La Rotative

Site collaboratif d’informations locales - Tours et alentours

  • Joué-lès-Tours : on a retrouvé les caméras du commissariat (et celles placées autour)
    http://larotative.info/joue-les-tours-on-a-retrouve-les-763.html

    Dans l’histoire de la mort de Bertrand « Bilal » Nzohabonayo, deux versions s’affrontent toujours. L’une des questions principales est de savoir si Bilal est allé volontairement au commissariat, ou s’il y a été emmené par des policiers. Les caméras situés aux alentours pourraient permettre d’y voir plus clair.

    Presque tous les accès à la place étant filmés, les enquêteurs sont potentiellement en mesure de faire taire en partie ce qu’ils qualifient de « rumeurs », c’est-à-dire les témoignages qui ne vont pas dans le sens de la version policière. Ce ne serait pas la première fois, dans l’agglomération de Tours, que les caméras feraient mentir des policiers. En 2012, un procès-verbal de la brigade anti-criminalité avait été annulé par le tribunal de Tours, parce que les images de vidéosurveillance avaient montré que les flics avaient frappé au crâne un individu menotté qui n’opposait aucune résistance (contrairement à ce qu’ils déclaraient). Et pourtant, dans cette affaire, douze minutes d’enregistrements avaient été effacés.

  • Lettre ouverte des accompagnants d’élèves en situation de handicap à la ministre de l’Education
    http://larotative.info/lettre-ouverte-des-accompagnants-d-696.html

    Le 19 novembre, les accompagnants d’élèves en situation de handicap se sont rassemblés devant la direction académique d’Indre-et-Loire et y on lu une lettre de revendication et d’interpellation à destination de Najat Vallaud-Belkacem, dans laquelle ils et elles exposent leurs conditions de travail.

    Madame la Ministre,

    En tant qu’AESH en Indre-et-Loire, nous vous interpellons aujourd’hui pour vous signifier les conditions inacceptables dans lesquelles au quotidien nous nous trouvons.

    Madame la Ministre, travailleriez-vous 20 h par semaine pour un salaire de 591 euros ?

    C’est aujourd’hui ce que vous nous proposez, dans un cadre que le Code du travail refuse pour tout salarié du privé (article L.3123-14-1 qui stipule que la durée minimum de temps de travail pour un salarié à temps partiel est désormais de 24h/semaine). Nous revendiquons un temps de travail et un salaire horaire qui nous donne les moyens d’une existence matérielle digne de ce nom !

    Madame la Ministre, accepteriez-vous d’être intégrée dans une classe sans aucune préparation ?

    Sachez que c’est ce qui arrive aujourd’hui lorsque qu’un AESH est recruté. Il ne lui est proposé aucune formation, il n’a pas de renseignement au préalable sur la mission qu’il doit accomplir et doit faire face aux demandes des élèves, de l’institution, et des parents ! Vous le savez, nous effectuons un travail auprès d’un public très spécifique, travail qui nécessite de l’autonomie et des prises de responsabilités et ces qualités ne peuvent s’improviser. Pour nombre d’entre nous, cette situation se traduit par des formes de souffrance au travail, un fort manque de considération, et par aucune reconnaissance professionnelle.

    Nous revendiquons de véritables formations (et non des réunions d’informations), prises sur notre temps de travail et au long de notre “carrière”, comme dans tous les autres corps de métiers.

    Nous revendiquons également le fait de disposer de temps de concertation tant pour effectuer un retour sur nos pratiques que pour rompre notre isolement, qui est bien réel. Nous revendiquons encore qu’il soit possible d’effectuer des stages dans des établissements spécialisés ainsi qu’en milieu hospitalier.

    Madame la Ministre, nous ne pouvons pas accepter des perspectives de carrière moins favorables encore que celles que nous avons actuellement !

    C’est aussi ce que vous nous proposez avec les annonces de CDIsation que vous avez faites ! Un CDI à temps partiel, à échéance de 6 années de CDD, n’est pas une titularisation, loin s’en faut ! Il ne s’accompagne d’aucune perspective de carrière, d’aucune amélioration salariale et pire encore il nous inscrit dans une plus grande précarité ! La reconnaissance professionnelle que vous nous annoncez est, pour la plupart d’entre nous, largement en dessous de nos qualifications initiales.

    Madame la Ministre, nous ne nous satisfaisons plus aujourd’hui des discours de vos représentants qui vantent les mérites et le travail qu’effectuent les AESH auprès des élèves en situation de handicap. Bien souvent nous avons l’impression d’être les acteurs d’une politique au rabais d’intégration du handicap à l’école, politique qui se fait sur notre dos comme sur celui des élèves que l’on accompagne.

    Madame la Ministre, nous sommes donc dans l’attente d’une vraie politique de reconnaissance de notre fonction.

    Les AVS-AESH d’Indre et Loire

    #précarité #fonction_publique #handicap

  • Violence et mensonges
    http://larotative.info/violence-et-mensonges-688.html

    Face à un gouvernement qui utilise la violence et le mensonge pour administrer le désastre, des êtres refusent la passivité : offensifs sans être agressifs, ils utilisent leurs droits à la légitime défense contre l’oppression.

    La mort d’un militant écologiste qui s’opposait au projet de barrage du Testet a suscité bien des commentaires et des enquêtes pendant deux semaines. Le président de la république dans son show télévisé a pu éluder toutes les vraies questions en évacuant celle sur la mort de Rémi Fraisse dès le commencement de son émission. Belle manœuvre. Sur le lieu du barrage, alors que la préfecture avait promis que ce rassemblement se déroulerait sans présence des forces de l’ordre, elles étaient là et elles furent violentes. C’est corroboré en partie par ce témoignage : « Je tiens à préciser que le préfet du Tarn, par l’intermédiaire du commandant de groupement, nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toutes formes de violences envers les forces de l’ordre », rappelle le lieutenant-colonel L. On a caché la mort de Rémi, on a masqué l’origine de sa mort pour contenir une réaction trop forte. On sait qu’avec le temps…

    A l’ORTF, rien n’avait été dit, sauf que la contestation serait condamnée dès qu’elle s’avérait violente. On allait la rendre visiblement violente. Ce ne fut pas difficile. On parla de black blocks, de casseurs, comme au temps de Pasqua pour Malik Oussekine. A ceci près qu’en 1986, des millions de jeunes défiaient le pouvoir. Devaquet démissionnait. Pasqua restait. Le pouvoir comme à son habitude séparait les bons des mauvais manifestants, les casseurs des rues dont certains étaient des flics apparaissaient comme des barbares, et la masse effrayée restait chez elle rongeant son frein, adoptant la vision d’en haut pour ne pas se dédire.

    On ne parla pas des grands projets inutiles ou de la raison d’être d’un Center Parc en Isère, on n’évoqua pas l’utilité d’un barrage, de ce qu’il nie et qui ne reviendra plus. On parla zones franches sur un ton badin, entrepreneuriat, petites ficèles que chacun tire dans son coin pour le plus grand soulagement du chacun pour soi. Badinguet continuait son numéro avec une nouvelle tête plus carrée et un visage de robot.

    Aujourd’hui, si on n’a pas encore peur de descendre dans la rue pour protester, on reçoit avec la bénédiction des médias son hostie en lacrymogène. Rester au bas de sa tour dans une cité peut vous conduire droit au cimetière ; en prison si vous étiez grimés dans un carnaval à Marseille, à l’hôpital avec une perte d’un œil si vous étiez en manifestation à Montreuil ou à Nantes. Encore à Blois la semaine passée. Et être arabe à Clermont-Ferrand vous envoyait direct à la morgue. La mort fait peur et la police sert à ça. Faire peur et faire en sorte que la population se solidarise avec le plus fort. On dirait que cette manie a déjà porté ses fruits. Nous dissuader d’aller dans la rue, et se payer sur nos corps. On peut avoir peur mais on ne peut être lâche. Il faut donc trouver les moyens de rester ensemble.

    Et voilà l’affaire Jouyet qui nous arrive dès lundi matin avec l’habituelle ronde des petits cochons qui se tiennent la queue, de BFM à Libé. L’affaire Jouyet c’est à peu près rien sur l’échelle de l’Histoire, tout au plus une embrouille entre deux clans du pouvoir. Mais ça tombe bien pour changer l’air chargé de souffre, ce petit courant d’air qui permet à tout le monde de regarder ailleurs. L’affaire Nabilla n’avait pas suffit. La rubrique criminelle était déjà pleine. François Bayrou demande la démission de Jouyet. Il n’y a aucune raison de demander celle de Cazeneuve. On reste entre amis.

    Le gouvernement est de plus en plus illégitime. Ce n’est pas l’effondrement des sondages qui nous le dit mais ce sont les parents d’élèves de Marseille ou de Seine Saint Denis, les postiers des Hauts-de-Seine ou Serge Reynaud à Marseille jugé pour refus d’obéissance, les lycéens de partout, les administrés de Champagne ou de Bretagne, les licenciés de Continental ou les Moulins Maurel, ceux de Picardie ou d’Aquitaine. Et ce sont encore les occupants de Notre-dame-des-Landes et les refuseurs de la ferme des Mille-Vaches. Partout et toujours des résistants, c’est-à-dire des êtres refusant la passivité, offensifs sans être agressifs, qui utilisent leurs droits à la légitime défense contre l’oppression.

    (...)

    Pas un département où des citoyens de toutes obédiences, des retraités paisibles ou des familles tranquilles ne contestent des projets faits sans eux. Souvent contre eux. Pas une région du monde où l’on ne s’oppose pas à une multinationale. A Marseille, c’est un parc qu’on supprime pour ériger des immeubles, à Lussat dans la Creuse, on rouvre une carrière pour extraire de l’or, des lignes de TGV sont contestées au moins dans trois régions, les incinérateurs de Clermont-Ferrand et de Fos-sur-Mer empoisonnent l’atmosphère de milliers de rurbains, une autoroute à la Réunion plongera l’économie de l’île non seulement dans le rouge mais dans la mer. A Bure on enterre des déchets nucléaires. Décharges, autoroutes, barrages, mines, supermarchés, le béton est partout et l’humanité étouffe. On lui envoie des lacrymogènes pour respirer. Même quand on est « écolo », on se retrouve à se battre contre des gares ou des trains tant les infrastructures semblent étudiées dans le seul but de passer des marchés avec le BTP ou le nucléaire.

    #écologie #Testet #multinationales #maintien_de_l_ordre #violences_policières

  • Santé en prison : entretien avec un ancien médecin d’un centre de détention
    http://larotative.info/sante-en-prison-entretien-avec-un-685.html

    Les 13 et 14 novembre, l’Association des professionnels de santé exerçant en prison organise un congrès à Tours. L’occasion de parler de médecine carcérale avec le Docteur Glop (aka @fourmiverte sur Twitter), médecin généraliste qui a exercé pendant trois ans en centre de détention.

    Dans un rapport du Groupe National Concertation Prison [1], il est indiqué qu’une fois en prison, la santé des personnes détenues se détériore. Comment l’expliques-tu ?

    La santé des détenus se détériore car il y a déjà un stress inhérent à être enfermé, qui plus est enfermé avec d’autres personnes... C’est anxiogène ce nouveau milieu. Il faut découvrir les règles du jeu. Et hélas, c’est souvent la loi du plus fort qui règne, du plus violent... Ce stress d’être incarcéré perturbe le sommeil, l’état de vigilance, l’alimentation. Et à cela s’ajoute la consommation de tabac, et autres substances illicites qui circulent en prison...

    Dans mon établissement, les médecins étaient en sous-effectif. Avant que je démissionne, les délais d’attente pour un rendez-vous médical étaient de deux mois. Nous avions des vacations de psychiatres et de psychologues, mais pas assez de locaux pour nous organiser de façon optimale. En raison des restrictions budgétaires, les travaux nécessaires n’étaient pas réalisés.

    Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les détenus pour bénéficier de soins à la hauteur de leurs besoins ? Les moyens humains et budgétaires sont-ils à la hauteur ?

    Il n’y a pas assez de personnels soignants au sein de la prison, et il n’y avait pas assez de toubibs spécialisés dans l’hôpital situé à proximité du centre de détention où j’exerçais. Pas assez d’argent aussi de la part de l’administration pénitentiaire. Lorsqu’un détenu doit se rendre à une consultation à l’hôpital (pour un scanner, une IRM, un rendez-vous avec un cardiologue, etc.), il faut organiser le trajet du patient incarcéré avec l’administration pénitentiaire et l’hôpital. Or, l’administration pénitentiaire ne fournissait qu’un seul fourgon pour assurer ces extractions médicales. Du coup, si une urgence médicale survenait dans la journée et nécessitait un transport en fourgon vers le service des urgences de l’hôpital, les « extractions programmées » vers l’hôpital sautaient, et il fallait les reprogrammer... Mais comme l‘offre de soins dans le coin était pourrie, il fallait compter un nouveau délai de plusieurs mois pour obtenir un autre rendez-vous.

    Il faut savoir aussi que la population carcérale est une population en plus mauvaise santé que la population générale, avant d’être incarcérée. Car on incarcère des gens précaires, des toxico, de vrais fous psychiatriques...

    La population carcérale vieillit. Quelles sont les difficultés que cela entraîne ?

    J’ai été très peu confronté à cette problématique. Les personnes âgées détenues dans l’établissement où j’exerçais étaient valides. Mon plus vieux patient avait 75 ans et était en forme, mais quelques personnes en fauteuil roulant nécessitaient des cellules adaptées.

    Néanmoins, une population qui vieillit devient polypathologique [2], ce qui rend le problème des déserts médicaux et des prisons construites au milieu de ces déserts d’autant plus criant.

    Quel bilan tires-tu de ton expérience de médecin en prison ?

    J’ai passé trois ans en tant que médecin généraliste dans ce centre de détention. La prise en charge des patients s’est avérée complexe, en raison du type de patients (ce sont des durs) et des contraintes multiples de l’administration pénitentiaire. Pour un début de carrière de médecin, je me suis forgé une sacré expérience. Mais y rester plus longtemps m’aurait aliéné — alors que je ne faisais qu’y travailler. Imaginez les gars qui y sont pour des années...

    #prison #santé #déserts_médicaux

  • Violences policières : à Blois, Toulouse et Lyon, les tribunaux prennent le relais
    http://larotative.info/violences-policieres-a-blois.html

    Les manifestations suite à la mort de Rémi Fraisse et les réactions après la #mutilation d’un jeune blésois par un tir de #flashball ont été sévèrement réprimées ces derniers jours. Rassemblements systématiquement interdits, arrestations en nombre, et lourdes peines de #prison ferme ont frappé les différents rassemblements contre les ravages causés par l’armement des flics.

    D’après la NR, à Blois, deux hommes ont été placés en détention provisoire et un troisième a été placé sous contrôle judiciaire. Ils seront jugés le 8 décembre.

    A Lyon, sur les cinq personnes placées en garde à vue suite à la manifestation du 6 novembre, une seule est passée en comparution immédiate. L’homme a « mangé six mois fermes avec mandat de dépôt (c’est-à-dire qu’elle a été envoyée en taule immédiatement) assortis de neuf mois de sursis avec mise à l’épreuve de deux ans, avec obligation de justifier de démarche d’emploi et de formation. Il a été condamné pour violence envers représentant de l’ordre. La peine est particulièrement lourde pour une manif où seules quelques poubelles ont brûlé. »

    A Toulouse, cinq personnes sont passées en comparution immédiate suite à la dernière manifestation du 8 novembre. Une personne a pris 4 mois ferme avec mandat de dépôt, une autre a pris 4 mois — en ferme aussi — sans mandat de dépôt, deux autres ont pris du sursis avec amende. Les personnes qui ne sont pas passées en comparution immédiate seront convoquées à une date ultérieure.

    A Dijon, un homme a été condamné à six mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour avoir abîmé une vitre.

    Pendant ce temps-là, les trois flics marseillais poursuivis pour homicide involontaire après la mort d’un homme asphyxié suite à son interpellation ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis...

  • Communiqué de la place du palais de justice occupée à Rouen (MàJ le 7/11)

    http://larotative.info/communique-de-la-place-du-palais.html

    Après 2 jours et 3 nuits d’occupation, un dispositif policier écrasant d’une vingtaine de camions de CRS a délogé les occupants de la place du palais de justice et détruit les installations. Alors que l’Etat même a reconnu son crime et ses mensonges, les autorités s’obstinent à exercer leurs forces et décourager toute forme de résistance. La personne qui était dans l’arbre a été emmenée au commissariat. A 6h, des lycéens qui appelaient à des blocages ont été intimidés par des officiers de la Bac devant leur lycée. Leurs identités ont été prises par la police.

  • Larrouturou sur le Testet : le véritable visage de Nouvelle Donne
    http://larotative.info/larrouturou-sur-le-testet-le.html

    Pierre Larrouturou, leader de Nouvelle Donne, a signé sur Reporterre.net une chronique, finalement expurgée, sur la mort de Rémi Fraisse dans laquelle il en appelait à une répression accrue à l’égard des militants. Où il allait jusqu’à proposer d’interpeller au début des manifestation tous ceux dont le look serait problématique. Cette chronique est abjecte mais guère surprenante de la part de celui dont le parti joue à fond la carte républicaine et se pose en apôtre d’un État fort. Elle montre en fait le vrai visage de Nouvelle Donne : un parti qui séduit en disant vouloir faire de la politique autrement mais qui défend fondamentalement l’ordre établi. Voici quelques éléments de compréhension.

    (...)

    En 2012, suite à la victoire de François Hollande, Pierre Larrouturou et Stéphane Hessel, au lieu de s’indigner, décident de rejoindre les rangs du parti au pouvoir pour y défendre leurs révolutionnaires idées. Ils présentent une motion au congrès du parti, celle-ci reçoit 11,8% des suffrages. Mais le PS est ingrat et n’accorde aucune place éligible pour les élections européennes de 2014 à ceux qui ont porté cette motion. Vexé et privé de strapontin d’élu, Pierre Larrouturou claque la porte et part fonder son propre parti, celui où il aura les coudées franches pour faire valoir ses ambitions. Nouvelle Donne est née.

    Évidemment, pour espérer être élu, il faut occuper un créneau. Pierre Larrouturou va trouver le sien : il dégaine la corde de la critique de la professionnalisation du pouvoir et vante donc l’implication citoyenne. Les éléments de langage maison alternent donc entre l’exaltation de la citoyenneté, l’apologie des référendums, l’ode à la transparence et l’appel constant à la fin du métier de politicien. Le tout est enrobé d’un verbiage au républicanisme bon teint.

    (...)

    Dans un contexte où de plus en plus de gens ne croient plus, à raison, en la politique traditionnelle et en la démocratie représentative, le discours critique sur les professionnels de la politique et les institutions a logiquement séduit nombre de militants, sans doute pour l’essentiel sincères. Sauf qu’il est trompeur et populiste. D’abord parce que la ligne de conduite et la direction du parti sont entre les mains d’un petit nombre de cadres ambitieux (essentiellement ses deux co-présidents, Pierre Larrouturou et Isabelle Attard (députée du Calvados, élu à l’époque sous l’étiquette PS-EELV)). Ensuite parce que les militants ne décident que de détails à la marge, même si le parti leur demande actuellement leur avis via une consultation où ils doivent se positionner sur 85 questions qui permettront de rédiger les nouveaux statuts. Leur action consiste en réalité essentiellement à organiser localement la propagande du parti. Le seul objectif de ce joli discours n’est pas de renouveler la manière de faire de la politique, sans quoi Nouvelle Donne en appellerait sans doute à la fin des partis, mais bien de légitimer la parole des leaders du mouvement par une assise supposément populaire.

    (...)

    Nouvelle Donne qui prétend lutter contre la professionnalisation de la politique ainsi que sa peoplisation a pourtant ses stars, chargées d’attirer le chaland grâce à leur légitimité intellectuelle ou médiatique (toutes ont la particularité d’un engagement plus ou moins constant dans la gauche molle, notamment au parti socialiste), ses politiciens de métier et son leader charismatique, Pierre Larrouturou.

    (...)

    Larrouturou se présente (et est généralement présenté ainsi par la presse) comme économiste. C’est que ça fait plus classe et plus légitime pour l’ouvrir que se présenter comme appartenant à la catégorie des politicards. Pourtant, c’est plutôt dans cette dernière que sa carrière le place. Une carrière qui ferait passer Jean-Vincent Placé pour un modèle de sincérité et de fidélité.

    (...)

    Ainsi, plutôt que de reconnaître que les véritables coupables de la situation au Testet sont seulement ceux et celles qui ont décidé de la construction de ce barrage (c’est-à-dire essentiellement les élus du Tarn), Pierre Larrouturou, en bon républicain, fustige les « blacks blocks ». On se demande où il a rangé ses beaux discours sur la rénovation des institutions et la place des citoyens. En tous cas, ce qui est clair, c’est que la figure de l’ennemi intérieur fait manifestement toujours recette.

    #Larrouturou #Testet #black_blocs #nouvelle_donne #politicaillerie

    • plutôt que de reconnaître que les véritables coupables de la situation au Testet sont seulement ceux et celles qui ont décidé de la construction de ce barrage (c’est-à-dire essentiellement les élus du Tarn), Pierre Larrouturou, en bon républicain, fustige les « blacks blocks ». On se demande où il a rangé ses beaux discours sur la rénovation des institutions et la place des citoyens. En tous cas, ce qui est clair, c’est que la figure de l’ennemi intérieur fait manifestement toujours recette. Nous reproduisons ici ses propos, dépubliés par Reporterre en fin de matinée le 30 octobre 2014, ils sont édifiants.

      « Les Black Blocks, parlons-en. Le 22 février, lors de la grande manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, nous étions nombreux à être scandalisés par la façon dont les forces de l’ordre, pourtant supérieures en nombre, les avaient laissé saccager une partie du centre-ville de Nantes et les avait laissés repartir sans chercher vraiment à les interpeller.

      Le 22 février, quand une poignée de casseurs a mis le feu à la boutique de Vinci, il y avait plusieurs dizaines de CRS à moins de cinq minutes à pied du lieu du délit. Pourquoi sont-ils restés sans agir ? Et pourquoi, à la fin de l’après-midi, alors qu’il était très facile d’interpeller ces groupes d’extrémistes en les coinçant dans les rues de Nantes, les a-t-on laissés partir si facilement en interpellant seulement une petite quinzaine d’individus et pas du tout les plus actifs ni les mieux préparés au combat de rue ?

      Dissimuler son visage est interdit par la loi : même s’ils n’ont encore rien cassé, ceux qui arrivent masqués de noir peuvent être interpellés en début de manif et conduits au poste pour un contrôle d’identité qui dure quelques heures… Pourquoi les centaines de CRS présents à Nantes n’ont-ils pas agi avec plus de force pour prévenir les violences ?

      S’ils l’avaient fait, si les casseurs avaient été empêchés de nuire, les journaux de 20 heures auraient tous parlé d’une grande manifestation pacifique et du sondage qui affirmait que 80 % des Français ne voulaient pas d’un deuxième aéroport à Nantes. Mais l’action des casseurs a « permis » au gouvernement de donner une image très négative de la manifestation et de fuir le débat de fond [6].

      Et si, le 22 février, on avait arrêté un bon nombre de Black Blocks et si la justice avait envoyé en prison ceux qui méritaient une telle peine, qui peut croire qu’ils auraient été aussi nombreux dans les bois de Sivens samedi dernier ? »

      Renseignement pris cette première version de l’article a été dépubliée suite à un débat en interne. L’équipe de Reporterre nous dit l’avoir publié trop rapidement et sans trop d’attention, dans le feu de l’actualité et du travail. Elle a invité l’auteur à retravailler son texte. On peut s’interroger sur la qualité de la relecture de Reporterre et sur la confiance aveugle qu’ils accordent à Pierre Larouturou. Confiance qui se double d’un coup de pub sur le long terme puisque l’article en question est la chronique mensuelle que le patron de Nouvelle Donne publie sur le site.

      Elle a été republiée le 1er novembre, expurgée de la partie ci-dessus. Néanmoins le passage dans lequel Pierre Larrouturou déclare sa flamme aux CRS (le tout avec un pathos à peine croyable) et prend ses lecteurs pour des truffes en jouant au pseudo naïf est, lui, bel et bien resté...

      « J’ai passé un an à Matignon et je faisais une heure de footing tous les matins avec les CRS. J’en ai gardé une très haute estime pour toutes celles et ceux qui sont prêts à donner leur vie pour protéger les valeurs et les institutions de la République. C’est justement parce qu’ils ont un rôle fondamental à jouer pour protéger la République qu’on ne peut pas accepter que leur rôle soit perverti en leur demandant de protéger ceux qui veulent passer en force pour des grands travaux inutiles. »

      On rappelle donc ici pour Pierre Larrouturou et tous les mal-comprenants dans son genre que ceux qui passent en force pour des grands travaux inutiles ce sont les élus de la république et leur alliés industriels. La mission des CRS est, précisément, de défendre leurs intérêts. Elle n’est donc ici en aucun cas pervertie mais parfaitement normale. Quiconque voudrait nous faire croire l’inverse serait soit idiot soit malhonnête.

  • Chez Total, il n’y a pas que les patrons qui meurent

    http://larotative.info/chez-total-il-n-y-a-pas-que-les.html

    La mort du patron de Total dans un accident d’avion le lundi 20 octobre a été abondamment commenté par les médias. Un traitement médiatique qui occulte le fait que 79 salariés du groupe Total sont morts au travail entre 2008 et 2013.

    Huit accidents de travail mortels en 2008. Vingt-et-un en 2009. Dix-sept en 2010. Au fil des pages des « Rapports société et environnement » publiés par le groupe Total [1], on voit s’accumuler les morts. Une bonne part des décès recensés dans le groupe correspond à des accidents de transport, dans des pays où les infrastructures routières laissent à désirer, notamment en Afrique. Mais en 2013, sur les quinze accidents mortels enregistrés, sept ont eu lieu dans les usines de Total.

    En interne, la CGT dénonce une vision de la sécurité tournée uniquement vers les chiffres. Un militant explique :

    _« Le dada de la direction, en matière de sécurité, c’est de se positionner par rapport à ce que déclarent les autres majors pétrolières. Or, nous, on a toujours dit que les chiffres des autres groupes étaient bidons, puisqu’on sait que nos chiffres sont bidons. On sait que certains accidents sont camouflés, notamment chez les sous-traitants, puisque la direction leur met la pression pour qu’ils diminuent leurs taux d’accidents. Total les menace de sanctions, voire de rupture de contrat. Donc on sait pertinemment que certains sous-traitants camouflent les chiffres d’accidents, et on en a chopé certains. »_

    (...)

    Les usines Total étant dangereuses, elles font l’objet d’une surveillance particulière de la part de l’administration, et les directions des sites donnent aux comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail les moyens de fonctionner. Néanmoins, les recommandations et alertes formulées par ces instances sont insuffisamment suivies d’effets aux yeux du syndicat CGT : « C’est la conséquence d’un arbitrage permanent entre les coûts et la sécurité ».

    Ainsi, la nouvelle campagne de réduction des coûts qui a été lancée dans le raffinage a d’abord frappé des postes de maintenance, indispensables à la sécurité, ce qui fait craindre une nouvelle dégradation des résultats en la matière.

    #Total #travail #syndicalisme

  • Policiers masqués : à Nantes, la police montre son vrai visage
    http://larotative.info/policiers-masques-a-nantes-la.html

    Le 1er novembre, une manifestation a été organisée à Nantes suite à la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme alors qu’il protestait contre la construction d’un barrage au Testet. Pendant la manif, une caméra de Tamaris News a capturé des images de deux policiers en civil équipés de masques reproduisant des têtes de mort. Des masques similaires à celui porté par un légionnaire français en opération au Mali, en 2013.

    A l’époque, le port de ce masque avait fait scandale et le mercenaire en uniforme avait été sanctionné par sa hiérarchie. Mais les flics à gueule de cadavre peuvent être rassurés, apparemment leur ministre les couvre : pour lui, le problème, ce sont les « casseurs » qui donnent dans la « provocation ». Le fait que des flics portent des masques à tête de mort une semaine après que leurs armes aient tué un homme et en aient mutilé un autre, ce n’est pas de la provocation, c’est du « maintien de l’ordre » respectant les « consignes d’apaisement ».

    #Nantes #Violences_policières #Maintien_de_l_ordre

  • Un mort au Testet : récit du week-end de luttes contre le barrage de Sivens

    Les occupants de la Zone à Défendre du Testet appelaient à un rassemblement le 25 octobre pour s’opposer à la poursuite des travaux. Au cours du week-end, Rémi Fraisse, 21 ans, a été tué dans l’explosion d’une grenade provenant des rangs des gendarmes. Témoignage en images d’un manifestant qui avait répondu à l’appel des zadistes.

    J’emprunte le résumé de cette journée à un ariégeois : la kermesse d’un côté, la baston de l’autre. Un peu désabusé, il ne s’est pas vraiment senti utile. Un peu plus loin, un intervenant lance à la cantonade un sentiment que la plupart des personnes présentes approuve : « Je vis pour les emmerder et plus je les emmerde, plus je vis ». Ici, il n’y a pas que des pacifistes plutôt âgés et des « manifestants » plutôt jeunes, des babas d’un côté et des extrémistes de l’autre (« casseurs », « radicaux », « anars »…), il y a surtout une foule de plus de cinq mille personnes engagée dans une cause commune qui a bien compris qu’on ne peut pas défendre l’environnement dans une société qui a érigé en dogme que le progrès et le développement économique sont infinis et parallèlement qui ne veut pas voir que les ressources de son logis appelé la Terre sont tout sauf infinies.

    http://larotative.info/un-mort-au-testet-recit-du-week.html

  • La PMA n’est pas naturelle, le couple hétérosexuel et ses enfants biologiques non plus

    http://larotative.info/la-pma-n-est-pas-naturelle-le.html

    Il y a quelques temps, un article intitulé Ni Manif pour tous, ni reproduction artificielle de l’humain était publié sur la Rotative (ainsi que sur d’autres sites). Cette tribune, signée par Alexis Escudero et @pmo, semble avoir pour vocation l’amorce d’un débat autour de la procréation médicalement assistée (PMA). C’est là le seul point avec lequel nous nous accordons avec les auteurs de l’article : un débat sur le sujet est nécessaire. Voici donc quelques éléments de réflexion.

    A l’heure actuelle, en France, la PMA est ouverte aux couples hétérosexuels infertiles ou porteurs d’une maladie grave susceptible d’être transmise à l’enfant. L’objectif est de pallier à une impossibilité physique à concevoir par le biais de différentes techniques médicales (stimulation ovarienne, insémination artificielle avec spermatozoïdes du conjoint ou ceux d’un donneur, fécondation in vitro). C’est une procédure longue, fortement médicalisée, souvent douloureuse physiquement et/ou psychiquement et qui se solde fréquemment par un échec ou un abandon de la procédure [1].

    La PMA n’est donc pas exactement une solution miracle et peu fatigante destinée uniquement à la caste des bourgeois riches et eugénistes pressés d’obtenir l’enfant idéal par catalogue et aucune femme n’y a recours parce qu’elle trouve cela plus agréable que d’avoir une relation sexuelle avec son conjoint. Si des dérives eugénistes existent, elles ne justifient ni de généraliser hâtivement sur des situations complexes, ni de mépriser les souffrances de personnes qui ont été contraintes de recourir à cette béquille technologique (béquille qui est plutôt une jambe de bois c’est-à-dire, pour ceux qui y ont recours, un truc bancal et bourré d’échardes).

    (...)

    Il y a longtemps que la procréation n’est plus un phénomène naturel. Les femmes ont lutté et continuent de se battre pour le droit à l’avortement, à la contraception, pour la liberté d’être autre chose que des matrices fécondables et fécondées, pour la possibilité d’exister. Il est parfaitement valable de s’opposer à la toute puissance que l’industrie, notamment pharmacologique, tente d’exercer sur nos corps et nos vies. Mais refuser la pilule parce qu’elle produit des déchets toxiques et provoque la féminisation de la population ou refuser la PMA parce qu’elle suppose l’utilisation de la génétique, c’est prôner un retour en arrière dangereux au lieu d’envisager une réappropriation des outils confisqués par l’industrie pharmaceutique [5].

    En matière de parentalité, rien n’est naturel [6]. Faire des enfants au sein d’un couple hétérosexuel, les élever, les aimer et en tirer une satisfaction suprême ; c’est une injonction sociale, pas le rêve uniformément partagé de l’espèce humaine. Il s’agit donc là d’un construit social, d’un fait culturel. Si de nombreuses personnes souffrent du fait de ne pas pouvoir avoir d’enfants et dramatisent leur stérilité ou si d’autres ont sans cesse besoin d’expliquer qu’elles n’ont pas envie d’en avoir et que cela ne fait pas d’elles des êtres égoïstes, c’est aussi parce qu’on nous intime quotidiennement l’ordre de procréer pour être des êtres épanouis et qui se réalisent (en ce sens le fameux « désir d’enfant » dont nous rebat les oreilles n’est pas une aspiration biologique et personnelle mais une réponse socialement construite à une injonction culturelle).

    #procréation #contraception #pma #naturalisme

    • Progresser c’est accepter que certaines personnes souhaitent avoir des enfants avec lesquels ils ont un lien biologique, que d’autres préfèrent l’adoption, que d’autres encore ne veulent pas d’enfant. Séparer ces comportements entre ceux qui seraient naturels et ceux qui seraient culturels pour sous-entendre que les premiers sont bons et les seconds mauvais, que cela soit au nom du refus de la tyrannie technologique ou d’une quelconque morale religieuse est tout aussi réactionnaire et, surtout, dangereux.

      Libéralisme individualiste (première phrase) contre réactionnaire rétrograde (deuxième phrase). On est pas sorti de l’auberge avec une réflexion aussi pauvre… Surtout en mettant la critique techno au même plan que la morale religieuse…

      Franchement, vous le savez depuis juin, moi aussi j’ai des critiques sur le livre, mais là cet article, pour l’instant après deux lectures, il me parait assez naze.

      Comme si tous choix personnels restaient conscrits à une sphère privée ou locale… Certains choix personnels ont en effet une portée réduite. Mais d’autres impliquent la société entière, et parmi ceux-ci il faut (démocratiquement, espère-t-on) faire la balance entre ce que ça nous apporte ou retire à tou⋅te⋅s. Ce sont des choix de sociétés : ça s’appelle faire de la politique, en gros. Donc non, ce n’est pas juste une histoire de « telle personne veut faire ceci, telle personne veut faire cela ».

    • @rastapopoulos @aude_v : vous voulez pas écrire un petit article sur le sujet ? (je sais qu’il y en a de prévus ou déjà parus dans @lan02, mais on peut pas pour l’instant les verser au débat). Ces questions agitent beaucoup les mouvements libertaires de différentes villes, ce serait vraiment intéressant (nécessaire) d’avoir votre point de vue.

      D’accord avec le point de vue des choix politiques, c’est le même qui me questionne sur l’usage des drones ou de la robotique dans l’espace public.

    • Ce texte se veut une réponse à la publication d’un tract contre la manif pour tous et contre la reproduction artificielle de l’humain par Escudero et PMO. Il multiplie les critiques de mauvaise foi, caricature les propos des auteurs pour mieux les attaquer, et répond à côté de la plaque. Démontage en 4 points, citations à l’appui.

      1- « La PMA n’est donc pas exactement une solution miracle et peu fatigante destinée uniquement à la caste des bourgeois riches et eugénistes pressés d’obtenir l’enfant idéal par catalogue et aucune femme n’y a recours parce qu’elle trouve cela plus agréable que d’avoir une relation sexuelle avec son conjoint. Si des dérives eugénistes existent, elles ne justifient ni de généraliser hâtivement sur des situations complexes, ni de mépriser les souffrances de personnes qui ont été contraintes de recourir à cette béquille technologique »

      PMO ou Escudero n’ont jamais prétendu que la PMA était une partie de plaisir. Dans le livre d’Escudero, on trouve notamment ce témoignage :

      « J’ai deux enfants, deux bébés nés par ICSI (fécondation in vitro [FIV] avec injection intracytoplasmique de spermatozoïdes) nés en 2008 et 2011. Mon parcours d’AMP a commencé en 2004 et j’ai eu mon premier enfant au bout de 11 tentatives : 5 inséminations, 1 FIV qui n’a pas produit d’embryon, 5 ICSI. Au fil des mois, l’AMP c’est une vie rétrécie, rythmée par les injections quotidiennes, les prises de sang, les transferts et les règles qui, inéluctablement, arrivent. Les règles peuvent arriver n’importe quand, avant un rendez-vous professionnel important, un 31 décembre chez des copains, et c’est à chaque fois un chagrin sans nom. Chaque jour de règles est une punition. »

      Et cette citation d’Agacinski :

      « Dans bien des pays où prospère l’industrie des bébés, on laisse largement dans l’ombre le fait que le “don d’ovocyte” n’a rien d’une partie de plaisir : il suppose d’abord un blocage des ovaires grâce à un traitement spécial (leuroprolide) qui peut provoquer des effets secondaires, comme la tacchycardie ou la baisse de densité osseuse. On pratique ensuite des injections quotidiennes pendant au moins dix jours pour stimuler les ovaires et produire suffisamment d’ovocytes (une femme n’en délivre normalement qu’un par cycle). Ce traitement est dangereux puisqu’il est capable de provoquer un syndrome d’hyperstimulation ovarienne (OHSS) dont les formes peuvent être légères, mais aussi sévères, voire mortelles. Les femmes qui subissent ce traitement à des fins personnelles, pour augmenter une fertilité insuffisante ou dans le cadre d’une fécondation in vitro, ne cherchent pas à obtenir plus de 7 ou 8 ovocytes, mais celles qui vont vendre leurs cellules à Kiev ou à Chypre savent qu’elles auront droit à une prime si elles produisent davantage. »

      D’ailleurs, pour certaines camarades féministes le fait que ces souffrances soient toujours supportées par des femmes, et infligées par une institution médicale patriarcale constitue à lui seul un réquisitoire contre la reproduction artificielle.

      –—

      2- « Mais refuser la pilule parce qu’elle produit des déchets toxiques et provoque la féminisation de la population ou refuser la PMA parce qu’elle suppose l’utilisation de la génétique, c’est prôner un retour en arrière dangereux au lieu d’envisager une réappropriation des outils confisqués par l’industrie pharmaceutique. »

      Ni PMO ni Escudero n’ont prétendu qu’il fallait refuser la pilule parce qu’elle provoquerait la féminisation de la population. Escudero mentionne les hormones de synthèse « utilisées chez l’humain (traitements médicaux, traitements de l’infertilité), mais surtout dans l’élevage industriel. » Il n’est pas question de la pilule. Et pour cause, l’article cité en source et intitulé : « Are Oral Contraceptives a Significant Contributor to the Estrogenicity of Drinking Water ? » explique justement que la pilule n’a qu’une influence négligeable dans la pollution hormonale. Ce sont – si l’on en croit cette étude - les hormones utilisées dans l’élevage qui posent problème.

      Venons en à la « réappropriation des outils confisqués par l’industrie pharmaceutique ». Si vous parlez de l’insémination artificielle : allons-y gaiement : c’est la technique du pot de yaourt et sa médicalisation est une aberration. Escudero n’y est a priori pas opposé puisqu’il précise en introduction que l’insémination à domicile n’est pas la PMA. En revanche, je vous souhaite bien du courage pour vous réapproprier la fécondation in vitro. Précisons d’abord que ces outils n’ont jamais été « confisqués » par l’industrie pharmaceutique : ils ont été pensés et mis au point par elle pour elle. Ils n’ont jamais été à la portée des sans pouvoir. La FIV et le diagnostic pré-implantatoire nécessitent des laboratoires, des outils technologiques, des savoir-faire qui ne sont pas appropriables par le commun des mortels. Ils nous condamnent à la soumission aux experts pour pouvoir procréer. Des experts en blouse blanche, généralement masculins, et qui au final prendront toujours les décisions à la place des couples, et des femmes en particulier.

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      3- En matière de parentalité, rien n’est naturel. Faire des enfants au sein d’un couple hétérosexuel, les élever, les aimer et en tirer une satisfaction suprême ; c’est une injonction sociale, pas le rêve uniformément partagé de l’espèce humaine. Il s’agit donc là d’un construit social, d’un fait culturel. Si de nombreuses personnes souffrent du fait de ne pas pouvoir avoir d’enfants et dramatisent leur stérilité ou si d’autres ont sans cesse besoin d’expliquer qu’elles n’ont pas envie d’en avoir et que cela ne fait pas d’elles des êtres égoïstes, c’est aussi parce qu’on nous intime quotidiennement l’ordre de procréer pour être des êtres épanouis et qui se réalisent (en ce sens le fameux « désir d’enfant » dont nous rebat les oreilles n’est pas une aspiration biologique et personnelle mais une réponse socialement construite à une injonction culturelle).

      Vous laissez entendre que PMO et Escudero ignorent cela. Mais c’est exactement ce qu’ils disent lorsqu’ils parlent « d’injonction sociale à la maternité/paternité » ou disent que « Faire des enfants n’est ni un droit, ni une obligation. ». PMO expliquait cela – et mieux que vous - il y a 10 ans déjà :

      « On reste perplexe devant tant d’acharnement procréateur. Devant ce désespoir des bréhaignes. Peut-on suggérer qu’il n’y a nulle honte à la stérilité, nulle gloire à la génération, nul impératif moral ou physique à se reproduire ? Que l’infécondité n’entraîne ni douleur, ni dégâts corporels ? Que des dizaines de maux autrement cruels nous harcèlent, ne serait-ce que du point de vue médical, qui exigeraient les moyens gaspillés dans ces hautes technologies populatoires ? Que la civilisation, enfin, n’est pas un haras ?

      On ne fait plus, en Occident du moins, d’enfants bâtons de vieillesse. On en fait peu pour les allocations. On n’invoque plus guère la nécessité de transmettre l’héritage, de perpétuer le nom ni la lignée - plus souvent la volonté de sceller le couple -, mais " La Vie" , " l’Amour de la Vie ", " des Enfants" , côtent au plus haut de la bourse des valeurs.

      Ce que disent en fait les géniteurs, c’est que pour cet acte au moins, ils se replient en deçà de l’intellect, dans l’instinct animal, voire dans le mécanisme végétal. Ils font des enfants comme les arbres portent des fruits, et les animaux, des petits. Cékomça. Et questionner cette pulsion inéluctable les « agresse » jusqu’au sacrilège, tant le sacré, ultima ratio , finit toujours par ressortir. Dans la plus technifiée des sociétés, ils affectent ainsi avec cette nature à qui ils payent leur dû à bon compte, un lien privilégié, ineffable et prestigieux.

      Vous pensiez vous faire vous même ? Qu’on ne naissait point mère, père, voué à l’instinct génésique ? Repentez-vous. Le prêchi-prêcha New Age (Mère Terre, Gaïa), mâtiné d’éco-féminisme (la " nature féminine" ), revigore le radotage religieux. Votre corps décide pour vous. Que dis-je votre corps ! Vos gènes, dont votre corps n’est que l’éphémère véhicule, imposent leur transmission. Vous voici en dette, somme de rendre la Vie que vous avez reçue, au motif de perpétuer celle-ci, l’espèce, ou de faire à un inconnu (l’Enfant), le don que des inconnus (les parents), vous ont fait. Et quand bien même vos gènes défailleraient, que votre corps se refuserait à la reproduction, on a vu que la technologie volerait à votre secours pour remédier à cette terrible souffrance psychique : le mal d’enfant. »

      (http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article19)
      –—

      4- « Séparer ces comportements entre ceux qui seraient naturels et ceux qui seraient culturels pour sous-entendre que les premiers sont bons et les seconds mauvais, que cela soit au nom du refus de la tyrannie technologique ou d’une quelconque morale religieuse est tout aussi réactionnaire et, surtout, dangereux. »

      Encore une fois, ce n’est pas du tout ce que fait Escudero. Pas plus que PMO. Vous travestissez leur propos. Escudero ne cesse de répéter que la nature n’est ni bonne ni mauvaise, et que la nature n’est pas un critère qui doit intervenir dans les choix politiques. Voyez ce passage du livre :

      « Dans le sillage des Lumières, la gauche avait fait sienne l’idée qu’un ordre naturel, quasi-divin, devait céder la place à la Raison « la faculté de bien juger, de discerner le vrai du faux, le bien du mal2 », pour organiser la société des hommes. Elle pensait à juste titre que le caractère naturel ou non d’un objet – sa « naturalité » – ne constituait pas un critère moral et politique pertinent pour décider de l’organisation de la cité. »

      C’est tout de même assez clair non ? Relisez aussi cet extrait de son interview dans la décroissance (publiée sur le site du Monde à l’Envers) :

      « La gauche confond nature et idée d’ordre naturel. La nature c’est ce qui naît, l’inné, ce qui est donné à chacun à la naissance et n’est le produit ni de la construction sociale, ni d’un quelconque artifice. Cette nature existe évidemment et nous impose de nombreuses contraintes : une femme ou un homme seul ne peut pas faire d’enfants, deux hommes ou deux femmes non plus. L’ordre naturel en revanche est un fantasme, qui légitime les inégalités sociales au nom de la nature.

      La gauche libérale jette la nature avec l’eau du bain. Croyant couper l’herbe sous le pied de la droite et des réactionnaires, elle rejette en bloc les contraintes biologiques et physiologiques qui s’imposent à nous (pour le pire et pour le meilleur), et qui font de nous des êtres humains, des animaux politiques. Elle développe une conception de la liberté exclusivement libérale, individuelle et consumériste, qui fait de l’abolition de la nature son unique critère. Est bon ce qui est artificiel, est mauvais ce qui est naturel. Évidemment, le recours au marché et à la technologie est l’unique horizon de cette fausse liberté.

      Or la nature n’est ni bonne ni mauvaise, et l’abolition de la nature n’est pas synonyme d’émancipation. A l’ère du capitalisme technologique, la lutte pour l’émancipation de la nature qui fut facteur d’émancipation, se paye désormais au centuple en soumission au capitalisme et à la technologie. »

      En somme : Escudero explique que s’émanciper de la nature n’est pas en soi un progrès. Pas plus que de se conformer à la nature n’est quelque chose de positif. Tout est question de choix politique : préfère t-on accepter certaines contraintes biologiques ou physiologiques ou nous soumettre à l’État, au marché et à la technologie ? Dire cela, ce n’est pas être naturaliste ou réactionnaire.

      –—

      En somme : que de « raccourcis, extrapolations, décontextualisations et amalgames » produisant « un discours paranoïaque » dans votre article ! Ce que vous reprochez à Escudero s’applique à l’essentiel de votre propos.

      J’espère que vous saurez en tenir compte. Car ces précisions apportées, un vrai débat peut commencer. Il y a en effet de gros désaccords entre vos positions et celles de PMO/Escudero. Pour ne citer que les plus importants :

      → Vous semblez faire confiance à l’État, pour réguler le marché de la PMA et limiter les dérives eugénistes de la PMA. PMO et Escudero non.
      → Vous invoquez l’égalité pour justifier l’ouverture de la PMA aux lesbiennes et femmes seules – en somme aux femmes fertiles. Escudero dirait que vous confondez égalité politique et identité biologique, et que cette conception ouvre la voie au transhumanisme.
      → Vous semblez penser que la technologie est neutre, et que les sans-pouvoir pourraient se la réapproprier. Escudero et PMO, c’est tout le contraire.

      C’est de cela qu’il faut parler. Mais avec un minimum d’honnêteté.

    • J’ajoute que la note n°3 de l’article publié sur la Rotative détourne une citation d’Escudero de manière complètement malhonnête. Escudero parle à ce moment-là des bovins, et vous reprenez ses propos en faisant croire qu’il parle des humains. Oui, pour les agriculteurs, c’est tellement plus simple de recourir à l’insémination artificielle, alors que ce n’est pas le cas pour les humains. Et la boutade sur la vaisselle prend un tout autre sens avec des taureaux : elle joue alors sur l’anthropomorphisme.

      La citation dans son contexte complet :

      Chez les bovins, il n’a pas fallu attendre que la pollution chimique stérilise l’ensemble des bestiaux, pour faire de la reproduction artificielle la seule et unique façon de se reproduire. Dès les années 1940, la rationalité technicienne qui s’étend à l’agriculture pousse les paysans – désormais « exploitants agricoles » – à adopter l’insémination artificielle. En quelques années, la majorité d’entre eux opte pour le procédé.

      « Avec 5 258 136 vaches inséminées artificiellement en 1961 (4 622 147 en 1960, 3 964 687 en 1959) la France se classe au troisième rang dans le monde pour le nombre, alors qu’elle ne tient que le cinquième rang pour le pourcentage du cheptel soumis à cette technique. […] Quatre-vingt-quatre centres d’insémination fonctionnent en France en 19611. »

      Avec l’insémination artificielle, tout est tellement plus simple ! Un coup de téléphone et le sperme est livré à domicile. L’abolition du coït entre mâle et femelle supprime du même coup les risques de maladies sexuellement transmissibles. Plus besoin surtout d’entretenir un mâle à l’année, ce qui est contraignant et coûte trop cher pour le peu de fois que l’on s’en sert (et imaginez en plus s’il ne fait pas la vaisselle). Mais le véritable intérêt de cette technique est d’améliorer le rendement des troupeaux en offrant aux agriculteurs le meilleur matériel génétique.

  • CHRU de Tours : « On assiste à un démantèlement de l’hôpital public »

    http://larotative.info/chru-de-tours-on-assiste-a-un.html

    L’une est infirmière, l’autre est aide-soignante dans l’un des services du CHRU de Tours où des postes vont être supprimés. Elles sont toutes deux militantes au syndicat SUD Santé Sociaux 37, et sont mobilisées contre le nouveau plan de la direction de l’hôpital qui consiste à fermer des lits dans les spécialités d’ORL, d’Ophtalmologie, d’Orthopédie et de Gynécologie. Un plan qui affectera tant les usagers que les personnels, et dont on trouve la copie dans de nombreux autres hôpitaux en France.

    On assiste à un démantèlement de l’hôpital public depuis plusieurs années. Le service d’Orthopédie, qui devrait aussi être affecté en fin d’année, a déjà vu une partie de son activité arrêtée et transférée dans des cliniques privées du coin. L’activité du service de Gynécologie diminue d’année en année, et la direction prend prétexte de l’absence de quatre anesthésistes pour fermer cinq lits.

    Plutôt qu’assurer les remplacements, la direction préfère fermer des lits ?

    Voilà. Cela fait des années qu’on nous dit qu’il n’y a plus d’orthopédistes, d’anesthésistes, de gynécos... C’est comme cela qu’on ferme les maternités de proximité. Le plan de Marisol Touraine et du gouvernement, c’est de faire des économies, en supprimant des lits et donc du personnel, alors que les urgences n’ont pas assez de lits pour placer leurs patients.

    On préfèrerait que certains lits restent parfois vides, mais qu’ils soient disponibles en cas de besoin, avec le personnel nécessaire. Mais aujourd’hui, la seule logique est la rentabilité, et on doit fonctionner en flux tendu en permanence. Nous, on considère que cette logique ne peut fonctionner pour les soins.

    Aujourd’hui, par manque de personnel, vous avez du mal à réaliser les soins comme vous le souhaiteriez ?

    On n’est pas minutées, mais presque. S’assoir au bord d’un lit pour écouter un patient, ça veut dire qu’on va devoir accélérer le rythme pour le patient d’après. C’est pour ça qu’à la fin du service, quand on débauche, on n’est pas forcément bien. Parce qu’on fait passer le côté technique du soin avant tout, au détriment de l’écoute, de la prise en charge de la famille, etc., qu’on est obligées d’abréger. On doit faire du soin vite et pas bien.

    Une patiente opérée d’un cancer du sein doit partir le lendemain dès 11 heures du matin, même si elle aimerait être prise en charge deux ou trois jours, histoire qu’on la rassure, qu’on la dorlote. Les infirmières du bloc de gynéco-obstétrique sont actuellement mobilisées pour obtenir du personnel supplémentaire et permettre une meilleure prise en charge des femmes. Pour la pose d’un Port-a-Cath [1], qui est un acte très court, les infirmières du bloc souhaiteraient être deux : une qui s’occuperait de la patiente, pendant que l’autre assisterait le médecin. Mais selon la direction, une seule suffit. Cela pose la question de l’humanité des soins.

    #hôpital #cancer #austérité #santé

    • Je me trompe peut-être, j’ai une vision subjective du sujet mais je vous la livre.

      Il y a 30 ans encore, l’hôpital était une entreprise de proximité à vocation sociale. Les élus mettaient des amis, des proches, de la famille dans le petit personnel de la grande usine, les médecins régnaient par famille dans les hôpitaux petits et grands et la rentabilité n’était pas vraiment assurée.

      Puis l’hôpital s’est « rationalisé ». Des directeurs d’hôpitaux, diplômés de santé publique, sont venus faire les gestionnaires.

      Localement l’hôpital licencie et n’embauche plus, il maintient son personnel peu qualifié dans des CDD à répétition pendant dix ans ou 20 ans et les gens en CDI sont bloqués dans leur notation pour ne pas gréver le budget. Les personnels avaient choisi de travailler de jour ou de nuit, désormais ce ne sont plus eux qui choisissent : ils travaillent de jour, de nuit, comme l’hôpital veut. Les périodes de repos obligatoires ne sont pas respectées, les astreintes à domicile ne sont pas payées mais obligatoires et même pas défrayées du déplacement. Le personnel est promené d’un poste à l’autre sans formation, sans aide, sans encadrement.

      Les services techniques sont sous traités : blanchisserie, cuisine, maintenance. Avec pour conséquence des plomberies hors d’âge, des réseaux électriques défectueux mélangeant 110 et 120v (dans des CHU !). Tout est plus cher mais ce n’est plus du personnel payé, juste des services. Rationalisé.

      Pour les médecins il y a aménagement des postes : prendre le maximum d’étrangers sous payés dont les conditions de travail sont contractuellement hallucinantes (travail de jour enchaîné de nuit, sans repos). Les médecins en poste sont là aussi facilement déplacés d’un poste à un autre en fonction des besoins, sans plus de qualification. Comme il n’y a pas de temps médical suffisant, on embauche pas, on rationalise : le médecin fait 45h au lieu de 35 et il cumule les heures supplémentaires en « crédit retraite ». Sauf que les retraites approchent et il y a plein de médecins hospitaliers qui vont partir plus tôt à la retraite avec ce système alors que l’hôpital ne pourra pas les remplacer puisqu’officiellement, ils seront toujours là. Rationnel ? A très court terme…

      Mais je crois que le plus bel outil de la transformation de l’hôpital, c’est la T2A.

      Magnifique outil de cotation des prestations.

      Tout acte fait au patient est côté selon cette T2A et payé à l’hôpital en fonction. Ceux qui n’y sont pas ne sont pas payés.
      Résultat de cette logique, je caricature, M X est alcoolique : je peux soit essayer de le sevrer, mettre en oeuvre les psychologues, les assistants sociaux et tenter de lui faire reprendre sa vie, soit lui greffer un nouveau foie. La 2e solution est beaucoup plus rentable pour l’hôpital.

      Et puis il y a la logique cachée de la chose.

      Si vous passez vos journées à réfléchir à ce qu’il faut faire pour que votre service soit rentable pour que son budget soit assuré l’an prochain, vous êtes dans l’intérêt du CHU et du votre mais vous avez changé de logique de travail : votre intérêt n’est plus que le patient aille bien, mais que votre travail puisse perdurer.

      J’ai quitté l’hôpital il y a 17 ans, je ne le regrette pas car cette logique comptable est insupportable.

      (j’ajoute un lien complémentaire qui fait résonnance à ce que je disais sur la médecine d’autrefois en CHU : http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/10/29/l-igas-livre-un-rapport-accablant-sur-le-chu-de-marseille_4514222_1651302.ht ).

  • A Tours, la salle de fitness « Moving » donne dans le #sexisme sportif

    http://larotative.info/a-tours-la-salle-de-fitness-moving.html

    « Moving », une salle de sport tourangelle (qui fait partie d’un réseau national), a décidé de vendre du sexe (féminin) pour booster sa fréquentation. Et les explications du directeur sont un délicat mélange entre #mecsplication et #islamophobie.

    Alors que certaines femmes (et peut-être même féministes) ont manifesté leur surprise, leur mécontentement voire même leur colère en envoyant des courriels au directeur de la salle de fitness en question ; celui-ci s’est fendu de plusieurs réponses qui, loin de nous rassurer, nous ont plutôt donné envie de le mordre... Mais comme nous sommes de douces créatures civilisées, nous nous contenterons pour cette fois de vous faire partager ses commentaires :

    « Bonjour,

    Cette pub n’a aucun lien avec la ZUMBA, et... pour le mois d’octobre, la pub sera autour d’un homme musclé (dans le même esprit 2eme degré). Est ce que je peux ? Je serai heureux de discuter avec vous de mon point de vue et du votre, qui me semble tellement archaïque.

    Moi, en tant que féministe, je serai beaucoup plus attristée du port du voile ou du niqab qu’infligent certains hommes que de voir une belle femme en train de faire du sport. (ou est-ce un problème d’ego pour vous, dans ce cas je suis prêt à vous inviter gratuitement dans mon club pour vous aider)

    La pub vient de moi, ce qui ne remet en aucun cas en cause la qualité et le professionnalisme de mes éducateurs sportifs, ni celle de mon club. Que cette pub vous ai choqué, et bien j’en suis sincèrement désolé mais nous ne devons pas vivre dans le même monde car lorsque j’ouvre des magazines féminins, je trouve des photos bien plus vulgaires et humiliantes pour la femme. Mais vous devez certainement être abonnée à Elle... »

    (...)

    Commençons par rappeler à ce monsieur que l’on peut être une femme, voire parfois même un homme et, qui plus est, féministe, ne pas complexer sur la taille, la forme, la couleur ou la texture de notre postérieur. Par conséquent, il est assez évident que nous ne souhaitons pas tou-te-s aller courir, en string, sur ses tapis roulants (même gratuitement !). Par ailleurs, nous informons M. Poincloux que le magazine Elle ayant cessé d’être féministe aux environs de son troisième numéro, mis à part dans les salles d’attentes de nos gynécologues, nous nous en passons très bien !

    #publicité #pornographie

  • Université, portraits de « précaires » : Lucile
    http://larotative.info/universite-portraits-de-precaires-590.html

    Partout en France, les mouvements engagés par les collectifs précaires se poursuivent. Pour cette rentrée 2014, certains précaires ont accepté de témoigner. Ils racontent ce qu’est concrètement la précarité à l’université. Voici le quatrième portrait de cette série : celui de Lucile, enseignante-vacataire.

    Je suis doctorante à l’université Lyon II mais aussi chargée de TD vacataire. Ces heures d’enseignement constituent mon unique source de revenu puisque dans les sciences humaines 2 doctorants sur 10 peuvent espérer une bourse doctorale pour financer leur thèse. Voici un bref résumé de mes galères quotidiennes.

    Le jour de la rentrée, je découvre qu’un badge dont on ne m’avait jamais parlé est nécessaire pour ouvrir la porte et je reste dix minutes à attendre un collègue pouvant m’ouvrir avec les étudiants. Le lendemain, j’apprends que mon 4e TD a été supprimé sur décision budgétaire, voila 1/4 de mon salaire qui vient de disparaître sans avoir pu donner mon avis.

    Après une semaine de cours, je m’inquiète de n’avoir toujours aucun contrat de travail. On m’explique alors qu’il faut d’abord payer mes frais d’inscription en tant que doctorante (400 euros) ainsi que la cotisation à la sécurité sociale parce que l’université a décidé de ne pas en payer pour les vacataires (200 euros). Donc si je comprends bien, avant même d’avoir touché le moindre salaire, je dois débourser 600 euros et les verser à mon employeur ! Voici un autre quart de mon salaire pas encore perçu qui vient de disparaître lui aussi ! Car mes premiers cours datent de la mi-septembre et je n’ai toujours rien reçu sur mon compte en banque. Un collègue m’explique que l’université me paiera mes heures de septembre 3 mois après le début des cours soit fin novembre, mes heures d’octobre fin décembre et ainsi de suite.

    (...)

    Début janvier, je reçois un message de convocation pour la surveillance de deux examens la semaine suivante, soit 6h qui ne seront pas rémunérées. Cerise sur le gâteau je dois aussi corriger gratuitement 150 copies en dix jours parce que le professeur responsable du cours a eu la gentillesse de me confier de « nouvelles responsabilités ».

    (...)

    Avec ça je vais toucher entre fin novembre et fin mars environ 2100 euros net. Pour être juste il faudrait d’ailleurs retirer les frais d’inscription, l’assurance maladie et le coût du transport. Eh oui, l’université refuse de me payer le transport ou de me rembourser 50% d’une carte d’abonnement.

    #université #précarité #Lyon_II #vacataire

    • Franchement dégueulasse !

      ça me fait penser aux travailleurs avec permis B qui doivent d’abord payer l’employeur pendant 6 mois pour avoir le job !
      On retourne à l’ère où il faudra payer pour bosser....C’est un peu le principe de popaul emploi qui paie l’entreprise pour pouvoir placer ses chômeurs. Mais quand il n’y aura plus de sous chez Popaul emploi ?

      #salauds

  • Guerre scolaire : comment les intégristes s’attaquent à l’école
    http://larotative.info/guerre-scolaire-comment-les.html

    Dans un contexte national désormais marqué par l’abandon symbolique des très polémiques « ABCD de l’égalité » par le ministère et un contexte local qui a vu le renforcement des ailes réactionnaires par les pouvoirs municipaux en place, les activistes de La Manif Pour Tous ne cessent de gagner du terrain.

    Les parents de la mouvance La Manif Pour Tous souhaiteraient exercer un pouvoir de contrôle sur toutes les activités de la classe qu’ils voudraient pouvoir interdire comme bon leur semble. Ils ont d’ailleurs clairement annoncé vouloir mettre les profs sous surveillance [2], et l’on assiste là, en réalité, à un véritable épisode d’une guerre scolaire menée par les milieux traditionalistes et intégristes qui noyautent la mouvance de LMPT, beaucoup des plus ardents détracteurs de l’école républicaine mettant d’ailleurs leurs enfants dans des écoles privées hors contrat.

    Ainsi l’implication des milieux religieux traditionalistes apparaît-elle clairement dans notre affaire, et l’on peut constater par exemple que les sites internet qui ont le plus cherché à la monter en épingle, sont, outre les sites directement liés à LMPT, les principaux sites traditionalistes comme Le Salon Beige ou encore le site Contre-info.com qui est à l’origine de la diffusion d’images tirées de ce livre avec toute une intox sur son caractère « satanique » et la prétendue « théorie du genre » que bien sûr il véhiculerait [3] !

    On nage là en plein délire idéologique, Contre-info.com étant, comme le rappelle Le Monde, « une émanation du Renouveau Français, un groupuscule contre-révolutionnaire, pétainiste et antisémite », hostile à la République. Et si l’on veut juger de manière impartiale des activités proposées par l’inspecteur de Nantes autour du livre qui fait scandale, ce n’est certainement pas en lisant la propagande éhontée de Contre-info que l’on y parviendra, mais plutôt en considérant bien ce que la fiche de lecture de Nantes disait exactement [4].

    La fiche signale avec justesse que « les réactions très négatives de certains adultes à l’égard du livre pourraient compromettre son exploitation » (le buzz suscité par cette affaire le montre bien !). Notons à ce sujet que le fait de réserver la phase de découverte à la classe n’interdit en rien aux enfants d’en parler à la maison et de montrer leurs travaux d’écriture à leurs parents, voire d’emprunter le livre après son exploitation en classe...

    #éducation #école #égalité #réacs_en_folie

  • Université de Tours, portraits de « précaires » : Thomas

    http://larotative.info/universite-de-tours-portraits-de-563.html

    Deuxième livraison de la série sur la précarité à l’Université, initiée par le collectif des précaires de Tours.

    [Les jeunes chercheurs] sont souvent prêts à tout pour « booster leur CV » en espérant un jour pouvoir décrocher le graal : un poste de titulaire. Cela veut souvent dire choisir un sujet « à la mode » (en langage universitaire on dit « facilement valorisable ») se mettre à fond dans la « course à la publi » [1], tenter d’être dans les petits papiers des gens qui comptent (ça peut toujours servir pour publier un papier, décrocher une charge de cours voire obtenir un poste), au besoin être prêt à planter un couteau dans le dos du premier « concurrent » venu… et, évidemment, « fermer sa gueule » autrement dit ne pas trop contester l’ordre établi et ne surtout pas revendiquer quoi que ce soit notamment en matière de conditions de travail.

    (...)

    Très fier de sa trouvaille linguistique (qu’il juge sans doute digne des plus grands esprits du marketing), le directeur du département ne parlait jamais de temps plein sur 6 mois mais de « mi-temps verticaux » qu’il comparait aux vrais mi-temps, qualifiés d’« horizontaux ». Comprendre : plutôt que de répartir ta rémunération sur 12 mois, on te la donne sur 6 et l’UNEDIC complète gentiment le reste. C’est une manière pudique (ou cynique, c’est selon) de dire « Nous on fait des économies en s’asseyant sur le droit du travail et toi tu grilles tes droits chômage ». Par contre, pas question de répartir la charge de cours sur les 6 mois durant lesquels Thomas était payé, bien sûr le département comptait sur lui toute l’année. A ce sujet, la direction expliqua doctement aux deux ATER râleurs qu’il leur fallait bien comprendre qu’il est difficile de faire correspondre les heures effectives d’enseignement et donc le planning des étudiants avec la périodicité des contrats foireux qu’elle a elle même institués. Et quand ils ont osé parler de la responsabilité sociale du département ou de l’université, le directeur leur a gentiment expliqué que ce n’était pas son problème mais que lui « avait uniquement besoin d’être sûr que les cours allaient être assurés, peu importe par qui ». Ça a au moins le mérite d’être clair...

    Officiellement employé de mars à août (une autre personne occupant le poste de septembre à février), Thomas a donc bossé de septembre à février sans aucun statut. Que ce serait-il passé en cas d’accident du travail (alors que, justement, Thomas n’était pas censé travailler) ? En cas de problème avec un étudiant sous sa responsabilité ? Nul ne le saura jamais et heureusement pour Thomas… et pour son département.

    La précarité c’est aussi cela : assumer des risques importants pour permettre à l’institution de faire des économies de bouts de chandelles. La précarité, c’est se retrouver dans des situations ubuesques : un jour Pôle Emploi a fixé un rendez-vous à Thomas à un horaire où il donnait cours. Ne pouvant refuser ce rendez-vous en leur disant la vérité (« en fait je travaille ») alors qu’il la leur cachait pour toucher des indemnités, il a bidouillé un certificat médical, c’est passé. La précarité, c’est accepter un contrat clairement illégal comme celui de Thomas, « faute de mieux » ou parce que ça permet d’avoir de l’expérience et donc d’améliorer un CV. La précarité, c’est enfin accepter de voir son contrat prendre fin parce qu’on n’est plus en odeur de sainteté dans un département ou un autre, quelle que soit la qualité de son travail (dont finalement tout le monde se fout plus ou moins).

    #précarité #université #pôle_emploi #CDD #recherche

  • A Calais : squats, football et antifascisme
    http://larotative.info/a-calais-squats-football-et.html

    Le dimanche 7 juillet, tandis que l’extrême-droite se rassemblait contre les migrants cherchant à rejoindre l’Angleterre, les soutiens des exilés organisaient un tournoi de foot pour permettre une rencontre avec les habitants de la ville. Une centaine de militants antifascistes avaient également fait le déplacement.

    Le collectif Sauvons Calais, dirigé par un jeune arborant une croix gammée sur le pectoral gauche, avait rameuté un public à sa mesure : des racistes photographiés en train d’effectuer des saluts nazis ou portant des tee-shirts de divisions SS. Le rassemblement était protégé par d’importantes forces de polices visant à empêcher toute perturbation du meeting. Un bref face à face entre militants d’extrême droite et antifascistes a quand même eu lieu à proximité de la mairie, où l’on pouvait entendre une foule de racistes scandant « Bleu blanc rouge, la France aux Français », slogan classique des manifestations du Front National.

    La journée du 7 septembre a fait l’objet d’une couverture médiatique importante en Angleterre. En effet, depuis que le ministre de l’intérieur « socialiste » Bernard Cazeneuve a déclaré qu’il souhaitait « contraindre les Britanniques à prendre leurs responsabilités » [1], la situation des migrants calaisiens y fait débat. En réponse au gouvernement français, les Anglais ont proposé de leur mettre à disposition 20 kilomètres de barrières de sécurité, utilisées pour sécuriser un sommet de l’OTAN qui s’est déroulé au Pays de Galles. Une solidarité intergouvernementale qui se fait sur le dos des migrants.

    #migrants #migrations #Calais #extrême_droite #antifa

  • Université de Tours, portraits de « précaires » : Marc

    http://larotative.info/universite-de-tours-portraits-de.html

    A l’Université de Tours, le mouvement engagé en avril dernier par le collectif des précaires se poursuit. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique nationale : dans les Universités de Caen, Toulouse, Lyon, Nice, Bordeaux, Paris, Poitiers, Montpellier, d’autres collectifs ont également tiré la sonnette d’alarme à propos de la situation du personnel contractuel. Pour cette rentrée 2014, certains précaires de Tours ont accepté de témoigner. Ils racontent ce qu’est concrètement la précarité à l’Université François-Rabelais.

    Marc est âgé d’une quarantaine d’années. Il enseigne à l’Université de Tours en tant que « vacataire » [1] depuis 2000. Cet été, alors que la plupart du personnel de l’Université était en congé, Marc, lui, a continué de « courir partout ». Le contrat de Marc a pris fin en juin [2] et comme chaque été, il a « galéré » et cherché des petits contrats à droite et à gauche pour combler le manque à gagner. Comme chaque été, Marc a espéré obtenir de nouvelles charges de cours à la rentrée tout en sachant qu’il ne pourrait avoir aucune certitude d’être « repris » avant le mois de septembre.

    (...)

    En parallèle des vacations, il continue à publier. Il affirme que le cadre de travail précaire de l’Université reste meilleur que celui proposé par le secteur associatif ou privé : la compétition entre salariés y est moindre, tout comme la pression des supérieurs hiérarchiques ; par ailleurs, ses collègues statutaires compatissent à sa situation et reconnaissent ses compétences. Il s’avoue néanmoins fatigué et stressé. Il confie ne plus avoir de mutuelle santé depuis son licenciement... Absorbé par une multitude de contraintes liées à son statut professionnel, il ne peut plus pratiquer ses loisirs associatifs en toute sérénité (son investissement est remis en cause par les autres membres bénévoles de l’association). De fait, la précarité professionnelle conduit à la précarité sociale, voire la marginalité.

    [1] Un vacataire, plus communément appelé « chargé de cours » ou « chargé de TD » est théoriquement un intervenant extérieur exerçant à titre complémentaire de son activité principale. Sa rémunération dépend du nombre d’heures de cours dispensées. La rémunération des vacations n’ouvre pas de droits au chômage ou à la retraite.

    [2] De nombreux vacataires de l’Université de Tours « bénéficient » de contrats d’enseignement sur 10 mois et non pas 12. Ainsi, en plus de la discontinuité créée dans les salaires (pôle-emploi prend le relais pour les mois d’été), ce type de contrat permet souvent à l’employeur d’écarter « le risque » d’une CDIsation.

    #Université #précarité #chômage

    • Grenoble.
      Article avec interview à Patrick Levy, président de l’Université Grenoble Alpes :

      Et réponse, que j’ai co-signée :

      Monsieur le Président,
      Le mépris que vous déversez depuis des semaines sur les étudiants et sur les personnels, tant par vos courriers internes que dans la presse, est insupportable.
      Non seulement vous ne vous êtes pas une fois préoccupé de l’état de santé des étudiants et des personnels blessés, physiquement et psychiquement, par les interventions policières et les vigiles que vous commanditez ;
      Non seulement vous noircissez et criminalisez à plaisir, mais heureusement jusqu’au ridicule (du « saccage » aux « excréments »), une mobilisation légitime et nécessaire ;
      Non seulement votre plébiscite nous a doublement pris pour des imbéciles, par sa formulation, puis par sa publication des résultats ;
      Mais voici que vous nous insultez publiquement dans la presse. Car, oui, c’est une insulte, pour nos étudiants comme pour nous mêmes, leurs enseignants, que de prétendre qu’ils font « n’importe quoi ».
      C’est l’honneur en tout cas des disciplines de sciences humaines et sociales – mais aussi de toute pratique universitaire – que de se nourrir du débat, et non de l’apprentissage par cœur de données à recracher dans des QCM. C’est aussi leur honneur de se nourrir de la pensée collective, et non de la concurrence. Par cette formule, on comprend mieux, certes, la distance incommensurable et inaliénable qui nous sépare du modèle que vous prônez, et que nos étudiants refusent.
      Nous soutenons pleinement et avec enthousiasme le fait que nos étudiants « ont travaillé collectivement », et même le fait qu’ils aient mangé des crêpes. Quel pédagogue ne se réjouirait pas d’un apprentissage qui se fait dans la joie ? Nous les remercions de leur inventivité, de leur curiosité, de leur ironie critique, et de leur goût du partage. Nous les félicitions d’avoir ainsi su mettre en pratique et en discussion leurs cours et leurs lectures.

      J’ajouterais assez volontiers pour finir :
      Nous vous invitons, Monsieur le Président, à méditer cette pensée de Cornélius Castoriadis : « Nous appelons praxis ce faire dans lequel l’autre ou les autres sont visés comme êtres autonomes et considérés comme l’agent essentiel du développement de leur propre autonomie. La vraie politique, la vraie pédagogie, la vraie médecine, pour autant qu’elles ont jamais existé, appartiennent à la praxis. » (L’Institution imaginaire de la société, 1975, 1999, p. 112)

  • On est (presque) allés à l’université d’été du PS

    http://larotative.info/on-est-presque-alles-a-l.html

    Long reportage à la Rochelle, aux abords de l’université d’été du Parti Socialiste. Comme on était dans le coin, on a décidé d’aller jeter un œil. Si le dispositif policier, massif, nous a empêché de constater toute l’ampleur des dégâts, on a quand même pu profiter de l’ambiance... récit et photographies sur un lieu de villégiature qu’on ne conseille à personne.

    Alors qu’on s’extasiait sur le coût du ticket (50 euros en prévente ou 60 sur place), on a assisté à notre première engueulade. Un type avait décidé de faire rentrer gratuitement deux jeunes apeurés qui étaient "l’avenir de la gauche" et qui, surtout, n’étaient pas à jour de leurs cotisations. Un membre du service d’ordre leur refusait l’accès en rappelant que lui avait payé son dû à la "fédé". Ils ont fini en se traitant mutuellement de soviétique et chacun est resté de son côté des barrières.

    (...)

    Il faut dire que des flics en civil, on en a quasiment vu autant que des militants socialistes. Les ténors du parti devant trouver que les uniformes bleus ne faisaient pas assez "gauche" et pouvaient troubler la beauté des images de BFM ou i>Télé, ceux-ci étaient quasiment invisibles. En revanche nous n’avions jamais vu une aussi grande concentration de policiers en civil. Ceci nous a permis d’apprécier à loisir la diversité de leurs tenues (du costard trois pièces au look baroudeur comprenant un exemplaire de Libération bien en évidence dans le filet du sac à dos) et leur art consommé du camouflage. Comme ils étaient secondés par un service d’ordre lui aussi conséquent et excellent dans le maniement de l’oreillette, c’est peu de dire que nous nous sommes sentis en sécurité. Cela avait au moins l’avantage d’être clair sur la vision du PS vis-à-vis du contrôle et de la surveillance.

    (...)

    Un monospace aux vitres fumées s’est avancé, le service d’ordre lui a ménagé une entrée entre les barrières : le top départ était donné. Tous les journalistes présents se sont rués sur le véhicule, nous démontrant qu’en plus d’avoir du flair les grands reporters ont une bonne pointe de vitesse. Ils espéraient sans doute un ministre, un frondeur médiatique ou, au pire, un secrétaire d’État. Pas de bol, ça devait être un député de l’Orne ou un sénateur des Deux-Sèvres : ils sont revenus reprendre leur place, le pied de micro bas et la mine défaite. Il y a un côté pathétique à voir des journalistes courir après la moindre alerte à la personne connue et se ruer sur la première voiture portant cocarde.

    (...)

    Pour débatte de religion (intitulé de l’échange : Regards croisés - République et religions), le parti socialiste a invité Gilles Kepel et Caroline Fourest [3]. Le premier est un politologue spécialiste de l’Islam, la seconde, ex-collaboratrice de Charlie Hebdo, est connue pour son islamophobie qu’elle tente de cacher sous un vernis laïque et féministe. Tout est dit : quand le PS parle de religion en 2014, il ne cause que d’Islam et le fait avec une invitée aux convictions particulières. On l’a bien compris, se réinventer, pour le PS, cela consiste à prolonger un tournant droitier entamé il y a plus de 30 ans mais qu’il convient aujourd’hui d’assumer de manière décomplexée.

    (...)

    Le samedi matin, on est revenus sur les lieux pour constater que les socialos avaient fini de totalement se barricader. La passerelle qui relie l’Encan au quai d’en face, franchissable la veille, était relevée et servait ni plus ni moins de pont-levis entre les socialistes assiégés et d’éventuels assaillants. Comme la veille, les flics en civil étaient partout. Mais ce matin-là leurs collègues en bleu étaient aussi très nombreux. A chaque entrée possible du site de l’université d’été les CRS montaient la garde avec le service d’ordre du PS.

    (...)

    Le syndicat avait mobilisé environ 500 personnes pour protester contre l’austérité et rappeler au PS l’existence de quelques luttes en cours, notamment celle contre la réforme de l’UNEDIC. A quelques encablures des tristes débats du PS, les slogans et la musique qui résonnait là avaient quelque chose de rassurant. Et quand quelques jeunes loups des MJS, pleins de morgue, crurent bon de tancer les syndicalistes et de les appeler à faire preuve de « responsabilité » et à se joindre à une nécessaire « solidarité de la gauche », ils se rendirent vite compte de leur erreur de jugement et prirent alors la fuite.

    #PS #la_rochelle #sécurité #islamophobie #mjs #syndicalisme #austérité #police #photo

  • ZAD du Testet : urgence face au déboisement

    http://larotative.info/zad-du-testet-urgence-face-au.html

    Dans le Tarn, une « Zone A Défendre » a été créé pour empêcher la construction d’un barrage et protéger une zone humide. Mais les gardes mobiles sont sur place pour permettre aux tronçonneuses d’entrer en action.

    Voici un extrait des nouvelles que l’on pouvait trouver le 1er septembre sur le site du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet :

    « Le déboisement de bois en limite de la zone humide a commencé sous la protection d’environ 200 CRS et gendarmes. Plus de 200 opposants, notamment des représentants d’associations écologistes, d’ATTAC et de la Confédération Paysanne, étaient sur place et ont tenté de freiner, en vain, l’avancée des tronçonneuses. Les CRS écartaient les opposants avec des gaz lacrymogènes. Des affrontements ont eu lieu et il y a déjà quelques blessés ainsi que 7 interpellations (presque tous sont ressortis de leur garde à vue). Les abatteuses, machines déboisant très vite, n’ont pu elles entrer sur le site du chantier qui était occupé, y compris par des tracteurs. »

    Les militants présents sur place demandent du soutien. Voici le texte du message qui circulait dans la matinée du 2 septembre :

    « Alerte rouge ZAD du Testet dans le Tarn ! Les tronçonneuses sont sur le site avec 200 gardes mobiles on n’arrive pas à tenir les barricades et empêcher le massacre de la forêt ! On a besoin de monde, de besoin de relais d’infos, parlez de ce qui se passe autour de vous, faites le buzz dans vos réseaux sociaux, les machines (déboiseuses) vont arriver dans les heures à venir... Faites aussi des actions décentralisées contre le barrage du Testet et faites tourner ! »

    #ZAD #GPII #Tarn #Testet

  • Mort d’un migrant lors de son expulsion : Le Figaro salue le difficile travail de la police
    http://larotative.info/mort-d-un-migrant-lors-de-son.html

    Jeudi 21 août, Abdelhak Goradia est décédé lors de son transfert du CRA de Vincennes vers l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle pour être expulsé [1] vers l’Algérie. Il est mort dans un fourgon de police, par asphyxie et régurgitation selon l’autopsie. Cet assassinat ordinaire a notamment été dénoncé par la Ligue des Droits de l’Homme et par Sans Papiers Ni Frontières [2]. Des détenus du CRA de Vincennes sont entrés dans une grève de la faim vendredi 22 pour exiger justice pour M. Goradia et pour dénoncer leurs conditions de rétention [3].

    Le Figaro, par l’intermédiaire de la journaliste Angélique Négroni, s’est lui aussi ému à sa manière de ce décès. Dans un article intitulé La délicate mission des policiers en charge de l’expulsion des étrangers daté du 26 août, on assiste à un plaidoyer virulent en faveur des forces de l’ordre et de l’oppression. A grands renforts de témoignages de la flicaille, on nous explique que ces pauvres policiers sont confrontés à des « difficultés » (sic !) quand il s’agit d’embarquer de force des étrangers condamnés à l’expulsion.

    Pour « neutraliser ces violences », les flics ligotent souvent brutalement les expulsés, pour éviter qu’ils ne se blessent. Belle ironie ! M. Goradia a eu droit à un casque de boxe matelassé utilisé « pour protéger celui qui se projette, tête la première, contre les parois du fourgon » avant d’être étouffé.

    Négroni nous explique bien sûr que si certains sans-papiers se rebellent dans les CRA et lors des expulsions, c’est parce qu’ils sont agités et violents, laissant le secrétaire général de la Cimade avancer l’argument de troubles psychologiques liés à l’enfermement en CRA.

    #migrants #rétention #police #Figaro #Vincennes #meurtre #violences

  • Chantage et intimidation au commissariat : une « méthode habituelle » de la police selon le procureur
    http://larotative.info/chantage-et-intimidation-au.html

    En 2012, lors d’une conversation au commissariat, une militante du DAL se voit proposer un échange de bons procédés par deux policiers : si elle leur fournit des informations sur certains militants locaux, ils appuieront son dossier pour qu’elle puisse récupérer son fils, placé dans d’une famille d’accueil. Ce chantage odieux, Ginette a décidé de le dénoncer devant les tribunaux. Le procureur de Tours ayant classé sa plainte sans y donner suite, elle a demandé l’ouverture d’une information judiciaire au doyen des juges d’instruction.

    Cette conversation démarre sur la situation de familles étrangères qui sont à la rue. L’un des flics livre son analyse pleine d’humanité sur la situation des migrants : « Le problème c’est que là il en arrive beaucoup et puis… putain, si tu commences à en loger certains après c’est l’aspirateur… C’est ce qui s’est retrouvé dans certaines villes.

    Et puis vient le cœur de la conversation : « Nous ce qu’on te demande c’est de reprendre le DAL en main, et nous de notre côté on va voir ce qu’on peut faire éventuellement pour améliorer la situation de ton fils. » C’est que le fils de Ginette a été placé en famille d’accueil par l’Aide sociale à l’enfance depuis que sa mère a fait un séjour à l’hôpital suite aux violences exercées par son mari. Généreux, les flics proposent de se renseigner sur la situation de l’enfant (qu’ils semblent déjà bien connaître) et « de discuter éventuellement avec la personne décisionnaire (…) pour faire pencher la balance du bon côté ».

    (...)

    Policier 1 : Nous si tu veux on peut te filer un petit coup de pouce. Nous ce qu’on aimerait simplement, on cherche pas à faire de toi une balance, machin, tout ça, mais à travailler comme on travaillait avec X.

    Ginette : Ouais.

    Policier 1 : Il faudrait reprendre un petit peu le DAL. (…) Donc tu te laisses pas parasiter par les autres. (…) Et puis des fois qu’on arrive à t’avoir au téléphone par rapport à…Bon des fois…voilà. Qu’est-ce qu’y vont nous faire comme connerie ? (…) Et d’un côté voilà, on… bah c’est sûr que dans les faits, quand ils ont décidé de faire une connerie, un machin, bah si on arrive à t’avoir au téléphone pour savoir à peu près…(…)

    Policier 2 : Donc voilà. Nous on peut essayer de te donner un coup de pouce pour booster ton dossier… (...)

    Policier 1 : S’ils préparent un truc, bah si on t’appelle, bon essaye de nous répondre ou si tu peux arriver à nous donner un renseignement… mais sans faire de la balance...

    (...)

    La réponse du procureur tombe fin mai : pour lui, pas question de parler de chantage ou de harcèlement. Il ajoute que les flics n’ont fait qu’appliquer les « méthodes habituelles » pour obtenir des informations sur des militants. La plainte est classée sans suite. Circulez, y a rien à voir.

    #police #justice #logement #migrants

  • 25 août 1944 : massacre de Maillé, le silence et l’amer
    http://larotative.info/25-aout-1944-massacre-de-maille-le.html

    Le 25 août 1944, à Maillé, village du sud-Touraine, 124 habitants sont massacrés par des SS. Mais qui sont ces SS ? Pourquoi ces crimes ? Pourquoi un silence de 60 années va-t-il peser sur cet événement ? Au delà des faits, Maillé pose des questions universelles.

    Faute d’information et de curiosité, je me suis longtemps contenté des rumeurs autour de Maillé. On vous dira que les auteurs n’étaient autre que les même criminels que ceux d’Oradour. Une légende tenace assure aussi que les assassins auraient procédé comme à Oradour, en enfermant des gens dans l’église incendiée. Oradour, Oradour... L’ombre d’Oradour plane toujours sur Maillé. Et dans cette ombre muette, pour combler le silence de questions sans réponses, certains fantasment et projettent des clichés de guerre, comme ces images tirées du film « Le vieux fusil » que me cite le descendant de l’une des victimes...

    En soixante ans, des mémoires d’habitants vont aussi s’éroder, inventer et forger des souvenirs plus vrais que nature. Et qui pèsent autant que des souvenirs plus exacts. Certains, qui n’étaient à l’époque que de petits enfants, croient se souvenirs que ces SS étaient ivres, ou drogués, « Yeux exorbités, bavant une écume blanche, exécutant des danses de Sioux... » Agacé, le rescapé Serge Martin balaye ces affabulations...

    (...)

    Élément important : le massacre de Maillé a lieu le même jour que la libération de Paris, dont les commémorations éclipsent Maillé depuis 70 ans. Quand, au cours des 70 années écoulés, il est advenu qu’un tourangeau soit ministre, le 25 août, il allait à Paris, pas à Maillé. Et quand il n’y-a pas de ministre, il n’y a pas de préfet. Donc pas de journalistes, donc pas de mémoire. Et dans la NR, l’espace dédié à Maillé s’amenuise d’année en année, au fil des décennies.

    (...)

    Sans se jeter de cendres au visage, ne faudrait-il pas aussi honnêtement se souvenir qu’à l’occasion, les peuples victimes peuvent aussi parfois se transformer en bourreaux ? Ce n’est certes pas la vocation de La Maison du Souvenir, mais en quel lieu dit-on que durant la guerre d’Algérie, les massacres, exécutions sommaires, viols systématiques et villages rasés au napalm n’ont pas été perpétrés par des soldats portant l’uniforme SS ? Et où est-il ce Musée des Massacres commis au nom de la France à Madagascar ou en Indochine ?

    Que dire encore des sanglantes dictatures que Paris a soutenues pendant des décennies, notamment dans le cadre de la Françafrique ? L’Histoire de Maillé nous invite pourtant à faire communiquer ces mémoires et Histoires universelles. Pas à les cantonner dans les tranchées des communautarismes et des clochers bien gardés. Le Maillé de France doit nous éclairer sur les Maillés d’Afrique et d’ailleurs.

    #WW2 #guerre #mémoire #souvenir #Histoire

  • Des larmes de crocodile sur le sort des chrétiens d’Irak... pour masquer la fermeture des frontières à tous les persécutés du Proche-Orient

    http://larotative.info/des-larmes-de-crocodile-sur-le.html

    Les réacs de tout poil ne sont pas les seuls à faire dans l’indignation sélective lorsqu’ils soutiennent les chrétiens d’Irak : le gouvernement fait de même. Dans un communiqué, le GISTI (Groupe d’information et de soutien aux immigré.e.s) dénonce cette tentative grossière de se faire bien voir alors que les politiques d’immigration n’ont jamais été aussi dures.

    La décence aurait voulu qu’au moins ils se taisent. Est-ce la gêne devant leur propre incurie qui a poussé Laurent Fabius, le ministre français des affaires étrangères, et Bernard Cazeneuve, son collègue de l’intérieur, à s’exprimer le 28 juillet ? « La situation des Chrétiens d’Orient est malheureusement dramatique », ont-ils observé. « La France est révoltée […] ». « Nous venons en aide aux déplacés qui fuient les menaces de l’État islamique et se sont réfugiés au Kurdistan. Nous sommes prêts, s’ils le souhaitent, à en favoriser l’accueil sur notre sol au titre de l’asile. Nous avons débloqué une aide humanitaire exceptionnelle pour leur porter assistance ». Pas un mot sur la Syrie. Et pas la moindre considération pour les victimes de confession musulmane, les fidèles de multiples minorités confessionnelles ou les athées. Le Proche-Orient serait-il soudain limité à l’Irak et aux chrétiens ?

    L’ennui de cet affichage d’une solidarité sélective, c’est que, dans les faits, ce gouvernement ne fait rien ou presque pour les personnes en quête de protection, pas plus les chrétiens que les autres. Pour mieux verrouiller les frontières à celles et à ceux qui demandent un visa, il a ôté le pouvoir de décision aux diplomates pour le donner en catimini au ministère de l’intérieur. Et l’on ne compte plus les refus opposés aux Syriens et aux Irakiens, toutes confessions confondues.

    #migrants #migrations #Irak #frontières

  • Fraude à l’Assurance Maladie : les professionnels de santé et établissements en tête !
    http://larotative.info/fraude-a-l-assurance-maladie-les.html

    Comme tous les ans, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) 37 publie son rapport d’activité : c’est le moment de rappeler qui sont les fraudeurs habituels de l’Assurance Maladie et de démystifier la fraude aux arrêts maladie...

    Les 26 cas de fraudes « assurés » représentent 19 253€ sur 642 619€, soit 3% du montant de la fraude détectée en 2013. La fraude aux indemnités journalières [2] qui agite régulièrement les milieux patronaux représente 14 168€, soit 73,59% du montant de la fraude des assurés sociaux : il s’agit à 88,59% de cumuls de revenus et d’indemnités journalières, la plupart des travailleurs ignorant qu’ils ne peuvent en aucun cas cumuler le revenu d’une activité professionnelle (y compris indépendante comme Vendeur Distributeur Indépendant) et des indemnités journalières (dont les conditions sont sans cesse restreintes) pour compenser leur importante perte de revenus.

    Quoique moins nombreux et recevant beaucoup de moins de patients, les établissements privés caracolent en tête des fraudes : 16 cas contre 7. Et le préjudice subi est quasi exclusivement à l’actif du privé : 162 021€ (soit 94,1%) contre 10 150€ (soit 5,9%). Et encore : les 10 150€ du public sont classés en « autres fraudes » ce qui permet de ne pas incriminer le secteur libéral à l’hôpital (très mal encadré). Et concernant le privé : 130 900€ (sur 162 021€ soit 80,79%) sont aussi classés en « autres fraudes » ne permettant pas d’en connaître précisément la nature...

    #fraude #santé #sécurité_sociale