marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • 36 Ă©lĂšves par classe
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/36-eleves

    “Vos Frustrations” est une rubrique destinĂ©e Ă  permettre l’expression de points de vue, de tĂ©moignages, de coups de gueule de personnes qui vivent une injustice dont ils souhaitent faire part Ă  nos lectrices et nos lecteurs. Cette semaine, Éric P. enseignant, nous raconte ce que ça change, concrĂštement, la hausse des effectifs par classe que [
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  • JO 2024 et baignades en Seine : une guerre des nuages russe ?

    Un facĂ©tieux Ă©crivain invitĂ© de la nouvelle Ă©dition du nouveau Nouvel Obs vient d’y publier une remarquable, et trĂšs sĂ©rieuse, Tribune qui apporte de l’eau au moulin de notre croisade contre l’aberration des baignades en Seine ourdies par Mme Hidalgo et consorts depuis dix ans. Car dans le contexte international que nous connaissons, c’est bien une nouvelle attaque de trolls de Saint PĂ©tersbourg, via la gĂ©oingĂ©nierie, qui pourrait couler l’esquif portĂ© par la mondovision que notre association de malfaiteurs s’efforce contre toute Ă©vidence de maintenir Ă  flots Ă  coup de menteries extravagantes. RĂ©jouissant. Fluctuat ET mergitur ?

    ▻https://www.eauxglacees.com/JO-2024-et-baignades-en-Seine-une-guerre-des-nuages-russe?var_mode=calc

  • « Personnels de l’ESR, nous soutenons la caisse de grĂšve des personnels de l’éducation du 93 pour un plan d’urgence :

    ▻https://papayoux-solidarite.com/fr/collecte/caisse-de-greve-ag-education-93-intesyndicale

    Ils vont, ils peuvent, ils doivent gagner ! » Michael Zemmour

    â–șhttps://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/260324/soutien-des-personnels-de-l-enseignement-superieur-la-greve-dans-l-e

    Depuis cinq semaines, les personnels de l’Éducation nationale de Seine-Saint-Denis (93) sont en grĂšve, dans le cadre d’un mouvement intersyndical et appuyĂ©s par les parents d’élĂšves, notamment pour obtenir un plan d’urgence pour les Ă©tablissements scolaires de leur dĂ©partement. Un collectif de personnels de l’enseignement supĂ©rieur leur apporte un « soutien sans rĂ©serve » .

    La situation de dĂ©nuement de l’école dans ce dĂ©partement est dĂ©sormais connue de tous, et documentĂ©e Ă  la fois par le recensement des besoins rĂ©alisĂ© par l’intersyndicale et par un rapport parlementaire transpartisan. Elle est le miroir grossissant de l’absence d’ambition pour l’éducation sur l’ensemble du territoire.

    Il n’y a pas de dĂ©pense d’avenir plus Ă©vidente que la rĂ©habilitation urgente du service public d’éducation en gĂ©nĂ©ral et dans ce dĂ©partement en particulier. Les discours sur l’égalitĂ©, la formation, l’emploi, la lutte contre le racisme sont vides de sens si l’Etat ne se donne pas d’abord les moyens de garantir un service public d’éducation gratuit de qualitĂ© pour les enfants de tout le territoire.

    Personnels de l’enseignement supĂ©rieur, d’abord comme citoyennes et citoyens, mais aussi parce que nous formons dans les universitĂ©s les futurs enseignants, et que leurs Ă©lĂšves sont nos futurs Ă©tudiants, nous soutenons sans rĂ©serve le mouvement des personnels de l’éducation de Seine-Saint-Denis et leur revendication d’un plan d’urgence manifestement indispensable.
    Devant les besoins Ă©vidents, le gouvernement doit sans dĂ©lai mettre en place un plan d’urgence pour les Ă©coles de ce dĂ©partement.

    Nous apportons chacune et chacun notre participation Ă  leur caisse de grĂšve pour appuyer les collĂšgues dont la mobilisation est exemplaire et sera bientĂŽt victorieuse et appuyons toutes celles et ceux qui le peuvent Ă  y contribuer aussi.

    Retrouvez et soutenez la caisse de grĂšve des personnels de l’éducation de Seine-St-Denis ICI.

    Personnels de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche, rejoignez le texte ICI.

    Et retrouvez la liste actualisée des signataires ICI.

  • Guerre Ă  Gaza : la France Ă©quipe en secret des mitrailleuses utilisĂ©es par l’armĂ©e israĂ©lienne
    ▻https://disclose.ngo/fr/article/guerre-a-gaza-la-france-equipe-en-secret-des-mitrailleuses-utilisees-par-l

    La France a autorisĂ©, fin octobre 2023, la livraison Ă  IsraĂ«l d’au moins 100 000 piĂšces de cartouches destinĂ©es Ă  des fusils mitrailleurs susceptibles d’ĂȘtre utilisĂ©s contre des civils Ă  Gaza. RĂ©vĂ©lations de Disclose et Marsactu sur une cargaison expĂ©diĂ©e en secret, et en totale contradiction avec les engagements du gouvernement. Lire l’article

  • Le rot du matin de YaĂ«l Braun-Pivet
    ▻https://piaille.fr/@LesRepliques@mastodon.social/112156799817466844

    ▻https://coffins.bandcamp.com/track/spontaneous-rot

    Pour les amateur.ices de Coffins 2 autres titres en Ă©coute sur Bandcamp : "Forced Disorder" & "Thing Infestation" mĂȘme le titre "Sinister Oath" va comme un gant Ă  ce gouvernement de ploutocrate.
    #un_coffin_pour_Yaël_et_Apolline

  • Le replay de « La France Ă  peur » en 2024

    AprĂšs la starification des blouses blanches durant la pandĂ©mie, puis l’envahissement des plateaux tĂ©lĂ© par des gĂ©nĂ©raux Ă  la retraite avec l’Ukraine, deux nouvelles mafias rĂ©activent le cĂ©lĂšbre slogan des annĂ©es 70.

    La lĂ©gion des spĂ©cialistes autoproclamĂ©s du Jihad, qui dĂ©clinent les mille et une nuances du monstre terroriste depuis leur bureau universitaire, en analysant dans leur boule de cristal certifiĂ©e par la DGSE les procĂ©dures des revendication « authentifiĂ©es » des agresseurs, et le gang des experts en « cybersĂ©curitĂ© » qui dĂ©tectent des hackers russes Ă  tous les coins de rue, jusqu’au lycĂ©es des Hauts-de-France et de la Seine-Saint-Denis.

    Un tsunami de fake fables qui a envahi tout l’espace politico-mĂ©diatique en quelques heures aprĂšs l’attentat au parfum de FSB de Moscou.

    Résultat des courses Macron et Attal vont pouvoir, au nom de la menace "de haute intensité", débrancher la folie de la parade inaugurale des JO sur la Seine et mettre sous cloche les VIP invités du show au Stade de France.

    Et on fait semblant de continuer Ă  s’étonner Ă  longueur de sondages que les Français n’accordent aucun crĂ©dit aux journalistes


  • « Les #mĂ©gabassines provoquent une sĂ©cheresse anthropique des cours d’#eau » - POLITIS
    ▻https://www.politis.fr/articles/2024/03/bassines-non-merci-les-megabassines-provoquent-une-secheresse-anthropique-de

    Les bassines sont toujours installĂ©es dans des bassins classĂ©s zone de rĂ©partition des eaux (ZRE) c’est-Ă -dire des lieux en dĂ©ficit chronique de ressources en fonction des besoins locaux. C’est le cas pour le bassin de la SĂšvre niortaise, pour le bassin du Clain dans la Vienne, pour la Charente
 Or, ces endroits ne sont pas arides car il y a des nappes souterraines oĂč, normalement, l’eau peut se stocker naturellement. Ils parlent de rĂ©serves de substitution pour faire passer le message qu’en prĂ©levant de l’eau l’hiver, les nappes et les cours d’eau se porteront mieux en Ă©tĂ©. Or, chaque annĂ©e, ils peinent Ă  atteindre les volumes d’irrigation autorisĂ©e car il y a des arrĂȘtĂ©s de sĂ©cheresse !

    Cela fait 30 ans qu’on sait qu’on pompe trop dans ces bassins par rapport Ă  la quantitĂ© d’eau disponible. Les mĂ©gabassines provoquent une sĂ©cheresse anthropique. L’objectif originel des bassines, financĂ©es Ă  70 % par de l’argent public via les agences de l’eau, Ă©tait de respecter la directive cadre europĂ©enne sur l’eau de 2000 et la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (Lema) de 2006. Dans les endroits oĂč on a des bassines depuis longtemps, comme en VendĂ©e, les cours d’eau sont constamment Ă  sec l’étĂ©.

    Dans le bassin des Autistes par exemple, comme ils prĂ©lĂšvent des millions de mĂštres cubes d’eau Ă  partir du mois de novembre, cela retarde la recharge des nappes phrĂ©atiques. ConsĂ©quence : s’il ne pleut qu’au dĂ©but de l’hiver, l’eau est sĂ©curisĂ©e pour les grandes plaines cĂ©rĂ©aliĂšres et le maĂŻs, mais pas pour l’eau potable ou pour les milieux aquatiques.

  • A quoi servent les rĂ©cits de “transfuges de classe” ?
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/transfuges

    Les “transfuges de classe” sont des personnes qui ont changĂ© de classe sociale au cours de leur vie, le plus souvent entre leur enfance et leur Ăąge adulte. Cela produit en eux des sentiments parfois brutaux, puisque ce dĂ©placement social fait connaĂźtre la honte, la culpabilitĂ© et met Ă  jour certains mĂ©canismes de reproduction sociale, [
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    • On aimerait parfois davantage que ces transfuges nous parlent du prĂ©sent, comme le faisait Jack London dans Martin Eden, un roman de transfuge rĂ©ellement subversif : en effet, son hĂ©ros, aprĂšs avoir gravi avec peine les Ă©chelons de la bourgeoisie intellectuelle, se retrouve reconnu, adulĂ©, entouré  et fait alors l’expĂ©rience de la nullitĂ©, de la futilitĂ© et de la vacuitĂ© de cet univers qu’il avait tant espĂ©rĂ© rejoindre. Ce faisant, il dĂ©gomme rĂ©ellement les sources de la lĂ©gitimitĂ© intellectuelle bourgeoise. J’aimerais tant, pour ma part, que les transfuges adulĂ©s par la critique littĂ©raire nous parlent de leur situation prĂ©sente, racontent avec les lunettes hĂ©ritĂ©s de leur passĂ© prolĂ©taire la futilitĂ© des remises de prix littĂ©raires, des dĂźners mondains, des piĂšces de thĂ©Ăątre, des rĂ©seaux artistiques
 Cela aiderait davantage les classes laborieuses Ă  s’émanciper de la tutelle bourgeoise qu’une Ă©niĂšme description tragique d’une rĂ©alitĂ© qu’elles vivent au quotidien.

      “Tant que notre triomphe ne sera pas en mĂȘme temps celui de tous, ayons la chance de ne jamais rĂ©ussir !”
      Elisée Reclus

      On se doute cependant que ce n’est pas si simple. Car, comme le disait tragiquement LĂ©a SalamĂ©, la bourgeoisie est “accueillante” avec les quelques prolos qu’elle choisit chaque annĂ©e. Elle les traite bien, les valorise, leur garantit une aisance financiĂšre et une reconnaissance sociale. Ce doit ĂȘtre difficile d’y renoncer. C’est pour cette raison qu’au dĂ©but du XXe siĂšcle, les militants ouvriers Ă©taient trĂšs critiques de toute envie “d’élĂ©vation sociale”. Devenir chef ou contremaĂźtre, dans une usine, c’était trĂšs mal vu. On prĂŽnait, dans les cercles rĂ©volutionnaires, un “refus de parvenir” : “Tant que notre triomphe ne sera pas en mĂȘme temps celui de tous, ayons la chance de ne jamais rĂ©ussir !” disait ainsi le militant anarchiste ElisĂ©e Reclus. Mais “ne pas rĂ©ussir”, n’est-ce pas une injonction carrĂ©ment impossible Ă  formuler auprĂšs de personnes qui vivent au SMIC ou moins, galĂšrent dans des mĂ©tiers pĂ©nibles et ingrats ? Evidemment. Obtenir des augmentations de salaires, davantage de temps libre, ne plus ĂȘtre sous la coupe de petits chefs agressifs et tatillons sont des revendications parfaitement lĂ©gitimes : mais alors que la “rĂ©ussite sociale” s’obtient seul – et parfois au dĂ©pend de son entourage de classe, comme le montre bien Edouard Louis dans ses derniers livres – les revendications de ce type se gagnent plus facilement en collectif.

      Abolir les classes plutÎt que de changer de classe. Voici un projet littéraire et politique qui charmera nettement moins la bourgeoisie.

  • Qui veut la guerre sabote la paix – QG – Le mĂ©dia libre
    ▻https://qg.media/blog/haroldbernat/qui-veut-la-guerre-sabote-la-paix

    La guerre sert dĂ©sormais Ă  Macron et aux siens Ă  suspendre le temps du politique. Dire que l’on va envoyer des troupes en Ukraine pour plaire au spectateur lobotomisĂ© qui confond allĂšgrement rĂ©alitĂ© et fiction, ne nous dit rien sur les rapports de force en prĂ©sence. De lĂ  le drame que nous sommes en train de vivre en France : celui d’une parole gouvernementale qui n’a plus aucun sens, qui ne renvoie Ă  aucun sĂ©rieux, tandis que les Russes, eux, sont dans des enjeux vitaux. Cela Ă©moustille sĂ»rement une bourgeoisie qui se regarde le nombril, mais cela fait perdre toute influence diplomatique Ă  la France. Un Ă©tat des lieux d’Harold Bernat sur le rapport du pouvoir français Ă  la guerre d’Ukraine, Ă  lire sur QG

    Ça nous changera des gens biens qui nous expliquent qu’en Occident, on a la gauche anti-impĂ©rialiste la plus de droite du monde.

  • Gaza : « L’Europe et l’Occident sont complices du gĂ©nocide en cours »
    « Comment vos pays peuvent-ils se regarder dans le miroir ? » Le directeur du Centre palestinien pour les droits humains exhorte l’Europe Ă  cesser de « couvrir » IsraĂ«l face aux massacres Ă  Gaza. « Les Occidentaux, dit-il, n’ont aucune volontĂ© politique. Et donc ils soutiennent. »

    Mathieu Magnaudeix | 22 mars 2024 Ă  13h18 | Mediapart
    ▻https://www.mediapart.fr/journal/international/220324/gaza-l-europe-et-l-occident-sont-complices-du-genocide-en-cours

    RajiRaji Sourani est un avocat palestinien, fondateur en 1995 et directeur exécutif du Centre palestinien pour les droits humains (PCHR), une ONG située à Gaza. Ancien militant politique, il a été incarcéré à plusieurs reprises en Israël dans les années 1970 et 1980 pour son appartenance au Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP).

    Il a ensuite dĂ©butĂ© une carriĂšre juridique, qui lui a valu une reconnaissance internationale. RĂ©cipiendaire du prix Nobel alternatif en 2013, dĂ©corĂ© en 2021 de l’ordre du mĂ©rite français, il a fait partie de l’équipe juridique de l’Afrique du Sud qui a introduit en dĂ©but d’annĂ©e une requĂȘte demandant Ă  la Cour internationale de justice (CIJ) de qualifier de « gĂ©nocide » la guerre israĂ©lienne Ă  Gaza. Le 26 janvier, la Cour a reconnu un « risque plausible » de gĂ©nocide et exigĂ© des mesures conservatoires, ignorĂ©es par IsraĂ«l.

    Mediapart : Raji Sourani, vous ĂȘtes en ce moment de passage en Europe. Quel message lancez-vous Ă  vos interlocuteurs ?

    Raji Sourani : Nous sommes déçus par les États comme la France, l’Europe et l’Occident. La devise de votre pays, c’est « libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ© », non ? Alors pourquoi, face au gĂ©nocide en cours, souscrivez-vous Ă  la terminologie de l’autodĂ©fense d’IsraĂ«l ?

    Il s’agit d’une occupation criminelle qui dure depuis des dĂ©cennies. Le prĂ©sident israĂ©lien n’a pas fait de distinction entre les civils et le Hamas. Le premier ministre Benyamin NĂ©tanhayou a appelĂ© Ă  la destruction de Gaza. Le ministre de la dĂ©fense a dit : « Gaza n’aura pas d’eau, d’électricitĂ©, de nourriture. » Il y a les destructions et les morts.

    Et malgrĂ© tout, les EuropĂ©ens et l’Occident soutiennent. Ils sont complices. Ils donnent les armes, les fonds, une couverture lĂ©gale et politique Ă  IsraĂ«l. Quelles sont vos valeurs ? Que signifie la loi pour vous ? Comment vos pays peuvent-ils se regarder dans le miroir face Ă  ce gĂ©nocide en cours ? Comment peuvent-ils se dire impuissants ? Comment Joe Biden et son ministre des affaires Ă©trangĂšres peuvent-ils dire : « C’est trĂšs triste de voir mourir des enfants Ă  Gaza », alors qu’il leur suffit d’une phrase pour tout stopper ?

    Je pense que les Occidentaux n’ont aucune volontĂ© politique. Et donc ils soutiennent. Ma colĂšre, ma vraie colĂšre, elle est lĂ .
    Illustration 1
    Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits humains, à Madrid, le 22 janvier 2024. © Photo Daniel Gonzalez / EFE via MaxPPP

    La France plaide dĂ©sormais ouvertement pour un cessez-le-feu. Et elle n’est plus la seule dĂ©sormais...
    Mais il n’y a pas de cessez-le-feu ! Tout se passe selon les souhaits de NĂ©tanyahou, et ses ministres [d’extrĂȘme droite – ndlr] Smotrich et Ben-Gvir : des tueries de masse, la destruction de masse, la famine de masse, le dĂ©placement de masse. Une nouvelle Nakba est en cours. Un million et demi de personnes qui sont Ă  Rafah en ce moment mĂȘme, prĂšs de la frontiĂšre avec l’Égypte, peuvent ĂȘtre expulsĂ©es de Gaza d’une minute Ă  l’autre.

    Nous sommes tuĂ©s par des armes amĂ©ricaines et europĂ©ennes. Pourquoi continuent-ils de soutenir IsraĂ«l ? Je n’arrive pas Ă  comprendre !

    Depuis des mois, nous assistons Ă  un gĂ©nocide. Ce ne sont pas des allĂ©gations : c’est la Cour internationale de justice, la plus importante du monde, qui a parlĂ© de « gĂ©nocide plausible ». Et vos pays ne font rien ! Nous sommes tuĂ©s par des armes amĂ©ricaines et europĂ©ennes. Pourquoi continuent-ils de soutenir IsraĂ«l ? Je n’arrive pas Ă  comprendre ! Les seuls États en Europe qui ne se comportent pas ainsi sont l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la SlovĂ©nie.

    Que demandez-vous aux pays europĂ©ens ?

    Le respect de la loi. Agissez envers la Palestine comme vous agissez pour l’Ukraine ! ArrĂȘtez les tueries, arrĂȘtez la famine, arrĂȘtez les dĂ©placements de population ! De nombreuses ONG internationales, mais aussi israĂ©liennes, ont documentĂ© la violation des droits des l’homme par IsraĂ«l. Pourquoi les relations commerciales continuent-elles comme si de rien n’était, alors que le traitĂ© entre l’Union europĂ©enne et IsraĂ«l mentionne le nĂ©cessaire respect des droits de l’homme ?

    Pourquoi IsraĂ«l est-il Ă  l’Eurovision ? Pourquoi IsraĂ«l est-il prĂ©sent aux Jeux olympiques ? Pourquoi les IsraĂ©liens peuvent-ils venir sans visa en Europe alors que les EuropĂ©ens, mĂȘme des ministres, doivent demander aux autoritĂ©s israĂ©liennes s’ils veulent visiter Gaza, et la plupart du temps n’y sont pas autorisĂ©s ? Que quelqu’un me dise pourquoi ils sont rĂ©compensĂ©s parce qu’ils commettent un gĂ©nocide !

    Les États-Unis prĂ©sentent ce vendredi une rĂ©solution au Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies pour un « cessez-le-feu » et la libĂ©ration des otages. La France annonce elle aussi une rĂ©solution sur un « cessez-le-feu immĂ©diat ». Qu’en pensez-vous ?

    Ce sont des menteurs. Comment leur faire confiance, Ă  moins d’ĂȘtre stupide, naĂŻf ou les deux ? Ils fournissent les avions, les bombes. Des soldats occidentaux nous combattent. Des Français, des Italiens, des AmĂ©ricains. Ce n’est pas un secret, la population de Gaza le voit. IsraĂ«l procĂšde Ă  une occupation militaire et criminelle depuis des dĂ©cennies. C’est l’occupation la plus longue et la plus documentĂ©e au monde. L’Afrique du Sud mais aussi le BrĂ©sil donnent Ă  l’Europe une leçon de morale et de droits humains.

    Vous ĂȘtes gazaoui


    Je suis un fier rĂ©sident de Gaza. Je dis « rĂ©sident » et pas « ressortissant », parce que nous n’avons pas la nationalitĂ©, et ce sont les IsraĂ©liens qui dĂ©cident de notre rĂ©sidence.

    Au début de la guerre, votre propre maison a été bombardée.

    J’ai subi deux bombardements. Je monte les dossiers des crimes de guerre israĂ©liens devant les tribunaux : je fais donc partie de ceux qui sont ciblĂ©s. J’ai Ă©tĂ© bombardĂ© une premiĂšre fois le 18 octobre, la nuit, chez moi, j’étais avec ma femme et mon fils. Ça a durĂ© prĂšs de deux heures : un tapis de bombes dans le quartier, jusqu’à deux cent mĂštres de nous. Une bombe a mĂȘme touchĂ© la maison. J’ai dĂ©mĂ©nagĂ© dans une autre maison Ă  Gaza City.

    Le 23 octobre, Ă  nouveau, la mosquĂ©e et le poste de police Ă  cĂŽtĂ© de mon domicile ont Ă©tĂ© ciblĂ©s, bombardĂ©s par sept Ă©normes bombes. Nous avons survĂ©cu. Chaque minute, chaque heure, nous avons eu peur que le bĂątiment tombe sur notre tĂȘte. Il faut vous imaginer : ce sont des bombes gigantesques, qui vont jusqu’à 20 mĂštres dans le sol. Vous avez l’impression qu’elles vous atteignent directement.

    Des centaines, des milliers de ces bombes ont Ă©tĂ© utilisĂ©es Ă  Gaza. J’ai tentĂ© de partir au sud, Ă  Khan YounĂšs, mais je n’ai pas pu. La deuxiĂšme fois, un ami m’a enjoint Ă  la derniĂšre minute de revenir sur mes pas : d’autres gens avaient essayĂ© de fuir, il y avait des dizaines de corps dans la rue. J’ai fini par rejoindre Khan YounĂšs fin novembre, et j’ai pu finalement me rendre en Égypte.

    Je n’arrive toujours pas Ă  rĂ©aliser le nombre de morts.

    Que sont devenus vos proches, vos ami·es ?

    DĂšs la premiĂšre semaine, j’ai arrĂȘtĂ© d’adresser des condolĂ©ances. Je n’arrive toujours pas Ă  rĂ©aliser le nombre de morts. Chaque jour, j’entends parler d’amis, de voisins, de collĂšgues morts, partout dans la bande de Gaza.

    J’ai connu les six guerres de Gaza, j’ai menĂ© des enquĂȘtes sur de nombreux crimes de guerre. Cette fois, dĂšs le premier jour, j’ai compris que c’était diffĂ©rent. Pour la premiĂšre fois, j’ai demandĂ© aux 65 collaborateurs de mon organisation de ne pas bouger de chez eux, de ne pas aller enquĂȘter sur place, de seulement documenter ce qui se passe dans leur voisinage.

    Onze collaborateurs sont partis au Caire, sept sont en Cisjordanie. Deux ont Ă©tĂ© tuĂ©es. L’une avec trente-sept membres de sa famille. Une autre avec sept de ses proches.

    Qu’est-ce qui est diffĂ©rent cette fois ?

    DĂšs le premier jour, les hĂŽpitaux, les Ă©coles, les abris, les locaux de l’UNRWA [l’agence onusienne des rĂ©fugiĂ©s palestiniens, cheville ouvriĂšre de l’aide humanitaire Ă  Gaza, victime d’une campagne d’IsraĂ«l – ndlr] ont Ă©tĂ© ciblĂ©s. Mais aussi les boulangeries, les installations pour dĂ©saliniser l’eau, les systĂšmes d’assainissement, les usines d’électricitĂ©, les routes.

    C’était trĂšs clair dĂšs le dĂ©but. Il s’agit d’une stratĂ©gie planifiĂ©e et intentionnelle de nettoyer Gaza de ses civils. C’est une Ă©vidence. J’en ai beaucoup discutĂ© avec mes collĂšgues avocats, qu’ils soient palestiniens, europĂ©ens, amĂ©ricains ou sud-africains. Au bout de dix jours, tout le monde Ă©tait d’accord : c’est un gĂ©nocide. Les faits sont clairs.

    Bombarder deux, trois, voire cinq hĂŽpitaux, Ă  la limite, on peut le concevoir. Mais pourquoi attaquer 38 hĂŽpitaux ? Quelle est l’intention ? Pourquoi s’en prendre aux enfants malades, aux docteurs, aux ambulances ? Pourquoi attaquer les mosquĂ©es et les Ă©glises ? Pourquoi s’en prendre aux zones les plus peuplĂ©es ? AnĂ©antir des familles entiĂšres, avec parfois des dizaines de morts, et selon nos estimations encore jusqu’à 10 000 tuĂ©s encore sous les dĂ©combres ? Forcer les gens Ă  quitter le nord tout en les bombardant ? Les affamer et empĂȘcher l’accĂšs de l’aide humanitaire ? DĂ©truire des supermarchĂ©s ?

    Dans ce chaos, comment pouvez-vous documenter les crimes de guerre ?

    Le premier mois, cinq ou six d’entre nous ont commencĂ© Ă  collecter tout ce qu’ils pouvaient. Nous ne pouvons pas documenter les destructions contre les 38 hĂŽpitaux. Mais nous pouvons nous concentrer sur ce qui s’est produit Ă  l’hĂŽpital Al-Shifa, Ă  l’hĂŽpital Al-Qods, Ă  l’hĂŽpital indonĂ©sien. Car ce qui s’y est passĂ© s’est rĂ©pĂ©tĂ© ailleurs, selon le mĂȘme scĂ©nario.

    Donc nous recueillons de nombreux tĂ©moignages, relevons les munitions utilisĂ©es. Nous documentons les stratĂ©gies de famine, le dĂ©placement. Et la torture. Personne ne parle des 4 000 prisonniers arrĂȘtĂ©s Ă  Gaza. Ils ont Ă©tĂ© torturĂ©s dans des conditions pires que Guantanamo et Abu Ghraib. Personne ne parle non plus des meurtres extrajudiciaires de l’armĂ©e israĂ©lienne contre des familles et des jeunes.

    Votre organisation a contribuĂ© Ă  la procĂ©dure pour gĂ©nocide de l’Afrique du Sud Ă  la Cour internationale. Vous Ă©tiez vous-mĂȘme Ă  La Haye lors des auditions. Le 26 janvier, la Cour a exigĂ© des mesures provisoires pour Ă©viter un « gĂ©nocide plausible ». Et depuis ?

    IsraĂ«l affirme que tout cela n’existe pas. Mais ce qu’a dit la CIJ, ce n’est pas une discussion d’intellectuels dans un coin que personne ne devrait respecter ! Les mesures provisoires prononcĂ©es signifient que quelque chose de grave se passe et qu’il faut le stopper. La Cour n’a pas demandĂ© un cessez-le-feu, mais en rĂ©alitĂ© elle a soulevĂ© le sujet : car comment protĂ©ger les civils, arrĂȘter les massacres, faire entrer les mĂ©dicaments et la nourriture s’il n’y a pas de cessez-le-feu ?

    La CIJ a signalĂ© Ă  la communautĂ© internationale que c’était Ă  elle d’agir. La France et l’Allemagne s’étaient engagĂ©es Ă  respecter sa dĂ©cision. Et maintenant ? Les Français et les Allemands prient IsraĂ«l d’autoriser l’aide humanitaire, de coopĂ©rer. Honte Ă  eux ! Ils permettent Ă  IsraĂ«l d’exĂ©cuter son plan : faire sortir les Palestiniens de Gaza, mener son gĂ©nocide. C’est une autorisation de tuer. À l’heure oĂč nous parlons, un million et demi de Gazaouis se retrouvent dans une aire de 40 kilomĂštres carrĂ©s prĂšs de Rafah. À tout moment, en bombardant Rafah, NĂ©tanyahou peut dĂ©clencher une nouvelle Nakba.

    Vous reprĂ©sentez des victimes palestiniennes devant la Cour pĂ©nale internationale depuis des annĂ©es. Qu’attendez-vous d’elle ?

    C’est une question importante. En 2015, l’AutoritĂ© palestinienne est devenue membre de la CPI [elle a ainsi saisi la juridiction de la Cour sur les crimes prĂ©sumĂ©s commis « dans les Territoires palestiniens occupĂ©s, JĂ©rusalem-Est inclus, depuis le 13 juin 2014 – ndlr]. L’enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©ellement ouverte en 2021 par l’ancienne procureure gĂ©nĂ©rale, Fatou Bensouda.

    Nous Ă©tions soulagĂ©s. Nous nous sommes dit : enfin, IsraĂ«l va payer pour ses crimes de guerre, ses persĂ©cutions et ses crimes contre l’humanitĂ©. L’actuel procureur, Karim Khan, a pris la tĂȘte de la CPI en juin 2021. Depuis, il n’a rien fait. Nous avons tous les dossiers. Nous l’avons implorĂ© de nous recevoir. Il n’a jamais acceptĂ©.

    AprĂšs le 7 octobre, il s’est dĂ©pĂȘchĂ© de voir les victimes israĂ©liennes sur le thĂ©Ăątre des crimes. Mais il n’est pas venu Ă  Gaza. Pour moi, il est l’homme de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Europe. Dans le cas ukrainien, il a commencĂ© une enquĂȘte trĂšs vite. Il a Ă©mis un mandat d’arrĂȘt contre Poutine un an aprĂšs le dĂ©but de la guerre. Pour nous, il n’a rien fait.

    Le procureur de la Cour pĂ©nale internationale nous a promis qu’il ne nous dĂ©cevrait pas. C’était en janvier. Depuis ? Aucune nouvelle.

    Nous avons protestĂ©, il a commencĂ© Ă  sentir notre pression. Il n’a demandĂ© Ă  nous rencontrer que lorsque nous avons dĂ©posĂ© la requĂȘte devant la Cour internationale de justice. Nous lui avons parlĂ© en visio le 11 janvier, le deuxiĂšme jour des auditions devant la CIJ. Je lui ai adressĂ© toutes mes critiques. Je lui ai dit qu’il devrait ĂȘtre la conscience lĂ©gale des victimes, que nous avons tous les dossiers, les preuves, les faits. Je lui ai dit : « Si vous aviez rĂ©agi avant, si vous aviez dans ce cas aussi dĂ©clenchĂ© des procĂ©dures, peut-ĂȘtre auriez-vous envoyĂ© des messages Ă  IsraĂ«l et cet affreux gĂ©nocide n’aurait pas eu lieu. »

    Il a reconnu que ce qui se passe n’est pas acceptable, nous a demandĂ© de coopĂ©rer avec lui, nous a promis qu’il ne nous dĂ©cevrait pas. C’était en janvier. Depuis ? Aucune nouvelle, ni rien de tangible. Notre sentiment, c’est qu’il ne veut pas qu’IsraĂ«l rende des comptes. Je ne le respecte pas et je ne lui fais pas confiance.

    Depuis des semaines, des discussions ont lieu sur une trĂȘve, la libĂ©ration des otages israĂ©liens et des prisonniers palestiniens, entre IsraĂ«l et le Hamas, sous l’égide des États-Unis et du Qatar. Pourtant, elles n’aboutissent pas.

    Mais IsraĂ«l se moque des otages ! Ils dĂ©tiennent Ă  peu prĂšs 3 000 prisonniers arrĂȘtĂ©s en Cisjordanie, et 4 000 prisonniers de Gaza. À vrai dire, ceux de Gaza, nous ne connaissons mĂȘme pas leur nombre exact. DĂ©jĂ , parce que personne ne sait qui est mort ou vivant parmi ceux [les membres du Hamas et des autres groupes palestiniens – ndlr] qui Ă©taient en IsraĂ«l au moment du 7 octobre.

    Par ailleurs, c’est l’armĂ©e israĂ©lienne qui contrĂŽle tout, au point que l’autoritĂ© israĂ©lienne chargĂ©e des prisons n’a pas d’informations prĂ©cises. Les prisonniers sont dans des camps militaires. Ce que nous savons, c’est qu’ils sont d’abord interrogĂ©s, puis qu’une enquĂȘte est menĂ©e. Les prisonniers n’ont pas de nom, seulement un numĂ©ro. Nous avons documentĂ© des centaines de cas de torture. C’est sans prĂ©cĂ©dent. Certains prisonniers ont Ă©tĂ© tuĂ©s.

    Ensuite, les prisonniers sont interrogĂ©s par le Shin Bet israĂ©lien [les services du renseignement intĂ©rieur – ndlr] dans un camp militaire prĂšs de JĂ©rusalem. Tout cela se passe hors du droit. Imaginez ce qu’ils peuvent faire avec eux dans ces conditions. IsraĂ«l a ramenĂ© et enterrĂ© de nombreux corps Ă  Gaza. Sur ces cadavres, nous ne savons rien : pourquoi et comment IsraĂ«l les dĂ©tenait, qui ils sont, il n’y a aucun moyen de les identifier. Si vous ajoutez leurs cas Ă  tous les morts dĂ©jĂ  connus, nous avons lĂ  un crime de masse qu’il va falloir documenter.

    Les Palestiniens vivent l’époque la plus sanglante, la plus destructrice de leur histoire. Nous n’avons pas le droit d’abandonner ni le droit d’ĂȘtre de bonnes victimes aux yeux du monde. Nous dĂ©fendons une cause juste. Nous sommes dans le bon sens de l’histoire. Je reste un optimiste stratĂ©gique et compte documenter les crimes en cours avec les armes du droit.

    Pour l’heure, la guerre est en cours. Un jour, elle s’arrĂȘtera. Quelle est la solution politique ?

    Je me doutais que les accords d’Oslo allaient institutionnaliser l’occupation. Maintenant ? Nous voulons la fin de cette occupation. C’est tout. Il n’y a jamais d’occupation juste. Nous serons heureux avec les 22 % de la Palestine historique [les Territoires occupĂ©s par IsraĂ«l – ndlr], et la possibilitĂ© de dĂ©cider de notre futur, avec, je l’espĂšre, un paysage politique qui pourrait changer si [le militant palestinien] Marwan Barghouti ou d’autres personnalitĂ©s sont libĂ©rĂ©s de prison.

    Notre existence ne peut ĂȘtre niĂ©e. Nous avons toujours Ă©tĂ© lĂ . Et nous serons toujours lĂ . Et nous sommes d’autant plus forts que la sociĂ©tĂ© civile amĂ©ricaine, europĂ©enne et mondiale nous soutient. À elles et eux, je veux dire merci : nous sommes fiers de vous, nous savons ce que vous faites, vous ĂȘtes la clĂ© du changement.

    Mathieu Magnaudeix

    • [...] c’est la Cour internationale de justice, la plus importante du monde, qui a parlĂ© de « gĂ©nocide plausible ». Et vos pays ne font rien ! Nous sommes tuĂ©s par des armes amĂ©ricaines et europĂ©ennes. Pourquoi continuent-ils de soutenir IsraĂ«l ? Je n’arrive pas Ă  comprendre ! Les seuls États en Europe qui ne se comportent pas ainsi sont l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la SlovĂ©nie.
      [...]

      BoĂźte noire

      Raji Sourani Ă©tait de passage Ă  Paris jeudi 21 et vendredi 22 mars. L’entretien a eu lieu jeudi aprĂšs-midi dans un cafĂ© prĂšs de l’AssemblĂ©e nationale. Il n’a pas Ă©tĂ© relu par l’intĂ©ressĂ©.

  • C’est pour cette Une que SaadĂ© a mis Ă  pied le directeur de la rĂ©daction de La Provence.
    Ce serait dommage que tout le monde la voit


    Des nouvelles de la France de Vladimir Macron :

    Mardi, face Ă  ses nouvelles troupes de BFM TV et RMC, Rodolphe SaadĂ© affirmait « ne pas intervenir » dans ses mĂ©dias. Il a pourtant choisi de mettre Ă  pied le directeur de la rĂ©daction de la Provence, AurĂ©lien Viers, pour une Une jugĂ©e trop anti-Macron. (source LibĂ©ration)

    ▻https://twitter.com/realmarcel1/status/1771187928493965790

  • Sabotage des gazoducs Nord Stream : l’ambassadeur d’Ukraine Ă  Londres soupçonnĂ© d’ĂȘtre impliquĂ© dans l’explosion
    ▻https://www.francetvinfo.fr/enquetes-franceinfo/enquete-franceinfo-l-ambassadeur-d-ukraine-a-londres-soupconne-d-etre-i

    Fin 2023, un commandant des forces spĂ©ciales ukrainiennes, Roman Tchervinski, Ă©tait citĂ© comme responsable de l’explosion du gazoduc Nord Stream. Mais la piste de l’ex-chef de l’état-major ukrainien, Valeri Zaloujny, nommĂ© ambassadeur d’Ukraine Ă  Londres, semble aujourd’hui plus vraisemblable.

    Christiansoe est une petite Ăźle de 22 hectares situĂ©e en mer Baltique, Ă  mi-chemin entre la Pologne et la SuĂšde. C’est une rĂ©serve d’oiseaux migrateurs, sur laquelle vivent moins de 100 habitants. Un endroit qui d’habitude n’attire pas l’attention, sinon de quelques rares touristes. Et pourtant, en 2022, alors que l’étĂ© touche Ă  sa fin, l’Otan y conduit des manƓuvres militaires. Un navire scientifique russe croise dans le secteur, tandis que des avions de surveillance suĂ©dois survolent la zone. Sans doute parce qu’au large de ce petit bout de terre reposent sur les fonds marins plusieurs tuyaux d’une importance vitale : les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 qui acheminent le gaz russe vers l’Allemagne.

  • Appel Ă  la saison 7 des SoulĂšvements de la terre
    ▻https://lessoulevementsdelaterre.org/en-eu/blog/appel-a-la-saison-7-des-soulevements-de-la-terre-

    Cela fait maintenant 3 ans que les SoulĂšvements de la terre bataillent sans relĂąche contre ceux qui planifient le ravage. En mars dernier, suite Ă  la manifestation de Sainte-Soline, l’État a voulu nous Ă©craser par une rĂ©pression mĂȘlant l’arsenal anti-terroriste et la dissolution administrative. Notre rĂ©ponse a Ă©tĂ© de maintenir un rythme soutenu d’actions dĂ©terminĂ©es durant la saison 5, de Saint-Colomban Ă  la Maurienne en passant par Rouen. La saison 6 s’est ensuite ouverte par une ZAD alpine au sommet de la Girose pour interrompre le chantier du 3e tronçon du tĂ©lĂ©phĂ©rique de la SATA. En octobre, une grande manif-action avec 6 cortĂšges coordonnĂ©s contre l’A69 a dĂ©bordĂ© le dispositif policier. En dĂ©cembre, la saison s’est conclue par une vaste campagne d’actions dĂ©centralisĂ©es contre Lafarge et le monde du bĂ©ton appelĂ©e par une large coalition d’organisations et appuyĂ©e par les comitĂ©s locaux des SoulĂšvements.

    Quelques semaines auparavant, au terme d’une audience ubuesque, la dissolution avait fini par faire pschiiiit. Bien que la menace rĂ©pressive continue de planer au-dessus de nos tĂȘtes, nous sommes encore lĂ , prĂȘt·es pour une septiĂšme saison de blocages, d’occupations et de dĂ©sarmements.

    Nous continuons de creuser notre sillon : quitter le registre des petits gestes pour embrasser celui de l’action collective rĂ©solue, convertir les espoirs sans cesse déçus de transition Ă©cologique en foyers de rĂ©sistances territoriales. Nous ouvrons aussi de nouvelles pistes pour arrimer davantage l’écologie aux luttes sociales et construire pas Ă  pas des actions avec les travailleur·euses du BTP et du complexe agro-industriel.

    Alors que s’ouvre la campagne pour les Ă©lections europĂ©ennes, partout sur le continent l’extrĂȘme-droite monte en puissance, et s’inscrit dans une exaltation nationaliste de la terre. Au rebours de ce repli rĂ©actionnaire comme de la campagne anti-Ă©colo du gouvernement, nos actions visent Ă  dĂ©fendre et reprendre les terres dans une perspective Ă©cologiste, anti-capitaliste, anti-patriarcale et anti-coloniale. Nous croyons dans nos capacitĂ©s Ă  agir pour une vie dĂ©sirable dans un monde habitable oĂč tous.tes puissent avoir accĂšs Ă  la terre, au logement et Ă  l’alimentation.

    #SoulĂšvements_de_la_terre #slt #Ă©cologie

    • 1 – MĂ©ga-bassines : remonter la filiĂšre maĂŻs pour faire sauter un maillon de la chaĂźne agro-industrielle

      Impossible de comprendre pourquoi le gouvernement et la FNSEA s’accrochent Ă  ce point aux chantiers de mĂ©ga-bassines sans saisir leur fonction Ă©minemment stratĂ©gique pour la cĂ©rĂ©aliculture industrielle, et en particulier la filiĂšre maĂŻs. Celle-ci reprĂ©sente 18 % de l’eau consommĂ©e en France. Elle se situe au croisement de plusieurs enjeux majeurs : les OGM anciens et « nouveaux », l’approvisionnement des Ă©levages hors-sol concentrĂ©s dans les fermes-usines, la place dĂ©mesurĂ©e de l’export dans la production agricole française, la mĂ©thanisation, l’usage effrĂ©nĂ© d’herbicides et de fongicides, et bien sĂ»r l’eau et son partage.

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      2 – S’organiser pour enrayer la logistique du dĂ©sastre

      Chaque annĂ©e, plus de 2 millions de mĂštres carrĂ©s d’entrepĂŽts sont construits en France, dans une dynamique d’artificialisation dont la courbe de croissance est exponentielle. Pour alimenter ces entrepĂŽts, il faut des routes, des autoroutes, des camions Ă  n’en plus finir, des avions-cargos, des porte-conteneurs et des ouvrier·es qui y laissent leur santĂ©. À travers ces infrastructures et leurs multiples ramifications, l’empire logistique broie le vivant, grignote les terres fertiles, rase les forĂȘts, nous Ă©touffe sous le bitume et le CO2 et s’accapare les fruits de notre travail. Ce secteur est stratĂ©gique. Il soumet tous les territoires Ă  la tyrannie du marchĂ© global. En transportant tout et n’importe quoi Ă  bas coĂ»t, l’empire logistique produit de la dĂ©localisation, du dumping social, de la sous-traitance et des boulots pourris.

  • « Le monde rĂ©el est Harkonnen » : Dune 2, blockbuster anticolonial ?
    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Le-monde-reel-est-Harkonnen-Dune-2-blockbuster-anticolonial?var

    Longtemps, Dune a Ă©tĂ© rĂ©putĂ© inadaptable. Avec des choix judicieux, Denis Villeneuve prouve le contraire, dans une adaptation oĂč lire entre les lignes est primordial. (Cet article contient des spoilers )

    Difficile de ne pas penser Ă  ce que vit le peuple palestinien dans la bande de Gaza depuis maintenant 6 mois en sortant de Dune 2, la deuxiĂšme partie de l’adaptation par Denis Villeneuve du roman Ă©ponyme de Frank Herbert. Le film dĂ©tonne tellement dans le paysage cinĂ©matographique hollywoodien qu’une vaste entreprise de dĂ©politisation de son contenu semble avoir lieu en France, oĂč toutes les critiques du film en font un blockbuster grandiose mais apolitique.

    Les premiĂšres scĂšnes du film mettent en scĂšne l’intĂ©gration de Paul AtrĂ©ides (TimothĂ©e Chalamet) et de sa mĂšre Jessica (Rebecca Ferguson) au sein des Fremen, le peuple autochtone de la planĂšte Arrakis. Des scĂšnes particuliĂšrement rĂ©ussies, tant d’un point de vue visuel que sonore. La volontĂ© de Denis Villeneuve de tourner les scĂšnes de dĂ©sert en lumiĂšre naturelle permet de nous immerger dans un dĂ©sert rugueux, violent, mortel. Celles-ci plongent directement le spectateur au cƓur du groupe qu’il avait quittĂ© Ă  la fin du premier film et, rapidement, le film met en avant les principaux sujets au cƓur de l’Ɠuvre original : les luttes de dĂ©colonisation, les gĂ©nocides, l’économie capitaliste, le rĂŽle de la religion comme outil de contrĂŽle des peuples ou encore les jeux de pouvoirs des nobles et leurs effets sur les dominĂ©s.

    « Celui qui contrĂŽle l’Épice contrĂŽle l’univers » : un film anticolonial ?

    Ne nous y trompons pas : Dune est un roman d’émancipation anti-colonialiste. L’Ɠuvre originale porte en son sein cette question. Au cƓur de l’histoire, on retrouve Arrakis, planĂšte des sables, d’oĂč est extrait l’Épice ou MĂ©lange, substance psychoactive indispensable au voyage spatial, et les Fremen, peuple autochtone luttant pour sa survie. La planĂšte est occupĂ©e par une puissance impĂ©rialiste, la faction de la famille Harkonnen, qui en extrait l’Épice au service de l’empereur galactique. Le livre, sorti en 1965, en plein contexte de guerre de dĂ©colonisation, parle donc des luttes d’émancipation nationale, en mettant au centre de celles-ci le contrĂŽle des richesses, le parallĂšle entre l’Épice et le pĂ©trole Ă©tant Ă©vident.

    Si le roman a Ă©tĂ© Ă©crit au moment de la guerre du Vietnam et de la guerre d’AlgĂ©rie, le propos est toujours aussi actuel. En mars 2024, impossible de ne pas voir dans les Fremen le peuple palestinien ou d’autres peuples qui ont souffert des guerres impĂ©rialistes, dans la lutte pour le contrĂŽle du pĂ©trole depuis un siĂšcle et demi, et luttĂ© pour leur auto-dĂ©termination. Les paysages dĂ©sertiques, les Feydakin (les soldats Fremen d’élite), une lutte de guĂ©rilla : toutes les rĂ©fĂ©rences dirigent le spectateur vers des parallĂšles avec les guerres du Moyen Orient pour le contrĂŽle de l’or noir, depuis le partage de l’empire Ottoman jusqu’à nos jours, en passant par les guerres de dĂ©colonisation. Un propos rĂ©ussi, mais qui n’a pas Ă©tĂ© sans contradiction dans la production du film.

    Dans ce cadre, et notamment au Moyen Orient, le film a suscitĂ© des critiques autour de la façon dont est traitĂ© l’Islam mais aussi pour son casting trĂšs occidental. Dans son livre, Frank Herbert ne cesse de mobiliser des rĂ©fĂ©rences de l’Islam dans son vocabulaire, les concepts fondamentaux de sa religion et son organisation sociale. Un Islam proche du soufisme, mais qui mĂȘle de nombreuses inspirations perses, tchĂ©tchĂšnes, arabes ou encore ottomanes. Aussi, on peut s’interroger sur certains choix fait Denis Villeneuve et la production du film pour traduire ces rĂ©alitĂ©s.

    Si l’aspect anticolonial de la lutte est omniprĂ©sent, dans un sens, le film a cherchĂ©, dans un sens, Ă  « dĂ©sislamiser » l’Ɠuvre originale. Ce choix n’est pas un choix de narration, mais bien un choix politique. Il se traduit Ă  deux niveaux : d’un cĂŽtĂ©, de nombreux termes musulmans prĂ©sents dans le livre, comme le « Jihad » traduit en « Guerre Sainte », ont Ă©tĂ© en grande partie gommĂ©s et remplacĂ©s. Dans le mĂȘme temps, la religion Fremen est en grande partie ridiculisĂ©e par le film, notamment au travers du personnage de Stilgar, chef politique des Fremen, prĂ©sentĂ© comme un dĂ©vot un peu idiot. L’Ɠuvre originale insiste sur la façon dont Paul et Jessica radicalisent par la religion les Fremen, lĂ  oĂč le film pose le fanatisme comme un fait prĂ©Ă©tabli.

    Le second niveau se traduit dans le casting des personnages : les deux personnages Fremen principaux, Stilgar et Chani, sont reprĂ©sentĂ©s respectivement par Javier Bardem, d’origine espagnole et Zendaya, d’origine amĂ©ricaine. Un choix regrettĂ© par de nombreux critiques moyen-orientaux, pour lesquels l’histoire a subi un « whitewashing » et pour lesquels il aurait fallu un casting mettant en avant des acteurs du Moyen-Orient. Choix de Denis Villeneuve ou des studios ? Difficile de le savoir, mais les faits sont lĂ .

    « Le systĂšme actuel est Harkonnen » : les Fremen face au capitalisme

    Pour autant, ces Ă©lĂ©ments de critique ne remettent pas en cause la dimension clairement anticoloniale du film : les parallĂšles avec l’oppression du Moyen Orient par les occidentaux sont claires, y compris dans les intentions du rĂ©alisateur. Dans la prĂ©face de la rĂ©Ă©dition de Dune chez Robert Laffont en 2020, Denis Villeneuve expliquait : « La tendance Ă  objectifier la nature dĂ©bordant des frontiĂšres occidentales, les politiques nĂ©olibĂ©rales et leur globalisation se transformant en vĂ©ritables dogmes planĂ©taires, la religion Ă©conomique rĂšgne maintenant sur l’ensemble des sphĂšres d’activitĂ© humaines. Tout s’achĂšte maintenant, mĂȘme les consciences. Ce systĂšme est surpuissant, impitoyable, tricheur, aux relents colonialistes, enfante mĂȘme parfois des entitĂ©s corporatives psychopathes, bref, ce systĂšme est Harkonnen. Et pour le renverser et survivre Ă  ses consĂ©quences, il nous faudra peut-ĂȘtre suivre les pas de Muad-Dib ».

    Aucun parallĂšle avec les conflits au Moyen-Orient, mais aussi avec les horreurs crĂ©Ă©es par le systĂšme capitaliste n’est donc fortuit. Non seulement le film met en avant une lutte anti-impĂ©rialiste, mais aussi une lutte anticapitaliste. La diffĂ©rence entre la sociĂ©tĂ© fremen, oĂč la monnaie d’échange est l’eau, matiĂšre premiĂšre limitĂ©e sur la planĂšte, et les solaris de l’Imperium est ainsi frappante : face au pouvoir de l’argent, s’imagine une sociĂ©tĂ© oĂč la monnaie d’échange dĂ©pend des ressources planĂ©taires limitĂ©e, qu’il convient de recycler Ă  tout prix. « L’eau est l’argent » explique dans le livre Jessica, la mĂšre de Paul en arrivant dans la communautĂ© Fremen qu’elle ne connaĂźt pas. Dans la description Ă©conomique d’un tel monde, les deux films de Denis Villeneuve rĂ©ussissent de loin Ă  surpasser le Dune de David Lynch sorti en 1984, mĂȘme si cette Ă©conomie reste Ă  l’état d’esquisse, de toile de fond.

    Entrevues dans le film, les immenses bassins de rĂ©tention de l’eau font partie d’un projet de terraformation de la planĂšte pour en rendre une partie cultivable, tout en conservant une grande partie de dĂ©sert, un projet conçu pour durer plusieurs gĂ©nĂ©rations avant de pouvoir se rĂ©aliser. Dans un contexte oĂč l’opulence de l’empire contraste avec les ressources planĂ©taires extrĂȘmement limitĂ©es dont disposent les Fremen, le film montre la difficultĂ© immense qu’ont les Fremen Ă  construire une sociĂ©tĂ© qui sorte de la pĂ©nurie systĂ©mique face au pillage orchestrĂ© par les grandes les Maisons de l’univers de Dune. MalgrĂ© ce contexte de pĂ©nurie, il prĂ©sente aussi une sociĂ©tĂ© planifiĂ©e et peut-ĂȘtre plus Ă©galitaire, oĂč le gaspillage de la moindre ressource n’est pas tolĂ©rĂ©.

    Une opposition qui justifie les massacres orchestrĂ©s par Rabban, le neveu du baron Harkonnen. Si le projet original des AtrĂ©ides que porte le pĂšre de Paul, Leto, dans le premier film, paraĂźt plus humain, il n’en reste pas moins un projet d’économie coloniale. Si Leto veut donner la paix aux Fremen et collaborer, ce n’est que pour contrer les Harkonnen et permettre une meilleure production de l’Épice. Les AtrĂ©ides et les Harkonnen sont les deux faces d’une mĂȘme piĂšce, et le passage de l’un Ă  l’autre ne remet en cause qu’à la marge la domination coloniale. Le parallĂšle avec les tentatives d’adoucir le joug colonial aprĂšs la deuxiĂšme guerre mondiale est Ă©vident. Paul symbolise ces deux faces d’une mĂȘme piĂšce, par son pĂšre Leto AtrĂ©ides, et par sa mĂšre, qui n’est autre que la fille cachĂ©e du baron Harkonnen. Mais le massacre de sa famille va amener Paul Ă  trouver d’autres moyens pour retrouver son statut social.

    DĂ©tournement de la rĂ©volte, Ă©preuve de la religion : les dures Ă©preuves de l’émancipation

    Le destin d’Arrakis, comme celui de tout l’univers connu, tourne autour de Paul AtrĂ©ides. NĂ© fils de Duc, il est aussi le rĂ©sultat de croisements gĂ©nĂ©tiques prĂ©parĂ©s par le Bene Gesserit et d’un entraĂźnement et une Ă©ducation intensive visant Ă  dĂ©cupler ses facultĂ©s mentales et physiques. Le projet de la secte du Bene Gesserit est de dĂ©velopper des dirigeants dotĂ©s de pouvoirs psychiques extraordinaires, mais aussi de contrĂŽler les grandes Maisons de l’Empire en les conseillant et en manipulant les populations. Comme sur toutes les planĂštes, la religion des Fremen a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e de toute piĂšce par le Bene Gesserit : « des lĂ©gendes protectrices fermement implantĂ©es dans ce peuple dans l’attente du jour oĂč une Bene Gesserit en aurait besoin » explique le livre.

    En quĂȘte de pouvoir, Paul va donc se tourner vers la religion. Denis Villeneuve a consciemment concentrĂ© son adaptation sur le sujet du rapport entre politique et religion. Dans la sociĂ©tĂ© Fremen, une grande majoritĂ© des individus semblent adhĂ©rer aux mythes implantĂ©s par le Bene Gesserit : de nombreux croyants attendent un prophĂ©tique messie, le « Lisan al’Gaib » venant les dĂ©livrer de l’oppression, qu’ils pensent reconnaĂźtre en Paul. Dans le film, l’incarnation de cette ferveur est incarnĂ©e par Stilgar (Javier Bardem), chef d’une des villes Fremen, dont le rĂŽle politique est effacĂ© pour mettre en avant ses croyances superstitieuses.

    Si TimothĂ©e Chalamet peut rendre le personnage de Paul assez sympathique au premier plan, et si le personnage lui-mĂȘme cherche Ă  rĂ©sister au dĂ©but au projet qu’ont son pĂšre comme sa mĂšre pour son avenir, il finit par l’embrasser entiĂšrement. Dans ce sens, mĂȘme si Denis Villeneuve pourrait avoir tendance Ă  grossir le trait sur le niveau de fanatisme originel des Fremen, les faits sont lĂ  : la religion n’est en derniĂšre instance qu’un outil de domination des puissants sur les opprimĂ©s. Un outil que manient Ă  merveille de nombreux groupes comme le Bene Gesserit, qui ne sont en rien croyantes elles-mĂȘmes, mais qui dĂ©veloppent sciemment et cyniquement des religions au service des puissants : « Quand la religion et la politique voyagent dans le mĂȘme Ă©quipage et que cet Ă©quipage est conduit par un homme saint, rien ne peut l’arrĂȘter » nous explique-t-on dans les annexes de l’Ɠuvre originale.

    DĂšs lors, les jolis sourires de TimothĂ©e Chalamet ne doivent pas nous tromper : l’objet de Dune est bien une critique de la sociĂ©tĂ© de classe et de ses outils de domination. « Cette dĂ©construction matĂ©rialiste de la religion montre comment le colonialisme façonne et dĂ©forme les cultures des opprimĂ©s, Ă  la fois de maniĂšre ouvertement violente et de maniĂšre subtile et manipulatrice » expliquaient aprĂšs la sortie de Dune PremiĂšre partie Nathaniel Flakin et Lily Cichanowicz dans les colonnes de Left Voice. De surcroĂźt, Paul AtrĂ©ides, vus par les Fremen comme le Lisan al’Gaib, la « Voix venue d’Ailleurs » selon les croyances implantĂ©es par le Bene Gesserit, montre finalement qu’à aucun moment la religion ne peut ĂȘtre un outil d’émancipation jusqu’au bout des Fremens face Ă  leurs ennemis.

    Sous la direction de Paul, et grĂące Ă  la religion, ce colon venu d’ailleurs finira par dĂ©tourner un processus rĂ©volutionnaire anticolonial dans un projet impĂ©rialiste au service de sa famille et de ses intĂ©rĂȘts propres. Si les Fremen ont gagnĂ© la libertĂ© et le contrĂŽle de leurs ressources sur Arrakis, ils se sont enchaĂźnĂ©s plus durement encore au contrĂŽle du nouvel empereur Paul Muad’Dib AtrĂ©ides et Ă  son pouvoir religieux. Dans cette critique de la religion, Villeneuve a fait le choix de transformer en grande partie le personnage Chani, une jeune Fremen qui tombe amoureuse de Paul. Si celle-ci suit son amant dans tous ses choix dans l’Ɠuvre originale, elle incarne dans le film le doute envers la radicalitĂ© religieuse des Fremen, puis finit par se rebeller, refusant les choix politico-religieux de Paul. La dĂ©cision de se marier Ă  la princesse Irulan, fille de l’empereur, qui montre Ă  toutes et tous que le dessein de Paul n’est pas d’abord de libĂ©rer Arrakis mais de prendre le contrĂŽle de l’univers, est l’ultime dĂ©clencheur de ce tournant. Chani apporte ainsi un contrepoint, qui souligne combien Paul est tout sauf un hĂ©ros, met le doigt sur les ambiguĂŻtĂ©s de cette libĂ©ration par un « sauveur » suprĂȘme, tout en ouvrant la voie Ă  un personnage fĂ©minin, qui subvertit le cadre relativement patriarcal de l’Ɠuvre originale.

    Chani : l’alternative fĂ©ministe au fondement patriarcal de l’Ɠuvre originale ?

    Si l’univers de Frank Herbert est d’une profondeur politique remarquable, le rĂŽle des femmes y est malheureusement trĂšs traditionnel. On peut mĂȘme dire que le roman a Ă©tĂ© l’un des premiers Ă  reprĂ©senter ce qui deviendra un archĂ©type de la science-fiction : la femme-cyborg. Celui-ci figure des femmes aux pouvoirs extrĂȘmement dĂ©veloppĂ©s, Ă  la limite de la machine, exerçant un fort pouvoir sur les hommes. Des personnages systĂ©matiquement prĂ©sentĂ©s comme nĂ©gatifs, comme des repoussoirs. Ici, on pense Ă©videmment au Bene Gesserit, et en particulier Ă  Dame Jessica et Ă  la rĂ©vĂ©rende-mĂšre Gaius Helen Mohiam.

    Dans l’ouvrage collectif Dune, exploration scientifique et culturelle d’un monde univers, Carrie Lynn Evans dĂ©veloppe les principaux aspects de ces personnages : un self-control mental extraordinaire qui leur confĂšre un pouvoir de neuro-sĂ©duction dangereux (Dame Fenring, qui rencontre Feyd-Rautha Harkonnen pour coucher avec lui et sauvegarder son patrimoine gĂ©nĂ©tique), l’utilisation du sexe comme arme contre les hommes pour leurs propres fins, le pouvoir de faire plier les hommes par le pouvoir de La Voix et le contrĂŽle total sur la procrĂ©ation et la sĂ©lection gĂ©nĂ©tique. « Jessica et le Bene Gesserit possĂšdent tous les attraits habituels des femmes machines diabolisĂ©es : elles ont une sexualitĂ© et sont obĂ©issantes, mais sont aussi des servantes secrĂštes et dangereuses, exerçant des disciplines mentales et physiques dangereuses. [
] Des femmes qui Ɠuvrent Ă  accroĂźtre leur pouvoir pour tenter et terrifier le lectorat masculin » explique Carrie Lynn Evans.

    Face Ă  ce stĂ©rĂ©otype qui a irriguĂ© la science-fiction, Denis Villeneuve prend le parti de faire du personnage de Chani un personnage plus indĂ©pendant. Contrairement au livre, Chani ne suit pas aveuglĂ©ment Paul mais rejette la figure messianique qu’il devient. Le personnage gagne aussi en profondeur en portant un projet d’émancipation diffĂ©rent de celui dont Paul devient le leader. En faisant de Chani un personnage qui prend parti pour le fait que les opprimĂ©s ne peuvent compter que sur eux pour se libĂ©rer, Denis Villeneuve esquisse les divisions politiques qui ont toujours irriguĂ© les mouvements de rĂ©sistances.

    Alors mĂȘme que le cinĂ©ma d’autres univers de science-fiction tendent Ă  uniformiser politiquement les luttes de rĂ©sistances. Chani pourrait donc incarner une alternative : une femme qui n’est ni une demoiselle (ou une esclave sexuelle) en dĂ©tresse Ă  sauver, ni une figure maternelle relĂ©guĂ©e Ă  son rĂŽle procrĂ©atif, ni une hĂ©roĂŻne sur-sexualisĂ©e et encore moins une sorciĂšre ou religieuse malĂ©fique. Dune TroisiĂšme partie tranchera sur l’évolution du personnage, qui, on l’espĂšre, pourrait permettre Ă  l’adaptation de Denis Villeneuve d’apporter une autre dimension Ă  l’univers de Dune.

    En dĂ©finitive, malgrĂ© la complexitĂ© de Dune, Denis Villeneuve rĂ©ussit Ă  en dessiner les grandes lignes. Une gageure tant l’histoire des adaptations cinĂ©matographiques de l’Ɠuvre a Ă©tĂ© tumultueuse. Le film qui a dĂ©jĂ  cumulĂ© –trois semaines aprĂšs sa sortie– 2,9 millions d’entrĂ©es au box-office français, pourrait ĂȘtre l’adaptation qu’attendent depuis 60 ans les nombreux fans de Dune. Denis Villeneuve confirme par ce film qu’il est possible en 2024 de proposer de vraies Ɠuvres de science-fiction, face Ă  la pauvretĂ© du Marvel Cinematic Universe qui domine les super-productions hollywoodiennes. Une science-fiction qui, en dĂ©pit de sa dimension de blockbuster, renoue avec son objectif le plus noble : celui d’interroger le prĂ©sent avec ce qui pourrait advenir.

    • Quand la rĂ©alitĂ© rejoint la fiction :

      Maroc / IsraĂ«l : continuitĂ© et Ă©change du savoir-faire colonial au Sahara Occidental
      ▻https://contre-attaque.net/2024/03/21/maroc-israel-continuite-et-echange-du-savoir-faire-colonial-au-sahar

      Le colonialisme ne tue pas qu’à Gaza. Le Sahara Occidental, tout Ă  l’Ouest de l’Afrique, est l’une des derniĂšres colonies du continent. Ce territoire, bordĂ© par l’ocĂ©an Atlantique, est coincĂ© entre la province marocaine de Tarfaya, l’AlgĂ©rie et la Mauritanie.

      Une histoire d’autodĂ©termination

      En 1973, un mouvement indĂ©pendantiste ancrĂ© Ă  gauche, qui revendique l’auto-dĂ©termination du peuple sahraoui, crĂ©ait le Front Polisario (FP) pour mettre fin Ă  l’occupation espagnole du Sahara Occidental. Dans l’organisation, les femmes jouent un rĂŽle social et politique important : elles Ă©tudient, prennent des responsabilitĂ©s et supervisent la distribution de l’aide alimentaire dont dĂ©pend la majoritĂ© de la population, ou rejoignent directement les rangs de la guĂ©rilla.

      En fĂ©vrier 1976, le Front Polisario proclame la RĂ©publique arabe sahraouie dĂ©mocratique. Le groupe qui pratique la lutte armĂ©e s’oppose Ă  la Mauritanie, mais surtout au royaume du Maroc qui a annexĂ© l’ex-colonie espagnole Ă  partir de 1975. Quand Franco meurt en Espagne, le Sahara occidental rĂȘve enfin d’obtenir son indĂ©pendance, l’ONU valide le projet d’un rĂ©fĂ©rendum. Mais le roi autoritaire du Maroc, Hassan II, attaque le territoire pour y conserver son emprise.

      Une pĂ©riode de conflit intense dĂ©bute avec les troupes marocaines, qui commettent de nombreux crimes contre la population. La guerre dure jusqu’en 1991 oĂč un cessez-le-feu est signĂ© entre les diffĂ©rentes parties. AprĂšs 30 ans de statu quo les combats ont repris.
      Reprise des hostilités

      Depuis 2021, l’armĂ©e marocaine a tuĂ© 86 civils, dont deux enfants, par des tirs de drones, notamment israĂ©liens, au Sahara occidental. Le Maroc occupe 80% de la zone et rĂ©prime la guĂ©rilla des sahraouis avec des arrestations de masse, des bombardements au napalm et au phosphore blanc. Les populations civiles sont contraintes de fuir et vivent dans des camps de rĂ©fugiĂ©s en territoire AlgĂ©rien.

      Dans cette guerre asymĂ©trique, la rĂ©sistance sahraouie fait face Ă  une armĂ©e de 100.000 hommes, sur-Ă©quipĂ©e avec du matĂ©riel dernier cri : radars, avions et drones de reconnaissance ou de combat.

      Depuis 2020, le Maroc et le rĂ©gime colonial israĂ©lien ont scellĂ© un accord bilatĂ©ral en matiĂšre de dĂ©fense, de renseignement, de cybersurveillance. Cet accord intervient dans la politique de normalisation des relations entre IsraĂ«l et les pays arabes. Les militaires utilisent notamment des drones Harfang de l’entreprise publique israĂ©lienne IAI – IsraĂ«l Aerospace Industries – pour effectuer leurs frappes.
      Solidarité coloniale et impérialiste

      Le Maroc a profitĂ© de l’expertise de l’État IsraĂ©lien depuis plusieurs dĂ©cennies dans sa guerre menĂ©e au Front Polisario. Au dĂ©but des annĂ©es 1980, Ehud Barak, haut gradĂ© de l’armĂ©e israĂ©lienne, se trouvait au Sahara-Occidental pour conseiller le royaume marocain dans la construction du “mur de sable” pour prĂ©venir les incursions du groupe indĂ©pendantiste armĂ© en zone occupĂ©e.

      Le mur fait prĂšs de 2700 kilomĂštres de long, tandis que ses abords sont infestĂ©s par plus de 10 millions de mines anti-personnels et anti-chars. Ce mur a Ă©tĂ© Ă©rigĂ© sur une idĂ©e de l’État major israĂ©lien, avec l’appui des grandes puissances impĂ©rialistes, notamment des États-Unis et de la France.

      En fĂ©vrier dernier, StĂ©phane SĂ©journĂ©, le ministre français des Affaires ÉtrangĂšres, rencontrait son homologue marocain pour rĂ©itĂ©rer “un soutien clair et constant” Ă  la politique coloniale du rĂ©gime marocain au Sahara Occidental.

      Un continuum colonial et un Ă©change de savoir-faire entre les États impĂ©rialistes, contre l’autodĂ©termination des peuples opprimĂ©s du monde entier.

    • Merci @monolecte ! Elle faisait partie de ma liste de sĂ©rie Ă  voir. ▻https://www.numerama.com/pop-culture/1417986-le-probleme-a-trois-corps-tout-savoir-sur-la-serie-netflix.html

      Le synopsis est le suivant : « Dans la Chine des annĂ©es 60, une jeune femme prend une dĂ©cision dĂ©sastreuse dont les rĂ©percussions Ă  travers le temps et l’espace vont affecter un groupe de chercheurs brillants dans le monde d’aujourd’hui. Alors que les lois de la nature se dĂ©rĂšglent sous leurs yeux, cinq anciens collĂšgues se retrouvent pour affronter le pire des dangers ayant jamais menacĂ© l’humanitĂ©. »

      ƒuvre majeure de la science-fiction, et plus particuliĂšrement de la « hard S-F », Le ProblĂšme Ă  trois corps a droit Ă  son adaptation Netflix. La version pour petit Ă©cran du roman de Liu Cixin est sortie le 21 mars 2024. TrĂšs attendue, la sĂ©rie est aussi une source d’inquiĂ©tude, car le rĂ©cit de l’écrivain chinois repose fortement sur l’état de la science contemporaine.
      Cependant, les retours sur la sĂ©rie sont plutĂŽt favorables. Numerama a en tout cas particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© (lire notre avis sur Le ProblĂšme Ă  trois corps : ▻https://www.numerama.com/pop-culture/1643756-on-a-vu-le-probleme-a-3-corps-notre-avis-sur-la-serie-netflix-de-s). QualitĂ© de la distribution, intrigue captivante, enjeux de haute volĂ©e, rythme haletant
 difficile de lui trouver un dĂ©faut majeur. C’est en tout cas de la SF plus convaincante que Rebel Moon


      Attention : des passages de cet article contiennent des spoilers issus du roman.

      C’est quoi Le ProblĂšme Ă  trois corps ?

      Le ProblĂšme Ă  trois corps est le nom d’un roman Ă©crit par l’écrivain chinois Liu Cixin. PubliĂ© en 2016 en France, huit ans aprĂšs sa parution en Chine, il est le premier tome d’une trilogie, Ă©galement composĂ©e de La ForĂȘt sombre et La Mort immortelle. C’est un roman extrĂȘmement rĂ©putĂ©, laurĂ©at du prix Hugo du meilleur roman en 2015, une prestigieuse rĂ©compense littĂ©raire amĂ©ricaine.

      Le roman entre dans la catĂ©gorie dite de « hard science-fiction », un genre dans lequel tout doit ĂȘtre vraisemblable. Par exemple, on ne voyage pas plus vite que la lumiĂšre dans l’espace. Tout doit reposer sur des fondations scientifiques et techniques valables. En somme, on construit de la S-F autour de ce que l’on connait aujourd’hui du fonctionnement de l’univers.

      De fait, cela oblige le rĂ©cit Ă  rester dans les clous du savoir contemporain. Pas de choses trop farfelues, donc (mĂȘme si certains Ă©vĂšnements physiques dĂ©crits dans le roman apparaissent invraisemblables). On est censĂ© Ă©voluer dans des choses relativement plausibles. MĂȘme sans avoir un gros bagage scientifique, tout demeure accessible.

      Attention : des passages de cet article contiennent des spoilers issus du roman.

      Pour qui a dĂ©jĂ  lu Le ProblĂšme Ă  3 corps, cela saute aux yeux : la narration fait de nombreux renvois vers la science et la technologie, sans verser dans de la facilitĂ©, qui pourrait sinon relever du fantastique ou du magique. L’auteur convoque souvent des notions de mathĂ©matique, d’astronomie, de physique, d’informatique, et ainsi de suite.

      Il s’agit d’un roman qui vĂ©hicule nĂ©anmoins une histoire, des pĂ©ripĂ©ties et du spectaculaire. Si la narration s’attache Ă  ĂȘtre la plus scientifiquement exacte, il y aura parfois des Ă©vĂšnements qui donneront l’impression de dĂ©border de ce cadre. Mais Liu Cixin donne toujours des Ă©lĂ©ments plausibles pour retomber correctement sur ses pattes.

      Le ProblĂšme Ă  trois corps fait dĂ©sormais l’objet d’une adaptation tĂ©lĂ©visĂ©e qui n’est toutefois pas la premiĂšre (en Chine, il y a eu une sĂ©rie d’animation et une sĂ©rie en prises de vues rĂ©elles). Cette adaptation est trĂšs attendue, Ă  la hauteur du succĂšs rencontrĂ© par le roman — il est considĂ©rĂ© comme l’un des rĂ©cits les plus rĂ©ussis de la S-F de l’époque rĂ©cente.

      Quel est le rapport avec la science ?

      Le problĂšme Ă  trois corps est aussi le nom donnĂ© Ă  un problĂšme de mĂ©canique cĂ©leste, qui occupe une place centrale dans l’Ɠuvre de Liu Cixin. Il s’agit de savoir si on peut dĂ©terminer Ă  l’avance les trajectoires d’un certain nombre de corps qui s’attirent mutuellement en raison de leur interaction gravitationnelle. On parle aussi de problĂšme Ă  N corps.

      Le Britannique Isaac Newton, pÚre de la mécanique classique en physique, a réussi à trouver une solution lorsque N vaut 2 (le problÚme à deux corps).

      À N = 3, le problĂšme Ă  trois corps se complexifie fortement et sa rĂ©solution n’est pas pleinement achevĂ©e. Il entraĂźne des comportements chaotiques, pointe le CNRS, en se rĂ©fĂ©rant aux travaux du mathĂ©maticien français Henri PoincarĂ©. Des difficultĂ©s rĂ©elles qui sont bien pratiques pour servir de point de dĂ©part au roman.

      « La thĂ©orie du chaos est nĂ©e quand Henri PoincarĂ© a dĂ©couvert que trois corps isolĂ©s dans l’espace (typiquement une Ă©toile et deux planĂštes), soumis Ă  leurs seules attractions mutuelles, peuvent avoir des trajectoires extrĂȘmement complexes », dĂ©veloppe le CNRS. « PoincarĂ© a montrĂ© que l’on ne peut pas prĂ©voir la position Ă  long terme des planĂštes . »

      Dans le roman, le problĂšme concerne une planĂšte qui tourne autour de trois Ă©toiles dont les mouvements entraĂźnent une alternance imprĂ©visible entre des Ăšres chaotiques et des Ăšres rĂ©guliĂšres. Le comportement des soleils est si alĂ©atoire que la durĂ©e des Ăšres n’est jamais certaine. Parfois, elles sont brĂšves, parfois particuliĂšrement longues.

      « Si l’on simule l’évolution du systĂšme Ă  partir de plusieurs positions initiales des planĂštes lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes les unes des autres, on dĂ©couvre des mouvements radicalement diffĂ©rents, note le CNRS. Un infime changement dans les positions initiales modifie complĂštement les trajectoires Ă  long terme. »

      Quelle est l’histoire ?

      Dans le roman, on suit les pĂ©ripĂ©ties de Wang Miao, un physicien spĂ©cialiste des nanomatĂ©riaux. Il se retrouve embarquĂ© dans une mission top secrĂšte aux enjeux mondiaux. Les autoritĂ©s chinoises et d’autres gouvernements Ă  travers le monde ont constatĂ© des suicides inexpliquĂ©s de scientifiques aprĂšs avoir cĂŽtoyĂ© un groupuscule mystĂ©rieux.

      Wang Miao va ĂȘtre missionnĂ© pour infiltrer cette Ă©trange « sociĂ©tĂ© des frontiĂšres de la science », et il va dĂ©couvrir un curieux jeu vidĂ©o, appelĂ© Trois Corps. Celui-ci le plonge dans une rĂ©alitĂ© virtuelle dans laquelle il fait face Ă  un monde oĂč le temps et les cycles du jour et de la nuit sont irrĂ©guliers. En cause : trois soleils autour de ce monde.

      Le but du jeu est d’aider les habitants de ce monde Ă  bĂątir un calendrier qui anticiperait efficacement le mouvement des Ă©toiles et, donc, les cycles de jour et de nuit. Ne pas y arriver entraĂźne la destruction du monde, et donc la fin de la partie — il y aura ainsi plusieurs game overs. C’est lĂ  que la science et le fameux « problĂšme Ă  trois corps » entrent en scĂšne.

      Qui est derriĂšre la « sociĂ©tĂ© des frontiĂšres de la science » ? À qui doit profiter la rĂ©solution du jeu Trois Corps ? Pourquoi des scientifiques se suicident-ils ? Qu’est-ce qui met en Ă©moi les gouvernements du monde entier ? Voici quelques questions qui vont trouver des rĂ©ponses progressivement au fil du roman ou des Ă©pisodes. Car on va trĂšs vite dĂ©couvrir que cela dĂ©passe la Terre


      Comme toute adaptation, la version proposĂ©e par Netflix prend certaines libertĂ©s avec le matĂ©riau initial. Des personnages du roman sont remplacĂ©s par d’autres, avec parfois des changements de sexe, de nationalitĂ© ou de fonction. Cependant, la dynamique gĂ©nĂ©rale et les interactions demeurent fidĂšles au livre de Liu Cixin.

      Le synopsis est le suivant :

      « Dans la Chine des annĂ©es 60, une jeune femme prend une dĂ©cision dĂ©sastreuse dont les rĂ©percussions Ă  travers le temps et l’espace vont affecter un groupe de chercheurs brillants dans le monde d’aujourd’hui. Alors que les lois de la nature se dĂ©rĂšglent sous leurs yeux, cinq anciens collĂšgues se retrouvent pour affronter le pire des dangers ayant jamais menacĂ© l’humanitĂ©. »

    • Extrait du roman "La RĂ©demption du temps", de Baoshu, une fan fiction tirĂ©e de l’univers du "ProblĂšme Ă  trois corps" et publiĂ©e aux Ă©ditions Actes Sud. — SituĂ© dans l’univers de la trilogie du “ProblĂšme Ă  trois corps”, “La RĂ©demption du temps” prolonge la saga multiprimĂ©e de Liu Cixin et s’attache Ă  en Ă©clairer les zones d’ombre. En pleine guerre interstellaire, Baoshu met en scĂšne les consĂ©quences du conflit opposant l’humanitĂ© et les Trisolariens, et porte un regard nouveau sur la conception de l’univers, depuis sa crĂ©ation jusqu’à son anĂ©antissement. Une fan fiction absolument rĂ©ussie et approuvĂ©e par le maĂźtre Liu Cixin en personne.

      ▻https://issuu.com/actes_sud/docs/liseuse_la-redemption-du-temps_babel

      Attention Spoilers
      Le ProblĂšme Ă  3 corps : Ă  quoi ressemblent vraiment les San-Ti ?
      ▻https://www.journaldugeek.com/2024/03/23/le-probleme-a-3-corps-a-quoi-ressemblent-vraiment-les-san-ti

  • « C’est irresponsable » : les propos d’Emmanuel Macron sur l’opĂ©ration antidrogue ne passent pas - Le Soir
    ▻https://www.lesoir.be/576004/article/2024-03-21/cest-irresponsable-les-propos-demmanuel-macron-sur-loperation-antidrogue-ne

    Des propos qui n’ont pas manquĂ© de faire rĂ©agir les millieux associatifs. Hassen Hammou, cofondateur du collectif « Trop jeune pour mourir » et porte-parole d’EELV, explique Ă  nos confrĂšres du Figaro : « C’est totalement fou de mettre dans le mĂȘme panier toute une fratrie et un dealer. C’est mĂȘme irresponsable. Personne n’est jamais habituĂ© au trafic. Ce n’est pas vrai. On ne peut pas traiter un problĂšme aussi grave de maniĂšre aussi lĂ©gĂšre. Les mots ont un sens. Et il est faux de dire que dans les citĂ©s, tout le monde est complice. C’est vraiment aberrant et le prĂ©sident de la RĂ©publique fait totalement fausse route. »

    MĂȘme son de cloche du cĂŽtĂ© de Katia Yakoubi, prĂ©sidente de l’association de quartiers Adelphi’CitĂ© : « Allez voir ces jeunes-lĂ . Quand on leur demande s’ils sont contents d’ĂȘtre guetteurs, dans un environnement morose, bien sĂ»r qu’ils disent que non. Je ne connais aucun jeune qui fait ça de gaietĂ© de cƓur. Ce sont des gens exploitĂ©s qui sont aussi victimes, car ils n’ont aucune perspective. Et derriĂšre, on a des familles totalement dĂ©munies, car souvent, les jeunes sont en dĂ©crochage scolaire, abandonnĂ©s. »

  • (VidĂ©o) François BĂ©gaudeau et Nicolas Framont – La bourgeoisie dĂ©masquĂ©e
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/video-francois-begaudeau-et-nicolas-framont-la-bourgeoisie-demas

    À l’occasion de sa contribution au numĂ©ro annuel de Frustration Magazine, François BĂ©gaudeau mettait la bourgeoisie Ă  nue lors d’une discussion Ă  Paris, le 14 mars dernier, en compagnie de Nicolas Framont, notre rĂ©dacteur en chef. Le numĂ©ro annuel de Frustration Magazine est Ă  retrouver dans toutes les bonnes librairies au prix de 17.90€, ainsi [
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  • Qui est rĂ©ellement Ursula von der Leyen ?
    ▻https://lvsl.fr/ursula-von-der-leyen-derriere-lemballement-mediatique


    Elle est dĂ©crite par le magazine Forbes comme la « femme la plus puissante du monde » depuis deux ans. Elle occupe la premiĂšre place de la catĂ©gorie Dreamers du mĂ©dia Politico. Elle bĂ©nĂ©ficie de portraits tous plus hagiographiques les uns que les autres dans la grande presse. La carriĂšre de la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne Ursula Von der Leyen est pourtant entachĂ©e de nombreux scandales. IntronisĂ©e par les conservateurs pour mener un second mandat, elle concentre Ă  elle seule les raisons du rejet populaire des institutions europĂ©ennes.

    Reproduction sociale et scandales politiques

    NĂ©e dans une grande famille aristocratique, fille de l’ancien fonctionnaire europĂ©en et prĂ©sident du Conseil fĂ©dĂ©ral Allemand Ernst Albrecht, Ursula Von der Leyen frĂ©quente dĂšs l’ñge de six ans l’École europĂ©enne. Cet Ă©tablissement (il en existe quatorze dans le continent europĂ©en) est rĂ©servĂ© aux enfants de fonctionnaires europĂ©ens, d’institutions intergouvernementales (parmi lesquelles l’OTAN), ou de certaines sociĂ©tĂ©s privĂ©es. Ce privilĂšge lui permet de devenir trilingue (allemand-français-anglais). Elle Ă©tudie ensuite les mathĂ©matiques, puis les sciences Ă©conomiques, avant de se rediriger vers des Ă©tudes de mĂ©decine, pour passer sa thĂšse d’exercice – dans laquelle sont relevĂ©s pas moins d’un plagiat toutes les deux pages – en 1991.

    EncartĂ©e depuis 1990 au sein de l’Union chrĂ©tienne-dĂ©mocrate d’Allemagne, parti libĂ©ral-conservateur ayant Ă©galement abritĂ© son pĂšre (en tant que vice-prĂ©sident fĂ©dĂ©ral), puis l’ex-chanceliĂšre Angela Merkel, Ursula Von der Leyen se lance officiellement en politique en 2001, en remportant un mandat d’élue locale dans la rĂ©gion d’Hanovre. Elle est Ă©lue dĂ©putĂ©e en 2003 au Landtag de Basse-Saxe. S’ensuivent plusieurs passages dans les ministĂšres fĂ©dĂ©raux : Ursula Von der Leyen est nommĂ©e en 2005, par Angela Merkel, ministre fĂ©dĂ©rale de la Famille, des Personnes ĂągĂ©es, des Femmes et de la Jeunesse  ; en 2009, ministre fĂ©dĂ©rale du Travail  ; puis, en 2013, ministre fĂ©dĂ©rale de la DĂ©fense, oĂč elle sera la premiĂšre femme Ă  occuper le poste.

    Son passage au ministĂšre de la DĂ©fense est marquĂ© par plusieurs scandales : entre accumulation de mauvaises dĂ©cisions de gestion, procĂ©dures contractuelles non respectĂ©es et gaspillage d’argent public (plusieurs dizaines de millions d’euros ont Ă©tĂ© dilapidĂ©s sans aucun contrĂŽle pour payer des consultants, conseillers et autres sous-traitants privĂ©s), l’image d’Ursula Von der Leyen pĂątit de son exercice de la fonction.

    À son dĂ©part du ministĂšre, sa popularitĂ© est Ă©valuĂ©e Ă  moins de 30% (elle est considĂ©rĂ©e comme la 2ᔉ personne la moins compĂ©tente du gouvernement), et sa compĂ©tence pour diriger la Commission europĂ©enne est appuyĂ©e par un tiers de la population. Peu importe, l’enquĂȘte parlementaire diligentĂ©e par l’opposition a Ă©tĂ© rendue impossible  ; les traces ont toutes Ă©tĂ© rigoureusement effacĂ©es des deux tĂ©lĂ©phones professionnels de l’ex-ministre de la DĂ©fense.
    Mais alors, pourquoi proposer une ministre trĂšs impopulaire, couverte de nombreuses affaires, Ă  la tĂȘte de la Commission europĂ©enne  ? Ce n’est nul autre qu’Emmanuel Macron, qui propose son nom Ă  la chanceliĂšre de l’époque Angela Merkel en juillet 2019, la dĂ©crivant comme « l’avion de combat du futur », et saluant « son efficacitĂ©, sa capacitĂ© Ă  faire ». Tenons-nous le pour dit.

    Scandale Pfizer et revirements en chaĂźne

    Élue en 2019 d’une courte majoritĂ© (51,7% des voix), Ursula Von der Leyen douche rapidement les espoirs du centre-gauche rĂ©formiste, en appliquant quasi-immĂ©diatement une politique dans la continuitĂ© de Jean-Claude Juncker. Jusqu’ici, rien d’étonnant. Mais rapidement, une affaire Ă©clate. En avril 2021, en pleine pĂ©riode de crise sanitaire, un article du New York Times rĂ©vĂ©lait des SMS Ă©changĂ©s entre la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne et Albert Bourla, PDG de la sociĂ©tĂ© pharmaceutique Pfizer.

    Ces messages, Ă©changĂ©s pendant plus d’un mois, portaient sur les nĂ©gociations sur un contrat d’achat de 1,8 milliard de doses du vaccin Pfizer/BioNTech contre le COVID-19. Ces doses se rĂ©vĂ©leront plus onĂ©reuses que prĂ©vu : 19,50€ par vaccin au lieu des 15,50€ prĂ©vus. Trois ans plus tard, la situation est toujours bloquĂ©e  ; Ursula Von der Leyen refuse de divulguer les Ă©changes, malgrĂ© les demandes rĂ©pĂ©tĂ©es de la mĂ©diatrice europĂ©enne Émilie O’Reilly. MalgrĂ© un surcoĂ»t de pas moins de 7,2 milliards d’euros d’argent public


    Ursula Von der Leyen, c’est aussi une idĂ©e particuliĂšre de la tenue des promesses. RĂ©cemment, nous pouvions apprendre qu’elle commençait Ă  revenir sur certaines mesures qu’elle souhaitait mettre en Ɠuvre : le Pacte vert pour l’Europe, qui a pour objectif de rendre l’Europe climatiquement neutre en 2050. MĂȘme son de cloche pour l’élargissement de l’Union europĂ©enne Ă  l’Ukraine, qu’elle dĂ©fend ardemment depuis l’invasion du pays par la Russie. La perspective d’une rĂ©Ă©lection (ou d’une Ă©jection) ne se comptant plus qu’en mois, la fait donc gouverner en fonction des diffĂ©rents sondages d’opinion sur les Ă©chĂ©ances Ă©lectorales. Et tant pis si l’Europe entiĂšre en pĂątit.

    Celle qui voulait pourtant faire de l’Europe « le premier continent neutre pour le climat » commence Ă  lentement, mĂ©ticuleusement, dĂ©tricoter ce Pacte vert pour l’Europe, qu’elle a pourtant Ă©rigĂ© au rang de prioritĂ© lors de son premier mandat. À l’instar d’Emmanuel Macron, qui rĂ©clame dĂ©sormais une « pause » dans les politiques climatiques (ont-elles seulement commencé  ?), ou du Parti Populaire EuropĂ©en (dans lequel siĂšgent la CDU, les RĂ©publicains, ou encore Forza Italia) qui le fustige, la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne s’accommode sans mal aux jĂ©rĂ©miades de ses semblables libĂ©raux-conservateurs.

    Reine du dumping social et de la concurrence effrénée

    Comme nous l’analysions ici, l’élargissement de l’UE vers l’Ukraine et d’autres pays d’Europe de l’Est, pose des problĂšmes majeurs. Outre le soutien lĂ©gitime au pays agressĂ©, l’intĂ©gration de celle-ci au sein de l’UE aurait de lourdes consĂ©quences Ă©conomiques et gĂ©opolitiques. Le dĂ©tricotage progressif des États-providence europĂ©ens, ainsi que du droit du travail et des acquis sociaux, risque d’ĂȘtre brutalement accĂ©lĂ©rĂ©, comme les Ă©largissements de 2004 (entrĂ©e de dix pays d’Europe centrale) et 2007 (entrĂ©e de la Bulgarie et de la Roumanie) l’ont dĂ©montrĂ©.

    Suivant les « quatre libertĂ©s » du marchĂ© unique europĂ©en – libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes -, les grandes entreprises ont ainsi pu dĂ©localiser Ă  tour de bras leur production vers l’Europe de l’Est, afin de bĂ©nĂ©ficier d’un coĂ»t du travail nettement plus faible. Le salaire minimum est fixĂ©, en Ukraine, Ă  168€ par mois – un montant bien infĂ©rieur aux 400€ des travailleurs bulgares, pour l’heure les plus mal lotis du continent. Et dans un contexte oĂč les rĂ©gressions sociales (suspensions massives du droit de grĂšve entre autres) ainsi que les attaques contre les syndicats sont lĂ©gion, et oĂč le prĂ©sident Zelensky continue Ă  mener une politique de sĂ©duction des investisseurs occidentaux, on peut prĂ©voir une nouvelle baisse du « coĂ»t du travail » ukrainien.

    L’entrĂ©e de l’Ukraine dans l’UE pourrait Ă©galement avoir des effets dĂ©lĂ©tĂšres sur le plan agricole. BĂ©nĂ©ficiant d’immenses productions de cĂ©rĂ©ales, l’Ukraine a pu ĂȘtre le tĂ©moin privilĂ©giĂ© du scĂ©nario (et de ses consĂ©quences) selon lequel le pays entrerait dans l’UE. Quelques mois aprĂšs l’entrĂ©e de ce systĂšme de vente, le prix du blĂ© a ainsi chutĂ© en Hongrie de 31%, et celui du maĂŻs de 28%. Les bĂ©nĂ©ficiaires d’une telle Ă©ventualitĂ© sont bien connus. Profitant de la possibilitĂ© de recourir aux travailleurs dĂ©tachĂ©s (c’est-Ă -dire de la main d’Ɠuvre moins chĂšre), les grandes multinationales salivent dĂ©jĂ  Ă  l’idĂ©e de dĂ©localiser leurs usines encore plus Ă  l’Est.

    Fuite en avant militariste

    L’élargissement de l’UE vers les pays baltes et l’Europe de l’Est rĂ©vĂšle Ă©galement un alignement de l’Europe sur les positions amĂ©ricaines. Le directeur de l’Institut de relations internationales et stratĂ©giques (IRIS) Pascal Boniface prĂ©cise qu’une entrĂ©e de l’Ukraine dans l’UE conduira le pays Ă  ĂȘtre « un relais des positions des États-Unis », « estimant qu’il doit tout aux États-Unis et non Ă  l’Europe ». De fait, il n’est pas difficile de voir que les prĂ©cĂ©dentes extensions de l’Union europĂ©enne Ă  l’Est ont accru son alignement sur les positions amĂ©ricaines


    Autre sujet qui a valu de nombreuses critiques Ă  Ursula Von der Leyen, la question palestinienne. Se rendant Ă  Tel Aviv en octobre dernier, sans en avertir le Conseil europĂ©en (avec qui elle entretient de mauvaises relations), et sans avoir la compĂ©tence en matiĂšre de politique Ă©trangĂšre, elle exprimait son soutien au « droit d’IsraĂ«l Ă  se dĂ©fendre ». Aucune dĂ©claration sur le fait que le droit international devait ĂȘtre respecté  ; pire, aucun mot de compassion ni de soutien pour la population de Gaza, sous les bombardements depuis maintenant prĂšs de cinq mois. Cette position, pour le moins unilatĂ©rale, a Ă©tĂ© pointĂ©e du doigt par de nombreux pays europĂ©ens (Portugal, Espagne, Luxembourg, Irlande, Belgique
), dont les ministres des Affaires Ă©trangĂšres avaient adoptĂ© des positions nettement plus Ă©quilibrĂ©es.

    Moins commentĂ©es, ses bonnes relations avec le rĂ©gime azĂ©ri d’Ilham Aliev soulĂšvent elles aussi de nombreuses questions. En juillet 2022, elle rencontrait le chef d’État d’AzerbaĂŻdjan Ă  Bakou et signait un accord gazier visant Ă  pallier les pĂ©nuries Ă©nergĂ©tiques de l’Union europĂ©enne. RĂ©sultat : un affaiblissement consĂ©quent de l’Union europĂ©enne, placĂ©e de facto en situation de dĂ©pendance envers un gouvernement aux aspirations belliqueuses. La prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne n’ignorait vraisemblablement pas qu’Ilham Aliev n’avait pas hĂ©sitĂ©, lors de la guerre des quarante-quatre jours de l’automne 2020 contre l’ArmĂ©nie, Ă  contourner les conventions internationales en utilisant bombes au phosphore, torture de prisonniers de guerre et l’emploi de mercenaires syriens recrutĂ©s dans les mouvements djihadistes. Puis, qu’il a rĂ©cidivĂ© en septembre 2023, en dĂ©clenchant tout bonnement une guerre contre la rĂ©publique auto-proclamĂ©e du Haut-Karabagh.

    Ursula Von der Leyen, c’est enfin une autre idĂ©e de la diplomatie. AprĂšs avoir rejetĂ© en bloc toute idĂ©e d’un cessez-le-feu, elle juge dĂ©sormais une guerre Ă  l’échelle europĂ©enne « pas impossible » et affirme que « nous devrions [y] ĂȘtre prĂ©parĂ©s ». Thierry Breton, commissaire au MarchĂ© intĂ©rieur, abonde dans ce sens et compte « passer en Ă©conomie de guerre ». DĂšs 2014, lorsqu’elle Ă©tait ministre de la DĂ©fense, Ursula Von der Leyen dĂ©fendait une politique Ă©trangĂšre trĂšs ferme, envoyant armes et matĂ©riel militaires aux forces armĂ©es kurdes et irakiennes, rompant ainsi avec la tradition allemande de ne pas exporter de matĂ©riel militaire vers une zone en conflit. Et tant pis pour les millions d’euros gaspillĂ©s sur les avions de chasse et de transport militaires restĂ©s au sol, ainsi que les hĂ©licoptĂšres jamais remis en Ă©tat de voler. Une fuite en avant militariste qui rĂ©sonne Ă©trangement avec l’actualitĂ© française contemporaine


  • La prĂ©tendue « gĂ©nĂ©rositĂ© US » dans la catastrophe humanitaire Ă  Gaza n’est qu’une tromperie grossiĂšre
    Par Samah Jabr | 18 mars 2024 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
    ▻https://www.chroniquepalestine.com/pretendue-generosite-us-dans-catastrophe-humanitaire-gaza-trompe

    Alors que les Nations unies ont lancĂ© de terribles avertissements concernant la crise de l’insĂ©curitĂ© alimentaire Ă  Gaza, les États-Unis ont proclamĂ© haut et fort qu’ils fournissaient de l’aide humanitaire Ă  l’enclave assiĂ©gĂ©e et attaquĂ©e. Cependant, malgrĂ© les annonces faites par le secrĂ©taire d’État Antony Blinken lors du sommet de Davos, sa rĂ©cente visite en IsraĂ«l n’a donnĂ© lieu Ă  aucun progrĂšs substantiel dans l’amĂ©lioration de l’accĂšs des Palestiniens aux secours dont ils ont besoin. (...)