enuncombatdouteux

NI ACTUALITÉS NI COMMENTAIRES, ..... DU COPIER-COLLER ET DES LIENS... Un blog de « curation de contenu » : 82 LIVRES , 171 TEXTES et 34 DOCUMENTAIRES :

  • Atelier de création libertaire - Make Rojava Green Again
    http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Make-Rojava-Green-Again.html

    Depuis 2011, la région du Rojava est devenue à la fois le symbole de la résistance contre Daech, mais aussi un territoire qui se construit autour d’un projet révolutionnaire d’autogestion démocratique.

    Cette nouvelle expérience politique – inspirée en partie par l’américain Murray Bookchin et ses propositions d’écologie sociale et de municipalisme libertaire – bien que se trouvant dans une zone de crise géopolitique difficile à cerner, continue à rechercher des alternatives pratiques à mettre en place, dès à présent, pour « reverdir » la région. C’est ainsi que, début 2018, le Comité pour l’écologie du canton Cizirê, en collaboration avec la Commune internationaliste du Rojava, a lancé une campagne internationale afin de soutenir les travaux écologiques dans le Nord de la Syrie et, en même temps, a créé un réseau d’échanges et de débats entre toutes les personnes, collectifs et mouvements investis dans des luttes similaires un peu partout dans le monde.

    L’Atelier de création libertaire – qui depuis maintenant 40 ans cherche à créer des ponts entre la pensée et l’action d’une culture libertaire sensible à l’écologie – s’associe à cette démarche en assurant la diffusion du livre Make Rojava Green Again. Nous pensons que nous avons besoin tous les jours d’un élan pragmatique dans les différentes initiatives que nous menons là où nous vivons, mais sans oublier la part d’utopie vers laquelle nous espérons continuer de nous rapprocher.

    #Rojava

  • L’Eurovision en Israël : « Oser rêver » sauf si l’on est enfermé à Gaza par Abier Almasri
    https://www.hrw.org/fr/news/2019/05/16/leurovision-en-israel-oser-rever-sauf-si-lon-est-enferme-gaza

    Les Palestiniens vivant dans la bande de Gaza aspirent pourtant aussi à la liberté et à l’égalité

    https://www.hrw.org/sites/default/files/styles/open_graph/public/multimedia_images_2019/201905mena_israel_palestine_gaza_eurovision.jpg?itok=2ui6LcRO

    Ces jours-ci, Israël accueille à Tel Aviv le concours Eurovision de la chanson, sous le slogan « Osez rêver » (« Dare to dream »). De nombreux Européens ont parcouru plusieurs centaines de kilomètres pour se rendre en Israël afin d’assister aux festivités. Mais en tant que résidente de Gaza, je n’ai moi-même pas le droit de faire ce voyage, alors qu’il durerait moins d’une heure en voiture.

    En coordination avec l’Égypte, Israël a transformé Gaza en une prison à ciel ouvert, renfermant deux millions de Palestiniens sur une petite superficie. Depuis près de 12 ans, les autorités israéliennes ont sévèrement restreint la possibilité de traverser la frontière, essentiellement réservée à des « cas humanitaires exceptionnels ». Ceci équivaut à une interdiction généralisée de voyager qui est illégale, et ne repose sur aucune évaluation individuelle de risques sécuritaires. En 2018, le nombre de personnes autorisées à traverser le pont d’Erez pour sortir de Gaza ne représentait plus qu’environ 1 % du nombre enregistré en septembre 2000, avant l’imposition du blocus.

    Malgré cette dure réalité, j’ai longtemps « osé rêver » de pouvoir voyager et de voir le monde, et même simplement de visiter Jérusalem, non loin de Gaza. L’année dernière, l’armée israélienne m’a enfin permis de quitter Gaza pour la première fois de ma vie, à l’âge de 31 ans, afin d’assister à des réunions au siège de Human Rights Watch à New York. J’ai par la suite été autorisée à me rendre en Israël et en Cisjordanie pour la première fois. J’ai savouré chaque instant, sachant que ce serait peut-être la dernière fois.

    Je sais aussi que j’ai plus de chance que la plupart des habitants de Gaza, dont 80 % dépendent d’aide humanitaire et plus de la moitié sont sans emploi.

    Je souhaiterais que des spectateurs de l’Eurovision viennent aussi ici à Gaza et prennent connaissance de notre propre réalité, comme les longues et fréquentes coupures de courant, et le supplice psychologique de se sentir piégé et interdit de voyage.

    En tant que Palestiniennes et Palestiniens de Gaza, nous ne sommes pas en mesure d’assister sans entrave à l’Eurovision, mais nous ne cesserons jamais d’oser rêver de liberté.

  • Boeing : « Un régulateur cloué au sol »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/16/boeing-un-regulateur-cloue-au-sol_5462813_3234.html


    Des parents de victimes du crash du Boeing 737 d’Ethiopian Airlines à la Chambre des représentants lors d’une audition sur les crashes de l’avionneur, mercredi 15 mai, à Washington.
    NICHOLAS KAMM / AFP

    La responsabilité de l’Administration fédérale de l’aviation est pointée du doigt dans la catastrophe des 737 Max. Ressurgit le vieux débat de la #capture_du_régulateur par les industriels qu’il surveille, analyse l’éditorialiste économique du « Monde », Philippe Escande.

    Pertes et profits. Etrange ballet, mercredi 15 mai, sur la colline du Capitole à Washington. Les deux chambres du parlement américain parlaient avions. Dans les salles du Sénat, on procédait à l’audition de Stephen Dickson, le futur patron de l’Administration fédérale de l’aviation (FAA). Non loin de là, du côté de la Chambre des représentants, on a tenté, avec témoins et victimes, de refaire le film des événements qui ont conduit aux crashs successifs, à trois mois d’intervalle, d’un #Boeing_737_Max de la compagnie indonésienne Lion Air et d’un appareil équivalent d’Ethiopian Airlines. Bilan de ces deux catastrophes : 346 morts, 350 avions cloués au sol dans le monde, un effondrement des commandes de Boeing et des pertes en cascade dans tout le secteur mondial du transport aérien et du tourisme.

    Deux sujets majeurs sont soulevés. Le premier, très concret, est la responsabilité de Boeing, averti dès novembre 2018 par des pilotes d’Americain Airlines d’une défaillance du logiciel de pilotage de l’avion et qui n’avait toujours pas corrigé l’anomalie trois mois après quand l’avion éthiopien s’est écrasé. Le deuxième est celui de la responsabilité de l’instance de régulation, la FAA. Dina Titus, élue démocrate du Nevada, a résumé la situation. « Le public pense que vous étiez au lit avec ceux que vous étiez censé surveiller et que c’est pour cela que l’interdiction des vols de 737 Max a été si longue à venir », a-t-elle lancé à Daniel Elwel, l’actuel directeur de la FAA. La presse américaine a notamment révélé que les examens de certification étaient sous-traités à l’entreprise elle-même…

    Cette affaire soulève à nouveau la question d’un phénomène que les économistes connaissent bien et qu’ils appellent la capture du régulateur. Celle-ci est de deux ordres. D’abord matérielle, quand l’agence de surveillance manque de moyens face à des entreprises bien plus riches. Dans le cas de Boeing, Daniel Elwel a révélé que si la FAA devait faire les analyses demandées à l’avionneur, cela lui coûterait 1,8 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros)

    #paywall

  • ”Who Says #Violence Doesn’t Solve Anything?” A Review of Radicalized: Four Tales of Our Present Moment by #Cory_Doctorow | naked capitalism
    https://www.nakedcapitalism.com/2019/05/who-says-violence-doesnt-solve-anything-a-review-of-radicalized-fou

    La #radicalisation ("#terrorisme") comme seul moyen de lutter efficacement contre l’#enfer du #néolibéralisme.

    Doctorow, we must be careful to note, even as he guides us through various circles of Neoliberal hell, realms which are in some ways, precisely because of their familiarity to us, worse than Orwellian, worse than Kafkaesque, is nevertheless not counseling us to abandon all hope as we enter therein, but just the opposite: For Doctorow envisions the possibility of victory in the #brutal struggle against evil.

    Thus we come to the tale “Radicalized,” from which the book takes its title. “Radicalized” does indeed give us a hopeful, even a happy ending, but only in the most gruesome way possible.

  • Grégoire Chamayou : « Pour se défendre, le néolibéralisme a fait refluer le trop-plein de démocratie »
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/09/gregoire-chamayou-pour-se-defendre-le-neoliberalisme-a-fait-refluer-le-tr

    Dans sa Théorie du drone, parue il y a cinq ans aux éditions la Fabrique, le philosophe Grégoire Chamayou se penchait sur les enjeux éthiques de cette nouvelle arme de guerre. Avec la Société ingouvernable, une généalogie du libéralisme autoritaire (la Fabrique encore), il prend à nouveau de la hauteur pour dresser une saga du néolibéralisme « par en haut », du point de vue ceux qui ont défendu les intérêts du monde des affaires, aux Etats-Unis, à partir des années 70 : dirigeants d’entreprise, lobbyistes, théoriciens comme Milton Friedman et Friedrich Hayek… Chamayou a analysé les interviews des uns, les manuels de management des autres, les comptes rendus des assemblées générales, les textes de Prix Nobel comme les récits de briseurs de syndicats… « Une littérature grise, dit-il, qui n’est pas publiée en librairie. Les zones grises, aussi, des discours des économistes. Des textes disparates à considérer comme les éléments d’un même ensemble pratique. » Au terme de ce brillant panorama, la Société ingouvernable dresse un constat : le néolibéralisme dans lequel nous évoluons n’a rien de naturel ni de pur. C’est un système chancelant qui s’est construit à hue et à dia, de manière pragmatique, en réaction à de multiples crises d’une société jamais totalement « gouvernable ».

    La formule de « libéralisme autoritaire » a été employée dès 1933 par un juriste antifasciste, Hermann Heller, à propos d’un discours de Carl Schmitt face à une assemblée de patrons allemands. Schmitt y défendait un Etat extrêmement fort face aux revendications sociales mais renonçant à son autorité en matière économique. « Un Etat fort pour une économie saine », résumait-il. Cinquante ans plus tard, en pleine dictature Pinochet, le théoricien néolibéral Friedrich Hayek, qui a beaucoup lu Carl Schmitt, confie à un journal chilien : « Personnellement, je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique sans libéralisme. » Mais le libéralisme autoritaire a de multiples variantes. Thatcher, elle aussi, vise « un Etat fort pour une économie libre ». En pratique, cela suppose, à des degrés divers, de marginaliser la sphère parlementaire, restreindre les libertés syndicales, éroder les garanties judiciaires… A côté de ce renforcement de l’Etat, on limite, de manière paradoxale, son champ d’intervention. C’est le concept de libéralisme autoritaire : faible avec les forts et fort avec les faibles.

  • ‘I’m Really Opening Myself Up’ : Chelsea Manning Signs Book Deal - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2019/05/13/books/booksupdate/chelsea-manning-book-deal.html

    By Charlie Savage

    May 13, 2019

    WASHINGTON — Ever since she was publicly identified as the source who had disclosed a huge trove of military and diplomatic documents to WikiLeaks in 2011, Chelsea Manning, the former Army intelligence analyst, has been a polarizing cultural figure — called a traitor by prosecutors, but celebrated as an icon by transparency and antiwar activists. Her life story, and her role in one of the most extraordinary leaks in American history, has been told in news articles, an Off Broadway play and even an opera. But while she spoke at her court-martial and has participated in interviews, Manning herself has not told her own story, until now. Manning is writing a memoir, which Farrar, Straus and Giroux will publish in the winter of 2020, the publisher announced Monday.

    Manning was convicted in 2013 and sentenced to 35 years in prison, the longest sentence ever handed down in an American leak case. After her conviction, Manning announced that she was a transgender woman and changed her name to “Chelsea,” although the military housed her in a Fort Leavenworth prison for male inmates. She had a difficult time there, attempting suicide twice in 2016, before President Barack Obama commuted most of the remainder of her sentence shortly before he left office in January 2017. In the meantime, WikiLeaks published Democratic emails stolen by Russian hackers during the 2016 presidential campaign, transforming its image from what it had been back when Manning decided to send archives of secret files to it.

    Manning reappeared in the news this year, refusing to testify before a grand jury as federal prosecutors continue to build a case against Julian Assange, the WikiLeaks founder. Assange, currently in custody in Britain, is fighting extradition to the United States for a charge that he conspired with Manning to try to crack an encoded password that would have permitted her to log onto a classified computer network under a different person’s account rather than her own, which would have helped her mask her tracks better. She was jailed for two months for contempt over her refusal to answer questions about her interactions with Assange, then freed because the grand jury expired. But she has already been served with a new subpoena prosecutors obtained from a new grand jury and is expected to be jailed again soon.

    Below are edited excerpts from a conversation between Manning and Charlie Savage, a New York Times reporter who has written about her court-martial and her time in military prison.

    Tell me about your book.

    It’s basically my life story up until I got the commutation, from my birth to my time in school and going to the army and going to prison and the court-martial process. It’s a personal narrative of what was going on in my life surrounding that time and what led to the leaks, what led to prison, and how this whole ordeal has really shaped me and changed me. I view this book as a coming-of-age story. For instance, how my colleagues in the intelligence field really were the driving force behind my questioning of assumptions that I had come into the military with — how jaded they were, some of them having done two three four deployments previously. And then also there is a lot of stuff about how prisons are awful, and how prisoners survive and get through being in confinement.

    Do you have a title yet?

    There is no title yet. I am trying very hard to have some control over that, but none has been decided yet. Noreen Malone from New York magazine worked on it with me. She did a lot of the groundwork in terms of the research, and I did the storytelling, so it was a collaborative effort. I’m still going through and editing where she has taken independent sources to help refine my story, fact-check, verify things and provide a third-person perspective in shaping things.

    Is it written in first-person or third-person?

    It is written in first-person, but there are parts of the book that reference material that are independent of me. I’m still under obligation under the court rules and the Classified Information Procedures Act of 1980 to not disclose closed court-martial testimony or verify evidence that was put in the record. Things like that. So I can’t talk about that stuff and I’m not going to, and so I’m trying to keep this and maintain this as more of a personal story. There are parts of it that might reference reports or whatnot but I’m just going to say, “the media reported this, but I’m not confirming or denying it.”

    Are you going to submit the manuscript to the government for a classified information review?

    We’re trying our best to avoid the review process. There is a lot of stuff that is not going to be in the book that people would expect to be in there, but rules are rules and we can’t get around it. It’s more about personal experiences I had rather than anything specific. I’m not trying to relitigate the case, just tell my personal story.

    So if it ends with you getting out of military prison, you’re not going to address your current situation with the grand jury investigating WikiLeaks?
    Editors’ Picks
    From ‘Smallville’ to a Sex Cult: The Fall of the Actress Allison Mack
    How Volunteer Sleuths Identified a Hiker and Her Killer After 36 Years
    ‘Although I Tried to Look Away, I Saw Him Gesture Toward Me’

    No, we’re not planning on including that in this current stage. If there is a book that gets into the more juicy details about that stuff, then we’ll probably get around to that after going through a review process, several years down the road from now, whenever the dust settles. But I think this is more about trying to contextualize my story from my perspective rather than get into the weeds of what is in the record of trial, what is in the documents, what the investigation focused on, because we’re just not able to get into that area.

    It sounds like you are a lot freer to talk about your gender identity than the WikiLeaks issue.

    Yeah. This is less a book about the case and more a book about trials, tribunals, struggles, difficulties, and overcoming them and surviving. If people are expecting to learn a lot more about the court-martial and a lot more about the case, then they probably shouldn’t be interested in this book. But if they want to know more about what it’s like to be me and survive, then there are reams of information in here. It’s much more autobiographical than it is a narrative thriller or crime story or anything like that. I have always pitched this to being very similar to “Wild” by Cheryl Strayed. I’m really opening myself up to some really intimate things in this book, some really very personal moments and much more intimate points of my life that I’ve never disclosed before. You’re probably going to learn more about my love life than about the disclosures.
    Sign up for the Watching Newsletter

    Get recommendations on the best TV shows and films to stream and watch, delivered to your inbox.

  • OUT OF THIN AIR
    https://www.youtube.com/watch?v=rw9VgyQWX0o

    On apprend de plus en plus sur le fait que les persécuteurs des terroristes allemands dans les annés 1970 et 80 se composaient d’anciens nazis, de leurs apprentis et collaborateurs. Lors ce qu’ en 1977 la police islandaise n’arrivait pas à resoudre un meurtre l’Allemagne leur recommandait un vieux commissaire de police capable de produire une solution. Il faisait parti du réseau d’ex nazis Alte Charlottenburger . Son intervention a permis l’identification et la condamnation des coupables. Des années plus tard tous les condamnés ont été innocentés.

    Justizskandal in Island unter Leitung von « Kommissar Kugelblitz » | Telepolis
    https://www.heise.de/tp/features/Justizskandal-in-Island-unter-Leitung-von-Kommissar-Kugelblitz-4417439.html

    1977 wurden sechs isländische Staatsangehörige wegen Mordes zu hohen Haftstrafen verurteilt. Der Justizirrtum führte nach 41 Jahren zu Freisprüchen. Jetzt gerät die Beteiligung deutscher Ermittler in den Blick

    Das mysteriöse Verschwinden von Guðmundur Einarsson und Geirfinnur Einarsson vor 45 Jahren beschäftigt auch heute noch die isländische Öffentlichkeit. Beide kannten sich den Erkenntnissen zufolge nicht, ihre Fälle wurden erst im Rahmen der Ermittlungen miteinander verknüpft. Die Männer sollen laut Annahme der isländischen Polizei im Abstand von elf Monaten zu Tode geprügelt und vergraben worden sein. Ihre Leichen wurden nie gefunden.

    Als Hauptverdächtiger galt zunächst der 20jährige Saevar Ciesielski, später gerieten seine gleichaltrige Partnerin Erla Bolladottir und vier weitere junge Isländer ins Visier der Ermittler. Die damalige Regierung hatte ein großes Interesse an einem baldigen Abschluss insbesondere des Geirfinnur-Falles, denn die polizeilichen Ermittlungen förderten Verwicklungen des damaligen Justizministers Ólafur Jóhannesson in Kreise der organisierten Kriminalität zutage. Island geriet deshalb in eine Regierungskrise, bei einer Neuwahl und einem Sieg der Sozialdemokratischen Partei hätte die NATO-Mitgliedschaft des Landes auf dem Spiel gestanden.
    BKA-Chef Horst Herold vermittelt Unterstützung

    Die Regierung entschied sich, die stockenden Ermittlungen mithilfe des deutschen Bundeskriminalamtes (BKA) voranzubringen. Die Behörde in Wiesbaden stand damals unter Leitung des Präsidenten Horst Herold, der am Rande eines NATO-Treffens in Athen im Sommer 1976 den Kontakt zwischen dem isländischen Botschafter und dem mit 64 Jahren gerade pensionierten Oberkommissar Karl Schütz vermittelte. Der frischgebackene Pensionär übernahm daraufhin die Leitung des isländischen Ermittlungsteams, das damals aus rund einem Dutzend Kriminalbeamten bestand.

    Der Justizskandal ist in Island unter dem Namen Guðmundur und Geirfinnur-Fall bekannt. In 2014 nennt ihn die BBC in einer Dokumentation einen der „schockierendsten Fehlschläge der Justiz, den Europa je gesehen hat“. In 2016 gab der Fotograf Jack Latham den Fotoband „Sugar Paper Theories“ heraus. Weitere Details beschrieb in 2017 der Film „Out of Thin Air“, der in einer Langfassung auf YouTube zu sehen ist.

    #Allemagne #Islande #crime #police #politique #nazis

  • « Robots tueurs » : un rapport dénonce une dangereuse « course à l’armement »
    https://usbeketrica.com/article/robots-tueurs-course-armement-rapport

    Le développement d’armes létales autonomes est une grave menace d’ordre éthique et sécuritaire, et pour la stabilité et la paix mondiale, alerte une ONG néerlandaise dans un rapport. Or, 7 Etats en particulier se livrent à un début de nouvelle « course à l’armement », dont la France, souligne le rapport, qui appelle à la désescalade. « Celui qui deviendra le leader [en intelligence artificielle (IA)] deviendra le maître du monde. » La déclaration de Vladimir Poutine, assez peu connu pour ses velléités (...)

    #algorithme #robotique #militarisation #Qinetiq

  • Le manuscrit de Voynich déchiffré (si, si)

    https://m.phys.org/news/2019-05-bristol-academic-voynich-code-century-old.html

    What it reveals is even more amazing than the myths and fantasies it has generated. For example, the manuscript was compiled by Dominican nuns as a source of reference for Maria of Castile, Queen of Aragon, who happens to have been great aunt to Catherine of Aragon.

    The manuscript is written in proto-Romance—ancestral to today’s Romance languages including Portuguese, Spanish, French, Italian, Romanian, Catalan and Galician. The language used was ubiquitous in the Mediterranean during the Medieval period, but it was seldom written in official or important documents because Latin was the language of royalty, church and government. As a result, proto-Romance was lost from the record, until now.

    L’article: https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/02639904.2019.1599566

  • L’inflammation, une immunité innée qui s’est retournée contre l’humanité
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/14/l-inflammation-mal-du-siecle_5461715_3224.html

    Cette réaction de défense de notre corps a protégé l’humanité depuis des centaines de milliers d’années. La vie moderne et sédentaire percute une physiologie façonnée par l’évolution.


    Des cellules de cerveau humain reproduites par ordinateur.

    L’inflammation, chacun de nous l’a déjà éprouvée dans sa propre chair. Ça rougit et ça gonfle ; ça brûle et ça lance. C’est, en réalité, une réaction de défense normale de notre corps, face à une agression : ­infection, blessure physique, tumeur… Partout, dans notre corps, des cellules sentinelles patrouillent. Dès qu’elles détectent un signal suspect, elles envoient des « molécules SOS ». Très vite, les soldats de l’inflammation accourent. C’est que l’enjeu est vital.

    Les armes de cette immunité innée ont été rodées depuis des centaines de milliers d’années. Il s’agissait de juguler nos ennemis ancestraux : ces hordes sournoises de microbes, ces dents et ces griffes des grands prédateurs, ces défenses de mammouths, ces massues des tribus rivales… L’inflammation, ou comment protéger l’humanité chancelante, livrée à un milieu hostile.

    Et pourtant. « L’inflammation est-elle notre amie ou notre ennemie ? », s’interroge le professeur Charles Serhan, de l’Ecole de médecine d’Harvard (Massachusetts, Etats-Unis). « C’est une arme critique pour notre survie. Mais un excès d’inflammation fait le lit de nombreuses maladies chroniques. »

    Depuis trente ans, sa face sombre se révèle peu à peu. Et l’on découvre l’ampleur des dégâts. Elle a beau œuvrer à bas bruit, cette inflammation, quand elle devient chronique, n’en est pas moins la plus meurtrière des pandémies :
    Diabète de type 2
    Infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux
    Obésité
    Cancers
    Asthme
    Maladies neurodégénératives et psychiatriques
    Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou des articulations
    Psoriasis

    La liste est longue de ces « maladies de civilisation » qui nous minent, sous l’attaque sournoise et répétée d’une alimentation trop riche et d’une ­sédentarité trop grande. Aucun pays n’est épargné.
    « Nous sommes passés, en une centaine d’années, de l’ère des maladies infectieuses à l’ère de l’hygiène et des antibiotiques », résume la professeure ­Karine Clément, spécialiste des maladies cardiométaboliques à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), à Paris. L’ère, également, de l’agriculture ­industrielle, de la révolution des transports et de l’informatique.

    Les forces de pression évolutives qui, durant des centaines de milliers d’années, se sont exercées sur l’humanité de l’ère préindustrielle ne pouvaient anticiper cette révolution qui, au XXe siècle, allait tout bouleverser – pour le meilleur et pour le pire. Elles ont retenu ceux qui survivaient aux infections, aux famines et aux griffes des grands fauves. Comment ? En sélectionnant trois caractères. Pour résister aux infections, il fallait un système immunitaire hyperactif. Revers de la médaille aujourd’hui : une tendance accrue à l’inflammation chronique. Pour résister aux famines, il fallait pouvoir stocker facilement le gras. Revers de la médaille aujourd’hui : une tendance au diabète et à l’obésité. Pour résister aux blessures, il fallait un sang qui coagule facilement.

    Revers de la médaille aujourd’hui : une tendance à la formation de caillots sanguins, menaçant de boucher nos artères.
    Une armée de l’ombre, œuvrant et communiquant par une myriade d’acteurs cellulaires et de molécules chimiques, nomade par essence, élusive : la complexité de notre système immunitaire explique qu’on ait longtemps méjugé son rôle dans cette pandémie moderne.
    Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour mieux cerner la coupable. Et comprendre que, quand cet incendie n’est pas éteint, il ronge à ­petit feu notre organisme. Corrode nos artères. Gangrène notre tissu graisseux. Abîme notre cœur et notre cerveau. Sape nos poumons et notre intestin. Attaque nos articulations. Mine nos muscles et notre foie…

    Premier tissu concerné : la graisse corporelle. « Longtemps le tissu adipeux n’a pas été jugé noble, raconte Karine Clément. Et puis, dans les années 1990, on s’est aperçu qu’il n’était pas qu’un sac inerte rempli de graisse. » Les personnes ­obèses ont des taux sanguins accrus de marqueurs de l’inflammation, découvre-t-on. Dont la fameuse CRP, cette protéine plus abondante dans le sang des patients atteints de maladies chroniques inflammatoires.

    Altération de tous les organes

    Les cellules adipeuses, quand elles se gonflent de gras, fabriquent des messagers de l’inflammation (TNF-alpha, interleukines…), montre-t-on ensuite. Ceux-ci attirent des cellules de l’immunité qui s’accumulent. « Chez les personnes obèses, les gènes de l’inflammation sont très fortement activés dans ces cellules », relève Karine ­Clément. Sous l’action des messagers sanguins, l’inflammation gagne tout l’organisme. « Le fonctionnement de tous les organes est altéré. »Dont le cerveau. Une étude publiée dans Cell Metabolism, le 3 janvier, livre un résultat étonnant. Dans un modèle de souris obèses, les chercheurs ont observé une sénescence accrue des cellules immunitaires du cerveau, ou « microglie ». « Ces cellules sénescentes sont un moteur-clé de l’anxiété induite par l’obésité », indiquent les auteurs, de la Mayo Clinic (Etats-Unis). Elles altèrent la production de nouveaux neurones (neurogenèse) chez l’adulte. En les éliminant, ils sont parvenus à restaurer une neurogenèse et à réduire l’anxiété des rongeurs.

    Et l’athérosclérose, ce fléau mondial ? Ce processus d’érosion des artères a été disséqué. L’offensive commence par un dépôt de graisses (LDL-cholestérol) dans la paroi des artères, où il subit une oxydation. « C’est là qu’entre en jeu l’inflammation, raconte Alain Tedgui, Grand Prix 2018 de l’Inserm (Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris). Ce LDL oxydé attire des globules blancs du sang, qui pénètrent dans la plaque. Là, ces cellules se gorgent de LDL oxydé. » Cette boule de graisse grossit, devient plaque d’athérome. « Les macrophages qu’elle renferme sont totalement inaptes à nettoyer les dégâts. » Ils meurent, forment des ­débris qui s’accumulent. Mais ils hébergent des molécules qui favorisent la coagulation : une bombe à retardement. « Plus tard, quand la plaque se fissurera, ils entreront en contact avec le sang : d’où la formation d’un caillot. » Et ce sera l’accident, brutal et ravageur : l’infarctus ou l’AVC.

    Là encore, l’immunité apparaît mi-ange, mi-démon, comme le montreront Alain Tedgui et Ziad Mallat. Certaines molécules anti-inflammatoires, par exemple, sont protectrices (IL-10 et TGF-bêta). Autre découverte : chez des souris ayant fait un infarctus, la taille des plaques peut être réduite par un médicament « anti-CD20 », qui inhibe les cellules délétères.

    Suite logique : chez l’homme, deux essais cliniques préliminaires sont en cours à l’université de Cambridge (Royaume-Uni), sous la direction de Ziad Mallat. Tous deux concernent un petit nombre de patients ayant fait un infarctus. Tous sont sous statine, bêtabloquant et IEC (la triade médicamenteuse classique après un tel accident). Le premier essai évalue, en sus, de faibles doses d’IL-2 pour favoriser l’expansion de cellules bénéfiques. Le second essai teste l’effet d’un anti-CD20.
    Les affections psychiatriques aussi sont ­concernées. « Depuis les travaux de Robert Dantzer, à l’Inserm de Bordeaux, on sait que des cytokines pro-inflammatoires agissent sur le cerveau », indique Pierre Ellul, du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Debré (AP-HP). Environ 30 % à 45 % des patients déprimés présentent des taux accrus de CRP, ce marqueur de l’inflammation. « Ils répondent moins bien aux antidépresseurs classiques. » Pour le moment, le concept reste théorique. « Mais, dans cinq à dix ans, cela pourrait changer. »

    C’est une retombée inattendue de l’inflammation : elle jette des ponts entre disciplines. Parce qu’elle est un moteur commun de nombreuses affections, on comprend leur association fréquente chez une même personne. Ainsi les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (une maladie inflammatoire des articulations) souffrent-ils plus souvent d’athérosclérose ; les patients diabétiques ou obèses font plus souvent des cancers ou des accidents cardio-vasculaires ; tous, aussi, souffrent plus de dépressions sévères. « Que les patients atteints de maladies chroniques soient plus déprimés, cela semble logique. Mais ce lien est plus fort avec les maladies inflammatoires », relève Pierre Ellul.

    Pour la même raison, on comprend les bénéfices collatéraux d’un traitement anti-inflammatoire, prescrit contre une maladie, sur les autres pathologies associées d’un patient. Ici, les exemples abondent. « Nous soignons des enfants atteints de lupus sévère », raconte Pierre Ellul. Beaucoup ont des dépressions associées, qui résistent aux antidépresseurs. « Mais quand nous traitons ces lupus par des thérapies ciblant l’inflammation, nous guérissons souvent ces dépressions. »

    Plus inattendu encore : en 2017, les résultats de l’essai Cantos étaient publiés dans le NEJM. Portant sur plus de 10 000 patients ayant une CRP élevée, cet essai évaluait l’impact d’une molécule médicament ciblant l’inflammation (le canakinumab, un anti-IL-1bêta de Novartis) sur le risque d’accident cardio-vasculaire. Ce médicament diminuait ce risque. Mais, en plus, il a fait chuter la mortalité par cancer du poumon et le risque d’arthrite ou de goutte…

    Les cancers, maintenant. « Le rôle de l’inflammation est très exploré. Il est très variable selon les types de tumeurs. Dans les cancers du sein “triple négatif”, par exemple, on voit beaucoup de cellules inflammatoires autour des tumeurs. Mais pas dans les cancers du sein hormono-dépendants », indique le professeur Christophe Le Tourneau, responsable du département d’essais cliniques précoces et d’innovation de l’Institut Curie (Paris et Saint-Cloud). Les cancers colorectaux, par ailleurs, sont associés aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ; les cancers du foie, à certaines hépatites…

    La question de la poule et de l’œuf

    « L’inflammation chronique est responsable de près de 20 % de tous les décès par cancer dans le monde », estime Shawn Demehri, de l’hôpital général du Massachusetts, dans les PNAS en février. Son équipe a identifié deux déclencheurs d’une inflammation chronique qui favorise des cancers de la peau et du côlon chez la souris. Il s’agit d’un messager chimique, l’IL-33, et d’une catégorie de cellules, des lymphocytes T régulateurs. Leur blocage prévient ce risque de cancers.
    L’inflammation chronique a d’autres effets pernicieux. Elle s’est révélée associée à un déclin cognitif accru. La preuve : pendant vingt ans, une équipe de l’université Johns Hopkins, à Baltimore (Etats-Unis), a suivi 12 336 individus, âgés de 57 ans en moyenne au début de l’étude. Résultats, publiés le 13 février dans Neurology : au bout de vingt ans, le déclin cognitif était supérieur de 12 % chez ceux qui avaient, en début d’étude, les taux les plus élevés de CRP, un des marqueurs de l’inflammation.

    Un doute surgit ici. Cette inflammation est-elle la cause ou la conséquence de ces maladies ? Le débat n’est pas clos. « C’est l’éternelle question de la poule ou de l’œuf, observe Alain Bessis, directeur de recherche au CNRS et professeur attaché à l’ENS (Paris). Par exemple, on sait depuis longtemps que des cellules immunitaires du cerveau, la microglie, sont activées dans toutes les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques…) ou psychiatriques (dépression, autisme, schizophrénie…). » Mais la place de cette inflammation reste incertaine. En tout cas, elle entretient le cercle vicieux.

    « L’inflammation chronique est responsable de près de 20 % de tous les décès par cancer dans le monde », Shawn Demehri, hôpital général du Massachusetts

    « L’inflammation chronique est absolument causale, puisque, si vous interférez avec elle, vous pouvez inverser le cours de ces maladies », assure de son côté Gökhan Hotamisligil, de l’Ecole de santé publique d’Harvard, dans le magazine d’Harvard (mai-juin 2019). Il cite l’exemple du diabète : si vous rendez une mouche diabétique, et qu’ensuite vous bloquez la réponse inflammatoire, vous guérissez son diabète. De même chez la souris, le singe et l’homme, avec les bons outils de blocage. « Bien sûr, plus l’espèce est évoluée, plus les voies de l’inflammation sont complexes. Si bien qu’il est plus difficile d’identifier les processus exacts à manipuler. »

    Et les maladies inflammatoires des articulations, comme la polyarthrite rhumatoïde ? « La compréhension des mécanismes de l’inflammation a permis d’identifier des cibles pour développer des traitements très efficaces », résume le professeur Pascal Richette, rhumatologue à ­l’hôpital Lariboisière à Paris (il déclare des liens d’intérêts avec Pfizer, Lilly, Roche, Celgene). Parmi ces ­cibles, le TNF-alpha et l’IL-6, qu’inhibe une panoplie de molécules aux noms étranges (infliximab, adalimumab, étanercept, tocilizumab, canakinumab…), apparues depuis une vingtaine d’années. Et franchement, il est rare qu’un médicament puisse changer à ce point la vie des malades – auparavant très handicapés par des douleurs et la perte de fonction des articulations touchées. Au prix, certes, d’un risque accru de certaines ­infections. « Mais, globalement, ces traitements sont bien tolérés, en regard de leur efficacité. »

    Au fond, la question est : pourquoi cette inflammation à bas bruit persiste-t-elle ? C’est ici qu’entre en scène le professeur Charles Serhan. Il a ­déterré un trésor : une superfamille de molécules qui, après la phase aiguë de l’inflammation, viennent éteindre ce feu. Il les a nommés « SPM ». ­Résolvines, protectines, marésines, lipoxines : autant de petits lipides qui, en temps normal, mettent fin à cet incendie.

    « Charles Serhan est sur ma liste personnelle des nobélisables, confie Jean-Marc Cavaillon, de l’Institut Pasteur. Son travail sur la compréhension de la résolution de l’inflammation est admirable. » Pourquoi ces molécules sont-elles, parfois, impuissantes à combattre ce feu ? Peut-être sont-elles débordées, l’incendie couvant sans répit. Peut-être sont-elles altérées. « En cas d’obésité et de diabète de type 2, les résolvines sont perturbées », note Karine Clément. Ces molécules ou leurs avatars de synthèse (seuls à être brevetables !) sont à l’étude, chez l’animal et l’homme.

    Effets bénéfiques de l’activité physique

    Mais le plus simple, pour limiter ce feu, n’est-il pas d’adopter des modes de vie favorables ? Le sport, d’abord. A court terme, on sait qu’une activité physique intense induit une inflammation aiguë, vite résolue. Mais, à long terme, un exercice physique régulier, au contraire, a des effets anti-inflammatoires. En témoigne cet essai retentissant, publié en 2007 dans la revue Circulation. Au total, 27 055 femmes ont été suivies sur onze ans. Verdict : un tiers environ des bienfaits de l’activité physique régulière sur le risque ­d’accidents cardio-vasculaires ont été attribués à une baisse de l’inflammation.
    Et la nutrition ? Une restriction calorique chronique abaisse les marqueurs de l’inflammation. Pas facile à mettre en pratique.

    Mieux vaut privilégier une alimentation riche en « bons acides gras » ­nécessaires à la fabrication des SPM, ces « pompiers de l’inflammation ». On les trouve principalement dans les poissons gras, certaines algues, des œufs, de la viande de poulet ou de bœuf. « Bien sûr, il ne suffit pas de manger du poisson pour avoir ces bons acides gras. Mais cela ne peut pas faire de mal ! », estime Jean-Marc Cavaillon.
    Une alimentation vertueuse ? Plus facile à dire qu’à faire. Car l’évolution ne nous a guère sélectionnés pour nos aptitudes à apprécier les choux de Bruxelles. Bien au contraire : elle a favorisé notre appétence pour le sucre et le gras. Peut-on lui en vouloir ? Si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que nos ancêtres sont passés au travers de son filtre implacable.

    • Inflammation : « Mieux vaut stimuler sa résolution qu’empêcher son déclenchement... », Propos recueillis par Florence Rosier

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/05/14/inflammation-mieux-vaut-stimuler-sa-resolution-qu-empecher-son-declenchement

      Pour Charles Serhan, de l’Ecole de médecine d’Harvard, la découverte de la famille des SPM - résolvines, protectines...- offre l’espoir de contrôler l’inflammation d’une façon précise et sûre.

      Charles Serhan est professeur d’anesthésie à l’Ecole de médecine d’Harvard et d’immunologie à l’Ecole de médecine dentaire d’Harvard (Massachussetts, Etats-Unis). Il dirige aussi un centre sur les thérapies expérimentales des lésions d’ischémie-reperfusion, au Brigham and Women’s Hospital de Boston. Depuis vingt-cinq ans, il explore les mécanismes cellulaires et moléculaires de résolution de l’inflammation. Il a découvert une superfamille de molécules, les SPM, produites par l’organisme après la phase aiguë de l’inflammation. Leur mission : éteindre cet incendie.

      Vous avez découvert toute une famille de molécules « pompiers de l’inflammation ». Quand et comment interviennent-elles ?
      En temps normal, la réponse inflammatoire est protectrice : son rôle est de défendre l’organisme contre une agression (infection, traumatisme…). Une fois cette mission accomplie, en principe, elle se résout spontanément. On a longtemps cru que ce processus était passif, mais il n’en est rien : il met en jeu un programme actif et coordonné. Mes recherches se sont centrées sur les molécules qui le contrôlent. Dans les années 2000, mon équipe a découvert les résolvines, puis les protectines et les marésines. Avec les lipoxines, elles forment une superfamille, les SPM (« specialized pro-resolving mediators »). Elles stimulent la résolution de l’inflammation et réduisent la douleur associée. Plusieurs aident aussi à résoudre les infections et à régénérer les tissus. Toutes sont des lipides (molécules de gras), ce qui en fait un mode de signalisation à part.

      Que se passe-t-il quand l’inflammation persiste à bas bruit ?
      Il arrive en effet – c’est même fréquent – que l’inflammation ne se résorbe pas. Pourquoi ? Les causes possibles sont nombreuses. Ce peut être parce que le facteur d’agression persiste lui-même (infection latente, excès de nourriture grasse et sucrée, exposition chronique à des toxiques…). Ou bien les SPM sont débordées, inefficaces, ou elles ne sont pas produites. Certaines maladies ou déficiences du système immunitaire entrent aussi en jeu.

      Cette inflammation persistante est un moteur du vieillissement accéléré, mais aussi du développement de nombreuses affections chroniques, soit autant de « maladies de civilisation » : diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, cancers, asthme…

      Quelles sont les promesses médicales liées à la découverte des SPM ?
      La découverte de ces molécules ouvre l’espoir de contrôler l’inflammation d’une façon plus précise et plus sûre. Car plutôt que d’empêcher l’inflammation, mieux vaut en stimuler la résolution. Aujourd’hui les médicaments anti-inflammatoires sont très utilisés. Mais ils bloquent nos défenses naturelles : d’où leurs nombreux effets indésirables – immunosuppression et infections, surtout. Par contraste, les SPM laissent l’inflammation accomplir sa mission de défense, puis elles mettent fin au processus et nettoient le champ de bataille. Leur utilisation pourrait donc éviter les séquelles au long cours d’une inflammation persistante, sans les effets indésirables des anti-inflammatoires classiques.

      Dans quelles maladies ces molécules semblent-elles prometteuses ?
      Les résolvines, par exemple, ont montré leur intérêt contre la parodontite (inflammation des gencives) chez le lapin, et contre la colite (inflammation du côlon) chez la souris. Les protectines peuvent prévenir les accidents vasculaires cérébraux ischémiques chez le rat. Les lipoxines ont atténué des pleurésies (inflammation de la plèvre, autour des poumons) chez la souris. Et les marésines ont accéléré la cicatrisation des plaies et bloqué la perception de la douleur chez la souris. Certaines SPM sont aussi à l’étude chez des joueurs professionnels de football américain, très exposés aux lésions tissulaires. D’autres pourraient être utilisées pour contrôler l’inflammation liée à la reprise de la circulation sanguine dans les tissus, après une opération. En Chine, leurs effets sont évalués contre l’asthme ou le psoriasis. En Australie, contre la polyarthrite rhumatoïde…

      Et la maladie d’Alzheimer ?
      De nombreux patients présentent des déficits en certaines SPM, comme la neuroprotectine D1. Des travaux sont en cours pour caractériser les liens entre ces déficits, l’inflammation associée à la maladie et le défaut d’élimination des lésions cérébrales (les « plaques amyloïdes »). La plupart de ces études concernent des modèles animaux. Sur un petit nombre de patients, ces molécules ont semblé sans danger et montré des signes d’action encourageants. Mais beaucoup reste à faire.
      Vous venez de publier un article sur les effets anticancer de l’aspirine, qui semble mobiliser ces molécules ?

      Dans l’édition du 12 mars des PNAS, nous montrons en effet comment l’aspirine stimule la production de certaines résolvines. Celles-ci, à leur tour, inhibent la croissance tumorale, in vitro et chez la souris. L’intérêt potentiel : ces résolvines sont actives à des taux bien plus faibles que l’aspirine, d’où l’espoir d’un effet bénéfique sans la toxicité de l’aspirine.

      Pour maintenir des niveaux suffisants de SPM dans notre organisme, ne nous suffit-il pas de consommer des aliments riches en leurs précurseurs, comme les poissons gras ?
      Je pense, en effet, que nous pouvons maintenir des niveaux suffisants de SPM en mangeant des aliments riches en leurs précurseurs, à partir desquels notre corps les fabrique. Pour les résolvines, les protectines et les marésines, ces précurseurs sont l’EPA et le DHA, deux acides gras « omega-3 » trouvés principalement dans les huiles de poissons gras (anchois, sardines, maquereaux, saumon, huile de foie de morue) et certaines algues. Les lipoxines, elles, sont dérivées de l’acide arachidonique, présent dans les œufs, le poisson, la viande de poulet ou de bœuf. Pour autant, notre alimentation occidentale reste très pauvre en ces précurseurs.

      Le régime alimentaire de la Vieille Europe n’est-il pas plus favorable, ici, que le régime américain à base d’aliments gras, sucrés et ultratransformés ?
      Je ne connais pas, honnêtement, les taux comparés de SPM des populations d’Europe et des Etats-Unis. Mais je pense que nous pourrions améliorer nos apports alimentaires en EPA et en DHA. A vrai dire, nous ignorons les niveaux d’aliments que nous devrions consommer pour bénéficier d’un taux de ces molécules optimal, pour notre santé. Déterminer ces niveaux est d’ailleurs sur notre liste de choses à faire ! Mon laboratoire a récemment développé une technique pour mesurer les taux de SPM circulant dans le sang de chaque personne.

      Les SPM, molécules naturelles, ne sont pas brevetables. Intéressent-elles l’industrie pharmaceutique ?
      Dans mon laboratoire, nous avons fabriqué des versions synthétiques des résolvines. Certains de ces analogues pourraient être développés sous forme de médicaments. Plusieurs ont déjà été évalués dans des essais cliniques préliminaires, ce qui nécessite une collaboration étroite avec des Big Pharma. Les institutions qui accueillent mon laboratoire détiennent plus de cent brevets sur les SPM, dont les inventeurs sont moi-même et mes collaborateurs.

      Où quand nos défenses nous attaquent.

      #inflammation #inflammation_chronique

  • Non-conformité de tenue au séisme de groupes électrogènes de secours à moteur Diesel des réacteurs EDF des centrales nucléaires de Gravelines, de Paluel et de Civaux
    https://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20190513_Non-conformite-de-tenue-au-seisme-de-groupes-%C3%A9lectrogenes-de-seco

    Non-conformité de tenue au séisme de groupes électrogènes de secours à moteur Diesel des réacteurs EDF des centrales nucléaires de Gravelines, de Paluel et de Civaux

    13/05/2019

    Le 6 mai 2019, EDF a déclaré à l’ASN un événement significatif pour la sûreté de niveau 2 sur l’échelle INES [1] concernant l’indisponibilité potentielle en cas de séisme de niveau SMHV [2] de l’ensemble des groupes électrogènes de secours à moteur Diesel des réacteurs des centrales nucléaires de Gravelines, de Paluel et de Civaux. Cette indisponibilité potentielle en cas de séisme est due à un risque d’interaction de raccords flexibles ou de tuyauteries véhiculant des fluides (fioul, huile, eau, air) nécessaires au fonctionnement des groupes électrogènes avec les structures environnantes.

    En cas de séisme, compte tenu d’une non-conformité affectant la ventilation du turboalternateur de secours LLS de ces réacteurs et dans l’attente de la mise en service des DUS (diesels d’ultime secours), le fonctionnement d’au moins un groupe électrogène de secours est nécessaire pour assurer l’alimentation électrique des équipements utilisés pour le maintien en état sûr des réacteurs.

    Lorsque les deux groupes électrogènes d’un réacteur sont concernés par une non-conformité, l’événement est classé au niveau 2 de l’échelle INES dans la mesure où le maintien du réacteur en état sûr ne peut pas être démontré en cas de séisme.

    Ainsi, une situation de séisme de niveau SMS (voire SMHV) [2] affectant les réacteurs concernés et engendrant potentiellement une perte des alimentations électriques externes pourrait conduire à terme à une fusion du cœur provoquée par l’impossibilité d’alimenter en électricité les dispositifs prévus pour refroidir le combustible, ainsi qu’à une perte de refroidissement de la piscine d’entreposage du combustible usé.

    Les travaux de remise en conformité ont été réalisés pour l’ensemble des réacteurs concernés, seul un des deux groupes électrogènes du réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Paluel n’a pas encore été traité, mais le sera lors de l’arrêt pour visite décennale actuellement en cours.

    L’IRSN rappelle qu’il a relevé de manière récurrente ces dernières années des écarts concernant les groupes électrogènes de secours et a formulé des recommandations visant à les résorber rapidement.

    Sur ce point, l’IRSN insiste sur l’importance pour la sûreté des contrôles associés aux programmes de maintenance préventive qui doivent permettre de détecter ce type d’écart. À cet égard, des événements significatifs relatifs à des défauts d’application de ces programmes de maintenance sont régulièrement déclarés par EDF. Comme l’IRSN l’a souligné à de nombreuses reprises, EDF doit appliquer avec rigueur ces programmes et s’assurer de leur complétude afin de garantir la conformité des installations.

    Télécharger la note d’information de l’IRSN « Non-conformité de tenue au séisme de groupes électrogènes de secours à moteur Diesel des réacteurs EDF (risque d’interaction des tuyauteries et raccords flexibles reliés aux moteurs avec les structures environnantes) » (PDF).

    [1] L’échelle INES (International Nuclear Event Scale) s’applique aux événements se produisant dans les installations nucléaires ; elle comporte sept niveaux.

    [2] Le séisme maximal historiquement vraisemblable (SMHV) correspond au séisme le plus pénalisant susceptible de se produire sur une durée d’environ 1000 ans, évalué sur la base des séismes historiquement connus. Le séisme majoré de sécurité (SMS) est défini en ajoutant conventionnellement 0,5 à la magnitude du SMHV ; il est retenu pour le dimensionnement aux séismes des installations nucléaires.

  • NSO, une société israélienne qui vend ses spywares - Thread by oliviertesquet :
    https://threadreaderapp.com/thread/1108631504547127296.html

    En mai 2017, dix jours après l’assassinat du journaliste mexicain Javier Valdez, qui enquêtait sur les cartels de la drogue, sa femme a été ciblée par un logiciel espion de NSO, une société israélienne qui vend ses spywares… au gouvernement mexicain.
    Le remarquable @citizenlab de Toronto, qui enquête sur NSO depuis deux ans avec des ONG mexicaines, avait déjà montré que des collègues de Valdez ont été hameçonnés de la même manière dans les jours qui ont suivi sa mort.
    Au total, 25 personnes ont été pris pour cible à l’aide du spyware de NSO au Mexique : 9 journalistes, des avocats, un ressortissant américain et un enfant qui étudiait aux Etats-Unis.
    Ces derniers mois, le nom de NSO a ressurgi à 14000km de Mexico : en Arabie Saoudite. On soupçonne la société israélienne d’avoir aidé les sbires de Ben Salmane à surveiller Jamal Khashoggi dans les mois qui ont précédé son exécution stambouliote.

  • Aux Etats-Unis, les femmes victimes de fausses couches risqueront prochainement la prison
    https://www.cosmopolitan.fr/une-loi-anti-avortement-votee-par-les-deputes-americains,2026979.asp

    L’État de Géorgie, aux Etats-Unis, vient de voter une loi particulièrement restrictive sur la question de l’avortement. Dès janvier 2020, les femmes ne pourront plus avorter dès qu’un rythme cardiaque est détecté chez l’embryon. La nouvelle législation prévoit également de donner une reconnaissance juridique au fœtus, menaçant directement les femmes victimes de fausses couches.

    Cette nouvelle législation ne s’arrête pas là puisque la loi HB 481 reconnaît par ailleurs que « les foetus sont considérés comme une catégorie de personnes distinctes et vivantes » qui leur donne le droit à une « reconnaissance juridique totale » alerte Slate.com. Un changement de législation aux conséquences lourdes comme le souligne l’avocat Andrew Fleishcham qui explique à la version américaine de Slate que dès janvier 2020, un foetus aura donc des droits qui lui sont propres et qui pourront prévaloir sur ceux de sa mère.

    « Quand la loi aura pris effet, une femme qui a interrompu sa grossesse elle-même aura, selon la loi, tué un être humain et donc commis un crime. La peine encourue pour ce type de crime est la prison à perpétuité ou la peine capitale » alerte Slate.com. « Il sera alors tout à fait possible d’attaquer en justice des femmes au nom de cette nouvelle législation (...) Une femme qui fait une fausse couche en raison de son comportement - par exemple, en prenant des drogues tout en étant enceinte - pourrait être accusée de meurtre au second degré, punis de 10 à 30 ans d’emprisonnement. Les procureurs pourraient prochainement bien pouvoir interroger les femmes victimes de fausses couches pour déterminer leur responsabilité, ou non, dans la perte du foetus. S’ils estiment que la mère est responsable, ils pourraient l’inculper, la juger et l’emprisonner pour la mort de son foetus ».

  • " La Grande Beuverie " par René Daumal ( 1938 )
    http://enuncombatdouteux.blogspot.com/2019/05/la-grande-beuverie-par-rene-daumal-1938.html

    Quand il est seul, le microbe (j’allais dire : l’homme) réclame une âme sœur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l’âme sœur arrive, ils ne peuvent plus supporter d’être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l’objet de ses tiraillements intestins. 

    N’a pas de bon sens : un, veut être deux ; deux, veut être un. Si l’âme sœur n’arrive pas, il se scinde en deux, il se dit : bonjour mon vieux, il se jette dans ses bras, il se recolle de travers et il se prend pour quelque chose, sinon pour quelqu’un. Vous n’avez pourtant qu’une chose en commun, c’est la solitude ; c’est-à-dire tout ou rien, cela dépend de vous.

  • Conférence de Gaël Giraud, Chef économiste de l’Agence Française de Développement (AFD). Titre : L’effet « reine rouge » : l’économie face aux contraintes physiques et énergétiques d’un monde aux dimensions finies. Résumé : Il s’agira d’exposer quelques uns des enjeux d’une réinscription de l’économie dans le cadre général posé par les contraintes matérielles et thermodynamiques, macro-économiques et historiques. Gaël Giraud discutera l’intérêt de ces enjeux pour le développement durable et la contribution de la France à l’Aide publique au développement. Conférence donnée le 8 novembre 2018 à Grenoble dans le cadre du cycle « Grands séminaires ISTerre ». Conférence organisée par l’Institut des Sciences de la Terre de Grenoble (ISTerre). Montage et diffusion en collaboration avec l’équipe STEEP et le cycle de conférences « Comprendre et Agir ».

    https://www.youtube.com/watch?v=n3LyVbGUFu4

  • Découverte : les loutres sont capables d’utiliser des outils
    https://www.nationalgeographic.fr/animaux/decouverte-les-loutres-sont-capables-dutiliser-des-outils

    Les #loutres_de_mer sauvages ouvrent habituellement les #moules en les écrasant sur des pierres stationnaires, ce qui en fait l’une des rares espèces animales capables d’utiliser des #outils. En observant les loutres de mer du sud se livrer à de tels comportements le long de la côte californienne, puis en analysant l’usure des pierres et des coquillages déposés à proximité, les chercheurs ont pu tirer des conclusions surprenantes.

    Par exemple, des fissures persistantes du même côté des moules mises au rebut suggèrent que la plupart des loutres sur le site étaient droitières. Pendant des décennies, les chercheurs ont estimé que seuls les grands singes et les humains avaient une préférence marquée pour une main, mais les kangourous, les baleines bleues et maintenant les loutres de mer montrent eux aussi des préférences.

  • Un texte extraordinaire de Nathalie Quintane sur lundimatin, extrait :

    "Dans la pétition signée par les artistes, il y avait quand même beaucoup beaucoup de gens du cinéma.

    Et si vous vous étonnez qu’ils aient mis 6 mois à la faire, cette pétition, c’est que vous ne savez visiblement pas combien de temps ça prend de faire un film.

    N’importe quel écrivain vous dira que faire un livre, ça prend une bonne année.

    Donc dans six mois les écrivains signeront une pétition : novembre 2019.

    Deuxième explication : contrairement à ce qu’on serait en droit de conclure, les écrivains ne font pas actuellement le canard, ils souffrent simplement d’un manque de légitimité. Ils se disent : « Mais si on lance une pétition, personne ne la remarquera, et on sera encore ridicules. »

    « Et d’ailleurs, admettons que j’aille en manif — ou même sur un rond-point !! –, comment les gens sauront que je suis écrivain ? Ça se voit pas. »

    Quand on est écrivain, la plupart du temps, ça se voit pas.

    Si vous êtes un acteur ou une actrice, ça se voit, que vous êtes acteur ou actrice.

    Quand vous êtes Michel Houellebecq, ça se voit, que vous êtes Michel Houellebecq.

    Mais quand vous êtes écrivain, ça se voit pas.

    C’est la raison pour laquelle il est possible (j’en connais) qu’il y ait des écrivains et des poètes sur les ronds-points ou en manif. Rien de ce qui est dit ici n’écarte cette éventualité.

    Troisième explication : Nous, les écrivains, étant donnés notre sens du détail et notre hyper-sensibilité, on a la capacité de développer toute une théorie subtile sur la limite en deçà de laquelle l’Etat peut toujours légitimement être dit de droit (Etat de droit).

    D’accord, y a 1 morte, 24 éborgnés, une demi-douzaine de mains arrachées et 280 blessures à la tête chez les manifestants, mais justement on peut l’écrire et je l’écris : dans un état autoritaire, je ne pourrais pas l’écrire ; c’est donc la preuve que je suis dans un état de droit, moi, en ce qui me concerne.

    Non seulement ça, mais en tant qu’écrivain, je peux l’écrire intensément. C’est ma petite contribution.

    Comme le colibri qui porte dans son bec son petit seau pour éteindre l’incendie.

    Nous, les écrivains, on est un peu comme des colibris internes en médecine : on répare, on console, on soigne, on porte notre petit seau.

    « Ferme ta gueule deux minutes et bouge ton cul » n’est pas une phrase qu’on dit à l’écrivain.

    L’autre jour, l’attaché de presse de ma maison d’édition me disait : « La littérature, c’est devenu une niche. » En effet."

    https://lundi.am/Si-la-litterature-est-une-niche

    • Déjà, faudra attendre que Paris ait froid et que Paris ait faim (je parle de ceux qui habitent plutôt dans l’ouest et le centre-ouest ; les autres, ils connaissent).

      Vous avez déjà entendu une table de critiques littéraires préparant la rentrée début juillet dans un restaurant de fruits de mer ?

      Moi oui.

      Là, pour que la sensibilité se réveille, faudra attendre la Gestapo.

      Gestapo, section française
      http://www.13emerue.fr/dossier/la-carlingue

      La Carlingue est le surnom attribué à la fois au 93 rue Lauriston dans le 16ème arrondissement de Paris, siège de la Gestapo française, et s’applique également aux membres de cette branche française de la Gestapo, principalement des voyous et malfrats engagés par les nazis pour effectuer les basses besognes des SS.

  • « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/13/violences-policieres-la-nouvelle-strategie-de-maintien-de-l-ordre-inquiete_5

    L’exécutif nie l’existence même de brutalités policières lors des manifestations des « gilets jaunes » et leur demande désormais d’aller davantage au « contact », au risque de dégrader encore la situation.

    Au moment où Roxane (le prénom a été changé) arme son lanceur de balles de défense (LBD), il est déjà tard en ce énième samedi de manifestation. Cette policière mobilisée depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » n’en est pas à sa première munition de la journée. « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions », raconte-t-elle à l’un de ses amis. La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

    La scène ne fera pas le tour des réseaux sociaux. Et pour cause, elle n’a pas été filmée, la victime n’a pas été éborgnée, et la fonctionnaire n’a connaissance d’aucune plainte, à ce jour du moins. Mais ce témoignage rapporté au Monde, d’une sincérité brute, jette une lumière crue sur la polémique qui fait rage depuis plusieurs mois sur la gestion par les forces de l’ordre des manifestations des « gilets jaunes » et sa part ombrageuse mais indissociable, les violences policières.

    « Il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous »

    La parole des agents est en effet rare, étouffée au milieu d’un débat qui a pris une ampleur nationale. D’un côté, les réseaux sociaux sur lesquels ont été lancées les premières alertes agissent comme une caisse de résonance. Les séquences de policiers en train de molester des manifestants sont diffusées en boucle. Tout y est disséqué, commenté, relayé. « On est jugé et condamné dans la même seconde, il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous », regrette un policier.

    De l’autre, le pouvoir nie contre toute évidence l’existence même des violences policières. A plusieurs reprises, le président de la République Emmanuel Macron et son ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, ont appelé à ne pas utiliser ce vocable. Une communication appréciée en interne, surtout par les syndicats, mais qui a aussi pour conséquence de laisser le policier qui a « dérapé » – l’euphémisme officiel – seul face à ses responsabilités.

    Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.
    Pour leurs collègues, il est impossible de comprendre ces scènes qui font le tour d’Internet sans prendre en compte le contexte, celui d’une ultraviolence à laquelle font face les troupes depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ».

    « Chaque tir coûte cher à l’Etat »

    Comme pour ce policier filmé dans un contexte tendu, le 1er-Mai à Paris, en train de gifler un homme qui l’invective, sous la grille d’un magasin. L’un de ses camarades se veut compréhensif : « Ça ne se fait pas, on n’apprend pas ça, ce n’est pas pro, mais franchement, c’est un craquage. C’est l’insulte de trop après vingt-cinq week-ends de manifestations. Je ne l’excuse pas, mais je le comprends. » Ou pour celui immortalisé en train de lancer un pavé dans la foule. « Des pavés, il en a probablement reçu des centaines depuis le début du mouvement, c’est un être humain, pas une machine », justifie un autre policier.

    Certaines séquences laissent tout de même les policiers pantois. Ce sont souvent les mêmes qui reviennent dans la bouche des uns et des autres pour illustrer les cas de dérapages indéfendables. La scène du tabassage de manifestants dans un Burger King à Paris, en décembre 2018, trouve peu de défenseurs. Comme celle du tir de LBD à hauteur de tête en direction d’un manifestant à Bordeaux, en janvier, juste après un lancer répréhensible de grenade de désencerclement dans les airs. Idem pour la jeune fille qui s’est fait fracasser le crâne à Marseille par plusieurs policiers.

    Trois scènes de violence parmi des dizaines d’autres qui, mises bout à bout, poussent à s’interroger sur l’existence d’un système facilitant ce type de débordements. Pour certains observateurs, le problème n’est d’ailleurs pas celui de la faillite individuelle mais de la faiblesse des structures et de la hiérarchie. « Il y a un gros problème avec l’entraînement, notamment au LBD, car chaque tir coûte cher à l’Etat, juge Laurent-Franck Liénard, avocat spécialisé dans la défense des policiers et des gendarmes. On a aussi mis des effectifs de BAC en première ligne, alors qu’ils n’ont pas le cadre rigide des troupes de maintien de l’ordre. Vu le déficit de formation et d’encadrement, ils s’en sont plutôt bien sortis. »

    « Pas un blanc-seing »

    La nouvelle doctrine mise en place par Christophe Castaner après le saccage des Champs-Elysées, le 16 mars, qui se traduit par une volonté d’aller davantage au contact, va-t-elle conduire à une dégradation de la situation ? Les nombreux journalistes du Monde présents au défilé du 1er-Mai à Paris ont tous constaté des conditions de manifestation très tendues, au milieu des gaz lacrymogènes. Plusieurs ont été touchés par divers projectiles des forces de l’ordre et l’un d’entre eux a été braqué au visage par un LBD à moins d’un mètre. Les policiers, eux, apprécient la plus grande autonomie laissée à la hiérarchie présente sur le terrain. « Ça marche très bien, ça nous donne plus de mobilité, d’initiative, de rapidité. Ça n’est pas pour autant un blanc-seing : si vous merdez, vous assumez ! », explique un gradé.
    Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de violences policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

    Si les policiers ont bien conscience d’être désormais au centre de toutes les attentions, ils sont nombreux à regretter la politisation de la question du maintien de l’ordre, qui est avant tout, pour eux, un sujet technique, qui ne doit pas varier au gré des polémiques. « Il y a un discours qui tente de faire entendre que tout usage de la force est forcément une violence, donc illégitime, abonde l’avocat Laurent-Franck Liénard. C’est très dangereux. La réalité, c’est que, confrontés à une violence délirante, les forces de l’ordre ont été très réticentes à user de la force, elles ont été très majoritairement exemplaires, souvent en retrait par rapport à ce qu’elles auraient pu faire, voire dû faire. »

    La scène des trois gendarmes, pistolet au poing face à une voiture à Nantes, samedi 11 mai, est loin d’être une exception. D’après l’avocat, depuis novembre, au moins une dizaine de policiers et gendarmes ont pris son attache après avoir dégainé leur arme au cours d’une manifestation. Ils souhaitaient tous savoir s’ils avaient le droit de tirer.

    • Le Monde continue à asséner, ni vu ni connu, l’idée que la violence vient des gilets jaunes, ce qui est factuellement faux.
      Sur un autre papier du même torche-cul, alors qu’il y un titre qui fait semblant d’interroger l’impunité policière, on retrouve toujours les mêmes éléments de langage qui reviennent à « excuser » les « débordements » policiers en créant une fausse symétrie avec les violences des manifestants.

    • La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

      Depuis le début je me demande ce qui peut bien passer dans la tête d’un ou d’une fonctionnaire de police pour tirer sur une personne dans la foule, je viens enfin d’avoir la réponse à cette question, elle est effrayante : rien, un courant d’air.

    • Vraiment très élégante, cette figure de style (double opposition « prend la fuite / reste avec ses questions » et la cible-objet / la policière-personne) :

      La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions

      Je sais pas vous, mais c’est très émouvant, cette souffrance, cette douleur, que ressent la policière (alors que « la cible », elle, se contente de prendre la fuite comme si de rien n’était). La policière, quasiment « victime » de sa « propre violence ».

    • Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de #violences_policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

      Pas le même écho ??? j’ai pas le souvenir qu’un politique se soit penché sur le lit d’hôpital d’un gilet jaune. Quand c’est un poulet, alors là c’est le défilé au chevet du pandore avec caméra et tout le toutim.
      Mort c’est les invalides et médailles à titre posthume. Je te leur en donnerai moi des médailles, à poignées.

      Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.

      circulez y’a rien à voir !

    • http://lepanierasalade.fr

      Panorama
      Maintien de l’ordre

      « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions,raconte une policière, mobilisée lors d’une manifestation. J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. (...) Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. » [Le Monde] « Nous accuser d’agresser volontairement les gilets jaunes, c’est n’importe quoi, témoigne un CRS base à Toulouse (Haute-Garonne). Les CRS n’interviennent que sur ordre de leur hiérarchie, il ne peut y avoir aucune initiative personnelle. On est là pour encadrer les manifestations pas pour agresser les manifestants. » [France 3] En six mois de manifestations, pas un syndicat de police représentatif n’a pris ses distances avec la doctrine de maintien de l’ordre : les LBD sont défendus, les violences policières sont légitimées et toute voix discordante est étouffée. [Mediapart]

       ?Face à la multiplication des vidéos montrant les policiers au travail, certains espèrent une loi obligeant à flouter les visages avant diffusion, ou comptent sur le ministère de l’intérieur pour risposter avec les vidéos qu’il possède. [L’Express]

       ?Des policiers d’une brigade de répression de l’action violente frappent un étudiant dans sa résidence universitaire à la Pitié-Salpétrière à Paris en marge des manifestations du 1er-Mai. L’IGPN a été saisie. [Mediapart] Des gendarmes ont sorti leurs armes à Nantes (Loire-Atlantique) lors des manifestations de samedi. [LCI] Les street-médics se plaignent d’un acharnement policier à Toulouse (Haute-Garonne). [La Dépêche]

      Lacrymos. « Si sur la durée, la différence ne doit pas être énorme entre CM3 et CM6, elle le devient sur l’instant : la concentration en gaz monte d’un seul coup, créant des effets immédiats plus forts que ceux obtenus par le lanceur classique », explique Pierre Bernat, membre de la Ligue des droits de l’homme à Toulouse, ajoutant que les lanceurs, et leur usage, diffèrent entre ces deux types de grenades lacrymogènes. [franceinfo] Analyses. Des « Gilets jaunes » affichent des symptômes persistants après une exposition aux gaz lacrymogènes. Des personnalités scientifiques réclament des recherches sérieuses sur les effets de ceux-ci. [Libération]

      Le sociologue Cédric Moreau de Bellaing revient sur le travail de l’IGPN : « Pour les enquêteurs, la reconstitution de la dynamique de la situation est vraiment centrale. Une même blessure peut être le résultat d’une violence légitime comme illégitime. Pour différencier l’un de l’autre, il faut savoir comment la violence a été exercée, à quel moment, pour quelle raison : c’est donc crucial du point de vue de l’IGPN. » [Le Monde]

      « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même, déclarait le 29 mai 1968 le préfet de police Maurice Grimaud. Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites. » [Le Monde]
      « Gilets jaunes » et justice

      Du collectif « Robes noires et gilets jaunes » animé par les avocats David Libeskind et Philippe de Veulle, classés à droite, à des avocats plutôt ancrés à gauche, la défense juridique des manifestants s’organise. [Le Monde]

      Une manifestante de Toulouse est poursuivie pour « usage et menace d’une arme », en l’occurrence son fauteuil roulant électrique. [Capital] Six mois après les faits, six « Gilets jaunes » paraissaient devant le tribunal correctionnel pour participation à un attroupement à une sommation à se disperser. La relaxe a été demandée. [La Voix du Nord]
      Interpellation

      Les lycéens interpellés à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et agenouillés par les policiers en décembre ont été entendus par l’IGPN. [La Gazette des Yvelines] Arié Alimi, avocat d’une vingtaine de lycéens interpellés réclame la nomination d’un juge d’instruction. [L’Humanité]

      Les mères des jeunes interpellés s’inquiètent des traumatismes causés par ces événements. « C’était un bon vivant, il aimait sortir, aller au cinéma avec ses copains. Maintenant il sort moins, il reste à la maison. Il me dit que comme ça personne ne le gêne, et qu’il ne gêne personne », raconte l’une d’elles. [Les Inrocks]
      Cour criminelle

      L’avocat Hervé Temime se lamente des cours criminelles départementales instaurée par la loi de réforme de la justice : « Je ne vois pas au nom de quoi on constituerait plusieurs catégories de crimes. Pourquoi un viol devrait être jugé par une juridiction composée de professionnels et un meurtre par la “vraie” cour d’assises ? (...) La cour d’assises actuelle, aussi critiquable soit-elle, est sans doute la juridiction où la justice est rendue avec le plus de soin, le plus de solennité et le plus de sérieux. » [Le Point] François Saint-Pierre de son côté n’apprécient pas les cours d’assise où le président seulement, contrairement au jury, a accès au dossier : « Notre système personnalise à outrance le procès sur le président et il faut en sortir. Comment ? Par ce que j’appelle la rationalisation de la procédure accusatoire. En faisant condamner la France devant la Cour européenne des droits de l’homme pour défaut de motivation des verdicts, j’ai contribué à faire évoluer les choses. Mon but est de casser ce système archaïque qui fait un peu bandouiller quelques avocats passéistes. » [Le Point]

      La boîte noire

      Info. Le ministère de la justice a décidé de ne plus diffuser les statistiques mensuelles sur la population écrouée et détenue. Seules des statistiques trimestrielles devraient être publiées ; celles des trois premiers mois de l’année devraient être publiées aujourd’hui. [Le Panier à salade] « Disposer d’une analyse statistique avec un recul de plusieurs mois permettra un meilleur aperçu des tendances de l’évolution de la population carcérale », justifie le cabinet de la ministre de la justice.

      Réaction. Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) regrette l’arrêt de ces publications : « Ces données sont extrêmement utiles au CGLPL pour l’exercice de notre mission, notamment pour vérifier les taux d’occupations réels des prisons que nous visitons, les établissements ayant une fâcheuse tendance à considérer que le nombre de places correspond au nombre de lits disponibles. Une publication à un rythme trimestriel risque d’être moins pertinente, alors que le CGLPL recommandait dans un rapport thématique sur la surpopulation carcérale que l’administration pénitentiaire se dote d’outils statistiques plus précis de l’occupation des établissements pénitentiaires. »

      En bref
      Un policier de Rennes (Ille-et-Vilaine) est soupçonné d’avoir détourné des armes saisies

       ?Un policier des stups est soupçonné d’avoir fait localiser le téléphone de sa femme

      Au Brésil, le nombre de suicides dans les rangs de la police est important

      La police nationale lance une nouvelle campagne de recrutement, proposant notamment un casque de réalité virtuelle

      Les juges doivent tenir compte d’une marge d’erreur de 8% de la valeur mesurée par les éthylomètres

      Relancée par la cour d’appel de Paris en 2013, l’enquête sur le scandale de l’IGS est au point mort

      Malgré la mort d’Eric Garner en 2014, les clefs d’étranglements sont toujours utilisées par la police de New York (États-Unis)

      Une ASVP de Nice (Alpes-Maritimes) condamnée pour avoir travaillé en parallèle au service d’une princesse arabe

      Deux policiers municipaux de Marseille (Bouches-du-Rhône) sont mis en examen après avoir tiré lors d’un refus d’obtempérer

      À Paris, des policiers recouvrent la tête d’un mineur avec un sac en tissu lors d’une interpellation ; le parquet a ouvert une enquête

      Un policier a été condamné pour avoir donné des coups de pieds à un manifestant contre les violences policières

      Un policier du commissariat de Roubaix (Nord) est condamné pour avoir détourné de l’argent saisi ; sa peine n’est pas inscrite à son casier

      La Cour de cassation rend définitif le non-lieu du gendarme ayant tiré la grenade qui a coûté à la vie à Rémi Fraisse

      Un homme est condamné à perpétuité après avoir percuté un gendarme en Ariège

      La peine de 25 ans de réclusion criminelle de Rédoine Faïd pour le braquage raté lors duquel la policière municipale Aurélie Fouquet était morte est définitive

       ?L’utilisation des caméras-piétons ne permettent pas de lutter contre les contrôles au faciès selon le DGPN ; le rapport mentionne de nombreuses pannes

      La ministre de la santé porte les premiers soins à un CRS affecté à son escorte victime d’un malaise

      La ville de Montréal (Québec, Canada) doit verser 43 000 $ à une manifestante détenue abusivement en 2014

      Une étude scientifique américaine montre le manque d’effet de la prison en matière de prévention de la violence

      Téléphone, drogue, colis : Snapchat, témoin de la vie quotidienne en prison ; le compte « Les Prisons 2 France » diffuse régulièrement des vidéos

      Un homme porte plainte après le suicide de son fils au centre pénitentiaire de Vézin-le-Coquet (Ille-et-Vilaine)

      « C’est répugnant ! » : la sénatrice Esther Benbassa a visité l’établissement pour mineurs de Porcheville (Yvelines)

      Trois ruches ont été installées à la prison de Montmédy (Meuse)

      Le Conseil constitutionnel a censuré l’article de loi utilisé pour pénaliser les surveillants pénitentiaires grévistes

      Aux Pays-Bas, le ministère de la justice a perdu la traces de 700 porteurs de bracelet électronique à cause d’un bug

      La section spécialisée C1 du parquet de Paris va bientôt laisser sa place au parquet national anti-terroriste

      La police municipale de Châteauroux (Indre) sera équipée de LBD à l’automne

      Candidate à la mairie de Paris, Rachida Dati souhaiterait armer la police municipale parisienne et encourager le lien avec la sécurité privée

      La Commission européenne travaille à une résolution pour faciliter l’accès aux preuves numériques

      1073 flash en trois mois en Normandie : les voitures radars privatisées ne flashent guère

      Aux États-Unis, les Tasers ne sont pas aussi fiables que le laisse penser leur constructeur ; parfois, ils aggravent même la situation

       ?Les policiers municipaux d’Honfleur (Calvados) testent les trottinettes électriques

    • (pour faire suite au message de @sombre, @paniersalade est même ici depuis quelques semaines, et la lettre d’info du 14 mai est disponible avec les liens à cette adresse : https://us12.campaign-archive.com/?u=93670423e9243101afcfcae19&id=d0ce6af1de et y’a moyen de s’abonner gratuitement pour la recevoir chaque mardi dans sa boîte mail)

      Le Panier à Salade propose une sélection hebdomadaire de liens de l’actualité police-justice.

      Vous lisez le Panier à salade, votre sélection hebdomadaire de liens sur l’actualité de la police et de la justice. Bonne lecture, et n’hésitez pas à partager le contenu de cette newsletter sur les réseaux sociaux ou à transférer ce message à vos amis.

  • La fausse affirmation de Jean-Yves Le Drian sur les « risques majeurs » pris par les ex-otages au Bénin
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/05/12/la-fausse-affirmation-de-jean-yves-le-drian-sur-les-risques-majeurs-pris-par

    Le ministre des affaires étrangères a assuré que les deux touristes ont été enlevés dans une région considérée depuis « pas mal de temps » comme une « zone rouge ». En réalité, le site du Quai d’Orsay a été récemment mis à jour.

    Comme l’a remarqué le journaliste de Marianne Thomas Vampouille, le parc de la Pendjari, dans lequel ont été kidnappés les deux touristes, n’était pas classé en « zone rouge » depuis « pas mal de temps » : il n’a même été classé comme « formellement déconseillé »… que neuf jours après leur enlèvement, le jour de leur libération.

    Un examen de l’historique de la page du site du ministère des affaires étrangères permet assez facilement de constater que le parc n’est mentionné explicitement, dans le texte et sur la carte mise en ligne, que depuis la dernière mise à jour, le 10 mai.

    #Fake_news #Officiel

  • En Amazonie, le combat de Raoni, le dernier des Kayapo
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/11/en-amazonie-le-combat-de-raoni-le-dernier-des-kayapo_5460803_3244.html

    Le cacique débute lundi une nouvelle tournée en Europe pour plaider la cause de son peuple, trente ans après un voyage triomphal avec Sting.

    Il expulse de ses poumons le reste de fumée qui s’y blottit avant de se lancer, d’un trait et pendant plus d’une heure, dans son histoire. A 87 ans, ou davantage, Raoni aime les contes. Surtout ceux qui évoquent les hommes et les femmes de son village kayapo, portant des masques et des parures au milieu de fêtes qui durent des semaines, parfois des mois.


    Le chef Raoni s’endort dans sa maison de Peixoto de Azevedo, Mato Grosso (Brésil), le 20 avril.

    Il parle, et sa voix semble le rugissement d’un jaguar. Ses chants volent comme des oiseaux. Par moments, on entend son rire de vieux sage. Raoni fait ensuite silence et regarde la route avec l’intensité de ceux qui ont appris à savourer chaque seconde de l’existence. « Non, je n’ai aucun regret, rien », glisse-t-il.

    Sur le bac qui relie les deux rives léchées par les eaux sombres du rio Xingu, en plein cœur de ce Sud profond de l’Amazonie brésilienne, trois touristes se précipitent sur lui pour une séance de selfies. Lui s’en amuse. Il pose avec sa pipe calée entre le coin de sa lèvre et son célèbre plateau labial. Il est fier : « Vous savez qu’une partie des revenus du bateau permet d’acheter chaque mois de la nourriture pour le village ? » Il remonte dans la voiture. Et ponctue la conversation par : « Vous avez des sous ? »

    Raoni, c’est un peu ça : un cacique connu de tous, un colosse au charme immédiat, mais à la parole directe et tranchante, tourné exclusivement vers la survie des siens, quoi qu’il en coûte. « L’argent est une malédiction », dit-il. Avant de s’empresser d’ajouter, comme pour mieux conjurer un piège devenu incontournable : « Mais une malédiction aujourd’hui indispensable pour maintenir la démarcation de nos terres, les protéger et aider nos peuples. »


    Des touristes demandent à se prendre en photos avec le chef Kayapó en chemin vers le village de Metuktire.

    Neuvième tournée en Europe

    Le chef kayapo effectue sa neuvième tournée en Europe du 13 au 31 mai. Sa figure poignante avait déjà secoué la planète en 1989, lorsqu’il courut au côté de Sting les plateaux télé et les scènes de concert. Il a connu la surexposition médiatique. Le tourbillon d’une époque. Les centaines de milliers de dollars amassés pour la cause indigène, la démarcation des terres et la défense des cultures autochtones. Les bisbilles aussi et les tiraillements avec des proches. Et puis plus rien, ou presque.

    Après l’« âge d’or » des années 1990, comme l’appellent les indigénistes, les dangers sont vite réapparus. Le président Luiz Inacio Lula da Silva a autorisé la construction du barrage controversé de Belo Monte sur le Xingu. D’autres ont suivi. Les routes aussi. Et l’extension irréfrénée des fronts agricoles. L’argent, lui, s’est glissé dans les villages, même les plus reculés, avec la Bolsa Familia, cette bourse versée aux familles les plus pauvres du pays. Un pécule modeste, mais qui a encore un peu plus modifié les équilibres déjà fragiles des communautés indigènes.

    L’arrivée au pouvoir en janvier de Jair Bolsonaro n’a fait qu’accentuer les inquiétudes. En évidant le ministère de l’écologie et en laissant aux mains de l’agrobusiness la tâche de démarquer les terres indigènes, le président d’extrême droite a revendiqué une stratégie d’exploitation sans concession de l’Amazonie, et une volonté d’acculturation violente des populations autochtones. Il l’a dit en campagne : « Les minorités devront s’adapter à la majorité… ou simplement disparaître. »

    Alors, Raoni est venu à Brasilia, deux fois depuis l’investiture de Jair Bolsonaro. Il y a fait part de sa colère. Porte-parole des populations natives du Brésil, il a promis de repartir en guerre face aux nouveaux hommes forts de la capitale. A l’écouter parler devant les micros, Raoni a su une nouvelle fois brasser le destin des centaines d’Indiens kayapo (7 000 personnes selon les statistiques), des milliers d’autres Indiens des villages et des villes (900 000 personnes), pris au piège de l’identité dans un pays où les indigènes sont à la fois citoyens depuis peu et victimes depuis trop longtemps.

    Trois objectifs

    Pour sa nouvelle tournée européenne, le cacique participera à plusieurs conférences au côté de Jean-Pierre Dutilleux. C’est ce cinéaste belge qui lui avait consacré, en 1978, un documentaire, Raoni, nominé aux Oscars l’année suivante, avec la voix off de Marlon Brando.

    Interrogé par Le Monde, le réalisateur, président d’honneur de l’Association pour la forêt vierge, identifie trois objectifs pour cette tournée : collecter 1 million d’euros afin de démarquer de nouveaux territoires kayapo, 15 millions d’euros pour créer un institut Xingu au cœur de la réserve indigène, et promouvoir son dernier livre avec le cacique, paru le 8 mai et intitulé Raoni. Mon dernier voyage. SOS pour l’Amazonie (Arthaud, 254 p., 19 euros). Le dernier et sixième opus consacré à son « ami » Raoni, comme il dit, avec une préface du journaliste Patrick Mahé, ancien de Paris Match et proche de Jean-Marie Le Pen.


    Raoni dans un relais de la voie rapide MT-322.

    Etrange attelage. Raoni et Jean-Pierre Dutilleux se sont rencontrés en 1973 dans la forêt amazonienne, ici même, en plein Mato Grosso. Jeune aventurier, le cinéaste belge intervient alors pour soigner un des fils du cacique grièvement blessé. C’est lui qui participera ensuite à la première médiatisation du chef indien, sera témoin de son premier contact avec l’argent, ainsi que de l’ouverture de son premier compte en banque. S’ensuivent quarante années de relations intenses, tumultueuses aussi, faites de ruptures et de controverses. Une période durant laquelle le réalisateur autodidacte n’aura de cesse d’alimenter une réputation sulfureuse.

    A intervalles plus ou moins réguliers, il fait l’objet de nombreuses critiques acerbes dans les médias, non seulement brésiliens, mais aussi belges, anglais et français. Des critiques également de la part d’anthropologues et d’anciens collègues, qui voient en lui un opportuniste de la cause, un ambitieux malhonnête, soucieux de ses propres intérêts. Dès 1981, le quotidien Folha de S. Paulo accuse Jean-Pierre Dutilleux de n’avoir pas respecté son contrat avec la Fondation nationale de l’Indien (Funai), qui prévoyait un versement de 10 % des gains du film Raoni à des communautés indiennes du Xingu.

    Plusieurs fois, Raoni dénonce l’utilisation de son nom par le cinéaste, tout comme l’exploitation de son image pour « son propre bénéfice ». Le chef kayapo porte même ses accusations face caméra et dépose son témoignage sur YouTube en 2017, assurant qu’il ne travaillera « plus jamais avec Jean-Pierre ». Avant de se raviser. Et d’accepter de venir en Europe avec lui.

    Un nouveau combat pour Sting

    « Nous nous sommes parlé, souligne-t-il aujourd’hui. Il m’a assuré que les revenus reviendront à mon peuple intégralement, le moindre sou que nous parviendrons à récolter lors de cette campagne. Jean-Pierre n’aura pas l’autorisation d’y toucher. » La malédiction, assurément. Ou l’impossibilité de refuser toute aide extérieure, vu la contingence dramatique des peuples indigènes. Raoni ne dit plus rien. Il fige son regard, et finit par rallumer sa pipe.

    Pour tenter de comprendre, il faut retisser les fils de leurs histoires, reprendre les moments forts de leurs combats et les controverses qui jalonnent le parcours du réalisateur-écrivain belge. Un des épisodes-clés se situe certainement en 1987. Jean-Pierre Dutilleux est « au bord de la faillite », comme il le confiera plus tard au magazine Rolling Stone. Il cherche un nouveau moyen d’aider les Kayapo.

    Stewart Copeland, ex-batteur du groupe Police, lui aurait alors suggéré, durant un tournage, de mettre en lumière Raoni au côté de la star internationale Sting, pour attirer l’attention des médias. Après un premier rendez-vous arrangé, l’artiste aurait décliné la proposition de M. Dutilleux. Celui-ci insiste, déploie tout un stratagème pour convaincre le musicien, allant jusqu’à demander l’aide d’un sorcier brésilien. « J’étais un peu fou et encore jeune », souligne-t-il. La magie folle opère. Il réussit à convaincre Sting, après son concert à Rio, et sa femme, l’actrice Trudie Styler, de le suivre pour une virée de quelques jours en Amazonie à la rencontre de Raoni.

    Séduit, le couple s’engage dans la lutte pour la sauvegarde de l’Amazonie et le peuple kayapo. Une aventure inédite que Sting racontera deux ans plus tard dans le livre Amazonie : lutte pour la vie (JC Lattès, 1989), publié avec les photographies de Jean-Pierre Dutilleux. A l’époque, c’est un nouveau combat pour l’artiste, qui s’était déjà engagé au côté d’Amnesty International en faveur des droits de l’homme. Habitué des concerts au profit de causes humanitaires, Sting découvre cette fois les enjeux écologiques liés aux terres et aux droits des peuples autochtones.


    La voie rapide MT-322 traverse le territoire autochtone de Kayapó. Elle est utilisée par les agriculteurs pour transporter la production de soja et de maïs de la région.

    Sensibiliser l’opinion publique

    « Raoni m’avait demandé si je pouvais l’aider à protéger ses terres ancestrales contre les destructions causées par les bûcherons, les mineurs et les éleveurs », se souvient Sting. « Je lui ai dit que j’essaierais de l’aider, même si je n’avais aucune idée de la façon dont cela pouvait être réalisé. Avec le recul, accepter cette décision était peut-être une naïveté de ma part, ou de l’orgueil, mais j’ai sans doute été influencé par l’appel direct de Raoni », précise le chanteur, encore admiratif du dirigeant kayapo.

    Si l’artiste britannique n’avait aucune idée de la manière de procéder pour venir en aide, M. Dutilleux avait déjà un projet en tête : une tournée mondiale de Raoni au côté de Sting, orchestrée par ses soins.

    En 1989, le trio commence un voyage sans précédent dans la lutte indigène. Ensemble, ils parcourent dix-sept pays pour sensibiliser l’opinion publique et rencontrer les leaders politiques : les présidents du Brésil et de la France, le roi d’Espagne, le prince Charles, le prince Albert de Monaco, le pape Jean Paul II, l’empereur du Japon… « Je n’étais qu’un membre de cet étrange ménage, mais les gens semblaient disposés à écouter, ou du moins étaient intrigués », dit Sting. Raoni, lui, n’avait jamais quitté son pays : « Sting m’a beaucoup aidé et je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour appuyer la campagne de démarcation de notre terre », poursuit-il.

    Sous la pression médiatique et de l’opinion internationale, l’homme fort de Brasilia à l’époque, José Sarney, accepte le projet de démarcation des territoires du Haut-Xingu et du Bas-Xingu, région historique des Kayapo. A condition que les Indiens et leurs alliés financent eux-mêmes le projet. La tournée offre l’occasion de lever des fonds pour créer la plus grande réserve indigène en Amazonie : le parc national du Xingu, d’une superficie de 184 000 km2, l’équivalent d’un tiers de la France.

    « Ces gens-là dépensent tout ce que l’on a récolté ! »

    Sting cofonde alors avec Trudie Styler et Jean-Pierre Dutilleux la Rainforest Foundation. Douze associations nationales voient le jour pour collecter les fonds. En France, elle porte le nom d’Association pour la forêt vierge, présidée par M. Dutilleux. Le succès est au rendez-vous. Les dons affluent de partout, générant une belle cagnotte : 1,2 million de dollars, selon la Rainforest Foundation, voire 3 millions de dollars, selon le cinéaste.

    Si jusqu’ici tout semblait réussir à la cause, la belle épopée bascule dès la fin de l’année 1989. Paniqué, Sting appelle Franca Sciuto, avocate et présidente à l’époque du comité exécutif d’Amnesty International à Londres. « “Je suis dans le pétrin… Peux-tu m’aider ? J’ai fait une tournée avec Jean-Pierre Dutilleux et des amis à lui, on a recueilli de l’argent, et ces gens-là dépensent tout ce que l’on a récolté !” Sting était catastrophé et désespéré, il ne savait plus quoi faire, se rappelle la responsable. Tout le monde se baladait, voyageait dans les meilleurs hôtels de luxe entre le Brésil, Londres et Los Angeles. C’était la pagaille. L’argent était dilapidé ! »

    Alors qu’il ne s’était pas exprimé dans les médias sur ce sujet depuis près de trente ans, Sting livre aujourd’hui sa version : « Malheureusement, nous commencions à attirer l’attention de personnes ayant déjà eu affaire à M. Dutilleux, dans des situations où il semblait s’être fait beaucoup d’ennemis. Je n’avais absolument aucune preuve que leurs affirmations étaient vraies, mais cela m’inquiétait, car il y en avait tellement ! Les autres membres du conseil ne faisaient pas confiance à M. Dutilleux depuis le début et étaient très inquiets de sa réputation excentrique. Il a été sommairement rejeté du conseil par une majorité et je n’ai eu aucun contact avec lui depuis lors. »


    Le cacique dans son village de Metuktire, le 21 avril.

    Interrogé à son tour, Jean-Pierre Dutilleux esquive les raisons de son départ. « Je me suis retrouvé en position minoritaire, alors que j’étais le seul qui parlait portugais, qui connaissait les Indiens, et qui avait monté toute cette histoire au départ. On m’a forcé à partir », affirme-t-il.

    « Terminé, tout le monde dehors »

    Lorsque Franca Sciuto, nommée par Sting à la tête de la fondation, rencontre pour la première fois Jean-Pierre Dutilleux avant son éviction, elle est frappée par sa demande inattendue d’acheter un avion au peuple kayapo. Elle refuse, il insiste, la suit jusque dans son hôtel pour la convaincre. « A cet instant, j’ai dit : “Terminé, tout le monde dehors.” Je l’ai mis à la porte, lui, son directeur et tous ceux qui l’entouraient », se souvient-elle. Quelques mois plus tard, dans le village de Raoni, l’avocate reste stupéfaite par les arguments qu’on lui présente : « Les Kayapo m’ont tout de suite parlé de l’avion et l’un d’eux a dit : “Comme ça, on pourra aller acheter du Coca-Cola” ! Ils n’ont évidemment pas eu l’avion. »

    Si l’anecdote peut paraître saugrenue, elle dénote les ravages de l’acculturation auxquels peuvent être exposés les peuples autochtones. Pour l’anthropologue français Patrick Menget, spécialiste de la région du Xingu au Brésil et ancien président de Survival International France, une ONG de défense des doits des peuples autochtones, « les populations indigènes sont extrêmement attirées par le mode de vie “moderne”, dont ils n’ont finalement que les miettes. Ils sont alors nombreux à devenir diabéto-dépendants ».


    Le 20 avril, au supermarché Atacado Machado de Matupà le chef Raoni a acheté du poulet congelé, du saucisson au poulet, du riz, du café, du sucre, des briquets et du tabac,

    Quelques semaines avant son décès, en avril, le professeur d’université à la retraite dressait lui aussi une évaluation très sévère des compétences de Jean-Pierre Dutilleux à représenter la cause indigène : « Les traductions de Raoni par Dutilleux, à l’époque de la tournée, étaient grotesques ! Il parlait très mal portugais et prétendait parler kayapo. Tout le monde sentait qu’il frimait. »

    En janvier 1990 éclate un nouveau scandale, public cette fois. La tournée de la Rainforest Foundation est montrée du doigt par une enquête publiée dans la version française du magazine Rolling Stone. Elle cible directement la star anglaise, avec un titre pour le moins provocateur : « Sting a-t-il violé la forêt vierge ? » Le journaliste Mark Zeller s’interroge notamment sur l’engagement de l’artiste : « Pure naïveté ? (…) Soit il exploite le problème, soit il se fait lui-même exploiter. » Sur un ton satirique, il dénonce les dérives de la tournée mondiale, ponctuée de ventes aux enchères mondaines, où caviar et champagne entachent les dépenses destinées à la cause. « Où va l’argent ? A quoi sert-il ? », demande-t-il.

    « Les associations s’intéressaient plus à Sting »

    La multiplicité des statuts des douze associations fondées à travers le monde complexifie la gestion et le contrôle des dépenses. Impossible aujourd’hui de chiffrer la somme exacte de toutes les donations perçues. « J’ai commencé à remettre en ordre la Rainforest Foundation en 1990, j’y ai passé des mois », confie Franca Sciuto, consciente des dérives qui avaient terni la tournée. La militante des droits de l’homme constate avec amertume que « personne ne s’intéressait vraiment aux populations indigènes, les associations s’intéressaient plus à Sting ». La maison mère rompt alors avec la plupart des bureaux dans le monde.

    Quelques mois après l’article français, c’est au tour de la chaîne anglaise BBC de s’interroger, dans un documentaire, sur les faits qui ont entaché la campagne de Sting. La question des recettes du livre de l’artiste et de M. Dutilleux, édité dans plusieurs pays, est à son tour posée. Alors que la version anglaise, Jungle Stories, mentionne sur la couverture que tous les bénéfices seront reversés à la fondation, M. Dutilleux n’aurait pas reversé sa part de royalties. Celui-ci s’en défend, et souligne avec agacement que Sting est un « milliardaire » et que lui, à l’époque, n’avait « pas un rotin. La moitié de l’avance du livre, c’était pour moi, et je l’ai gardée » : « 400 000 francs », dit-il, soit plus de 60 000 euros.

    Dernier point épineux soulevé, là encore, par le journaliste Mark Zeller : pourquoi concentrer la campagne sur les Kayapo, dont le territoire n’est pas en danger immédiat, alors que « la tribu des Nambikwara a perdu la moitié de sa population quand la nouvelle route a traversé l’Etat de Rondonia » et que « les Yanomami se font joliment décimer » ? « Pouvait-on vraiment s’attendre à ce que nous résolvions les problèmes de l’ensemble de l’Amazonie ? », rétorque Sting, dont la fondation élargira ses actions en faveur des peuples autochtones.

    Raoni a posé sa pipe depuis longtemps. Il dit et répète qu’il a toujours beaucoup aimé Sting : « Il m’a énormément aidé, je ne l’oublierai jamais. » Sans amertume dans l’évocation, avec un léger sourire même, voilà que le cacique fredonne un air de musique.

  • Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous Olivier Lecour Grandmaison - 10 Mai 2019 - Investigaction
    https://www.investigaction.net/fr/travail-force-et-exploitation-coloniale-souvenons-nous

    Légitimé et défendu, sous la Troisième République, par de nombreux hommes politiques, juristes et professeurs d’université notamment, le travail forcé a, sous différentes formes, été la règle dans les possessions françaises jusqu’à son abolition tardive le 11 avril 1946. Rares sont ceux qui, comme la philosophe Simone Weil, ont dénoncé « les déportations massives » des « indigènes » et le recours meurtrier au travail forcé en Afrique française et en Indochine.

    « L’exploitation [coloniale] a été perpétrée si souvent (…) avec une telle cruauté, par l’homme blanc sur les populations arriérées du monde, qu’on fait preuve (…) d’une insensibilité totale si on ne lui accorde pas la place d’honneur chaque fois que l’on parle du problème colonial. »
    Karl Polanyi (1944)

    Le 11 avril 1946, après de nombreux atermoiements, l’Assemblée nationale constituante votait enfin la proposition de loi de Félix Houphouët-Boigny tendant à la suppression « immédiate » du travail forcé dans les colonies françaises.

    Quelques jours auparavant, ce député était intervenu à la tribune pour dénoncer la situation des « indigènes » toujours soumis à des formes exceptionnelles et particulièrement brutales d’exploitation. Usant d’une anaphore qui lui a permis de brosser un tableau précis des pratiques coloniales, il déclarait : « il faut avoir vu ces travailleurs usés, squelettiques, couverts de plaies, dans les ambulances ou sur les chantiers ; il faut avoir vu ces milliers d’hommes rassemblés pour le recrutement, tremblant de tout leur corps au passage du médecin chargé de la visite ; il faut avoir assisté à ces fuites éperdues (…) vers la brousse ; (…) il faut avoir vu ces théories d’hommes, de femmes, de filles, défiler silencieusement, le front plissé, le long des chemins, qui mènent au chantier. (…) L’indigène ne peut plus comprendre ni admettre ce servage, cent cinquante après la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et cent ans après l’abolition de l’esclavage. »

    Précision essentielle : ce travail forcé – tâches de construction, transport de marchandises, entretien des agglomérations… – est imposé de façon autoritaire et souvent violente aux autochtones qui n’ont commis ni crime ni délit. En effet, les hommes et les femmes visés ne sont pas des individus condamnés à une peine privative de liberté prononcée par un tribunal, à laquelle viendrait s’ajouter celle des travaux forcés ; cette obligation concerne les populations civiles de l’empire dont les membres sont « sujets indigènes », soit l’écrasante majorité des individus. Légitimé et défendu, sous la Troisième République, par de nombreux hommes politiques, juristes et professeurs d’université notamment, le travail forcé a, sous différentes formes, été la règle dans les possessions françaises jusqu’à son abolition tardive le 11 avril 1946.

    Ainsi fut construit, par exemple, le chemin de fer destiné à relier Brazzaville à Pointe-Noire, sur la côte atlantique. Bilan de cet “exploit”, réputé témoigner de la glorieuse « mise en valeur » du Congo français : 17000 morts « indigènes » pour la réalisation des 140 premiers kilomètres et un taux de mortalité sur ce chantier de 57% en 1928. Qui a livré ce dernier chiffre ? Un anticolonialiste farouche ? Non, le ministre des Colonies, André Maginot, dans une déclaration faite devant une commission ad hoc de la Chambre des députés. L’entreprise chargée des travaux ? La Société de construction des Batignolles dont la prospérité est en partie liée aux nombreux contrats remportés dans les possessions françaises. Son héritier et successeur n’est autre que le groupe bien connu aujourd’hui sous le nom de SPIE-Batignolles. En 2013, Jean Monville, ancien PDG de ce groupe, rappelait benoîtement « la fierté de ce qu’on avait fait dans le passé, de notre professionnalisme et de notre engagement dans nos “aventures” d’outre-mer ». (Le Monde, 21 mai 2013). Nul doute, les descendants de ceux qui sont morts à l’époque apprécieront la délicatesse de ces propos.

    Réformé mais jamais véritablement supprimé, le travail forcé a ainsi perduré sous la Troisième République, le régime de Vichy et dans les colonies passées aux côtés de la France libre. A preuve, les orientations soutenues par Félix Éboué, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, pendant la Seconde Guerre mondiale. Souvent présenté comme un grand humaniste, qui a toujours défendu les droits de l’homme, Éboué, comme la majorité de ses pairs, ne s’est jamais prononcé dans ses écrits pour l’abolition immédiate du travail forcé. De même les résistants prestigieux qui, à partir du 30 janvier 1944, se réunissent à Brazzaville pour définir la politique à mettre en œuvre dans les territoires d’outre-mer.

    Inaugurée par le général de Gaulle, cette conférence doit prendre une décision relativement à cette forme particulière de labeur. En raison de « l’effort de guerre », les représentants de la France libre, rassemblés dans la capitale du Congo français, décident de prolonger le travail forcé pour une durée de cinq ans ! En métropole, ils n’ont de cesse de dénoncer le Service du travail obligatoire (STO) établi par les autorités de Vichy le 16 février 1943 ; dans les colonies, ils trouvent normal d’imposer aux « indigènes » de vingt à vingt-cinq ans reconnus aptes, mais non incorporés à l’armée, un Service obligatoire du travail (SOT). Subtilité des sigles et triomphe du relativisme politico-juridique. De là ces indignations sélectives et hexagonales cependant que dans les possessions ultra-marines la condamnation cède le pas à l’acceptation.

    Rares sont ceux qui, comme la philosophe Simone Weil, ont dénoncé « les déportations massives » des « indigènes » et le recours meurtrier au travail forcé en Afrique française et en Indochine. En dépit de ses protestations, exprimées dès 1943 alors qu’elle a rejoint la Direction de l’Intérieur de la France libre dans la capitale du Royaume-Uni, S. Weil n’a pas été entendue. Tout comme André Gide et Albert Londres une quinzaine d’années auparavant. Voilà qui aide à comprendre les lenteurs de l’Assemblée nationale constituante à la Libération.

    Joli tableau, n’est-il pas, de la très glorieuse colonisation française toujours présentée, par de nombreux contemporains, comme une entreprise généreuse destinée à apporter la civilisation aux peuples qui en ignoraient jusque-là les bienfaits. Cette sinistre réécriture de l’histoire prospère avec la caution de quelques faiseurs de livres – A. Finkielkraut, P. Bruckner et E. Zemmour, notamment – qui prennent leur ignorance et leurs audaces prétendues pour de brillantes découvertes. Ils n’hésitent pas à se dire amis de la connaissance et de la vérité ; sur ces sujets, comme sur beaucoup d’autres, ils ne sont que de vulgaires idéologues qui traitent les faits établis en chiens crevés. Demeurent de pauvres écholalies qui réhabilitent un discours impérial-républicain forgé sous la Troisième République. Audaces intellectuelles ? Stupéfiante régression et grand retour du roman national.

    Source : Le Blog d’Olivier Lecour Grandmaison https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog

    #esclavage #france #exploitation #Congo_français #déportation #SPIE-Batignolles #STO #SOT #roman_national #Simone_Weil (la Philosophe)

  • Le rôle des #multinationales dans les #violences en #Afrique
    http://theconversation.com/le-role-des-multinationales-dans-les-violences-en-afrique-116618

    Les auteurs s’appuient sur une étude géolocalisée mettant en parallèle la présence des firmes et l’occurrence des conflits miniers. Ils ont quadrillé l’Afrique par zones de 55 sur 55 kilomètres pour analyser l’impact de l’augmentation du prix de 14 minerais. Leurs résultats suggèrent qu’une hausse des prix des matières premières augmente la violence uniquement dans les zones exploitées par des firmes étrangères.