• مسؤول إسرائيلي يكشف كذب ضابط كبير بالجيش ويؤكد : حادثة قتل رُضع في 7 أكتوبر “لم تحدث قط” | رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/%d9%85%d8%b3%d8%a4%d9%88%d9%84-%d8%a5%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84

    Un responsable d’un kibboutz près de Gaza concède que les bébés brûlés ou la survivante de l’holocauste massacrée n’étaient que des inventions.

    Trois mois plus tard, les bientôt 30 000 victimes s’en moquent...

    ونقلت صحيفة “هآرتس” العبرية تصريحات عن متحدث باسم كيبوتس (مستوطنة) “بئيري” (لم تسمه)، الأحد، نفي خلالها تلك المزاعم.
    وقال المسؤول: “قُتل ما يقرب من 100 شخص في كيبوتس بئيري، وعانى المجتمع من مئات الحوادث المفجعة في ذلك السبت الأسود (7 أكتوبر) على مدى الأشهر الماضية، خاصة فيما يتعلق بالرهائن”.
    وأضاف: “مع ذلك، فإن حوادث مثل مقتل 8 أطفال (رضع) أو ناجية من المحرقة تُدعى جينيا، لم تحدث”.
    من جانبها، قالت الصحيفة إن “المقدم جاي باسون، نائب قائد لواء كفير، ادّعى أن 8 أطفال رضّع قُتلوا في الحضانة، وأن إحدى الناجيات من المحرقة (الهولوكوست) تُدعى جينيا قُتلت أيضا”.
    ونفت الصحيفة ما أورده باسون، قائلة: “هذه الحوادث الموصوفة في المقابلة مع (القناة 14) الإسرائيلية، التي بثت مساء السبت، لم تحدث قط”.

  • L’ADN comme source de preuve en matière pénale : ne croyez pas tout savoir.
    https://threadreaderapp.com/thread/1721211030355759495.html

    Beaucoup d’experts pensent maîtriser leur discours, beaucoup de magistrats lui donnent une force qu’il n’a pas, trop d’avocats le négligent.

    Voici un « cas historique » français qui va faire date. ⬇️
    Avant de vous exposer ce cas hors norme, faisons un rapide état des lieux.

    #ADN #preuve (ou pas) #FNAEG #experts_en_génétique #justice #droit_pénal #police #transfert_d'ADN

  • « L’hospitalisation sous contrainte est trop souvent la porte d’entrée dans les soins psychiatriques », Martine Frager-Berlet, administratrice de l’association Les ailes déployées

    En tant que mère d’un fils soigné en #psychiatrie depuis plus de vingt ans et membre active d’associations de familles concernées, le débat suscité par l’accusation de « laxisme » dirigée contre la psychiatrie, faisant suite à des faits divers sanglants, me fait réagir vivement. « La France est le pays qui détient le record des hospitalisations sous contrainte », répondent des responsables, et cette affirmation est malheureusement vraie, ce que l’on devrait plutôt déplorer.
    Les personnes atteintes de maladies psychiques sévères – environ 3 millions en France – ne demandent pas spontanément des #soins, au moins pendant une première période de leur maladie chronique, parfois pendant plusieurs années. Le plus souvent, ce sont leurs proches qui contactent les services de psychiatrie, mais ceux-ci demandent que la personne malade vienne elle-même au centre médico-psychologique (CMP) de son quartier. La plupart du temps, quand elle va mal, elle ne veut pas y aller.

    Il faut donc attendre que la situation, dont les proches s’inquiètent, devienne intenable pour que des services interviennent – non pas les services de psychiatrie mais la #police ou les pompiers s’ils se reconnaissent compétents. Il faut pour cela une mise en danger ou une infraction. A ce moment-là, plusieurs semaines, plusieurs mois, ou même plusieurs années, peuvent s’être écoulés depuis la première alerte. La « crise » devient alors une « urgence », qui seule est considérée par les services de psychiatrie comme justifiant d’imposer au malade une hospitalisation.

    Des interrogations sur les missions de la psychiatrie

    Cette procédure est, de fait, la seule en vigueur en France pour apporter des soins à un malade psychique qui ne reconnaît pas sa maladie. L’hospitalisation sous contrainte est trop souvent la porte d’entrée dans les soins psychiatriques. Quand le patient sort de l’hôpital et retourne vivre dans son logement ou chez ses proches, il n’est pas seul, il a son ordonnance, sur laquelle sont inscrits les médicaments qu’il doit prendre.
    A-t-il compris qu’il est malade, accepte-t-il de se reconnaître comme tel et qu’il doit se soigner pour ne pas rechuter ? Là n’est pas la question selon l’hôpital : il faut libérer son lit et il a rendez-vous au CMP un mois plus tard. Va-t-il y aller ? Pendant combien de temps prendra-t-il son traitement ? Les rechutes sont fréquentes et elles se traduisent par une nouvelle hospitalisation sous contrainte, retour à la « case départ ». Il n’est donc pas étonnant que ce type d’hospitalisation soit très fréquent en France. Cela signifie-t-il que la psychiatrie a assuré ses missions ?

    Le code de la #santé_publique prévoit que les services de psychiatrie doivent assurer « un recours de proximité en soins psychiatriques (…) y compris sous forme d’intervention à domicile (…) Ils mettent à la disposition de la population (…) des services et des équipements de prévention, de diagnostic, de soins, de réadaptation et de réinsertion sociale ». Et « dans chaque territoire de santé, l’agence régionale de santé organise un dispositif de réponse aux urgences psychiatriques ». Or, on l’aura compris, ce n’est clairement pas le cas.

    Une maltraitance institutionnelle

    Les hospitalisations sous contrainte, intervenant lorsque la crise est devenue aiguë, donnent lieu souvent à une mise à l’#isolement et parfois sous #contention (le malade est attaché à son lit) dans des conditions qui sont peu respectueuses de la dignité, ni même des textes applicables.

    La loi du 26 janvier 2016 prévoit en effet que « l’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un #psychiatre, prise pour une durée limitée ». Ces « soins » psychiatriques sont très mal vécus par les patients et ils aggravent le désordre psychique et le rejet des soins : ils constituent, dans les établissements qui les pratiquent encore, une maltraitance institutionnelle.

    Que faire alors ? Intervenir dès que l’alerte est donnée, accompagner l’entourage qui a besoin de comprendre ce qu’il se passe, venir à domicile avant que la personne ne soit en crise aiguë sont des recommandations qui ont fait leur preuve. Après la crise, on le sait, le traitement chimique ne suffit pas, les patients ont aussi besoin dans la durée de #psychothérapies, d’#activités thérapeutiques (incluant le corps), de pédagogie sur leur maladie (#psychoéducation), de contacts avec des malades rétablis (#pair-aidance), de groupes de parole, de projets qui les tirent vers l’envie de se soigner.

    Favoriser l’inclusion dans la société

    Aujourd’hui, ici et là en France, des initiatives sont prises pour des soins psychiatriques de qualité, pourquoi sont-ils le fait de telle équipe motivée et volontaire au lieu d’être généralisés ? On l’oublie trop souvent : l’objectif de la psychiatrie ne se résume pas à empêcher la personne malade de nuire aux autres ou de se nuire à elle-même mais elle doit viser en priorité à favoriser le rétablissement, c’est-à-dire la capacité d’agir de cette personne, afin de favoriser son inclusion dans la société.
    Si des soins sont prodigués dès les premières alertes, un rétablissement durable se produira plus rapidement. Enfin, la « prévention des maladies psychiques » passe par l’information et la déstigmatisation de ces maladies du cerveau qui n’ont rien de plus honteux que les autres.

    Pour conclure, quelques lignes extraites d’un texte écrit par mon fils au sujet de sa première hospitalisation sous contrainte, que je cite avec son autorisation : « Mon droit à la dignité a directement été violé car j’ai été déshabillé de force par deux infirmiers, j’appelle ça une humiliation… Le monde nous laissait en plan, la vie à l’état statique. L’inexistence. Tout sauf du soin et de l’humanité. »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/18/l-hospitalisation-sous-contrainte-est-trop-souvent-la-porte-d-entree-dans-le

    #urgences_psychiatriques #hospitalisations_sous_contrainte

  • Val-de-Marne : le septuagénaire responsable d’une agression raciste contre un jardinier condamné à un an de prison ferme
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/15/val-de-marne-le-septuagenaire-responsable-d-une-agression-raciste-contre-un-

    « Espèce de sale bougnoule », avait lancé l’accusé avant de se saisir d’un cutter et d’entailler sur dix centimètres de longueur la gorge de la victime, âgée de 29 ans.

    Un homme de 76 ans, qui avait blessé d’un coup de cutter au menton un jardinier après l’avoir traité de « bougnoule », à Villecresnes (Val-de-Marne), a été condamné lundi 15 janvier à Créteil à un an de prison ferme sous bracelet électronique. Il devra en outre payer 5 000 euros à la victime. Le tribunal de Créteil l’a déclaré coupable de « violences volontaires en raison de la race, de l’ethnie ou de la religion, de « dégradations » et « d’injures racistes ».
    [...]
    Interrogé par les journalistes après l’audience, le jardinier s’est dit « très déçu » : « J’attendais quand même la requalification en tentative de meurtre. » Le parquet, comme l’avocate de la défense, ont assuré qu’il n’y avait pas d’intention d’homicide, relevant que le pronostic vital de la victime n’avait jamais été engagé.

    edit le journal s’en tient à l’AFP et se garde bien de signaler que l’agresseur a agi en état de récidive légale.

    #racisme #justice

    • Nous sommes dans le cas d’une tentative, matériellement constituée (coup de cutter à la gorge, agrafes et 70 points de suture), ce qui est bien plus qu’un projet qui est lui même plus qu’une simple intention. Le parquet et les juges osent un ’il est pas mort donc y a pas tentative’. Vu cette qualification pénale ahurissante, j’imagine que le plaignant que le journal dit « déçu » (...) va faire appel.

    • Lmonde n’a pas les yeux en face du trou, gorge est remplacé par menton la ligne suivante

      … entailler sur dix centimètres de longueur la gorge de la victime, âgée de 29 ans.

      Un homme de 76 ans, qui avait blessé d’un coup de cutter au menton …

    • #Maipi-Clarke, plus jeune élue néo-zélandaise, sidère le parlement avec son premier discours enflammé

      En décembre, Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, jeune députée maorie, a électrifié la chambre avec un haka en pleine séance.

      Voilà un excellent remède pour les députés qui somnolent sur leur strapontin. Au Parlement de Nouvelle-Zélande, une jeune élue maorie a fait sensation le 12 décembre dernier avec un discours enflammé combiné d’un haka, en pleine séance parlementaire, devenu depuis viral sur les réseaux sociaux.

      Lors des élections législatives du 14 octobre, Hana-Rawhiti Maipi-Clarke (Parti maori) est devenue à 21 ans la plus jeune élue de l’histoire du Parlement néo-zélandais. Alors que son peuple indigène dénonce la politique « raciste » du nouveau gouvernement conservateur à son endroit, la députée a exécuté un haka durant son discours inaugural, avant d’appeler les Maoris à tenir tête au Premier ministre Christopher Luxon, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

      Rendue célèbre par l’équipe nationale de rugby, le haka est une danse traditionnelle maorie, pratiquée durant des compétitions sportives ou des cérémonies, et qui vise à impressionner un adversaire.
      « Je mourrais pour vous »

      « Ce gouvernement a attaqué mon monde de tous les côtés : notre santé, notre environnement, notre eau, notre terre, nos ressources naturelles, nos quartiers maoris, notre langue, nos enfants et mon droit, ainsi que le vôtre, d’être dans ce pays, selon notre constitution », a lancé Hana-Rawhiti Maipi-Clarke. « Je suis à votre service, à l’intérieur et à l’extérieur de ce parlement. Je mourrais pour vous dans cette chambre et je vivrais pour vous à l’extérieur
      de ces murs », a-t-elle ajouté à l’attention de son peuple.

      Début décembre, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Nouvelle-Zélande pour protester contre la politique du gouvernement conservateur nouvellement élu à l’égard de la population autochtone maorie. Des manifestations, soutenues par le parti maori Te Pati Maori, ont notamment été organisées à Auckland et Wellington, constituant un premier test pour le Premier ministre Christopher Luxon.

      Les dirigeants maoris accusent la coalition conservatrice de politiques racistes, menaçant notamment un traité qui protège les droits des peuples autochtones. Ils s’opposent aux projets de changement de nom de certains départements du maori à l’anglais et de fermeture de l’autorité sanitaire maorie, Te Aka Whai Ora.

      https://www.huffingtonpost.fr/international/video/maipi-clarke-plus-jeune-elue-neo-zelandaise-sidere-le-parlement-avec-

  • « Hbiba Ya Falestin » : Rompre le silence
    Publié 31 décembre 2023 · Mis à jour 2 janvier 2024
    https://charleroi-pourlapalestine.be/index.php/2023/12/31/hbiba-ya-falestin-rompre-le-silence

    « Hbiba Ya Falestin » est un clip émouvant qui reprend un chant des supporters du Raja de Casablanca et qui est devenu un hymne pour la cause palestinienne dans le monde arabe. Celui-ci a été agrémenté d’un couplet rap percutant et sans concession du rappeur Code Rouge.

    https://charleroi-pourlapalestine.be/index.php/2023/12/31/hbiba-ya-falestin-rompre-le-silence

    https://www.youtube.com/watch?v=ECC0_1yDkXI&t=201s

  • Comment faire pour oublier | Nedjib SIDI MOUSSA
    https://acontretemps.org/spip.php?article1029

    Au cours des derniers mois, plusieurs amis m’ont demandé mon avis au sujet de l’essai de Gloag sur Camus. Mais duquel parlaient-ils ? Si j’avais bien eu l’occasion de lire l’ouvrage signé Oliver Gloag et intitulé Albert Camus. A Very Short Introduction (Oxford University Press, 2020), je ne m’étais pas précipité sur celui d’Olivier Gloag, Oublier Camus. Sans la sollicitation amicale d’À contretemps, je n’aurais certainement pas pris la peine de rédiger la présente recension...

    Autant dire les choses : quand Oliver écrit pour des étudiants anglophones, l’universitaire – Associate Professor of French and Francophone Studies (University of North Carolina) ¬– atténue ses sentiments anticamusiens et accorde une plus grande attention à l’homme ainsi qu’à son œuvre (ce qui n’empêche ni les inexactitudes ni les omissions) ; en revanche, quand Olivier écrit pour des activistes francophones, le pamphlétaire donne libre cours à son tropisme sartrien pour céder au règlement de comptes et flatter un lectorat conquis d’avance.

    Oublier Camus est un livre décevant. On attendait d’O. Gloag des arguments plus solides, une lecture plus rigoureuse des textes, un plus grand respect pour l’histoire (culturelle, politique ou sociale, en France comme en Algérie). Précisons : le problème n’est pas la critique de Camus – voire sa détestation, qui prévaut dans certains cercles – mais plutôt ce qui la fonde. En effet, tant sur la forme que sur le fond, l’essai cristallise tous les travers d’une certaine « radicalité » : ignorance, suffisance, outrance. De vieilles rengaines maquillées d’expressions à la mode. Bref, la misère postmoderne.

    Dès la préface de Frederic Jameson – Professor of Comparative Literature (Duke University) –, le lecteur est induit en erreur : « En lisant ce livre, vous constaterez que ses critiques visent moins Camus lui-même que sa canonisation mainstream ; et, par-dessus le marché, la canonisation de son image plutôt que de son œuvre (p. 8). » Or, dans son essai, O. Gloag ne consacre guère plus que quelques lignes au problème de la « canonisation », et encore d’une façon tout à fait impressionniste. Loin de l’ambivalence suggérée dans son premier ouvrage, l’auteur se complaît à brosser le portrait d’un Camus réduit à une caricature de pied-noir : impérialiste, machiste et raciste.

    Dans son introduction, O. Gloag est pris en flagrant délit de malhonnêteté intellectuelle. Selon lui, Camus « veut maintenir l’inégalité entre colonisés et colons » (p. 16). Il s’appuie pour cela sur un article intitulé « La spéculation contre les lois sociales » (Alger Républicain, 12 octobre 1938) dont il ne cite aucun extrait puisqu’il se contente de paraphraser et d’interpréter le texte pour mieux soutenir sa thèse :

    « Camus relève que le salaire des pieds-noirs a augmenté de 20 %, alors que celui des Algériens a augmenté de 60 %. Notons ce qui ne choque pas Camus : le détail du salaire horaire des uns et des autres – les Algériens gagnant, après les grèves, 2,30 F de l’heure et les pieds-noirs 7,20 F. Camus ne remet pas cette injustice criante en cause, au contraire il la prend comme donnée absolue dans ses calculs – c’est l’acceptation de l’axiome impérial : les Européens gagnent plus que les Algériens, à travail égal (p. 16). »

    Pourtant, si l’on se rapporte à l’article de Camus – ce qui n’est pas bien difficile, il suffit d’aller sur Gallica pour lire sa prose journalistique : « Albert Camus dans Alger Républicain » –, on y lit ce passage :

    « La hausse des salaires a donc un peu amélioré la situation du travailleur indigène. Mais lorsqu’il s’agit d’un homme qui gagnait 11 frs 20 par jour, on sent bien qu’une amélioration de cet ordre n’est encore qu’un pis-aller. »

    Il ne s’agit que d’un exemple parmi tant d’autres mais, d’entrée de jeu, O. Gloag expose sa méthode : référence tronquée, extrapolation douteuse et condamnation définitive. Fermez le ban. Les lecteurs honnêtes pourront se demander si Camus accepte « l’axiome impérial » comme le prétend l’universitaire-pamphlétaire… Mais il faudra d’abord respecter les faits et les textes – sans parler du contexte – au lieu de se livrer à ce jeu de massacre dont personne ne sortira indemne.

    Dans le premier chapitre – intitulé « Pour un colonialisme à visage humain » – O. Gloag fait mine de s’appuyer sur l’historien Charles-Robert Ageron pour asséner :

    « Désigner les colons comme des “Algériens” constituerait donc une forme de spoliation. Aujourd’hui, il existe encore des commentateurs pour décrire Camus comme “écrivain algérien” : ces termes trahissent une nostalgie pour une époque où la colonisation allait de soi (p. 19). »

    L’expression de son courroux – qui contribue, au passage, à jeter par-dessus bord toute possibilité de rendre compte avec subtilité de l’usage paradoxal de catégories historiques ou actuelles (cf. l’article de la sociologue Maïlys Kydjian paru en 2019 dans la revue Mots] – s’explique sans doute par une note de fin d’ouvrage où une pique est adressée au journaliste et écrivain Kamel Daoud, qui avait défrayé la chronique en 2016, accusé de revendiquer Camus comme « écrivain algérien » (p. 144). Mais est-ce bien le seul ?

    En 2003, Ali Yédes – Associate Professor of French Language and Literature (Oberlin College) – faisait paraître chez L’Harmattan un ouvrage intitulé Camus l’Algérien. Plus près de nous, Alek Baylee Toumi – Associate Professor of French (University of Wisconsin) – écrivait l’article « Albert Camus, l’Algérien. In Memoriam », paru en 2010 dans la revue Nouvelles études francophones. L’énumération pourrait se poursuivre, mettant en lumière les débats et interprétations contradictoires propres au milieu académique – plus particulièrement en études littéraires et francophones –, mais le plus important en la matière reste sans doute le jugement de ses contemporains.

    Dans son Journal (Le Seuil, 1962), Mouloud Feraoun écrivait le 18 février 1957 : « J’aimerais dire à Camus qu’il est aussi algérien que moi et tous les Algériens sont fiers de lui, mais aussi qu’il fut un temps, pas très lointain, où l’Algérien musulman, pour aller en France, avait besoin d’un passeport (p. 205). » De la même manière, dans son édition datée de mai 1960, l’organe du Mouvement national algérien (MNA) dirigé par Messali Hadj, La Voix du Peuple, relayait, dans sa « Revue de la presse », le point de vue de Camus, « ce grand écrivain algérien », favorable à un règlement pacifique de la guerre d’Algérie et au mot d’ordre de « table ronde ». Sans doute cette inclusion du mouvement indépendantiste était-elle tactique, à un moment où le MNA était en perte de vitesse – conception exclusive de la nation –, mais elle n’en demeurait pas moins importante.

    Évidemment, une telle caractérisation ne faisait pas l’unanimité, avant ou après l’accession de l’Algérie à l’indépendance, comme le rappelle le recueil Alger 1967 : Camus, un si proche étranger, présenté par Agnès Spiquel (El Kalima, 2018). La sympathie ou, au contraire, l’hostilité à l’égard de l’écrivain mettent en lumière les clivages parmi les intellectuels et nationalistes algériens – les intellectuels pouvant être tout à fait nationalistes – au sujet de l’autonomie des artistes, de la conception de la nation algérienne et, plus largement, de la possibilité d’ériger une société pluraliste – par-delà l’opposition de Camus à une indépendance sous l’égide du Front de libération nationale (FLN). Or, en prenant fermement position contre l’algérianité de Camus, O. Gloag s’aligne de fait sur les options les plus conservatrices et rétrogrades – un paradoxe récurrent chez de nombreux intellectuels de la gauche « occidentale », devenus les alliés paradoxaux de la droite « orientale » en raison d’un anti-impérialisme parfois nourri de bons sentiments, mais souvent basé sur une méconnaissance des sociétés colonisées puis décolonisées dont l’histoire longue ne se réduit pas au seul rapport conflictuel avec l’impérialisme occidental.

    Aveuglé par son irrésistible envie de redresser des torts, O. Gloag confirme à plusieurs reprises qu’il ne maîtrise pas son sujet. Sa mauvaise foi l’amène à expliquer la démission de Camus du Parti communiste algérien (PCA), en 1937, par le changement de stratégie de l’organisation qui prendrait alors « le chemin d’un soutien à l’indépendance » (p. 26). Pour appuyer cette idée, l’auteur cite un extrait d’un entretien avec Henri Alleg – paru en 1998 dans la revue Mots –, qui ne portait visiblement par l’écrivain dans son cœur. Pourtant, si l’on se réfère à la notice biographique de Camus, rédigée par l’historien René Gallissot et mise en ligne sur le site du Maitron, nous découvrons une version bien différente :

    « Car Albert Camus est exclu du Parti en octobre-novembre 1937 par une procédure laborieuse qui reprend en main ou plutôt démantèle “la cellule des intellectuels”. Il semble essentiellement qu’il manifestait son opposition à l’outrance de la ligne communiste appliquée alors par l’envoyé du parti français qui était Robert Deloche et le jeune secrétariat algérien promu lors de la transformation de l’ancienne Région d’Algérie en Parti communiste algérien où rivalisent Benali Boukort et Amar Ouzegane.

    La divergence portait sur deux points ; Camus était rétif devant les appels à la défense nationale et à la célébration de l’armée, et conservait des positions pacifistes sinon antimilitaristes voisines des inclinations de courants intellectuels socialistes trotskisants comme les réticences en France des surréalistes et de l’avant-garde du théâtre militant autour de Jacques Prévert, par exemple ; cette orientation pacifiste était largement présente en outre dans le syndicalisme enseignant. D’autre part, Albert Camus rejetait l’assimilation au fascisme – que pratique outrageusement le Parti communiste algérien – du Parti du peuple algérien, le PPA créé au printemps 1937 par Messali qui venait d’être arrêté et inculpé en Algérie (août 1937). Le PCF et le PCA applaudissent à la dissolution de l’Étoile nord-africaine à la fin janvier 1937. Des altercations opposaient messalistes et communistes qui continuaient cependant à cohabiter dans le mouvement syndical CGT. »

    Nous sommes là aux antipodes de la version propagée par les adversaires staliniens de Camus et leurs épigones de la gauche autoritaire… Mais les faits sont têtus.

    Dans sa lecture unilatérale, O. Gloag accuse même l’écrivain de « vouloir intensifier la colonisation » (p. 31) après la répression sanglante de mai-juin 1945 dans le Nord-Constantinois qui a tourné au massacre. Pour cela, il mentionne un article paru le 23 mai 1945 dans Combat, intitulé « C’est la justice qui sauvera l’Algérie de la haine », et dans lequel Camus chercherait à convaincre ses lecteurs « du bien-fondé du colonialisme ». La malhonnêteté est ici à son comble puisque dans ce texte – librement consultable sur Gallica : « Albert Camus dans Combat » –, Camus y affirme :

    « Devant les actes de répression que nous venons d’exercer en Afrique du Nord, je tiens à dire ma conviction que le temps des impérialismes occidentaux est passé. »

    Après avoir donné raison au nationaliste Ferhat Abbas, en se référant à sa brochure J’accuse l’Europe, parue en 1944, Camus ajoute :

    « Aujourd’hui, les hommes libres de cette Europe ont la victoire, ils ont arrêté un moment le terrible cours de cette décadence. Ils veulent maintenant renverser l’histoire. Et ils le peuvent assurément, s’ils y mettent le prix du sacrifice. Mais ils ne feront cette révolution que s’ils la font totalement. Ils ne sauveront l’Europe de ses démons et de ses dieux lâches que s’ils libèrent tous les hommes qui dépendent de l’Europe. »

    Libre à chacun d’apprécier s’il s’agit là de l’affirmation de principes anticolonialistes ou, au contraire, d’une déclaration appelant à « intensifier la colonisation »…

    Dans le second chapitre – intitulé « Représentations coloniales » – O. Gloag s’en prend à l’ouvrage controversé de Michel Onfray, L’Ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus (Flammarion, 2012) dont il dénonce, à raison – même si cela ne manque pas de piquant –, le caractère manipulatoire (p. 38). Dans ce cas précis, l’auteur chercher à opposer « la couverture favorable de la part de la grande presse française » et la « critique algérienne », passant sous silence les réfutations émanant du milieu anarchiste, comme celle de Lou Marin – qui a publié l’anthologie Albert Camus et les libertaires. 1948-1960 (Egrégore, 2008) – parue le 2 févier 2012 dans Le Monde libertaire ou celle de Floréal, mise en ligne le 7 mars 2012, ou encore celle d’Albert Gadjo, publiée sur À contretemps, n° 43, juillet 2012.

    En l’occurrence, la « critique algérienne » valorisée par O. Gloag émane de Mohammed Yefsah, plus précisément de son article « L’imposture Onfray » paru le 22 août 2012 dans La Tribune et repris sur le site d’Ahmed Bensaada tel que mentionné en note (p. 146). Or, l’extrait cité dans Oublier Camus invite le lecteur à penser que les opposants au régime algérien critiqueraient l’écrivain nobélisé, contrairement à ses défenseurs, à l’instar de Yasmina Khadra, « représentant officiel d’une institution algérienne » (p. 39). S’il est vrai que Y. Khadra dirigeait alors le Centre culturel algérien à Paris – nommé en 2007, il en sera limogé sept ans plus tard –, le clivage présenté par O. Gloag est factice, d’autant qu’A. Bensaada, qui figure parmi les rares « intellectuels algériens » cités en référence (pp. 39 et 146), s’est livré à une odieuse activité de dénonciation et de diffamation à l’encontre de personnalités pendant le hirak, propageant des thèses confusionnistes et conspirationnistes, justifiant la répression du mouvement populaire par le régime militaro-policier. Si O. Gloag s’intéressait à la société algérienne de nos jours – et pas seulement aux polémiques du moment colonial –, sans doute aurait-il évité une telle erreur. En outre, l’article de M. Yefsah, plus subtil que la prose d’O. Gloag, répondait d’abord à l’entretien de M. Onfray accordé à Hamid Zanaz – auteur d’un essai, lui aussi controversé, L’Impasse islamique (Éditions libertaires, 2009), préfacé par M. Onfray –, publié le 10 août 2012 dans El Watan, sur fond de polémique relative à l’exposition consacrée à Camus, prévue en 2013, et dont M. Onfray devait en être le commissaire, après l’éviction de l’historien Benjamin Stora.

    Inévitablement, O. Gloag convoque la fameuse phrase de Camus – « Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice » –, prononcée durant une conférence de presse, le 12 décembre 1957 à Stockholm, pour mieux asséner, péremptoire : « Ainsi, ce refus du mouvement historique vers la décolonisation qu’il sait inévitable fait de Camus une figure baudelairienne : dernier grand écrivain colonial, il est à rebours de l’Histoire (p. 42). » Nous connaissons cette déclaration notamment grâce à l’article du correspondant du Monde, daté du 14 décembre 1957. Interpellé par un représentant du FLN, Camus, lauréat du Prix Nobel de littérature, affirme :

    « Je me suis tu depuis un an et huit mois, ce qui ne signifie pas que j’aie cessé d’agir. J’ai été et suis toujours partisan d’une Algérie juste, où les deux populations doivent vivre en paix et dans l’égalité. J’ai dit et répété qu’il fallait faire justice au peuple algérien et lui accorder un régime pleinement démocratique, jusqu’à ce que la haine de part et d’autre soit devenue telle qu’il n’appartenait plus à un intellectuel d’intervenir, ses déclarations risquant d’aggraver la terreur. Il m’a semblé que mieux vaut attendre jusqu’au moment propice d’unir au lieu de diviser. Je puis vous assurer cependant que vous avez des camarades en vie aujourd’hui grâce à des actions que vous ne connaissez pas. C’est avec une certaine répugnance que je donne ainsi mes raisons en public. J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »

    On comprend que c’est d’abord le problème du terrorisme – en particulier celui dirigé par des groupes du FLN contre les civils européens – qui préoccupe Camus dont la mère vit toujours à Alger. C’est donc une opposition à un moyen injuste – à savoir le recours à la violence indiscriminée – et non à une cause juste – la décolonisation – qui est ici mise en exergue, même si l’écrivain ne se prononcera jamais pour l’indépendance, ce qu’on pourra toujours lui reprocher sans pour autant mésinterpréter ses propos. D’ailleurs, dans une lettre adressée au Monde, publiée dans l’édition du 19 décembre 1957, Camus exprime même sa compassion sincère pour le militant qui l’avait apostrophé :

    « Je voudrais encore ajouter, à propos du jeune Algérien qui m’a interpellé, que je me sens plus près de lui que de beaucoup de Français qui parlent de l’Algérie sans la connaître. Lui savait ce dont il parlait, et son visage n’était pas celui de la haine mais du désespoir et du malheur. Je partage ce malheur, son visage est celui de mon pays. C’est pourquoi j’ai voulu donner publiquement à ce jeune Algérien, et à lui seul, les explications personnelles que j’avais tues jusque-là et que votre correspondant a fidèlement reproduites d’autre part. »

    Mais tout cela ne va pas dans le sens de la démonstration d’O. Gloag qui expose, dans ce chapitre, ce qu’il y a de pire dans la critique littéraire en se livrant à des interprétations sidérantes de l’œuvre littéraire de Camus, négligeant le travail – certes moins tapageur – des meilleurs connaisseurs du sujet à l’instar d’Alice Kaplan, Looking for the Stranger (The University of Chicago Press, 2016), Jeanyves Guérin, Dictionnaire Albert Camus (Robert Laffont, 2013). Ainsi, à rebours des spécialistes et des contemporains de l’écrivain – comme André Julien dans Le Libertaire, Maurice Nadeau dans Combat ou Marcel Péju dans Franc-Tireur –, O. Gloag propose une « nouvelle lecture » de La Peste (Gallimard, 1947), en avançant, sans démonstration convaincante : « La peste ce n’est pas l’Allemagne ou les Allemands, c’est la résistance du peuple algérien à l’occupation française – phénomène intermittent mais inéluctable, qui s’assimile à une maladie mortelle du point de vue des colons (p. 48). » Reductio ad coloniam… Tel est le travers de certains tenants des études postcoloniales ou du courant décolonial qui prétendent réinventer la science sur la base d’une distorsion des faits.

    Dans le troisième chapitre – intitulé « Sartre et Camus, inséparables » – O. Gloag cherche à mettre en exergue la relation ambivalente entre les deux intellectuels en remontant au compte rendu de La Nausée (1938, Gallimard), paru le 20 octobre 1938 dans Alger Républicain. L’essayiste souligne principalement les « réflexions négatives » de Camus, anticipant ainsi, d’une façon tout à fait anachronique, la rivalité entre les deux auteurs, l’expliquant même par un hypothétique « ressentiment de classe envers Sartre » éprouvé par Camus – splendide inversion accusatoire dans la mesure où l’écrivain s’exposera au mépris de classe de l’intelligentsia parisienne. Pourtant, et sans surprise, O. Gloag fait l’impasse sur la conclusion fort positive de la recension :

    « Au reste, c’est ici le premier roman d’un écrivain dont on peut tout attendre. Une souplesse si naturelle à se maintenir aux extrémités de la pensée consciente, une lucidité si douloureuse, révèlent des dons sans limites. Cela suffit pour qu’on aime La Nausée comme le premier appel d’un esprit singulier et vigoureux dont nous attendons avec impatience des œuvres et des leçons à venir. »

    Mais O. Gloag n’est pas à une manipulation près. Dans le même chapitre, toujours à la gloire de Sartre – et au détriment de Camus –, la série de huit articles parus dans Combat, entre le 19 et le 30 novembre 1946, sous le titre « Ni victimes ni bourreaux » est étrangement interprétée comme le « refus de choisir entre la violence des colonisateurs et la contre-violence des colonisés » (p. 72). Là encore, le contresens est total. En l’occurrence, Camus mentionne trois régimes politiques – Russie, Espagne et États-Unis (19 novembre 1946) –, refuse par principe « la légitimation du meurtre » (20 novembre 1946), souligne la « crise de conscience du socialisme français » (21 novembre 1946), interroge la notion de révolution face à la Guerre froide (23 novembre 1946), esquisse les contours d’un « ordre universel » adossé à une « démocratie internationale » (26 novembre 1946), plaide en faveur de « l’abolition générale de la peine de mort » (29 novembre 1946), pour enfin défendre « le dialogue et la communication universelle entre les hommes » (30 novembre 1946). En réalité, la question coloniale est tout à fait marginale par rapport aux enjeux soulevés par la rivalité américano-soviétique et n’apparaît explicitement que dans un paragraphe de la chronique datée du 27 novembre 1946 :

    « Le choc d’empires est déjà en passe de devenir secondaire par rapport au choc des civilisations. De toute part, en effet, les civilisations colonisées font entendre leurs voix. Dans dix ans, dans cinquante ans, c’est la prééminence de la civilisation occidentale qui sera remise en question. Autant donc y penser tout de suite et ouvrir le Parlement mondial à ces civilisations, afin que sa loi devienne vraiment universelle, et universel l’ordre qu’elle consacre. »

    Une fois de plus, O. Gloag induit les lecteurs en erreur en analysant ce texte comme s’il exprimait la volonté de « maintenir dans le giron colonial » (p. 73) les peuples subjugués par l’impérialisme occidental, au lieu d’y voir une critique du fonctionnement de l’ONU et le souhait de faire triompher un ordre véritablement universel qui ne soit pas soumis aux desiderata des deux « Grands » afin de conjurer le spectre d’une troisième guerre mondiale où l’on emploierait l’arme nucléaire. Or, en cherchant avec une maladresse insistante à réduire l’intervention et la pensée de Camus à la seule question coloniale – notamment dans sa série « Ni victimes ni bourreaux », d’une portée bien plus générale –, O. Gloag passe complètement à côté de son sujet.

    Dans sa lecture de L’Homme révolté (Gallimard, 1951), O. Gloag récidive en mentionnant la critique acerbe de Francis Jeanson parue dans Les Temps modernes. Mis en opposition avec Camus, Jeanson est présenté comme un futur « acteur du combat métropolitain pour l’indépendance algérienne aux côtés du FLN » (p. 82), ce qui est correct, à ceci près que son engagement anticolonialiste pour l’organisation qui monopolisera la cause nationaliste s’exprimera aussi par la calomnie à l’égard de son rival, le MNA, notamment dans le livre coécrit avec son épouse Colette, L’Algérie hors la loi (Le Seuil, 1955). Ce livre fera réagir, entre autres, Yves Dechézelles – ami de Camus et avocat de Messali – qui, dans une « lettre ouverte » parue au début de l’année 1956 dans La Vérité et La Révolution prolétarienne, exprimera sa stupeur face à la partialité et aux « grosses atteintes à la vérité » qui caractérisent l’ouvrage des Jeanson. Deux ans plus tard, suite à l’assassinat par le FLN, à l’automne 1957, d’Embarek Filali – bras droit de Messali et cofondateur, en 1937, du Parti du peuple algérien (PPA) – dont F. Jeanson n’hésitera pas à salir l’honneur dans le premier numéro de La Giguë, obligeant Dechézelles à répondre dans un article intitulé « L’infamie » et paru en mars 1958 dans La Commune, organe du Comité de liaison et d’action pour la démocratie ouvrière (CLADO) :

    « Quant à l’intégrité intellectuelle, il y a longtemps que M. Francis Jeanson ne fait plus illusion. Il a pris bruyamment parti dans le grave et douloureux conflit qui oppose le FLN et le MNA ; c’était et cela demeure son droit.

    Mais pour un homme qui avait la prétention dans son livre “L’Algérie hors-la-loi” de faire l’historique de la Révolution Algérienne, la passion ne justifiait ni l’erreur, ni la déformation systématique des faits, encore moins leur falsification. »

    Comme un troublant écho du passé, la méthode Jeanson ressemble à s’y méprendre à la méthode Gloag dans la rivalité surjouée par nos contemporains entre Camus et Sartre… Mais en se limitant aux Temps modernes, Oublier Camus ne mentionne guère la réception favorable de L’Homme révolté dans la presse de gauche, comme les articles de Jane Albert-Hesse dans Franc-Tireur, Georges Fontenis dans Le Libertaire, ou encore Jacques Muglioni dans La Révolution prolétarienne. Car il s’agit de forcer le trait et de relire l’histoire – mais aussi interpréter notre présent – à travers le conflit du début des années 1950 quitte à effacer ou minorer les convergences pourtant avérées. O. Gloag décrète ainsi que « Camus et Sartre sont donc paradoxalement devenus inséparables : ils représentent des pôles opposés dans les débats fondamentaux sur le racisme et l’oppression sociale sous toutes ses formes (p. 85). » Si tel était le cas, comment comprendre que Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de la France insoumise (LFI) – formation favorablement mentionnée par O. Gloag dans une interview accordée à Jeune Afrique –, fasse si souvent référence à Camus, en l’associant, à l’occasion à Sartre ? En l’espèce, le manichéisme méthodologique, couplé à l’éviction des sources jugées moins prestigieuses selon une certaine conception de l’histoire culturelle, ne rendent pas service à la compréhension des débats politiques et intellectuels en France. Pourquoi ne pas avoir évoqué « l’Appel à l’opinion internationale » paru le 24 décembre 1947 dans Gavroche ? Ce texte – un modèle du genre qui synthétise les meilleures conceptions du socialisme et de l’internationalisme de son temps –, cosigné par Camus, Sartre, ainsi qu’une dizaine d’autres intellectuels de la gauche française stipulait notamment :

    « Si l’on est décidé à apporter une solution aux problèmes nationaux, il est nécessaire de la chercher dans le cadre d’une organisation internationale et si l’on veut établir cette organisation, il faut savoir qu’elle requiert une révolution socialiste et le remplacement de la propriété privée par la propriété collective réelle. En outre, comme cette Europe qui doit se faire comprend en elle plusieurs empires coloniaux, il va de soi que l’émancipation des classes ouvrières, qui est le but et le moyen de la Révolution, n’aurait aucun sens sans l’émancipation parallèle des masses colonisées. »

    Dans le quatrième chapitre – intitulé « L’anti-Sartre » –, O. Gloag se livre aux mêmes interprétations hasardeuses et obsessionnelles de l’œuvre de Camus, plus particulièrement La Chute (Gallimard, 1956), L’Exil et le Royaume (Gallimard, 1957) et Le Premier Homme (Gallimard, 1994). Ce sont certainement les pages les moins intéressantes du livre. Allons directement au dernier chapitre – intitulé « Réceptions » – dans lequel l’auteur déploie ses talents de truqueur. O. Gloag cherche à montrer que Camus n’aurait pas toujours cherché à empêcher les exécutions d’indépendantistes algériens condamnés à mort. Pour ce faire, il cite un extrait du récit de Gisèle Halimi, Le Lait de l’oranger (Gallimard, 1988), qui semble aller dans ce sens : « Ce jour-là, il me refusait toute aide. Brièvement et sans fioritures. » La cause semble tellement entendue qu’il prend bien soin de souligner ce refus. Pourtant, si O. Gloag avait pris la peine de poursuivre la lecture de ce passage, il aurait eu l’honnêteté de reconnaître que Camus a finalement donné son accord à Halimi qui plaidait, aux côtés de Dechézelles – chez qui elle rencontre l’écrivain à l’été 1956 –, en faveur de Badèche Ben Hamdi, orthographié dans son récit Mohammed Ben Hamdi, accusé d’avoir assassiné Amédée Froger, porte-voix des ultras « Algérie française », le 28 décembre 1956 à Alger – on peut lire à ce propos l’historienne Sylvie Thénault, Les Ratonnades d’Alger, 1956 (Le Seuil, 2022). Cet attentat, fomenté par un réseau messaliste, ne sera pas revendiqué par le MNA en raison des divisions de l’organisation nationaliste et des manifestations racistes qui ont suivi cette action.
    Cet épisode, sciemment biaisé par O. Gloag, lui permet d’écrire que « l’opposition de Camus à la peine de mort est donc conditionnelle : il ne veut pas intervenir pour ceux qu’il considère comme terroristes (p. 117). » C’est là un nouveau raccourci pour le moins douteux car il suffit de se pencher sur les écrits et les démarches de Camus pour infirmer ou nuancer ce propos. En effet, dans une lettre adressée le 25 mars 1955 au militant trotskiste Daniel Renard, l’écrivain adhère au Comité pour la libération de Messali Hadj et des victimes de la répression, sans s’interdire d’exprimer sa réprobation du terrorisme :

    « Vous pouvez du moins, dans votre action actuelle, utiliser mon nom chaque fois qu’il sera question de faire libérer des militants arabes ou de les mettre à l’abri des répressions policières. Mais dans la mesure où mon opinion peut intéresser nos camarades arabes, je compte sur vous pour leur faire savoir que je désapprouve totalement le terrorisme qui touche aux populations civiles. (J’ai la même opinion du contre-terrorisme naturellement.) Le seul résultat de ces méthodes aveugles est en effet, j’ai pu le constater, de renforcer puissamment la réaction colonialiste et de réduire à l’impuissance les français libéraux dont la tâche est aujourd’hui de plus en plus difficile. »

    Cette prise de position, énoncée quelques mois avant l’Appel pour une trêve civile en Algérie – qui ne semble guère intéresser O. Gloag –, et à travers lequel Camus cherchait à « assurer la protection de civils innocents » dans un contexte de montée aux extrêmes, est conforme aux principes défendus par Camus qui était déjà intervenu pour dénoncer la répression colonialiste, avant le déclenchement de l’insurrection le 1er novembre 1954, par exemple à l’occasion du procès des membres de l’Organisation spéciale, la branche paramilitaire du mouvement messaliste. Le « grand écrivain » – rangé, pour la circonstance, parmi les « personnalités démocratiques françaises », dont Claude Bourdet et André Mandouze – avait alors adressé au président du tribunal de Blida une lettre dont un extrait sera publié dans L’Algérie libre, le 8 novembre 1951 :

    « On peut au moins dire, en effet, en ce qui concerne les hommes qui sont devant vous qui risquent de douloureuses condamnations que, s’il est possible un seul instant de soupçonner qu’ils aient pu être victimes de détention arbitraire ou de sévices graves, dès cet instant, ils nous faut souhaiter de toutes nos forces que la Justice de notre pays refuse de sanctionner si peu que ce soit, par une condamnation, des actes si intolérables. La cause de la France en ce pays, si elle veut garder un sens et un avenir, ne saurait être que celle de la justice absolue. Et la justice, en cette occasion, pour être absolue, ne peut se passer de certitudes absolues. Et une accusation qui aurait eu la faiblesse de s’appuyer sur des sévices policiers jetterait immédiatement un doute sur la culpabilité qu’elle prenait à charge, pourtant, de démontrer. »

    De même, l’écrivain réagira, dans une lettre parue dans Le Monde daté des 19 et 20 juillet 1953, au massacre des travailleurs algériens à Paris, et qui sera notamment exhumé par l’ouvrage de Maurice Rajsfus, 1953, un 14 juillet sanglant (Agnès Viénot, 2003) :

    « Quand on constate encore que la plupart des journaux (le vôtre est parmi les exceptions) couvrent du nom pudique de “bagarres” ou d’ “incidents” une petite opération qui a coûté sept morts et plus d’une centaine de blessés, quand on voit enfin nos parlementaires, pressés de courir à leurs cures, liquider à la sauvette ces morts encombrants, on est fondé, il me semble, à se demander si la presse, le gouvernement, le Parlement, auraient montré tant de désinvolture dans le cas où les manifestants n’auraient pas été Nord-Africains, et si, dans ce même cas, la police aurait tiré avec tant de confiant abandon. Il est bien sûr que non et que les victimes du 14 juillet ont été un peu tuées aussi par un racisme qui n’ose pas dire son nom. »

    Évidemment, ces prises de position ne cadrent pas avec la grille d’analyse d’O. Gloag. Autant les occulter : c’est plus commode. L’essayiste préfère aller sur un terrain qu’il pense plus favorable à sa thèse mais qui trahit une fois de plus son ignorance en la matière. Ainsi, l’auteur avance, au sujet de la « torture de militants indépendantistes par l’État français via son armée » (p. 122), qu’il s’agit d’une « pratique dont Camus ne parle pas, qu’il refuse de condamner publiquement ». L’écrivain s’en était pourtant expliqué dans l’avant-propos à ses Chroniques algériennes (Gallimard, 1958) dont il faut citer le long passage suivant pour en saisir la portée et les limites :

    « Et quelle est cette efficacité qui parvient à justifier ce qu’il y a de plus injustifiable chez l’adversaire ? À cet égard, on doit aborder de front l’argument majeur de ceux qui ont pris leur parti de la torture : celle-ci a peut-être permis de retrouver trente bombes, au prix d’un certain honneur, mais elle a suscité du même coup cinquante terroristes nouveaux qui, opérant autrement et ailleurs, feront mourir plus d’innocents encore. Même acceptée au nom du réalisme et de l’efficacité, la déchéance ici ne sert à rien, qu’à accabler notre pays à ses propres yeux et à ceux de l’étranger. Finalement, ces beaux exploits préparent infailliblement la démoralisation de la France et l’abandon de l’Algérie. Ce ne sont pas des méthodes de censure, honteuses ou cyniques, mais toujours stupides, qui changeront quelque chose à ces vérités. Le devoir du gouvernement n’est pas de supprimer les protestations même intéressées, contre les excès criminels de la répression ; il est de supprimer ces excès et de les condamner publiquement, pour éviter que chaque citoyen se sente responsable personnellement des exploits de quelques-uns et donc contraint de les dénoncer ou de les assumer.

    Mais, pour être utile autant qu’équitable, nous devons condamner avec la même force, et sans précautions de langage, le terrorisme appliqué par le FLN aux civils français comme, d’ailleurs, et dans une proportion plus grande, aux civils arabes. Ce terrorisme est un crime, qu’on ne peut ni excuser ni laisser se développer. Sous la forme où il est pratiqué, aucun mouvement révolutionnaire ne l’a jamais admis et les terroristes russes de 1905, par exemple, seraient morts (ils en ont donné la preuve) plutôt que de s’y abaisser. On ne saurait transformer ici la reconnaissance des injustices subies par le peuple arabe en indulgence systématique à l’égard de ceux qui assassinent indistinctement civils arabes et civils français sans considération d’âge ni de sexe. Après tout, Gandhi a prouvé qu’on pouvait lutter pour son peuple, et vaincre, sans cesser un seul jour de rester estimable. Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant.

    Je n’ai jamais cessé de dire, on le verra dans ce livre, que ces deux condamnations ne pouvaient se séparer, si l’on voulait être efficace. C’est pourquoi il m’a paru à la fois indécent et nuisible de crier contre les tortures en même temps que ceux qui ont très bien digéré Melouza ou la mutilation des enfants européens. Comme il m’a paru nuisible et indécent d’aller condamner le terrorisme aux côtés de ceux qui trouvent la torture légère à porter. La vérité, hélas, c’est qu’une partie de notre opinion pense obscurément que les Arabes ont acquis le droit, d’une certaine manière, d’égorger et de mutiler tandis qu’une autre partie accepte de légitimer, d’une certaine manière, tous les excès. Chacun, pour se justifier, s’appuie alors sur le crime de l’autre. Il y a là une casuistique du sang où un intellectuel, me semble-t-il, n’a que faire, à moins de prendre les armes lui-même. Lorsque la violence répond à la violence dans un délire qui s’exaspère et rend impossible le simple langage de raison, le rôle des intellectuels ne peut être, comme on le lit tous les jours, d’excuser de loin l’une des violences et de condamner l’autre, ce qui a pour double effet d’indigner jusqu’à la fureur le violent condamné et d’encourager à plus de violence le violent innocenté. S’ils ne rejoignent pas les combattants eux-mêmes, leur rôle (plus obscur, à coup sûr !) doit être seulement de travailler dans le sens de l’apaisement pour que la raison retrouve ses chances. »

    Les lecteurs honnêtes l’auront compris : non seulement Camus parle de la torture mais il la dénonce également en répondant à ceux qui la défendent au nom de l’efficacité. Or, loin de s’en tenir là, il réprouve dans le même mouvement la censure et réitère sa condamnation du terrorisme en s’appuyant sur deux exemples historiques (populisme russe et anticolonialisme indien) pour mieux inscrire sa réprobation dans une perspective résolument émancipatrice. À ce rappel de principes cardinaux s’ajoute la dénonciation de l’hypocrisie en vigueur chez les intellectuels et militants de la gauche française qui, tout en s’opposant à la torture exercée par les autorités françaises, demeuraient néanmoins silencieux face aux atrocités perpétrées par des éléments du FLN, comme ce fut le cas lors du massacre de Melouza-Beni Illemane dirigé fin mai 1957 contre des sympathisants du MNA. À l’époque, en dehors de la minorité anticolonialiste favorable aux messalistes, seule une dizaine d’ « adversaires du gouvernement », parmi lesquels Robert Barrat et Jean Daniel, osa interpeller les indépendantistes dans un texte relayé en juin 1957 dans La Révolution prolétarienne :

    « Sans remettre en question les positions qu’ils ont pu prendre sur le fond politique du problème algérien – et notamment sur la nécessité de mettre fin par une négociation rapide au véritable massacre d’innocents qu’est devenue la guerre d’Algérie – ils lancent un appel instant aux dirigeants du FLN et de l’ALN pour que ceux-ci désavouent publiquement de pareils procédés de combat et mettent tout en œuvre pour qu’il y soit définitivement renoncé. »

    Or, ce climat n’est guère retranscrit dans Oublier Camus qui, faisant abstraction des rapports de forces en perpétuelle évolution dans le champ politico-médiatique français, empêche de saisir la valeur des prises de parole détachées de leur contexte d’énonciation. C’est sans doute pourquoi il vaut mieux « relire vraiment Camus », et sans doute oublier Gloag au passage, pour comprendre le drame qui s’est joué au siècle dernier sur le dos des plus démunis – on ne soulignera jamais assez la violence hypocrite des guerres « françaises » menées par factions « algériennes » interposées, de la lutte de libération nationale à la « guerre civile » des années 1990 – et celui qui se poursuit, aujourd’hui encore, en France, en Algérie, en Israël, en Palestine et partout ailleurs. Et c’est la raison pour laquelle il devient plus évident de se réconcilier avec Camus quand il énonce ce que peut être le rôle des intellectuels.

    Pour conclure, mais sans tout à fait clore la discussion, deux pièces manquent encore au dossier comme c’est souvent le cas chez les anticamusiens comme chez les procamusiens. Contrairement aux intellectuels de la gauche française qui ont gardé le silence sur les violences fratricides entre nationalistes algériens – quand ils ne sont pas allés jusqu’à légitimer l’éviction du courant messaliste par les moyens les plus répréhensibles –, Camus a rédigé un court texte, daté d’octobre 1957 et paru dans le numéro de novembre de La Révolution prolétarienne :

    « Puisque je m’adresse à des syndicalistes, j’ai une question à leur poser et à me poser. Allons-nous laisser assassiner les meilleurs militants syndicalistes algériens par une organisation qui semble vouloir conquérir, au moyen de l’assassinat, la direction totalitaire du mouvement algérien ? Les cadres algériens, dont l’Algérie de demain, quelle qu’elle soit, ne pourra se passer, sont rarissimes (et nous avons nos responsabilités dans cet état de choses). Mais parmi eux, au premier plan, sont les militants syndicalistes. On les tue les uns après les autres, et à chaque militant qui tombe l’avenir algérien s’enfonce un peu plus dans la nuit. Il faut le dire au moins, et le plus haut possible, pour empêcher que l’anticolonialisme devienne la bonne conscience qui justifie tout, et d’abord les tueurs. »

    Le problème soulevé par Camus, qui évoque l’Algérie future – dont il sous-entend qu’elle peut être indépendante –, porte sur les méthodes employées au nom de sa libération – à savoir les assassinats et le terrorisme –, la place des syndicalistes – et donc de la lutte des classes : ce « post-scriptum » servira de référence au Comité de solidarité et de défense des syndicalistes algériens – ainsi que le respect des minorités – par conséquent des libertés démocratiques – dans ce processus. Ce faisant, il se retrouve du côté de la gauche pro-messaliste – ce qui est plus facile pour lui en raison du refus de la direction du MNA d’employer et de légitimer la violence contre les civils – qui publie dans ce contexte un « Appel à l’opinion », rédigé à l’initiative de Jean Cassou – relayé le 17 octobre 1957 dans La Vérité et signé par André Breton, Daniel Guérin, Edgar Morin, etc. – dans lequel nous pouvons lire :

    « Il appartient, certes, aux nationalistes algériens de diriger eux-mêmes leur lutte, et nous n’avons jamais prétendu leur donner de conseils. Mais il est une forme de paternalisme aussi pernicieuse que nous rejetons : c’est celle qui consiste à approuver tout ce que font les nationalistes, quels qu’ils soient, même si leurs actes visent à des fins et usent de méthodes anti-démocratiques. »

    C’est à ce genre de textes, surgis d’une époque révolue, que l’on mesure le degré de décomposition du mouvement ouvrier et révolutionnaire, ainsi que le recul de principes élémentaires dans la réflexion et l’engagement public. Car contrairement à ce qu’écrit O. Gloag, Camus n’a donc pas refusé de s’impliquer dans le conflit algérien (p. 93). Il l’a fait à maintes reprises, par les moyens qu’il jugeait les plus conformes à son éthique – même si cela peut nous paraître insuffisant ou ambivalent à bien des égards, à l’inverse du texte « La trahison permanente » de Louis Janover et Bernard Pêcheur paru en juin 1961 dans Sédition –, comme l’atteste le soutien apporté à l’appel de Jean Cassou en réponse à l’adresse de Messali du 11 juin 1959 et publié en septembre dans La Révolution prolétarienne :

    « Les Français soussignés, émus par l’appel du leader algérien Messali Hadj en vue de la cessation des luttes fratricides entre Algériens et des attentats terroristes, se joignent à cet appel et protestent contre les procédés qui éloignent chaque jour davantage la conclusion de la guerre d’Algérie, l’apaisement des esprit et l’établissement des conditions meilleures et durables de vie et de progrès pour l’Algérie. »

    Pour tout à fait terminer, je souhaiterais exprimer mon accord avec O. Gloag, au moins sur un point de sa conclusion – intitulée « Camus postmoderne avant l’heure –, quand il y énonce : « Oublier Camus tel qu’on nous le présente, c’est également permettre de jeter un regard plus lucide sur les faux-semblants d’une certaine gauche qui masque insidieusement son racisme et son impérialisme avec une fausse universalité, qui masque aussi la lutte de classe avec un égalitarisme de façade » (p. 140).

    Je ne crois pas être le plus mal placé pour pointer les manquements d’une certaine gauche – même si je doute que nous parlions tout à fait de la même chose –, sauf qu’O. Gloag se trompe complètement quand il cible « cette gauche dont Camus est devenu l’un des emblèmes », sans toutefois avancer les noms d’organisations, de courants ou de personnalités qui auraient peut-être permis de sortir de l’équivoque. S’agit-il des militants de la Fédération anarchiste – qui, il est vrai, sont restés fidèles au souvenir de Camus, à l’instar de Maurice Joyeux qui, le 9 novembre 1978, témoigne de son amitié dans Le Monde libertaire – ou des rédacteurs de L’Humanité, qui sont les deux seules institutions de gauche mentionnées en introduction (p. 15) ? Ou alors est-ce plutôt le fait que la popularité de Camus autorise toutes sortes d’appropriations, plus ou moins fallacieuses ? Si tel avait été l’objet du livre d’O. Gloag, celui-ci aurait été salué pour avoir fait œuvre de salubrité publique. Mais en caricaturant à l’excès tous les travers de l’intelligentsia autoritaire, Oublier Camus ne contribuera en rien à l’œuvre de reconstruction exigée par cette époque réactionnaire. Et il faut s’inquiéter de sa réception élogieuse dans certains espaces politico-médiatiques francophones. Car, ainsi que l’écrivait Dechézelles, « critiquer ne veut point dire calomnier ».

    Nedjib SIDI MOUSSA
    24 décembre 2023.

  • L’Intérieur achète plusieurs milliers de capteurs nomades d’empreintes digitales pour 56M€ - Next
    https://next.ink/121792/linterieur-achete-plusieurs-milliers-de-capteurs-nomades-dempreintes-digitales


    Un capteur nomade d’empreintes digitales MTop Mobile d’IdemiaLe capteur nomade d’empreintes digitales MTop Mobile d’Idemia

    Jean-Marc Manach

    Publié dans
    ÉconomieSécurité

    Le ministère de l’Intérieur vient de publier, ce dimanche 31 décembre 2023, l’avis d’attribution de son marché de capteurs de prise d’empreintes biométriques. Initialement estimé, par le ministère, à 27 millions (hors taxes), il a finalement été attribué pour 56,35 millions d’euros, soit le montant maximum autorisé.

    En mars 2021, Next relevait que le ministère venait de lancer une demande d’informations (DI, ou RFI en anglais), adressée « aussi bien aux opérateurs leaders sur le marché de la biométrie qu’aux startups, TPE, PME, centre de recherche ou toute autre entité située en France ou au sein de l’Union européenne », afin de l’aider à identifier comment doter ses agents de nouvelles « solutions de capteurs biométriques » mobiles, « de préférence via un smartphone/tablette, voire à partir de l’appareil photo d’un smartphone/tablette ».

    Le ministère expliquait alors que « de nouveaux règlements européens visant à renforcer le contrôle de l’immigration, la sécurité intérieure et la coopération policière et judiciaire appellent à une évolution des systèmes d’information (SI) de biométrie actuels ».

    Il voulait en outre améliorer la mutualisation de ses matériels et logiciels, ainsi que « leur interopérabilité entre les systèmes nationaux (VISABIO, SBNA, AEM, EURODAC, FAED) et les nouveaux systèmes européens (EES, ETIAS, ECRIS-TCN) », à savoir les principaux fichiers français et européens reposant en partie sur des captures d’empreintes digitales, que nous avions à l’époque détaillés.

    En avril 2023, nous révélions que le ministère de l’Intérieur avait lancé un appel d’offres estimé à 27 millions d’euros (hors taxes) de « capteurs, lecteurs et prise d’images faciales », dont 21 millions de « capteurs nomades d’empreintes digitales doigts et palmaires », et 1,6 million de « fourniture de solutions de prises d’images faciales ».

    Or, comme nous l’expliquions dans un second article, la société Idemia commercialisait un capteur nomade correspondant en tous points aux caractéristiques techniques figurant dans le cahier des charges du ministère.

    Sans surprise, le marché vient donc d’être attribué à Idemia (ex-Morpho, puis Sagem Morpho, puis Safran Identity & Security), le pionnier français et leader mondial de la biométrie et des « technologies d’identité ».

    – Vers des contrôles biométriques « en bord de route »
    – L’Intérieur compte acquérir 7 000 capteurs nomades de contrôles biométriques, pour 21 millions d’euros
    – MTop Slim, le capteur biométrique nomade qui répond aux désidératas du ministère de l’Intérieur
    – Le CCTP de l’ACIM (accord-cadre interministériel) Capteurs, lecteurs et prise d’images faciales (.pdf)

    7 000 capteurs nomades à livrer d’ici aux Jeux Olympiques
    La suite est réservée à nos abonnés.

    #paywall

    https://seenthis.net/messages/999975

  • Réparer un moteur, faire des semis, coudre un vêtement… l’écologie de la « débrouille rurale » - Basta !
    https://basta.media/reparer-un-moteur-faire-des-semis-coudre-un-vetement-eloge-debrouilles-rura

    Bien que leurs pratiques soient fondamentalement sobres, vous pointez le rejet par ces mêmes personnes de « l’écologie dominante », notamment des « écogestes »…

    L’écologie dominante, c’est principalement le discours qui incite à être écocitoyen et à faire des écogestes, comme couper l’eau quand on se brosse les dents ou éteindre la lumière derrière soi. Les modestes économes ne s’autodéfinissent pas comme « écolo » même si pour elles et eux, faire durer, ne pas jeter, faire son compost, récupérer l’eau pour la réutiliser, est quelque chose d’acquis depuis l’enfance.

    Par exemple, les vêtements « abîmés » sont utilisés pour des travaux extérieurs et lorsqu’ils ne peuvent être plus portés, ils sont transformés en chiffons. Les emballages sont utilisés plusieurs fois, et compostés lorsqu’ils sont trop usés ou utilisés pour faire démarrer le feu.

    Quand ils parlent d’écologie, ça va être pour certain·es une « écologie paysanne » tournée vers le respect de la terre : on ne met pas de pesticide dans la terre, car la terre nous nourrit et si on veut qu’elle nous nourrisse, il faut qu’on la respecte. Ils disent qu’ils ont toujours cultivé en « bio », mais sans l’appeler comme cela parce que c’est l’utilisation de pesticides qui n’est pas « normale ». Et ils se demandent pourquoi il faut apposer une nouvelle étiquette sur des pratiques qui existaient avant.

    #écologie #ruralité

  • Le décret a été publié cette nuit : si vous refusez un CDI après un CDD ou une mission intérim, votre employeur aura l’obligation de vous dénoncer à France Travail.

    Et si sur une période de 12 mois vous avez refusé 2 fois un CDI après un CDD ou une mission intérim, vous n’aurez pas le droit aux allocations chômage.

    Les CDD et missions intérim étaient déjà beaucoup moins intéressants depuis la nouvelle règle de calcul des allocations chômage, voilà qui les rend encore plus indésirables. Désolé pour les employeurs qui ont recours à ce type de contrats.

    Un mariage forcé fait-il un bon mariage ?

    Le décret en question : https://legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTE

    (source twitter ex X)
    https://twitter.com/yanngaudin/status/1740642861538742442

    Autre accès possible : https://nitter.net/yanngaudin/status/1740642861538742442#m

  • Joualle — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Joualle

    La #joualle (« joala » en occitan) est un système ancestral de culture agricole associant sur une même parcelle de la vigne poussant sur des arbres fruitiers et plusieurs autres cultures intercalaires réalisées entre les rangées d’arbres. Cette méthode culturale a été pratiquée en plusieurs régions d’Europe, et notamment dans le Sud-Ouest de la France.

    Ce mode de cultures associées (entraide mutuelle végétale) diminuait les efforts du cultivateur et préservait la biodiversité. Des arbres fruitiers implantés en joualle y produisaient abricots (coteaux du Lot et de la Garonne, par exemple), cerises (Gironde), pêches de vigne (Charentes), prunes d’Ente (Périgord), et autres. Entre ces rangées de fruitiers, toutes sortes de cultures pouvaient s’y trouver : légumes, blé, fourrage, betteraves, pommes de terre ou tabac.

    Au XXe siècle, ce système cultural intégré a été préservé en Espagne et surtout au Portugal. Mais face aux assauts de l’agriculture intensive, il a disparu temporairement du territoire français.

    Au début du XXIe siècle, avec le fort développement de l’agriculture biologique et de l’agroforesterie, la joualle renaît peu à peu sous diverses formes dérivées, dans nombre de régions d’Europe.

  • La dérive d’un centre pour mineurs délinquants du Groupe SOS | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231223/la-derive-d-un-centre-pour-mineurs-delinquants-du-groupe-sos

    La dérive d’un centre pour mineurs délinquants du Groupe SOS

    Tensions parmi les salariés, violences avec les jeunes, absence de formation… Ouvert en 2003 sur le causse de Mende pour éloigner de leur milieu les adolescents placés par la justice, le centre éducatif renforcé Lozère navigue de crise en crise.

    Nicolas Cheviron

    23 décembre 2023 à 16h22

    Mende (Lozère).– Le lieu est isolé, sur un plateau boisé à mille mètres d’altitude, dans le département le moins peuplé de France. C’est sur le causse de Mende que le centre éducatif renforcé (CER) Lozère a ouvert ses portes en 2003. Géré par le Groupe SOS, il offre une mise au vert et un nouveau départ à des ados promis autrement à la prison. S’il peine à fonctionner, aucune crise n’avait cependant atteint la violence de celle que vient de traverser l’établissement.

    Quand il découvre le centre, le 11 juin 2019, Tarik Zail est plein d’enthousiasme. Les locaux sont flambant neufs, avec des chambres individuelles, des espaces communs spacieux et fonctionnels, bien loin de la rusticité de la bergerie réaménagée qui a hébergé le CER pendant les quinze années précédentes. Le cadre est charmant, au milieu des pins. Idéal pour une rupture avec le monde urbain, ses tentations et ses névroses.

    L’optimisme du nouveau directeur est cependant de courte durée. « Rapidement, des choses m’interpellent. Je comprends qu’on est davantage sur de la répression que sur de l’éducation », affirme-t-il. Il y a les sanctions, comme celle « consistant à faire dormir un jeune dehors, sous tente, en plein hiver », note-t-il, ou encore le recours au détecteur de métaux pour fouiller les jeunes. Une pratique réprouvée par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), autorité de tutelle du centre.
    [...]

    https://jpst.it/3w4UG

    #centre_éducatif_renforcé #CER #Groupe_SOS #centre_pour_mineurs_délinquants #protection_judiciaire_de_la_jeunesse #PJJ

  • Rien de bon ne vient de la France | Mbaye Lo
    https://www.ritimo.org/Rien-de-bon-ne-vient-de-la-France

    La France n’est pas un problème nouveau pour l’Afrique. Depuis le XIXe siècle, elle fait obstacle à l’autodétermination du continent. (...) Le problème va au-delà de l’aspect économique et englobe aussi des dimensions culturelles et éducatives. Les critiques libérales de la domination culturelle française ont tendance à traiter l’Afrique avec condescendance : elles dénigrent souvent l’influence de la France, mais échouent à fournir une feuille de route claire pour la libération. De nombreuses élites tirent leur inspiration du livre de Frantz Fanon Les damnés de la terre, mais n’annoncent pas pour autant d’étapes concrètes pour démanteler l’hégémonie économique de la France dans la région. Source : Africa is a (...)

  • Thomas Jodarewski, L’Apocalypse selon Nolanheimer, 2023

    Il aura quand même fallu 3h30 au réalisateur britannique #Christopher_Nolan pour rendre sympathique le directeur scientifique du programme nucléaire qui fit 200 000 morts civiles, les 6 et 8 août 1945, à Hiroshima et Nagasaki. Sa recette : un acteur sexy joue un honnête physicien persécuté, rongé par des problèmes de conscience.

    Nous, qui ne sommes pas responsables d’un crime de masse, avons d’autres problèmes. Et d’abord celui de rétablir la biographie du «  Père de la #bombe_atomique  », puisque les critiques cinéma s’empêchent de le faire. Question de salubrité intellectuelle.

    Le film a dépassé les quatre millions d’entrées en France, et les 315 millions aux États-Unis. Le Japon ne s’est quant à lui pas embarrassé à diffuser le film. Allez savoir…

    En 1958, les surréalistes sifflaient les conférences d’#Oppenheimer et boycottaient les «  films qui endorment l’opinion  » au sujet de l’atome. Allez comprendre…

    https://sniadecki.wordpress.com/2023/12/19/jodarewski-nolanheimer

    #révisionnisme_historique

  • Les nitrites interdits dans les croquettes mais autorisés dans le jambon
    https://www.leparisien.fr/societe/sante/les-nitrites-interdits-dans-les-croquettes-mais-autorises-dans-le-jambon-

    Pépite réglementaire passée inaperçue, l’Europe a considéré cet été que l’ajout de nitrite de sodium dans les croquettes de nos chiens ou la pâtée de nos chats étaient dangereux pour leur santé et l’a interdit, alors qu’elle a renoncé à le bannir dans la charcuterie à destination des humains.

  • LA POLITIQUE CRIMINELLE D’ISRAËL EN PALESTINE NUIT AUSSI AUX JUIFS !
    16 déc. 2023- Michèle Sibony - [enregistré le 6 décembre]
    https://www.youtube.com/watch?v=L0OehNkYFBY&t=123s

    Michèle SIBONY est une militante pacifiste qui œuvre pour la paix au proche orient. Elle a vécu 4 ans en Israël, et elle est aujourd’hui porte-parole de l’UJFP (Union juive française pour la paix) dont elle a aussi été vice-présidente par le passé. Dans ce contexte d’escalade du conflit israélo-palestinien, Michèle Sobony propose une analyse à contre-courant de la pensée unique distillée par la majorité des médias, qui consiste globalement à soutenir sans aucune forme de nuance la position d’Israël. Elle propose également une analyse critique de la manière dont la lutte contre l’antisémitisme (légitime) est instrumentalisée en France, en procédant par exemple à une assimilation malhonnête entre antisionisme et antisémitisme. Un témoignage fort, qui permet de prendre conscience que toute une partie de nos concitoyens juifs n’est absolument pas représentée dans le débat public.

  • Nina Simone : le concert inédit (1965) | Rembob’INA
    https://www.youtube.com/watch?v=CPFatt1ajic

    Ce numéro de Rembob’Ina est un évènement puisqu’il propose une archive inédite que l’INA vient de retrouver et de restaurer. Il s’agit du tout premier récital que Nina Simone a donné en France, en 1965 au festival d’Antibes Juan-les-Pins.

    En première partie, c’est l’occasion de découvrir un autre concert exceptionnel, enregistré en 1969 à l’Olympia et diffusé en deux parties sur la 2ème chaine, les 2 janvier et 2 avril 1970.

    Suivront deux autres archives : une interview de Nina Simone en 1991 au micro d’Eve Ruggieri pour l’émission « Musiques au coeur », où elle clame sa colère et son amertume de n’avoir pas pu s’imposer comme pianiste classique, et un extrait du spectacle hommage « Autour de Nina », enregistré en 2016 à la Philharmonie de Paris, avec Sandra Nkaké qui interprète « Four Women ».

    #nina_simone

  • Accorder le statut de salarié-e-s à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs handicapé-e-es en établissement et services d’aide par le travail

    Madame la première Ministre,
    La conférence nationale du handicap du 26 avril 2023 a affirmé une ambition majeure : « cesser d’enfermer les personnes dans des dispositifs et des parcours spécifiques et rendre l’environnement professionnel de droit commun totalement accessible, quel que soit le handicap ». Mais la loi Plein Emploi adoptée par le parlement ne change pas le statut des travailleur·euse.s en ESAT toujours « usager-ère-s » et dépendant du Code de l’Action Sociale et des Familles et non du Code du travail, ce qui reste pour les personnes concernées une grave discrimination et une non-reconnaissance de leur travail.

    En droit du travail, trois notions principales déterminent la qualité de salarié.e : le contrat de travail, la rémunération et le lien de subordination. Ces critères doivent s’appliquer à toutes les personnes qui travaillent en ESAT.

    Maintenir ces personnes dans la seule mouvance de l’action médico-sociale est contradictoire avec l‘objectif recherché : « Chacun est présumé pouvoir travailler en milieu ordinaire ».

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/15/accorder-le-statut-de-salarie-e-s-a-toutes-les

    #travail

  • Psychanalyse du Cuirassé Potemkine : désir et révolution, de Reich à Deleuze et Guattari | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2012-2-page-48.htm

    Car comme dit Reich, l’étonnant n’est pas que des gens volent, que d’autres fassent grève, mais plutôt que les affamés ne volent pas toujours et que les exploités ne fassent pas toujours grève : pourquoi des hommes supportent-ils depuis des siècles l’exploitation, l’humiliation, l’esclavage, au point de les vouloir non seulement pour les autres mais pour eux-mêmes ? Reich n’est pas plus grand penseur que lorsqu’il refuse d’invoquer une méconnaissance ou une illusion des masses pour expliquer le fascisme : (…) non les masses n’ont pas été trompées, elles ont désiré le fascisme à tel moment, dans telles circonstances, et c’est cela qu’il faut expliquer

  • Baptiste Beaulieu : « Ce que les hommes appellent amour est juste une situation bien confortable pour eux » – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/baptiste-beaulieu-ce-que-les-hommes-appellent-amour-est-juste-une-situati
    https://www.liberation.fr/resizer/uzIG9Rb6_VrXqOXPCc4nCknIWEI=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2532x1217:2542x1227)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/W572RNB3GFCLBOSUSNVQ3WYPUI.jpg

    En dix ans de médecine générale, j’ai vu énormément de patientes épuisées, qui se rendent malades à force de tout porter sur leurs épaules, et les choses évoluent peu. On a beaucoup parlé de « charge mentale » mais, c’est la vérité, les femmes que je vois s’occupent de tout : de la maison, des enfants, de leur calendrier vaccinal, parfois, elles s’occupent même des traitements médicaux de leur mari. Je n’invente rien. Des féministes comme Valérie Rey-Robert, Titiou Lecoq ou Sophie Adriansen, qui a écrit Qui s’occupe des enfants ? Repenser la parentalité traditionnelle, le martèlent depuis des années dans des essais. Alors, oui, il y a un biais, évidemment, aucune femme ne va jamais venir au cabinet médical pour me dire « écoutez, moi, je vais super bien, mon mari est génial, on fait l’amour deux fois par semaine, il me respecte, il fait sa part des tâches ménagères et je vais vous donner vingt-cinq euros pour vous avoir dit ça ».

    Je ne veux pas verser dans l’essentialisation mais j’ai quand même vu un schéma commun se dessiner, il y a donc un problème plus global. Et les études le montrent. Par exemple, celle de la revue Cancer qui établit qu’une femme a six fois plus de risques d’être quittée quand elle tombe malade qu’un homme. On sait aussi, grâce à la Haute Autorité de santé (HAS), que la plupart des aidants sont des aidantes. Je ne vois pas comment des hommes peuvent continuer d’ignorer la charge que porte leur femme. Donc il me semble que ceux qui l’ignorent n’aiment pas leur femme. Ils aiment le sexe gratuit qu’une vie à deux procure et avoir quelqu’un qui gère les tâches domestiques et les enfants.

  • https://www.liberation.fr/idees-et-debats/fabien-truong-on-devrait-plus-sinquieter-de-notre-systeme-ultra-reproductif-que-de-notre-classement-pisa-20231205_3TZAQO4XEZDLFJBWS6Y6242ZIQ/?redirected=1

    On y apprend pourtant qu’« en France, les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés ont obtenu des résultats supérieurs de 113 points à ceux des élèves défavorisés en mathématiques ». Et surtout qu’« il s’agit de l’un des plus importants écarts liés au milieu socio-économiques » au monde.

    • Ah ben tiens : https://justpaste.it/59y1i

      Le rapport appelle « résilients » les 7,4 % d’élèves de milieux défavorisés qui se classent parmi les meilleurs en maths. Que vous inspire ce terme ?

      C’est une manière de « désociologiser » les résultats. En utilisant un vocabulaire psychologisant, on souligne la volonté hors norme d’un individu. Le sous-texte est que l’élève qui a défié les statistiques sociales s’en est sorti seul. C’est absolument faux ! Les élèves qui sortent de leur milieu le font grâce à leurs profs, des rencontres, et un environnement familial qui leur procure stabilité émotionnelle et matérielle - ce que Paul Pasquali appelle les « alliés d’ascension. »

      On ne se fait pas tout seul, et encore moins quand on vient de plus bas. La résilience est un terme tout à fait en ligne avec la philosophie d’entreprise, et qui accentue le côté benchmarking de Pisa, à savoir la volonté de disposer d’une efficacité mesurable par des indicateurs reproductibles, qui évacuent les contextes.

    • @raphael4 merci de ton post, ton lien semble contenir un code d’authentification (peut-être reçois-tu par mail ou sur abonnement les articles de libé). J’dis ça pour le traçage :)