaient besoin », poursuit-elle alors que son téléphone ne cesse de vibrer.

    Au total, plus de 150 000 puces virtuelles ont été envoyées dans la bande de Gaza, touchant probablement plus du double de personnes. « Les puces sont souvent utilisées en hotspot [“réseaux partagés”] pour permettre à d’autres de se connecter. C’est une arborescence. Nous avons identifié quelques personnes à qui on envoie chaque jour une eSIM. Ils se chargent ensuite de connecter un maximum de gens. On les surnomme les “routeurs humains”. Mais il arrive régulièrement qu’on perde le contact avec l’un d’eux, avant d’apprendre qu’il a été tué sous les bombes. Ce silence brise le cœur », souffle Mirna El Helbawi, les yeux humides.

    A Gaza, l’accès au réseau de téléphonie mobile est devenu une question de vie ou de mort. « Avoir des informations sur les bombardements, le déroulé de la guerre, appeler les secours ou contacter ses proches, c’est vital en temps de guerre. La communauté internationale doit agir », clame Marwa Fatafta, responsable de plaidoyer au Moyen-Orient pour l’ONG Access Now, qui défend les droits humains en ligne, condamnant la dernière coupure des télécommunications qui a duré plus d’une semaine.

    Si, depuis le 19 janvier, les connexions ont été partiellement rétablies, cela n’implique pas que les habitants aient facilement accès à Internet. Alors que plus de 1,3 million de Gazaouis sont entassés dans le sud de l’enclave, le réseau est saturé, et les infrastructures déjà endommagées ne suffisent pas. « Il faut des heures pour envoyer un message, et les équipes de maintenance qui osent aller réparer les installations s’engagent dans des missions suicide », poursuit Marwa Fatafta.

    Le piège des hackeurs israéliens

    Le 13 janvier, Paltel, le principal fournisseur télécoms de l’enclave, annonçait que deux de ses employés avaient été tués par une frappe israélienne alors qu’ils tentaient de réparer des lignes de communication à Khan Younès. « Pouvoir communiquer, accéder à Internet, devrait être un droit élémentaire », tranche Mirna El Helbawi. La jeune femme ne compte plus les menaces de mort. Son initiative dérange. Une fois, des hackeurs israéliens se sont fait passer pour des membres de son équipe, demandant aux bénéficiaires leur localisation exacte. « Pour pouvoir les cibler », pense-t-elle.

    L’écrivaine n’était pourtant pas une militante chevronnée de la cause palestinienne. « Comme pour tous les Egyptiens, leur lutte a infusé en nous depuis qu’on est petits », dit-elle. Sans jamais avoir posé un pied à Gaza, elle en connaît désormais la géographie par cœur. A distance, elle vit au rythme de la guerre. Ce qui la fait tenir, c’est la conviction que, « dans ce conflit, les médias et les réseaux sociaux jouent un rôle crucial. Israël tente de gagner la guerre de communication en réduisant Gaza au silence. Pour eux, pas d’image veut dire pas de crimes », affirme-telle. « Les eSIM ont permis à Gaza de ne pas être rayée de la carte du monde », approuve Ahmed El-Madhoun, qui, après avoir couvert la situation critique de l’hôpital Al-Nasser, s’est replié dans une tente, au sein de l’un des immenses camps de déplacés de Rafah.

    « Connecting Gaza » a déjà amorcé sa mue, devenant « Connecting Humanity ». Mirna El Helbawi espère pouvoir reproduire ce modèle d’activisme à distance dans d’autres conflits où les communications sont rendues impossibles par les belligérants. Avec son équipe, elle a tenté de faire fonctionner des eSIM au Soudan voisin, où de nombreuses personnes déplacées n’ont pas d’accès à Internet. Sans succès pour le moment.

  • « La Constitution n’est pas un catalogue de droit sociaux et sociétaux »…
    https://actu.dalloz-etudiant.fr/le-billet/article/la-constitution-nest-pas-un-catalogue-de-droit-sociaux-et-societaux/h/5610ce164f98ca8d802e55e42ad53fc6.html
    par Frédéric Rolin

    « La Constitution n’est pas un catalogue de droit sociaux et sociétaux »…
    Telle est la principale justification donnée par le président du Sénat, Gérard Larcher, pour justifier son opposition à l’inscription dans notre loi fondamentale de la protection de l’interruption volontaire de grossesse. Décidément, notre boussole constitutionnelle est bien mal en point…
    [...]
    Qu’est-ce qu’une Constitution ? Chers lecteurs de première année arrivés au terme du 1er semestre, et lecteurs non moins chers inscrits dans des années supérieures, on vous l’a appris : c’est à la fois le texte organisant le fonctionnement des pouvoirs publics, mais c’est aussi le socle de notre système de droits et libertés. Donc oui, la Constitution est bien un « catalogue » de droits. Et si l’on n’aime pas ces « catalogues », alors il faut jeter à la corbeille la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, puisqu’il n’y a pas plus catalogue que ce texte.

    Mais, le venin de la formule n’est pas principalement dans le mot « catalogue » mais dans les deux adjectifs qualificatifs qui suivent « sociaux et sociétaux ». La Constitution ne serait pas un « catalogue de droit sociaux » ? Tiens donc. Mais alors qu’est-ce que le préambule de la Constitution de 1946 qui fait, je ne vous l’apprends pas, partie de notre bloc de constitutionnalité, sinon un catalogue de cette nature : le droit à l’emploi, à l’action syndicale, à la grève, la protection de la santé, de la famille, de l’accès à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture, et même ce célèbre droit « au repos et aux loisirs » qui émoustille tant les étudiants qu’ils cherchent à l’invoquer contre les trop lourds programmes de révision ou les travaux dirigés du samedi.

    Donc, oui la Constitution est bien un catalogue de droit sociaux. Et dire le contraire c’est tout simplement nier l’apport à notre système de droits et libertés du préambule de 1946. Et on voit bien le petit « droits sociétaux » jeté à la fin de la formule comme le coup de pied de l’âne. « Sociétaux » cela connote notamment des enjeux plus récents, plus clivants, qui touchent à la sphère privée : le mariage pour tous, les questions de genre etc. Cet amalgame du « social » et du « sociétal » traduit donc une logique de minoration des droits sociaux.

    Bien plus encore, contester l’inscription d’un nouveau droit, au motif que la Constitution ne serait pas un « catalogue », c’est plus fondamentalement nier que la Constitution est une norme évolutive, qu’elle a vocation à accueillir en son sein des garanties nouvelles à mesure de l’évolution de la société et des enjeux qui la traversent. « Constitutionnaliser » un droit ou une liberté est justement une opération de capitalisation de ces évolutions. C’est le sens même de ces fameux « principes fondamentaux reconnus par les lois de la République », qui conduisent à déduire de la continuité législative, la valeur constitutionnelle d’un droit ou d’une liberté justement parce que cette continuité marque un accord fondamental et permanent de la société. Cela, d’ailleurs remet en cause une autre des justifications données par le président du Sénat : inscrire l’IVG dans la Constitution ne serait pas utile « parce qu’elle n’est pas menacée ». Mais c’est justement parce qu’elle n’est pas menacée, parce que depuis désormais pratiquement 50 ans elle a été avec constance protégée et garantie dans notre droit législatif que son accès au statut constitutionnel est pleinement justifié.

    Et je ne résiste pas à terminer par le plus savoureux de l’affaire : ce n’est même pas un « droit » à l’interruption volontaire de grossesse qu’il est envisagé d’inscrire dans la Constitution parce que, sous la pression du Sénat, déjà, le texte a été édulcoré pour faire du « droit » une « liberté »…

  • Exclusive: bank locks customer’s account after donation to UNRWA – SKWAWKBOX
    https://skwawkbox.org/2024/01/28/exclusive-bank-locks-customers-account-after-donation-to-unrwa

    A UK bank locked its customer’s account – and subjected her to a security grilling – minutes after she made a donation to UNRWA, the United Nations Relief and Works Agency that provides a lifeline to suffering Palestinians in Gaza.

    The Sunak and Biden governments have stopped providing funds to the vital agency after Israel made what appear to be unevidenced claims that some of its employees took part in the 7 October raid. Israel’s record of lies about events in Gaza – and its now-clear slaughter of many, perhaps most, of the Israeli victims on the day of the raid – means that any allegations should be treated with extreme suspicion unless thoroughly proven. Israel has also murdered dozens of UN employees as well as well over a hundred journalists.

    The woman, who has asked not to be named, said:

    I’ve been with my bank for at least twenty years. Today, two minutes after donating a fiver to UNRWA, I received a security call and they had blocked my card.

    Skwawkbox understands that the account was later unblocked, but if this incident is not a one-off, UK banks may be helping the government enforce its decision to cut off UNRWA and the desperate Palestinians who depend on it – a move that many analysts believe is a measure to accelerate the slaughter in Gaza before Israel has to report back to the International Court of Justice on its compliance, or gaping lack of compliance, with the court’s orders to stop and prevent genocide of the Palestinians.

    Update – this appears not to be an isolated incident:

  • Data centers : leur consommation d’eau va exploser
    https://reporterre.net/Data-centers-leur-consommation-d-eau-va-exploser

    L’équation est pourtant assez simple. Les data centers, toujours plus nombreux et plus grands, concentrent des machines qui produisent de la chaleur et qu’il faut refroidir. Différentes techniques existent et se font concurrence. La climatisation classique, mais aussi l’utilisation de circuits d’eau — ouverts, avec rejet d’eaux usées, ou fermés — pour refroidir l’air à l’intérieur des installations, ou bien des systèmes dits « adiabatiques » par pulvérisation d’eau.

    « Ce qui est assez paradoxal, c’est qu’au moment où l’on met en place des indicateurs pour mesurer l’efficacité énergétique des data centers, comme le PUE [Power Usage Effectivness, rapport entre l’énergie totale consommée par un centre de données et l’énergie consommée par ses seuls équipements informatiques] une solution pour avoir un bon PUE et se présenter comme plus “vert”, c’est d’utiliser plus d’eau et moins d’électricité », explique Clément Marquet, coordinateur du groupe de travail Politiques environnementales du numérique au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

    « On est conscients que la consommation d’eau est un sujet énorme, dit l’urbaniste Cécile Diguet, coautrice d’une étude sur le développement des data centers en Île-de-France et de l’ouvrage Sous le feu numérique (avec Fanny Lopez). On sait que les opérateurs de data centers font des forages dans les nappes, plus ou moins déclarés. On voit que, en Île-de-France, il y a des nappes de plus en plus fragilisées, notamment dans l’Essonne. Mais personne n’a encore creusé la question à ma connaissance. »

    Si cette problématique vient s’ajouter à celle de l’artificialisation des sols et de la consommation vertigineuse d’énergie des data centers, elle pourrait devenir une préoccupation majeure avec le déploiement de l’intelligence artificielle. « C’est le gros sujet derrière tout ça, affirme le sociologue Clément Marquet. Avec l’IA, on utilise des ordinateurs qui consomment 5 à 10 fois plus d’électricité et cette électricité est dissipée en chaleur par les ordinateurs. Pour l’heure, on ne connaît pas de solution aussi bon marché que l’eau. » Déjà aujourd’hui, les conflits d’usage autour des data centers se multiplient aux États-Unis, en Uruguay, aux Pays-Bas, en Irlande ou bien encore Espagne, avec le mouvement « Tu nube seca mi rio » (« Ton nuage assèche ma rivière »).

    Si les industriels s’en remettent à leur credo technosolutionniste, à savoir améliorer l’efficacité de leurs systèmes de refroidissement, le seul horizon soutenable reste celui de la frugalité, selon le chercheur en sciences de l’information Olivier Ertzscheid.

    Il établit un parallèle entre fermes de l’agriculture intensive et fermes de serveurs, deux modèles qui partagent selon lui un même ADN extractiviste : « L’affrontement central dans les conflits d’usage à venir [autour de l’accès à l’eau] se fera autour de deux lignes de front : d’un côté le lobby technologique, ses data centers et ses fermes de serveurs, et de l’autre le lobby de l’agriculture industrielle [...]. Le point de convergence des deux modèles est qu’ils concourent à un appauvrissement et à un épuisement des sols autant qu’au stress hydrique des populations avoisinantes. Et que, pour l’essentiel, ils s’en moquent. »

    #Data_centers #Ecologie #Numérique #Eau

  • Colère des #agriculteurs : « Ce qui était cohérent et cohésif est devenu explosif »
    https://theconversation.com/colere-des-agriculteurs-ce-qui-etait-coherent-et-cohesif-est-devenu

    Médiatiquement, il est souvent question des agriculteurs, comme si ces derniers représentaient un groupe social unifié. Est-ce le cas ? 

    D’un point de vue administratif, institutionnel, du point de vue de la description économique d’une tâche productive, « les agriculteurs », entendus comme les exploitants agricoles, ça existe. Mais d’un point de vue sociologique, non, ce n’est pas un groupe. Les viticulteurs de régions canoniques du vin, ou les grands céréaliers des régions les plus productives, n’ont pas grand-chose à voir avec les petits éleveurs, les maraîchers ou ceux qui pratiquent une agriculture alternative.

    Le sociologue aura dont plutôt tendance à rattacher certains d’entre eux aux catégories supérieures, proches des artisans, commerçants, chefs d’entreprises voire des cadres, et d’autres aux catégories supérieures des classes populaires. La plupart des agriculteurs sont proches des pôles économiques, mais une partie, sont aussi fortement dotés en capitaux culturels. Et, encore une fois, même dans les classes populaires, les agriculteurs y seront à part. C’est une classe populaire à patrimoine, ce qui les distingue de manière très décisive des ouvriers ou des petits employés.

    • Dans l’histoire de la sociologie, les agriculteurs ont d’ailleurs toujours été perçus comme inclassables. Ils sont autant du côté du #capital que du travail. Car ils sont propriétaires de leur propre moyen de production, mais en revanche ils n’exploitent souvent personne d’autre qu’eux-mêmes et leur famille, pour une grande partie. Autre dualité dans leur positionnement : ils sont à la fois du côté du travail en col blanc avec un ensemble de tâches administratives de planification, de gestion, de projection d’entreprise sur le futur, de captation de marchés, mais ils sont aussi du côté du col bleu, du travail manuel, de ses compétences techniciennes.

      Comment expliquer alors qu’en France, ce groupe soit encore si souvent présenté comme unifié ?

      Cette illusion d’unité est une construction à la fois de l’#État et de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) pour un bénéfice mutuel historique : celle d’une co-gestion. Globalement, l’État s’adresse aux agriculteurs via ce syndicat dominant, pour tâcher de bâtir une politique publique agricole cohérente. Même si la co-gestion a été dépassée pour être plus complexe, cette idée que l’agriculture était une histoire entre l’État et les agriculteurs perdure comme on le voit dans les syndicats invités à Matignon, uniquement la FNSEA au début de la crise. La FNSEA a tenté historiquement de rassembler les agriculteurs pour être l’interlocuteur légitime. Mais cet état des lieux est aussi le fruit de l’action historique de l’État, qui a forgé une batterie d’institutions agricoles depuis la IIIème République avec le Crédit Agricole, une mutuelle sociale agricole spécifique, des chambres d’agriculture… Jusque dans les statistiques, les agriculteurs sont toujours un groupe uni, à part, ce qui est une aberration pour les sociologues.

      [...]
      Ceux qui manifestent pour avoir du gazole moins cher et des pesticides savent qu’ils ont perdu la bataille, et qu’ils ne gagneront qu’un sursis de quelques années, car leur modèle n’est tout simplement plus viable. Ils sont aussi en colère contre les syndicats qui étaient censés penser pour eux la transformation nécessaire. La FNSEA ne maîtrise pas vraiment le mouvement.

      Gilles Laferté :
      https://www.cairn.info/publications-de-Gilles-Laferté--8803.htm
      #agriculteurs #patrimoine #dette #travail_immatériel #travail_manuel #travail #FNSEA #productivisme #agroécologie #suicide

    • Colère des agriculteurs : « Ces changements qui travaillent les campagnes à bas bruit »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/29/colere-des-agriculteurs-ces-changements-qui-travaillent-les-campagnes-a-bas-

      Dans l’imaginaire des Français, et chez de nombreux exploitants agricoles eux-mêmes, il est difficile de penser l’avenir en dehors d’un modèle familial, qui ne concerne pourtant plus que 37 % des fermes, analyse dans sa chronique Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».

      A la faveur des lois d’orientation de 1960-1962, la figure immémoriale du paysan gardien de la nature a cédé la place à celle de l’agriculteur. (...) Quel métier a subi un tel « plan social » durant cette révolution ? On comptait 1,6 million d’exploitations en 1970, elles ne sont plus que 380 000. (...)
      [Ils] ont perdu le monopole de l’espace rural, de plus en plus disputé par les urbains et les néoruraux.

      https://justpaste.it/ac2ok

      #modèle_agricole (feu le) #écologie #green_new_deal

    • Car ils sont propriétaires de leur propre moyen de production, mais en revanche ils n’exploitent souvent personne d’autre qu’eux-mêmes et leur famille, pour une grande partie.

      « grande partie » c’est un peu vague : en 2021 43% de l’agriculture c’étaient PAS les agriculteurs « chef-exploitant ». Et ça ne fait qu’augmenter chaque année donc en 2023 après covid sûrement encore plus.

      https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Dos2303/Dossiers2023-3_EmploiAgricole2021.pdf

      Les chefs et coexploitants assurent en 2021 la plus grande part du travail agricole, avec 57 % des ETP

      Ça fait quand même un sacré paquet de vrais patrons, qui n’exploitent pas qu’eux-mêmes.

  • L’inquiétante progression d’Israël dans le classement des pays par nombre de journalistes emprisonnés
    https://theconversation.com/linquietante-progression-disrael-dans-le-classement-des-pays-par-no

    Israël est désormais l’un des pays du monde qui comptent le plus grand nombre de journalistes emprisonnés, selon une étude récemment publiée par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York.

    Chaque année, cette organisation publie un rapport faisant état du nombre de journalistes se trouvant derrière les barreaux. Au 1er décembre 2023, ce nombre s’élevait à 320, soit le deuxième le plus élevé depuis que ce classement a été créé en 1992. D’un certain point de vue, la dynamique est encourageante : le record en la matière – 367 – avait été enregistré en 2022.

    Il n’en demeure pas moins que le fait qu’autant de représentants du secteur des médias soient en prison est profondément préoccupant. Leur emprisonnement porte atteinte à la liberté de la presse et, souvent, aux droits humains.

    #démocratie_ou_pas

  • Ce que ça coûte de s’exprimer sur Israël-Palestine | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/thomasvescovi/blog/280124/ce-que-ca-coute-de-s-exprimer-sur-israel-palestine


    Thomas Vescovi

    Personne ne devrait avoir à craindre de prendre la parole dans le champ médiatique, y compris pour exprimer des critiques à l’encontre de la politique israélienne. Pourtant chercheurs, journalistes ou responsables politiques préfèrent souvent ignorer le sujet, ou nuancer leur propos, plutôt que d’être la cible de la fachosphère et de ses relais institutionnels.

    #libertés_académiques menacées

  • Première version d’un texte débutant par une critique de Lordon. Commentaires bienvenus !

    Vers un socle de subsistance

    Sous le nom de « salaire à vie » ou bien de « revenu de base », des propositions politiques entendent libérer l’individu de la servitude au marché de l’emploi. Les justifications à ces propositions sont diverses mais il nous semble qu’elles conduisent toutes à des bizarreries.

    Prenons comme exemple la proposition de « garantie économique générale » de Lordon, dans l’article « La transition dans la transition » paru en 2020 (1).

    Lordon défend sous ce terme les mêmes propositions que Bernard Friot sous l’expression de « salaire à vie ».
    Passons, dans un premier temps, sur le fait que Lordon défend l’argent et le marché comme ne devant pas être abolis, au motif qu’ils seraient les seuls moyens d’organiser le minimum de division du travail encore nécessaire dans une société communiste.

    Le salaire à vie, nous dit l’auteur, « délivre de toute obligation d’aller s’insérer dans la division du travail sous l’impératif reproductif de l’emploi ». Dès lors, « la question se pose notamment de savoir comment pourvoir les places à faire tenir dont personne ne voudra ».
    Les problèmes de pénuries et de désorganisations matérielles étant les pires ennemis de la révolution, « il faudra envisager une période transitoire (...) qui « gèlera » temporairement les assignations présentes à ces segments « indispensables » de la division du travail ». Dès lors comment différencier la période de transition de la marche normale du capitalisme ?

    Cette « assignation obligatoire » et transitoire à ne pas pouvoir quitter son emploi, est faite « au nom des nécessités de la division du travail, c’est-à-dire des intérêts de tous : il doit alors y avoir une contrepartie spéciale ». A savoir, nous dit Lordon, un salaire plus élevé.

    Mais qu’est-ce que cette « garantie économique générale », qui oblige -en période de transition- certains individus à tenir certains postes, en lieu et place de « la double tyrannie de la valeur d’échange et de l’emploi capitaliste » dans un monde où il y a toujours des salaires, et donc toujours des marchandises à acheter ? Certains devront absolument garder leur emploi pour que d’autres puissent refuser le leur sans crainte (la fameuse garantie), pour que ce soit le cas pour tout le monde, mais plus tard (la fameuse transition). On n’y comprend pas grand chose, si ce n’est que cette « garantie économique générale » est avant tout du pur verbiage. Prévoir et légitimer, comme le fait Lordon, l’obligation « transitoire » des gens à travailler pour une garantie générale en dit long sur le potentiel politique d’une telle proposition.

    Les incohérences qui en découlent devraient démontrer par l’absurde que les postulats de départ sont à reconsidérer.

    Un des ces postulats est à mon avis la nécessité d’imaginer une alternative générale au capitalisme, imposant d’élaborer une proposition située à un même niveau d’abstraction. D’où les problématiques de division de travail, par exemple, comme si les révolutionnaires devaient obligatoirement prendre en charge l’intégralité de la production capitaliste. La proposition de restreindre la question à la « subsistance » est une tentative pour gagner en concrétude et ne pas prendre le problème par n’importe quel bout. La question alimentaire et agricole est en la matière centrale. Nous y reviendront plus loin.

    J’aurais plutôt envie de questionner la notion même de « garantie ». Sous prétexte que le capitalisme précarise les gens en les soumettant au règne de la valeur marchande, le communisme a-t-il pour but de délivrer l’individu de l’inquiétude de la subsistance et de lui garantir « la plus grande tranquillité matérielle sur toute la vie », comme le dit Lordon (2) ? On le voit, dans le raisonnement absurde de Lordon à propos de la « transition », cette garantie est difficile à concevoir sans de puissants mécanismes de coercition, sinon d’obligation sociale. Il est en effet difficile de vouloir ne pas s’occuper des choses importantes de la vie, sans que d’autres s’en occupent par ailleurs. Et comme il y a des chances que cela ne se fasse pas de façon spontanée, Lordon n’hésite pas à substituer au marché capitaliste de l’emploi des propositions de « transition » aussi bizarres que rédhibitoires pour boucler logiquement un système politique bancal à la base.

    En fait, le communisme ne ressemble certainement pas à une vie de retraité généralisée à tous, comme le laisse entendre Friot, mais plutôt à une vie sociale où les moyens de subsistance essentiels ne sont jamais très loin de tout un chacun. Aussi bien en tant que consommateur qu’en tant que producteur. Si garantie il y a, elle relève bien plus de l’existence de cette « proximité » matérielle et sociale d’un tel socle de subsistance, que de l’abstraction d’un salaire à vie, gros d’une logique d’irresponsabilité à tous les niveaux. Irresponsabilité du consommateur qui en veut pour son argent, irresponsabilité du producteur qui -sans la contrainte capitaliste- a intérêt à en faire le moins possible, irresponsabilité du planificateur qui dispose d’un accès privilégié aux ressources en cas de pénurie.

    En la matière, la façon de produire sa nourriture de façon non-marchande est une source d’inspiration essentielle. Dès lors que des personnes participent sans coercition, dès à présent, au fait de se nourrir et de nourrir les autres, on visualise beaucoup mieux de quoi sera faite une « garantie non-économique générale », qui se passerait du marché de l’emploi capitaliste. L’abolition complète de l’argent et du marché n’est sans doute pas un préalable à cela, mais plutôt une conséquence logique d’une organisation se concentrant sur l’accès à tous aux biens essentiels. Refuser l’économie capitaliste n’impose peut-être pas, en effet, d’abolir l’argent et le marché. Par contre, dès lors que le société s’organise autour de l’accès de tous à la subsistance et à la sa production, nous ne sommes plus dans le cadre d’une société marchande faite de producteurs séparés, et que seule la monnaie ou un autre équivalent général permet de relier. Précisément, comme l’a montré André Orléan, pour des producteurs isolés, l’accès à la monnaie est une question existentielle (3). La valeur abstraite est ce qui caractérise les relations marchandes, comme ce qui motive au plus profond les sujets économiques parce qu’il y va de leur existence même.

    Dès lors, soit on accepte la société marchande dans son principe, et il faut donc accepter que la précarité de l’existence passe par l’accès à la monnaie. Soit on refuse cette forme de précarité comme fondement sociétal, mais alors on ne peut pas rester en société marchande. Il faut inventer autre chose.

    Les propositions du salaire à vie ou de garantie économique générale sont présentées comme l’aboutissement d’une transition post-capitaliste. Au contraire, ne sont-elles pas essentiellement, de même que celles du revenu de base, des solutions précaires et transitoires, qui permettent à une partie de la population de s’extirper du marché de l’emploi, afin de transiter vers des formes de société non-marchandes ?

    Par delà l’actualité contemporaine, gros d’inquiétudes quant à la pérennité de la vie quand diverses limites planétaires physiques sont déjà dépassées, l’existence est précaire et l’a toujours été. En déléguant à un petit nombre d’acteurs la production des biens essentiels, disposant dans les étals de quantités de denrées injustement bon marché, une partie privilégiée du monde a peut-être être eu le sentiment que son existence était garantie. A l’inverse, faire pousser ses propres légumes, s’occuper concrètement de quoi l’on tire sa subsistance, que l’on soit amateur ou professionnel, en bio ou pas, c’est toujours se confronter à maints incertitudes d’un monde non-humain, qu’il s’agisse du climat, des maladies ou des ravageurs.

    Est-ce un privilège que de ne pas être relié à ce monde vivant-là, de ne pas y être un minimum immergé ? Pour la majeure partie de la population, pour qui l’accès à une alimentation saine en quantité suffisante est devenu impossible, cela pourrait bien apparaître comme la question essentielle. Notre objectif n’est plus d’obtenir de l’argent indépendamment d’un emploi, mais de mettre en place un accès inconditionnel à un socle de subsistance. En nature, et non en valeur monétaire. Et de plus, cet accès doit impérativement être couplé à un accès, tout aussi inconditionnel, à son mode de production (4).

    Dès lors, l’accès inconditionnel à un socle de subsistance et à sa production devient une revendication concrète et précise : il s’agit d’accéder aux terres agricoles autour des villes et au-delà, à des savoirs-faire, des moyens matériels, ce qui demande une autre organisation de l’espace compatible avec cet accès, soit une abolition de la distinction entre ville et campagne (5). C’est dans cette optique que le temps arraché au marché de l’emploi a un sens, et c’est dans les marges de l’emploi, et non au centre (6), que s’expérimentent les balbutiements d’un socle de subsistance. C’est d’ailleurs assez logique : comment espérer une validation marchande de pratiques non-marchandes, quand l’économie verrouille toutes les initiatives en vue de prendre soin du vivant ?

    C’est ce mouvement vers une réappropriation de la production alimentaire, par tout un chacun, qui nous paraît constituer un chemin désirable, cohérent, possible.

    Ce socle ne reposera pas uniquement sur une autarcie alimentaire locale (7). Celui-ci devant être articulé avec un fonds commun de réserves et de ressources de sécurité en cas d’urgence. C’est ce que l’on pourrait appeler une cotisation sociale en nature, pour une distribution de l’aide également en nature suivant les besoins. Les institutions existantes de sécurité sociale pourraient donc être une source d’inspiration, non pas pour en étendre le fonctionnement, mais pour le transformer sous une forme pertinente pour notre époque. Il est temps de réfléchir et débattre de la nature marchande, et pas seulement capitaliste, de notre société.

    (1) https://blog.mondediplo.net/transition-dans-la-transition

    (2) https://blog.mondediplo.net/ouvertures

    (3) Monnaie, séparation marchande et rapport salarial, 2006
    http://www.parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot/publi/Monnaie0612.pdf

    (4) C’est par exemple l’objectif des non-marchés de l’association le Jardin de Kodu, inspiré de _Bolo’bolo écrit en 1983. https://kodu.ouvaton.org/?NonMarches http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/bolo.html

    (5) Pour approfondir cette question, on lira le passionnant article de Jasper Bernes, "Le ventre de la révolution : L’agriculture, l’énergie, et l’avenir du communisme – Jasper Bernes", 2020
    https://choublanceditions.noblogs.org/post/2022/01/13/le-ventre-de-la-revolution-lagriculture-lenergie-et-laven

    (6) Nous partageons ici pleinement les constats faits dans le livre Reprendre la terre aux machines de l’Atelier paysan (2021) de l’impasse de l’agriculture labellisée bio, en tant qu’alternative à l’intérieur de l’économie de marché, intrinsèquement incapable de nourrir toute la population et laissant s’installer une agriculture duale (une chimique pour la majeure partie de la population, une autre plus saine pour ceux qui un pouvoir d’achat suffisant). Pour des raisons économiques, la situation restera bloquée : il ne sera pas possible de sortir de l’agriculture industrielle et chimique dans ce monde marchand. Cependant, les auteurs n’imaginent pas d’autre porte de sortie qu’une captation de la valeur économique par les agriculteurs (au détriment des industries agro-alimentaire et de la distribution), par le biais d’une nouvelle sécurité sociale alimentaire, qui serait une nouvelle branche de la sécurité sociale, à financer par de nouvelles cotisations sociales (proposition directement inspirée de celle du salaire à vie de Friot et Lordon).

    (7) On sait que les flux, en matière alimentaire, sont actuellement totalement irrationnels quels qu’en soient les critères (ils sont rationnels d’un point de vue économique cependant, bien entendu, sans quoi ils n’existeraient pas). Même si chaque territoire a ses caractéristiques propre qui l’amène à s’orienter vers certaines cultures spécifiques, cela ne justifie aucunement le fait que, en France par exemple, n’importe quel territoire autour d’une ville donné alimente à 95 % celui des autres villes.

    #Lordon #Friot #post-capitalisme #post-monétaire #agriculture #subsistance #BoloBolo

  • (J’ai lu pour vous...)

    Une agriculture sans agriculteurs, François Purseigle et Bertrand Hervieu (2023)

    A la réflexion, le titre est un peu étrange, il pourrait laisser penser qu’il s’agit de dépeindre une évolution allant vers une agriculture entièrement robotisée. En fait ce n’est pas tellement le sujet. Le livre traite de l’évolution de l’organisation sociale du travail agricole, mais sans vraiment s’attarder sur les techniques vers plus de mécanisation - ce fait est sous-entendu, avec simplement une note de bas de page vers le livre Reprendre la terres aux machines de l’Atelier paysan (p. 112) comme étant le fait d’agriculteurs résistant à cette tendance.

    Le livre aurait pu avoir comme titre, « la fin prochaine de l’agriculture familiale » ou plutôt « la fin de l’agriculteur qui fait tout », puisqu’il s’agit essentiellement de montrer que notre vision de l’organisation du travail agricole présent est déjà erronée et en décalage avec la réalité.

    Il y a bien eu un modèle de l’organisation du travail agricole, sur lequel l’industrialisation de l’agriculture s’est appuyée après 1945 : la ferme à 2 UTH, l’agriculteur et sa conjointe, un agriculteur locataire ou propriétaire de ses terres, qui cultive lui-même ces terres, avec ses outils et machines et qui habite sur place, avec un statut de travailleur indépendant. Aujourd’hui en France ce modèle ne concerne 37% des exploitations agricoles et 40% de la production agricole.

    Je résume le 2ème chapitre intitulé « Des entreprises éclatées ».

    A la place on a ce qu’on peut appeler une agriculture de firme, et en fait une organisation qui ressemble à celle des autres secteurs de productions industrielles, c’est-à-dire recourant à de la sous-traitance, faisant appel à des services extérieurs pour déléguer le travail agricole, et avec des montages juridiques plus complexes, et recourant à du salariat.

    « La ferme, entité juridique unipersonnelle rassemblant capitaux et conduite de l’activité, fait place à un enchevêtrement de sociétés dont les membres, souvent encore issus d’une même parentèle mais d’horizons désormais différents, possèdent des parts dans des proportions variables et n’entretiennent avec l’activité de production que des liens d’intérêt exclusivement financier. La dissociation des sphères de gestion est si affirmée que le travail lui-même peut être délégué ou sous-traité. C’est ce que nous avons appelé le processus d’abstraction du travail agricole. »

    On assiste donc à une délégation du travail agricole, à différentes échelles, là où ce qu’on appelait « l’agriculteur » faisait tout lui-même.

    Le principal moteur de cette tendance à la délégation du travail agricole ? La dégradation du taux de renouvellement des générations, combinée à la concentration croissante des structures (p. 116).

    On peut même avoir des tâches agricoles entièrement déléguées, avec un « chef de culture », salarié d’une ETA (entreprise de travaux agricoles) ou d’une CUMA (coopérative d’utilisation du matériel agricole), gérant ce qu’on appelle le « chantier complet » ou de « A à Z ».
    Ou même encore une délégation intégrale des travaux agricoles comprenant, en plus de cela, la gestion économique et administrative de l’exploitation. Une CUMA dite intégrale peut ainsi mutualiser du matériel et de la main-d’oeuvre, mais aussi le foncier de plusieurs exploitants pour définir un assolement commun. Le chef de culture peut faire ses choix seul ou conjointement avec les exploitants. Le chef de culture (ou land manager) supervise les chantiers, en faisant lui-même appel à d’autres entreprises, le semis étant réalisée par l’une, les traitements phytosanitaires, l’irrigation et la moisson par d’autres. Là dedans, ce qu’on appelle des « agriculteurs » encore considérés juridiquement comme exploitants peuvent être mobilisés à la marge pour quelques opérations.

    Citation d’un exploitant et également gérant d’une ETA :

    "Il y a beaucoup d’agriculteurs aujourd’hui qui font faire les travaux de A à Z parce que vous, vous héritez d’une propriété de votre père, vous avez un métier à côté, vous n’avez pas la connaissance, vous ne voulez pas vous embêter à ça et vous n’avez pas envie de laisser le foncier, vous avez envie de gagner un peu d’argent (...). Vous allez voir une ETA qui vous fait tout de A à Z et qui va vous dire à 350 € l’hectare, je vous fais tout, du labour à la récolte. Ne vous embêtez pas. Vous choisissez quelqu’un avec qui vous avez confiance, qui fait le travail comme il faut en lui faisant un contrat, le type, il vous fait tout.

    Moi j’ai des gens, je leur fais la moisson depuis quelques années, ils arrivent à la retraite dans deux ans. Ils ont 130 hectares. ils ont deux fils, un qui est prof à Toulouse et l’autre, médecin à Montpellier. Tous les deux, c’est un patrimoine de famille, ils n’ont pas envie de laisser la terre et ils m’ont demandé de venir les voir l’autre jour, de discuter avec eux : « Je vous le prends en fermage, je vous travaille tout et je vous paye en fermage ? ». Tous les deux m’ont dit : « Non. On voudrait rester, mais on n’a pas envie de s’emmerder avec ça, on n’y connaît rien. On voudrait que tu nous fasses une prestation complète de A à Z, que tu nous fasses l’assolement, que tu nous fasses tout » Le fermage fait peur aujourd’hui. Eux ils veulent rester maîtres de leur terre."

    En 2016, 7% des exploitations sont ainsi intégralement déléguées, et particulièrement (jusqu’à 18%) dans les régions Midi-Pyrénées, Aquitaine, Poitou-Charentes, Centre, Bretagne, Basse-Normandie et Champagne-Ardenne.

    Le numérique participe de cette tertiarisation de la production agricole, au travers de plateformes d’intermédiation des échanges (il en existe entre 100 et 200 en France). Les prestataires s’inscrivent sur le site en indiquant leurs offres (outils, prix, disponibilités) tandis que les agriculteurs à la recherche d’un prestataire indiquent les caractéristiques du travail à réaliser. Il peut même y avoir des facilités de paiement en lissant les versements sur l’année.

    Les grandes entreprises agricoles en 2010 représentaient déjà 30% du produit agricole. Ses caractéristiques :
    – Un empilement de structures juridiques correspondant à des entités productives et à une multiplicité de sphères de prise de décision ayant chacune leurs finalités propres
    – Un niveau élevé d’investissement financier et technologique
    – Une mobilisation conséquente de ressources matérielles et immatérielles d’origine non agricole
    – Une distanciation de la relation famille/entreprise agricole, avec le recours à des capitaux externes, au salariat et à la délégation d’activités
    – Un développement de logiques financières et de gestion patrimoniale avec l’implication de nouveaux acteurs (société d’investissement, grande familles d’entrepreneurs, industriels, etc).
    – Une multi-localisation de l’activité, avec un degré souvent faible de relation au territoire
    Tout cela renvoie à une rationalisation de la production et du travail, ordonnée à un objectif de production de masse à bon marché.

    Le 3è chapitre est plus centré sur les différentes organisations et institutions agricoles, la représentation encore importante mais déclinante des agriculteurs dans la société française, tous ces éléments restant basés sur l’ancien modèle de l’agriculture familiale, donc une représentation erronée. Le sous-titre du livre étant « la révolution indicible », les auteurs cherchent à faire reconnaître cette réalité actuelle aujourd’hui impensée. Il y a finalement une panne de projet collectif autour de l’agriculture :

    « Face à une réussite dans précédent mais désormais inopérante pour l’avenir, les agriculteurs se trouvent en panne de projet collectif, comme si le projet propre à la seconde moitié du XXè siècle était indépassable. Ils semblent prisonniers de leur réussite, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour un milieu qui a tant souhaité, par l’entrée dans la modernité, se libérer des carcans matériels et culturels hérités du passé ». (p. 191)

    Mon commentaire : Ce qui m’a intéressé dans ce livre était de comprendre comment l’agriculture évolue dès à présent, sous la contrainte des très nombreuses fermes qui ne sont pas reprises par d’autres jeunes, pour différentes raisons. Finalement, il s’opère un changement de l’organisation du travail agricole, avec des héritiers d’anciennes familles agricoles conservant la propriété des terres : les fermes ne sont pas tant « reprises », j’imagine, que séparés en différents éléments. La poursuite de l’industrialisation est en train de balayer le modèle familial de l’agriculteur et son statut de travailleur indépendant.
    Ironiquement, on observe aussi la tendance paradoxale du capitalisme à une mise en commun et à une coopération plus grande qu’au stade précédent (tout en restant dans un paradigme global concurrentiel). Tandis qu’à l’inverse, les alternatives à cette tendance (micro-fermes, permaculture, etc) montrent souvent des projets où c’est une personne seule qui s’installe comme agriculteur, et qui saurait tout et saurait tout faire... jusqu’à ses propres machines. Le degré de mutualisation est donc paradoxalement bien plus faible dans les contre-modèles à cette agriculture de firme, contre lesquels on tente de résister.

    #agriculture #capitalisme

  • point sur la situation du mouvement des agriculteurs

    Le mouvement est encore largement dominé par le syndicat majoritaire FNSEA qui a pris le train en marche, les protestations ayant démarré spontanément et pas forcément sous une bannière syndicale. Si cette domination est possible, c’est que les dominés partagent avec ses dominants les mêmes principes de vision du monde. D’un côté l’agriculture a reposé sur un modèle d’organisation familiale et entrepreneuriale, et c’est là aussi la représentation que les non-agriculteurs ont de l’agriculture, expliquant le soutien de la population au mouvement : une agriculture familiale et nourricière, organisée autour de la ferme où habite l’agriculteur au milieu des champs qu’il cultive avec ses tracteurs. C’est ce modèle qui est défendu par les agriculteurs qui manifestent.

    Cependant, les revendications syndicales et plus largement l’ethos professionnel des agriculteurs familiaux-indépendants ont conduit mécaniquement à sa propre disparition. Ce que les agriculteurs d’aujourd’hui subissent - la menace de disparaître par absence de rentabilité - les fermes d’hier aujourd’hui disparues l’ont subi de la même façon depuis 1945. On peut juger les revendications de la FNSEA bêtement productiviste, et même carrément viriliste : oui à la compétition économique pourvu qu’on en soit les gagnants. Et quand on échoue dans cette compétition, c’est que c’est qu’elle est « déloyale ». On revendique une sorte de « souveraineté » dans le choix de continuer à produire en France certaines denrées, ce serait donc ok pour fermer les frontières... mais seulement dans un seule sens. Le libre échange oui mais seulement quand ça arrange.

    En face, on entend un autre son de cloche émanant de la Confédération paysanne tentant de recentrer le débat sur les revenus et les prix, et souhaitant remettre en cause le « libre-échange », c’est-à-dire en fait les échanges marchands entre le territoire national et l’extérieur. Cela suppose que c’est ok pour une concurrence libre à l’intérieur du territoire national, celle qui a justement conduit à la diminution du nombre d’agriculteurs à l’après-guerre (ceux qui n’ont pas pris le train en marche de la mécanisation, des engrais, de l’endettement bancaire).

    Autre problème : les rendements agricoles étant bouleversés et incertains du fait de l’instabilité climatique, on peut anticiper que bien des régions dans le monde ne pourront pas se nourrir d’elles-mêmes via les territoires qui l’entourent immédiatement. Certains territoires vont produire plus tendanciellement, du fait du réchauffement climatique, d’autres moins. La difficulté à anticiper cela conjuguée à des déséquilibres de productions entre territoires devrait inciter à imaginer que les produits agricoles doivent continuer à circuler entre territoires et parcourir de grandes distances. Le problème est que cette « solidarité » entre territoires et régions du monde éloignées n’est amenée que par la bande, comme effet de bord des échanges marchands et des intérêts géopolitiques. C’est selon des intérêts économiques et politiques bien compris que les gens sont nourris sur cette planète, et non par des activités simplement nourricières.

    Dès lors, on peut se demander comment on peut relever les revenus des agriculteurs autrement qu’en abaissant leurs charges, selon une pure logique concurrentielle marchande. Les fameuses « normes » sensées introduire d’autres critères que la rentabilité pour décider quoi produire sont forcément difficiles à tenir dans la durée. Les « normes » qui sont tenables sont celles qui accroissent la rentabilité et éliminent les fermes les moins performantes. Les normes difficiles à imposer sont celles qui pour être tenables devraient être installées pour tous les concurrents, à l’échelle mondiale. Ce qui est impossible. La situation est donc inextricable, puisqu’il s’agit de faire une chose et son contraire. Maintenir la nature marchande de l’activité agricole, tout en lui ajoutant d’autres critères qui handicapent sa rentabilité, donc qui menace l’existence même de la production alimentaire ! Alors que la production et ses intrants dépend des échanges internationaux (matières premières, machines et matériels, etc), il sera compliqué de fermer l’importation pour telle production sans qu’en retour il y ait une sanction qui fera monter les prix d’un intrant dont on ne peut se passer, et qui n’est pas produit sur place.

    Autre difficulté : quand bien même les agriculteurs verraient leurs revenus augmenter, cela signifie que les non-agriculteurs - dont beaucoup vivent de l’aide alimentaire - auraient eux aussi besoin d’avoir plus d’argent, pour acheter des denrées plus chères, surtout si elles ont demandé plus de travail pour aboutir à une qualité supérieure ou des « services » environnementaux jugés bénéfiques pour tout le monde.

    On touche ici le problème de fond qui est qu’il faudrait donner de l’argent à tout le monde pour faire durer un système marchand à bout de souffle, puisque les producteurs ont besoin de subvention pour produire et les consommateurs d’argent supplémentaire -non issu du travail- pour consommer, sans compter la partie de la l’alimentation qui est donnée par l’aide alimentaire (et de basse qualité car sous-produit de l’industrie agro-alimentaire). Combien de temps encore à discuter et se prendre la tête pour maintenir les apparences d’un système marchand harmonieux ?

    A cela, la proposition de sécurité sociale alimentaire entend répondre. Mais d’une part elle est encore peu audible politiquement. D’autre part, elle est complexe à expliquer et à mettre en œuvre dans un horizon politique peu favorable à la création de mécanismes de solidarité supplémentaires basée sur l’économie (en l’occurrence basée sur des cotisations sociales supplémentaires). Le climat politique est en effet celui de raidissements identitaires, on le sait bien, mais sur le plan économique cela se traduit aussi par un détricotage de l’Etat social, les gouvernements de droite et d’extrême-droite préférant générer des augmentations de salaire par ce biais, plutôt que défendant des augmentations de cotisations sociales (salaires indirects).

    La suite du mouvement dépendra des opportunités qui se présenteront de se désolidariser des discours syndicaux par trop simplistes ou simplement corporatistes. Le problème des agriculteurs ne peut pas être résolu sans résoudre le problème des non-agriculteurs. A la fois ces problèmes sont pleinement exprimés quand ils le sont dans un langage économique - et il faut donc regarder cette réalité en face et globalement. De l’autre, leur résolution ne pourra pas se faire sur un plan économique.

    Le concept de « concurrence déloyale » par exemple est une notion reprise partout qui doit être interrogée, tant elle suppose une vision hallucinée d’une économie où la concurrence pourrait être maîtrisée, acceptable et désirable dans ses résultats concrets. Ce concept suppose que l’on peut conserver une organisation sociale identique dans ses fondements, et qu’en bricolant quelques paramètres on arrive à corriger les lourdes tendances pourtant observées : le moins-disant dans la production marchande est la norme, produire de façon dégueulasse et dans la souffrance est la norme, car tous les autres critères passeront toujours en dernier. Mais cette production est quand même acceptable socialement car elle est « bon marché » et en cela elle rend le service que l’on attend fondamentalement d’elle. Pour sortir de l’aporie de la production marchande injustement bon marché, il faut sortir de l’économie.

    Autres billets liés à ce sujet :
    https://seenthis.net/messages/1022015
    https://seenthis.net/messages/1008371

    #agriculture

  • Three US troops killed in drone attack in Jordan, at least two dozen injured | CNN Politics
    https://www.cnn.com/2024/01/28/politics/us-troops-drone-attack-jordan/index.html

    Three US Army soldiers were killed and at least two dozen service members were injured in a drone attack overnight on a small US outpost in Jordan, US officials told CNN, marking the first time US troops have been killed by enemy fire in the Middle East since the beginning of the Gaza war.

    The killing of three Americans at Tower 22 in Jordan near the border with Syria is a significant escalation of an already-precarious situation in the Middle East. Officials said the drone was fired by Iran-backed militants and appeared to come from Syria.

    US Central Command confirmed in a statement on Sunday that three service members were killed and 25 injured in a one-way drone attack that “impacted at a base in northeast Jordan.”

    #Jordanie #Gaza

  • William Reymond sur X : "🚨 « Le Jury a conclu que Monsieur Trump a inséré ses doigts dans son vagin » Moments historiques hier à New York où Trump a finalement témoigné. Le procès qui se terminera aujourd’hui doit permettre de déterminer les dommages que Trump devra verser à E.Jean Carroll pour… https://t.co/lMEncwYVos" / X
    https://twitter.com/WilliamReymond/status/1750803637474054332

    « Le Jury a conclu que Monsieur Trump a inséré ses doigts dans son vagin »

    Moments historiques hier à New York où Trump a finalement témoigné.

    Le procès qui se terminera aujourd’hui doit permettre de déterminer les dommages que Trump devra verser à E.Jean Carroll pour l’avoir diffamée.

    La diffamation n’est pas en question.

    Ni le fait que Trump l’a agressé sexuellement.

    Ce sont les conclusions du procès en mai dernier.

    Depuis, le juge a déterminé qu’il s’agissait bien d’un viol.

    Hier, au terme d’une journée indécise, Trump s’est retrouvé à la barre.

    Pour moins de 3 minutes.

    Le plus intéressant s’est déroulé avant.

    Pendant près d’un quart d’heure, soucieux de préserver l’intégrité du jury, le juge à négocié avec Alina Habba, les termes du futur interrogatoire.

    Tandis que le magistrat et l’avocate parlaient, Trump tenait difficilement en place.

    Après coup, on continue à s’interroger de l’intérêt de Trump à avoir demandé ce moment qui s’est résumé à 3 questions.

    Sûrement espérait-il plus, sûrement espérait-il mieux.

    Peut-être qu’il avait imaginé qu’in fine le magistrat lui laisserait la même liberté que celle offerte par le juge Engoron lors de son procès pour fraude ?

    Mais cela n’a pas été le cas. Le juge n’a jamais perdu le contrôle et interrompu Trump quand il a tenté de sortir du cadre.

    Résultat ? La présence de Trump ne servira pas ses intérêts.

    Au contraire même.

    Sa venue a attiré les caméras et permit à des millions d’Américains de découvrir ce qu’ils avaient raté en mai :

    Donald Trump est un violeur.

    Et la Justice l’a condamné pour ses actes.

    Des actes que le Juge a tenu a repréciser avant l’intervention :

    « Le Jury a conclu que Monsieur Trump a inséré ses doigts dans son vagin et que Mademoiselle Carroll n’avait pas inventé cette affirmation ».

    Tout cela sera encore certainement rappelé aujourd’hui juste avant que les 9 jurés se retirent pour délibérer.

    Avant le face à face entre Halibba et le juge, avant les quelques minutes de Trump, la matinée à été chargée en moments forts.

    Comme la diffusion d’extraits de la déposition d’avant procès de Donald Trump.

    D’abord vous remarquerez son ton.

    Sous serment, devant mesurer tous ses mots, Trump est loin, très loin de l’image qu’il projette à chaque fois que publiquement il attaque ses victimes.

    Lui, qui souhaite toujours incarner la force, est... faible.

    Voilà pour la forme.

    Mais le plus intéressant est le fond.

    Les deux arguments de défense de Trump face aux accusations d’E. Jean Carroll sont :

    – Je ne la connais pas
    – C’est pas mon genre de femme.

    Sous entendant ainsi qu’il ne peut pas l’avoir violée car elle ne lui plait pas.

    Bref...

    Lors de cette déposition d’avant procès, la défense a donc présenté une photo de l’époque où il est en train de discuter avec E. Jean Carroll.

    Oui, sauf que c’est encore plus gros.

    Lorsque le cliché est présenté à Trump et qu’on lui demande d’identifier les personnes dessus, pointant du doigt E. Jean Carroll, il indique que... c’est Marla.

    « Marla » lui demande l’avocate ?

    « Oui, ma femme » répond Trump.

    Marla Maples donc. Une ancienne
    animatrice de télé qui a été mariée avec Trump de 1993 à 1999.

    Intervention en catastrophe d’Alina Habba qui corrige Trump et lui précise que la personne qu’il vient de confondre avec sa femme est... E. Jean Carroll.

    Trump se fige et part en mode rétropédalage.

    Puis termine avec une excuse en bois :

    « La photo est très floue »

    Mais le mal est fait.

    Quelques minutes plus tard, toujours sous serment, il devra reconnaitre que toutes ses épouses sont « conformes à son goût »

    Donc Marla Maples.

    Et donc E.Jean Carroll qui ressemblait à Marla.

    Tellement que lui même s’y est trompé

    Tout cela, et beaucoup d’autres choses encore, ont été au coeur d’une Édition Spéciale de La Chute.

    Où nous avons vécu ensemble en direct, la totalité des débats.

    Un moment record pour notre petite chaîne. Merci

    Le lien est dans le tweet suivant

    https://t.co/cTv8NN3LTW

    • 83,3 millions de dollars de dommages à E. Jean Carroll pour diffamation
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/27/donald-trump-condamne-a-verser-83-3-millions-de-dollars-de-dommages-a-e-jean

      « Au dernier procès, Donald #Trump n’a même pas pris la peine de se présenter, mais dans ce procès où il est question de dommages et intérêts, il était sûr d’être ici et la seule chose qui l’intéressait, c’était son argent. Il ne se soucie pas de la loi ou de la vérité, mais de l’argent, et votre décision concernant les dommages et intérêts punitifs est le seul espoir qu’il arrête », a déclaré Me Roberta Kaplan (sans lien de parenté avec le juge).
      De fait, dans la journée, Donald Trump continuait de déverser des injures sur E. Jean Carroll, postant une vingtaine de messages l’accusant une nouvelle fois d’avoir monté « une FAUSSE histoire à la Monica Lewinsky » – du nom du scandale de la stagiaire de la Maison Blanche qui avait failli emporter le président Bill Clinton à la fin des années 1990 – et de « chercher à EXTORQUER » de l’argent.
      Donald Trump compte faire appel. ​Selon CNBC, l’ancien président a versé 5,6 millions de dollars à titre de garantie lors de l’appel du verdict de mai 2023. Dans cette seconde affaire, poursuit la chaîne de télévision, il devra verser plus de 90 millions de dollars de garantie.

      #viol