marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Les salariĂ©s de Tefal contre une interdiction des PFAS.

    « Touche pas Ă  ma poĂȘle » : les salariĂ©s de Tefal contre une interdiction des PFAS. Plusieurs centaines de salariĂ©s du groupe SEB se sont rassemblĂ©s devant l’AssemblĂ©e nationale, le 3 avril, pour protester contre l’interdiction possible des polluants Ă©ternels.
    (...)
    À en croire certains employĂ©s, ce virage [abandonner les PFAS] pourrait cependant ĂȘtre complexe. 90 % des poĂȘles produites par Tefal contiennent du PTFE, signale Christian Genton, dĂ©lĂ©guĂ© syndical central CFE-CGC sur le site de Rumilly. Et 70 % de cette mĂȘme production est exportĂ©e vers le Japon, l’Allemagne, la Pologne ou le Portugal, qui autorisent encore les produits contenant des PTFE.

    ▻https://reporterre.net/Touche-pas-a-ma-poele-les-salaries-de-Tefal-contre-une-interdiction-des-

    Robert Kurz :

    Il y a d’une part les intĂ©rĂȘts fondamentaux (matĂ©riels, sociaux et culturels) des hommes, et qui correspondent Ă  leurs besoins historiques. Mais, d’autre part, ce contenu est liĂ© Ă  la forme capitaliste. Ainsi, le contenu rĂ©el des besoins apparaĂźt comme secondaire, seul l’intĂ©rĂȘt capitalistiquement constituĂ© sous sa forme-argent (salaire et profit) est perçu directement. Il est inĂ©vitable que l’on essaie de faire valoir les vrais besoins ou les intĂ©rĂȘts fondamentaux d’abord sous la forme capitaliste dominante. Mais quand on ne voit plus la diffĂ©rence entre le contenu et la forme, cet intĂ©rĂȘt se retourne contre ses porteurs. Ceux-ci feront alors dĂ©pendre leurs intĂ©rĂȘts, qu’ils le veuillent ou non, du fait que la valorisation du capital fonctionne. Ils se transforment ainsi eux-mĂȘmes en un « sujet objectif » qui soumet sa vie aux lois du capital et pour qui cette soumission est normale.

    (...)

    Les syndicats sont dĂ©sormais habituĂ©s non pas Ă  fonder leurs revendications sur les besoins de leurs membres, mais Ă  prĂ©senter ces besoins comme une contribution Ă  la meilleure marche du systĂšme. Ainsi, on prĂ©tend que des salaires plus Ă©levĂ©s sont nĂ©cessaires pour consolider la conjoncture et qu’ils sont possibles parce que le capital engrange des superbĂ©nĂ©fices. Mais lorsqu’il devient manifeste que la valorisation du capital s’immobilise, cette attitude mĂšne au renoncement volontaire et Ă  la cogestion de la crise dans l’ « intĂ©rĂȘt supĂ©rieur » de l’économie d’entreprise, des lois du marchĂ©, de la Nation, etc. Cette fausse conscience existe non seulement chez les bureaucrates, mais aussi dans ce que l’on appelle la base.

    ▻http://palim-psao.over-blog.fr/article-theorie-de-marx-crise-et-depassement-du-capitalisme-a-p

    #critique-de-la-valeur #pfas

    • Ça me rappelle le soutien de la CGT aux grĂšves dans les usines d’armement françaises 
 j’en ai un peu marre parfois de bouffer des patates parce qu’un jour j’ai fait certains choix de vie, notamment de ne jamais bosser pour la chimie, le nuclĂ©aire, l’armĂ©e ou la pub, bon, y reste pas grand chose aprĂšs ça, mais merde j’en connais un paquet de gens qui ont renoncĂ© au fric et au confort pour dĂ©fendre leurs idĂ©es gĂ©nĂ©reuses, et Ă©videmment c’est pas facile tout les jours de tenir la barre Ă  contre courant. Mais du coup j’avoue que je prends la haine de voir des personnes tellement abruties dans leur vie aller jusqu’à dĂ©fendre leur petite place mĂȘme si leur taf est toxique, dangereux et merdique pour le monde entier et que leurs patrons sont des grosses pourritures qui les exploitent sans vergogne.

    • dans l’article de Reporterre :

      Sophie Binet, a elle aussi pris position en ce sens dans les colonnes de L’HumanitĂ©, arguant que les besoins humains et la planĂšte devaient « primer » sur les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et financiers, et que des alternatives pouvaient ĂȘtre trouvĂ©es.

      Des alternatives Ă  la sociĂ©tĂ© marchande ?

    • Car ce qui est remarquable c’est que la critique Ă©cologiste et de gauche (qui n’a pas lu Kurz) partage avec les salariĂ©s pollueurs la mĂȘme dĂ©fense de la sociĂ©tĂ© marchande. Ils n’en dĂ©mordent pas : il y des alternatives Ă  l’emploi, on peut maintenir l’activitĂ© Ă©conomique, crĂ©er des emplois, etc.

      Je ne sais pas quel discours est le plus choquant Ă  la fin.

      Accessoirement, le PTFE ne se trouvent pas que dans les poĂȘles. ▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Polyt%C3%A9trafluoro%C3%A9thyl%C3%A8ne
      Et si l’on parle de l’ensemble des fluoropolymĂšres c’est encore pire... « Touche pas Ă  mon vĂ©lo Ă©lectrique » ?

      Si on a mis des PFAS partout, c’est parce que c’est pratique et pas cher. Cela le dĂ©putĂ© Ă©colo, et tous ceux qui s’intĂ©ressent aux PFAS, le savent parfaitement. Par contre, Ă  un moment, faut conclure et arrĂȘter de faire le bĂ©ta en disant qu’il y a des « alternatives » aux PFAS... dans une sociĂ©tĂ© marchande. Car dans une sociĂ©tĂ© marchande, renoncer Ă  des produits pratiques et pas chers, c’est pas possible.

      Les Ă©colos ne comprennent pas que les acteurs Ă©conomiques sont engluĂ©s dans cette sociĂ©tĂ© marchande, ce n’est pas une affaire de conscience et de bonne volontĂ©. Donc le discours Ă©colo ne peut passer et contribue Ă  la crispation sociale gĂ©nĂ©rale. Si c’est le cas, c’est que faute de critiquer la sociĂ©tĂ© marchande et ce qu’elle nous impose, ils critiquent finalement les comportements des autres en tant qu’ils relĂšveraient de choix.

      S’attaquer par le petit bout de la lorgnette aux pollutions, au cas par cas, sans s’interroger sur les causes globales, en ne traitant que les problĂšmes que sous le prisme de la « volontĂ© politique », voilĂ  ce que font les Ă©colos, qui sont devenus les nouveaux syndicalistes du monde contemporain, participant Ă  la cogestion de la crise dans l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de la sociĂ©tĂ© marchande.

  • Retour sur les actions et Ă©vĂ©nements contre STMicro et le complexe techno-militaro-industriel grenoblois
    ▻https://ricochets.cc/Retour-sur-les-actions-et-evenements-contre-STMicro-et-le-complexe-techno-

    Retour sur le gros week-end d’actions et mobilisations Ă  Grenoble et Crolles contre STMicro et le nĂ©faste complexe techno-militaro-industriel grenoblois qui l’a enfantĂ©e. Rapide retour sur la mobilisation d’avril 2024 - Depuis la crĂ©ation du collectif STopMicro, la contestation des usines de la microĂ©lectronique grenobloise s’intensifie et se diversifie. Ce week-end de mobilisation des 5, 6, 7 et 8 avril 2024 marque une nouvelle Ă©tape dans la lutte. Rapide retour sur quatre journĂ©es contre (...) #Les_Articles

    / #RĂ©sistances_au_capitalisme_et_Ă _la_civilisation_industrielle, #Technologie, #Guerres

    ▻https://stopmicro38.noblogs.org/post/2024/04/08/rapide-retour-sur-la-mobilisation-davril-2024
    ▻https://stopmicro38.noblogs.org/post/2024/04/08/blocage-de-la-presquile-scientifique-le-temps-perdu-pour-la-rec
    ▻https://www.placegrenet.fr/2024/04/06/de-leau-pas-des-puces-850-a-2-000-manifestants-contre-la-microelectronique-jusqua-la-presquile-scientifique-de-grenoble/627571
    ▻https://lundi.am/De-Grenoble-a-Tel-Aviv

  • Les ruptures de contrat en formation par apprentissage : l’hĂ©catombe ! Une contribution de Christian Sauce | ESS, Emploi, Formation, Insertion et bien d’autres choses. | Michel AbhervĂ© | Les blogs d’Alternatives Économiques
    ▻https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2024/04/08/les-ruptures-de-contrat-en-formation-par-apprentissag

    Quelle ne fut donc pas ma surprise de dĂ©couvrir en fĂ©vrier 2024 que la Dares retrouvait le chemin de la raison en publiant Ă  nouveau les taux de ruptures des contrats commencĂ©s en 2020 ! Force est de constater que la situation ne s’est pas amĂ©liorĂ©e : 38 % des contrats d’une durĂ©e prĂ©vue d’environ deux ans ont Ă©tĂ© rompus (dont 27,3 % la premiĂšre annĂ©e). Ce qui correspond Ă  plusieurs centaines de milliers de ruptures par an ! Une hĂ©catombe au regard des 10 % d’élĂšves de lycĂ©es professionnels qui dĂ©crochent chaque annĂ©e et dont on fait toute une montagne ! Qui est informĂ© de cela ? Qui le sait parmi les parents et les jeunes “clients” de l’apprentissage, appĂątĂ©s chaque jour par les boniments des libĂ©raux ?? Et est-ce acceptable que la France dĂ©pense autant de milliards d’euros d’argent public, sans aucun contrĂŽle, pour un systĂšme de formation privĂ© qui gĂ©nĂšre autant de souffrances chez nos adolescents et jeunes adultes ?

  • Dans la sĂ©rie « les promesses de Macron n’engagent que ceux qui les croient », Louis Boyard rappelle que les stages des jeunes en lycĂ©e professionnel ne sont toujours pas rĂ©munĂ©rĂ©s alors que Macron l’avait promis.
    Il est fort Boyard !

    ▻https://video.twimg.com/amplify_video/1777697398359244802/vid/avc1/1280x720/TLGAdnoyIzoH7px3.mp4?tag=16

    ▻https://twitter.com/realmarcel1/status/1777702055936696619

  • Dans “l’enfer” des cours d’EPS
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/eps-enfer

    A l’approche des Jeux Olympiques, certains mĂ©dias s’interrogent : la France est-elle un pays sportif ? Au-delĂ  de la question des mĂ©dailles et des Ă©quipes nationales, on se hasarde Ă  se demander si oui ou non une culture sportive innerve l’ensemble de la population. Faisons-nous suffisamment de sport ? Pas assez, nous dit-on. « Manger [
]

  • Catastrophe capitaliste. 57 entreprises responsables de 80 % du CO2 Ă©mis depuis les accords de Paris
    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Catastrophe-capitaliste-57-entreprises-responsables-de-80-du-CO

    Seulement 57 entreprises sont responsables de 80% des Ă©missions de CO2 rejetĂ©es aprĂšs les accords de Paris, en 2015. C’est la conclusion du nouveau rapport du programme Carbon Majors database, publiĂ© le 4 avril.

    Ce programme, menĂ© par des scientifiques de rĂ©fĂ©rence, s’attelle Ă  compiler les Ă©missions des entitĂ©s les plus polluantes dans la production de pĂ©trole, de gaz, de charbon et de ciment. Sont prises en compte les Ă©missions d’entreprises privĂ©es (comme TotalEnergies), d’entreprises dont l’État est le principal actionnaire (comme Saudi Aramco) mais aussi de certains États.

    Les conclusions du rapport sont accablantes. Elles montrent que l’accord de Paris, ratifiĂ© en 2015 par 195 pays lors de la COP21, et censĂ© limiter le rĂ©chauffement climatique « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux prĂ©industriels », et si possible sous 1,5°C, n’a fait qu’accompagner de nouvelles hausses des Ă©missions de CO2. Ainsi, depuis 2016, les Ă©missions de gaz a effet de serre des entreprises ont bien continuĂ© Ă  augmenter : « la Carbon Majors database rĂ©vĂšle que la plupart des entreprises publiques et privĂ©s ont Ă©tendu leurs activitĂ©s de production depuis l’accord de Paris, 58 des 100 entreprises [Ă©tudiĂ©es, ndlr] ont Ă©tĂ© liĂ©es Ă  des Ă©missions plus Ă©levĂ©es au cours des sept annĂ©es qui ont suivi l’accord de Paris qu’au cours de la mĂȘme pĂ©riode avant l’accord ». Parmi elles, 57 seulement sont responsables de 80 % de ces Ă©missions, ce qui « souligne la concentration croissante des Ă©missions », selon le rapport. La voie que suivent ces entreprises nous entraĂźnent droit vers le chaos climatique : « les producteurs de combustibles fossiles intensifient leurs efforts de production. D’ici 2030, ces producteurs projettent de produire 110 % de combustibles fossiles de plus qu’ils ne devraient pour une trajectoire Ă  1.5°C, et 69 % de plus que pour une trajectoire Ă  2°C. ».

    Dans une conclusion particuliĂšrement intĂ©ressante, le rapport montre que si plusieurs entreprises privĂ©es ont rĂ©duit leur production de charbon, ce sont les Etats et les entreprises dont ils sont les actionnaires majoritaires qui ont pris le relai de cette activitĂ© particuliĂšrement polluante. RĂ©sultat : loin de baisser, la consommation globale de charbon a augmentĂ© de presque 8 % entre 2015 et 2022, atteignant un record de 8,3 milliard de tonnes en 2022. Un constat qui montre que, loin d’ĂȘtre des alliĂ©s dans la lutte pour une planĂšte vivable, les Etats capitalistes sont des ennemis Ă  combattre, au mĂȘme titre que les Total, Lafarge et Exxon, dont ils protĂšgent par ailleurs constamment les intĂ©rĂȘts.

    Dans ce sens, la proposition de Marie Toussaint, tĂȘte de liste des Écologistes (anciennement EELV) aux europĂ©ennes, d’acheter une majoritĂ© des actions des entreprises polluantes via un fonds souverain europĂ©en, afin de les « contraindre » Ă  respecter les accords environnementaux, apparaĂźt particuliĂšrement en dĂ©calage avec la rĂ©alitĂ© de la situation Ă©cologique. Les donnĂ©es du Carbon Majors Database prouvent en effet que propriĂ©tĂ© publique d’une entreprise ne rime nullement avec respect de l’environnement. Un constat qui, il est vrai, est dur Ă  assumer pour une force politique qui cherche Ă  contenir la question de l’écologie sur le terrain Ă©lectoral et institutionnel.

    A l’inverse, les donnĂ©es publiĂ©es par le Carbon Major Database prouvent qu’on ne peut compter que sur nos propres forces pour lutter contre les entreprises qui dĂ©truisent la planĂšte et leurs auxiliaires Ă©tatiques. Sans prise de contrĂŽle des travailleurs sur les raffineries, les mines, et cimenteries, les Ă©missions continueront de croĂźtre entre les mains des entreprises et des Etats capitalistes, nous emmenant droit vers des scĂ©narios climatiques cauchemardesques. Pour tirer le frein d’urgence, il faut revendiquer l’expropriation et la mise sous contrĂŽle ouvrier de ces entreprises, privĂ©es ou publiques. Une premiĂšre Ă©tape indispensable pour pouvoir dĂ©cider dĂ©mocratiquement et par en bas de ce qui est produit, et mettre en place les reconversions rendues nĂ©cessaires par la crise. Cette perspective ne peut ĂȘtre dĂ©fendue qu’en mettant la force de frappe des travailleurs au centre du combat Ă©cologique, alors que les grĂšves de l’automobile aux Etats-Unis, ou encore celles des raffineurs en France, ont prouvĂ© leurs capacitĂ© Ă  crĂ©er un rapport de force important contre les gĂ©ants de la pollution.

    • Greenwashing
      Acheter les actions de Total pour sauver la planĂšte ? La nouvelle trouvaille d’EELV pour les europĂ©ennes

      La proposition d’EELV entretient l’idĂ©e d’une part que l’UE et les entreprises polluantes ont des intĂ©rĂȘts divergents, et d’autre part qu’il serait possible de rĂ©concilier les intĂ©rĂȘts capitalistes avec la prĂ©servation de l’environnement. Il faut rappeler que, malgrĂ© quelques grandes dĂ©clarations, l’Union EuropĂ©ennes et les États membres ne se font pas prier pour financer et protĂ©ger les grosses entreprises polluantes tout en menant des attaques en bonne et due forme contre l’écologie. Ainsi, l’actuelle liquidation de l’opĂ©rateur public FRET SNCF, un vĂ©ritable dĂ©sastre social et Ă©cologique, est menĂ©e sous pression de la commission europĂ©enne, qui menace l’entreprise ferroviaire de faire rembourser 5,3 milliards d’euros Ă  l’État
 Si le gouvernement et le groupe SNCF tentent de se dresser en dĂ©fenseurs du FRET, la privatisation du secteur ferroviaire va aussi dans leur sens : autant pour l’État, grand casseur du public, que pour l’entreprise, qui se frotte les mains pour les 30% des activitĂ©s public que FRET SNCF cĂ©dera Ă  la concurrence. C’est une autre histoire pour les usagers et les 450 cheminots menacĂ©s de licenciement.

      Dans leur programme, les Écologistes vont jusqu’à envisager une alliance possible entre États, travailleurs, et « investisseurs engagĂ©s pour le climat », prĂŽnant une « gouvernance dĂ©mocratique aux cĂŽtĂ©s des salariĂ©s. » Une logique selon laquelle il suffirait de donner un coup de pouce d’argent public aux capitalistes pour les aider Ă  faire des profits verts, et les convaincre ainsi d’écouter les salariĂ©s. Quiconque sait comment les entreprises tentent d’écarter au maximum les reprĂ©sentants des travailleurs du moindre levier dĂ©cisionnel comprend qu’il s’agit d’une utopie totale, qui ignore totalement les logiques qui animent les grandes multinationales, qu’elles soient en partie rachetĂ©es par des puissances publiques totalement infĂ©odĂ©es au capitalisme, ou pas.
      Pas de solution sans expropriation
 : nationalisation sans indemnitĂ© ni rachat et sous contrĂŽle des travailleur

      Loin des illusions des Ecologistes dans la possibilitĂ© d’un capitalisme Ă©colo, pour un rĂ©el contrĂŽle dĂ©mocratique des entreprises polluantes, c’est une lutte pour leur expropriation pure et simple qu’il faut mener. L’idĂ©e d’un capitalisme vert managĂ© par l’État, ou des fonds de l’UE, qui pourrait magiquement rĂ©concilier les intĂ©rĂȘts des travailleurs avec ceux des patrons pollueurs, constitue une illusion dangereuse, qui transforme nos pires ennemis en potentiels alliĂ©s. A l’heure de l’urgence climatique, mais aussi des factures de l’énergie qui explosent avec la fin du bouclier tarifaire, les profits incroyables des multinationales de l’énergie sont un vĂ©ritable scandale. Mais confier les entreprises prospĂ©rant sur la crise aux États spĂ©cialistes qui organisent leur domination en espĂ©rant qu’ils mĂšnent une politique Ă©colo est une impasse.

      Changer la maniĂšre de produire face Ă  l’urgence climatique ne pourra passer par une « transition Ă©nergĂ©tique » au service des capitalistes et des États, plus soucieux de soupeser les effets Ă©conomiques de la crise que d’y opposer une vĂ©ritable transformation d’un monde organisĂ© sur l’extraction et la quĂȘte des profits. Face aux industriels responsables de la catastrophe climatique, il faut lutter pour l’expropriation, sans indemnisation ni rachat, et la mise sous contrĂŽle ouvrier des grands groupes de l’énergie comme Eni et Total.

      C’est le contrĂŽle rĂ©el sur la production, exercĂ© directement par les travailleurs aprĂšs expropriation, qui permettra de stopper la course Ă  l’extraction de combustibles fossiles et de reconvertir ces secteurs polluants au service de la population et de l’intĂ©gritĂ© de l’environnement. Une perspective qui nĂ©cessite de dĂ©velopper l’auto-organisation, la confiance dans notre capacitĂ© Ă  prendre nous-mĂȘme en main nos affaires, et les grĂšves contre ces gĂ©ants de la pollution. Soit tout l’inverse de ce que proposent les Écologistes, en confisquant la question centrale de l’écologie entre les mains des Etats, et d’une union europĂ©enne du capital, taillĂ©s contre nos intĂ©rĂȘts.

      ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Acheter-les-actions-de-Total-pour-sauver-la-planete-La-nouvelle

  • L’échec des protestations de masse Ă  l’ùre de l’atomisation
    ▻https://lvsl.fr/lechec-des-protestations-de-masse-a-lere-de-latomisation

    L’époque est marquĂ©e par une rĂ©surgence des protestations, et une radicalisation de leur mode opĂ©ratoire. Paradoxalement, elles ont une prise de moins en moins forte sur la rĂ©alitĂ© politique. Que l’on pense Ă  l’invasion du Capitole aux États-Unis Ă  l’issue de la dĂ©faite de Donald Trump, ou aux manifestations de masse qui secouent aujourd’hui l’Europe sur la question palestinienne, un gouffre se creuse entre les moyens dĂ©ployĂ©s et l’impact sur le cours des choses. Pour le comprendre, il faut apprĂ©hender les dĂ©cennies d’atomisation qui ont conduit Ă  la situation actuelle, oĂč la politique de masse semble condamnĂ©e Ă  l’impuissance. Par Anton JĂ€ger, traduction Alexandra Knez.
    Cet article a Ă©tĂ© originellement publiĂ© sur Sidecar, le blog de la New Left Review, sous le titre « Political Instincts ? ».

    Deux hommes en tenue paramilitaire de piĂštre qualitĂ© se tiennent l’un Ă  cĂŽtĂ© de l’autre, leurs casquettes MAGA dĂ©passant la marĂ©e tourbillonnante de drapeaux et de mĂ©gaphones. « On peut prendre ce truc », s’exclame le premier. « Et aprĂšs, on fera quoi ? », demande son compagnon. « On mettra des tĂȘtes sur des piques ». Trois ans plus tard, ces scĂšnes rocambolesques de l’émeute du Capitole du 6 janvier, dĂ©sormais bien ancrĂ©es dans l’inconscient politique, apparaissent comme un miroir grossissant de l’époque. Elles illustrent surtout une culture dans laquelle l’action politique a Ă©tĂ© dĂ©couplĂ©e de ses rĂ©sultats concrets.

    Ce soulĂšvement a incitĂ© des milliers d’AmĂ©ricains Ă  envahir le siĂšge de l’hĂ©gĂ©monie mondiale. Pourtant, cette action n’a pas eu de consĂ©quences institutionnelles tangibles. Le palais d’hiver amĂ©ricain a Ă©tĂ© pris d’assaut, mais cela n’a pas dĂ©bouchĂ© sur un coup d’État rĂ©volutionnaire ni sur un affrontement entre deux pouvoirs. Au lieu de cela, la plupart des insurgĂ©s – des fantassins de la lumpenbourgeoisie amĂ©ricaine, des vendeurs de cosmĂ©tiques new-yorkais aux agents immobiliers floridiens – ont rapidement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s sur le chemin du retour, incriminĂ©s par leurs livestreams et leurs publications sur les rĂ©seaux sociaux. Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose de cette fronde trumpienne, alors que l’ex-prĂ©sident se prĂ©pare Ă  sa prochaine croisade. Un putsch similaire au BrĂ©sil n’a pas non plus abouti.

    • Le XIXĂš siĂšcle a Ă©tĂ© marquĂ© par un besoin plus pressant de garantir une passivitĂ© politique gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Comme l’a fait remarquer Moses Finley, ĂȘtre citoyen dans l’AthĂšnes d’Aristote c’était de facto ĂȘtre actif, avec peu de distinction entre les droits civiques et politiques, et des frontiĂšres rigides entre les esclaves et les non-esclaves. Dans les annĂ©es 1830 et 1840, le mouvement pour le suffrage universel a rendu ces dĂ©marcations impossibles. Les prolĂ©taires ambitionnaient de se transformer en citoyens actifs, menaçant ainsi l’ordre Ă©tabli du rĂšgne de la propriĂ©tĂ© privĂ©e construit aprĂšs 1789. Pour enrayer cette perspective, il fallait construire une nouvelle citĂ© censitaire, dans laquelle les masses seraient exclues de la prise de dĂ©cision, tandis que les Ă©lites pourraient continuer Ă  mettre en Ɠuvre la soi-disant volontĂ© dĂ©mocratique. Le rĂ©gime plĂ©biscitaire de Louis Bonaparte III, qualifiĂ© de « politique du sac de pommes de terre » dans Le 18 Brumaire de Marx, en est une manifestation. Cette « antirĂ©volution crĂ©ative », comme l’a appelĂ©e Hans Rosenberg, Ă©tait une tentative de cadrer le suffrage universel en le plaçant dans des contraintes autoritaires qui permettraient la modernisation capitaliste.

      Walter Bagehot – sommitĂ© du magazine The Economist, thĂ©oricien de la Banque centrale et chantre de la Constitution anglaise – a dĂ©fendu le coup d’État de Bonaparte en 1851 comme le seul moyen de concilier dĂ©mocratisation et accumulation du capital. « Nous n’avons pas d’esclaves Ă  contenir par des terreurs spĂ©ciales et une lĂ©gislation indĂ©pendante », Ă©crivait-il. « Mais nous avons des classes entiĂšres incapables de comprendre l’idĂ©e d’une constitution, incapables de ressentir le moindre attachement Ă  des lois impersonnelles. Le bonapartisme Ă©tait une solution naturelle. La question a Ă©tĂ© posĂ©e au peuple français : « Voulez-vous ĂȘtre gouvernĂ©s par Louis NapolĂ©on ? Serez-vous gouvernĂ©s par Louis NapolĂ©on ou par une assemblĂ©e ? » Le peuple français rĂ©pondit : « Nous serons gouvernĂ©s par le seul homme que nous pouvons imaginer, et non par le grand nombre de personnes que nous ne pouvons pas imaginer ».

      Bagehot affirmait que les socialistes et les libĂ©raux qui se plaignaient de l’autoritarisme de Bonaparte Ă©taient eux-mĂȘmes coupables de trahir la dĂ©mocratie. Commentant le rĂ©sultat d’un plĂ©biscite de 1870 qui a ratifiĂ© certaines des rĂ©formes de Bonaparte, il a affirmĂ© que ces critiques « devraient apprendre [
] que s’ils sont de vrais dĂ©mocrates, ils ne devraient plus tenter de perturber l’ordre existant, au moins pendant la vie de l’empereur ». Pour eux, Ă©crivait-il, « la dĂ©mocratie semble consister le plus souvent Ă  utiliser librement le nom du peuple contre la grande majoritĂ© du peuple ». Telle Ă©tait la rĂ©ponse capitaliste appropriĂ©e Ă  la politique de masse : l’atomisation forcĂ©e du peuple – rĂ©primant le syndicalisme pour garantir les intĂ©rĂȘts du capital, avec le soutien passif d’une sociĂ©tĂ© dĂ©mobilisĂ©e.

      Richard Tuck a dĂ©crit les nouvelles variantes de cette tradition au XXĂš siĂšcle, dont tĂ©moignent les travaux de Vilfredo Pareto, Kenneth Arrow et Mancur Olson, entre autres. Pour ces personnalitĂ©s, l’action collective et la mise en commun des intĂ©rĂȘts Ă©taient exigeantes et peu attrayantes ; le vote aux Ă©lections Ă©tait gĂ©nĂ©ralement exercĂ© avec rĂ©ticence plutĂŽt qu’avec conviction ; les syndicats profitaient autant aux membres qu’aux non-membres ; et les termes du contrat social devaient souvent ĂȘtre imposĂ©s par la force.

      Dans les annĂ©es 1950, Arrow a recyclĂ© une idĂ©e proposĂ©e Ă  l’origine par le marquis de Condorcet, affirmant qu’il Ă©tait thĂ©oriquement impossible pour trois Ă©lecteurs d’assurer une harmonie parfaite entre leurs prĂ©fĂ©rences (si l’électeur un prĂ©fĂ©rait A Ă  B et C, l’électeur deux B Ă  C et A, et l’électeur trois C Ă  A et B, la formation d’une prĂ©fĂ©rence majoritaire Ă©tait impossible sans une intervention dictatoriale). Le « thĂ©orĂšme d’impossibilitĂ© » d’Arrow a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une preuve que l’action collective elle-mĂȘme Ă©tait pleine de contradictions ; Olson l’a radicalisĂ© pour promouvoir sa thĂšse selon laquelle le parasitisme Ă©tait la rĂšgle plutĂŽt que l’exception dans les grandes organisations. Ainsi la conclusion selon laquelle l’homme n’est pas naturellement enclin Ă  la politique a fini par dominer ce domaine de la littĂ©rature sceptique de l’aprĂšs-guerre.

      Vers la fin du vingtiĂšme siĂšcle, avec la baisse drastique de la participation Ă©lectorale, la forte baisse du nombre de jours de grĂšve et le processus plus large de retrait de la vie politique organisĂ©e, l’apolitisme humain a semblĂ© passer d’un discours acadĂ©mique Ă  une rĂ©alitĂ© empirique. Alors que Kant parlait d’une « insociable sociabilitĂ© », on pourrait dĂ©sormais parler d’une « insociabilitĂ© sociable » : une insociabilitĂ© qui renforce l’atomisation au lieu de la sublimer.

      Toutefois, comme l’a montrĂ© la dĂ©cennie de contestations, la formule de Bagehot ne tient plus. Le soutien passif Ă  l’ordre en place ne peut ĂȘtre assurĂ© ; les citoyens sont prĂȘts Ă  se rĂ©volter en grand nombre. Pourtant, les mouvements sociaux naissants restent paralysĂ©s par l’offensive nĂ©olibĂ©rale contre la sociĂ©tĂ© civile. Comment conceptualiser au mieux cette nouvelle conjoncture ? Le concept d’ « hyperpolitique » – une forme de politisation sans consĂ©quences politiques claires – peut s’avĂ©rer utile. La post-politique s’est achevĂ©e dans les annĂ©es 2010. La sphĂšre publique a Ă©tĂ© repolitisĂ©e et rĂ©enchantĂ©e, mais dans des termes plus individualistes et court-termistes, Ă©voquant la fluiditĂ© et l’éphĂ©mĂ©ritĂ© du monde en ligne. Il s’agit d’une forme d’action politique toujours « modique » – peu coĂ»teuse, accessible, de faible durĂ©e et, trop souvent, de faible valeur. Elle se distingue Ă  la fois de la post-politique des annĂ©es 1990, dans laquelle le public et le privĂ© ont Ă©tĂ© radicalement sĂ©parĂ©s, et des politiques de masse traditionnelles du vingtiĂšme siĂšcle. Ce qui nous reste, c’est un sourire sans chat (ndlr. Le chat de Cheshire d’Alice aux pays des merveilles) : une action politique sans influence sur les politiques gouvernementales ni liens institutionnels.

      Si le prĂ©sent hyperpolitique semble reflĂ©ter le monde en ligne – avec son curieux mĂ©lange d’activisme et d’atomisation – il peut Ă©galement ĂȘtre comparĂ© Ă  une autre entitĂ© amorphe : le marchĂ©. Comme l’a notĂ© Hayek, la psychologie de la planification et la politique de masse sont Ă©troitement liĂ©es : les politiciens guettent leurs opportunitĂ©s sur des dĂ©cennies ; Les planificateurs soviĂ©tiques Ă©valuaient les besoins humains au travers de plans quinquennaux ; Mao, trĂšs conscient de la longue durĂ©e, a hibernĂ© en exil rural pendant plus de vingt ans ; les nazis mesuraient leur temps en millĂ©naires. L’horizon du marchĂ©, lui, est beaucoup plus proche : les oscillations du cycle Ă©conomique offrent des rĂ©compenses instantanĂ©es. Aujourd’hui, les hommes politiques se demandent s’ils peuvent lancer leur campagne en quelques semaines, les citoyens manifestent pour une journĂ©e, les influenceurs pĂ©titionnent ou protestent avec un tweet monosyllabique.

      Il en rĂ©sulte une prĂ©pondĂ©rance des « guerres de mouvement » sur les « guerres de position », les principales formes d’engagement politique Ă©tant aussi Ă©phĂ©mĂšres que les transactions commerciales. Il s’agit plus d’une question de nĂ©cessitĂ© que de choix : l’environnement lĂ©gislatif pour la mise en place d’institutions durables reste hostile, et les militants doivent faire face Ă  un paysage social viciĂ© et Ă  une Kulturindustrie d’une ampleur sans prĂ©cĂ©dent. Sous ces contraintes structurelles se cachent des questions de stratĂ©gie. Si l’internet a radicalement rĂ©duit les coĂ»ts de l’expression politique, il a Ă©galement pulvĂ©risĂ© le terrain de la politique radicale, brouillant les frontiĂšres entre le parti et la sociĂ©tĂ© et engendrant un chaos d’acteurs en ligne. Comme le remarquait Eric Hobsbawm, la nĂ©gociation collective « par l’émeute » reste prĂ©fĂ©rable Ă  l’apathie post-politique.

      La jacquerie des agriculteurs europĂ©ens au cours des derniers mois indique clairement le potentiel (conservateur) de ces guerres de mouvement. Cependant, en l’absence de modĂšles d’adhĂ©sion formalisĂ©s, il est peu probable que la politique de protestation contemporaine nous ramĂšne aux annĂ©es « superpolitiques » de la dĂ©cennie 1930. Au contraire, elle pourrait donner lieu Ă  des reproductions postmodernes de soulĂšvements paysans de l’ancien rĂ©gime : une oscillation entre la passivitĂ© et l’activitĂ©, mais qui rĂ©duit rarement le diffĂ©rentiel de pouvoir global au sein de la sociĂ©tĂ©. D’oĂč la reprise en forme de K des annĂ©es 2020 : une trajectoire qui n’aurait agrĂ©Ă© ni Ă  Bagehot, ni Ă  Marx.

    • Texte original (EN) ▻https://seenthis.net/messages/1049204

      TrÚs intéressant.

      Le sujet mĂ©rite qu’on s’intĂ©resse Ă  ses raisons et expressions matĂ©rielles prĂ©cises. Le texte en qustion ne mentionne jamais les relations entre les classes Ă©conomiques et nous prive ainsi d’une comprĂ©hention effective du problĂšme.


      LĂ  on nous dĂ©crit des phĂ©nomĂšnes et indique quelques penseurs non-matĂ©rialistes historiques qui ont travaillĂ© sur la philosophie politique. Bref c’est le point de vue des puissants . Il faudra dĂ©velopper les idĂ©es en attaquant la rĂ©alitĂ©.

      cf. ▻https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A8ses_sur_Feuerbach

      Le titre français de l’article est intĂ©ressant parce qu’il n’a rien Ă  faire avec le sens de l’article. « Political Instinct ? » est le titre du text anglais. On y apprend qu’il y a « atomisation » et baisse des journĂ©es de grĂšve mais c’est tout. On le savait dĂ©jĂ . On peut aller plus loin en passant de la thĂ©orie Ă  la pratique.

      ConsĂ©quence de la rĂ©flexion : il faut dĂ©fendre les organisations ouvriĂšres et travailler pour la constitution de structures acceuillantes, solidaires et solides qui seront adaptĂ©es Ă  notre existence Ă  l’ùre de l’internet.

      #politique #philosophie #libéralisme #société #organisations #mouvement_ouvrier #activisme #individualisme

  • ChĂŽmage des seniors : « en trois ans, je n’ai reçu qu’un seul appel » - Rapports de Force
    ▻https://rapportsdeforce.fr/pas-de-cote/chomage-des-seniors-en-trois-ans-je-nai-recu-quun-seul-appel-0213203

    Depuis le dĂ©but du mois de fĂ©vrier, syndicats et patronat nĂ©gocient sous l’égide du gouvernement pour un nouveau « pacte de vie au travail ». Comprendre : Ă  propos du chĂŽmage des seniors. Mais, alors que les discussions commencent, les premiĂšres annonces de Bruno Le Maire ne rassurent pas les premiers concernĂ©s. DĂ©brayage et Rapports de force leur ont donnĂ© la parole.

    • « en trois ans, je n’ai reçu qu’un seul appel ». La chance ! moi j’en reçois plein dont beaucoup de charognards de l’intĂ©rim. Je vais sur mes 59 printemps Ă  la fin du mois et je suis rĂ©fractaire au chagrin jusqu’à la retraite.

  • GrĂšce : la deuxiĂšme mort de Syriza, ou de la tragĂ©die Ă  la farce
    â–șhttps://www.contretemps.eu/grece-deuxieme-mort-syriza-tsipras-kasselakis

    Syriza traverse actuellement ce qui pourrait bien ĂȘtre sa crise finale aprĂšs l’élection Ă  sa tĂȘte d’un ancien trader : Stefanos Kasselakis. Celui-ci a pris la succession d’Alexis Tsipras aprĂšs la dĂ©route Ă©lectorale rĂ©cente du parti, en bĂ©nĂ©ficiant d’un large soutien des mĂ©dias dominants et d’un systĂšme de « primaire interne » qui permet Ă  toute personne s’inscrivant en ligne et payant la somme de deux euros de participer Ă  l’élection du chef du parti.
    Stathis KouvĂ©lakis analyse dans cet article ce qui apparaĂźt d’ores et dĂ©jĂ  comme la « deuxiĂšme mort » de Syriza, la premiĂšre renvoyant Ă  la capitulation en rase campagne de l’étĂ© 2015 face Ă  la TroĂŻka (Banque centrale europĂ©enne, Fonds monĂ©taire international et Commission europĂ©enne). Celle-ci conduisit Tsipras Ă  mener une politique d’une extrĂȘme brutalitĂ© pour les classes populaires et, ainsi, Ă  transformer Syriza de parti de la gauche radicale en parti de l’austĂ©ritĂ© nĂ©olibĂ©rale.

    On connait sans doute les phrases par lesquelles commence le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte de Marx : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands Ă©vĂ©nements et personnages de l’histoire surgissent pour ainsi dire deux fois. Il a oubliĂ© d’ajouter : la premiĂšre fois comme tragĂ©die, la seconde fois comme farce ».

    Ce « quelque part » fait rĂ©fĂ©rence Ă  un passage des Leçons sur la philosophie de l’histoire qui Ă©tablit un parallĂšle, d’une part, entre le passage de Rome de la rĂ©publique Ă  l’empire et celui de la France de la monarchie Ă  la rĂ©publique, et, de l’autre, entre le destin de CĂ©sar, celui de NapolĂ©on et celui de la dynastie des Bourbons. Selon Hegel, le meurtre de CĂ©sar est censĂ© ramener la rĂ©publique, en mettant fin au pouvoir personnel, mais il aboutit Ă  sa fin irrĂ©vocable et Ă  l’instauration du rĂ©gime impĂ©rial, d’un cĂ©sarisme sans CĂ©sar que le meurtre de celui-ci a rendu possible. NapolĂ©on et les Bourbons sont chassĂ©s deux fois du pouvoir, et ce n’est qu’au terme de cette rĂ©itĂ©ration que l’irrĂ©versibilitĂ© de la fin du pouvoir qu’ils ont incarnĂ© est vĂ©ritablement actĂ©e.

    Hegel en tire une sorte de loi de l’histoire selon laquelle « la rĂ©pĂ©tition rĂ©alise et confirme ce qui au dĂ©but paraissait seulement contingent et possible »[1]. Un Ă©vĂ©nement n’est dĂ©finitivement enregistrĂ© que lorsque, par sa rĂ©pĂ©tition, sa nĂ©cessitĂ©, c’est-Ă -dire son caractĂšre irrĂ©versible, est reconnue. Cette rĂ©pĂ©tition n’est en fait jamais une rĂ©pĂ©tition Ă  l’identique, elle s’effectue toujours sous une forme dĂ©placĂ©e.

    Toutefois, l’idĂ©e d’un passage de la tragĂ©die Ă  la farce est, pace Marx, dĂ©jĂ  bien prĂ©sente chez Hegel, qui caractĂ©rise la « Restauration » des Bourbons de « farce qui a durĂ© 15 ans »[2]. La normalitĂ© propre Ă  l’ùre bourgeoise tend Ă  refouler les moments troubles qui ont scandĂ© son Ă©mergence. Pour autant, si toute idĂ©e de retour en arriĂšre s’avĂšre illusoire, cette illusion fait elle-mĂȘme partie du processus qui, par le jeu de la rĂ©pĂ©tition, enregistre la cĂ©sure de l’évĂ©nement.

    Le dĂ©sastre que vit la GrĂšce, et en particulier la gauche grecque, depuis le terrible Ă©tĂ© 2015 apparaĂźt comme un cas d’école de cette « ruse de la raison historique »...

  • DerriĂšre le cas de CNews, le consensus nĂ©olibĂ©ral contre le pluralisme rĂ©el - Acrimed | Action Critique MĂ©dias
    ▻https://www.acrimed.org/Derriere-le-cas-de-CNews-le-consensus-neoliberal

    Par consĂ©quent, cette affaire rĂ©vĂšle un problĂšme encore plus profond des dĂ©mocraties libĂ©rales : le dĂ©calage entre la thĂ©orie et la pratique. En effet, si le systĂšme politique se targue de garantir une Ă©galitĂ© formelle, il n’en est rien de l’égalitĂ© rĂ©elle. Ce constat est vrai pour la question sociale, comme pour la question culturelle. En dictant l’agenda et le cadrage des faits sociaux, les industries culturelles sous l’emprise du grand capital et des appareils politiques demeurent des appareils idĂ©ologiques majoritairement au service de l’ordre Ă©tabli. C’est prĂ©cisĂ©ment cette contradiction fondamentale qui sape la confiance du public aux institutions dĂ©mocratiques et ouvre la voie Ă  l’extrĂȘme droite.

    Or, dans le contexte actuel de montĂ©e en puissance des idĂ©es rĂ©actionnaires, il est urgent de rĂ©Ă©quilibrer le fonctionnement de l’espace public mĂ©diatique en redistribuant les ressources communicationnelles, comme la parole publique et l’influence dans l’opinion, de maniĂšre plus Ă©galitaire. Ceci est aujourd’hui possible si on s’appuie sur les progrĂšs de la recherche et de la technique. Mais il faudrait accompagner une telle transformation avec des mesures beaucoup plus strictes contre la concentration et la marchandisation des mĂ©dias. Il faudrait Ă©galement garantir l’indĂ©pendance des rĂ©dactions de maniĂšre structurelle Ă  travers des rĂ©formes profondes de leur gouvernance oĂč les publics et les journalistes auraient le rĂŽle principal. Ce type de changement radical implique une volontĂ© politique forte pour se confronter Ă  la classe politique Ă©tablie et aux puissants propriĂ©taires des mĂ©dias. Elle nĂ©cessiterait alors l’appui d’un mouvement social d’ampleur.

  • n’en peut plus, lĂ , la gueusaille ! Faut toujours que vous interprĂ©tiez tout de travers ! On ne veut pas vous retirer le droit de grĂšve, pensez, on y tient comme Ă  la prunelle ou la fantasio de nos yeux ! L’actuel projet de Loi des sĂ©nateurices, c’est juste pour vous le supprimer pendant les moments oĂč les bourges partent en vacances, les moments oĂč les bourges vont au ski, les moments oĂč les bourges vont Ă  la plage, les moments oĂč les bourges vont voir des bourges taper dans une baballe, les moments oĂč les bourges ont besoin de leur avion ou de leur automobile pour aller planquer leur pognon en Suisse, les moments oĂč les bourges se dĂ©barrassent de leurs mioches dans les Ă©coles, les moments oĂč...

    Enfin bref, le trente fĂ©vrier entre minuit et minuit une vous pouvez faire la grĂšve comme vous voulez, mais pas plus de deux personnes Ă  la fois, pas dans la rue, sans hurler trop fort et sans faire griller des merguez sur votre balcon parce qu’à cette heure-ci il y a des bourgeois·es qui dorment.

    Le problĂšme, avec les pauvres, c’est qu’iels ne comprennent jamais rien Ă  la pensĂ©e complexe.

    #MamieNicoleEnfonceDesPortesOuvertes.

  • La baignade est impossible dans la Seine depuis septembre en raison de bactĂ©ries, selon des analyses de l’ONG Surfrider Fondation.

    À 108 jours du dĂ©but des Jeux olympiques de Paris, une nouvelle Ă©tude menĂ©e par l’ONG Surfrider Fondation, consultĂ©e par France Inter, rĂ©vĂšle que la Seine n’est toujours pas adaptĂ©e Ă  la baignade. Plusieurs prĂ©lĂšvements rĂ©alisĂ©s Ă  Paris depuis septembre 2023 indiquent la prĂ©sence de plusieurs bactĂ©ries Ă  des niveaux qui dĂ©passent les normes fixĂ©es par la FĂ©dĂ©ration internationale de natation.

    Ils ont l’air malins tous les ravis de la crĂšche, Hidalgo, Macron, Le Monde, LibĂ©ration, Brut, qui rivalisent dans le dĂ©ni Ă  qui mieux mieux et relaient en boucle les mensonges extravagants diffusĂ©s depuis dix ans autour de ce qui demeurera comme un cas d’école de la manipulation de l’information.

    (
)

    ▻https://www.eauxglacees.com/La-baignade-est-impossible-dans-la-Seine-depuis-septembre-en-raison-de?

  • « Lavender », l’intelligence artificielle qui dirige les bombardements israĂ©liens Ă  Gaza - L’HumanitĂ©
    ▻https://www.humanite.fr/monde/armee-israelienne/lavender-lintelligence-artificielle-qui-dirige-les-bombardements-israeliens

    L’armĂ©e israĂ©lienne a dĂ©signĂ© des dizaines de milliers d’habitants de #Gaza comme des suspects, cibles d’assassinat, en utilisant un systĂšme de ciblage par intelligence artificielle (#IA), avec peu de contrĂŽle humain et une politique permissive en matiĂšre de pertes « collatĂ©rales », rĂ©vĂšlent le magazine +972 et le site d’informations Local Call. L’HumanitĂ© publie une traduction française de l’enquĂȘte conduite par ces mĂ©dias israĂ©liens.

    ▻https://www.972mag.com/members

  • Groupes de niveau : les profs en grĂšve contre le tri scolaire | Alternatives Economiques
    ▻https://www.alternatives-economiques.fr/groupes-de-niveau-profs-greve-contre-tri-scolaire/00110217

    La mise en place de groupes de niveau et la transformation du brevet mettent Ă  mal le collĂšge unique. Une rupture historique qui remet en cause les acquis des politiques publiques Ă©ducatives depuis un demi-siĂšcle.

    ▻https://justpaste.it/3f3tc

  • L’Europe et la guerre en Ukraine
    ▻https://www.lutte-ouvriere.org/mensuel/article/leurope-guerre-ukraine-165627.html

    En affirmant qu’il ne fallait pas exclure l’envoi de troupes occidentales en Ukraine, que les EuropĂ©ens ne devaient pas ĂȘtre lĂąches face Ă  Poutine qui, s’il gagnait la guerre en Ukraine, menacerait toute l’Europe, Macron a suscitĂ© des inquiĂ©tudes dans les classes populaires. Au-delĂ  des propos d’un politicien en campagne Ă©lectorale, oĂč va la guerre en Ukraine  ? Celle-ci peut-elle s’étendre Ă  l’Europe  ? Quels enjeux se cachent derriĂšre les discours des dirigeants europĂ©ens qui prĂ©tendent faire basculer le continent dans une « â€…Ă©conomie de guerre  »â€… ?
    Les États-Unis et, derriĂšre eux, la France et les États europĂ©ens font dĂ©jĂ  la guerre Ă  la Russie par procuration. Il y a une rĂ©partition des rĂŽles  : l’Ukraine fournit la chair Ă  canon, et les puissances impĂ©rialistes occidentales les armes. MalgrĂ© les livraisons d’armes occidentales, les pertes humaines considĂ©rables et les rafles qui se gĂ©nĂ©ralisent dans le pays pour fournir le front en chair fraĂźche alors que des hommes en Ăąge de se battre fuient la rĂ©quisition, les troupes ukrainiennes sont incapables de reconquĂ©rir les territoires occupĂ©s dans l’est du pays. En face, affichant le mĂȘme mĂ©pris pour la vie des soldats et s’appuyant sur un appareil militaro-industriel hĂ©ritĂ© du passĂ© mais centralisĂ© et vaste, Poutine n’a pas rĂ©ussi Ă  conquĂ©rir l’Ukraine mais occupe quelque 20 % de son territoire.

    Cette situation est instable et peut Ă©voluer de plusieurs façons. Sans mĂȘme parler d’une rĂ©volte – dont aucune prĂ©misse n’est apparente – des classes populaires russes et ukrainiennes refusant les sacrifices que leurs gouvernements leur imposent, le front peut s’effondrer du cĂŽtĂ© de l’Ukraine, incapable d’aligner autant de soldats que la Russie. L’évolution de la guerre dĂ©pend des choix que feront les deux principaux protagonistes, Poutine d’un cĂŽtĂ©, et les dirigeants de l’impĂ©rialisme amĂ©ricain, parrains de Zelensky, de l’autre. Chacun, avec ses contraintes et ses objectifs, peut chercher Ă  intensifier la guerre ou, au contraire, chercher Ă  trouver une issue nĂ©gociĂ©e, peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  en discussion, qui satisfasse les deux camps. Pour assurer son pouvoir, Poutine doit apparaĂźtre comme un protecteur efficace des intĂ©rĂȘts de la bureaucratie et des oligarques russes. Du cĂŽtĂ© des dirigeants amĂ©ricains, une victoire complĂšte en Ukraine n’est pas vitale, leur domination sur cette ancienne rĂ©publique soviĂ©tique faisant partie des multiples opĂ©rations permettant Ă  l’impĂ©rialisme le plus puissant de maintenir sa suprĂ©matie et de dĂ©velopper les affaires de ses capitalistes. S’ils ont eu jusqu’à prĂ©sent toutes les raisons de poursuivre une guerre menĂ©e avec la peau des Ukrainiens, un changement du rapport de force pourrait les pousser Ă  trouver un accord qui gĂšlerait les frontiĂšres sur les lignes de front actuelles. Pour les prochains mois, les choix amĂ©ricains sont en outre conditionnĂ©s par la rivalitĂ© entre Trump et Biden, et, derriĂšre eux, les appareils politiques du Parti rĂ©publicain et du Parti dĂ©mocrate, pour accĂ©der Ă  la Maison-Blanche.

    Dans cette affaire, Macron et les dirigeants europĂ©ens ne sont que des seconds couteaux, obligĂ©s de s’adapter Ă  la situation engendrĂ©e par la guerre en Ukraine pour dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts de leurs capitalistes respectifs.
    Poutine rĂ©agit aux pressions de l’impĂ©rialisme

    L’offensive de Poutine contre l’Ukraine en fĂ©vrier 2022 Ă©tait une rĂ©action prĂ©visible aux pressions grandissantes des puissances impĂ©rialistes pour prendre le contrĂŽle, Ă©conomique et politique, des pays issus de l’éclatement de l’Union soviĂ©tique. Si Poutine a dĂ©clenchĂ© l’invasion, les puissances impĂ©rialistes ont provoquĂ© l’enchaĂźnement qui l’y a poussĂ©. Entre 1999 et 2004, les anciennes DĂ©mocraties populaires et les trois États baltes ont intĂ©grĂ© l’OTAN, cette alliance militaire dirigĂ©e par les États-Unis. L’OTAN dispose dĂ©sormais de nombreuses bases militaires, de milliers de soldats, d’avions, de canons, de tanks, aux frontiĂšres mĂȘmes de la Russie.

    En fĂ©vrier 2014, aprĂšs les Ă©vĂ©nements du MaĂŻdan, le renversement du prĂ©sident pro-russe Ianoukovitch et deux dĂ©cennies d’oscillations entre la Russie et l’Occident, l’Ukraine a fini par basculer du cĂŽtĂ© occidental. L’alignement immĂ©diat du nouveau pouvoir ukrainien derriĂšre l’impĂ©rialisme amĂ©ricain a poussĂ© Poutine Ă  passer Ă  l’offensive pour dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts des privilĂ©giĂ©s russes, au profit de qui il avait restaurĂ©, dans les annĂ©es 2000, un appareil d’État puissant. La russophobie active des nouveaux dirigeants de Kiev a servi de prĂ©texte au rattachement de la CrimĂ©e Ă  la Russie et Ă  la sĂ©cession du Donbass pro-russe. À partir de 2014, les États-Unis ont pris en main l’armĂ©e ukrainienne, la finançant massivement, lui fournissant armes, drones, munitions, formant et encadrant soldats et officiers. Le New York Times vient de rendre public ce qui Ă©tait cachĂ© au grand public  : la CIA disposait depuis 2014 de douze bases en Ukraine, aux frontiĂšres avec la Russie.

    Cette mainmise politique et militaire des États-Unis sur l’Ukraine accompagnait une mainmise Ă©conomique des financiers occidentaux sur les riches terres agricoles ukrainiennes, sur les entreprises clĂ©s encore Ă©tatisĂ©es, la grande distribution, le secteur bancaire et d’autres industries. La guerre en cours accĂ©lĂšre la transformation de l’Ukraine en une semi-colonie du capital occidental.

    Depuis dix ans, la politique de Poutine en Ukraine est donc une rĂ©action de dĂ©fense du chef des bureaucrates russes, pour ne pas laisser la bourgeoisie des pays impĂ©rialistes les rĂ©duire Ă  la portion congrue. En dĂ©pit de leur brutalitĂ© et de la dictature qu’ils exercent contre leur propre population, Poutine et ses gĂ©nĂ©raux ne menacent pas « â€…la sĂ©curitĂ© de l’Europe  », pour reprendre la formule de Macron. À l’inverse, ce sont plutĂŽt les puissances impĂ©rialistes qui apparaissent comme une menace pour la sĂ©curitĂ© de l’État russe. Ce qui est d’ailleurs le cas pour celle de tous les États de la planĂšte qui, sans ĂȘtre eux-mĂȘmes des puissances capitalistes dĂ©veloppĂ©es, ont les moyens dĂ©mographiques, militaires, Ă©conomiques de ne pas se soumettre purement et simplement aux diktats et aux intĂ©rĂȘts des maĂźtres du monde capitaliste.
    États-Unis  : les limites de la guerre avec la peau des Ukrainiens

    Au dĂ©but de la guerre, les dirigeants occidentaux Ă©taient prudents. Macron s’exclamait alors  : « â€…Il ne faut pas humilier la Russie  », et prĂ©tendait jouer les mĂ©diateurs. Les dirigeants occidentaux rĂ©pĂ©taient  : « â€…Il n’est pas question de dĂ©ployer des troupes de l’OTAN  » (secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’OTAN, mars 2022), car « â€…Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie  » (Macron, 2 mars 2022). Ces dirigeants prĂ©tendaient avoir des lignes rouges infranchissables  : « â€…pas de livraison de chars  », puis « â€…pas de livraison d’avions de combat  ». Ils ont franchi ces lignes rouges les unes aprĂšs les autres.

    Aujourd’hui, malgrĂ© leurs dĂ©nĂ©gations, tous les pays qui livrent des armes Ă  l’Ukraine ont des formateurs et des conseillers militaires sur place. La dĂ©claration de Macron a eu le mĂ©rite de lever le voile sur cette prĂ©sence. S’ils ne rendent public aucun chiffre, les États-Unis disposent de plusieurs milliers de ces conseillers militaires. Comme le formule un haut fonctionnaire amĂ©ricain, citĂ© par le New York Times  : « â€…Est-ce qu’ils appuient sur les gĂąchettes  ? Non. Est-ce qu’ils contribuent au ciblage  ? Absolument.  »1 Aux conseillers militaires, il faut ajouter les agents de la CIA. Dans l’article dĂ©jĂ  citĂ© du New York Times, on apprend que sous la prĂ©sidence de Trump, qui affirme pourtant aujourd’hui vouloir retirer les forces amĂ©ricaines d’Europe, les effectifs des bases de la CIA en Ukraine ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par dix.

    Mais des conseillers militaires, mĂȘme trĂšs nombreux, ne remplacent pas des soldats en premiĂšre ligne capables d’appuyer sur les gĂąchettes. Or les difficultĂ©s de Zelensky et de l’appareil d’État ukrainien Ă  remplacer les troupes mises hors de combat en premiĂšre ligne, ou Ă©puisĂ©es aprĂšs deux ans de guerre, sont de plus en plus Ă©videntes. La corruption ne frappe pas que l’armĂ©e russe. Les ventes de passe-droits pour Ă©viter l’enrĂŽlement aux enfants des privilĂ©giĂ©s et l’enrichissement trop visible des profiteurs de guerre ont conduit Zelensky Ă  limoger un grand nombre de ministres et de hauts gradĂ©s ces derniers mois. Cette corruption Ă  grande Ă©chelle, comme les rafles des agents recruteurs, contribuent Ă  dresser la population la plus modeste contre cette guerre et ceux qui en profitent.

    La crainte d’un effondrement du front dans les prochains mois prĂ©occupe les Ă©tats-majors occidentaux. « â€…Sans l’aide amĂ©ricaine, un effondrement en cascade le long du front est possible cette annĂ©e  », alertait un officier amĂ©ricain citĂ© par le New York Times Ă  la mi-mars. Cette crainte est dĂ©sormais relayĂ©e dans les mĂ©dias grand public, surtout sous l’angle de la faiblesse des livraisons d’armes et de munitions occidentales Ă  l’Ukraine. Cette campagne mĂ©diatique est en partie destinĂ©e Ă  justifier l’accĂ©lĂ©ration de la production d’armes et le passage de l’Europe Ă  une « â€…Ă©conomie de guerre  » dont Macron et la plupart des dirigeants europĂ©ens se font les champions. Elle est Ă©galement destinĂ©e Ă  peser sur les discussions qui se dĂ©roulent au sein mĂȘme de l’appareil d’État amĂ©ricain, sur fond de la campagne prĂ©sidentielle oĂč Trump et le camp rĂ©publicain font campagne sur le thĂšme « â€…Le Maine avant l’Ukraine  » et sur l’opportunitĂ© de poursuivre l’aide amĂ©ricaine Ă  l’Ukraine.
    Les hésitations américaines sur fond de campagne présidentielle

    Dans un article de la revue du dĂ©partement d’État, Foreign Affairs, intitulĂ© « â€…Espionnage et art politique  »2, le directeur de la CIA, William J. Burns, plaide pour le maintien de l’aide amĂ©ricaine. À ceux, du cĂŽtĂ© des rĂ©publicains, qui affirment que l’aide militaire Ă  l’Ukraine coĂ»te trop cher et envisagent un repli, il rĂ©pond  : « â€…ReprĂ©sentant moins de cinq pour cent du budget de dĂ©fense amĂ©ricain, il s’agit d’un investissement relativement modeste, avec des retombĂ©es gĂ©opolitiques importantes pour les États-Unis et des retombĂ©es notables pour l’industrie amĂ©ricaine.  » Il ajoute  : « â€…Maintenir le flux d’armes placera l’Ukraine dans une position plus forte si une opportunitĂ© de nĂ©gociations sĂ©rieuses se prĂ©sente. Si les États-Unis se retiraient du conflit Ă  ce moment crucial et cessaient leur soutien Ă  l’Ukraine, ce serait une erreur historique.  » Le chef de la CIA considĂšre que les retombĂ©es politiques et matĂ©rielles pour les capitalistes amĂ©ricains valent bien quelques dizaines de milliards de dollars, l’État amĂ©ricain n’ayant pas, Ă  ses yeux, de comptes Ă  rendre pour les centaines de milliers de victimes russes ou ukrainiennes ou pour la destruction de tout un pays.

    Pour les États-Unis, la guerre en Ukraine et la rivalitĂ© avec la Russie de Poutine ne sont que l’un des nombreux points chauds dans leur lutte permanente pour la suprĂ©matie mondiale et le maintien de l’ordre impĂ©rialiste. Ce conflit s’ajoute aux guerres engendrĂ©es partout par la politique amĂ©ricaine, en particulier pour garder le contrĂŽle du Moyen-Orient, et Ă  la rivalitĂ© Ă©conomique agressive avec la Chine, qui peut se transformer Ă  tout moment en affrontement militaire. Du point de vue du maintien de la suprĂ©matie amĂ©ricaine, la rivalitĂ© avec la Chine compte plus que l’avenir de l’Ukraine.

    En tout Ă©tat de cause, il serait hasardeux de chercher Ă  prĂ©voir l’attitude d’un Trump de retour Ă  la Maison-Blanche. Les politiciens amĂ©ricains en campagne ont plusieurs fois annoncĂ© le retrait de leur engagement dans tel ou tel conflit, sous prĂ©texte d’un redĂ©ploiement de leurs troupes ou du retour Ă  un certain isolationnisme, avant de mener une tout autre politique au pouvoir. Obama avait ainsi promis en 2011, juste avant que la guerre civile ne fasse exploser la Syrie, le retrait des troupes amĂ©ricaines d’Irak et du Moyen-Orient. Trump rĂ©pĂšte qu’il veut retirer les troupes amĂ©ricaines d’Europe et laisser les pays europĂ©ens supporter seuls le coĂ»t de la guerre contre la Russie. En pleine campagne prĂ©sidentielle, les rĂ©publicains ont bloquĂ© la reconduction de l’aide militaire Ă  l’Ukraine, contribuant Ă  la rĂ©duction des livraisons d’armes. Trump au pouvoir aura Ă  choisir entre ses promesses de campagne, sa dĂ©magogie isolationniste et les nĂ©cessitĂ©s du maintien de la domination amĂ©ricaine sur le monde.
    NĂ©gocier avec Poutine ou intensifier la guerre  ?

    Nous l’avons affirmĂ© maintes fois  : les dirigeants des puissances impĂ©rialistes ne souhaitent pas la chute de Poutine, et encore moins la dĂ©stabilisation de l’appareil d’État russe, qui libĂ©rerait des forces centrifuges incontrĂŽlables sur de vastes territoires. Poutine et les dirigeants impĂ©rialistes collaborent depuis plus de dix ans en Syrie pour Ă©craser les milices islamiques que leurs guerres successives, en Afghanistan pour les deux camps, en Irak pour les Occidentaux, ont fait surgir. L’armĂ©e russe joue un rĂŽle de gendarme irremplaçable en Asie centrale et dans le Caucase. L’attitude compatissante des dirigeants amĂ©ricains, lors du terrible attentat contre une salle de concert prĂšs de Moscou, revendiquĂ© par la branche de l’État islamique dite du Khorasan (selon le nom perse d’une ancienne province centrĂ©e sur l’actuel Afghanistan), a rappelĂ© que la guerre n’empĂȘche pas la collaboration.

    Depuis deux ans, les discussions entre Poutine et les dirigeants amĂ©ricains n’ont sans doute jamais cessĂ©. Dans l’article dĂ©jĂ  citĂ©, Burns, le directeur de la CIA, raconte qu’il a Ă©tĂ© envoyĂ© en fĂ©vrier 2022 Ă  Moscou par Biden, pour tenter de convaincre Poutine et ses conseillers de renoncer Ă  l’invasion. En vain car, dit-il, « â€…Ils surestimaient largement leur propre position et sous-estimaient la rĂ©sistance de l’Ukraine et la dĂ©termination occidentale.  » Deux ans plus tard, les rĂ©alitĂ©s de la guerre ont fait bouger les lignes. Poutine n’a pas rĂ©ussi Ă  conquĂ©rir l’Ukraine, mais l’armĂ©e ukrainienne, armĂ©e par les Occidentaux mais aux troupes usĂ©es, est en difficultĂ© pour contenir sa poussĂ©e.

    Le temps des « â€…nĂ©gociations sĂ©rieuses  », pour reprendre la formule de Burns, est-il en vue  ? Les Occidentaux vont-ils au contraire augmenter le nombre de leurs conseillers militaires en Ukraine et intensifier les livraisons d’armes  ? Sont-ils capables de produire massivement ces armes avant que les troupes russes n’enfoncent les lignes de front  ? Et, surtout, quelle sera la rĂ©action des classes populaires ukrainiennes face Ă  l’enrĂŽlement forcĂ© et Ă  une nouvelle loi de mobilisation  ? Cela fait partie des nombreuses interrogations que les experts des plateaux de tĂ©lĂ©vision formulent, sans avoir de rĂ©ponse.

    Au fond, les dirigeants des pays europĂ©ens, qui subissent depuis le dĂ©but les multiples bouleversements, en particulier Ă©conomiques, engendrĂ©s par la politique amĂ©ricaine en Ukraine, n’ont pas plus de rĂ©ponse. Contraints de s’aligner derriĂšre les dĂ©cisions amĂ©ricaines, ils tentent de se mettre en ordre de bataille, chacun au service de ses propres capitalistes. Chacun vise Ă  prendre la plus grosse part du marchĂ© de la guerre et des futurs marchĂ©s de reconstruction. Le marchĂ© de la reconstruction de l’Ukraine a Ă©tĂ© l’objet de deux confĂ©rences internationales, alors mĂȘme que la guerre fait toujours rage. Quant Ă  l’industrie de l’armement, dĂ©jĂ  nourrie par la multiplication des guerres dans le monde, les dirigeants europĂ©ens s’emploient Ă  la dĂ©velopper encore davantage en organisant le passage Ă  une « â€…Ă©conomie de guerre  ».
    « â€…L’économie de guerre  », jackpot    pour les industriels et les banquiers

    Dans toute l’Europe, depuis deux ans, les budgets consacrĂ©s aux commandes de matĂ©riels de guerre ont partout explosĂ©. En 2023, l’État français a passĂ© des commandes pour un montant exceptionnel de 20 milliards d’euros. Sous le premier quinquennat de Macron, la moyenne annuelle Ă©tait de 15 milliards, contre moins de 10 milliards sous Hollande. Lors de sa derniĂšre confĂ©rence de presse, le 27 mars, SĂ©bastien Lecornu, ministre des ArmĂ©es, a dressĂ© la liste des commandes en attente de livraison  : 2 milliards d’euros pour Safran, 3 milliards pour le missilier MBDA, 4 milliards pour Naval Group, 5 milliards chacun pour Airbus Defence and Space, Airbus Helicopters, Dassault, 6 milliards pour Thales, etc. Lecornu est arrivĂ© Ă  un total de 34 milliards d’euros de commandes en cours. C’est NoĂ«l tous les jours pour les marchands d’armes. Ce montant est supĂ©rieur aux deux plans cumulĂ©s de coupes budgĂ©taires dĂ©cidĂ©s par Bruno Le Maire pour 2024 et 2025. Il reprĂ©sente le coĂ»t de la construction de cent hĂŽpitaux neufs.

    Mais le problĂšme des chefs de l’armĂ©e, c’est qu’entre la commande et la livraison le dĂ©lai est trop long. Les industriels prennent les commandes mais tardent Ă  les honorer. Les raisons avancĂ©es sont multiples  : capacitĂ© de production insuffisante, manque de travailleurs formĂ©s, manque de matiĂšres premiĂšres, manque de piĂšces dĂ©tachĂ©es, concurrence entre les producteurs, concurrence entre l’industrie civile et l’industrie militaire. MĂȘme si les cadences ont Ă©tĂ© augmentĂ©es – le temps de production d’un canon Caesar serait ainsi passĂ© depuis le dĂ©but de la guerre en Ukraine de 30 Ă  15 mois, le nombre de canons produits chaque mois est passĂ© de 2 Ă  8 – les capitalistes ne se sont pas prĂ©cipitĂ©s pour rĂ©aliser les investissements trĂšs coĂ»teux nĂ©cessaires pour augmenter significativement la production. Et, surtout, il en va de l’industrie militaire comme de tous les secteurs de l’économie capitaliste  : faute de planification, parce que les Ă©tapes de la production sont morcelĂ©es entre une multitude de sous-traitants rĂ©partis partout sur la planĂšte, et qui fournissent des industriels concurrents, produire dans les dĂ©lais la quantitĂ© commandĂ©e est une gageure. L’industrie de l’armement se heurte aux mĂȘmes obstacles que l’industrie automobile, confrontĂ©e il y a deux ans Ă  une pĂ©nurie de semi-conducteurs. Les fournisseurs vendent en prioritĂ© au plus offrant, qu’il soit du secteur militaire ou pas. L’anarchie de l’économie capitaliste n’épargne pas le secteur militaire.

    Pour pouvoir forcer la main aux diffĂ©rents industriels, ou leur faciliter la tĂąche, le gouvernement a rĂ©inscrit dans la derniĂšre loi de programmation militaire la possibilitĂ© d’imposer des rĂ©quisitions « â€…de personnels, de stocks ou d’outils de production  ». Ainsi le 27 mars, entourĂ© d’une brochette d’officiers et du directeur gĂ©nĂ©ral de l’Armement, Lecornu a menacé  : « â€…Pour la premiĂšre fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre de faire, c’est-Ă -dire, si le compte n’y Ă©tait pas en matiĂšre de cadence et de dĂ©lais de production, de faire des rĂ©quisitions ou de faire jouer le droit de priorisation.  »

    AccĂ©lĂ©rer le tournant vers cette Ă©conomie de guerre est l’un des objectifs des postures guerriĂšres de Macron. Au lendemain des dĂ©clarations de son patron, Lecornu a prĂ©cisĂ© les pistes d’ores et dĂ©jĂ  envisagĂ©es  : « â€…Des entreprises françaises vont crĂ©er des partenariats avec des entreprises ukrainiennes pour produire sur le sol ukrainien des piĂšces dĂ©tachĂ©es, peut-ĂȘtre mĂȘme des munitions demain.  » Il souhaite crĂ©er « â€…une alliance stratĂ©gique de production industrielle et militaire avec l’Ukraine, en envoyant sur le terrain des experts en armement et des industriels de la dĂ©fense3  ». Si l’envoi massif de troupes françaises et europĂ©ennes en Ukraine n’est sans doute pas Ă  l’ordre du jour Ă  court terme, l’installation sur le sol ukrainien des capitalistes de l’armement est en route. Ils pourront profiter d’une main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e sous-payĂ©e, tout en Ă©tant au plus prĂšs des champs de bataille pour ajuster leurs matĂ©riels.

    Quelle que soit l’évolution de la guerre en Ukraine, la guerre est une rĂ©alitĂ© que les classes populaires paient dĂ©jĂ . En Russie et en Ukraine, elles la paient avec leur sang et en subissant des coupes drastiques dans les quelques budgets sociaux encore en place. En Ukraine, avec la mise sous tutelle des entreprises publiques ou des ressources du pays par des capitalistes occidentaux. Elles la paieront pendant des dĂ©cennies sous la forme du remboursement de la dette de guerre. Dans les autres pays europĂ©ens, elles la paient par la militarisation des budgets, car les États occidentaux paient rubis sur l’ongle les industriels de la guerre qui construisent les engins livrĂ©s en Ukraine, avant de prĂ©senter la note Ă  ce pays. Elles la paient encore par la militarisation des esprits. Aucune paix ne sera possible tant que rĂ©gnera l’impĂ©rialisme.

  • Vous reprendrez bien un peu de #scories_trotskistes ... ;-)

    L’assassinat par les États-Unis et IsraĂ«l des travailleurs humanitaires de World Central Kitchen - World Socialist Web Site
    ▻https://www.wsws.org/fr/articles/2024/04/06/pers-a06.html

    Depuis un demi-siĂšcle, les actions de l’État d’IsraĂ«l sont utilisĂ©es par Washington comme un prĂ©cĂ©dent pour la politique amĂ©ricaine. L’exemple le plus significatif est la doctrine des « assassinats ciblĂ©s », ou assassinats organisĂ©s par l’État, qui a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par IsraĂ«l avant d’ĂȘtre adoptĂ©e par les États-Unis, y compris contre leurs propres citoyens.

    Ce qu’IsraĂ«l fait aujourd’hui contre la population de Gaza, ses bailleurs de fonds impĂ©rialistes le feront dans un avenir proche. Les actions du rĂ©gime sioniste dans le gĂ©nocide actuel serviront de prĂ©cĂ©dent Ă  l’utilisation d’armes de haute technologie, y compris l’intelligence artificielle, pour commettre des crimes de guerre Ă  grande Ă©chelle, couplĂ©s Ă  une famine de masse contre les populations urbaines rebelles.

    L’irruption de la guerre, du gĂ©nocide et de la rĂ©pression politique n’est pas une aberration. L’impĂ©rialisme, comme l’a notĂ© LĂ©nine, n’est pas simplement une politique, mais plutĂŽt une Ă©tape historique spĂ©cifique du dĂ©veloppement capitaliste. L’opposition Ă  l’impĂ©rialisme est donc une question rĂ©volutionnaire, qui ne vise pas Ă  faire pression sur un gouvernement, mais Ă  remplacer le capitalisme par le socialisme.

  • L’ordre de la propriĂ©tĂ© crĂ©e un chaos qui Ă©touffe la libertĂ© et mine la sociĂ©tĂ©
    ▻https://ricochets.cc/L-ordre-de-la-propriete-cree-un-chaos-qui-etouffe-la-liberte-et-mine-la-so

    Un livre qui apporte des arguments supplĂ©mentaires contre les nombreux mĂ©faits de l’ordre propriĂ©taire, et qui Ă©voque la voie salutaire des communs et de la « co-possession », tout en Ă©trillant les arguments Ă©conomiques Ă©culĂ©s en faveur du rĂšgne de la propriĂ©tĂ©. Capitalisme et propriĂ©tĂ© sont deux motifs majeurs du chaos et de la guerre de tous contre tous qui rendent improbable l’avĂšnement de la dĂ©mocratie rĂ©elle et de sociĂ©tĂ©s apaisĂ©es. Deux motifs qui poussent vers le pire. Il est (...) #Les_Articles

    / La propriété, #Autonomie_et_autogestion

    #La_propriété
    ▻https://www.terrestres.org/2024/03/22/posseder-en-commun-une-critique-de-lordre-proprietaire

  • est un peu honteuse de l’admettre, mais elle doit bien reconnaĂźtre qu’elle a depuis quelques jours sensiblement diminuĂ© son temps passĂ© Ă  comater devant des bouquins et proportionnellement augmentĂ© celui dilapidĂ© Ă  niaiser devant des films et autres fictions « made in Arte ». C’est mal, n’est-ce pas ? Oui mais au point oĂč elle en est ce n’est plus trĂšs grave — rappelons qu’il ne lui reste plus que dix Ă  douze minutes « d’espĂ©rance » de vie.

    N’empĂȘche, il y a des trucs pas si mauvais que ça, sur cette satanĂ©e chaĂźne un peu bobo. LĂ  par exemple elle est en train de regarder « Machine », une mini-sĂ©rie qui conte l’histoire d’une sublime punkĂ chienne alcoolo-nĂ©vrosĂ©e giga-bonne en baston (mĂȘme Super Jaimie peut aller se recoucher direct) qui s’acoquine en tout bien tout honneur avec un prolo dĂ©sabusĂ© toxicomane repenti et thĂ©oricien du marxisme, afin d’aller ensemble ficher le dawa au sein du Capital — nous serons d’ailleurs certainement d’accord pour dire qu’une bonne raclĂ©e, c’est la seule chose que le patronat n’a pas volĂ©e.

    Alors d’une nous mettrons au dĂ©fi toute tribade normalement constituĂ©e de ne pas s’enticher instantanĂ©ment de Margot Bancilhon (l’actrice principale), de deux son acolyte JoeyStarr, bien que mùùùùùùle, est lui aussi extrĂȘmement convaincant, de trois... de trois la Garreau ne comprend pas que la production n’ait pas fait appel Ă  elle : une dĂ©glingo en colĂšre contre le monde entier et un ronchon capable en toutes circonstances de citer le prophĂšte Marx par cƓur, franchement, avec un peu de maquillage et si elle Ă©tait moins grabataire elle aurait quasiment pu tenir les deux rĂŽles Ă  elle toute seule.

    Et sans trop se forcer.

    → « Machine », six Ă©pisodes sur Arte.

  • Le vrai changement, ce sont les travailleurs qui l’imposeront ! | Ă©ditorial de LO

    ▻https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/le-vrai-changement-ce-sont-les-travailleurs-qui-limposeront-728730.h

    C’est une technique de vente connue de tous les commerçants pour appĂąter les clients : il faut changer sa vitrine rĂ©guliĂšrement pour donner l’illusion du renouvellement. Le remaniement ministĂ©riel en est la version politique.

    Et, dans les mĂ©dias, ça marche du tonnerre ! C’est tout juste si les chroniqueurs politiques n’ont pas fait passer le nouveau chef du gouvernement Gabriel Attal, ministre depuis 2017, pour un nouveau-nĂ© de la politique !

    Des jours durant, ils ont commentĂ© les crocs-en-jambe politiciens, s’extasiant sur la carriĂšre fulgurante de tel ou tel. Et ils ont, bien sĂ»r, adorĂ© l’arrivĂ©e façon « guest star » de Rachida Dati, une fidĂšle de Sarkozy, au ministĂšre de la Culture.

    Politiciens et journalistes aux ordres, chacun joue son rĂŽle dans cette comĂ©die qui ne fait plus rire personne. Dans le rĂŽle de la bourgeoise, la nouvelle ministre de l’Éducation, qui met ses enfants dans une Ă©cole privĂ©e pour riches, en critiquant l’Éducation nationale
 que ses amis ont saccagĂ©e.

    Que ces politiciens viennent de gauche, de droite ou d’extrĂȘme droite ne change rien : ils sont tous issus du mĂȘme moule, tous dĂ©fenseurs du systĂšme capitaliste oĂč la bourgeoisie se construit un petit paradis sur l’enfer des travailleurs.

    Dans son discours de passation de pouvoir, Borne a assurĂ© qu’elle partait avec « le sentiment du devoir accompli ». Eh oui, ces politiciens ont le sentiment d’accomplir leur devoir quand ils font passer la retraite Ă  64 ans, quand ils attaquent les droits des chĂŽmeurs et pourrissent la vie des travailleurs immigrĂ©s, avec ou sans papiers, en rĂ©duisant leurs droits aux allocations familiales et au logement ! Autrement dit, quand ils cognent sur les travailleurs !

    Quand il leur arrive, Ă©lections obligent, de faire quelques promesses aux travailleurs, ils les oublient aussitĂŽt arrivĂ©s au pouvoir. Tous n’ont-ils pas dit et rĂ©pĂ©tĂ© qu’« il faut que le travail paye » ? Mais pour assurer le pouvoir d’achat de tous les salariĂ©s, il faudrait imposer l’indexation des salaires sur le coĂ»t de la vie, ce dont ils ne veulent pas entendre parler !

    Les prix des produits alimentaires flambent de 20 % en deux ans et l’électricitĂ© de 40 % en un an. Des millions de foyers ne peuvent pas se chauffer normalement. Plusieurs milliers de salariĂ©s sont licenciĂ©s ou vont l’ĂȘtre Ă  Casino, Minelli, Naf Naf, Habitat, Lejaby. Au moins trois personnes sont mortes de froid parce qu’elles n’ont pas trouvĂ© de toit ces derniers jours. Et ils osent parler de devoir accompli !

    Si Borne et ses congĂ©nĂšres ont le sentiment d’avoir fait le travail, c’est qu’ils ont bien servi la grande bourgeoisie. Et en effet, ses affaires prospĂšrent plus que jamais. 100 milliards ont Ă©tĂ© redistribuĂ©s aux actionnaires cette annĂ©e. Record battu pour le CAC 40.

    Tant que la bourgeoisie domine l’économie du haut de ses milliards et dĂ©tient les grandes entreprises, l’écurie qui anime le cirque politicien peut porter la casaque de gauche, de droite ou d’extrĂȘme droite, nous, travailleurs, serons les exploitĂ©s et les sacrifiĂ©s.

    Nos conditions de travail et de vie seront attaquĂ©es. Nous serons vouĂ©s Ă  la concurrence opposant les travailleurs les uns aux autres et les peuples entre eux. Nous serons empoisonnĂ©s par l’individualisme, le racisme et la xĂ©nophobie engendrĂ©s par ces oppositions. Et nous irons de crise en crise et de guerre en guerre oĂč nous serons appelĂ©s Ă  donner notre peau pour assurer la survie de cet ordre injuste, barbare et stupide.

    Nous sommes trĂšs nombreux Ă  voir que la sociĂ©tĂ© va dans le mur, mais beaucoup se sentent impuissants face au dĂ©ferlement d’attaques et d’horreurs. Et nous le serons si chacun reste isolĂ© en croyant impossible de contester les dirigeants actuels.

    L’histoire dĂ©montre le contraire : les travailleurs constituent une force quand ils dĂ©cident d’agir Ă  leur niveau, pour leurs intĂ©rĂȘts, parce qu’ils font tourner toute la sociĂ©tĂ©.

    Le grand patronat et ses politiciens nous rabaissent en permanence pour que nous ne soyons pas conscients de cette force collective. Mais sans les travailleurs, la grande bourgeoisie ne pourrait rien faire, il n’est mĂȘme pas sĂ»r qu’elle saurait se faire Ă  manger ! Sans la bourgeoisie et ses politiciens, les travailleurs s’en sortiraient parfaitement et ils pourraient dĂ©barrasser la sociĂ©tĂ© des tares du capitalisme en supprimant la propriĂ©tĂ© privĂ©e des grandes entreprises et le marchĂ©.

    Entrevoir un autre avenir est possible. Ce qui manque, c’est un parti rĂ©volutionnaire qui regroupe les travailleurs conscients de pouvoir et devoir prendre la sociĂ©tĂ© en main.

  • Grandeur langagiĂšre de La France insoumise, par Geoffroy de Lagasnerie – LibĂ©ration
    ▻https://www.liberation.fr/idees-et-debats/opinions/grandeur-langagiere-de-la-france-insoumise-par-geoffroy-de-lagasnerie-202
    ▻https://www.liberation.fr/resizer/w7kgR4zJ18LSTPxMb9CzYEijpfM=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2065x3613:2075x3623)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/BGFHMRLGZFAD7AMF5P5YGPNPCE.jpg

    Pour le sociologue et philosophe, l’offensive idĂ©ologique contemporaine qui cherche Ă  discrĂ©diter LFI vise l’idĂ©e mĂȘme de gauche. Praticien de la confrontation linguistique, le parti de Jean-Luc MĂ©lenchon affirme l’exigence d’un langage politique frontal. Enfin du rĂ©el en politique !

    L’Insoumission prĂ©sente une ITW du sociologue de cette maniĂšre sur son compte 𝕏 :
    ▻https://twitter.com/L_insoumission/status/1776189270526484635

    🔮 Tout comprendre aux attaques contre LFI - L’analyse implacable du sociologue Geoffroy de Lagasnerie

    Pas un jour ne passe sans que les positions de Jean-Luc MĂ©lenchon et de la France insoumise soient la cible d’attaques, de salissures, de dĂ©formations par de nombreux mĂ©dias et personnalitĂ©s politiques. Les « excĂšs », les « ambiguĂŻtĂ©s » et autres formules du mĂȘme calibre inondent les mĂ©dias, et marquent une campagne d’injure systĂ©matique qui a par ailleurs pris une intensitĂ© inĂ©dite depuis le 7 octobre et l’appel au cessez-le-feu du leader insoumis.

    Le philosophe Geoffroy de Lagasnerie analyse avec brio la signification de ces attaques et commentaires fielleux permanents. Dans une rĂ©cente tribune intitulĂ©e « Grandeur langagiĂšre de la France insoumise », ce praticien de la confrontation linguistique analyse la signification de l’offensive mĂ©diatico-politique qui cherche Ă  discrĂ©diter LFI, et par lĂ  mĂȘme Ă  discrĂ©diter l’idĂ©e mĂȘme de gauche explique le philosophe. Dans un entretien publiĂ© sur la chaine « Nouvelles PensĂ©es critiques » ce jeudi 04 avril, le philosophe poursuit la mĂȘme analyse : « Quand on se dĂ©finit du cĂŽtĂ© des forces progressistes. c’est important de ne rien cĂ©der sur le soutien Ă  LFI. Les attaques contre LFI et JLM traduisent une guerre contre la gauche » explique t-il, en soulignant que la radicalitĂ© est « la propriĂ©tĂ© essentielle de la gauche ». Partout oĂč ce langage de confrontation disparait, la gauche disparait elle aussi. Tel est l’enjeu expliquĂ© par le sociologue. De la confrontation nait la conscience. Et de cette conscience nait l’alternative de rupture avec l’ordre capitaliste.

    DĂ©couvrez l’entretien complet sur la page Youtube de Nouvelle pensĂ©e critique —

    L’ITW sur Youtube (que je compte regardĂ©couter) :
    ▻https://www.youtube.com/watch?v=FIQc7poe0as

  • ToxicitĂ© des polluants Ă©ternels : les industriels savaient depuis 50 ans
    ▻https://reporterre.net/Toxicite-des-polluants-eternels-les-industriels-savaient-depuis-50-ans

    En 1980, alors que les preuves de la dangerositĂ© des PFAS s’accumulaient sur leurs bureaux depuis bientĂŽt vingt ans, les directions de DuPont et de 3M ont assurĂ© leurs employĂ©s, dans un mĂ©mo, que l’acide perfluorooctanoĂŻque Ă©tait aussi « peu toxique que le sel de table ».

    Pour la flotte contaminĂ©e par le fracking, les gus payĂ©s grassement pour oublier leur conscience disaient aux gens des bleds que leur flotte n’était pas plus mauvaise pour la santĂ© que de le limonade.

  • La rĂ©alitĂ© de la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante : un mĂ©canisme de sĂ©lection sociale et de flÉxibilisation du travail
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/precarite-etudiants-selection-sociale

    Il arrive parfois que subsiste dans un certain imaginaire populaire l’image de “l’étudiant bourgeois”. Cet imaginaire ne se fonde pas sur rien : dans les annĂ©es 1960 (date du dĂ©but de la massification de l’enseignement supĂ©rieur) les Ă©tudiantes et Ă©tudiants sont majoritairement d’extraction bourgeoise. Encore aujourd’hui on donne beaucoup de visibilitĂ© aux grandes Ă©coles oĂč [
]

  • Assurance-chĂŽmage : « C’est la rĂ©forme de trop ! » - POLITIS
    ▻https://www.politis.fr/articles/2024/03/assurance-chomage-cest-la-reforme-de-trop

    Il y a clairement une volontĂ© de mettre sous pression le marchĂ© du travail dans son ensemble, et pas uniquement les chĂŽmeurs. On sait que plus on dĂ©grade les conditions d’indemnisation du chĂŽmage, plus on dĂ©grade les conditions de nĂ©gociation d’embauche et de salaire. C’est un signal envoyĂ© aux personnes au chĂŽmage pour que, lorsqu’elles retrouvent un emploi, elles ne soient pas trop exigeantes sur les conditions de travail et le salaire. Mais c’est aussi un signal pour les salariĂ©s en poste. C’est une maniĂšre de dire : vous ĂȘtes de moins en moins protĂ©gĂ©s si vous perdez votre boulot. Donc si vous ĂȘtes trop revendicatif, si vous avez une rupture conventionnelle, vous avez d’autant plus Ă  perdre.

    Il y a clairement une volonté de mettre sous pression le marché du travail dans son ensemble.

    Il y a une seconde raison qu’on avait dĂ©jĂ  vu avec la rĂ©forme des retraites. Le gouvernement a crĂ©Ă© un dĂ©ficit avec de nombreuses baisses d’impĂŽts pour les classes moyennes, pour les riches et les entreprises. Donc il veut se servir des budgets sociaux comme caisse de compensation. Ainsi, il diminue les protections retraite, les protections chĂŽmage comme une source d’économie facile. Alors mĂȘme que le chĂŽmage reprĂ©sente un tout petit budget par rapport aux dĂ©penses publiques – environ 45 milliards par an – et qu’il n’est pas en dĂ©ficit. Il y a dĂ©jĂ  eu six milliards d’économie rĂ©alisĂ©e avec les deux premiĂšres rĂ©formes.

    • Le gouvernement a crĂ©Ă© un dĂ©ficit avec de nombreuses baisses d’impĂŽts pour les classes moyennes, pour les riches et les entreprises.

      Ciel, et ça fait donc des « classes moyennes » les amies du gouverne.ment, comme « les riches » et « les entreprises » ?

      Je suis curieux de savoir Ă  quel niveau la Macronie met la limite basse pour la partie « classes moyennes » de sa clientĂšle :-)

      #guerre_aux_pauvres

    • La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chĂŽmeurs » ne s’en prend qu’à elle-mĂȘme
      â–șhttps://www.alternatives-economiques.fr/mathieu-gregoire/classe-moyenne-sen-prend-aux-chomeurs-ne-sen-prend/00110237

      Pour vous, le RSA, c’est dans douze mois ? Oui : « vous ». C’est Ă  vous que je m’adresse. Vous qui ĂȘtes salariĂ©s dans le privĂ© (ou allez le devenir). En CDI ou en CDD, peu importe. Vous qui ĂȘtes un homme ou une femme. Vous qui ĂȘtes ouvrier, employĂ©, technicien, ingĂ©nieur, cadre
 Vous qui avez 20, 30, 40 ou 50 ans.

      Pour la plupart d’entre vous, le revenu de solidaritĂ© active (RSA), dans douze mois, ça ne rentrait pas, objectivement, dans l’univers des possibles. Mais le Premier ministre souhaite que ça le devienne en diminuant la durĂ©e maximale des indemnitĂ©s servies par l’assurance chĂŽmage Ă  12 mois.

      C’est la septiĂšme sĂ©quence de rĂ©forme de l’assurance chĂŽmage depuis 2017 que Gabriel Attal vient ainsi d’initier. On peut y voir un trouble obsessionnel de la part du gouvernement : depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, il n’y a pas eu une annĂ©e sans rĂ©forme (ou tentative de rĂ©forme) de l’assurance chĂŽmage, Ă  l’exception de l’annĂ©e 2020 du fait du Covid.

      En 2017 : rĂ©forme du financement avec la fin de la cotisation salariale remplacĂ©e par la CSG. En 2018 : mise sous tutelle par l’Etat de la gestion paritaire de l’assurance chĂŽmage avec la loi « Avenir professionnel ».

      En 2019 : la condition d’éligibilitĂ© passe de quatre Ă  six mois. Il est prĂ©vu que le montant de l’allocation soit diminuĂ© Ă  proportion de l’occurrence du chĂŽmage dans le passĂ© rĂ©cent de l’allocataire, ce qui pĂ©naliserait l’ensemble des salariĂ©s Ă  l’emploi discontinu. Mais la rĂ©forme n’est jamais mise en place Ă  cause du Covid et de la dĂ©cision d’annulation du Conseil d’Etat en 2020.

      En 2021 : la mĂȘme rĂ©forme est finalement adoptĂ©e dans une version juste assez Ă©moussĂ©e pour passer l’obstacle du Conseil d’Etat. En 2022 : baisse de 25 % de la durĂ©e pour tous, justifiĂ©e par la bonne conjoncture.

      En 2023 : Ă  la demande du gouvernement, une nĂ©gociation des partenaires sociaux aboutit Ă  une nouvelle rĂ©forme, mais celle-ci reste – Ă  ce stade – en suspens
 Ce qui n’empĂȘche pas le Premier ministre d’exiger aujourd’hui une nouvelle rĂ©forme avant la fin de l’annĂ©e 2024.
      Opposer artificiellement deux groupes imaginaires

      On peut se demander si, politiquement, ce n’est pas la sĂ©quence de trop. Le pari politique, appuyĂ© sur des sondages qui mettent en avant la faible estime dans laquelle les Français tiennent « les chĂŽmeurs », constitue une option populiste risquĂ©e. Il s’agit en effet de s’appuyer sur des reprĂ©sentations certes communĂ©ment partagĂ©es, mais fondamentalement biaisĂ©es, de la rĂ©alitĂ© du chĂŽmage et de l’assurance chĂŽmage.

      D’une part, on prĂ©suppose l’existence de deux groupes distincts en les opposant : d’un cĂŽtĂ©, une supposĂ©e « classe moyenne », qui travaille dur pour des salaires pas toujours Ă  la hauteur, ne perçoit pas « d’aides » ; de l’autre cĂŽtĂ©, la catĂ©gorie « des chĂŽmeurs » composĂ©e de « prĂ©caires » ou de « pauvres », parfois soupçonnĂ©s d’ĂȘtre tentĂ©s par la fraude et peu enclins Ă  l’effort.

      D’autre part, il s’agit de considĂ©rer que l’assurance chĂŽmage a pour fonction d’opĂ©rer une « redistribution » : prendre aux uns ce qu’ils ont durement et honnĂȘtement gagnĂ© par leur travail pour le donner aux autres qui ne peuvent certainement pas en dire autant.

      Ces deux reprĂ©sentations sont en rĂ©alitĂ© dĂ©nuĂ©es de sens. La « classe moyenne » est une catĂ©gorie attrape-tout d’autant plus commode politiquement que ses contours sont indĂ©terminĂ©s. Parler des « chĂŽmeurs » n’a guĂšre plus de sens.

      Etre au chĂŽmage est un Ă©tat plus ou moins passager, un moment dans une trajectoire professionnelle qui ne dĂ©finit en rien une personne, et encore moins un groupe social. Parler des chĂŽmeurs a autant de sens que de parler des malades de la grippe. La grippe n’a jamais dĂ©fini personne, ni aucun groupe. C’est un Ă©tat passager et fort banal dans lequel chacun peut se trouver Ă  un moment donnĂ©.
      Le chÎmage, une expérience trÚs ordinaire

      Un Ă©vĂ©nement fortuit est d’ailleurs rĂ©cemment venu mettre Ă  mal le narratif du gouvernement et illustrer l’inanitĂ© de cette reprĂ©sentation du chĂŽmage. Au milieu du mois de mars, les donnĂ©es personnelles de 43 millions d’individus ont Ă©tĂ© dĂ©robĂ©es Ă  France Travail par des hackers. 43 millions ! Le chiffre est certainement peu exploitable scientifiquement (il doit bien y avoir quelques morts dans le lot), mais l’ordre de grandeur en dit long.

      La population active reprĂ©sente 31 millions de personnes. Les Français de plus de 15 ans sont 55 millions. 43 millions d’individus dans les fichiers de France Travail : cela dĂ©montre la banalitĂ© de l’expĂ©rience du chĂŽmage dans la population. ConnaĂźtre une sĂ©quence de chĂŽmage est une expĂ©rience trĂšs ordinaire et trĂšs rĂ©pandue.

      43 millions d’individus qui se sont trouvĂ©s « demandeurs d’emploi » Ă  un moment ou un autre de leur vie, cela signifie surtout qu’il n’y a pas matiĂšre Ă  opposer deux groupes. La « France qui travaille » et la « France des allocations » sont les mĂȘmes. La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chĂŽmeurs » dans les sondages ne s’en prend en rĂ©alitĂ© qu’à elle-mĂȘme.

      La fonction de l’assurance chĂŽmage n’est pas d’opĂ©rer une redistribution : elle est d’assurer chacun contre le risque de chĂŽmage. Certes, comme tout risque, il est inĂ©galement distribuĂ©. Il n’en reste pas moins que la vocation de l’assurance chĂŽmage est d’assurer tous les salariĂ©s contre le risque de chĂŽmage comme, par exemple, l’assurance maladie assure les uns et les autres indĂ©pendamment de la probabilitĂ© objectivement diffĂ©rente que les uns et les autres ont de tomber malade.

      De ce point de vue, le gouvernement ferait mieux de ne pas sous-estimer l’hypothĂšse d’un retournement de l’opinion. Car rĂ©duire la durĂ©e de l’indemnisation du chĂŽmage Ă  12 mois, au lieu des 24 mois qui prĂ©valaient il y a encore peu de temps, c’est objectivement insĂ©curiser l’ensemble des salariĂ©s : pour tous, se trouver au RSA Ă  l’horizon d’une annĂ©e devient une possibilitĂ©.

      Un licenciement, un divorce, une maladie, un deuil
 Chacun sait que les accidents de la vie peuvent parfois se cumuler et rendre difficile, y compris pour les plus solides, un retour Ă  un emploi satisfaisant dans le dĂ©lai rĂ©duit d’un an. MĂȘme un Ă©vĂšnement plus banal, comme un dĂ©mĂ©nagement familial, peut susciter cette situation.
      Une mise en cause des droits de tous

      Vivre des seules allocations-chĂŽmage constitue dĂ©jĂ  une mise en cause trĂšs significative des ressources d’un salariĂ© par rapport Ă  sa situation antĂ©rieure. Tous les salariĂ©s devront dĂ©sormais envisager l’hypothĂšse de faire, au bout de 12 mois, sans cette ressource dĂ©jĂ  limitĂ©e.

      Jusqu’alors, les narratifs accompagnant les rĂ©formes opposaient des chĂŽmeurs entre eux en stigmatisant par exemple les salariĂ©s Ă  l’emploi discontinu, accusĂ©s d’articuler en permanence emploi et indemnisation du chĂŽmage. DĂ©sormais, ils opposent ceux qui travaillent aux chĂŽmeurs.

      Il suffirait que « la classe moyenne » prenne conscience du fait qu’il ne s’agit pas d’une remise en cause « du droit des chĂŽmeurs », mais d’une remise en cause des droits de tous les salariĂ©s Ă  une couverture chĂŽmage, pour qu’elle se retourne contre cette rĂ©forme.

      De leur cĂŽtĂ©, ceux qui s’opposent Ă  cette rĂ©forme – la gauche et les organisations syndicales en premier lieu – ne devraient-ils pas Ă©viter une posture de misĂ©rabilisme compassionnel qui ne fait qu’entretenir les reprĂ©sentations du chĂŽmage et de l’assurance chĂŽmage promues par le gouvernement ?

      PosĂ© dans les termes d’une gĂ©nĂ©reuse redistribution des classes moyennes vers de « pauvres » chĂŽmeurs, l’appel Ă  la compassion ne convaincrait que quelques idĂ©alistes partageux et entretiendrait l’absurde opposition entre la « France du travail » et la « France des alloc’ » qui fait le miel du gouvernement.

  • Bien manger, pour tout le monde : vers une #SĂ©curitĂ©_sociale_de_l’alimentation

    Pour donner accĂšs Ă  de bons aliments, produits localement et de bonne qualitĂ©, des initiatives essaiment Ă  travers la France pour crĂ©er une #SĂ©curitĂ©_sociale de l’#alimentation. Le principe : donner accĂšs Ă  tout le monde au bien manger, en remboursant les aliments grĂące Ă  la solidaritĂ©. On vous emmĂšne Ă  #Saint-Étienne, dans un village du #Vaucluse et Ă  #Montpellier, oĂč citoyennes et citoyens montrent la voie.

    ▻https://basta.media/bien-manger-pour-tout-le-monde-vers-une-securite-sociale-de-l-alimentation

    #SSA #sécurité_sociale_alimentaire