Mondes Sociaux

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  • Comment définir et comprendre la « radicalisation » des jeunes ? #jeunesse #radicalisation #éducation

    https://sms.hypotheses.org/23040

    Depuis les attentats de 2015, la question de la radicalisation d’une partie de la jeunesse française et européenne est revenue au premier plan dans l’espace public. Au-delà du concert médiatique et des débats parfois animés entre intellectuels et experts, des politiques publiques ont été mises en œuvre, des plans de prévention activés et des individus classés comme « radicaux » par les institutions judiciaires. Mais en quoi consiste concrètement ce phénomène ?

    Grâce à une convention passée avec la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), nous avons eu accès aux dossiers de 133 mineurs signalés pour « radicalisation ». Il s’agit d’abord de 68 jeunes jugés, ou en passe de l’être, pour des départs en Syrie ou en Irak, et des tentatives d’attentats sur le territoire français. À ceux-ci s’ajoutent 65 autres mineurs condamnés pour « apologie du terrorisme » ou suivis dans le cadre d’affaires pénales ou civiles ordinaires mais qui, au cours des mesures, ont adopté des attitudes ou tenu des propos jugés « inquiétants » par les travailleurs socio-judiciaires. Les premiers représentent la quasi-totalité de ceux qui ont été poursuivis pour terrorisme entre 2012 et 2017 ; les seconds ne sont qu’un échantillon car les dossiers de ce type sont beaucoup plus nombreux (...)

  • Pour une pratique critique de la carte en sciences sociales

    Cette communication s’appuie sur un recueil d’arguments convergents pour une mise en critique de la carte en tant que récit sur et de l’homme habitant la Terre. Son objet est initialement une intuition qui a donné lieu au fil des années à une compilation de textes et d’expérimentations cartographiques. La proposition du séminaire a été vue comme une occasion de confronter mon approche, de passer de l’intuition à une première formalisation. La position que je défends ici s’est construite à partir des travaux de l’anthropologue Tim Ingold, des démarches d’appropriation et de déconstruction de la cartographie par l’art et des positionnements de cartographes tels que Philippe Rekacewicz. De cette discussion, je définis plusieurs enjeux qui traversent la pratique cartographique et le recours aux cartes, qui me semblent justifier une pratique critique de la carte en sciences sociales.

    Je suis géographe, j’ai donc derrière moi une formation et une pratique de la cartographie que l’on peut qualifier de “classique” (Beguin et Pumain, 2014). J’ai appris à faire un croquis cartographique des Barkhanes (dunes) du Sahara, à faire un carte dans un tableur Excel (des localisations x, y) puis à analyser de l’information géographique, à écrire de scripts informatiques pour automatiser la mesure et le dessin des déplacements d’enquêtés, ou encore à définir mathématiquement (discrétisation) et esthétiquement (sémiologie graphique) comment représenter une variable sur un fond de carte. De par mon parcours, la carte s’est d’abord révélée être un outil, et même un multi-tool tant la cartographie a vu ses usages s’enrichir et se diversifier avec l’informatique et le développement des SIG (Système d’Information Géographique) et d’outils interactifs par le biais du web et le recours quasi-généralisé aux GPS (Global Positioning System). Cette richesse de pratiques et d’approches qu’il y a derrière la carte rend parfois difficile son appréhension. Il est fréquent, selon les affinités et les parcours des cartographes (et ce terme est très large), que l’attention soit particulièrement portée sur un aspect au détriment d’un autre, de la production de la donnée à la représentation graphique, du questionnement au traitement statistique, de l’intention au public visé. Finalement plus que la carte en elle-même ce qui peut faire défaut ce sont des informations, des indices pour situer la carte, accéder à la carte et lire la carte. Autrement dit : La carte pour qui ? La carte pour quoi ? (Groupe dupont, 1986). Bien que je revienne à ces aspects en fin de discussion, comme tout géographe qui porte une réflexivité sur la carte (Bord 2012), c’est d’abord à partir du livre de Tim Ingold, Une brève histoire des lignes (2011), que je souhaite introduire une lecture critique de la cartographie. Car s’il est particulièrement important pour la discipline géographique de s’interroger sur la normativité de la carte dans la production de connaissances scientifiques en sciences humaines, et d’en interroger le rôle dans sa diffusion croissante dans la société (Beguin et Pumain, 2014), ces questionnements et discussions sont très largement “géographo-centrés” (Groupe Dupont, 1986 ; Roques, 1993 ; Bord, 1997 ; Bavoux, 2009) et l’enjeu est souvent celui de la géographicité de la carte (Verdier, 2015) ou de la carte comme attribut de la géographie (Bord, 2012). Je trouve donc particulièrement opportun de situer ici la réflexion à l’échelle des sciences sociales afin de s’émanciper de ce tropisme disciplinaire.

    C’est donc la carte comme récit qui me semble particulièrement justifier une démarche de déconstruction de l’objet et de sa fabrique : la carte en général contribue à produire une normativité de nos rapports à l’espace et de nos discours sur l’espace. La critique de la fabrique cartographique et de son usage qui émerge de la lecture de Tim Ingold (2011) renvoie effectivement à un positionnement plus général de remise en cause de la science positiviste et de son régime de connaissances. On retrouve par ailleurs cette approche dans l’ouvrage de recension de pratiques artistiques mobilisant la carte, Géo-esthétique : “La cartographie en tant que discipline a été profondément imbriquée dans la production performative des récits de la modernité, de la rationalité et du positivisme mais aussi de l’histoire du colonialisme et des récits nationaux, et qui se trouve aujourd’hui largement re-signifiée par l’intervention de contre-pratiques et de contre-cartographies d’artistes.” (Quiros et Imhoff, 2014, p.6)
    Anthropologie de la ligne

    Tim Ingold est professeur au département d’anthropologie de l’Université d’Aberdeen en Écosse. Sa recherche vise à rompre avec le positivisme et à déconstruire la dualité nature/culture : il pense qu’en tant que scientifiques nous devrions nous appuyer sur nos “travaux pour critiquer, et remettre en cause certains présupposés dissimulés dans nos propres façons de penser” (Descola et al, 2014, p.45). Il invite ainsi à reconsidérer notre façon de produire de la connaissance sur l’expérience d’être au monde, et de ne plus nous percevoir, en tant que scientifiques, comme en dehors des objets que nous décrivons. Dans cette perspective, la cartographie en sciences sociales est, pour lui, une image et un récit qui contribue à “l’aplanissement du monde” (Descola et al, 2014, p.59).

    Dans Une brève histoire des lignes (2011), Tim Ingold se propose de décrypter l’histoire des formes que les hommes produisent en habitant le monde. Pour cela, il a recours à la ligne comme schème pour décrire différents rapports au monde :

    “Mon objectif est de montrer comment au cours de son histoire la ligne s’est progressivement détachée du mouvement qui l’avait fait naître, autrefois tracée d’un geste continu la ligne a été fragmentée sous l’influence de la modernité et transformée en une succession de traits et de points […] cette fragmentation s’est manifestée dans plusieurs domaines connexes : celui du voyage, où le trajet fut remplacé par le transport orienté vers une destination ; celui des cartes, où le croquis cartographique fut remplacé par le plan de route ; et celui de la textualité, où la tradition orale du récit fut remplacée par la structure narrative prédéfinie. La fragmentation a aussi modifié notre conception du lieu : autrefois nœud réalisé à partir d’un entrecroisement de fils en mouvement et en développement il est désormais un point nodal dans un réseau statique de connecteurs.” (Ingold, 2011, p.100).

    Par cette approche, Tim Ingold met en valeur notre distanciation de plus en plus importante vis-à-vis de l’expérience : ainsi, dans la lecture, tout comme dans le récit et le voyage, “c’est en cheminant qu’on se souvient. La mémoire doit donc s’entendre comme un acte : on se souvient d’un texte en le lisant, d’un récit en le racontant et d’un voyage en le faisant” (Ingold, 2011, p.27). Ainsi, Ingold nous invite à mieux entrevoir ce qui fait la trame de notre existence, et à garder une attention aux liens, aux accumulations et aux trajectoires. Il oppose les processus d’occupation et d’habitation de nos environnements pour “mettre en évidence les difficultés contemporaines rencontrées par les hommes obligés d’habiter dans un environnement prévu et expressément construit pour les besoins de l’occupation” (Bessy, 2012).

    A propos des cartes, il montre que sa forme moderne efface la mémoire (Ingold, 2011, p.37). Il explique que ce qui a permis de faire la carte, les expériences des voyageurs, tous ces témoignages, sont totalement absents de la carte moderne. C’est comme si tout avait été assimilé à un passé qui a été recouvert et, reprenant l’expression de Michel de Certeau, “la carte élimine toute trace des pratiques qui l’ont produites, donnant l’impression que la structure de la carte découle directement de la structure du monde” (Certeau, 1980, p.178-179 ; Ingold, 2011, p.37). Cet aplanissement du monde par la carte peut être compris comme une forme de distanciation de la réalité, du rapport au monde dont la carte souhaite témoigner, mais aussi des étapes par lesquelles est passé le cartographe, pour concevoir sa carte, pour en produire les formes. On voit là que la critique s’applique de façon conjointe au contenu et à la forme de la carte, leur dissociation étant justement cette évolution soulignée par Ingold. Finalement le rapport au terrain, à la récolte des données, le choix du cadre ou de son absence, de l’échelle sont autant d’éléments dont la carte tait le processus de construction pour conserver la seule information que l’on souhaite communiquer. Dans cette perspective, les cartes écrasent la richesse et la diversité des expériences, les nuances des vécus et des expressions, celles du cartographe y compris et c’est peut-être par là qu’il faut commencer pour se réapproprier la carte.

    L’enchaînement des gestes qui aboutissent à la carte est peu discuté et encore moins représenté, soit par ignorance soit par manque d’intérêt, même chez les cartographes. Ainsi la distanciation au terrain est très largement sous-estimée voire ignorée, alors qu’elle est, par exemple, un effet direct lié à l’usage massif de données secondaires pour produire des cartes. L’incertitude liée aux données, à leur mise en forme, à la façon dont les informations ont été réunies sont autant d’aspects absents de la carte. Or de ce fait, la distanciation peut s’opérer dès la formulation de la carte dans l’esprit du cartographe. Cela n’est pas sans évoquer les enjeux que renferme une certaine mise en chiffres du monde (voir Alain Desrosières, La Politique des grands nombres : Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993).
    La carte, l’instrument de sa propre critique

    L’opposition de Tim Ingold entre la carte et le croquis cartographique est radicale dans la mesure où il ne laisse pas entrevoir de ponts. C’est pourtant ce que je souhaite revendiquer : il existe une place pour une cartographie indiciaire – en référence au paradigme de l’indice de Carlo Ginzburg (1980) – une cartographie de la trace qui viendrait rendre compte de nos trajectoires dans le monde, des lignes qui tissent une connaissance géographique sur notre “être au monde”, c’est-à-dire une cartographie qui rompt avec le schème de l’occupation et d’exercice du pouvoir sur l’espace (par la fragmentation et l’intégration) pour se positionner dans une connaissance de l’habiter.

    Tim Ingold n’évoque pas de perspectives pour la cartographie de s’émanciper de son caractère normatif. Mais je pense qu’il propose là, sans le formuler lui-même, un cadre à l’émancipation du cartographe en sciences sociales : comprendre le régime de spatialité dans lequel nous nous insérons et chercher à le fissurer, à rendre tangible d’autres rapports à l’espace. Cette approche doit [re]mettre l’expérience au cœur de la démarche cartographique pour déconstruire nos usages de la cartographie. C’est un enjeu central parce qu’il se décline à la fois dans le contenu de la carte, garder les liens avec l’expérience, et à la fois dans sa forme, proposer une expérience cartographique. Plus qu’une définition de ce que serait une cartographie critique, je préfère identifier ici des enjeux à partir desquels chacun peut se positionner. La carte est un récit qu’il convient d’appréhender par ce que l’historien Christian Jacob définit en 1992 (Bord, 2012) comme ses deux dimensions fondamentales : “la matérialisation et la communication”. Or il apparaît nécessaire de resituer ces deux aspects de la carte dans leur contribution à une certaine normativité du rapport à l’espace et de la conception de l’espace même, et, dans les pas de Brian Harley (Gould et Bailly, 1995 in Quiros et Imhoff, 2014, p.6), de considérer les “cartes “scientifiques” […] comme des formes de savoir socialement construites, des fictions esthétiques disciplinant l’espace.” De ce point de vue, la lecture de différents textes du cartographe Philippe Rekacewicz (2010, 2013, 2015) est opportune car il propose notamment des pistes pour une pratique critique de la cartographie qui font écho aux enjeux évoqués jusqu’ici : l’aplanissement du monde, où la carte doit être critiquée pour son rôle dans une spatialité de l’occupation, où les lieux sont intégrés dans des réseaux, les lignes découpent et attribuent des rôles et des fonctions. La carte est alors un objet d’exclusion. Le lien entre l’expérience et la mémoire, où la carte doit être critiquée pour son écrasement des histoires constitutives de son contenu et de sa forme, pour la distanciation qu’elle crée vis-à-vis des expériences qui se cachent derrière les lignes, points, couleurs, données. La carte donne à voir des formes comme si elles préexistaient aux hommes qui en sont les producteurs, alors que c’est l’engagement de nos corps dans le monde qui crée les formes.
    La cartographie expérimentale

    Philippe Rekacewicz est un cartographe qui a longtemps travaillé pour le journal français Le Monde Diplomatique, qui co-anime aujourd’hui le site visionscarto.net avec Philippe Rivière. De par son engagement entre cartographie, art et militance, il a largement communiqué sur ce qu’est la carte et les enjeux que revêt l’acte de cartographier (Rekacewicz, 2010, 2013, 2015, 2016). Pour lui, la carte est un dialogue permanent entre l’imaginaire et le réel, une production qui représente la manière dont le cartographe voit le monde, voire comment le cartographe aimerait que soit le monde (Rekacewicz, 2010) : ce sont des informations qui passent par le filtre de la sensibilité du cartographe. Il revendique ainsi une dimension émotionnelle de la carte, qui produit un effet sur ses lecteurs, comme il en témoigne à partir de la réaction d’une personne lors d’une exposition de ses cartes : “On sent bien que, quand le cartographe a dessiné cette carte, il était très en colère !” (Rekacewicz, 2010). Par ailleurs, Philippe Rekacewicz témoigne de ce que cartographier implique et revendique le besoin de rendre compte d’une certaine forme d’imprécision – du tâtonnement du cartographe – tout comme de l’incertitude inhérente aux données que l’on utilise. Pour lui “l’esquisse permet, si l’on peut dire, de “reproduire fidèlement” l’imprécision, et surtout de la rendre légitime” (Rekacewicz, 2010). On retrouve là la réflexion à propos du croquis cartographique chez Ingold (2011, p.112). Pour Philippe Rekacewicz, c’est une façon de relativiser les connaissances représentées ou produites par la carte. Cela questionne aussi le rôle de la donnée, de la valeur qu’on lui donne, de l’accès au terrain qu’elle permet ou non : quels sont les liens que l’on choisit de conserver vis-à-vis de l’expérience ? Comment rendre compte de la chaîne de production cartographique ? Il est intéressant de souligner que Philippe Rekacewicz y voit aussi un enjeu en termes de travail collectif : une carte est rarement issue d’une seule personne et, à partir du moment où elle mobilise des données secondaires, elle implique les gens qui ont produit ces données (Rekacewicz, 2015).

    Il réfute par ailleurs la carte comme objectivation du monde et revendique une production subjective de la carte, qui est bien plus qu’un objet de référencement pour la science géographique (Rekacewicz, 2010). Dans ce registre, s’il ne rompt pas avec la cartographie régionale, il la met en discussion, à l’instar d’Elisée Reclus (Reclus, 1903 ; Monsaingeon, 2014 ; Chollier et Ferretti, 2016), en soulignant l’existence avant tout cartographique des frontières. Il parle “d’indigente représentation visuelle” à propos de la frontière (le même trait noir ou rouge) qui aplanit une réalité plus complexe et diverse de la frontière “qui divise des peuples, ou les regroupe. Soit elle menace, soit elle protège, ici c’est un mur, là un grillage, parfois une ligne et souvent… rien” (Rekacewicz, 2010). A propos de cet “aplanissement du monde” il y reconnaît également l’expression de l’occupation et de l’autorité : “c’est en tout cas les frontières qui permettent de grouper les pays et d’esquisser une géographie régionale. Mais toujours avec le risque d’exclure l’autre, de nier l’existence de “ceux qui ne sont pas dans le groupe” (Rekacewicz, 2010).

    Enfin, il perçoit dans ces différents mouvements de contre-cartographie “un exercice libre de déconstruction de l’espace et des phénomènes sociaux, pour lequel les protagonistes se permettent de pervertir les conventions les plus classiques.” (Rekacewicz, 2013). Ces pratiques cartographiques d’artistes et leurs postures critiques sont un écho extrêmement consistant et fertile pour se positionner sur les enjeux que j’ai soulevés jusqu’ici. Ces mouvements ne se privent d’ailleurs pas de discuter et de conceptualiser leur approche, dont le projet est ainsi résumé en introduction de l’ouvrage Géo-esthétique : “à travers notamment une critique des articulations entre espace, pouvoir, savoir et des géographies imaginatives, il s’agirait de défaire ces topographies instituées, autant physiques qu’imaginaires, et d’ouvrir les disciplines de l’espace et la “rationalité cartographique” (Farinelli, 2003) à une révision géo-historique.” (Quiros et Imhoff, 2014). C’est la déconstruction des usages de la cartographie et la reconnaissance d’autres formes de représentation qui permettent de se réapproprier la cartographie tout en rappelant sans cesse, dans un écho à Michel de Certeau, que la carte n’est pas le monde.
    Bibliographie

    Bavoux J-J., (2009), « Chapitre 6 – Quels sont les rapports entre la carte et le géographe ? », in Bavoux J-J. (dir), La géographie. Objets, Méthodes, Débats, Paris, Armand Colin, « U », p. 114-133.

    Beguin M. et Pumain D., (2014), La représentation des données géographiques, Paris, Armand Colin.

    Bessy C., (2012), « L’attention aux lignes », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2012/3 (n° 59-3), p. 143-149.

    Bord J-P, (2012) L’univers des cartes. La carte et le cartographe, Paris, Belin.

    Bord J-P., (1997), « Le géographe et la carte. Point de vue et questionnement de la part d´un géographe cartographe, Cybergeo : European Journal of Geography » [En ligne], Cartographie, Imagerie, SIG, document 17.

    Chollier A. et Ferretti F. (éds.), (2016), Élisée Reclus. Écrits cartographiques, Genève, Éditions Héros-Limite.

    Descola Ph., Ingold T., Lussault M., (2014), Être au monde. Quelle expérience commune ?, Lyon, Presses universitaires de Lyon.

    Ginzburg C., (1980), « Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice », Le Débat, 1980/6 n° 6, p. 3-44.

    Gould P. et Bailly A., (1995), Le pouvoir des cartes. Brian Harley et la cartographie. Paris, Economica, Anthopos.

    Groupe DUPONT., (1986), « GÉOPOINT 86 : La Carte pour qui ? La carte pour quoi ? : Cartes et pratiques géographiques. » Colloque Cartes géographiques et cartographie, 26 au 31 mai 1986, Avignon : Groupe DUPONT.

    Ingold T., (2011), Une brève histoire des lignes, Bruxelles, Editions Zones Sensibles.

    Monsaingeon G., (2014), Mappamundi, art et cartographie, Marseille, Ed. Parenthèses.

    Plourde M-C., (2016), « Compte-rendu de lecture, Philippe Descola, Tim Ingold, Michel Lussault – Être au monde. Quelle expérience commune ? », Revue Emulations [en ligne].

    Quiros K. et Imhoff A. (dirs.), (2014), Géo-esthétique, Paris, Éditions B42.

    Reclus E., (2002), « L’enseignement de la géographie », in J. Cornualt (éd.), Du sentiment de la nature, Charenton, Premières pierres, p. 162-164.

    Rekacewicz Ph., (2010), « La carte, un objet graphique », entretien réalisé par Vincent Casanova et Caroline Izambert, Vacarme, 50/Cahier, pp. 70-72.

    Rekacewicz Ph., (2015), « La cartographie : entre science, art et manipulation », Conférence à l’université de Lille, cycle La Carte invente le monde, le 08/12/2015 à 18:00 | Durée 01:46:18.

    Rekacewicz Ph., (2013), « Cartographie radicale », Le Monde Diplomatique, Février 2013, p.15, [en ligne].

    Rekacewicz Ph. et Tratnjek B., (2016), « Cartographier les émotions », Carnets de géographes 9, [en ligne].

    Roques G., (1992), « La carte, le géographe et le cartographe », Tréma, 1, [en ligne].

    Verdier N., (2015), « Entre diffusion de la carte et affirmation des savoirs géographiques en France. Les paradoxes de la mise en place de la carte géographique au XVIIIe siècle », L’Espace géographique, 44, p. 38-56.

    Wathelet O., (2009), « Tim Ingold, Lines. A Brief History », L’Homme, 190.

    https://cne.hypotheses.org/237
    #carte #cartographie #ressources_pédagogiques #Tim_Ingold #Philippe_Rekacewicz #cartographie_critique #géographicité #géographie #récit #carte_comme_récit #normativité #fabrique_cartographique #modernité #rationalité #positivisme #colonialisme #récits_nationaux #nationalisme #contre-cartographie #art #ligne #mémoire #distanciation #croquis_cartographique #croquis #cartographie_indiciaire #être_au_monde #spatialité #espace #expérience #matérialisation #communication #Christian_Jacob #fictions_esthétiques #imaginaire #réel #sensibilité #émotions #imprécision #tâtonnement #incertitude #esquisse #donnée #données #subjectivité #objectivité #frontière #frontières #aplanissement #occupation #autorité #contre-cartographie

    @reka

  • Sur et sous la décroissance des villes désindustrialisées, des projets de revitalisation ?
    #villes #décroissance #désindustrialisation #urbain #urbanité

    https://sms.hypotheses.org/23020

    L’existence et le développement des villes françaises ont souvent été déterminés par leurs activités économiques et industrielles. Alors que l’heure est à la décroissance pour beaucoup d’entre elles, le devenir des infrastructures qui leur étaient dédiées pose question. Que faire de ces sites qui subsistent à la désindustrialisation ? La conservation et la transformation de ces ensembles recouvrent de nombreux enjeux, d’ordre économique, écologique, patrimonial, politique et social.

    La croissance des villes industrielles en France est caractérisée par la forte spécialisation territoriale de la production. Elle entraine une interdépendance entre la démographie et l’économie. Aussi, le processus de désindustrialisation est suivi par une perte d’emplois, le départ de population, la réduction de l’habitation aux fonctions existentielles et la disparition de l’urbanité. La notion d’urbanité s’applique aux espaces, tels que les espaces industriels et les quartiers populaires autour des usines. La présence industrielle entraine des mises en réseaux et des liens d’échange avec les autres quartiers de la ville (...)

  • Quelles propositions pour repenser les musées ? Les sciences humaines et sociales peuvent-elles contribuer à les réinventer ? Un article de Yves Winkin #musée #culture #institution #SHS

    https://sms.hypotheses.org/23105

    Tous les quatre ans, le Conseil international des musées (ICOM) se réunit dans une grande ville du monde. En septembre 2019, l’ICOM a réuni 4500 délégués de 120 pays à Kyoto, notamment pour voter une nouvelle définition du musée. Il s’agissait de moderniser la dernière définition qui, bien que datant de 2007, remontait dans ses principes aux années 60. Selon celle-ci, un musée est « une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’étude, d’éducation et de délectation ».

    Estimant que les musées doivent vivre avec leur temps et employer le langage du XXIe siècle, certains délégués ont proposé une nouvelle définition du musée. Face à celle-ci, nombre de délégations sont montées au créneau, pour des raisons de forme et de fond. De fait, cette nouvelle définition illustre bien cette formule attribuée à Francis Blanche : « un chameau, c’est un cheval dessiné par une commission d’experts ». Plus sérieusement (...)

  • En Turquie, les #universitaires subissent une répression d’ampleur inégalée

    Plus de 6 000 enseignants et chercheurs ont perdu leur poste à l’université ces dernières années, accusés, sans aucune explication, de « liens » ou « d’appartenance à un groupe terroriste ».

    #Tuna_Altinel, professeur de mathématiques à l’université Lyon 1, a été acquitté vendredi 24 janvier par le tribunal de Balikesir, une ville de la région de Marmara, en Turquie. Cet acquittement a eu lieu au terme d’un procès qui l’avait privé de ses élèves – il avait interdiction de quitter la Turquie – mais aussi de sa liberté, puisque le mathématicien a passé près de trois mois dans une prison turque, accusé de « propagande terroriste ».


    Même s’il a été acquitté, la décision ne doit pas faire oublier qu’au pays du président Recep Tayyip Erdogan, les universitaires subissent une répression d’ampleur inégalée.
    6 081 enseignants limogés

    En Turquie, 6 081 enseignants et chercheurs ont perdu leur poste à l’université ces dernières années. Ils ont tous été limogés, virés par décret dans les deux ans qui ont suivi le coup d’État manqué du 15 juillet 2016. Accusés, sans aucune explication, de « liens » ou « d’appartenance à un groupe terroriste ». Une partie d’entre eux (407, précisément) le savent : ils ont été punis pour avoir signé, en janvier 2016, une #pétition réclamant l’arrêt des violences dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde. La plupart – et c’était le cas du mathématicien Tuna Altinel, qui affrontait en fait deux procès – ont été jugés pour « #propagande_terroriste » à cause de cette signature.

    Sauf qu’il y a six mois, le 26 juillet 2019, la #Cour_constitutionnelle turque a donné raison à ces « #universitaires_pour_la_paix », ainsi qu’ils se désignent eux-mêmes. Et pourtant, ils restent bannis de l’#enseignement_supérieur... alors qu’ils ont finalement été acquittés ! Or, être limogé, en Turquie, cela veut dire perdre son salaire, ses droits à la sécurité sociale et à la retraite, et toute possibilité d’enseigner à nouveau dans le public ou le privé. Ils n’ont plus qu’un seul recours : une commission d’état d’urgence, qui traîne à se prononcer pour finalement, souvent, rejeter les requêtes.

    Un « sentiment d’insécurité »

    Ces situations sont très difficiles pour ces enseignants, professionnellement et personnellement. C’est ce que raconte Hülya Dinçer. Cette francophone a été limogée en février 2017, alors qu’elle venait juste de terminer son doctorat en droit à l’université publique Marmara. Depuis quelques jours, la jeune femme travaille à nouveau au sein d’un Institut de recherche européen à Istanbul. Mais elle ne s’en cache pas : les trois dernières années ont été éprouvantes.

    C’est très difficile de se concentrer et de rester motivé pour la recherche dans une situation où vous êtes complètement privé de statut de chercheur, où vous n’avez aucune légitimité institutionnelle… Ce sentiment d’#insécurité quant à l’avenir me rend émotionnellement très fragile.

    Cette répression qui frappe les universitaires turcs provoque-t-elle ce qu’on pourrait appeler une « fuite des cerveaux » vers des pays plus accueillants ? Non, parce qu’être limogé, en Turquie, cela signifie aussi que votre #passeport est annulé. Vous ne pouvez pas quitter le pays, sauf à bénéficier d’une autre nationalité. C’est le cas de #Hülya_Dinçer. Grâce à sa double nationalité turco-bulgare, elle a pu se rendre à Paris dans le cadre d’une bourse post-doctorale accordée par le #programme_Pause, programme de soutien aux universitaires en danger instauré par le #Collège_de_France. Elle y est restée un an et huit mois.

    Cette liberté retrouvée n’a pas pour autant été une parenthèse enchantée : « Quand vous partez, certes vous pouvez travailler et vous avez la tranquillité d’esprit et les moyens de faire votre recherche, mais vous êtes beaucoup plus isolé ». Selon elle, « il y a une #solidarité en Turquie entre les universitaires, un soutien régulier qui vous permet de survivre, de garder espoir. Ça m’a beaucoup manqué et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai toujours voulu rentrer. »

    Depuis quelques mois, certains universitaires limogés peuvent déposer une requête auprès du ministère de l’Intérieur pour tenter de récupérer leur passeport. Une requête à l’issue très incertaine. Mais c’est la seule avancée concrète en trois ans et demi pour ces milliers d’enseignants turcs.

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/en-direct-du-monde/en-turquie-les-universitaires-subissent-une-repression-dampleur-inegale

    #université #Turquie #répression #terrorisme

  • En Espagne, la Guerre civile est l’objet de luttes mémorielles incessantes. Quel est le rôle des majorités politiques, des historiens et de la société civile dans ces affrontements autour de la mémoire ? #Espagne #histoire #mémoire #luttes #politique

    https://sms.hypotheses.org/11268

    S’il est un pays où les politiques mémorielles se sont manifestées et confrontées par vagues successives, c’est bien l’Espagne. Les majorités politiques en place, le rôle des historiens, et celui de la société civile tiennent dans ces affrontements et ces usages politiques du passé une place majeure. Dans ce film du Centre d’histoire sociale du XXe siècle, les historiennes Charlotte Vorms et Elodie Richard en analysent les contours historiographiques et en font ressortir les enjeux.

    Le régime franquiste en Espagne a alimenté durant des décennies des politiques mémorielles qui œuvraient à falsifier l’histoire espagnole. Le régime né d’un coup d’État en 1936 contre une jeune seconde République née en 1931, avait besoin d’une légitimation historique. L’histoire de la guerre civile fut un élément fondamental d’une propagande qui exaltait les victimes du camp franquiste tombées sur le front et stigmatisait le camp des « rouges ». Cette histoire écrite par des idéologues et des journalistes, fut renouvelée dans les années 1960 par une école historique franquiste créée au sein du Ministère de l’information (...)

  • La presse féminine est-elle le fossoyeur de l’émancipation des femmes ? Bonne question, d’autant que les magazines féminins sont en tête en terme de diffusion ! La réponse passe ici par l’étude historique d’un « grand » titre de la presse féminine française #presse #magazines #femmes #genre

    http://sms.hypotheses.org/10166

    Nombre de journalistes et de scientifiques partagent une même posture : la presse féminine ne serait qu’un amas de normes aliénantes pour les femmes. Pire, leur production ne vanterait que le soin des apparences, la gestion du foyer et de la famille, les soins des enfants, une sexualité libre et épanouie, un travail émancipateur, un mode de vie plus écologique etc. Autant de recommandations indiquant aux femmes comment faire, comment être, selon des modèles figés et des injonctions commerciales. Il ne s’agit pas de s’opposer à ce constat mais de revenir sur l’histoire de cette presse et de ses contenus pour tenter de comprendre les enjeux complexes de la première presse de France.

    Pour étudier l’histoire de la presse féminine française et des normes de féminité qui y sont diffusées, le magazine Marie-Claire représente une bonne source. Il est fondé en 1937 par Jean Prouvost, figure majeure du paysage de la presse française, avec la collaboration de Marcelle Auclair, journaliste spécialisé dans l’écriture destinée aux femmes. Leur objectif est de s’adresser à « toutes les femmes » sans autre distinction – a priori – qu’une communauté de sexe. Leur projet s’inscrit dans un contexte d’évolution de la presse magazine, marqué notamment par le développement d’un grand nombre de titres spécialisés (...)

  • Rencontre avec Éric Guichard, philosophe de l’Internet et du numérique | Lettres Numériques
    http://www.lettresnumeriques.be/2020/01/31/rencontre-avec-eric-guichard-philosophe-de-linternet-et-du-numeriq

    À l’occasion de sa contribution lors du festival APREM, trois journées d’échanges et de réflexion autour de la domination des algorithmes dans nos sociétés actuelles, Lettres Numériques est allé à la rencontre d’Éric Guichard, philosophe spécialiste en la matière. Les 14, 15 et 16 novembre derniers avait lieu le festival APREM ; des rencontres, échanges et réflexions sur le développement numérique autour d’un thème de société. Cette année, le sujet soulevé était la domination des algorithmes et la manière (...)

    #algorithme #Linux #smartphone #technologisme #domination #GAFAM #art

  • Le cinéma a souvent montré Berlin coupée en deux par le Mur (1961-1989) ? Que dit-il de cette ville double ? Quelle carte dresse-t-il de cet espace urbain ? #Berlin #ville #cinéma #territoires #histoire

    https://sms.hypotheses.org/18760

    Le cinéma, en filmant la ville, nourrit l’imaginaire de l’espace et entretient avec elle d’étranges affinités. Il invite à flâner dans les rues des grandes métropoles, à fouler du pied leur bitume grâce à l’entremise de l’écran. Il est une promesse de voyage dans l’espace, parfois aussi dans le temps.

    S’embarquer quelques décennies en arrière dans Berlin, alors coupé en deux par le Mur (1961-1989), tel était le projet de mon doctorat. Que montre le cinéma de la ville divisée ? Que raconte-t-il de cette cité double ? Quels portraits fait-il de cet espace urbain complexe et singulier ? La matière pour nourrir ces questionnements, je l’ai trouvée en visionnant près de cent cinquante films, est- et ouest-allemands, produits durant les presque trois décennies d’existence du Mur (...)

  • Objets numériques : bientôt tous obsolètes ? | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/laetitia-vasseur/objets-numeriques-bientot-obsoletes/00091514

    Les appareils électriques et électroniques sont de plus en plus nombreux dans nos foyers : chaque ménage français en compte 99 en moyenne d’après l’Ademe. Ceux-ci sont toujours plus connectés, du réfrigérateur à la montre : on estime à environ 30 milliards le nombre d’objets connectés dans le monde en 2020. Le rythme de renouvellement des objets numériques tend à s’accélérer : entre 1985 et 2015, la durée d’utilisation d’un ordinateur aurait été divisée par trois, passant de onze à quatre ans. A l’heure de (...)

    #Apple #Samsung #serveur #domotique #écologie #technologisme #obsolescence #InternetOfThings

  • À chaque inquisiteur son hérétique
    https://www.dedefensa.org/article/a-chaque-inquisiteur-son-heretique

    À chaque inquisiteur son hérétique

    La chasse aux hérétiques se poursuit contre toute attente en 2020, dans un contexte où les autorités politiques s’alignent de plus en plus sur une doxa globaliste qui ne fait plus de concessions. Jadis, lorsque le Moyen Âge chrétien était à son apogée, l’église de Rome avait confié aux frères prêcheurs le mandat d’enquêter sur les déviants qui osaient défier la doxa d’une doctrine patristique qui s’érigeait en rempart contre les influences du « malin ». Si les thuriféraires de la Révolution française ont réussi à mettre à bas les influences du haut clergé, il n’en demeure pas moins que leurs successeurs s’acharnent actuellement à reconstruire les fondations d’une inquisition toujours à la manoeuvre.

    La saison de la chasse aux hérétiques

    L’inquisition, instituée par le pape Grégoire (...)

  • La multiplication des crises environnementales interroge fortement. Ces crises imposent de construire des réponses dans le cadre d’une transition écologique maîtrisée #crises #anthropocène #podcast #écologies #environnement

    https://sms.hypotheses.org/22375

    Évènements climatiques extrêmes, incendies monstrueux, pollution hors de tout contrôle : l’avènement de l’Homme comme principale force géologique sur Terre a entraîné la naissance d’une nouvelle ère, l’Anthropocène. Dans celle-ci, l’Humanité s’interroge sur ces évènements climatiques d’un genre nouveau, sur leur incidence sur la pérennité de l’espèce humaine et sur les idéologies qui en découlent.

    L’entrée dans l’Anthropocène remet en effet en cause les promesses de la modernité élaborées aux XIXe et XXe siècles. Alors qu’il s’agissait de construire une société détachée des déterminismes naturels, force est de reconnaître que les décisions d’aujourd’hui influencent directement nos conditions de vie futures et réduisent la marge de manœuvre des générations à venir. La fin de ce mythe doit nous faire ré-envisager nos liens aux non-humains et aux processus bio-géo-chimiques de la terre (...)

  • affordance.info : Le diabète de Dieu, les données médicales émergentes et le Health Data Hold-Up.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/01/diabete-dieu-health-data-hub-holdup.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0240a4de4bf1200d-600wi

    Je vais vous donner un exemple documenté que Mason Marks cite lui-même. Il s’agit d’une étude « scientifique » menée par des équipes de Facebook, analysant les données médicales et les publications sur les réseaux sociaux de 999 utilisateurs - consentants - de Facebook. Un corpus de 20 millions de mots. Article intitulé : « Evaluating the predictability of medical conditions from social media posts ».

    Parmi les résultats surprenants de cette étude on lit que les publications contenant un champ lexical religieux (comme les mots Dieu, famille ou prière) seraient des prédicteurs forts du ... diabète. Je vous cite le passage en entier (en gras la partie sur le diabète de Dieu) :

    “Many topic markers of diagnoses reveal characteristic behavior or symptoms. For example, alcohol abuse was marked by a topic mentioning drink, drunk, bottle. Topics expressing hostility (e.g. people, dumb, bulls**t, b**ches) were the predominant marker of drug abuse and also marked psychoses. Topics most associated with depression suggested somatization (e.g. stomach, head, hurt) and emotional distress (e.g. pain, crying, tears). Other markers may suggest socio-environmental variables associated with disease risk; for example, diabetes was predicted by religious language (e.g. god, family, pray) even when controlling for demographic variables. This does not mean that everyone mentioning these topics has the condition, but just that those mentioning it are more likely to have it. For example, the top 25% of patients mentioning the (god, family, pray) topic were 15 times (95% CI: [3.16, inf]) more likely to have been diagnosed with diabetes than those in the bottom 25% of mentioning that same topic. This association may be specific to our patient cohort and suggests the potential to explore the role of religion in diabetes management or control.”

    Vous noterez la formule « cela ne veut pas dire que ceux qui mentionnent ces sujets ont la pathologie, mais que ceux qui les mentionnent sont davantage susceptibles de l’avoir. » (sic) Et le « cette association peut être spécifique à notre cohorte de patients et elle suggère d’explorer le rôle potentiel de la religion dans la gestion et le contrôle des différents types de diabète ». (sic again) Et le reste des corrélations est à l’avenant.

  • En France comme en Europe, l’immigration occupe une place importante dans les débats politiques. Retour sur cette question à partir du cas de l’émigration espagnole vers les amériques aux 16e et 17e siècles et de la naissance d’une politique migratoire. #immigration #histoire #population #territoires #politiques #migrations #Espagne

    https://sms.hypotheses.org/22490

    Les politiques migratoires contemporaines se concentrent essentiellement sur l’impact des mouvements de populations sur les territoires d’« accueil ». L’Espagne des XVIe et XVIIe siècles se préoccupait, quant à elle, de réguler l’émigration pour éviter de déstabiliser une société ibérique aux conditions de vie difficiles. L’histoire est donc susceptible d’éclairer les politiques migratoires.

    En France, en Europe, en Amérique et dans nombre de pays d’Asie et d’Afrique, la question de l’immigration domine actuellement les débats politiques. La mobilité de millions d’hommes et de femmes inquiète. Dans ces considérations agitées, les déplacements sont perçus sans tenir compte de l’origine des déplacés. Ce qui compte principalement est le fait que l’immigré est un étranger. Parti « d’on ne sait où », il est extérieur, et c’est l’unique point commun de tous les immigrés (...)

  • Faut-il renoncer à comprendre comment les élèves apprennent des connaissances générales à l’école, alors que l’école a échoué à les enseigner ? Peut-être pas, selon André Tricot #école #élèves #connaissances

    http://sms.hypotheses.org/2858

    Depuis Montaigne, les enseignants ont la réputation de savoir remplir les têtes sans pour autant les former. Régulièrement, on explique que l’Ecole devrait contribuer à former des élèves intelligents plutôt que des chiens savants ou des magnétophones enregistreurs et qu’elle devrait permettre aux élèves de généraliser leurs connaissances, de les transférer, voire d’apprendre à apprendre.

    Voulant sans doute contribuer à cette noble ambition, les chercheurs en psychologie de l’apprentissage ou de l’éducation tentent, depuis la fin du 19ème siècle, de comprendre, d’expliquer et de prédire comment les humains apprennent des connaissances générales au sens de connaissances utilisées dans un ensemble de situations, ensemble bien plus vaste que celui des situations qui ont servi à les apprendre. Par exemple, savoir résoudre des problèmes, raisonner, comprendre, catégoriser ou argumenter sont des connaissances générales. Hélas, les psychologues ont échoué à comprendre comment les humains apprennent des connaissances générales à l’école, tandis que celle-ci a manifestement échoué à les enseigner (...)

  • Dans le contexte actuel sur le vote de la Loi LPPR, Mondes Sociaux a pensé utile de sélectionner des articles récents ou plus anciens qui peuvent contribuer au débat #université #ESR #LPPR

    https://sms.hypotheses.org/22765

    Comme les lois qui l’ont précédée depuis une douzaine d’années, la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche suscite de nombreuses controverses. Mondes Sociaux a publié plusieurs articles qui analysent la situation et le fonctionnement actuel de la recherche en France. Souvent ces articles questionnent les allant de soi et les croyances plus ou moins partagées qui fondent les politiques de recherche, et les débats qu’elles suscitent (...)

  • Du camembert normand aux bêtises de Cambrai, en passant par le cassoulet toulousain et la choucroute alsacienne : retour sur les légendes culinaires ! Ou comment la cuisine devient un élément du patrimoine national…

    #histoire #patrimoine #légendes #cuisine #alimentation

    https://sms.hypotheses.org/22355

    Top Chef , Cauchemar en cuisine , Masterchef : la multiplication des émissions culinaires nous abreuve d’anecdotes sur l’origine des recettes ou de certains produits. Que ce soit la galette des rois à la frangipane, les cannelés de Bordeaux, les bêtises de Cambrai, ou encore le Roquefort – sans oublier la tarte tatin – tous s’appuient sur une légende censée être valorisante. Un rapide tour d’horizon montre toutefois que nombre de ces légendes sont souvent assez improbables ou juste totalement fausses.

    Loic Bienassis, chercheur associé en histoire à l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation, s’intéresse à l’origine de ces légendes en France. Ce faisant, il cherche à comprendre pourquoi elles suscitent autant d’enthousiasme et quel est leur rôle dans l’établissement du patrimoine gastronomique (...)

    • Du brie de Charlemagne à la tarte renversée des sœurs Tatin : essai d’analyse des légendes culinaires et de leurs usages
      https://journals.openedition.org/insitu/25298

      Tentons tout d’abord d’apporter un peu de clarté dans le maquis des généalogies fantasmées. Il semble possible d’identifier trois familles de récits. La première d’entre elles regroupe ceux construits autour du motif de l’heureux accident – ce que traduit le concept, désormais consacré, de sérendipité2. Au sein de cette catégorie, on trouve le « manqué », ce riche gâteau en pâte à biscuit, doré et souvent parsemé d’amandes. En 1842, après avoir raté la neige de blancs d’œufs pour faire un biscuit de Savoie, un ouvrier-pâtissier parisien aurait ajouté du beurre pour se rattraper et lancé cette nouvelle recette3. On reste toutefois sceptique puisque les gourmets du xviiie siècle mangeaient déjà des « biscuits manqués », d’un type certes fort différent, et que l’on repère depuis les années 1820 au moins4 des recettes très proches de celle que nous connaissons.

      Deuxième origine classiquement invoquée : l’importation. Prenons la frangipane. On lit généralement qu’un noble italien de la famille des Frangipani a donné son nom à un parfum de son invention, parfum utilisé pour les gants avant qu’il n’entre dans la composition de la crème de nos galettes des Rois10. Une lettre de Guez de Balzac de mai 1634 vante effectivement la réputation des « gants de Frangipani » et attribue cette invention au marquis Pompeo Frangipani, son contemporain. On ne sait pas grand-chose de la composition originelle de ce parfum et si l’appellation a très vite gagné la cuisine, l’appareil des « tourtes de frangipane » ne comportait pas nécessairement d’amandes. La préparation canonique moderne ne se stabilisera qu’au xxe siècle. En clair, il s’agit d’une pâtisserie bien française au nom italianisant11.

      Mais nous touchons ici au troisième type de récit, qui se caractérise non par une structure récurrente mais par un contenu similaire : la référence à l’histoire avec un H majuscule. Dans un premier cas de figure, le motif de l’importation se superpose à cet arrière-plan. On vient de le noter pour les croisades, toile de fond sur laquelle se déploient plusieurs légendes.

      Ces contes font florès en raison des fonctions qu’ils remplissent. La première est celle de l’ennoblissement. Questionnant la véracité des légendes historiques, le folkloriste Arnold Van Gennep relevait qu’elles sont l’objet d’un déplacement temporel – alors que, contrairement au conte, elles se rapportent à des événements datés. Il s’agit soit d’un vieillissement, qui consiste à décaler un événement de plusieurs siècles en arrière ou, plus souvent, à le reporter dans un passé indéterminé et lointain, soit d’un rajeunissement, un événement ancien étant rattaché à un personnage ou à un épisode plus récent, et Van Gennep de citer les constructions, ruines, armes et ossements enfouis, attribués aux armées de Napoléon en de nombreux pays d’Europe23.

      Dans le cas qui nous occupe, sans exclure que des rajeunissements soient parfois opérés, le processus de vieillissement domine de très loin.

      Ces récits remplissent aussi une fonction d’intelligibilité. Une date est fixée, un créateur identifié. L’importation, le raté réussi ou l’invention simplifient le réel, apportent des réponses claires. Ils rendent compte de l’innovation et de la rupture. Le voyageur ou l’accident sont à même de générer de l’inédit. On laisse de côté toute idée de tâtonnement, les avancées incertaines, les évolutions mal datées. Un processus complexe, diffus, est remplacé par un découvreur unique, tel Dom Pérignon à qui l’on attribue, à tort, la mise au point du vin de Champagne pétillant28. En cela, ces récits sont en concordance avec les nombreux mythes qui jalonnent l’histoire des techniques en général, qu’ils portent sur la diffusion de celles-ci ou sur quelques inventeurs plus ou moins célèbres29.

      La promotion d’anonymes n’est que le reflet de la moindre dignité du champ culinaire et l’enrôlement de noms fameux qui n’y peuvent mais peut passer pour un moyen d’y remédier. L’histoire gastronomique écrite depuis plus de deux siècles se retrouve peuplée d’inconnus n’ayant jamais existé ou de grands personnages embrigadés sans raison. Très rares sont les authentiques obscurs qui, comme Marie Harel, accèdent à une petite notoriété grâce à la création dont on les crédite.

      #invention #sciences #techniques #cuisine #histoire

  • RGPD : « Les Américains considèrent la donnée personnelle comme un simple bien commercialisable »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/20/rgpd-les-americains-considerent-la-donnee-personnelle-comme-un-simple-bien-c

    L’avocat Alexandre Lazarègue constate, dans une tribune au « Monde », que la loi sur la protection des données adoptée par la Californie, contrairement au RGPD européen, ne permet pas aux citoyens américains de reprendre le contrôle de leurs vies privées. Tribune. Depuis le 1er janvier 2020, le California Consumer Privacy Act (CCPA) régit le droit des données personnelles des Californiens. Initié à la faveur d’un référendum populaire, il répond aux besoins des citoyens américains de se prémunir de (...)

    #Apple #Google #Amazon #Facebook #algorithme #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #législation #BigData #CCPA #data #datamining #discrimination #données #GAFAM (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##oubli ##surveillance

  • Le développement durable mobilise des acteurs et des groupes bien au-delà des gouvernants. Comment penser ensemble la transition écologique au-delà des discours officiels et convenus.

    https://sms.hypotheses.org/22455

    #écologie #politique #environnement #développementdurable #transition

    L’année 2019 a été clairement marquée par le mouvement international de la jeunesse Fridays for the Future (Vendredis pour le futur), lancé par la Suédoise Greta Thunberg, en faveur d’une grève scolaire mondiale pour le climat. On a ainsi compté quelque 5000 événements dans 150 pays le vendredi 20 septembre 2019. C’est dire que le mot d’ordre du développement durable est aujourd’hui omniprésent et mobilise des acteurs et des groupes bien au-delà des gouvernants.

    Il se concrétise toutefois en fonction de ce que l’on priorise et en fonction de ce que l’on met en place. Autrement dit, il s’opérationnalise via des contenus (énergie, transports, consommation, déchets, espaces verts, etc.) et des procédures (comment on le fait, autour du registre de la démocratie et de la participation). Mais comment penser ensemble la durabilité et sa gouvernance ? S’y arrêter permet de mieux saisir les enjeux actuels de « transition », aussi bien énergétique qu’« écologique et solidaire », pour reprendre l’intitulé du ministère en charge en France (...)

  • Selon l’historien Jules Michelet, « les hommes ont pris la Bastille, les femmes ont pris le roi ». Retour sur quelques lieux communs sur la place et le rôle des femmes dans la Révolution française #genre #histoire #femmes #révolution

    https://sms.hypotheses.org/22395

    L’historien Jules Michelet écrivait dans son Histoire de la Révolution française « Les hommes ont pris la Bastille, les femmes ont pris le roi », soulignant ainsi le rôle moteur des femmes dans les événements révolutionnaires. Si de grandes figures comme Olympe de Gouges, Charlotte Corday, Madame Roland et Théroigne de Méricourt sont restées dans les mémoires, elles ne résument pas à elles seules la condition féminine et les attentes sociales et politiques des femmes pendant cette période. L’ouvrage de Christine Le Bozec Les femmes et la Révolution (1770-1830), permet de revenir sur certains lieux communs à propos de la place et du rôle des femmes au cours de la Révolution française.

    Le premier cliché concernant cette période renvoie à une supposée liberté des femmes du XVIIIe siècle que les révolutionnaires auraient cherché à réduire : « Il est courant, voire banal, […] d’affirmer qu’au XVIIIe siècle les femmes étaient libres, pour ne pas dire libérées. La Révolution française les aurait privées de leurs droits, de leurs acquis et des avancées dont elles pouvaient se prévaloir […]. » Ces femmes indépendantes tiennent des salons où se succèdent savants, artistes, intellectuels et philosophes. Or, elles ne sont pas représentatives de la condition féminine dans son ensemble, constituant plus l’exception que la règle (...)

    • Le boulanger, la boulangère et le petit mitron
      https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/061012/le-boulanger-la-boulangere-et-le-petit-mitron

      L’été 1789 fut l’été de tous les dangers pour la monarchie. Ebranlée en juillet par la prise de la Bastille, symbole du pouvoir absolu, elle fut à nouveau mise à l’épreuve les 5 et 6 octobre par une marche des femmes des faubourgs sur Versailles afin de ramener à Paris la famille royale. Journées révolutionnaires restées célèbres par ce cri du peuple : « Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron ».

      Cet événement dont les féministes pourraient commémorer l’anniversaire marque, pour la première fois dans notre histoire, le rôle majeur des femmes dans un processus révolutionnaire. Car ce « kidnappage » de la monarchie permit non seulement d’obtenir la signature du roi pour sanctionner la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » mais aussi et surtout de mettre la famille royale sous la surveillance du peuple de Paris.

      C’est un banquet qui a mit le feu aux poudres et a déclenché ces « Journées d’Octobre ».
      . . . . . . .

  • « Nous ne voulons pas d’une humanité génétiquement modifiée ! », une tribune d’écologistes citoyennistes
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1223

    Tribune publiée dans Le Monde le 15 janvier 2020, signée par Dominique Bourg, philosophe, professeur honoraire à l’université de Lausanne (Suisse) ; José Bové, éleveur, ancien syndicaliste de la Confédération paysanne ; Elena Pasca, philosophe, administratrice de la fondation Sciences citoyennes ; Michèle Rivasi, députée européenne (EELV) ; Jacques Testart, biologiste et essayiste, directeur de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Voici une tribune des porte-parole habituels de l’écologie citoyenniste, consacrée à la reproduction artificielle de l’humain, et dont le seul défaut est de mentir par omission sur le point essentiel. Ni Testart (et pour cause), ni ses co-signataires, ne sont capables d’énoncer que l’eugénisme commence avec la FIV et que (...)

    #Service_compris
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/loi_de_bioe_thique_.pdf

  • Les #chômeurs, victimes collatérales de la #retraite universelle | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr//chomeurs-victimes-collaterales-de-retraite-universelle/00091537

    Pour les demandeurs d’emploi non indemnisés, la « dimension solidaire » du nouveau régime ne saute pas davantage aux yeux. C’est même tout le contraire. Que se passe-t-il pour les chômeurs en fin de droits, qui touchent l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ? Eh bien, ils cotiseront sur cette base, pardi ! A raison de 16,74 euros par jour (soit 502,20 euros par mois de 30 jours), il leur faudra presque un microscope pour compter les points retraite acquis. Rien à voir avec le dispositif actuel : aujourd’hui, ils peuvent à la fois valider des trimestres (quatre, en régime « normal », mais jusqu’à 20 pour les plus de 55 ans ayant cotisé au moins 20 ans à l’Unédic) et acquérir des points Agirc-Arrco sur une partie de leur ancienne rémunération.

    Quant aux chômeurs qui ne touchent pas la moindre indemnisation, on cherche encore en quoi le nouveau dispositif constituerait pour eux une « avancée majeure ». Ne disposant d’aucun revenu, ils n’acquerront aucun point retraite pour leurs vieux jours. Un recul par rapport à la situation présente. Actuellement, un demandeur d’emploi non indemnisé ne se crée, certes, aucun droit au titre de sa retraite complémentaire Agirc-Arrco. Mais, à condition d’avoir déjà cotisé au régime général ou à la Sécurité sociale des indépendants – un simple job d’été suffit ! –, il peut valider des trimestres pour sa retraite de base. Un jeune qui, par exemple, bosse 15 jours dans un centre aéré, reprend puis termine ses études et entre sur le marché du travail peut valider jusqu’à six trimestres s’il galère à trouver son premier poste…

    • (texte intégral, en accès plus ou moins libre donc)

      Réforme
      Les chômeurs, victimes collatérales de la retraite universelle
      Stéphane Béchaux
      17/01/2020

      Les demandeurs d’emploi font partie des grands perdants de la réforme. Car ils acquerront demain beaucoup moins de droits qu’aujourd’hui. Et gare à la décote pour ceux qui terminent leur carrière au chômage.

      « Une avancée majeure ! » Dans son exposé des motifs du projet de loi, le gouvernement assure que son système universel de retraite sera particulièrement bénéfique pour tous ceux qui connaissent des interruptions de carrière. Une vaste population qui englobe tout à la fois les femmes en congé maternité, les travailleurs en arrêt maladie ou en invalidité et, bien sûr, les demandeurs d’emploi. Si l’on en croit l’exécutif, le nouveau dispositif permettra ainsi à ces assurés « de réellement percevoir la dimension solidaire du système universel de retraite tout au long de leur carrière ».

      Potion amère pour les demandeurs d’emploi indemnisés...

      La « dimension solidaire » ? Les chômeurs aimeraient bien. Mais le futur régime, applicable à partir de 2025, leur prépare au contraire des vieux jours difficiles. Quelle que soit la situation de recherche d’emploi dans laquelle ils se trouvent. Pour les chômeurs indemnisés, la pilule s’annonce particulièrement amère. Car jusqu’alors, le système neutralisait l’impact potentiel de la perte d’emploi sur leur future pension de retraite : aujourd’hui, ils valident à la fois des trimestres au titre du régime de base (à raison d’un trimestre pour 50 jours indemnisés, dans la limite de quatre trimestres par an) et acquièrent des points de retraite complémentaire sur la base de leur ancien salaire.

      Un « âge d’or » terminé. Dans sa rédaction, l’article 42 du projet de loi prévoit désormais d’asseoir le nombre de points de retraite des chômeurs sur le montant de leur indemnité, et non plus sur leur rémunération antérieure. Une sacrée différence. Non seulement parce que l’allocation de retour à l’emploi (ARE) ne représente qu’entre 57 % et 75 % du salaire de référence, mais aussi parce que le mode de calcul de ce dernier va devenir beaucoup moins favorable.

      Le récent décret assurance chômage (https://www.alternatives-economiques.fr/assurance-chomage-une-reforme-sanglante/00090433) prévoit en effet qu’à partir du 1er avril prochain, le salaire de référence servant à calculer l’allocation tienne compte à la fois des périodes travaillées et non travaillées au cours des deux dernières années précédant la perte d’emploi. Ce qui va baisser mécaniquement le montant de l’ARE et donc, par ricochet, la future retraite… L’impact promet d’être conséquent. Selon les estimations de l’assurance chômage, les nouvelles règles devraient pénaliser un allocataire indemnisé sur deux, soit 1,3 million de personnes.

      « Pour les chômeurs, il va y avoir un effet en cascade sur le niveau d’acquisition des points, alerte Jean-Paul Domergue, responsable du plaidoyer chez Solidarités nouvelles face au chômage (SNC). D’autant plus qu’on va tenir compte de toute la carrière pour calculer le montant de la pension, et pas seulement des 25 meilleures années comme actuellement pour la retraite de base. » L’association s’en est ouverte aux organisations syndicales, et notamment à la CFDT, qu’elle a rencontrée fin novembre. Un message entendu. « Nous, on a toujours plaidé pour que les points retraite soient calculés sur le salaire antérieur à la période de chômage. Chez Jean-Paul Delevoye, le principe ne semblait pas poser problème. Mais il a disparu lors de la transcription dans le projet de loi », retrace Frédéric Sève, le négociateur retraite cédétiste.

      … et encore plus indigeste pour les chômeurs non indemnisés

      Pour les demandeurs d’emploi non indemnisés, la « dimension solidaire » du nouveau régime ne saute pas davantage aux yeux. C’est même tout le contraire. Que se passe-t-il pour les chômeurs en fin de droits, qui touchent l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ? Eh bien, ils cotiseront sur cette base, pardi ! A raison de 16,74 euros par jour (soit 502,20 euros par mois de 30 jours), il leur faudra presque un microscope pour compter les points retraite acquis. Rien à voir avec le dispositif actuel : aujourd’hui, ils peuvent à la fois valider des trimestres (quatre, en régime « normal », mais jusqu’à 20 pour les plus de 55 ans ayant cotisé au moins 20 ans à l’Unédic) et acquérir des points Agirc-Arrco sur une partie de leur ancienne rémunération.

      Quant aux chômeurs qui ne touchent pas la moindre indemnisation, on cherche encore en quoi le nouveau dispositif constituerait pour eux une « avancée majeure ». Ne disposant d’aucun revenu, ils n’acquerront aucun point retraite pour leurs vieux jours. Un recul par rapport à la situation présente. Actuellement, un demandeur d’emploi non indemnisé ne se crée, certes, aucun droit au titre de sa retraite complémentaire Agirc-Arrco. Mais, à condition d’avoir déjà cotisé au régime général ou à la Sécurité sociale des indépendants – un simple job d’été suffit ! –, il peut valider des trimestres pour sa retraite de base. Un jeune qui, par exemple, bosse 15 jours dans un centre aéré, reprend puis termine ses études et entre sur le marché du travail peut valider jusqu’à six trimestres s’il galère à trouver son premier poste…

      A tous ces coups de bambou vient s’ajouter un dernier « cadeau », réservé aux seniors qui finissent leur carrière au chômage. Aujourd’hui, ceux-ci peuvent continuer à percevoir leur allocation de retour à l’emploi jusqu’à l’âge du taux plein. Dès qu’ils l’atteignent, Pôle emploi cesse de les indemniser et ils basculent dans la retraite. Mais que se passera-t-il demain pour les intéressés avec l’instauration du fameux âge « pivot » ou « d’équilibre » ? Pourront-ils continuer à percevoir leur indemnisation ou devront-ils liquider leur pension ? La réponse est cruciale. Car plane sur eux la menace d’une décote sur leur pension, s’appliquant pendant toute la durée de leur retraite. « Ce problème, les chômeurs peuvent déjà le rencontrer sur leur retraite complémentaire. Mais au moins, la décote est temporaire. Tandis que là, elle serait définitive, ce qui est très injuste », dénonce Jean-Paul Domergue (SNC). De fait, les demandeurs d’emploi seniors n’ont aucun droit d’option. Eux, ne peuvent pas choisir de rester plus longtemps en poste pour ne pas subir une minoration de pension !

  • On pense souvent que les femmes rurales brésiliennes sont passives, analphabètes, éloignées des revendications politiques ou égalitaires. Or, rien n’est plus faux...

    https://sms.hypotheses.org/18826

    Quand on évoque le monde rural brésilien, il est difficile d’échapper aux stéréotypes, notamment ceux concernant les femmes qui y vivent. Ces femmes rurales seraient comme arriérées, passives, analphabètes, vivant en un lieu où certaines réflexions politiques ou égalitaires ne sont pas portées. Or, dans la pratique, rien n’est plus faux : il suffit d’aller à la rencontre de ces femmes pour voir cette représentation voler en éclats. Et c’est tout l’objet de ce film recherche que de le montrer.

    Comment, alors qu’on travaille sur la construction d’une « utopie réelle » par des femmes rurales brésiliennes, montrer qu’elles sont les actrices du changement ? Comment ne pas reproduire l’image stigmatisée, l’usurpation de la parole, l’invisibilisation des savoirs, la négation sociale de ces enquêtées dans le processus de recherche ? En tant que féministe, et travaillant avec des féministes, ces questions sont centrales et nous ont porté à penser un film participatif (...)

  • Pesticides SDHI : une audition devant les députés relance la controverse
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/15/pesticides-sdhi-une-audition-devant-les-deputes-relance-la-controverse_60259

    Le compte rendu de l’audition a été adressé jeudi 9 janvier au groupe d’études santé-environnement de l’Assemblée. Pour Pierre Rustin (CNRS), l’un des chercheurs ayant lancé l’alerte sur les SDHI à l’automne 2017, l’intervention contient des affirmations erronées. « Contrairement à ce que dit la presse de façon générale, ce n’est pas un nouveau produit, ce n’est pas une nouvelle autorisation, ce sont des produits qui sont autorisés depuis plusieurs décennies aujourd’hui dans notre pays, a notamment déclaré en préambule Roger Genet, le directeur de l’Anses. Il n’y a pas de nouvelles autorisations qui ont été délivrées dans notre pays, contrairement à ce qui se répand sur les réseaux sociaux et dans la presse. »

    Or, dans son rapport de janvier 2019 sur les SDHI – préparé en réponse aux lanceurs d’alerte –, l’Anses fait un constat différent. Seules deux des onze substances appartenant à cette famille sont autorisées « depuis plusieurs décennies » (1968 et 1992). Une autre a été introduite en 2005, mais les huit autres l’ont été après 2011, les trois plus récentes en 2016, 2017 et 2018. A l’Anses, on évoque un « raccourci » lié à la « vulgarisation » d’un sujet complexe. « L’Anses minimise ou nie l’essor des SDHI dans les pratiques [agricoles] ces dernières années », observe pour sa part le député (LFI) de la Gironde, Loïc Prud’homme, qui assistait à l’audition.

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