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(mastodon.iriseden.eu/@soler solertoyo.bsky.social https://twitter.com/SolerToyo) أنثوان

  • GRAIN | S’offrir des terres du Niger pour des crédits carbone : le nouveau greenwashing qui prend de l’ampleur en Afrique
    https://grain.org/fr/article/6906-s-offrir-des-terres-du-niger-pour-des-credits-carbone-le-nouveau-greenwa

    En effet, une nouvelle entreprise basée aux États-Unis et répondant au doux nom d’African Agriculture Inc vient de signer une série d’accords lui donnant accès à plus de deux millions d’hectares de #terres au #Niger pour la production et la vente de #crédits_carbone. L’idée consiste à planter des arbres qui fixeront du carbone atmosphérique dans le sol, et de vendre ensuite ces crédits positifs à des #entreprises_polluantes, pour qu’elles aient un bilan soi-disant moins catastrophique. En théorie ! Cela s’appelle l’ « #agriculture_carbone ». Et elle s’ajoute à la longue liste de fausses solutions comme l’ « agriculture intelligente face au climat » et les « solutions basées sur la nature », autant de beaux noms pour tromper l’opinion. Il s’agit en réalité pour de nombreuses entreprises de créer de nouvelles sources de #profit, en utilisant la crise climatique comme tremplin.

  • 95 000 hectares de terres communautaires octroyées à une société camerounaise peu connue - Nouvelles de l’environnement
    https://fr.mongabay.com/2022/11/95-000-hectares-de-terres-communautaires-octroyees-a-une-societe-camero

    Pour son projet du complexe agro-industriel de Tibati, Tawfiq prévoit d’investir $153 millions (100 milliards de Francs CFA) sur une durée de 10 ans, lequel devra générer au passage 7 500 emplois directs et 15 000 emplois indirects. L’objectif à terme pour Tawfiq est de contribuer au développement de l’industrie locale et de s’arrimer à la politique d’import-substitution mise en œuvre par le gouvernement camerounais en 2021, et qui consiste à réduire considérablement les importations des denrées produites localement.

    Si c’était vraiment le cas, les pouvoirs auraient procédé à une redistribution des #terres en faveur des populations locales, organisé des formations aux pratiques agroécologiques, aidé les femmes à s’installer, etc.

  • Perenco en RDC : deux ONG assignent le pétrolier en justice pour « préjudices écologiques »
    https://disclose.ngo/fr/article/deux-ong-assignent-perenco-justice-prejudices-ecologiques-rdc

    Les Amis de la Terre France et Sherpa intentent une action en justice contre la multinationale française du pétrole Perenco. Objectif : faire reconnaître la responsabilité de la société et obtenir réparation pour les atteintes à l’environnement en République démocratique du Congo, révélées notamment par Disclose. Lire l’article

  • Tony Rinaudo, l’agronome qui fait repousser les arbres du Sahel
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/11/16/tony-rinaudo-l-agronome-qui-fait-repousser-les-arbres-du-sahel_6150155_3212.

    .... équipé, pour seul outil, d’une machette, Tony Rinaudo a été à l’initiative d’un mouvement de reforestation massive des terres arides du Niger entamé il y a quarante ans et qui a permis de restaurer plus de 5 millions d’hectares de terres et faire pousser 200 millions d’arbres, le tout sans planter le moindre spécimen, en permettant simplement aux souches de se régénérer.
    Ce combat est au cœur d’un documentaire du cinéaste allemand Volker Schlöndorff, programmé sur Arte jeudi 17 novembre : The Forest Maker. L’homme qui ressuscite les arbres. Dans ce long-métrage, le réalisateur octogénaire, oscarisé pour son film Le Tambour (1979), part à la rencontre des communautés, qui, grâce aux principes de la régénération, ont reboisé leur environnement avec simplement quelques tailles précises et en valorisant la présence des arbres. Un principe bien moins coûteux que les programmes de plantation, et bien plus efficace....

    Un jour qu’il conduit sa camionnette à travers la savane, il doit s’arrêter pour vérifier la pression de ses pneus. « A 10 ou 15 mètres de moi, j’aperçois ce que je croyais être un buisson. En me rapprochant, j’observe ses feuilles : ce n’était pas un buisson, mais un arbre qui s’était couché, balayé par le sable. En apercevant sa souche, cela a fait tilt : tous ces buissons dans la savane, c’étaient les restes d’une forêt. Il n’y avait pas besoin de planter des arbres, ils étaient là, souterrains, il fallait simplement les faire repartir. »

    Dès lors, le travail de l’Autralien change radicalement. Il ne s’agit plus d’arriver sur un territoire pour planter des arbres [qui meurent] , mais de convaincre les communautés de la nécessité de protéger et restaurer la végétation existante. « Au lieu de traiter la désertification comme un sujet technique, nous la traitons comme un enjeu social. Cela prend du temps, mais je suis têtu. »

    #desert #film #arbres #régénération #écologie #agroécologie

  • Nos vieux habits font des milliers de kilomètres pour finir dans des décharges Rts - Mise au point - Une enquête de François Ruchti, Dimitri Zufferey et de Drissa Bamba
    https://www.rts.ch/info/suisse/13535036-nos-vieux-habits-font-des-milliers-de-kilometres-pour-finir-dans-des-de

    Grâce à des systèmes de géolocalisation cachés, Mise au Point a remonté la route des habits déposés dans les bennes de récupération. Les résultats sont édifiants  : 250 jours après leur dépôt, des habits suisses parcourent plus de 17’000 km pour être vendus dans des marchés en Moldavie ou en Afghanistan, alors que d’autres finissent dans des décharges à ciel ouvert.


    L’équipe de Mise au Point a soigneusement caché 16 systèmes de géolocalisation, des AirTag, dans des habits et des souliers. Ces affaires ont été déposées dans des bennes de récupération en Suisse romande. Pendant 250 jours, leur localisation a été enregistrée quotidiennement. Ces puces transmettent leur position non pas sur des données satellite mais se servent du réseau bluetooth.

    Les AirTag, systèmes de géolocalisation, placés dans les vieux habits transmettent leur position via le réseau bluetooth des téléphones mobiles. [RTS]
    L’objectif de l’enquête est de comprendre le destin des habits usagés, démodés ou déchirés que les Suisses jettent chaque année. La Croix-Rouge, Solidar, mais aussi des enseignes de mode comme H&M, C&A ou Zara mettent à disposition en Suisse des bennes de récolte. Ils ont une promesse : ces habits et ces souliers seront triés, recyclés pour protéger l’environnement.

    H&M en fait même un argument marketing  : « Une mode de qualité, au meilleur prix et de manière responsable, l’ambition de H&M est de travailler à un changement dans la manière dont la mode est faite aujourd’hui. (…) et de mener des actions en matière développement durable afin d’économiser les ressources naturelles et de ne plus avoir de vêtements dans les décharges.  »

    17’000 km pour être recyclés, revendus ou jetés
    Les résultats sont à des milliers de kilomètres de ces promesses, plus précisément à 17’000 km. C’est la distance maximale que vont parcourir certains habits et souliers déposés dans des bennes en Suisse. En moyenne, ce sont 6200 km effectués en camion ou en bateau pour chaque habit ou souliers recyclés.

    C’est en janvier 2022 que démarre le projet. L’équipe de Mise au Point dépose les pièces munies des puces. Le parcours de près de la moitié des vêtements se termine en Europe de l’Est (Moldavie, Biélorussie ou Ukraine). Les résultats de l’autre moitié sont tout aussi intéressants. Des puces de localisation signalent leur position en Asie ou en Amérique du Sud, notamment en Afghanistan et au Venezuela. Un peu plus de 20% de l’échantillon finit son parcours en Afrique (Côte d’Ivoire, Malawi, Mali). Seul un habit est resté en Suisse pour être revendu dans une boutique de seconde main, ainsi qu’un second dans la région de Naples en Italie.

    Les systèmes de localisation montrent que les habits font régulièrement des aller-retours entre des entrepôts en Afrique et en Europe. Ces entrepôts appartiennent à des intermédiaires spécialisés dans le tri des habits de seconde main. Un pull est par exemple parti en camion vers la Belgique, puis en bateau pour un entrepôt en Tunisie, avant de revenir quelques semaines plus tard dans le port de Rotterdam aux Pays-Bas pour repartir en Afrique.

    Un marché qui vaut des millions
    Un autre vêtement a lui voyagé d’entrepôt en entrepôt à travers l’Europe de l’Est jusqu’en Hongrie, avant de rejoindre la Belgique. De là, la puce arrête de transmettre la géolocalisation pendant plusieurs semaines. Un mois plus tard, il réapparaît au Togo. Il traverse encore plusieurs pays africains pour terminer dans un village au cœur de la Côte d’Ivoire.

    Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les habits déposés dans les bennes de récupération ne sont pas donnés aux plus démunis. Ces affaires sont en réalité revendues à différents grossistes de la fripe. Pour la Croix-Rouge et les autres organisations humanitaires, l’argent de ces ventes est une source de financement de leurs activités caritatives.

    Un tri peu efficace
    Peu importe les filières de récupération d’habits, tous passent par des grossistes. SOEX en Allemagne, SEATEX en Belgique ou SOLTEX en Pologne sont les leaders du marché. Dans d’énormes entrepôts, les habits sont triés manuellement.

    En théorie, les vêtements considérés comme trop usés sont détruits ou recyclés, les autres exportés pour être revendus. Aucun des 16 habits et souliers munis d’un traceur n’a été recyclé, tous ont quitté les centres de tri. Un résultat étonnant car nous avions endommagé volontairement plusieurs vêtements et souliers avec des trous et des dégâts irréparables.

    Une paire de souliers hors d’usage a ainsi terminé en Afghanistan alors qu’elle était bonne à la poubelle. Sollicité, SOEX n’a pas souhaité répondre à nos questions. Sur son site internet, il est précisé  : « Nous trions de manière méticuleuse. Nous priorisons la réutilisation des vêtements plutôt que le recyclage. Tous les vêtements et souliers sont inspectés manuellement. (…) Nous avons une philosophie de zéro déchet. Notre objectif est d’éviter un maximum que des habits finissent dans des décharges ou soient brûlés ».

    Exportation de déchets
    Selon Greenpeace, 80% des fripes exportées d’Europe finissent dans des décharges à ciel ouvert. L’enquête de Mise au Point confirme le problème, mais dans une proportion moindre.

    Première bonne nouvelle, aucun habit n’a terminé dans un pays interdit. Le Rwanda a par exemple banni l’importation d’habits usagés afin de protéger les producteurs locaux.

    Autre bonne nouvelle, sur les 16 habits et souliers, deux seront même revendus dans des boutiques de seconde main en Suisse et en Italie. Cinq semblent toujours en transit dans des entrepôts. Plus de 30% des puces de localisation indiquent des zones à risque : terrain vague, bord de route ou marché à ciel ouvert sans système de traitement des déchets.

    Décharges à ciel ouvert
    L’équipe de Mise au Point s’est rendue en Côte d’Ivoire et en Moldavie pour retrouver les habits munis de puces de localisation. En Côte d’Ivoire, un pantalon a terminé dans un marché de fripes à Bouaké. Un lieu où des centaines de petits magasins revendent une partie des habits, alors que les invendus sont brûlés ou abandonnés sur le site même. La dernière position de la puce indiquait que le vêtement était parti dans un petit village aux alentours. Le traceur a depuis cessé d’émettre.

    En Moldavie, des souliers avec puces de localisation ont passé également dans un marché à ciel ouvert. Une des vendeuses du marché explique acheter ces vêtements à crédit par lot de 25-50 kilos. Elle regrette d’être obligée de trier à nouveau les habits, beaucoup étant trop usés ou démodés pour sa clientèle.

    Près de 50% sont jetés à la poubelle. Une des paires de baskets a été jetée, l’équipe de Mise au Point a pu récupérer la puce. En Moldavie, ce type de déchets termine dans des décharges, notamment à Tintareni. Cette dernière est considérée comme la plus grande du pays, elle est inondée de vêtements de seconde main.

    #recyclage #escroquerie #pollution #textile #environnement #fripes #géolocalisation #AirTag

  • Perenco, la brute du pétrole
    https://disclose.ngo/fr/article/perenco-la-brute-du-petrole

    Inconnu du grand public, le groupe Perenco, deuxième producteur français de pétrole après Total, est accusé d’atteintes à l’environnement, de violations des droits humains et de dissimulation de ses avoirs dans des paradis fiscaux. Lire l’article

  • Perenco, la brute du pétrole - Actualités - Disclose.ngo
    https://disclose.ngo/fr/article/perenco-la-brute-du-petrole

    En #République_démocratique_du_Congo, la société #Perenco, qui exploite une dizaine de #gisements de #pétrole, est accusée de nombreuses atteintes à l’environnement. #Disclose, EIF et Investigate Europe ont recensé pas moins de 167 affaires de #pollution dans le pays.

    Perenco files - Enquêtes - Disclose.ngo
    https://disclose.ngo/fr/investigations/perenco-files

  • Laminé par les marées noires, le delta du Niger est menacé de famine | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/lamine-par-les-marees-noires-le-delta-du-niger-est-menace-de-famine

    Laminé par les marées noires, le delta du Niger est menacé de famine
    20 photos

    Au Nigeria, dans la principale région pétrolifère d’Afrique, les fuites d’hydrocarbures se multiplient et ruinent des milliers de pêcheurs et d’agriculteurs. Le pétrole assure 10 % du PIB du pays, le plus peuplé d’Afrique avec 219 millions d’habitants. Sur place, certains ont assigné en justice des entreprises pétrolières, mais les indemnités et le nettoyage n’ont pas permis de retrouver la prospérité perdue. Au point que la famine menace.
    Sadak Souici (photos) et Théophile Simon (texte)

    2 novembre 2022

    © Sadak Souici
    Nigeria, janvier 2022. Vue aérienne de Bolo, un village de pêcheurs sur les bords d’un bras du delta du Niger, l’un des plus longs fleuves d’Afrique. Autrefois prospère, le village est aujourd’hui fantomatique, ruiné par la pollution. Le Nigeria est le principal pays producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, et injecte chaque jour près de 2 millions de barils dans les veines de l’économie mondiale.


  • Les #espions #russes recrutent sur #Leboncoin
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/21/les-espions-russes-recrutent-sur-leboncoin_6146733_3210.html

    Cette affaire vient, à son tour, appuyer le recours à une nouvelle pratique de l’#espionnage russe en France. Selon une source du ministère de l’intérieur, « une douzaine d’approches de ressortissants français sur des sites type Leboncoin.fr par des officiers traitants du SVR » ont été recensées ces dernières années, jusqu’en 2022. Les espions de Moscou ont ciblé, à chaque fois, des « profils tendres mais à haut potentiel », des étudiants, des diplômés de grandes écoles ou de jeunes professionnels. Tous étant susceptibles d’occuper, à l’avenir, des postes à responsabilité dans des entreprises de pointe ou des fonctions importantes au sein de l’administration française. Leur curiosité s’est portée, en priorité, sur la politique intérieure, la #recherche_scientifique et les #innovations_technologiques.

    Augmenter sa #rémunération
    Après quelques cours de mathématiques, Zakharov, le faux consultant tchèque, a proposé au jeune ingénieur d’augmenter sa rémunération contre des rapports et des documents sur des recherches scientifiques dans certains domaines technologiques de pointe. Dans un premier temps, ce jeune débutant plein d’avenir dans l’univers militaro-industriel français n’a pas vu malice aux questions qualifiées d’« anodines et légitimes », car liées à des prospections faites en France par le cabinet de conseil de son « élève ». Elles étaient destinées, en fait, à tester sa réceptivité à des sollicitations sortant du strict cadre des cours. Des doutes seraient apparus lorsque Valentin Zakharov a insisté pour obtenir des informations sensibles directement liées à son travail.

    Le profil de Zakharov fait écho à ceux des membres de la nomenklatura du renseignement russe, qui mêle business et espionnage. En parallèle de ses activités dans le monde du renseignement économique, il figure au sein d’un conseil d’administration d’une société privée de métallurgie installée à Saint-Pétersbourg. Le 26 février 2021, la représentation commerciale de la Russie en France et le ministère du développement économique de la Fédération de Russie organisaient le premier forum franco-russe sur… l’intelligence artificielle. D’après les éléments recueillis par Le Monde, les autorités françaises estiment à près de 75 le nombre d’agents secrets russes agissant sous fausse qualité diplomatique, qui leur permet de bénéficier de l’immunité s’ils se font arrêter.

    Pour le SVR, choisir de jeunes cibles est un investissement à long terme qui revêt de nombreux avantages. Leur naïveté, leur faible expérience et leur ignorance des méthodes d’espionnage russes en font des recrues faciles à pressurer pour des officiers expérimentés. L’objectif est double. Il s’agit de soutirer à la source des informations confidentielles et
    sensibles, liées au domaine d’expertise du « professeur », et sur son employeur, mais également d’accéder à son cercle professionnel et personnel. Dans les deux cas, l’officier traitant parie sur la future carrière de son contact.

    Des notes payées entre 200 et 300 euros
    Parmi la douzaine de cas découverts par la DGSI, un autre officier du SVR, chargé des questions politiques, travaillant à l’ambassade de Russie à Paris, a approché un jeune diplômé de grande école en répondant à l’une de ses annonces pour des cours de français postée sur Internet. Cette fois-ci, il n’a pas fait mystère de sa qualité de diplomate russe avant de donner à ces rencontres bimensuelles un tour de plus en plus confidentiel, en évitant toute trace électronique. Justifiant ses questions par « son isolement, en tant que russe, sur la scène diplomatique française », l’officier a, peu à peu, sollicité la rédaction de notes payées entre 200 et 300 euros sur des sujets variés de politique intérieure et étrangère, ainsi que sur des enjeux énergétiques tels que le projet de gazoduc Nord Stream 2.

  • Faut-il sauver les #dividendes ? (non) | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/191022/faut-il-sauver-les-dividendes-non

    C’est finalement de bonne guerre. Dans la lutte économique et sociale qui se développe désormais sur fond de hausse des prix, les classes détentrices du pouvoir économique déploient des trésors d’ingéniosité pour prouver que l’ordre social existant est bon et juste. Un des points centraux de ce combat concerne les dividendes, qui cristallisent souvent les critiques. Alors que les raffineurs des majors pétrolières étaient en grève, des litres d’encre ont été utilisés pour prouver que le problème ne tenait pas aux dividendes versés par ces mêmes entreprises.

    Parfois, ces défenses prennent des tours assez pathétiques. Comme cette chronique de l’humoriste et actionnaire de Total Gaspard Proust dans Le Journal du dimanche du 16 octobre qui, voulant faire pleurnicher le lectorat sur le « pouvoir d’achat des actionnaires de Total », rongé par l’avidité des salariés, tente de prouver la supériorité du dividende sur le salaire et qualifie celui-ci, avec une poésie toute masculiniste, de « dividende des sans-couilles ». Car, pour ce poète dominical, l’actionnaire prend des risques considérables, tandis que le salarié se contente passivement d’attendre que tombe chaque mois la certitude de son salaire.

    « Le dividende, chante avec lyrisme notre vengeur du Capital, est le salaire de celui qui a osé prendre le risque d’éventuellement tout perdre en investissant dans une boîte. » Mais l’Homère de l’actionnariat devra revoir quelques évidences. D’abord parce que « prendre le risque de tout perdre » en achetant des actions Total, un géant du pétrole, dans le premier quart du XXIe siècle, est assez risible.

    #actionnaires
    Depuis un certain 15 septembre 2008, les autorités publiques de l’ensemble des pays avancés garantissent la pérennité de ces entreprises géantes. Sans compter que, depuis trente ans, grâce à un habile chantage à l’emploi, ces mêmes entreprises bénéficient de ristournes fiscales, d’aides publiques diverses et d’#optimisations_fiscales. Tout cela va directement dans la poche des actionnaires et non des #salariés_et_salariées.

    Au reste, notre malheureux chroniqueur oublie trois points pourtant évidents, tant son amour de l’actionnaire l’aveugle. D’abord, si l’actionnaire perd « tout », le salarié perd aussi tout, notamment son seul moyen de subsistance, ce qui est autrement gênant que de perdre son épargne.

    Deuxième point : il arrive, à vrai dire souvent, depuis trois décennies, que, pour assurer la « valeur actionnariale » de l’entreprise, autrement dit pour satisfaire nos héros avides de risques que sont les actionnaires, on sacrifie par tonneaux entiers des salariés. Ce Proust des temps modernes a oublié de jeter un œil à l’état du salariat depuis trente ans (mais il est vrai que cela ne semble pas l’intéresser) : alors que les cours de la Bourse s’envolaient pour le plaisir des actionnaires, la précarité et le chômage de masse s’installaient. Car il faut bien trouver quelque part les moyens de « récompenser le risque ».

    Car, enfin, et c’est le troisième point, d’où nos valeureux Achille de la #Bourse tirent-ils leurs « récompenses » ? Ils se sont contentés d’acheter des actions, acte sans doute digne d’une épopée, mais qui n’explique guère la source de la #valeur qu’ils captent. Et s’il s’agissait du travail des salariés ? Eh oui, l’actionnaire touche bien un dividende et non un #salaire, pour une raison simple : il ne travaille pas dans cette entreprise et ce n’est pas lui qui participe à la transformation de son argent, matière morte sans le #travail qui lui permet de toucher sa « récompense ». Mettre ces deux éléments à égalité est une aberration.

  • Dans l’enfer des #mines de #cobalt du #Congo-RDC | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/dans-l-enfer-des-mines-de-cobalt-du-congo-rdc

    #image #photo
    #Théophile_Simon

    Kolwezi, République démocratique du Congo (RDC), 24 août 2022. Vue aérienne d’une mine industrielle au centre de Kolwezi, la « capitale mondiale du cobalt ». Les sous-sols de la région du Katanga, au sud de la RDC, recèleraient 3,4 millions de tonnes du #minerai, soit près de la moitié des réserves planétaires, et 70 % de la production mondiale. Depuis une décennie, la Chine a racheté la quasi-totalité des mines de cobalt du pays, et contrôle aujourd’hui la quasi-totalité de la chaîne de valeur de cet « or vert » au cœur de la transition énergétique mondiale. Le dernier modèle de voiture #Tesla comporte par exemple près de 5 kilos de cobalt.

    Kolwezi (#RDC), 24 août 2022. Un groupe d’enfants escalade les murs d’enceinte d’une #mine_industrielle du centre de #Kolwezi. Malgré la récente explosion de la demande internationale en cobalt, le Congo reste l’un des pays les plus pauvres du monde. Au #Katanga, les entreprises minières creusent au milieu d’un océan de #misère : les trois quarts de la population locale vivent toujours sous le seuil de #pauvreté et n’ont que peu accès aux nouveaux emplois créés par le développement du secteur minier. L’Unicef estime à 40 000 le nombre d’#enfants travaillant dans les mines de la région.


    [...]

  • En Tanzanie, TotalEnergies prépare une bombe climatique aux relents... | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/051022/en-tanzanie-totalenergies-prepare-une-bombe-climatique-aux-relents-colonia
    #eacop

    En Tanzanie, TotalEnergies prépare une bombe climatique aux relents colonialistes
    #Les_Amis_de_la_Terre et #Survie publient une enquête inédite sur un futur oléoduc du géant pétrolier français en #Tanzanie. Ce projet écocidaire et néocolonial aura des impacts désastreux sur les plans humain, écologique et climatique. Mais la résistance s’organise.

    le #rapport de l’#ONG :

    https://www.amisdelaterre.org/wp-content/uploads/2022/09/eacop-la-voie-du-desastre-amis-de-la-terre-survie-oct-2022.pdf https://www.amisdelaterre.org/publication/eacop-la-voie-du-desastre

    • https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/10/05/tanzanie-le-projet-d-oleoduc-de-totalenergies-mis-en-cause-par-des-ong-pour-

      Un bilan carbone de 34 millions de tonnes de CO₂ par an
      Le rapport consacre aussi un long chapitre à l’impact environnemental de l’oléoduc, qui traversera plusieurs aires protégées. Il rappelle les risques d’accidents écologiques liés à la nature sismique de la zone et au passage de fréquents ouragans. Selon une étude réalisée par le cabinet E-Tech, spécialisé dans les industries extractives, cette réalité devrait conduire Eacop à renforcer ses dispositifs de prévention en multipliant notamment « les valves de blocage » le long de l’oléoduc pour maîtriser les fuites.

      Après trois années de bataille procédurale, la première audience sur le fond du procès engagé par Les Amis de la Terre et Survie contre TotalEnergies sur son devoir de vigilance devrait se tenir mercredi 12 octobre au tribunal judiciaire de Paris. Le rapport sur le volet tanzanien du projet a été versé aux pièces du dossier. Les ONG, qui demandent l’arrêt de ce projet pétrolier au cœur de l’Afrique des Grands Lacs, ne manqueront pas non plus de rappeler qu’elles comptent désormais dans leurs rangs le Parlement européen. Le 15 septembre, à l’initiative de l’eurodéputé français Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), celui-ci a voté, à une large majorité, une résolution d’urgence pour dénoncer son impact sur les populations, l’environnement et le climat.

      Le bilan carbone du projet s’élève à 34 millions de tonnes de CO₂ par an, davantage que les émissions de l’Ouganda et de la Tanzanie combinées. Les députés exigent l’arrêt des forages dans les aires protégées, ainsi que le report des travaux d’Eacop pendant un an, pour « étudier la faisabilité d’un tracé alternatif » permettant de préserver l’environnement et d’« envisager d’autres projets reposant sur les énergies renouvelables ». Les eurodéputés demandent également que soit mis fin aux violations des droits humains. Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, invité à venir s’exprimer devant la commission des droits humains du Parlement européen le 10 octobre, a décliné la proposition.

  • Quand la terre se fait entendre en ville
    https://metropolitiques.eu/Quand-la-terre-se-fait-entendre-en-ville.html

    Donner la parole à la terre, voilà ce que propose Flaminia Paddeu dans un ouvrage passionnant. Elle part à la rencontre de celles et ceux qui cultivent en ville et redonnent au vivant une place centrale dans nos environnements urbains. Sous les pavés, la terre propose de nouveaux récits d’agricultures urbaines à travers un voyage transatlantique passionnant. À coups de bêche, de grelinette, de matières grises, de collectifs, de vivants humains et non humains, le livre dessine de nouveaux sillons #Commentaires

    / #agriculture_urbaine, #métabolisme, #foncier, #communs, #droit_à_la_ville, #habitants, #résistance

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-bertrais.pdf

  • #Refus_d’obtempérer : l’usage des #armes à feu par les #policiers fait débat après la mort de deux personnes en vingt-quatre heures
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/09/08/refus-d-obtemperer-deux-personnes-tuees-par-des-tirs-policiers-en-vingt-quat

    A Nice, au milieu de l’après-midi, mercredi 7 septembre, un ressortissant tunisien d’une trentaine d’années a été abattu d’une balle alors qu’il circulait à bord d’une voiture déclarée volée, après avoir été pris en chasse par une unité de brigade de sécurité routière pour avoir roulé de manière dangereuse sur plusieurs axes très fréquentés de la ville. Une séquence vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre la voiture engagée dans une allée et bloquée par un véhicule de police, d’où s’échappe un épais panache de fumée. Côté conducteur, un fonctionnaire en tenue braque son arme sur la vitre avant de faire feu à une reprise. Le passager de la voiture a, quant à lui, été interpellé.

    Contacté par Le Monde, le procureur de Nice, Xavier Bonhomme, précise que « deux enquêtes ont été ouvertes, l’une, confiée à la sûreté départementale, à l’encontre du passager du véhicule qui a été placé en garde à vue mercredi soir et la seconde pour homicide volontaire confiée à l’IGPN [inspection générale de la police nationale], qui vise le policier auteur du tir ». Ce dernier, précise le magistrat, a été « très touché psychologiquement et admis à l’hôpital avant d’être placé en garde à vue ».

    Dans la nuit de mardi à mercredi, un autre refus d’obtempérer s’est soldé par la mort de la passagère d’une Peugeot 208, après le tir d’un fonctionnaire de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Nantes, à l’occasion d’une opération antistupéfiants. La femme, âgée de 22 ans, était inconnue des services judiciaires. Elle est morte, à 2 h 15, touchée au thorax par la balle qui a traversé le bras droit du conducteur, un jeune homme de quatre ans son aîné, connu des services de #police.

    [...]

    Si le nombre de refus d’obtempérer a été multiplié par 25 au cours des trente dernières années, les ouvertures de feu par des forces de l’ordre ont, elles aussi, augmenté depuis l’adoption de la loi de janvier 2017 censée préciser le cadre de ces interventions. Après un pic de 202 cas l’année même de l’entrée en vigueur du texte – contre une moyenne de 119 au cours des cinq années précédentes –, l’#IGPN a comptabilisé pas moins de 157 tirs contre des véhicules en mouvement en 2021.

  • Incendies dans les Landes : « Est-ce qu’il ne faudrait pas que nos députés débattent de l’avenir de cette “forêt” faussement “verte” ? », Hugues Jallon, écrivain et éditeur.

    Enfant, quand j’allais à la mer en traversant la forêt des Landes dans la voiture familiale, je trouvais ce paysage bizarre : des arbres tous identiques avec leurs troncs droits comme des « I » et parfaitement alignés comme les tombes d’un cimetière militaire. J’ignorais tout de l’histoire et de la réalité présente de ce décor.
    Plus tard, j’ai appris assez facilement (par Wikipédia et d’autres petites sources faciles d’accès) que cette forêt avait été plusieurs fois dévastée dans les années 1950 et qu’à la suite de cela, on avait décidé de replanter « en ligne » les pins en prévoyant de larges coupe-feu pour éviter la propagation des incendies.

    J’ai appris aussi que cette immense forêt artificielle était assez récente, elle datait du Second Empire. C’est une loi de 1857 qui a autorisé la plantation massive de pins dans ce « désert », comme l’appelait Napoléon III. Un « type » nommé Jules Chambrelent (1817-1893) avait poussé pour assainir cette zone humide et ouvrir la voie à la prospérité de ses habitants en créant ex nihilo une filière d’exploitation du bois fondée sur la monoculture du pin maritime.

    En fait, j’ai appris que la forêt des Landes dont certaines parties brûlent aujourd’hui n’était pas une forêt, mais une « usine ». Pas une seule et unique usine, mais plusieurs usines aux mains de propriétaires petits et grands – en fait, surtout des grands : 75 % de la superficie appartient à moins de 20 % des propriétaires et l’Etat n’en possède qu’environ 10 %. On raconte que, dans ces familles de propriétaires, il y a une tradition : lorsqu’un enfant naît, on lui attribue une parcelle où on plante des pins (bien alignés, bien droits), ce qui lui assurera un bon petit capital à sa majorité.
    Maintenant, je comprends mieux mon malaise quand je découvrais enfant ce paysage bizarre.

    Ah oui, j’oublie quelque chose. Et avant, qu’est-ce qu’il y avait avant à la place de cette forêt ? Eh bien, avant, il y avait de drôles de gars montés sur des échasses et entourés de moutons, on les voit sur de vieilles photos sépia. J’ai appris que ces bergers et leur famille vivaient pauvrement sur cette lande qui, pour une large part, appartenait à tous ; on appelle cela des « communs », ce qui est une belle idée. Les autres ont été expropriés au moment de la plantation massive des pins.

    Alors je m’interroge. Je me demande ce qu’on va faire après ces incendies tragiques qui ont fait fuir des milliers d’habitants et que des centaines de pompiers tentent courageusement d’éteindre. On va reconstruire ces villages qui ont disparu dans les flammes, bien sûr. Et ces milliers d’hectares de forêt ? On va replanter des pins ?

    Les spécialistes des sols et du climat nous disent qu’il faut s’inquiéter de la disparition des zones humides. Alors je me demande : est-ce qu’il ne faudrait pas que nos députés s’emparent de ce dossier et de ses enjeux écologiques ? Est-ce qu’il ne faudrait pas qu’ils débattent de l’avenir de cette « forêt » faussement « verte » – en fait, les pins détruisent complètement les sols, et rien ne peut pousser sous leurs frondaisons ? Il y a peut-être autre chose à imaginer que de reconstruire cette « usine » et ce paysage bizarre et monotone.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/15/incendies-dans-les-landes-est-ce-qu-il-ne-faudrait-pas-que-nos-deputes-debat

    #Landes #forêt #forêt_usine #incendie

    • « Surtout après un incendie, il est le plus souvent préférable de laisser la forêt se régénérer naturellement », Sylvain Angerand, Ingénieur forestier et coordinateur de l’association Canopée
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/28/surtout-apres-un-incendie-il-est-le-plus-souvent-preferable-de-laisser-la-fo

      Avec plus de 60 000 hectares de forêts partis en fumée, cet été a marqué le retour des grands incendies en France. Un risque qui ne va faire que croître avec les changements climatiques et qui devrait nous inciter à repenser en profondeur notre politique forestière. Pourtant, l’annonce d’un grand chantier national de reboisement pourrait produire l’effet inverse et affaiblir encore davantage nos forêts en cédant au lobbying d’une partie de la filière.

      L’empressement à vouloir planter des arbres est, avant tout, une stratégie de communication destinée à rassurer l’opinion publique en donnant l’illusion d’une maîtrise de la situation et d’un retour rapide à la normale. Mais c’est aussi l’aveu d’une profonde incompréhension de la part de la puissance publique des enjeux forestiers, car planter des arbres n’est pas toujours le choix le plus avisé. Surtout après un incendie, il est le plus souvent préférable de laisser la forêt se régénérer naturellement. Une option plus efficace et moins coûteuse dans de nombreuses situations.

      De plus, les plantations d’arbres sont encore trop souvent monospécifiques ou très faiblement diversifiées, ce qui est pourtant indispensable pour renforcer la résistance et la résilience des peuplements face à de nombreux aléas comme les sécheresses, les tempêtes, les maladies ou encore les incendies. Même sur des sols très pauvres comme dans les Landes, où il est difficile de se passer du pin maritime, il est toujours possible d’introduire, en mélange, des feuillus comme le chêne-liège ou le chêne tauzin pour renforcer les peuplements.

      L’intérêt du mélange est solidement étayé scientifiquement et, pourtant, il peine à s’imposer comme une condition aux aides publiques ou comme une règle à respecter dans les plans de gestion. Après la tempête de 2009 dans les Landes, la quasi-totalité du massif appartenant à des propriétaires privés a été replantée en monoculture avec l’aide de l’argent public.

      L’abandon des pouvoirs publics

      Le constat est similaire pour les aides plus récentes du plan de relance qui, faute d’écoconditions suffisantes, ont été détournées par une partie des acteurs pour planter des monocultures, parfois en remplacement de forêts en bonne santé mais jugées peu rentables économiquement (rapport « Planté ! Le bilan caché du plan de relance forestier », Canopée, mars 2022).

      Ces dérives ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat de l’abandon des pouvoirs publics à construire une politique forestière intégrant l’ensemble des enjeux. Tiraillée entre quatre ministères, la forêt ne bénéficie pas d’un portage politique fort capable de défendre et de trancher en faveur de l’intérêt général. Elle est laissée au seul jeu d’influence des acteurs, la règle au sein de la filière étant de ne surtout pas pointer du doigt les dérives de certains.

      Alors qu’elle représente une exception dans le paysage forestier, la filière bois landaise s’oppose à toute forme de renforcement des règles de gestion forestière
      A ce jeu d’influence, la filière bois landaise est passée maître. Alors qu’elle représente une exception dans le paysage forestier, cette filière s’oppose à toute forme de renforcement des règles de gestion forestière alors même que la majorité des acteurs n’y serait pas opposée, voire y serait favorable. Un exemple : les règles encadrant la gestion des forêts privées (schémas régionaux de gestion sylvicole) sont en cours de révision dans l’ensemble des régions françaises.

      Si, globalement, les projets soumis à consultation du public sont peu ambitieux, celui de la région Nouvelle-Aquitaine est sans doute le plus révélateur du désengagement de l’Etat : aucun seuil d’encadrement des coupes rases, aucune interdiction de transformer les dernières forêts de feuillus du massif landais en plantations de pins maritimes et aucune obligation de diversification dans les nouvelles plantations (« Projet de schéma régional de gestion sylvicole (SRGS) de Nouvelle-Aquitaine et ses deux annexes vertes », 2022).
      Des petites plantations en trouées

      Pire encore, la filière a réussi l’exploit de glisser l’eucalyptus dans la liste agréée des arbres pouvant être plantés et bénéficier d’aides publiques, alors même que cet arbre est hautement inflammable comme le Portugal en a fait la désastreuse expérience (« Arrêté portant fixation des listes d’espèces et de matériels forestiers de reproduction éligibles aux aides de l’Etat » en Nouvelle-Aquitaine, 2021).

      Avant de réinjecter de nouveau de l’argent public dans un plan de reboisement, il est donc indispensable que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités pour mettre fin à ces dérives. L’organisation de la filière forêt-bois doit être remise à plat pour mettre fin aux conflits d’intérêts.

      Il est non seulement illusoire mais aussi dangereux d’imaginer adapter la forêt au changement climatique en remplaçant les forêts existantes par de nouveaux arbres ou en s’empressant de vouloir replanter systématiquement après des tempêtes ou des incendies qui ne manqueront pas de se multiplier.
      La priorité doit être de s’appuyer et de restaurer des dynamiques naturelles, de venir améliorer les peuplements existants en les enrichissant si besoin par des petites plantations en trouées et de fixer des règles claires lorsqu’une plantation sur une plus grande surface est nécessaire.

  • #BALLAST#Cartouches (78)
    https://www.revue-ballast.fr/cartouches-78

    Les car­nets d’un appren­ti boxeur, leur reprise trente ans plus tard, un écri­vain mal­me­né par des vil­la­geois, une révolte maoïste en Inde, un poète qué­bé­cois, la classe mana­gé­riale éta­su­nienne, le sou­ve­nir de Makhno, un roman cré­pus­cu­laire et le sou­ci de l’au­to­no­mie : nos chro­niques du mois de juillet.

    ☰ Corps et âme — Carnets eth­no­gra­phiques d’un appren­ti boxeur, de Loïc Wacquant

    La des­ti­na­tion, on la connaît, ou croit la connaître : le ring, dans la salle muni­ci­pale ou dans le cen­ter de la ville, pour dis­pu­ter une pre­mière ren­contre ama­teur ou un énième match pro­fes­sion­nel. Lisant cela, le socio­logue Loïc Wacquant nous rétor­que­rait qu’à la boxe, de toute évi­dence, on n’y connaît rien. Car c’est par « la grise et lan­ci­nante rou­tine des entraî­ne­ments en salle, [par] la longue et ingrate pré­pa­ra­tion, insé­pa­ra­ble­ment phy­sique et morale » que doit com­men­cer toute étude de la pra­tique pugi­lis­tique — ce à quoi s’est adon­né l’au­teur trois années durant. Alors qu’un ouvrage récent per­met de reprendre l’a­na­lyse plu­sieurs décen­nies après l’en­quête de ter­rain menée par Loïc Wacquant dans un gym de Chicago, abor­der ces Carnets eth­no­gra­phiques d’un appren­ti boxeur per­met de sai­sir les impres­sions et réflexions du socio­logue encore vibrantes des exer­cices quo­ti­dien­ne­ment exé­cu­tés, à la fin des années 1980. Paru une pre­mière fois il y a plus de vingt ans, lar­ge­ment tra­duit, Corps et âme est deve­nu un clas­sique des sciences sociales, pour le pro­pos défen­du — le gym défi­ni en tant que « tanière », « usine » et « machine à rêves » — comme pour l’ap­proche adop­tée : s’en­tre­mêlent récits, extraits des jour­naux de l’au­teur, entre­tiens avec ses par­te­naires et entraî­neurs, ana­lyses dûment docu­men­tées de la boxe aux États-Unis et anthro­po­lo­gie du corps, du sacri­fice, de l’as­cèse, du désir. En somme, il s’a­git, lit-on en intro­duc­tion, de « mon­trer et démon­trer dans un même mou­ve­ment la logique sociale et sen­suelle qui informe la boxe comme métier du corps dans le ghet­to amé­ri­cain ». Partant de ce pro­gramme ini­tial, le dépliant à mesure que le sport se dévoile, Loïc Wacquant découvre par le biais d’une pra­tique un nœud ser­ré de rela­tions tenu par un coach, DeeDee, et par une com­mune dis­ci­pline cor­po­relle, avec laquelle il s’est frot­té. [R.B.]

    Agone, 2002

    ☰ Voyage au pays des boxeurs, de Loïc Wacquant

    La boxe, encore. Fin 1988, alors qu’il cherche une porte d’en­trée pour étu­dier les quar­tiers popu­laires dans le Southside de Chicago, le socio­logue Loïc Wacquant pousse celle du Woodlawn Boys Club, au milieu d’une 63e rue dévas­tée. À l’in­té­rieur, des corps — majo­ri­tai­re­ment noirs — en plein effort, enchaî­nant les exer­cices au rythme du coach DeeDee, avec pour seule musique celle des cordes vocales ten­dues par l’ef­fort, des poings sur les sacs, des pieds qui sau­tillent en rythme. Poussé par la curio­si­té, il s’ins­crit et enfile les gants. Son aven­ture dure­ra trois ans. Trente ans après, Voyage au pays des boxeurs est un récit de cette expé­rience. Ce n’est d’ailleurs pas un seul récit, mais au moins trois. L’analyse du socio­logue est ponc­tuée d’ex­traits de paroles d’in­ter­viewés, d’une riche ico­no­gra­phie consti­tuée de pho­tos en noir et blanc prises par l’au­teur, et aus­si d’ex­traits de notes de ter­rain, de plans, de cro­quis. Les images, sur­tout, super­be­ment mises en page, per­mettent de res­ti­tuer ce que le registre scien­ti­fique peine davan­tage à sai­sir : l’in­ten­si­té des com­bats, les corps ten­dus à se rompre, pous­sés à leurs limites, la cama­ra­de­rie au sein du groupe de boxeurs. Car pour eux, la boxe est « un mode de vie, […] une tech­nique de tout ton corps ». Et la salle est un lieu social, où les entraî­neurs aspirent à éloi­gner les jeunes des gangs et de la vio­lence de la rue, dans une ville où les homi­cides sont quo­ti­diens. « Sans la salle, beau­coup se retrou­ve­raient en taule. Ce gym, la boxe, elle sauve des vies, la boxe », affirme ain­si un entraî­neur. Et ce moins pour les oppor­tu­ni­tés éco­no­miques qu’elle per­met, les gains res­tant lar­ge­ment en-des­sous de sports tels que le bas­ket ou le foot­ball amé­ri­cain, que par « les béné­fices exis­ten­tiels » qu’elle offre, et la pos­si­bi­li­té d’ap­par­te­nir à un groupe par­ta­geant des valeurs com­munes basées sur l’ef­fort, l’ab­né­ga­tion et le « cœur ». Finalement, conclut l’au­teur, dans la boxe, « c’est le voyage qui compte plus que la des­ti­na­tion ». [L.]

    La Découverte, 2022

    ☰ Les Saisons, de Maurice Pons

    Siméon arrive dans une val­lée rurale iso­lée de tout, coin­cée entre les mon­tagnes et ryth­mée par deux sai­sons par­ti­cu­liè­re­ment longues. Il débarque dans un bien étrange vil­lage durant la « sai­son pour­rie » : la pluie constante, la boue, l’humidité et la sale­té imprègnent le lieu dans ses moindres recoins. Siméon est écri­vain, ou plu­tôt aspi­rant écri­vain. La seule richesse qu’il détient est un ensemble de feuilles de papier, qu’il espère pou­voir cou­vrir de récits. Plus que cela, Siméon a souf­fert, vécu bien des misères : « J’ai pas­sé ma jeu­nesse dans une cage, au milieu du désert. J’y ai connu des heures de souf­france dont vous n’avez pas idée. » Et c’est bien cette souf­france qu’il sou­haite retrans­crire dans son livre. Mais les vil­la­geois bour­rus ne voient pas son arri­vée d’un bon œil : l’accueil qu’ils lui réservent est pour le moins rustre, en déca­lage avec ses aspi­ra­tions lit­té­raires. L’auberge où il trouve refuge est rudi­men­taire : Mme Ham lui sert chaque jour des len­tilles — seul ali­ment culti­vable de la val­lée —, et il dort dans une pièce sans le moindre confort. Si son sou­hait de s’intégrer dans la com­mu­nau­té est sin­cère, très vite l’hostilité s’installe. On le regarde avec méfiance, l’incompréhension mutuelle gran­dit. L’animosité de cette rela­tion se sym­bo­lise dans la bles­sure qu’il se fait à l’or­teil en vou­lant frap­per contre un crâne de mou­ton qu’on lui a lan­cé. Il fera alors connais­sance avec le Croll, « méde­cin » local, ou plu­tôt rebou­teux qui prend en charge sa plaie. À la sai­son de la pluie suc­cède celle de la neige, du froid : « Le gel bleu, comme on disait, pou­vait durer trente à qua­rante mois. On hiber­nait. [T]ous les oiseaux qui devaient mou­rir étaient morts. Plus un bruit ne venait trou­bler le silence de la val­lée, sai­sie dans son cor­set de glace. » Siméon ne se décou­rage pas pour autant, per­siste dans son pro­jet, jusqu’à une forme d’absurdité gran­dis­sante. Un roman inat­ten­du, âpre, par­fois déran­geant, que l’on tra­verse por­té par une écri­ture sin­gu­lière. [M.B.]

    Christian Bourgois, 2020

    ☰ Le Livre de la jungle insur­gée — Plongée dans la gué­rilla naxa­lite en Inde, d’Alpa Shah

    Il y a des régions du monde où l’on se bat pour l’é­ga­li­té dans le silence le plus com­plet. Où la répres­sion se fait de plus en plus féroce à mesure que l’ap­pa­reil d’État se conso­lide, sans que la lutte ne dis­pa­raisse pour autant. L’une de ces régions est le « Corridor rouge » qui, à l’est et au centre de l’Inde, accueille la rébel­lion naxa­lite d’ins­pi­ra­tion maoïste depuis ses pre­miers remue­ments en 1967 dans le vil­lage de Naxalbari. Alpa Shah, anthro­po­logue bri­tan­nique d’o­ri­gine indienne, retrace l’his­toire de la gué­rilla et aborde son actua­li­té en s’y plon­geant tout entière. Spécialiste des popu­la­tions adi­va­sis qui regroupent de manière géné­rique les com­mu­nau­tés tri­bales en marge du sys­tème des castes en Inde, soit quelque 100 mil­lions de per­sonnes, l’au­trice confronte plu­sieurs années d’ob­ser­va­tion dans des vil­lages du Jharkhand avec une marche d’une semaine au sein d’un esca­dron de la gué­rilla naxa­lite. Et c’est dans cette confron­ta­tion ou, plu­tôt, ce dia­logue, que l’ou­vrage s’im­pose à la fois comme un grand récit cri­tique et comme l’é­tude pré­cise de l’im­plan­ta­tion ter­ri­to­riale d’un pro­ces­sus révo­lu­tion­naire uni­ver­sa­liste. Le compte-ren­du des nuits de marche et des ren­contres jour­na­lières alterne avec l’a­na­lyse mili­taire, fonc­tion­nelle et sociale de la gué­rilla. Plusieurs de ses membres servent à l’an­thro­po­logue d’ar­ché­type pour pré­sen­ter les pro­fils par­ti­ci­pant à la lutte : Gyanji, le lea­der dont l’as­cé­tisme reli­gieux pas­sé fait écho à l’aus­té­ri­té révo­lu­tion­naire ; Kohli, le jeune sol­dat adi­va­si qui pour­rait incar­ner l’avenir du mou­ve­ment ; Vikas, le par­ve­nu dont Alpa Shah se méfie ; Somwari, enfin, l’a­mie qui invite à confron­ter les naxa­lites à leurs éga­re­ments. En somme, c’est là une res­source ines­ti­mable pour ana­ly­ser d’autres mou­ve­ments révo­lu­tion­naires, pour prendre connais­sance de celui-ci en par­ti­cu­lier et, comme le rap­pelle en pré­face l’au­trice, pour ser­vir de point d’ac­croche afin de défendre les droits humains dans l’Inde xéno­phobe et isla­mo­phobe de Narendra Modi. [E.M.]

    Éditions de la der­nière lettre, 2022

    ☰ L’Homme rapaillé, de Gaston Miron

    « Je suis un homme simple avec des mots qui peinent ». Rien d’aus­si juste que cette phrase du poète pour décrire sa pra­tique ou l’i­nex­tri­cable sac de sens qu’est la poé­sie. La phrase est du Québécois Gaston Miron. L’histoire tumul­tueuse de son unique recueil, L’Homme rapaillé, cor­ro­bore ce constat tant il a été repris, aug­men­té, modi­fié depuis sa publi­ca­tion ini­tiale en 1970. L’Homme rapaillé est un champ où labour, semailles et récolte alternent en un même espace : « avec les maigres mots fri­leux de mes héri­tages / avec la pau­vre­té natale de ma pen­sée rocheuse / j’a­vance en poé­sie comme un che­val de trait ». Et der­rière la bête, tirée de toute ses forces, c’est la lit­té­ra­ture qué­bé­coise qui se presse. Car Miron n’a ces­sé, sa vie durant, d’œuvrer pour que l’« humi­lia­tion eth­nique » de sa langue et de son peuple soit ren­ver­sée par un art pro­pre­ment qué­bé­cois et par une indé­pen­dance de la pro­vince. Ainsi trouve-t-on dans ce recueil des textes hété­ro­clites : de courts poèmes sur un temps qui « fait un monde heu­reux fou­lé de vols courbes » et de longues marches amou­reuses où « rêves bour­rasques » et « taloches de vent » font « aimer fou de racines à feuilles », mais aus­si des réflexions sur une langue mineure, mise en échec par le fran­çais d’un autre conti­nent et par l’an­glais inter­na­tio­nal. Pour reprendre un texte fameux de Sartre écrit au sor­tir de la Seconde Guerre mon­diale, on pour­rait dire qu’a­vec ce recueil Miron a sou­hai­té, à son tour et depuis le contexte de son temps, décrire la situa­tion de l’é­cri­vain qué­bé­cois au moment où les aspi­ra­tions à l’in­dé­pen­dance se sont faites plus fortes. « Ma pauvre poé­sie en images de pauvres », ren­seigne l’au­teur. À la lec­ture de ce recueil cin­quante ans après sa paru­tion on ne sau­rait être d’ac­cord tant L’Homme rapaillé recèle d’é­carts et de déca­lages à même de renou­ve­ler la langue. [R.B.]

    Maspero, 1981

    ☰ Le Monopole de la ver­tu, de Catherine Liu

    Dans une pers­pec­tive qui se veut réso­lu­ment socia­liste, Catherine Liu livre dans cet essai une ana­lyse de la manière dont, aux États-Unis et depuis les années 1970, la classe « mana­gé­riale » amé­ri­caine qui se trouve aus­si au pre­mier rang d’un cer­tain pro­gres­sisme poli­tique et cultu­rel n’a ces­sé de mener une lutte inavouée contre les classes popu­laires. Cette classe cultu­rel­le­ment domi­nante et on ne peut mieux incar­née par les intel­lec­tuels et uni­ver­si­taires de gauche a ceci d’inédit, à par­tir du der­nier tiers du siècle pas­sé, qu’elle tire un plein béné­fice du sys­tème capi­ta­liste. Au constat selon lequel « les inté­rêts de la classe mana­gé­riale sont désor­mais davan­tage liés aux grandes entre­prises aux­quelles elle se rat­tache qu’aux com­bats de la majo­ri­té des Américains » s’ajoute la mono­po­li­sa­tion, par cette même classe, de toutes les valeurs posi­tives pro­mues par la moder­ni­té libé­rale. Ainsi cherche-t-elle à faire tenir ensemble l’exemplarité morale, l’exigence d’authenticité, l’impératif de trans­gres­sion des normes (à l’origine théo­rique), la supé­rio­ri­té cultu­relle et la quête des plai­sirs liée à la « libé­ra­tion sexuelle ». Derrière le mythe de la « démo­cra­tie » amé­ri­caine, inau­gu­ré par Tocqueville dans ses essais sur l’Amérique, où les citoyens sont décrits comme « égaux » par-delà les dif­fé­rences éco­no­miques et sym­bo­liques, force est d’observer que la socié­té amé­ri­caine est plus que jamais divi­sée en classes. Or, si la classe mana­gé­riale n’a presque rien de sem­blable à l’ancienne aris­to­cra­tie héré­di­taire, Catherine Liu montre que c’est bel et bien elle qui, dans les faits, et par­fois même plus que la droite réac­tion­naire, consti­tue un frein objec­tif à tout pro­grès social pour les classes popu­laires. D’où il res­sort que la confron­ta­tion Biden-Trump n’est qu’une sorte d’alternative du diable qui masque cette obser­va­tion si élé­men­taire, quoique sou­vent occul­tée par tout un pan du monde « pro­gres­siste » amé­ri­cain, et dont Liu veut nous rap­pe­ler la gra­vi­té : « le com­bat cru­cial de notre époque, c’est la lutte des classes au pro­fit d’une réelle redis­tri­bu­tion des res­sources ». [A.C.]

    Allia, 2022

    ☰ Souvenirs sur Nestor Makhno, de Ida Mett

    Paysan ukrai­nien deve­nu dans les années 1910 et 1920 l’une des figures de proue de l’anarchisme insur­rec­tion­nel et plus tard du « pla­te­for­misme », Nestor Makhno s’inscrit sans conteste dans l’histoire révo­lu­tion­naire mon­diale. Sa mémoire, cepen­dant, souf­frit long­temps de manœuvres de dis­cré­dit, qu’il fut ques­tion d’assimiler la Makhnovchtchina au ban­di­tisme ou de taxer ses par­ti­sans d’antisémitisme. C’est pour bonne part le docu­men­taire poé­tique réa­li­sé par Hélène Châtelain en 1995 qui per­mit de recom­po­ser un por­trait fidèle à ce que nous ont légué les sources his­to­riques. De même, les brefs sou­ve­nirs ici rédi­gés par Ida Mett, cama­rade et inter­prète de Makhno au cours des années qu’il pas­sa en France, furent écrits « dans l’intérêt de la véri­té his­to­rique ». Dans ces pages datées de 1948, on ne trou­ve­ra ni récit épique, ni recom­po­si­tion psy­cho­lo­gique, ni bio­gra­phie exhaus­tive. Comme sou­ve­nirs, ces lignes ne donnent que ce dont leur nar­ra­trice a l’assurance : des choses vues et enten­dues, des opi­nions, des frag­ments. En 1908, très jeune, Makhno est empri­son­né pour ter­ro­risme à la pri­son des Boutyrki, à Moscou, qui était alors « une sorte d’université révo­lu­tion­naire » per­met­tant échanges et confron­ta­tions d’i­dées. Lorsque la révo­lu­tion de février 1917 éclate, Makhno a 25 ans, sort de pri­son et gagne, pros­crit, la France où il vivra le res­tant de sa vie. Le livre ne s’attarde guère sur le détail de ses acti­vi­tés, mais rap­porte plu­tôt com­bien cet homme, qui « était et res­tait un pay­san ukrai­nien », pos­sé­dait à la tri­bune une « force de trans­fi­gu­ra­tion » com­pa­rable au « cou­rage phy­sique » dont il avait fait montre au com­bat. Cependant, dans la vie d’exil et de misère qu’il connut en France, Makhno ne fai­sait guère allé­geance à un anar­chisme stric­te­ment théo­ri­sé (tel celui de Kropotkine). « Il avait plu­tôt une espèce de fidé­li­té aux sou­ve­nirs de sa jeu­nesse, quand l’anarchisme signi­fiait une croyance que tout peut être chan­gé sur la terre et que les pauvres ont droit aux rayons de soleil ». [Y.R.]

    Allia, 2022 (1948)

    ☰ L’Incendie, de Tarjei Vesaas

    Jon sort de la mai­son et s’engage dans une suc­ces­sion d’espaces où le temps ne coule plus de lui-même. Coule-t-il seule­ment encore ? Lacs, rivières, prai­ries. Forêt, nuit, eau. Des routes, des camions, des mai­sons qui s’écroulent ou sur­gissent de l’obscurité. Jon avance sans savoir ce qui l’attend, et sans plus savoir ce qu’il est. Mais il y a dans cha­cune de ses per­cep­tions, dans chaque ren­contre inat­ten­due et inquié­tante, dans chaque parole pro­non­cée, tue ou enten­due, une forme d’implacable néces­si­té. Est-ce celle de la nature dont Jon suit les varia­tions lumi­neuses, les appels olfac­tifs, les salu­ta­tions tac­tiles ? Est-ce celle d’une folie dans laquelle il s’engage len­te­ment — ou qui le pré­cède déjà de loin ? Est-ce celle de tous les autres qui se trouvent sur son che­min ou viennent le cher­cher pour le rendre témoin de scènes dont il por­te­ra ensuite les traces et les échos comme autant de poids les­tant son cœur ? Ce roman de Tarjei Vesaas avance comme un long poème cré­pus­cu­laire. Les ombres, la brume, l’éclat d’un phare ou le scin­tille­ment de ron­delles de bois fraî­che­ment sciées entourent le per­son­nage, le cernent et l’aiguillent. Alors Jon avance, à bout de force ou furieu­se­ment, à pied ou en rêve. Œuvre de la matu­ri­té du grand auteur nor­vé­gien, écrit en 1961, L’Incendie appro­fon­dit une veine sym­bo­liste où l’on ne dis­tingue par­fois plus les voix venant du dedans de celles venant du dehors. À mesure que Jon croise les habi­tants dérou­tants de cette ville faite de mai­sons esseu­lées et de lacs aux rives vaseuses, sa propre voix résonne jusqu’à se confondre avec d’autres. Qu’ils soient inté­rieurs ou envi­ron­nants, les échanges de paroles, dans ce texte, dépassent la ques­tion du dia­logue ou de la dis­cus­sion : avec tout le mys­tère dont est char­gée la langue du poète nor­vé­gien, dire est pla­cé au même plan que mar­cher, ramer, s’asseoir. Nécessité et empê­che­ment sont joints de force. « Le grand but : qu’est-ce que j’ai fait de mon cœur ? De mon cer­veau et de l’obscurité ? C’est cela qu’on va voir main­te­nant. » [L.M.]

    L’Œil d’or & La Barque, 2022

    ☰ Terre et liber­té — La quête d’au­to­no­mie contre le fan­tasme de la déli­vrance, d’Aurélien Berlan

    Tierra y Libertad. Ces mots ont d’a­bord été ceux du révo­lu­tion­naire mexi­cain Ricardo Flores Magón au siècle der­nier avant d’être repris par de nom­breux peuples reven­di­quant une réforme agraire éga­li­taire dans leur pays, sur plu­sieurs conti­nents. Tierra y Libertad. Terre et liber­té. Philosophe et maraî­cher, Aurélien Berlan manie ces deux termes avec une même intel­li­gence et s’est atta­ché à la généa­lo­gie du second, pour le remo­bi­li­ser à l’aune de l’ac­tuelle crise socio-éco­lo­gique. La liber­té telle qu’on l’en­tend n’au­rait rien de sou­te­nable et s’op­po­se­rait, même, à une condi­tion humaine fon­da­men­ta­le­ment ter­restre. Selon lui, « le monde contem­po­rain s’est consti­tué à la faveur du désir d’être déli­vré de la vie poli­tique et maté­rielle, c’est-à-dire déchar­gé des tâches qui vont avec », tâches qui sont « dès lors prises en charge, donc prises en main ». À rebours d’une liber­té se résu­mant à la seule déli­vrance, Berlan valo­rise pour sa part une concep­tion tout autre, celle qui « passe par la prise en charge du quo­ti­dien » — soit une liber­té qui ren­voie au doux mot d’auto­no­mie. Être auto­nome, c’est embras­ser d’un même élan auto­suf­fi­sance maté­rielle et auto­dé­ter­mi­na­tion poli­tique. C’est, pour reprendre la pen­sée éco­fé­mi­niste à laquelle se réfère lar­ge­ment l’au­teur — celle, notam­ment, de la socio­logue alle­mande Maria Mies —, pen­ser la « liber­té dans la néces­si­té ». L’oxymore n’est qu’ap­pa­rent. Il s’a­git de sub­sti­tuer une concep­tion rela­tion­nelle et col­lec­tive à l’ac­tuelle appré­hen­sion abso­lue et indi­vi­duelle de la liber­té. Le phi­lo­sophe conclut : « Son acte fon­da­teur n’est pas une décla­ra­tion d’in­dé­pen­dance, mais une recon­nais­sance d’in­ter­dé­pen­dance. » [E.M.]❞

    • Est-ce que qqun a des infos sur l’auteur du dernier ouvrage mentionné (Aurélien Berlan), il est cité comme « apparaissant sur les affiches de campagnes de Marine LePen » (dans le podcast « Floraisons », site dont des intervenants sur l’oiseau bleu semble pointer les accointances avec des idées d’extrême droite ou plutôt réactionnaires, cf. lien ci-dessous), ce qui me semble contradictoire avec la présence ds les ’cartouches’ de la géniale revue BALLAST...
      Merci

      https://www.youtube.com/watch?v=CBkH-H0g5bU

    • Je pense que tu fais référence à ce passage, dans l’introduction du podcast :

      Alors qu’il fait son apparition sur les affiches de campagne de Marine Le Pen, qu’il est scandé plusieurs fois en manifs à l’occasion de l’opposition contre le pass sanitaire, mais qu’on le retrouve aussi dans la bouche des milliardaires de la Silicon Valley n’ayant l’espace comme seul horizon, il s’agira avec cet entretien de disséquer et de se réapproprier le terme de liberté.

      A priori, Aurélien Berlan n’a jamais fait campagne pour Marine Le Pen...

  • Vendanges sauvages chez Bernard Arnault dans le Var !


    Ce dimanche matin - à l’appel des Soulèvements de la Terre et de la Confédération Paysanne - 300 personnes ont investi dans le Var une parcelle de vignes de #ChateaudEsclans accaparée par le groupe #LVMH dirigé par le milliardaire Bernard Arnault.




    Deux convois différents se sont rejoints au pied des rangs en chantant « Ô Bernard Arnault, espèce de blaireau, on vient vendanger chez toi ! » sur l’air d’avertissement frondeur du mouvement des gilets jaunes ou encore « Bernard si tu savais, ton pinard ce qu’on en fait. Du jus ! Du jus ! Aucune hésitation ! On boit, on boit, à la révolution ! ».



    Après une distribution de 200 sécateurs, nous sommes passés directement des déclarations d’intentions à l’action et avons entrepris de vendanger sans plus attendre les profits des spéculateurs ! Les gendarmes qui avaient suivi le cortège en nous spécifiant en vain l’interdiction de pénétrer sur des terrains privés ainsi que les agents de sécurité « pacific » (sic) de LVMH se sont tenus en retrait.




    Suite à la vendange rapide d’1,5 tonne de raisins, nous avons déambulé parmi les vignes puis sur la départementale jusqu’à la future cave de #lvmh, encore en chantier. Nous y avons alors déployé des pressoirs et foulé le raisins pour en faire plus de 1000 litres de jus redistribué aux participant.es et en soutien à la ZAP de Pertuis , expulsée mais encore en mouvement pour empêcher la bétonisation de dizaines d’hectares de terres maraîchères. Ce raisin était initialement destiné par Bernard Arnault à la production de la cuvée Whispering Angels. C’est sur ce domaine que le milliardaire revendique fièrement de produire le rosé le plus cher du monde. Nous avons ainsi repris notre part des anges et une petite revanche de classe qui en appelle d’autres.





    Cette action était la seconde - en quelques mois- des Soulèvements de la Terre et de la Confédération paysanne sur des vignobles livrés à la spéculation. La première - dans le Jura en mars - avait réuni des centaines de personnes pour reprendre et nettoyer une vigne qu’un obscur fond d’investissement laissait mourir. (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/dans-le-jura-600-personnes-reprennent-la-terre-aux-aux-spe)



    Le vignoble du Var est lui aussi la proie d’investisseurs qui font flamber le prix du foncier et placent l’avenir du territoire sous la mainmise de grands groupes. Cette nouvelle reprise de terres visait donc à s’en prendre en action à l’accaparement des terres agricoles et la financiarisation qui en découle. Nous invitons à décliner et multiplier à l’envie partout dans le pays ces initiatives de récoltes des fruits de l’accaparement et de ponction directe dans le porte-monnaie des bénéficiaires de jet-privés et de golfs arrosés cet été.

    Cette action inaugurale de la saison 4 des soulèvements de la terre, venue clôturer 2 jours d’assemblées, sera bientôt suivie d’une mobilisation nationale pour stopper le nouveau chantier de méga-bassine qui menace chaque jour de démarrer à Saint-soline dans les Deux-Sèvres malgré un été de sécheresse sans précédent. Guettez les réseaux sociaux des #SoulèvementsdelaTerre, un rendez-vous pour se rejoindre en masse sur le terrain devrait tomber des les jours qui viennent ! #PasUneBassinedePlus #ManifdeFindeChantier - https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/pas-une-bassine-de-plus


    La terre aux paysan.nes et celles et ceux qui en prennent soin ! Accapareurs et spéculateurs, hors de nos vignes et de nos vies !

  • LE #TRAFIQUANT | #ARTE_Radio
    https://www.arteradio.com/serie/le_trafiquant

    #entretien
    #drogue

    LE TRAFIQUANT
    Par #Hugo_Lemonier

    Où planquer son produit, comment se jouer des frontières, comment semer les flics en filature… Né dans une famille de #bandits_corses, #Milou a passé sa vie au sommet de la #voyoucratie. De son enfance pauvre à la Belle de Mai jusqu’à ses années dans la #French_Connection, il raconte tout. 8 épisodes à suivre pour un #récit puissant et addictif. Une production ARTE Radio.

  • #Écologie : faut-il contrôler les modes de vies des très #très_riches ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat-d-ete/le-temps-du-debat-du-jeudi-18-aout-2022-3063230

    Quel bilan carbone des 10% les plus riches

    Résumé
    Le #flight_tracking : c’est le nom, en très mauvais français, de ces outils qui permettent de suivre les trajets des jets privés des milliardaires. Mettant en lumière leurs #modes_de_vie déconnectés des #objectifs_climatiques. Alors faut-il inciter la grande bourgeoisie à transformer son mode de vie ?

    avec :
    Emmanuel Combet (Chercheur en sciences sociales, spécialiste des questions sociales et économiques de la transition énergétique, et économiste sénior à l’Ademe), Nicolas Vercken (Directeur des Campagnes et du Plaidoyer d’Oxfam France), Suzanne Vergnolle (Docteure en droit et maître de conférences au CNAM).

  • La #Défenseure_des_droits estime que « c’est à l’#école de s’adapter » aux #enfants_handicapés
    https://www.lemonde.fr/education/article/2022/08/28/la-defenseure-des-droits-estime-que-c-est-a-l-ecole-de-s-adapter-aux-enfants

    « Des #AESH seraient partantes pour couvrir le temps périscolaire, mais on affecte quelqu’un d’autre, car cela ne dépend pas du même budget et des mêmes acteurs », au détriment de « l’intérêt supérieur de l’#enfant », qui a besoin de stabilité, relève Mme Hédon.

    Plus généralement, la Défenseure des droits souligne que le système éducatif doit s’adapter aux élèves en situation de handicap et, pour cela, mieux former les enseignants à les prendre en charge, au lieu de compter uniquement sur les AESH. L’attribution d’un AESH n’est « ni un préalable ni une condition à la #scolarisation de l’élève », rappelle-t-elle.

    Le rapport cite l’exemple d’un enseignant qui se trouvait face à un enfant ne parvenant pas à comprendre les consignes. Il a décidé d’adapter son enseignement à cet enfant et s’est aperçu que cela bénéficiait à l’ensemble des élèves. « C’est à l’école de s’adapter… et ce que l’on voit, c’est qu’on demande à l’enfant de s’adapter à l’école », conclut Mme Hédon.

  • Projet Vercors Vie Sauvage - ASPAS : Association pour la Protection des Animaux Sauvages
    https://www.aspas-nature.org/reserves-vie-sauvage/vercors-vie-sauvage

    Vercors Vie Sauvage

    Le site retenu pour le projet Vercors Vie Sauvage est isolé au fond d’un vallon dans le massif du Vercors, sans agriculture intensive à proximité. Par sa taille, il constitue un véritable havre de paix pour notre biodiversité épuisée : 490 hectares de forêt ancienne très diversifiée avec de nombreuses essences d’arbres et d’arbustes typiques de l’étage montagnard, dont plusieurs arbres remarquables. Quelques prairies calcicoles accueillent orchidées et papillons à foison, et les falaises toutes proches font le bonheur des rapaces. Plusieurs sources et une rivière qui s’égaille en petits rus alimentent mares et étangs où s’abreuvent une faune sauvage variée et facilement observable.

    Cerfs, loups, aigles, gypaète, vautours fauve et moine, sangliers, renards, mustélidés, des libellules peu communes, et une foule d’insectes devenus rares ailleurs font dès à présent de ce lieu un site d’observation exceptionnel pour scientifiques, curieux et photographes amoureux de la nature.

    https://www.aspas-nature.org/wp-content/uploads/Vercors-Vie-Sauvage-ASPAS.pdf

    LE PORTEUR DE PROJET :L’ASPAS, UNE ONG HORS NORMESGÉNÉTIQUEMENT INDÉPENDANTEDès sa création, en 1983, l’ASPAS a fait un choix exceptionnel parmi les ONG françaises de défense de la nature : ne jamais recevoir les moindres fonds de l’État. Une contrainte lourde, compensée par un investissement total de ses fondateurs dont la passion motive plus que jamais les adhérents d’aujourd’hui. L’ASPAS ne rend donc de comptes qu’à ses quelques 10 000 adhérents et ses donateurs. Son fonctionnement collégial renforce encore sa stabilité.

    #vie_sauvage #biodiversité #protection_des_animaux