Mondes Sociaux

Magazine de sciences humaines et sociales en openaccess

  • Certains robots ont une forme humaine, des gestes humains et la parole. Cela facilite la communication de l’homme avec la machine (diffusé en partenariat avec CNRS Images)
    #numérique #robot #parole #communication

    https://sms.hypotheses.org/20078

    Évoquer les robots, c’est immanquablement faire appel à notre imaginaire et aux films qui alimentent nos fantasmes. Dans ceux-ci, les robots peuvent être « méchants » comme le Terminator T-800 ou foncièrement « bons » comme C-3PO dans Star Wars. Surtout, ils prennent une diversité de formes qui conditionnent les interactions avec les humains. Parmi ces formes, celle de l’humanoïde ressemble le plus à la forme humaine et ce n’est pas anodin : construire un robot à l’image d’un être humain facilite la communication avec la machine. Car si nous voulons un jour communiquer de manière naturelle avec des robots, ceux-ci devront maîtriser le langage mais aussi toute la communication non verbale véhiculée par les gestes.

    À Grenoble, une équipe du GipsaLab tente d’apprendre ces faits et gestes à leur robot Nina. Pour cela, ils l’ont doté d’un véritable visage – iris, mâchoire articulée, pavillons d’oreilles, lèvres – afin de faciliter les échanges (...)

  • Biennales, fin de partie ?
    28 mars 2020 Par Ludovic Lamant

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/280320/biennales-fin-de-partie?onglet=full

    Alors que foires et les grands salons d’art sont reportées ou annulées sous l’effet du Covid-19, des voix se font entendre pour en finir avec ces grands-messes culturelles polluantes et trop insérées dans l’économie de marché. Et plaident pour une démondialisation des arts.

    Face à l’ampleur de l’épidémie en Italie, la Biennale d’architecture de Venise, l’une des manifestations culturelles les plus prestigieuses de la péninsule, a réagi dès le 4 mars : elle a reporté son ouverture de trois mois, au 29 août. L’ouverture de l’événement, confié cette année aux soins de l’architecte libanais Hashim Sarkis, sera donc amputée de moitié, dans sa durée.

    Anecdotique, vu la gravité de la crise sanitaire, qui a déjà causé en Italie plus de 7 000 morts ? Le report de la Biennale d’architecture – qui alterne chaque année depuis 1980 avec celle d’art contemporain – pose toutefois des questions de fond sur la pertinence de ces grands événements culturels et sur leur modèle écologique.

    « Ne devrait-on pas décréter la fin de tout ce truc ? », s’interroge l’un des membres d’un collectif d’architectes néerlandais, Failed Architecture, censé par ailleurs participer à la Biennale cette année. Charlie Clemoes plaide non pas pour un report mais pour l’arrêt pur et simple de la Biennale : « Il est peut-être temps de repenser complètement la façon dont on produit et consomme la culture. » Et d’insister : les biennales « fournissent une excuse malvenue dans le contexte, pour produire de manière totalement insoutenable ».

    Biennales, fin de partie ? À des degrés divers, des acteurs du monde de l’art joints par Mediapart reconnaissent la difficulté de reconduire ces grands événements, comme si de rien n’était. Beaucoup jugent que l’épidémie du Covid-19 pourrait accélérer une prise de conscience salutaire. Certains plaident même pour réarmer les musées publics, en rempart contre un néolibéralisme qui s’est emparé de pans du marché de l’art.

    À la tête du Wiels, musée d’art contemporain de référence à Bruxelles, Dirk Snauwaert assure : « Le modèle des grandes biennales, en ces temps de crise climatique, doit être drastiquement repensé. L’économie de notre milieu doit s’adapter. »

    Pour Emma Lavigne, directrice du Palais de Tokyo à Paris depuis l’an dernier, « il faut remettre l’argent dans le travail des artistes, et se garder d’alimenter une course en avant dans la spectacularisation de l’art ». « Cela ne veut pas dire qu’il faudrait en revenir à un art pauvre, mais plutôt nous inviter à déplacer le curseur, et ralentir », poursuit celle qui a dirigé le centre Pompidou à Metz pendant cinq ans, en y organisant plusieurs expositions à l’intersection de l’art et de l’écologie (notamment « Jardin infini », en 2017).

    Le critique d’art Florian Gaité se montre plus définitif : « Il faut en finir avec ces grands événements mobiles. L’état du monde ne nous permet plus de faire ce que l’on fait. Il n’y a plus de nécessité, ni économique ni culturelle, là-dedans. » Et de souligner des contradictions récentes : « La dernière Documenta, organisée entre Athènes et Cassel [en 2017 – ndlr], a engendré une démultiplication des déplacements, ce n’est pas ce qu’il y avait de plus malin à faire. La dernière Biennale d’arts de Lyon [« Là où les eaux se mêlent », en 2019 – ndlr] posait la question des relations entre les humains et les autres espèces du vivant, mais elle était financée par Total. »

    "Ice Watch", d’Olafur Eliasson, le 3 décembre 2015, devant le Panthéon, à Paris. L’artiste danois a ramené ces blocs de glace du Groenland, en pleine Cop 21, provoquant une polémique sur le coût en émissions carbone de son oeuvre. "Ice Watch", d’Olafur Eliasson, le 3 décembre 2015, devant le Panthéon, à Paris. L’artiste danois a ramené ces blocs de glace du Groenland, en pleine Cop 21, provoquant une polémique sur le coût en émissions carbone de son oeuvre.

    Le cas de Venise est particulier, alors que la ville a souffert des inondations en novembre dernier et que le tourisme de masse met à mal la sauvegarde de son patrimoine. L’an dernier, la seule Biennale d’art contemporain a attiré près de 600 000 visiteurs, la plupart débarqués à Venise par avion, quand ils ne descendaient pas d’un paquebot de croisière. « Le choix de Venise était une erreur dès le départ : accueillir un événement mondial sur une terre aussi fragile, qui a perdu la moitié de ses habitants », juge Alice Audouin, présidente d’Art of Change 21, une association engagée pour le développement durable dans l’art, parrainée par l’artiste Olafur Eliasson.

    Mais l’affaire dépasse de loin la cité italienne. Alors que la Biennale d’art à Venise s’est créée à la fin du XIXe siècle, des dizaines de biennales et triennales ont vu le jour dans les années 2000 et après. Il y en aurait 267 aujourd’hui, associées à l’essor international des villes qui les portent, avides de publicité et d’investissements étrangers. Cimaises, murs peints à l’acrylique, vitrines… : à chaque fois, ces méga-expositions génèrent des montagnes de déchets, jetés dès la clôture de la biennale. « Il en faut moins. C’est comme la fashion week, tranche Alice Audouin. Une grosse en Asie, une autre en Europe, une autre aux États-Unis. Cela suffit. »

    Comme dans tant d’autres secteurs, l’épidémie a provoqué une vague inédite d’annulations et de reports. Manifesta, qui devait ouvrir à Marseille le 7 juin, a annoncé son report – sans avancer de date de réouverture à ce stade. À Sydney, la biennale, ouverte depuis neuf jours, a fermé ses portes et déployé une partie de ses contenus en ligne. La foire Art Basel Hong Kong, elle, a délocalisé ses stands sur Internet – des « online viewing rooms ».

    Beaucoup de ces manifestations se déploient sur les routes des flux du capitalisme financier, comme le relève Florian Gaité : « Les grands-messes de l’art contemporain s’organisent, soit directement sur les lieux de vie des collectionneurs – comme la foire Art Basel, à proximité de la fondation Beyeler en Suisse [le galeriste Ernest Beyeler a cofondé la foire de Bâle – ndlr] –, ou carrément sur leurs lieux de villégiature, à l’instar d’Art Basel à Miami. C’est le résultat des lois du marché. Le discours véhiculé par ces événements d’un art global, qui transcende les différences, correspond en fait aux réalités de l’économie de marché. »

    Vue de l’exposition carte blanche à Tomás Saraceno au Palais de Tokyo, en 2019. © Studio Tomás Saraceno Vue de l’exposition carte blanche à Tomás Saraceno au Palais de Tokyo, en 2019. © Studio Tomás Saraceno

    De ce point de vue, « la question du virage écologique se pose de manière assez cynique dans notre milieu », dénonce-t-il, puisque « le marché se nourrit depuis des décennies du discours anticapitaliste des artistes, dont il neutralise toute la portée critique ». La plupart des personnes interrogées par Mediapart confirment ce grand écart entre les injonctions politiques des œuvres et les pratiques d’un milieu adossé aux mutations du capitalisme.

    À l’exception de quelques artistes, à l’instar de l’Argentin Tomás Saraceno (exposé l’an dernier au Palais de Tokyo), Alice Audouin constate un grand écart entre « le message de l’œuvre et son processus de fabrication ». Au Palais de Tokyo, Emma Lavigne est en train de repenser le modèle économique d’un centre qui dépend à 60 % des ressources privées : « L’art, ne serait-ce que par la construction de cimaises, est un pollueur. Nous lançons un programme de transition écologique pour le centre, en réunissant un cercle de mécènes écoresponsables. »

    En 2018, l’association 350.org avait créé une performance dans les salles du Louvre pour dénoncer le mécénat de Total. Les militants exigeaient que le fonds de dotation du musée n’investisse plus dans le secteur des énergies fossiles d’ici cinq ans. « En considérant comme légitimes les activités de Total, le Louvre condamne notre avenir », jugeait alors l’association.

    « Il y a toujours eu la tendance, dans le monde de l’art, à travailler sur le contenu, et pas sur le comment faire, sur la méthodologie », confirme la commissaire slovène Nataša Petrešin-Bachelez. Cette dernière a organisé l’an dernier une biennale qui a marqué les esprits, à Malines, une ville de la Flandre belge, située « à l’intersection entre un travail sur le passé colonial de la Belgique et une réflexion sur la décroissance ». Environ 90 % des artistes invités sont venus en train. Au lieu de durer de manière permanente de longs mois, la manifestation s’est recentrée sur trois temps forts de quelques jours à peine dans l’année, fixés en fonction du calendrier lunaire – « c’est-à-dire un calendrier écoféministe », précise Petrešin-Bachelez.

    Le casting retenu était « très régional » – des Pays-Bas, de Belgique ou de France –, avec des œuvres et installations « faciles à monter et démonter ». Issu du master d’expérimentation en art politique dirigé par Bruno Latour à Sciences-Po Paris, le collectif Coyote a par exemple réfléchi à la notion d’« ancrage », un terme d’ordinaire récupéré par certains courants de l’extrême droite.
    Pour une démondialisation dans l’art ?

    Ces pratiques régionalistes ne risquent-elles pas d’encourager un repli sur soi protectionniste, quand les biennales et autres Documenta ont souvent fonctionné comme d’intenses lieux de brassage et de métissage, ouverts à l’écoute des pulsions du monde ? Aude Lavigne défend plus que jamais les « zones de porosité » que constituent les biennales : « L’idée d’un village global reste centrale. Ces mises en correspondance de la scène française avec d’autres créateurs sont essentielles, face aux tentations nationalistes et identitaires qui peuvent émerger. »

    À ces inquiétudes, la commissaire slovène répond : « Lorsque l’on s’installe dans un endroit comme Malines, vous identifiez toutes sortes d’enchevêtrements des luttes et des histoires. Beaucoup d’artistes invités avaient des parents nés au Rwanda, au Congo, au Maroc ou en Turquie. Il n’est pas nécessaire de faire dialoguer un artiste venu d’Indonésie avec un autre du Canada pour générer du cosmopolitisme. Et, de toute façon, les temps ne le permettent plus. »

    À l’instar de la philosophe belge Isabelle Stengers, qui plaide pour une « recherche lente », Petrešin-Bachelez (qui vient de cosigner une exposition sur Delphine Seyrig à Madrid) imagine des « institutions lentes », capables de « contrer les impératifs des modes de vie et de pensée induits par le capitalisme finissant et le néolibéralisme ». « Il faut contraindre les institutions à l’auto-réflexion, à penser aux histoires dans lesquelles elles s’inscrivent, à quelles entreprises elles prennent de l’argent. Ces questions sont devenues cruciales. »

    Max Ernst, "Pétales et jardin de la nymphe Ancolie", 1934, Kunsthaus Zürich. Une œuvre montrée à l’exposition "Jardin infini" (2017, Pompidou Metz). Max Ernst, "Pétales et jardin de la nymphe Ancolie", 1934, Kunsthaus Zürich. Une œuvre montrée à l’exposition "Jardin infini" (2017, Pompidou Metz).

    Le concept n’est pas sans rappeler celui de « musée situé » que défend, depuis le Reina Sofia à Madrid, le Catalan Manuel Borja-Villel. « J’invente, avait-il expliqué à Mediapart en 2019 : [prenons] un musée en Bolivie, près duquel on extrait du lithium, qui va ensuite servir à la fabrication de produits de haute technologie en Allemagne. Il faut travailler sur ce circuit bien particulier. Sinon, vous allez dans n’importe quelle biennale d’art, et on vous parle toujours des mêmes penseurs, Toni Negri, Chantal Mouffe, Gilles Deleuze. Ils sont de gauche mais leur référence finit, il me semble, par valider le système. L’alternative, c’est un musée “situé” qui s’invente hors de la raison comptable, et qui puisse réagir à ce qui traverse la société. »

    Florian Gaité réclame, à l’instar de l’« état d’urgence sanitaire » qui vient d’être adopté, un « état d’urgence de la culture, pour poser les bases d’une culture qui échappe aux logiques de marché ». À l’encontre de réflexes d’institutions comme le centre Pompidou ou le Louvre, qui exportent leur marque, respectivement à Bruxelles ou Abou Dabi.

    Il faudrait encourager un mouvement de démondialisation, y compris dans l’art, insiste Florian Gaité, qui cite l’exemple d’Aude Cartier, la directrice de la Maison des arts de Malakoff (Hauts-de-Seine). « Elle prépare sa prochaine saison guidée par l’idée de “réveiller la production dormante”, c’est-à-dire de montrer des œuvres qui sont aujourd’hui confinées dans les ateliers. Elle ne lance aucune nouvelle production et préfère investir dans la rémunération des artistes. Rompre avec un modèle productiviste permet aussi de repenser le statut social de l’artiste. »

    Autres pistes énumérées par le critique et enseignant : « Il est possible de se concentrer sur l’échelle continentale, en obligeant les institutions européennes à se contenter de prêts européens pour leurs expositions, par exemple. De réfléchir à des expositions qui font le tour des grandes institutions européennes, sur le modèle de ce qui se pratique déjà dans les arts vivants – je pense, par exemple, au programme de chorégraphes brésiliens montré au CND de Pantin en mars [qui devait à l’origine se déplacer, par la suite, à Charleroi, Reims ou Porto – ndlr] ».

    En attendant, des expériences sont déjà menées, ici ou là, pour limiter la casse. « L’étape numéro un, estime Alice Audouin, c’est d’appliquer des méthodes d’éco-conception. Mais Art Basel comme Venise n’ont rien engagé à ce stade. » Emma Lavigne se souvient de l’exposition pionnière de Pierre Huyghe au centre Pompidou en 2013, dont elle fut la commissaire : l’artiste avait fait l’impasse sur une nouvelle scénographie, réutilisant les murs et l’espace de l’exposition antérieure (en l’occurrence, celle de Mike Kelley). « De la même façon, je n’ai pas souhaité construire de nouveaux murs, pour la Biennale de Lyon de 2017, “Mondes flottants” », poursuit-elle.

    Ces préoccupations semblent de plus en plus partagées. Y compris hors de l’art contemporain. Le Louvre a par exemple recruté un chargé du développement durable. De leur côté, Marie Fekkar, régisseuse des collections au Mobilier national, et Mélanie Rivault, régisseuse d’œuvres au musée d’Orsay, ont organisé en novembre dernier au centre Pompidou une journée d’études sur le développement durable, pour le compte de leur association, l’Afroa.

    « Notre profession a un bilan carbone très lourd, puisque l’on travaille dans l’organisation d’expositions éphémères, expliquent-elles à Mediapart. Mais l’on constate une prise de conscience de plus en plus large dans la profession. Du transport à l’emballage des œuvres, en passant par la scénographie d’une exposition, nous essayons de trouver des solutions à notre échelle. »

    Lire aussi

    Manuel Borja-Villel (Reina Sofia) : « L’idée d’Europe n’existait pas avant la conquête de l’Amérique » Par Ludovic Lamant
    Le musée du Louvre appelé à « se libérer » de l’argent du pétrole Par Jade Lindgaard
    Isabelle Stengers : faire commun face au désastre Par Jade Lindgaard

    Un code de bonnes pratiques commence à voir le jour : des clauses dans les appels d’offres pour que la scénographie d’une exposition soit recyclée sur les deux expositions suivantes dans le même lieu, la réduction du bilan carbone dans le transport des œuvres, une mise en réseau des établissements pour favoriser les dons et éviter de recycler une scénographie… « Le nerf de la guerre, ce sont les problèmes de stockage. Beaucoup des établissements culturels sont souvent des bâtiments anciens qui n’ont jamais été pensés pour devenir des musées. On ne pourra réutiliser certains emballages d’œuvres, par exemple, qu’à condition de trouver de nouveaux espaces de stockage », précisent-elles.

    Autant de mesures discrètes, que les expositions événements des grands musées français commencent à adopter. Suffisant pour changer la donne ? À ce stade de leurs expérimentations, Marie Fekkar et Mélanie Rivault invitent plutôt à la modestie. « On a pris une claque quand on s’est rendu compte que le déplacement des visiteurs sur les lieux de l’exposition avait un impact bien supérieur, sur l’environnement, à la fabrication des expositions en tant que telles. »

  • Cet historien de l’art a réfléchi sur toutes les images. Ses travaux nous aident à mieux comprendre le monde actuel où règnent les images
    #art #images #culture #savoirs #histoire

    https://sms.hypotheses.org/20650

    Horst Bredekamp est professeur émérite d’histoire de l’art à l’Université Humboldt de Berlin. Il appartient à une génération exceptionnelle d’historiens de l’art allemands qui ont su faire exploser les limites traditionnelles de leur champ de recherche au point qu’il n’est pas rare de les voir désigner comme anthropologues, sociologues ou bien philosophes.

    Avec Hans Belting et Gottfried Boehm, les trois « B’s » comme on les surnomme parfois, Horst Bredekamp a apporté une contribution majeure à la science de l’image (Bildwissenschaft) qu’il comprend comme une réflexion interdisciplinaire sur l’image, sur toutes les images. C’est dire l’immensité des recherches qui s’est offerte à lui. Il a écrit sur l’iconoclasme, la sculpture médiévale, le football, l’art des jardins, les cabinets d’art et de curiosité, mais aussi sur les artistes de la Renaissance (Botticelli, Michelangelo, etc), les plans de Saint-Pierre de Rome, l’iconographie politique ou encore les dessins des penseurs (Darwin, Galilée, Leibniz). (...)

  • Souvenons- nous des beaux jours de la presse people. Quels liens entre cette forme de « journalisme » et classe politique ? #médias #presse #politique #journalisme

    http://sms.hypotheses.org/806

    Qui ne se souvient pas des photos de Nicolas Sarkozy accompagné de son épouse dans Paris Match ou dans Gala ? Qui n’a pas été tenté de feuilleter dans une salle d’attente un magazine orné des fracas amoureux d’un ministre ? Qui, en feuilletant ces magazines ne s’est pas demandé si la vie privée faisait en réalité partie de la vie politique ? Ce sont ces questions que nous cherchons à analyser : comment peut-on lire, comprendre et appréhender politiquement la presse people ?

    Cette thèse s’intéresse aux rapports qui existent entre les médias et la politique au travers de la presse magazine lue principalement par des femmes. Ce parti pris s’avère fécond. En effet, si la grosse majorité d’études sur les liens entre les médias et la politique s’appuient sur des émissions politiques à la télévision ou sur les pages politiques dans la presse quotidienne nationale, rares sont celles appréhendant les mécanismes de politisation possibles par l’intermédiaire de la presse magazine, notamment lorsque celle-ci parait comme apolitique et est destinée aux segments de la population les moins intéressés par la politique : les femmes d’origines populaires et issues des classes moyennes (...)

  • Le drone, renfort utile mais controversé pour faire respecter le confinement
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/26/le-drone-renfort-utile-mais-controverse-pour-faire-respecter-le-confinement_

    L’utilisation de ces engins volants pour surveiller et sécuriser certaines zones des territoires confinés pose des questions sur la protection de la vie privée. En période de confinement, les drones sont de sortie. En quelques jours, ces caméras volantes pilotées à distance se sont imposées comme des auxiliaires indispensables aux autorités chargées de faire respecter les consignes de sécurité et inviter – fermement – les passants à rester chez eux. Déjà massivement utilisés par les forces de l’ordre en (...)

    #algorithme #température #CCTV #drone #aérien #vidéo-surveillance #santé #surveillance (...)

    ##santé ##LDH-France

  • LA BOÉTIE
    DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE

    Pauvres et misérables peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien, vous vous laissez emporter devant vous le plus beau et le plus clair de votre revenu, piller vos champs, voler vos maisons et les dépouiller des meubles anciens et paternels ! Vous vivez de sorte que vous ne vous pouvez vanter que rien soit à vous ; et semblerait que meshui ce vous serait grand heur de tenir à ferme vos biens, vos familles et vos vies ; et tout ce dégât, ce malheur, cette ruine, vous vient, non pas des ennemis, mais certes oui bien de l’ennemi, et de celui que vous faites si grand qu’il est, pour lequel vous allez si courageusement à la guerre, pour la grandeur duquel vous ne refusez point de présenter à la mort vos personnes. Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, si vous ne les lui baillez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il, s’ils ne sont des vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous ? Comment vous oserait-il courir sus, s’il n’avait intelligence avec vous ? Que vous pourrait-il faire, si vous n’étiez recéleurs du larron qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes ? Vous semez vos fruits, afin qu’il en fasse le dégât ; vous meublez et remplissez vos maisons, afin de fournir à ses pilleries ; vous nourrissez vos filles, afin qu’il ait de quoi soûler sa luxure ; vous nourrissez vos enfants, afin que, pour le mieux qu’il leur saurait faire, il les mène en ses guerres, qu’il les conduise à la boucherie, qu’il les fasse les ministres de ses convoitises, et les exécuteurs de ses vengeances ; vous rompez à la peine vos personnes, afin qu’il se puisse mignarder en ses délices et se vautrer dans les sales et vilains plaisirs ; vous vous affaiblissez, afin de le rendre plus fort et roide à vous tenir plus courte la bride ; et de tant d’indignités, que les bêtes mêmes ou ne les sentiraient point, ou ne l’endureraient point, vous pouvez vous en délivrer, si vous l’essayez, non pas de vous en délivrer, mais seulement de le vouloir faire. Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre.

  • La peur ancestrale du loup est bien ancrée dans notre patrimoine culturel. Mais aujourd’hui, le souci de la biodiversité revalorise l’image du loup #histoire #biodiversité #loup #peur

    https://sms.hypotheses.org/24403

    Des siècles durant, le loup a cohabité avec l’homme. L’homme et loup se sont longtemps affrontés dans une lutte sans merci. Dans l’histoire de l’Europe, le loup est le premier ennemi de l’homme et la peur de l’animal est ancrée dans notre patrimoine culturel et notre imaginaire.

    Parmi les raisons de cette hostilité il faut mettre en premier les attaques du prédateur sur le bétail domestique jusqu’au XIXe siècle. Mais aussi les attaques du loup sur l’homme en personne, qui ne tiennent pas que de la légende. Des faits-divers tragiques semblent avoir été nombreux dans l’espace français. Il fallait donc limiter les risques et éradiquer un animal jugé insupportable. Depuis, notre représentation culturelle du loup est tributaire d’une histoire longue et complexe.

    Jean-Marc Moriceau, historien, est l’un des spécialistes français du loup. Il nous le prouve (...)

  • Certains jeux vidéo créent un mode de divertissement centré sur l’argent et la consommation sans fin #jeux_vidéo #jeux #argent #économie

    https://sms.hypotheses.org/24370

    Le consumérisme et l’argent dans les jeux vidéo, ce n’est pas nouveau. Depuis Pac-Man qui mange des gommes à volonté, et Mario qui récupère un tas de pièces en allant sauver la princesse Peach, on arrive aujourd’hui à créer des jeux comportant des systèmes économiques élaborés au centre du gameplay. C’est même devenu une norme. Mais est-ce pour autant anodin ? Peut-on en mesurer les conséquences sur la communauté des joueurs et sur la société en général ?

    C’est justement ce qu’étudie David M. Higgins. Éditeur pour le Los Angeles Review of Books, il enseigne au Inver Hills Community College dans le Minnesota. Dans son article “Rêves d’accumulation : l’économie dans les jeux vidéo de science-fiction”, l’auteur démontre comment certain jeux vidéo fantastiques, en particulier les MMO, c’est-à-dire les jeux en ligne massivement multijoueur, aboutissent à une forme ultime et sans contrainte de capitalisme (...)

  • Les agricultures urbaines se développent rapidement et agissent sur la construction d’une ville jardinée, durable, résiliente
    #agriculture #environnement #écologie #ville #jardins #durabilité

    https://sms.hypotheses.org/20744

    Ces dernières années, les villes sont soumises à de nouveaux défis. Elles doivent combattre les épisodes de canicule, les risques d’inondation et rechercher une autosuffisance alimentaire : c’est ce que l’on nomme la ville durable. Pour y parvenir, les municipalités prennent en considération les différents enjeux, qu’ils soient sociaux, économiques ou environnementaux et les intègrent dans leur urbanité. Dans ce contexte, les agricultures urbaines se développent et agissent sur la fabrication d’une ville jardinée, durable voire résiliente. Elles réactivent ainsi l’utopie d’une autosuffisance alimentaire en se saisissant des terres fertiles épargnées par l’artificialisation des sols ou en s’emparant de nouveaux espaces comme les sous-sols ou sur les toits.

    Un exemple à analyser : en 2013 la Clinique Pasteur de Toulouse installe sur son toit le plus grand jardin potager suspendu français. 200 jardinières occupent ainsi une surface potagère de 500 m2 et recouvrent la toiture de cet établissement de santé. Ce jardin potager permet de récolter chaque année plus de 400 kilos de légumes et de fruits dont profitent les personnels et les patients. Mais la production n’est pas l’unique objectif de l’action potagère : les objectifs sont aussi sociaux, thérapeutiques, environnementaux et paysagers (...)

    • Raaa, je me suis fadée cette #communication_institutionnelle et ce #green_washing pour voir un film ennuyeux qui ne fait rien avancer et ne comporte aucune critique. Mais c’est tout le problème de ces films publicitaires.

      J’ai été durant plus de 6 mois dans cette clinique Pasteur, avec 2 opérations chirurgicales en juillet et aout 2017 donc en plein été avec 12 jours allités, puis un traitement quotidien de 6 semaines de radiothérapie à l’automne et quelques jours de kiné (j’ai abandonné vu le manque de considération) dans ses batiments.
      Pourtant, malgré la plaquette prometteuse qui m’a été donnée et mon intérêt comme mes demandes pour ce potager si bien vanté, je n’ai jamais mangé un seul légume poussé là-haut.
      Le toit sur lequel est fait le potager n’est pas l’hôpital qui est à côté mais l’Atrium, batiment qui accueille les patient·es pour leur traitement anti cancéreux, chimio ou radiothérapie. L’accueil y est glacial, je ne vais pas m’étendre sur les maltraitances perçues mais il convient de savoir que les patients passent à la chaine pour que le traitement de tous puisse être assuré. Pour accéder à l’Atrium en voiture, il faut payer pour y stationner, même si c’est le temps d’un soin, sinon les chauffeurs de taxis se garent en bas. La clinique Pasteur est en pleine ville, avec une avenue en bas qui est une entrée dans Toulouse et donc assez polluée par les bagnoles.

      A 40:00 le film montre la préparation de 8 entrées par 2 personnes avec quelques tomates poussées sur le toit. Je me demandais quel genre de tirage au sort ils font pour attribuer ces assiettes à 8 heureux patients.

      Bon, c’est gentil tout plein de faire des potagers pollués sur le toit du service d’oncologie, mais je me demande à qui et à quoi ça sert, à part pour lustrer le blason de la clinique.

    • #greenwashing et pendant ce temps rien pour sauver les ceintures maraîchères et empêcher les métropoles de s’étendre sur les terres agricoles (sachant que les bassins de population urbains sont sur les terres les plus fertiles du monde, il n’y a pas de mystère). Moi aussi, ça me gonfle, cet enthousiasme pour l’agriculture urbaine et je ne sauve que la culture de champignons sur déchets urbains (le marc de café).

    • Pour appuyer ce que tu dis @antonin1 à Toulouse le quartier du Mirail et ses tours HLM, comme la fac du Mirail, ont été implantés sur les terres limoneuses de la Garonne.
      Il y a 60 ans, des paysans maraichers y vivaient et fournissaient aux citadins les meilleurs fruits et légumes.
      Dixit le père Noël (véridique), papy du Mirail chez qui je faisais le potager dans l’ancienne ferme de ses parents et qui disait atterré : « Mes parents et tous les paysans d’ici ont tamisé cette terre pour en retirer les petits galets et ils ont construits des tours dessus. »

      @mondes ce serait sympa de répondre à la critique qu’ouvre @vraiment sur ce problème

  • L’enseignement supérieur est de plus en plus persuadé que les compétences professionnelles sont plus utiles que les compétences générales. Et pourtant…
    #compétences #enseignement #Université #Écoles #travail #emploi

    https://sms.hypotheses.org/24385

    Pourquoi les diplômés des écoles d’ingénieurs et de commerce s’insèrent-ils mieux sur le marché du travail que les étudiants titulaires de masters universitaires, alors que tous ont un « bac+5 » ? À cette question, au demeurant bien française, l’une des réponses fréquemment invoquées serait le caractère plus professionnalisé des formations proposées dans les écoles.

    Pourtant, lorsque l’on interroge les principaux intéressés, à savoir les anciens étudiants, sur les compétences qu’ils estiment avoir acquises au cours de leurs formations et sur celles qui leur paraissent utiles dans leur emploi, c’est une tout autre vision qui se dessine. Loin de valoriser les compétences très (trop ?) spécifiques, les diplômés des écoles comme de l’université mettent en avant l’importance des compétences plus larges souvent qualifiées de « transversales ». Il s’agit, en l’occurrence, de savoirs et de savoir-faire mobilisés par plusieurs métiers. Or en matière d’acquisition de ces savoirs, l’université est loin d’être mauvaise élève (...)

    • A mon avis (j’ai suivi les deux types d’enseignement, et ai enseigné en grande école) l’université dispense un savoir très spécialisé et trop peu pluridisciplinaire.

      Mais pour être honnête, la comparaison vis à vis de l’accès à l’emploi est biaisée : les grandes écoles (ingénieur ou commerce) bénéficient d’un réseau d’anciens d’autant plus puissant que l’école est prestigieuse, et qui aide grandement à obtenir stages et premier emploi.

  • « Quand un virus émerge, on demande aux chercheurs de trouver une solution pour le lendemain, ensuite on oublie »
    https://www.bastamag.net/Coronavirus-vaccin-recherche-publique-SRAS-CNRS-budget

    Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS, travaille depuis vingt ans sur les coronavirus. Avec très peu de moyens. Il est en colère contre les pouvoirs publics qui se sont désengagés de ces grands projets de recherche, et dont on semble (re)découvrir aujourd’hui le caractère vital pour nos sociétés alors qu’Emmanuel Macron annonce « augmenter de 5 milliards d’euros notre effort de recherche ». « Je suis Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille. Mon équipe travaille sur les virus à (...) #Débattre

    / Santé , #Services_publics

    #Santé_

  • Les écarts entre les territoires se creusent au niveau de chaque pays et sur le plan mondial. Ce phénomène génère de fortes tensions sociales et politiques #mondialisation #territoires #entreprises #inégalités #crises

    https://sms.hypotheses.org/24418

    Depuis le début de la mondialisation, les écarts entre les performances économiques des différents territoires ne cessent de se creuser, générant ainsi de fortes tensions sociales et politiques. Quelles sont les causes de ce phénomène ? Et comment remédier à ses conséquences les plus néfastes ? Dans trois vidéos (en anglais sous-titré français), trois chercheurs de renommée internationale abordent différents aspects de ce phénomène : les migrations, les transformations du marché du travail, ainsi que l’action des entreprises multinationales.

    Dans la première vidéo, Andrea Morrison (professeur associé à l’Université d’Utrecht) analyse la manière dont les migrations véhiculent la transmission de connaissances, qui est une composante fondamentale du processus d’innovation. Selon les contextes, les migrations peuvent contribuer à réduire ou à élargir les inégalités territoriales, ce qui rend nécessaire une mise en œuvre de politiques migratoires bien adaptées aux besoins de chaque région (...)

  • Le Coronavirus à l’échelle régionale - Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2020/03/17/le-coronavirus-a-lechelle-pertinente

    Une carte de l’Union à étudier de près. Pris dans les effets hobbesiens de recentrement national, on peut perdre de vue la dimension géopolitique du coronavirus : une pandémie articulée entre l’échelle régionale et mondiale, qui semble propulser des formes politiques capables d’articuler les deux dimensions.

  • Durant la Seconde guerre mondiale, le Canada a refusé d’accueillir des juifs. Et ceux qui les soutenaient étaient très divisés sur l’attitude à adopter #histoire #migrations #juifs #frontières

    https://sms.hypotheses.org/24397

    Le Canada est aujourd’hui perçu comme un pays ouvert à l’immigration et très accueillant pour les réfugiés. Son Premier ministre, Justin Trudeau, a même fait de l’accueil de 25 000 réfugiés syriens l’une de ses promesses électorales. Pourtant, le pays n’a pas toujours été aussi favorable aux populations en fuite. Ce même Premier ministre présentait d’ailleurs ses excuses, au nom du gouvernement, pour l’attitude du Canada durant la Seconde Guerre mondiale : « En 1938, le monde était aux prises avec une crise de réfugiés de plus en plus grave. […] Parmi tous les pays alliés, le Canada sera celui qui admettra le moins de Juifs entre 1933 et 1945. Il a accueilli beaucoup moins de réfugiés que le Royaume-Uni et considérablement moins par personne que les États-Unis. […] En ce qui concernait les Juifs, aucun, c’était déjà trop. »

    Dans sa déclaration, Justin Trudeau présente donc le Canada comme le pire pays d’accueil possible pour les réfugiés durant la Seconde Guerre mondiale. Alors même que des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants — notamment de confession juive – fuient les persécutions nazies et la guerre, seules 5 000 personnes sont accueillies entre l’arrivée d’Hitler au pouvoir et la fin du second conflit mondial. Comment est-on alors passés « du pire pays d’accueil » à l’un des plus ouverts ? (...)

    • Si le Canada accueille aujourd’hui beaucoup d’immigrés choisis sur des critères financiers très stricts, il reste tout aussi raciste à l’égard des immigrés va-nu-pieds qui arrivent via les USA (beaucoup d’Amérique Latine, d’Haiti, mais aussi du monde arabe, d’Afrique etc.). Le Canada vit sur cette réputation de pays accueillant, mais il faut dénoncer ce mythe. Le Canada est un pays colonial raciste qui expulse à tour de bras et qui n’accorde aucun droit (moins même qu’aux USA) aux immigrés sans statut...

      #Canada #immigration

  • Le #Portugal au temps de Salazar
    http://www.laviedesidees.fr/Fernando-Rosas-art-durer-fascisme-Portugal.html

    À propos de : Fernando Rosas, L’art de durer. Le #fascisme au Portugal, Éditions sociales. De 1926 à 1974, le Portugal a vécu sous le joug de la dictature salazariste. L’historien portugais Fernando Rosas revient sur les piliers d’un régime fasciste qui demeure mal connu en dépit de sa longévité.

    #Histoire #régime_politique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200316_salazar.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200316_salazar.docx

    • En se penchant sur l’histoire du Portugal au XXe siècle et tout particulièrement sur la période de la dictature, on tombe presque inévitablement sur le nom de l’historien Fernando Rosas. La condition était jusqu’à maintenant de lire le portugais pour pouvoir accéder à son œuvre très dense, qui s’est surtout concentrée sur cette période. La parution de cette traduction, dont l’original date de 2012, marque donc une salutaire étape pour le public français curieux d’en apprendre davantage sur ce moment crucial pour le Portugal et déterminant pour ses anciennes colonies. Elle permet, pour la première fois, de lire Fernando Rosas en français. La rigoureuse traduction réalisée par Clara Domingos, et l’ajout de notes de traduction ainsi que de repères et d’une chronologie facilitent la compréhension de cette période historique.

      Fernando Rosas, L’art de durer. Le fascisme au Portugal, traduit du portugais par Clara Domingues. Paris, Éditions sociales, 2020. 332 p., 22 €. [Salazar e o Poder. A Arte de Saber Durar, Lisbonne, chez Tinta-da-china, 2012].
      #dictature #livre

  • L’historien Pierre Laborie propose une réflexion sur la construction de l’événement en histoire en prenant appui sur la période de l’Occupation et du Régime de Vichy #histoire #événement #Vichy #Occupation

    https://sms.hypotheses.org/19580

    « Penser la Résistance », « Les miroirs du Prado. Essai sur l’événement », « Les traversées du lac obscur », « Un passé égaré », « Une enfance, la mort, l’Histoire »… Ces titres, imaginés dans les dernières années de la vie de l’historien Pierre Laborie (1936-2017), portent des projets d’écriture conçus pour l’essentiel dans le prolongement de la publication en 2011 de son essai Le chagrin et le venin. Jamais publiés de son vivant, ils le sont aujourd’hui dans un ouvrage revenant sur son cheminement d’historien.

    Penser l’événement. 1940-1945 est en effet un ouvrage posthume qui reprend en partie l’idée d’un livre à venir et en dessine l’un des futurs possibles. Pierre Laborie n’a, en effet, jamais cessé d’écrire : pas moins d’une douzaine de textes entre 2014 et avril 2017, articles pour des actes de colloques, mises au point publiées dans la presse ou à destination des enseignants, Mélanges offerts à des collègues amis, ébauches d’une publication espérée. La lecture de ces textes montre comment l’historien explorait de nouveaux ressorts narratifs dans l’écriture de l’histoire, revenait sur les enjeux des phénomènes mémoriels, l’ensemble dessinant la fonction sociale de l’historien face aux usages du passé. Regroupant ces textes sous la forme d’un recueil d’articles, Penser l’événement propose une réflexion sur la construction de l’événement en histoire en prenant appui sur la période de l’Occupation et de Vichy (...)

  • Les migrations font désormais partie de l’ordinaire de la mondialisation. Penser les relations entre réseaux sociaux et migrations permet de repenser les trajectoires, les ressources et les compétences des migrants.
    #réseaux #réseauxsociaux #mondialisation #migrations #migrants #ressources

    https://sms.hypotheses.org/24034

    The complexity of contemporary migrations has fostered new studies to apprehend the various aspects and types of migrants, territorial moves, temporalities whether at the individual or collective level and the modalities of movement (circulation, settlement, going back, in transit…). In a globalized world, these changes brought about by increasing mobilities remain a complex issue for Nations-States. The latter are affected in their borders and identities in a political and territorial context which is growing tougher and endangering human lives.

    These transformations give rise to new types of social ties, sometimes reactivate former ones, foster new migrating strategies and new routes. Practices, representations diversify as well as the ways of appropriating the space, from the street and district of origin to the metropolis. The combination of these various scales helps better understand that these situations are vehicles for social changes (...)

  • L’origine sociale et scolaire des journalistes : un questionnement pour mieux comprendre le journalisme et sa crise actuelle #médias #journalisme #école #origines

    https://sms.hypotheses.org/24146

    La précarité du métier de journaliste est un fait social dorénavant bien étudié et documenté. La crise économique et les transformations assez brutales que connaît le secteur depuis presque vingt ans – et qui sont à l’origine de cette précarité – sont aussi des phénomènes connus. En revanche, les travaux se penchant sur les caractéristiques sociales des journalistes sont plus rares et surtout moins visibles. Leur intérêt n’est pourtant pas secondaire et théorique : il permet de répondre à une série de questions et de paradoxes que laissent en suspens les réflexions habituelles sur le journalisme et sa crise.

    Ainsi, alors que les mises en garde sont nombreuses pour qui veut s’engager dans cette voie professionnelle incertaine et précaire, comment expliquer que les vocations et les formations professionnelles se sont multipliées ? Quels sont les déterminants sociaux de la sélection des journalistes et leurs effets sur leurs trajectoires et leur pratique professionnelles ? (...)

  • Derrière les Brigades internationales, l’engagement d’hommes et de femmes #film #archives #histoire #mémoire #Espagne #France

    https://sms.hypotheses.org/23918

    Le coup d’Etat du Général Franco (1936) contre le gouvernement de Front populaire espagnol provoque une guerre civile dans laquelle les protagonistes ne sont pas seulement espagnols. D’un côté, les forces franquistes ont le soutien actif de l’Allemagne nazie et de l’Italie mussolinienne. De l’autre, les Républicains peuvent compter sur la mobilisation d’anti-fascistes européens, nord-américains (…) car leur combat symbolise la lutte contre la montée du fascisme et du nazisme en Europe. C’est dans ce contexte que, dès le début du conflit, naissent les Brigades internationales… et se construisent leurs mythes.

    Le documentaire Guerre d’Espagne, retour sur l’histoire, des Brigades internationales au Secours populaire sur le processus complexe de leur création ainsi que sur la solidarité d’hommes et de femmes volontaires, engagés militairement sur le territoire espagnol. Il montre également l’importance des activités de solidarité dans plusieurs organisations de gauche à l’intérieur des frontières de la France (...)

  • Mirages de la carte

    Lorsque les troupes françaises débarquèrent à Alger en 1830, le territoire qui s’étendait devant eux leur était à peu près inconnu. Quelques récits de voyageurs, les traités des géographes antiques : le bagage était mince. La #conquête allait commencer, mais aucun Français ne savait ce qu’était l’Algérie. Quelles étaient ses limites, à l’est et à l’ouest, en direction de la Tunisie et du Maroc ? Fallait-il se contenter d’occuper une bande de terre côtière ou pénétrer en direction du mystérieux Sahara ? Comment établir des frontières, dans les confins traversés par des populations nomades ? Et, dans l’immédiat, sur quelles cartes s’appuyer pour assurer le contrôle du territoire, identifier les populations locales et nommer les régions occupées ?
    Mirages de la carte renouvelle en profondeur l’histoire de la conquête de l’Algérie, en suivant au plus près les travaux des géographes et des cartographes chargés d’arpenter ce territoire et d’en tracer les contours dans le sillage de l’#armée. Hélène Blais montre que la #géographie_coloniale sert à prendre #possession d’un territoire, aussi bien militairement que symboliquement, mais qu’elle ne se réduit pas à imposer une #domination. En nous conviant à l’#invention de l’#Algérie_coloniale, à la croisée des pratiques savantes et des ambitions impériales, ce livre original et novateur démontre brillamment comment l’#histoire_des_savoirs peut renouveler celle des #empires_coloniaux.


    https://www.fayard.fr/histoire/mirages-de-la-carte-9782213677620

    #livre #histoire #cartographie #France #Algérie #colonisation

    ping @reka @albertocampiphoto @karine4

    • Voyages au Grand Océan. Géographies du #Pacifique et colonisation, 1815-1845

      Pour avoir été dédiés à la #découverte et à la #science, les #grands_voyages de découverte autour du monde du XVIIIe siècle ont acquis un immense prestige. Au lendemain des guerres napoléoniennes, la #Marine_française tente de renouer avec cette tradition. De grands marins comme #Freycinet, #Dumont_d'Urville ou #Dupetit-Thouars partent alors sur les traces de Bougainville et de Lapérouse. Le monde a cependant changé. De 1815 à 1845, les ambitions coloniales renaissent. L’#océan_Pacifique, qui reste un réservoir de mythes et de rêves pour les Européens, devient simultanément un terrain de #convoitise. Il faut répondre à la fois aux normes modernes de précision et aux impératifs géostratégiques qui se modèlent dans cette partie du monde. En 1842, la mainmise française sur les archipels des #Marquises et de #Tahiti donne aux reconnaissances géographiques une orientation coloniale soudain explicite.
      C’est l’histoire encore méconnue de ces #voyages_océaniens, où les visées impérialistes se mêlent aux objectifs scientifiques, qui est ici racontée. Quels étaient les objectifs politiques et les visées scientifiques de ces #explorations ? Que faisaient au juste les voyageurs sur le terrain ? Quel nouveaux savoirs géographiques ont-ils élaboré ? Quel usage a-t-on fait des informations rapportées ?
      Hélène Blais montre comment la curiosité géographique et les ambitions coloniales s’articulent de façon inattendue et parfois ambiguë. Les marins comblent les blancs de la carte, donnant ainsi naissance à des géographies du Pacifique qui se distinguent pas leurs usages et leur réception. Mais au-delà, ces voyages au Grand Océan font apparaître, à travers le choix des échelles et les découpages internes, les différents facteurs qui président à l’invention d’un territoire dans un contexte d’#expansion_coloniale.


      http://cths.fr/ed/edition.php?id=601
      #océans #mers #mer #océan

  • Des rapports toujours plus poussés entre État et Entreprises
    #podcast #économie #politique #entreprise #état

    https://sms.hypotheses.org/24114

    Qu’ont en commun Silvio Berlusconi, Donald Trump et Emmanuel Macron ? Antipolitiques en politique, ces hommes d’affaires issus de la télévision, de l’immobilier et de la finance sont tous des hommes d’affaires devenus présidents. En étudiant ces personnalités publiques, Pierre Musso analyse le fonctionnement actuel des politiques dans son ouvrage Le temps de l’État-Entreprise, Berlusconi, Trump, Macron. Il met en évidence une nouvelle manière d’exercer la politique et, au-delà, la pénétration de la sphère de l’Entreprise dans celle d’État.

    Pour mener à bien son étude, l’auteur déroule le fil des événements historiques ayant participé à l’évolution de la conception du politique en Occident depuis la réforme grégorienne. Pierre Musso appelle cela la « sédimentation historique » : les différentes conceptions et idées du politique se mêlent jusqu’à former le socle de notre acception actuelle. Les apports de ces différents moments ont construit l’idée actuelle de la politique qui, si elle est séparée du religieux, peine à conserver un sens auquel le peuple puisse s’identifier (...)