La Rotative

Site collaboratif d’informations locales - Tours et alentours

  • Les boîtes de sécurité privée recrutent en urgence et réclament des flingues
    http://larotative.info/les-boites-de-securite-privee-1248.html

    Le patron de l’une des entreprises dont les offres d’emploi sont reproduites ci-dessus, basée à Tours, fait partie des signataires d’une pétition adressée à Manuel Valls et intitulée : « Autoriser en France le port d’armes à feu pour les agents privés de sécurité ». Sous une photo montrant un type en costard portant un flingue à la ceinture devant un fond bleu-blanc-rouge, on apprend qu’il s’agit d’autoriser le port d’armes « aux agents de protection physique des personnes, ainsi qu’au personnel de surveillance et de gardiennage, dans le but de renforcer la sécurité et la protection des citoyens, en soutien aux forces de l’ordre ». Évidemment, cette mesure est réclamée au nom du « pragmatisme » et de « l’efficacité » [2].

    L’idée est d’ailleurs reprise par Alain Juillet, ancien patron de la direction du renseignement au sein de la DGSE [3], qui déclarait il y a quelques jours dans le journal Libération : « Il faut doter certains agents de sécurité d’armes à feu ». Dans cette interview, l’ancien barbouze reprenait aussi des propos répétés en boucle ces dernières semaines, jusqu’au plus haut niveau de l’État, pour assurer qu’une telle mesure ne devrait pas choquer la population :

    « Cette situation va durer et je pense qu’elle va accroître l’exigence de sécurité des Français qui seront prêts, en contrepartie, à abandonner une partie de leur liberté. »

    #état_d'urgence #surveillance

  • Choses vues à Tours sous l’état d’urgence
    http://larotative.info/choses-vues-a-tours-sous-l-etat-d-1293.html

    Dans les jours qui suivirent, de nombreuses personnes vinrent se rassembler devant l’hôtel de ville, pour y déposer des fleurs, une bougie, un dessin ou un message. On s’y rassemblait comme les Parisiens se rassemblaient place de la République. Comme si les hommages rendus après les attentats de janvier avaient instauré une forme de tradition macabre.

    Le préfet avait tenté de décourager les bonnes volontés, parfois en leur déconseillant de se rassembler, parfois en leur interdisant. Mais ces réunions interdites étaient quand même vues d’un bon œil ; l’hommage aux victimes était compatible avec les valeurs de la République. On vit ensuite que cette tolérance ne s’étendait pas à tous les types de rassemblements interdits : une manifestation de soutien aux réfugiés qui eut lieu à Paris le 22 novembre fit l’objet d’une répression s’appuyant pour bonne part sur les fiches de renseignement préalablement composées par les autorités. La France ne surveille pas que les terroristes : elle fiche aussi ceux et celles qui se rangent du côté des victimes de la guerre et du terrorisme.

    Le mardi 24, des syndicalistes étaient rassemblés devant la préfecture, faute d’être autorisés à manifester. Ils évoquaient la mémoire de camarades tués sous les balles des terroristes, tout en appelant à la paix et au respect des libertés. Le message ne passa pas les grilles du bâtiment.

    (...)

  • De Notre-Dame-des-Landes à Paris, « pour braver l’état d’urgence et dénoncer l’hypocrisie de la COP21 »
    http://larotative.info/de-notre-dame-des-landes-a-paris-1295.html

    Environ 200 personnes mobilisées contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont parties en convoi vers Paris le 21 novembre, à vélo ou en tracteur. Initialement pensé comme une manière de porter une alternative politique forte, ce convoi est aussi devenu une forme de contestation en actes de l’état d’urgence. Malgré les tentatives d’intimidation et les obstacles mis sur leur route par les autorités, il devrait arriver à Paris demain. Entretien.

    Et puis, comme les sommets sur le climat sont souvent des grands moments de masse, on voulait porter quelque chose de très concret, de très fort et d’enraciné, qui vienne amener du sens politique depuis ce qui se créé à la ZAD : d’un côté, l’idée qu’on peut arrêter ici et maintenant leurs projets nuisibles ; et d’un autre côté, l’idée qu’on peut inventer d’autres formes de vie, qui sortent un peu de l’économie, de la marchandisation du monde, d’autres manières de cultiver, d’habiter, de vivre.

    (...)

    A la suite des attentats de Paris, le gouvernement a manifesté sa volonté de poser une chape de plomb sécuritaire sur toutes formes de manifestation ou de contestation sociale ou environnementale, et sur tout ce qui devait se dérouler lors de la COP21. A ce moment-là, le convoi a pris un autre sens. Dès le lendemain de notre départ, alors qu’on était encore en Loire-Atlantique, plusieurs centaines de policiers ont bloqué le passage du convoi, et nous ont signifié l’interdiction d’entrer en Ile-de-France : on n’arriverait pas jusque-là, parce que toutes les manifestations y seraient interdites. Nous avons tous refusé de donner nos identités, de nous plier aux demandes des gendarmes, et nous avons déclaré que nous irions quand même jusqu’en Ile-de-France, qu’on ne céderait ni aux pressions, ni aux menaces. Le convoi est alors devenu une forme de contestation de l’état d’urgence, une manière de braver en actes l’état d’urgence, les interdictions de manifester et les politiques répressives qui se sont mises en place.

    #NDDL #COP21 #répression cc @rezo

  • Rencontre avec l’association Chrétiens Migrants : « il y a une absolue nécessité à continuer de se mobiliser »
    http://larotative.info/rencontre-avec-l-association-1282.html

    C’est une asso de vieux cathos qui n’hésitent pas à faire le coup de main avec l’extrême-gauche à l’occasion. Moyenne d’âge : environ 75 ans, et une vraie rage à défendre les personnes migrantes face à l’inertie des administrations et aux politiques de rejet. Rencontre avec Louis et Danielle.

    Louis : (...) Parce qu’à Chrétiens Migrants, nous aidons des réfugiés qui ont un statut mais qui ne sont pas arrivés dans le cadre des relocalisations décidées au niveau européen. Or, ces réfugiés-là ne sont pas pris en charge par les services publics. Par exemple, nous accompagnons une réfugiée Érythréenne qui a son statut et que le 115 refuse, alors que nous savons maintenant qu’il y a des dizaines, voire des centaines d’appartements libres dans le département. L’inertie des services publics est incompréhensible. Il faudra interpeller le coordinateur qui a été nommé à la préfecture.

    Danielle : Non seulement nous refusons qu’un tri soit effectué entre chrétiens et musulmans, mais nous refusons aussi le tri entre ceux que certains appellent « les demandeurs d’asile économiques », et « les bons réfugiés chassés par la guerre ». Or, alors que notre position sur le sujet a souvent été attaquée, elle a été reprise lors de la réunion du 1er octobre, où il a été dit qu’il n’était pas question d’aider les réfugiés syriens en abandonnant ceux qui sont déjà-là et qui n’ont rien.

    Louis : A Saint-Pierre-des-Corps, des Chrétiens ont accueilli une famille dans un appartement vide de la paroisse catholique, conformément aux recommandations du pape. Cela fait des années que nous réclamons ça. Mais la principale difficulté que nous avons rencontrée, c’est la crainte des autorités civiles ou ecclésiastiques de la désobéissance à ce que pourraient penser leurs supérieurs. Ils ont une « trouille » pas possible, tant dans les mairies que dans les paroisses. Alors qu’à l’évidence, quand on a un logement vide, on ne peut le refuser à de pauvres gens qui couchent dehors. C’est impensable ! D’autant que les pouvoirs publics ont l’obligation de ne laisser personne à la rue : en ne mettant pas les appartements libres à disposition, ils se mettent hors la loi.

    (...)

    Danielle : Il ne faut pas que les gens se trompent : c’est une lutte, et on prend des coups. Il ne suffit pas de suivre son cœur, de dépanner provisoirement quelqu’un : il faut une réflexion et une organisation pour faire avancer la lutte en faveur de l’accueil des migrants. Il y a des choses à apprendre, des écueils à éviter. Parce qu’on assiste souvent à des choses très dures.

    Louis : Dans les cas où il y a des campements, la police intervient souvent de façon inhumaine.

    Danielle : Ils entrent à coups de botte, alors que les gens ne résistent pas. Et ensuite, ils déclarent : « Ça s’est passé dans le calme ». Je suis déjà allée trouver devant la porte du commissariat deux jeunes Indiennes en chemises de nuit, très dignes… Les policiers ne leur avaient même pas laissé le temps de mettre un vêtement. Il n’y a aucun respect de la dignité des personnes, alors qu’elles ont déjà souffert, ont été chassées de leur pays. Face à ces situations, l’émotion ne suffit pas, il faut prendre en compte la personne dans son entier.

    #réfugiés #migrants #accueil

  • Quelques réflexions sur la guerre en cours
    http://larotative.info/quelques-reflexions-sur-la-guerre-779.html

    Ce texte a été écrit à la suite des attentats de janvier 2015. Les
    réflexions qu’il contient étant toujours pertinentes à la suite des
    attentats du 13 novembre, on a décidé de le remettre en avant.

    Il faut absolument tordre le coup à toute ces séries d’assertions indignées qui veulent que l’attaque de Charlie Hebdo se situe sur le terme/terrain/le plan des valeurs et de la forme de vie que nous propose le mode de gouvernement actuel. Dire que cette attaque, cet acte de guerre, se situe sur le terrain de la lutte contre « nos » valeurs comme la liberté d’expression, de la modernité contre la barbarie, du courage contre la couardise, de la peur et son absence, c’est se placer encore et toujours dans cette dualité qui permet d’évacuer l’état des rapports de force et éviter par là même de poser sur la table la question des agissements/actes de guerre de l’État français.

    (...)

    Le mode de gouvernementabilité actuel se fonde sur la production d’un discours à l’inverse des pratiques, de la création, catégorisation, comme pour mieux déployer son contrôle. Et devient capable de créer l’unanimité sur des valeurs qu’il manie et agence à sa guise. Et le pire dans tout cela : nous permet de développer notre indignation selon les termes qu’ils nous produisent et selon les dispositions spatiotemporelles dont ils décident.

    Le pouvoir, l’élément de contrôle, ne peut ainsi nous laisser voir réellement ce qui se passe, et surtout le porter comme discours : que cet acte est un acte de guerre conséquence d’une politique guerrière mise en place par l’État français. Une guerre ouvrant ses fronts au Mali, en Syrie, en Libye, en Afghanistan, en Centrafrique, mais aussi à Joué-lès-Tours, au barrage du Testet, à Notre-Dame-des-Landes, dans les différents quartiers populaires de France et d’ailleurs. Que ce qui se joue ici c’est la survie d’un système de domination imposant à l’ensemble de la société un état perpétuel d’affrontement, de guerres entre les races, montant les uns contre les autres, organisant le chaos comme pour mieux nous désorganiser et permettre à l’État (la république, la démocratie, etc.) de paraître toujours comme le sauveur, le garant de la paix, l’entité qu’il va falloir soutenir quand ses logiques guerrières trouvent du répondant en face. Voila ce que dit Foucault de la paix : « C’est la guerre qui est le moteur des institutions et de l’ordre ; la paix, dans le moindre de ses rouages fait sourdement la guerre. »

    #valeurs #guerre #terrorisme #pouvoir

  • Après les Famas, l’avion de chasse : quand l’armée s’invite à l’école
    http://larotative.info/apres-les-famas-l-avion-de-chasse-1246.html

    Les 9 et 10 octobre, à la faveur d’un « atelier découverte » avec le 40e régiment de transmissions de Thionville, des gamins de 10 ans d’une école primaire de Flastroff découvraient le maniement des fusils d’assaut utilisés par l’armée de terre.

    Le 2 novembre, ce sont des gamins de Loches qui étaient invités à s’extasier devant un avion de combat. Ces élèves avaient été invités à « décorer » un Alpha Jet de l’école d’aviation de chasse de Tours. Dans la NR, on nous explique que c’est un peu « leur » avion, du coup. Et certains se sont vus offrir un baptême de l’air à bord d’un avion-cargo. Commentaire « ému » de l’enseignante :

    « C’est un grand moment, c’est exceptionnel. Comment faire mieux et plus avec ces enfants ! »

    L’avion a survolé deux fois l’école, et un lieutenant-colonel était présent dans la classe pour assurer le volet pédagogique. C’est un avion du même type qui s’est écrasé à Vouvray le 9 décembre dernier, tuant un résident d’un centre d’accueil pour personnes handicapées. Mais de cela, il n’a certainement pas été question.

    Saluons les efforts conjoints des ministères de la Défense et de l’Éducation pour faire aimer la guerre aux gosses. A bas la paix !

  • COP21 : l’université de Tours se met au vert
    http://larotative.info/cop21-l-universite-de-tours-se-met-1240.html

    Un joli logo vert pour l’occasion, et un merveilleux programme de conférences.

    Les festivités commenceront le 2 novembre prochain, avec une soirée de lancement en présence de Pascal Greboval, rédacteur en chef du magazine « Kaizen », Aude Raux (journaliste contribuant à Kaizen), Guillaume Sainteny et Isabelle La Jeunesse. Kaizen, c’est un magazine qui appartient à la sphère des Colibris, le mouvement lancé par Pierre Rabhi. Et sur son site, on apprend que la conférence de lancement du 2 novembre est une « conférence Kaizen » et qu’ils sont co-organisateurs de l’événement. Kaizen, ce sont des recettes pour faire sa lessive soi-même, la présentation d’un verger permaculturel au Québec ou un article expliquant comment « déménager autrement, avec des cartons recyclés et solidaires ». Comme le mouvement auquel il appartient, ce magazine est là pour promouvoir des initiatives positives, parce que la négativité c’est mal.

    (...)

    On trouve par exemple un atelier « Sensibilisation aux éco-gestes », à l’occasion duquel « l’Agence Locale de l’Énergie abordera la question des économies d’énergie pouvant être réalisées au quotidien afin de réduire sa facture d’énergie et, plus largement, son empreinte carbone. Seront abordés les thèmes de la cuisson, de l’éclairage ou encore du multimédia, le tout en actions ! »

    Car c’est bien connu, le réchauffement climatique, c’est parce que t’as pas coupé le robinet en te brossant les dents. Salaud ! On espère que cet atelier nous permettra quand même de trancher la question suivante : est-il préférable de faire chauffer l’eau des nouilles dans la casserole ou avec la bouilloire ?

    (...)

    Évidemment, un cycle comme celui-ci serait incomplet sans un peu de participation citoyenne. Alors, le 5 novembre, venez participer à un « débat citoyen planétaire » — mais n’oubliez pas de réserver, quand même —, présenté dans les termes suivants :

    « La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas seulement l’affaire des gouvernements, des négociateurs, des grandes collectivités ou des entreprises ; c’est avant tout l’affaire des citoyens, de tous les citoyens.
    Il est essentiel que les citoyens du monde prennent part aux négociations de la COP21 de Paris et fassent entendre leur voix à l’échelle planétaire.
    Cet accord ne peut se passer d’eux. Il est donc important de leur donner la parole.

    L’objectif de ce débat n’est pas de réaliser une enquête, un sondage ; il s’agit avant tout de recueillir l’avis de citoyens éclairés. Cette soirée sera organisée en deux sessions d’une heure, suivi d’un cocktail durant lequel seront présentés les résultats de cette soirée, en comparaison avec ceux issus des débats menés dans l’ensemble des régions du monde. »

    T’auras donc deux heures pour donner ton avis (à condition d’être éclairé) sur le réchauffement climatique. Au cas où tu sècherais, voici une suggestion de réponse : « le réchauffement climatique, c’est mal ». Pour le reste, t’as intérêt à faire court, le micro doit circuler.
    Donc, après deux heures de débat de fond, tu pourras aller t’envoyer un verre de péteux au buffet, où on comparera les résultats de ce débat à d’autres menés ailleurs. Un espèce de benchmarking à l’échelle mondiale, voilà qui est moderne et diablement participatif ! Par contre, on n’a pas de détails sur la manière dont seront calculés les « résultats » du débat. Peut-être la quantité d’air brassée ?

    (...)

    Tout le problème de l’approche environnementale aujourd’hui, des Colibris à l’ADEME en passant par le Grenelle de l’Environnement ou encore le mouvement des Villes en Transition tient dans la négation constante de la question sociale et des antagonismes sociaux. La société ne serait qu’une somme d’individus, et non une équation beaucoup plus complexe faîte de multiples dominations. L’individu éclairé, l’empowerment et le libre arbitre restent encore les dénominateurs communs de toutes leurs théories. Il n’y aurait rien à remettre en cause au-delà. Quant à la marchandise, sa disparition n’est jamais évoquée : il n’y aurait qu’à jouer sur le curseur consommation/production pour qu’elle devienne vertueuse. Et face à celle-ci le genre humain ne devrait être qu’une somme d’individus-consommateurs responsables.

    (...)

    Bref, avant que les chefs d’État et les industriels viennent à Paris statuer sur la quantité de pollution raisonnable qu’ils pourront rejeter dans l’atmosphère, on amusera le public tourangeau avec une vision naïve, dépolitisée et individualisante des enjeux climatiques. Éteins la lumière et sois positif, tout ira bien. Merci l’université !

    #greenwashing #cop21 #environnement #kaizen #colibris

  • Harcèlement sexuel, racisme et armes à feu : triple condamnation d’un patron par le conseil des prud’hommes de Tours
    http://larotative.info/harcelement-sexuel-racisme-et-1234.html

    On poursuit dans la série "exploitation salariale et terreur patronale". Dans trois décisions du 22 septembre 2015, un petit patron de Montlouis-sur-Loire a été condamné par le conseil de prud’hommes de Tours pour des faits de harcèlement moral et sexuel, tandis que les licenciements de trois salariées étaient requalifiés en licenciements sans cause réelle et sérieuse. Dans chaque décision, la même phrase revient, à la fois surprenante et terrifiante : « Monsieur M. ne peut manager des salariés comme une compagnie militaire de combat. »

    V., le patron la surnomme « gros poumons ». D’autres ont droit à des surnoms du type « ma poule », « ma chérie ». L’une d’elles est qualifiée par le patron de « grosse salope ». Les salariées d’origine portugaises, le patron les appelle « les toss » ; les salariées d’origine maghrébine récoltent des surnoms comme « Diam’s », « Harissa » ou « la Merguez ».

    Une autre salariée se plaint d’appels sur son portable en dehors des heures de travail. Lorsque le patron apprend qu’elle a une relation amoureuse, il amplifie son harcèlement, et menace l’amoureux en question. Ce dernier témoigne avoir été menacé à l’arme blanche ; le patron promet de lui faire la peau, « parole d’ancien du RPIMA » [1]. Deux jours plus tard, la salariée découvre un poignard planté sur sa table de découpe. Sous le poignard, « la prière du parachutiste », accompagnée d’une mention manuscrite du patron : « Viens, sale con tu vas manger du RPIMA ».

    Au cours d’une des audiences de conciliation, en découvrant les faits, les conseillers prud’hommes décident de suspendre l’audience et de se rendre immédiatement dans l’entreprise, accompagnés par les gendarmes ; ils y constatent « une forte présence d’armes blanches et à feu ». Arbalète, fusils, bandes de mitrailleuses... Dans sa décision, le conseil des prud’hommes note : « La présence d’armes au sein de l’entreprise, cumulée au caractère de Monsieur M. ne peut que créer un climat d’insécurité. » D’autant que ces armes, le patron n’hésite pas à s’en servir.

    En janvier 2013, deux salariées de l’entreprise sont en conflit. L’employeur les convoque, commence à écouter leurs explications, puis sort un flingue de son tiroir pour qu’elles aillent « régler ça dehors ». Une autre fois, le patron braque un pistolet chargé sur deux salariées, puis tire six coups à travers la fenêtre ouverte, tuant un coq qui se trouvait dans la cour de l’entreprise...

    (...) Les salariées ont déposé une plainte auprès du parquet pour harcèlement et menaces avec armes. A notre connaissance, les flics ne sont pas venus le chercher chez lui à 6 heures du matin.

    #salariat #racisme

  • Commissariat de Joué-lès-Tours : le RAID débarque, les médias s’emballent
    http://larotative.info/commissariat-de-joue-les-tours-le-1220.html

    Des arrestations ont eu lieu à Joué-lès-Tours ce mercredi 14 octobre, en lien avec les évènements survenus le 20 décembre 2014, et qui avaient conduit à la mort de Bertrand Bilal Nzohabonayo. L’occasion pour les médias d’en remettre une couche sur le caractère supposé « djihadiste » d’une affaire entachée de doutes.

    Sans faire mention des doutes qui entourent cette version, doutes formulés d’abord par des témoins de la scène puis par le procureur de la République de Tours lui-même, les médias locaux et nationaux reprennent à l’unisson une même version : celle du djihadiste Bertrand Bilal Nzohabonayo se ruant sur les policiers en criant « Allah Akbar ». Voici quelques exemples du traitement de ces arrestations.

    Pour France 3 Centre-Val de Loire, le journaliste D. Cros se charge d’écrire, sans nuance aucune, que ces arrestations ont eu lieu « dans l’enquête sur l’attaque au nom de l’islam contre le commissariat de Joué-les-Tours » puis que « Le 20 décembre 2014, un homme était entré dans le commissariat et avait blessé violemment, à l’arme blanche, trois policiers en criant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) ».

    La Nouvelle République écrit que « Les faits remontent à dix mois : le 20 décembre 2014, Bertrand Nzohabonayo avait blessé à l’arme blanche trois policiers dans le commissariat de la commune, en criant « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand) » avant de mentionner les doutes de la familles sur le sujet.

    (...)

    Bien sûr tout cela est une reprise de la même dépêche AFP mais on vous laisse apprécier avec quelle précaution travaillent les journalistes malgré la complexité de l’affaire.

    Notons que France Bleu, premier média à avoir publié l’information, a l’honnêteté d’au moins mentionner un doute sur cette partie de l’affaire. Le journaliste, X. Louvel, écrit ainsi : « Avait-il crié Allah Akbar (Dieu est grand en arabe) lors de l’agression ? Les témoins de la scène ne l’ont pas tous entendu. Ses parents sont persuadés qu’il n’avait rien d’un terroriste. Il n’était pas fiché, contrairement à son frère connu pour des positions radicales ». Même le proc’ de Tours, lors de sa conférence de presse du 31 décembre, n’évoquait pas ce supposé « Allah Akbar ».

  • Exploitation ordinaire dans le domaine du transport scolaire de personnes handicapées. Depuis deux mois, une nouvelle boîte a récupéré ce marché auprès du Conseil départemental d’Indre-et-Loire, en faisant une offre d’un montant inférieur de 20% à celles de ses concurrentes. Et pour pouvoir proposer de tels tarifs, Vortex, la boîte en question, contourne allègrement le droit du travail. Renseignez-vous, c’est peut être le prestataire de votre département.

    Deux articles sur la question :

    Salaires au rabais, heures non payées... les chauffeurs de Vortex manifestent devant le Conseil départemental
    http://larotative.info/salaires-au-rabais-heures-non-1218.html

    « On n’a jamais vu un bordel comme ça », témoigne une salariée qui a dix ans d’ancienneté et a vu se succéder les prestataires (Alphacars, VAD, Keolis, Veolia-Transdev...). Les salaires du mois de septembre ont été versés avec plusieurs jours de retard, et certains chauffeurs attendent toujours leur paye à la mi-octobre. Tous les salariés dont le contrat a été repris par Vortex ont observé une baisse de leur salaire horaire, passé à 10,11 euros, contre 10,31 euros précédemment (et 10,51 pour les salariés les plus anciens). La plupart ont constaté que des heures de travail, voire des journées, n’avaient pas été comptées. Au final, beaucoup d’entre eux se retrouvent avec une perte de salaire mensuel pouvant avoisiner la centaine d’euros sur des paies déjà maigres, qui tournent entre 400 et 900 euros.

    Les nouveaux embauchés, souvent plus chargés en heures que les anciens, ont dû payer de leur poche la visite médicale obligatoire ; certains l’ont passée après plusieurs jours de roulage. Il arrive régulièrement que les salariés soient amenés à avancer de leurs poches des prestations.

    Pour le mois d’octobre, il est dit que la paie concernera seulement les jours travaillés ; avec les vacances scolaires, cela ferait donc seulement 15 jours payés, alors que dans les boîtes précédentes un lissage du temps de travail était fait sur l’année, permettant une base garantie mensuellement.

    A., 59 ans, conductrice pour 432 euros par mois : « on veut pas rester avec Vortex, c’est des requins »
    http://larotative.info/a-59-ans-conductrice-pour-432-1217.html

    Là, on vient d’avoir nos salaires. Il y a des jours où j’ai travaillé, on me dit que j’ai pas travaillé, on me met « absence injustifiée », moins deux heures. J’ai été voir hier, soit-disant que ça va revenir. J’ai des jours où il y a marqué « provision », ça veut dire qu’ils nous comptent que deux heures au lieu de trois heures et demi. Donc faut encore attendre le mois prochain, parce qu’ils ont pas eu le temps depuis le 15 septembre de faire les feuilles de salaire...

    Il y a eu des retards dans les versements des salaires, et ils sont encore trois à ne pas avoir eu leur salaire. C’est pour ça qu’on se plaint, on n’en peut plus. On appelle à Montpellier, mais ils disent d’appeler à Tours, et quand on appelle à Tours ils disent d’appeler à Montpellier. Ils se permettent de téléphoner à 8h30 pour nous confier un enfant. On travaille le mercredi, alors que nos contrats prévoient qu’on ne travaille pas ce jour-là. Et j’ai un mercredi qui n’a pas été payé, soit-disant que je n’ai pas travaillé. D’ailleurs, on ne sait même pas si on est couverts dans ces cas-là.

    On doit se débrouiller seuls. L’autre jour, je suis allé chercher une enfant à La Rabière pour constater qu’elle était déjà partie avec un autre chauffeur. Tout se passe comme ça, c’est mal organisé. Les secrétaires, les pauvres, ne sont pas bien traitées.

    #transport #handicap #exploitation

  • Je connais un terroriste. Il mange du porc, a des mauvaises notes en Histoire-Géo et bloque les trains

    http://larotative.info/je-connais-un-terroriste-il-mange-1199.html

    Je connais un terroriste. Insoupçonnable ennemi de la France. Machiavélique infiltré au coeur de la société. Malfaiteur déguisé en grand ado. Il mange de la purée-jambon les jours de ramadan. Joue à des jeux vidéos. Fait semblant d’être étourdi... Mais c’est une couverture ! Le 2 octobre dernier, ce djihadiste a bloqué le train d’Amboise pendant trois heures ! Appelons-le Hector.

    Les autorités nous ont pourtant prévenus. Nos ennemis sont désormais nos propres enfants. Pour lutter contre Daesh, ce sont nos mômes qu’il faut « repérer et traiter », ainsi que le préconisait courageusement Madame Nathalie Saint-Cricq, brillante chef du service politique de FR2, et petite-fille du fondateur de notre chère Nouvelle République Bananière.
    Ne vous y trompez pas : une société qui a peur de ses propres enfants est une société saine. Enfin, il faut quand même en enlever les pommes pourries.

    (...)

    Terrorisme à Tours, Indre-et-Loire ? Délire paranoïaque volontaire pour contrôler les citoyens par la peur en les montant les uns contre les autres ? Enfumage sur les vraies raisons de la déconfiture de la société ? Les complotisto-gauchistes — et surtout les Ravachols paranoïaques de la Rotative — ont tort : le responsable de tous nos malheurs est déjà infiltré au sein de nos foyers. Félon tellement machiavélique qu’il ne ressemble même plus à « un arabe », mais bel et bien à un ado « céfran » qui squatte ton frigo et ton ordinateur ! Et en plus, c’est ton gosse !

    Revenons-en à Hector. L’enfant d’un couple de copains. Pour les quadras tourangeaux, Hector est le fils du guitariste de Spicy Box, groupe qui, en son temps, pratiqua le techno-dub-hardcore, mais à tendance crypto-taliban comme on va le voir. Je frisonne en pensant qu’il y a 16 ans, j’ai fait, sur mes genoux, sauter un terroriste qui a aujourd’hui surement envie de me faire sauter à mon tour !

    (...)

    Il y a quelques jours, dans un train sillonnant notre douce campagne tourangelle, (dont la terre qui ne ment pas verra bientôt ses sillons remplis du sang impur des hordes talibanes), une courageuse et intelligente citoyenne, (qui n’écoute que son devoir et les consignes de sécurité Vigipirate), signale aux autorités un sac suspect. Une bombe terroriste habilement déguisée en sac d’écolier ? Train immobilisé pendant plus de trois heures. Une équipe de démineurs vient de La Rochelle en hélicoptère. Et, à la stupéfaction générale — car personne ne s’y attendait — il s’avère finalement que la bombe camouflée en sac d’écolier n’est en fait… qu’un sac d’écolier. Hector a bêtement oublié son sac dans le train. L’andouille !

    C’est par le coup de téléphone d’un gendarme — probablement désolé par l’extrême ridicule de la situation — que la mère du terroriste a appris que son fils s’était pris une sale note en Histoire-Géo. Avant de paralyser un train pendant trois heures. A défaut de désamorcer une bombe, les pandores ont en effet décortiqué le sac de l’étourdi, jusqu’à éplucher ses cours et son carnet de liaison. Ils n’ont pas dû être déçus... Mais par chance extraordinaire, il se trouve que ce jour là, les farces de l’ordre n’avaient pas d’autre mission à remplir ! On imagine que la SNCF est elle aussi ravie.

    On reste songeur, si pour totalement paralyser notre grand pays, il suffisait simplement de le bombarder… sous une avalanche de cartables d’écoliers disséminés un peu partout sur le territoire, en des points plus ou moins stratégiques… comme un petit train de campagne par exemple. Plus efficace et beaucoup moins cher que les cocottes-minutes et autres bonbonnes de gaz remplies de clous… On est finalement bien peu de choses… si toute les armes de notre grande nation ne valent rien contre quelques sacs d’écoliers…

    #terrorisme_écolier #vigipirate #cancre

  • #ToursTech : « Tous unis pour la croissance de nos start-ups »

    http://larotative.info/tourstech-tous-unis-pour-la-1192.html

    Coulon l’avait annoncé lors du conseil municipal du 7 avril 2015 :

    « Nous positionnerons aussi Tours comme une terre d’adoption numérique. On sait que notre territoire est souvent choisi (Moneo, McDo, Linky) par des tas d’entreprises qui ont testé ici leurs produits. (...) Nous voulons que les entreprises viennent innover en Touraine, en trouvant les compétences et les infrastructures qui leur permettront de réussir leurs projets d’innovation. »

    Apparemment, l’adjoint au maire est ravi de faire office de cobaye. Signalons quand même que Monéo s’est cassé la gueule [1], et que les compteurs Linky sont loin de faire l’unanimité, y compris dans le département. Quant aux bornes de commandes chez MacDonald’s, on laissera chacun juger de la pertinence de cet exemple en termes de progrès et d’innovation... Cela n’a que peu d’importance aux yeux des promoteurs de #ToursTech : l’important, c’est d’innover, de « faire », qu’importent les débouchés, les impacts ou les conséquences. La formule « Tous unis pour la croissance de nos start-up » reflète bien cet esprit : on promet un soutien sans condition, sans s’interroger sur ce que produisent ces entreprises, ou sur la manière dont elles le font. Le tout au nom de l’emploi (hypothétique) et du rayonnement (hypnotique).

    C’est le site de l’ancienne imprimerie Mame qui a été choisi pour faire office de « lieu totem » pour la candidature Tours Tech. Un « lieu magique » aux yeux de Thibault Coulon, qui pourra notamment accueillir un « Fab lab » et un « Living lab ». Et où l’on pourra organiser un « BarCamp », un « Startup Weekend », un « Coding Goûter », ou un « Hacking Monday ». Dire qu’il fut un temps où on se contentait d’y imprimer des livres...

    Le site Mame vient d’être racheté par Tour(s) Plus à la Société d’équipement de Touraine (SET), qui était chargée de sa reconversion, pour un coût de 9 millions d’euros. L’école des Beaux-Arts s’y est installée, reste à faire venir les entreprises du numérique qui donneront au site son identité de « véritable poumon de l’économie numérique locale ». Et pour cela, Thibault Coulon cherche à faire dégager les ouvriers de Michelin qui y trainent encore dans le cadre des ateliers de transition professionnelle mis en place suite à la suppression de 700 postes dans l’usine de Joué-lès-Tours. Certes, la SET présente Mame comme « un site d’échanges (..) et de rencontres entre tous les publics », mais il ne faudrait pas exagérer. C’est pas les types de Michelin qui vont nous faire entrer dans la modernité ; ils représenteraient plutôt un passé gênant à faire disparaître.

    #numérique #FrenchTech #EtMoiEtMoiEtMoi

  • /r9k/ - ROBOT9001 » Thread #22785073
    https://archive.is/KJ1LD

    Il y a quelque jours, quelqu’un, que je m’abstiendrai de citer nommément car cela semble mal vu, s’opposait avec virulence à cet article de Libération http://www.liberation.fr/economie/2015/09/23/le-trou-du-cul-du-web-va-disparaitre-et-c-est-tant-mieux_1389177 en le qualifiant de « Putain d’article de merde écrit par un ignorant » et posant une question rhétorique à son auteur : « T’es au courant mec que masse de ce que tu vois passer sur le web y trouve sa source ? »

    Aujourd’hui, force est de constater que les prémisses de sa question semblent se vérifier puisque le terroriste qui a perpétré une fusillade dans une université de l’Oregon hier avait annoncé son intention sur 4chan où il a été vivement (...)

  • Belote & Rebelote

    http://larotative.info/belote-rebelote-1184.html

    Suite au dernier matraquage médiatique, voici la réflexion et la réponse des Amis de l’Égalité au « problème » des migrants. Ce texte est là aussi pour participer à la discussion.

    Les attentats du 7 janvier avaient suscité une vague d’indignation mêlée de peur, vague amplifiée par les journalistes avides d’images et les politiciens de tout poil, puis peu à peu canalisée et transformée en élan patriotique... Si t’es pas Charlie bleu, blanc, rouge, c’est que tu es un terroriste black, barbu, beur !

    Belote ! Les défilés au son de la Marseillaise pour la liberté d’expression ont permis à l’État de voter de nouvelles lois pour mieux nous contrôler encore et limiter cette même liberté, pour remettre la morale à l’école, pour normaliser le fait que des militaires puissent faire du travail de police et que des snipers soient présents au sein des CRS pour maintenir l’ordre dans les manifestations et les quartiers populaires.

    Rebelote, voilà les migrants ! Que les centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) aient été fermés les uns après les autres depuis une dizaine d’années, que des familles dorment à la rue depuis un demi-siècle, tout ça est déjà oublié !

    (...)

    Tandis que le français d’en-bas accueille un migrant, Messieurs Bouygues, Faugères & Juteau, Beulin et leurs copains sont heureux. On ne salope pas leurs logements vides avec des pauvres. Messieurs les élus sont aussi tout chose. Ils se pavanent à côté des braves citoyens, organisent des pots et des ’rencontres solidaires’, tandis que des bidonvilles fleurissent sous leur fenêtre.

    Il n’y a pas cinquante solutions. L’accueil de nouveaux venus dans une famille, un hameau, un quartier, une ville est un moment collectif.

    Notre société ne fait déjà aucun cadeau aux exploités avec une carte d’identité, elle ne sera pas plus clémente avec ceux qui ne maîtrisent même pas la langue.

    Le sans-papiers isolé chez l’habitant devient une proie facile pour l’administration, et tant pis si la solidarité est sincère, devant un huissier, l’amitié et les sentiments ne font pas la loi...

    #migrants #armement #Thalès #réfugiés

  • Center Parcs : 36 métiers, 40 misères
    http://larotative.info/center-parcs-36-metiers-40-miseres-1175.html

    Dans le cadre de la lutte contre l’installation d’un #Center_Parcs à #Roybon (Isère), des opposants se sont penchés sur les conditions d’emploi dans ces centres de vacances. Le texte qui suit, tiré du n°2 de la revue De tout bois publié en avril 2015, apporte un éclairage édifiant sur la précarité de ces boulots. Avec l’ouverture récente d’un Center Parcs aux Trois-Moutiers, dans la Vienne, à quelques kilomètres de #Chinon, on a jugé intéressant de reproduire ce texte.

    Les 700 emplois qui seraient créés pour faire fonctionner l’infrastructure touristique, apparaissent aux yeux des défenseurs du projet Center Parcs de Roybon comme l’argument essentiel et indiscutable. De quels emplois s’agit-il au juste ? Quelles sont les conditions de travail que les salariés devront supporter ? Depuis que le projet de Roybon a été rendu public, les différents Center Parcs ouverts dans le pays ont essuyé de nombreuses grèves. Parcourons chacun des quatre sites existants au moment de ces grèves et laissons les employés exprimer eux-mêmes leurs reproches.

    (...)

    « Nous travaillons presque tous les week-ends sans aucunes compensations avec des horaires pas faciles pour la vie de famille. Nous sommes actuellement plus de 280 salariés alors que nous avons été plus de 300 l’année passée pour autant de travail si ce n’est plus. Le parc de L’Ailette a pour particularité de ne pas avoir le nettoyage intégré dans les effectifs. Nous avons une société de nettoyage. Les salariés de cette boite trinquent encore plus que nous (c’est peu dire. Nombre d’entre eux sont actuellement en procédure aux Prud’hommes) ».

    Soixante-dix employées de cette société de nettoyage (du Groupe K) dont nous parlait ce délégué CGT avait en effet manifesté le 9 mai 2008 devant le Center Parcs du Lac d’Ailette contre certains cadres aux méthodes jugées dégradantes et insultantes : « Pourquoi nous fouille-t-on systématiquement dès que nous sortons du parc ? ». Et aussi : « On nous humilie, on nous rabaisse, on nous insulte plus bas que terre ». Sans oublier la question des cadences : « 118 minutes pour nettoyer une maison pour 8 personnes, c’est intenable ! », et des « retards dans le versement des salaires et des absences de régularisation pour des heures effectuées en supplément ou les jours fériés »…

    (...)

    « On est des esclaves, souffle une manifestante. On travaille trois week-ends par mois et on n’a aucune reconnaissance. » Les femmes de ménage dénonçaient :

    « On commence à la piscine à 5 h jusqu’à 9 h 30. De 10 h à 15 h, on est dans les cottages. Certains sont propres, d’autres très sales. Les temps qui nous sont donnés pour nettoyer les chalets sont trop courts. Pour que les clients aient leur logement à 15 h nous sommes obligées, la plupart du temps, de ne pas prendre notre pause de 12 h à 12 h 30. Je touche 270 € par mois pour deux jours de travail par semaine, témoigne un agent technique de nettoyage. Si on rajoute la mutuelle "obligatoire" de 30 €, il ne reste plus grand-chose à la fin du mois. »...

    #travail_précaire #travail_des_femmes

  • Radio Turone, 96.2 : retour sur une aventure radiophonique militante (1982-1985)

    http://larotative.info/radio-turone-96-2-retour-sur-une-1158.html

    De février 1982 à juillet 1985, la CGT d’Indre-et-Loire disposait de sa propre radio, et envoyait ses militants faire des reportages au cœur des luttes. Christian, 28 ans à l’époque, revient sur cette « belle aventure ».

    L’idée de lancer la radio est née après l’arrivée de la gauche au pouvoir, le 10 mai 1981. Il existait une profonde envie d’avoir une information libre et démocratique. Cette envie traversait déjà la CGT avant mai 81, puisqu’il y avait déjà eu des expériences comme Lorraine Cœur d’Acier [1], radio née pendant le conflit des sidérurgistes de Lorraine.

    (...)

    On a collecté des moyens financiers et matériels auprès des syndicats. L’initiative a eu un bon écho parmi les copains, qui en avaient marre de ce qui était proposé en matière d’information. La mairie de Saint-Pierre-des-Corps nous a fourni un local, et nous a permis d’installer un mât pour fixer l’antenne de la radio. Ces locaux ont été démolis depuis ; ils se trouvaient à proximité de l’école et de l’hôtel de ville.

    (...)

    Plus tard, un copain a composé un jingle. Ça faisait partie de l’aspect collaboratif de la radio. Chacun y amenait ce qu’il pouvait, sans rien attendre en retour.

    (...)

    Dès qu’on a eu un peu de sous, on a acheté deux magnétophones Nagra, ce qui nous a permis de faire des reportages sur les luttes d’entreprises. Ça, c’était le must. Quand une boîte du département était en rideau, au lieu de se contenter d’une petite brève de France Bleu, on allait interviewer la direction du syndicat et les salariés dans la lutte, on passait des appels aux dons, on annonçait des rendez-vous. Ça permettait de développer des solidarités. Et puis on essayait parfois d’interviewer les directions d’entreprises, mais c’était un peu plus dur. On arrivait avec notre étiquette de radio de la CGT, et il y en a qui ne voulaient pas nous causer. On se faisait même virer manu militari. Mais ça nous permettait de gueuler sur le thème de la censure de l’information. On réalisait aussi des reportages dans les manifs, on faisait des prises de son avec nos magnétos.

    poke @rezo @intempestive

    #sons_et_luttes #syndicalisme

    • Plus que la nostalgie, la fin devrait attirer l’attention :

      Au départ, il y a eu un vrai engouement autour de la radio, et il était assez facile de faire participer des copains et copines. Une fois que l’outil a été installé dans la durée, ça a été plus difficile, les gens étaient moins motivés. Mais ce genre de difficultés se retrouvent toujours, sous d’autres formes. Alors entre la baisse de motivation, le manque de fric, et le vandalisme... Radio Turone s’est tue en juillet 85.

      – Vivre un présent sans cesse renouvelé dans l’éffervescence des zones alternatives temporaires, au risque de s’épuiser et ne pas trouver de nouvelle zone à rouvrir après la chute ?
      – ou tirer les leçons, parfois difficiles ou désagréables, des expériences passées, et se donner les moyens de construire des alternatives durablement fructueuses ?

      #alternativedurable

    • @passerelle je plussoie mille fois :) je rajouterai
      – la difficulté de transmettre des outils ou des expériences,
      – le miroir aux alouettes que peut représenter la « nouveauté ».
      Paris-luttes.info va par exemple héberger dans une partie du site l’opposition à la COP21, mais ça n’a pas été sans discussion. Pas encore vieux de 2 ans, malgré son relatif succès, le désir d’en faire un « outil commun » et sa volonté d’ouverture, des camarades – pourtant proches – trouvaient déjà chiant d’utiliser un dispositif existant et fonctionnel.
      C’est un souci en partie abordé dans « Micropolitique des groupes » http://seenthis.net/messages/14660

  • Hollande, « les journalistes de la France d’en bas » et les hippopotames

    http://larotative.info/hollande-les-journalistes-de-la-1169.html


    Déjeuner de presse au zoo de Vincennes, 1936

    Le 11 septembre, François Hollande, accompagné d’une poignée de ministres, s’est rendu à Monts, à Contres pour visiter l’usine Saint-Michel, et à Saint-Aignan-sur-Cher pour célébrer le 35ème anniversaire du zoo de Beauval.

    D’après Laurent Garofalo, président du Club de la Presse (et dirigeant d’une agence de communication basée à Bourges...) :

    « Lors des visites du Président en province, les journalistes locaux sont désormais tenus à l’écart. Seule la presse nationale et un, voire deux journalistes issus d’un organe de la PQR sont autorisés à approcher le Président. Tous les journalistes des médias locaux (radios, hebdos, gratuits, Internet…) et les indépendants restent sur la touche ».

    On pourrait crier à la censure, et alerter Reporter Sans Frontières pour qu’il intègre ces faits dans son Classement mondial de la liberté de la presse. Mais l’esprit du communiqué est un peu différent :

    « Lorsque le Président se déplace en région, il ne devrait pas avoir peur de s’adresser "aux régions" et le meilleur vecteur de communication, c’est sans doute ces journalistes de la France d’en bas, tant méprisés par le service de communication de l’Elysée. »

    En fait, ces journalistes locaux seraient ravis de rapporter fidèlement la parole présidentielle dans leurs hebdos, gratuits et sur leurs sites Internet bardés d’encarts publicitaires. Ils veulent juste obtenir un peu de reconnaissance, quelques minutes « d’accès » auprès du prince, histoire d’éclairer un quotidien occupé par les concours de Miss ou par les interviews complaisantes des élus ou patrons locaux. Approcher un ministre, voire le président, c’est autre chose qu’un entretien avec le chef du MEDEF local !

    Ces journalistes ne font pas de l’information, mais de la communication. Ils sont dévoués, remettent rarement en cause la parole des puissants, et sont passés maîtres dans l’art de décrire le vide. Une visite au zoo, c’est pile dans leurs cordes. Pourquoi, donc, les mettre sur la touche ? Ce n’est pas eux qui auraient mis un grain de sable dans l’opération de communication présidentielle. On comprendrait presque la peine de Garofalo.

    Faut dire aussi qu’elle avait l’air passionnante cette visite. Si l’on en croit les images disponibles sur le site de l’Élysée, Hollande a pris des airs inspirés devant la chaîne de fabrication des madeleines Saint-Michel. Et il a prononcé au zoo de Beauval un discours qui restera dans les annales de l’éloquence politique :

    « Je pense que c’est l’un des plus beaux parcs animaliers d’Europe, et peut-être même du monde. (...) Le parc animalier de Beauval, c’est aussi le témoignage de la vitalité économique de ce qu’on appelle nos territoires ruraux. (..) Il faudrait d’ailleurs que j’ai une mention spéciale pour celui ou celle qui vous a offert les deux premiers oiseaux. Car sans ce cadeau (...) il n’y aurait pas aujourd’hui le parc de Beauval. (...) Il y a un million de visiteurs qui viennent à Beauval, c’est-à-dire plus qu’à Chambord. Vous avez réussi, Françoise Delord, à faire mieux que François 1er. (Applaudissements).

    Rodolphe, Delphine, Sophie vous accompagnent et c’est ainsi que nous avons ici à Beauval non seulement des oiseaux de toutes sortes mais des gorilles, des pandas (...), et depuis 2012 ils sont ces pandas parmi les vedettes de votre parc zoologique (...) [1]. Il est possible de faire rayonner la France dans le monde tout en chavirant de bonheur un grand nombre de visiteurs, les plus jeunes comme les plus anciens. (...) Vous avez annoncé, et j’y suis sensible, de nouveaux investissements (...). J’ai bien entendu votre message sur la fiscalité (...). Je peux les comprendre, car il vous faut dégager de la marge financière si vous voulez continuer à proposer, pour demain, 2016, c’est tout près, les cétacés qui devront être présentés, et également les hippopotames.

    (...) Puis ensuite, je suis allé visiter une entreprise pas loin d’ici, qui fait en sorte de fabriquer des madeleines — et pas seulement des madeleines — Saint-Michel, et vous connaissez bien ces produits. Ils ne servent pas à la consommation ici des animaux, j’ai bien compris que la pomme était l’outil indispensable si l’on voulait pouvoir séduire les animaux présentés. Mais ces galettes, ces madeleines, ces produits qui sont fabriqués avec du lait, avec des œufs qui viennent de la France, nous devons absolument aussi démontrer que nous pouvons être les meilleurs — et nous le sommes — dans l’industrie agroalimentaire. C’est une filière d’excellence là aussi, qui nous permet de dégager près de 10 milliards d’excédents. »

    On arrête là, mais ça vous donne une idée de la nullité de l’exercice. C’est bien la peine de pleurnicher parce qu’on n’a pas pu suivre Hollande dans sa découverte de la fabrication de madeleines « avec des œufs qui viennent de la France ».

    #Communication #zoo #PQR #médias #hippopotames

  • Coordination Pas Sans Nous : dans les quartiers populaires, « remplacer la violence par de la conflictualité »
    http://larotative.info/coordination-pas-sans-nous-dans-1105.html

    Depuis 2013, une centaine de personnes, responsables associatifs et acteurs de terrain, se sont réunies au sein d’une coordination qui se présente comme un « syndicat des quartiers populaires ». Rencontre avec l’un de ses membres, qui habite à Joué-lès-Tours [1].

    En 2005, suite aux révoltes qui ont répondu à la mort de Zyed et Bouna, Mohammed Mechmache crée un collectif nommé ACLEFEU [2]. Il se dit qu’il n’est plus possible d’aller de crise en crise, et que les habitant-es des quartiers populaires sont les mieux placé-es pour parler de leur réalité. Mechmache va réaliser un tour de France pour dresser un cahier de doléances en recueillant la parole des habitant-es. Mais quand il est allé présenter ce travail à un ministre, il lui a été demandé de laisser son rapport à l’accueil du ministère...

    Mechmache s’est alors allié à une universitaire travaillant sur les questions de la participation des habitant-es et d’empowerment [3], Marie-Hélène Bacqué. François Lamy, ministre de la Ville du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, va leur commander un rapport. Mechmache et Bacqué vont refaire un tour de France pour recueillir des témoignages d’habitant-es des quartiers populaires, de membres d’associations, etc. Ils sont notamment passés à Joué-lès-Tours, pour collecter doléances et propositions.

    Ce travail a donné naissance à un nouveau rapport contenant 31 propositions. Une centaine de responsables associatifs et d’acteurs de terrain des quartiers populaires ont été invités à critiquer, amender, corriger ces propositions. Et il a été décidé de considérer la question du droit de vote aux étrangers non-communautaires aux élections locales non pas comme une proposition parmi d’autres, mais comme une condition préalable de la participation citoyenne. C’est un engagement de campagne du candidat Hollande. On réclamait donc que cet engagement soit tenu. La centaine de participant-es à la conférence qui s’est tenue en juin 2013 se sont accordés pour dire que le rapport ne contenait pas 30+1 mesures, mais 1+30 mesures.

    Toutes les questions qui traversent notre société ont été abordées au cours de cette « conférence citoyenne » de juin 2013. Ça a été deux journées de folie. Il y a notamment eu de grosses empoignades autour du terme « laïcité » ; certains estimaient que la question de l’islamophobie devait avoir une place centrale dans le rapport, d’autres étaient plutôt dans une posture de déni face à cette question. A l’issue de ces deux jours, on s’est dit qu’il était indispensable de rester en contact, et on a monté la coordination « Pas sans nous ».

    Évidemment, une fois le rapport rendu au ministre de la Ville et passé à la moulinette législative, il n’en est rien resté, si ce n’est l’idée de créer des « tables de quartier ». Cela consiste à monter, dans tous les quartiers populaires, une instance reconnue par les autorités locales (préfecture, mairie) qui pourrait participer aux réflexions sur les politiques de la ville. La loi prévoyait donc que, dans toutes les villes où il existe un « quartier prioritaire », la signature du contrat de ville soit subordonnée à la création et à la reconnaissance d’un « conseil citoyen » (qui a été le nom retenu pour désigner les tables de quartier).

    (...)

    Pour l’instant, comment la mobilisation des habitant-es prend-elle forme ? Comment s’exprime-t-elle ?

    En matière de participation, les quartiers populaires sont par terre. Certains quartiers ont tellement morflé qu’il n’y a plus de dialogue. En même temps qu’on proposait ces conseils citoyens, il a fallu engager un travail de dialogue entre associations et de définition d’objectifs communs.

    (...)

    Le parquet a demandé la relaxe des deux policiers poursuivis pour « non-assistance à personne en danger » après la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois en 2005 [5]. Cette relaxe ne va-t-elle pas encore faire reculer la confiance des habitant-es des quartiers populaires vis-à-vis des institutions ?

    Il faut faire évoluer la relation des habitant-es avec la police. On ne peut pas continuer comme ça. Les policiers ne peuvent pas être systématiquement mis hors de cause, comme c’est le cas actuellement. C’est invivable, et chaque relaxe est vécue comme un coup de couteau par les quartiers. La coordination « Pas sans nous » propose notamment que la police vienne régulièrement dans les quartiers pour rendre compte de son action auprès des habitant-es. Les conseils citoyens pourraient être l’espace approprié. Cela permettrait à la police d’entendre ce que les habitant-es ont à leur reprocher, en dehors du contexte d’un contrôle d’identité. Sinon, nous irons de révoltes en révoltes.

    #participation #quartiers_populaires #ville

    cc @quartiersxxi @rezo

  • Liberté, égalité, défilé !
    http://larotative.info/liberte-egalite-defile-1124.html

    L’État français s’est exhibé à deux reprises durant le grand week-end du 14 Juillet, en participant à l’humiliation du peuple grec, puis offrant un podium à la junte mexicaine. Face à l’expression démocratique, le pouvoir en place préfère cirer les pompes des banquiers et lustrer les godillots des nervis.

    (...)

    Pour entretenir l’esprit du 11 janvier, François Hollande a mis la main à la pâte afin que ce défilé pète le feu. Des clients à la tribune, des opérateurs de sécurité dans le défilé. Sitôt l’armée mexicaine escamotée, on fait défiler la Gendarmerie et la police, esprit du 11 janvier toujours ! Des chicaneurs diront que le linceul de Rémy Fraisse est encore tiède, de cette nuit où les pandores, au service de la nomenklatura PS du Tarn, envoyèrent 23 grenades offensives à la cantonade au cas où, jusqu’à ce que...

    Il y a aussi l’opération « sociale » d’Anne Hidalgo (de gauche), avec le concours des chaussures à clous et de la sûreté de l’État, à la Halle Pajol, pour « aider » les réfugiés. Clic clac, contact, matraque, l’affaire est dans le sac pour ne pas que les « gens » restent à la rue. On est loin de l’amateurisme du Parti Socialiste façon sac de Riz en Somalie, là on cible le client sur place. Ils veulent des papiers ? On va leur en donner, 30 000 reconduites à la frontière, 60 000 obligations de quitter le territoire, 50 000 rétentions administratives concernant prés de 6 000 enfants. Allez hop, ça roule avec la gauche !

    Ce gouvernement a décidément de l’audace. Imagine-t-on en 1962, la flicaille de Charonne ouvrir le défilé, ou en 61 les brigades de Papon acclamées sur les Champs après avoir foutus des algériens à la Seine, en 1985 la DGSE victorieuse d’une grande bataille navale, ou mieux en 1986 des motards voltigeurs ouvrant le défilé ? A partir d’aujourd’hui on peut tout imaginer, l’an prochain peut-être, le commissariat de Joué-lès-Tours...

    Succédant à la police et aux mexicains, l’armée s’est mise à défiler. Monsieur Hollande ? Un mot sur les viols des mômes en Afrique par nos troupes ? Secret-Défense, tout va bien. C’est sûr que cette année, Hollande n’a pas invité l’armée grecque, ni distribué de médaille à Tsipras, mais bon, l’année était salement chargée. Faire passer une loi sécuritaire, quelques lois anti-sociales touchant près de 300 domaines, c’est du boulot. Ajoutez à ceci un congrès du PS où il fallut surtout ne rien dire, ne rien changer. On a ainsi pu entendre le président du groupe PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux, assener : « La sécurité et la patrie étaient des thèmes de droite, ils ne le sont plus » Eh ben on te croit, pour une fois que le PS ne raconte pas de conneries.

    (...)

  • Campement de migrants à Tours : 35 jours d’occupation et toujours pas de solutions
    http://larotative.info/campement-de-migrants-a-tours-35-1120.html

    Cela fait 35 jours que des migrants, demandeurs d’asiles pour la plupart, ont installé un campement de fortune au Sanitas, près de la voie ferrée. Cette solution s’est imposée parce que depuis plusieurs semaines déjà, des familles dormaient dans la rue. L’installation de ce campement a permis de mettre en lumière l’absence de solutions de logements pour les migrants, qui sont laissés à eux-mêmes dans l’indifférence complète des autorités responsables.

    Jusque-là, les autorités locales ont choisi d’ignorer le problème. Dans un communiqué, Chrétiens Migrants a montré comment celles-ci se renvoient la balle : à la préfecture, Isabelle Ferrandon (adjointe au cabinet du préfet) a saisi le nouveau directeur de cabinet du préfet tout en signalant que c’était la direction départementale de la cohésion sociale qui était en charge du problème ; à la mairie, le directeur de cabinet du maire, qui a saisi la préfecture, est parti en vacances et personne d’autre n’est joignable sur ce sujet ; au conseil départemental, Nadège Arnault (vice-présidente chargée des affaires sociales) a déclaré que la collectivité n’était pas concernée mais allait contacter la préfecture...

    Pour le préfet, les personnes sans-abri doivent appeler le 115 pour obtenir une solution de logement. Mais tous les jours, la même réponse se fait entendre : « pas de place ». A tel point que c’est presque devenu une blague parmi les enfants du camp. Ce que réclament les personnes du camp, ce sont des solutions de logements stables, pas quelques nuits dans des hôtels insalubres. Une femme et son enfant, en demande d’asile, qui avaient obtenu six jours d’hébergement dans une chambre d’hôtel pleine de punaises, ont ensuite dû revenir sous l’une des tentes du campement. Une autre famille en demande d’asile, logée pour un mois dans un appartement géré par Émergence, a vu sa place dans le campement récupérée par une autre famille...

    En jouant le pourrissement, en se renvoyant la balle comme elles le font, les autorités locales, maire, préfet et compagnie, laissent ces familles dans une situation de vulnérabilité et de détresse immense. Malgré les conditions délétères dans lesquelles elles sont placées, les personnes présentes sur le camp tentent de poursuivre leur vie familiale et sociale : un concert a été organisé, avec une chanteuse lyrique accompagnée d’un guitariste ; l’atelier d’auto-réparation de vélos Roulement à Bill est venu à plusieurs reprises et a offert des bicyclettes aux enfants, une retraitée vient ponctuellement lire des histoires aux enfants, etc. (toute proposition dans ce sens est d’ailleurs bienvenue). Cependant, la solidarité à l’œuvre sur le camp ne doit pas masquer la responsabilité de l’État dans la crise qui se joue ici, mais aussi à Paris, Calais, Vintimille, et sur tout le pourtour de la Méditerranée.

    #migrants #réfugiés #asile

  • 5 692 enfants enfermés en centres ou locaux de rétention en 2014
    http://larotative.info/5-692-enfants-enfermes-en-centres-1110.html

    C’est l’un des chiffres cités dans le rapport publié en commun par les cinq associations intervenant dans les centres de rétention administrative. Voici le contenu de leur communiqué de presse.

    Un triste record pour l’enfermement des enfants

    Malgré la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’Homme, des enfants sont toujours enfermés en rétention. Pire, leur nombre a augmenté, grimpant de 3 608 en 2013 à 5 692 en 2014. Cette hausse de 16 % en métropole atteint 59 % à Mayotte. Depuis cette île, des enfants sont parfois enfermés et expulsés sans être accompagnés de leurs parents, en toute illégalité.

    L’enfermement également illégal de 676 enfants dans les locaux de rétention reste par ailleurs une pratique toujours assumée par l’État.

    « Pour ces enfants, les interpellations à domicile, les enfermements et les éloignements constituent des traumatismes.

    Des placements et des éloignements express, ainsi que des interpellations de familles à leur domicile, sont mis en œuvre dans une volonté manifeste de contourner la justice.

    L’enfermement des familles en LRA, pourtant illégal, persiste alors même que ces lieux ne sont pas habilités à recevoir des familles. »

  • Conseil de prud’hommes de Tours : La Nouvelle République condamnée pour harcèlement sexuel
    http://larotative.info/condamnation-de-la-nouvelle-1106.html

    Le 1er juillet 2015, le Conseil de prud’hommes de Tours a condamné la Nouvelle République du Centre Ouest pour harcèlement sexuel. Communiqué de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail.

    Pour la première fois, un conseil de prud’hommes qualifie de harcèlement sexuel à l’encontre d’une salariée des agissements à caractère sexuel qui ne la visaient pas personnellement. (...)

    Madame G. était journaliste depuis 1989 au quotidien régional La Nouvelle République du Centre Ouest. En 2012, elle est directement témoin de propos connotés sexuellement tenus par des collègues masculins : « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne ». Entre eux ils s’interpellent : « Ma chatounette, mes couilles » et plusieurs fois par jour s’insultent et ou miment bruyamment des rapports sexuels.

    Tandis qu’elle, elle travaille, elle est dérangée par les conversations de ses voisins de bureau : « Non, je ne vais pas pouvoir venir ; ce week-end, mon ex est là », « Ben alors tu vas niquer ». « Ouais, mais ce n’est pas sûr » : « T’auras qu’à faire des photos », « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ».

    Ou alors, lorsque ses collègues déchargent des photos : « Ah ouais, t’aimes ça, toi, décharger... euh, des photos », ou mettent un document ou une photo sur le bureau : « Moi, ce n’est pas une photo que je vais mettre sur le bureau » ; « Ah bon, ben alors c’est quoi ? ».

    Elle doit supporter des images de femmes nues dans des postures dégradantes qui font office d’économiseurs d’écran, quand ses collègues sont en reportage.

    (...)

    En raison des conséquences du harcèlement sexuel et de l’absence de soutien de
    son employeur sur sa santé, son médecin traitant lui prescrit un arrêt de travail à partir de janvier 2013.

    Mme G. craint de se rendre sur son lieu de travail où il lui est impossible de remplir ses fonctions dans un climat serein ; elle décide alors en août 2013 de demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail.

    (...)

    Dans les procédures dans lesquelles l’AVFT intervient, c’est la première fois qu’un conseil de prud’hommes condamne une entreprise attaquée par une salariée qui n’a pas été personnellement visée par le harcèlement sexuel, mais qui en a été exposée à des propos et comportements non désirés à caractère sexuel dans le cadre de son travail.

    (...)

    Mais les femmes journalistes sont aussi exposées au harcèlement sexuel au sein de leurs rédactions et paient un lourd tribut quand elles le dénoncent.

    Comme toutes les salariées, elles sont peu nombreuses à pouvoir le faire, mais nous recevons fréquemment leurs témoignages.

    #travail #harcèlement #discriminations #médias

    • Pour la première fois, un conseil de prud’hommes qualifie de harcèlement sexuel à l’encontre d’une salariée des agissements à caractère sexuel qui ne la visaient pas personnellement.

      […]

      Dans les procédures dans lesquelles l’AVFT intervient, c’est la première fois qu’un conseil de prud’hommes condamne une entreprise attaquée par une salariée qui n’a pas été personnellement visée par le harcèlement sexuel, mais qui en a été exposée à des propos et comportements non désirés à caractère sexuel dans le cadre de son travail.

      Il fait ainsi une application à bon escient de l’article L1153 alinéa 1 du Code du travail qui définit le harcèlement sexuel comme « des propos ou comportements à connotation sexuelle répétés qui soit portent atteinte à [la dignité de la salariée] en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à [l’encontre de la salariée] une situation intimidante, hostile ou offensante ».

      […]

      Bien qu’il soit systémique et destiné à la collectivité des femmes, la lutte contre cette forme de harcèlement sexuel est trop souvent solitaire, les salariées étant généralement obligées de mettre en place des stratégies individuelles de résistance, raison pour laquelle les représailles se concentrent sur elles.

      #harcelement #machisme #culture_d'entreprise

  • Manifestation contre la loi Macron à Paris : un responsable syndical tabassé par la police
    http://larotative.info/manifestation-contre-la-loi-macron-1085.html

    Le 23 juin, à l’appel de la Fédération du commerce et des services CGT, une manifestation était organisée devant le ministère de l’économie et des finances. Témoignage d’Arnaud, militant CGT en Indre-et-Loire.

    « On a organisé une initiative devant Bercy contre la loi Macron et toutes les dispositions, toutes les saloperies qui tombent sur les salarié-es du commerce en ce moment – par exemple, le travail du dimanche à la Fnac [1]. Le rassemblement était paisible. Plus de 600 salarié-es étaient présent-es, donc on n’était pas sur l’emplacement initialement prévu avec la préfecture.

    On a occupé les rues qui étaient devant le ministère, et ça a un peu bousculé. Les flics étaient très tendus. Un officier de police, qui avait une matraque télescopique fermée dans son poing, a frappé à plusieurs reprises le secrétaire général de la fédération du commerce, Amar Lagha, qui souffre de multiples contusions et va porter une minerve pendant une dizaine de jours. Évidemment, il est allé porter plainte devant la police des polices, et il a été reçu par une équipe médicale pour faire constater ses blessures. On verra comment la police analysera les faits, mais ça représente une grosse attaque contre le monde du travail, c’est une honte de s’attaquer à un des principaux dirigeants de la CGT. On avait rarement vu ça avec une telle violence.

    Les copains étaient assez remontés, et les flics ont donné d’autres coups, ont balancé des gaz... Des copines ont été molestées. Tout ce qu’on peut voir dans des manifestations « électriques ». Mais d’autres actions contre la loi Macron sont prévues dans les prochaines semaines. »

    #syndicalisme #commerce #macron #violences_policières
    poke @rezo

  • Puisque la journée interprofessionnelle de grèves et de manifestations d’hier a été occultée par la manif des #taxis, un petit compte-rendu de la manif intersyndicale tourangelle...

    Cheminots, orthophonistes, salariés de la santé et du secteur médico-social manifestent dans les rues de Tours

    http://larotative.info/cheminots-orthophonistes-salaries-1086.html

    Ce jeudi 25 juin, à l’appel de plusieurs syndicats, des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Tours.

    Place Jean Jaurès, les cheminots de Tours et Saint-Pierre-des-Corps avaient installé des panneaux pour sensibiliser la population à la question des Trains d’équilibre du territoire (TET).

    (...)

    Un important cortège d’orthophonistes était présent dans la manifestation. Ils et elles protestaient contre la non-reconnaissance de leurs années d’études. Explication de Morgane et Lena, étudiantes à quelques semaines du diplôme.

    « Nous faisons cinq ans d’études, et nous sommes payées à un niveau BAC+2 : dans la fonction publique hospitalière, le salaire d’embauche d’un-e orthophoniste s’élève à 1 220 euros net, soit le SMIC + 60 euros. Ce qui fait que les orthophonistes fuient les hôpitaux, et que les patients ne reçoivent plus de soins. Un patient qui fait un AVC n’aura pas d’orthophoniste pour le prendre en charge dans les premières semaines, qui sont les semaines où il est le plus important de recevoir des soins pour retrouver la parole. »

    (...)

    Les slogans contre la loi Santé et contre la ministre Marisol Touraine ont nettement dominé le cortège. Des aides-soignantes du CHU de Tours expliquent :

    « On profite de nous, on n’est que des numéros, la qualité de soins diminue. Il y a de moins en moins de personnel, c’est la galère. On est fatiguées, on en peut plus. Des gens reviennent sur leurs repos pour assurer des remplacements de collègues en arrêt maladie. Il y a aussi la fermeture des hôpitaux périphériques. Ils suppriment 140 postes au CHU ! »

    (...)

    #syndicalisme #grève #cheminots #santé